La méduse, le prochain indispensable de l'été

  • il y a 2 semaines

Olivier De Lagarde revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, la méduse, le prochain indispensable des vacances d'été.
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Transcript
00:00Reparez-vous, 11h-13h, Olivier Delagarde.
00:04On parlait du conflit israélo-palestinien, on va passer à des infos quand même un peu plus légères,
00:09parce que c'est l'été, parce que vