Europe 1 et vous - La variole du singe, un risque pour la France ?

  • il y a 2 semaines

Olivier de Lagarde revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, retour sur la recrudescence de cas de variole du singe, également appelée Mpox.
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Transcript
00:00Reparez-vous, 11h, 13h, Olivier Delagarde.
00:05L'actualité, c'est aussi cette épidémie de mpox que l'on appelait précédemment variole du singe.
00:12Face à la recrudescence de cas dans le monde, l'Institut Pasteur s'est dépris à tester et vacciner les patients à la demande des autorités françaises.
00:20Rappelons qu'à l'heure qu'il est, il n'y a aucune contamination recensée sur le territoire estel.
00:25Pour en parler avec vous, Olivier Delagarde, vous recevez Eric Caume, infectiologue à l'hôtel du Haparès,
00:29également auteur du livre « Sexe, les nouveaux dangers » paru aux éditions bouquins.
00:32Bonjour Eric Caume.
00:34Bonjour.
00:35Merci de prendre quelques minutes pour éclairer notre lanterne parce qu'effectivement, on parle de cette épidémie, on sait très peu de choses.
00:44Qu'est-ce que c'est que ce mpox tout d'abord ?
00:47Écoutez, il est assez logique qu'on sache peu de choses puisqu'on a affaire à une infection émergente
00:52et que par principe, quand une infection émerge, on ne sait pas tellement quoi s'en tenir.
00:58Par contre, on connaît un peu l'histoire des mpox puisqu'on a eu l'épidémie de mpox 2 il y a deux ans.
01:06Et là, c'est une épidémie qui est liée à un cousin germain qui s'appelle le multipox 1b.
01:14Pourquoi paraît-elle maintenant ?
01:17Écoutez, elle apparaît maintenant parce qu'elle a émergé en République démocratique du Congo en 2023
01:24avec des premiers cas en mars et puis une épidémie qui a commencé à émerger à l'été 2023, donc il y a un an.
01:31Et puis dans l'intervalle, ça s'est étendu à l'est du Congo, notamment dans des zones de conflit et de guerre avec des camps de réfugiés
01:41par l'intermédiaire de transmissions sexuelles. Je parle du multipox 1b.
01:47Et puis, il est passé dans les pays adjacents, Kenya, Burundi, Rwanda.
01:52Et puis, il y a eu un cas importé récemment par un voyageur en Suède.
01:57Quels sont les symptômes ?
01:59Autant qu'on le sache, c'est les symptômes du multipox en général,
02:06c'est-à-dire principalement un syndrome comme une grosse grippe avec de la fièvre, des maux de tête, des douleurs articulaires, des douleurs musculaires.
02:15Il y a également une éruption cutanée qui ressemble un peu à celle de la varicelle, sauf qu'elle est beaucoup plus profuse.
02:21Des grosses pustules, des gros boutons, partout sur le corps ?
02:25Voilà, des beaucoup plus gros boutons, surtout dans les régions périnéales,
02:31en cas de transmission sexuelle, mais avec une possibilité d'extension à tout le corps.
02:36Et puis, il y a des ganglions dans les territoires des lésions cutanées.
02:40Et est-ce qu'elle est grave ? On en meurt ?
02:43Alors, c'est une très bonne question. Là encore, on a affaire à une infection émergente, donc on ne sait pas tout.
02:49Alors, on sait qu'effectivement, on peut mourir du multipox 1.
02:53Attention, là, on a affaire au multipox 1b.
02:57En ce qui concerne le multipox 1, la mortalité a été estimée à environ 3%.
03:05Et dans des bonnes conditions de prise en charge, on peut abaisser la mortalité à 1%.
03:10Si l'épidémie de multipox 1b se comporte comme l'épidémie de multipox, il faut s'attendre à ce taux de mortalité.
03:19Eric Caume, vous parliez de transmission par voie sexuelle.
03:22C'est la seule façon de transmettre ce virus ?
03:26Alors, pour le multipox 2, oui, la transmission était quasiment et exclusivement sexuelle il y a deux ans.
03:33Pour le multipox 1 qu'on a en Afrique centrale, c'est plutôt une transmission par contact et c'est surtout une maladie de l'enfant.
03:41Quand vous dites par contact, c'est par contact de la main, de la peau, si on touche quelqu'un ?
03:48Oui, peau contre peau. Mais il faut avoir des lésions cutanées pour ça.
03:52Donc c'est plutôt une maladie de la promiscuité, je parle du 1.
03:56Et pour le 1b qui est le variant qui nous concerne actuellement,
04:00oui, c'est une maladie qui passera principalement par les travailleurs du sexe
04:04et dont l'OMS a insisté pour dire que la transmission était principalement sexuelle.
04:09Bon, alors, les travailleurs du sexe, c'est une chose. Sinon, les personnes à risque, vous parliez des enfants qui seraient plus...
04:16C'est pour le 1. C'est pas pour le 1b. Il y a vraiment une confusion dans l'esprit de beaucoup de personnes, y compris de certains médecins.
04:24En fait, on a trois monkeypox qui évoluent de concert à peu près en ce moment, dans différents pays d'Afrique et dans le monde d'ailleurs.
04:32Ça dépend desquels. Il y a le 2, il y a le 1 et il y a le 1b.
04:37Et là, l'épidémie est liée au 1b.
04:40Éric Caume, question évidemment centrale. Pour le moment, cette épidémie frappe, comme vous nous l'expliquiez, principalement des pays d'Amérique centrale...
04:48D'Afrique. D'Afrique centrale.
04:50D'Afrique centrale, pardon. Est-ce qu'il est nécessaire de demander à une partie de la population française de se faire vacciner, de se protéger d'ores et déjà de cette épidémie ?
05:05Écoutez, la meilleure prévention, pour autant qu'on sache actuellement, c'est quand même les règles de safer sexe.
05:11C'est quand même la prévention la plus efficace.
05:14Pour le vaccin, comme on a eu l'épidémie de monkeypox 2 il y a deux ans, en fait, les groupes à risque identifiés à l'époque, c'est-à-dire les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, ont été très largement vaccinés en France.
05:26Ceux qui n'ont pas été vaccinés à l'époque et qui ont des conduites à risque doivent impérativement être vaccinés.
05:33Et ceux qui ont eu deux injections à l'époque, c'est-à-dire il y a deux ans, il est effectivement probablement nécessaire d'en faire une troisième parce que la protection n'est pas de 100%.
05:45Ça c'est sûr. Quant au reste de la population, ben non, il n'y a pas de nécessité de vacciner qui que ce soit.
05:51Bon, il y a donc des personnes qui sont à risque, il y a un vaccin, il est efficace ? On en est vraiment sûr ?
05:58Ben non, on n'en est absolument pas sûr parce que le vaccin, l'efficacité a été testée d'ailleurs dans de pas très bonnes conditions sur le monkeypox 2 et il y a des chiffres qui sont assez variables.
06:09D'abord il faut avoir deux injections pour que le vaccin soit efficace à un mois d'intervalle, donc ça on oublie à chaque fois de le préciser.
06:17Et l'efficacité vaccinale a été évaluée selon les études, elle varie de 70% à 99%.
06:24Donc l'efficacité est dans cette fourchette-là.
06:27Mais ça c'est sur le monkeypox 2.
06:29Sur le monkeypox 1B qui est la maladie qui est en train d'émerger actuellement, ben on ne sait pas l'efficacité du vaccin.
06:36On présume qu'elle sera identique à celle du monkeypox 2, mais en fait on n'en sait rien, on extrapole.
06:42Éric Caume, je vais vous poser une question, je ne sais pas si elle va vraiment vous faire plaisir, mais elle est importante.
06:48Comment est-ce que vous, de l'endroit où vous voyez les choses, infectiologue à l'hôtel du Hapari, vous jugez l'action des pouvoirs publics pour le moment ?
06:56Écoutez, je vous avoue franchement que je ne peux pas porter du jugement correct parce que je ne sais pas exactement ce qui se fait à part les effets d'annonce.
07:07Mais pour le reste, je ne sais pas.
07:09Ce dont je suis sûr absolument, c'est qu'il faut être extrêmement vigilant, notamment chez les personnes à risque.
07:15Il faut les dépister, il faudra les isoler et il faudra surveiller les contacts pendant toute la durée d'incubation, c'est-à-dire jusqu'à 21 jours,
07:25pour éviter que la maladie diffuse dans les groupes à risque et peut-être au-delà, si la contagiosité s'avère aussi importante qu'on présume.
07:35Je vais poser la question un peu différemment.
07:37Le fait qu'il n'y ait plus qu'un ministre de la Santé démissionnaire, Frédéric Valtout,
07:42est-ce que ça ne risque pas de freiner la prise de décision, des prises de décision qui peuvent être évidemment importantes ?
07:50Écoutez, honnêtement, je ne pense pas.
07:53Il est bourré de démissionnaires, je pense qu'il continue d'exercer son métier.
07:58C'est surtout des fonctionnaires, des hauts fonctionnaires, qui sont responsables de ces politiques et gèrent ces confiances en eux.
08:05Merci beaucoup Eric Caume, infectiologue à l'Hôtel Dieu à Paris.
08:10Merci d'avoir répondu à ces questions qui sont des questions que tout le monde se pose aujourd'hui,
08:15parce que c'est vrai que sur cette épidémie, on est tout à fait démuni, ma chère Estelle.
08:2011h41 dans Europe 1 Vous, dans le prochain quart d'heure, il sera question de ce bateau qui s'est retourné en mer méditerranée. Restez avec nous.

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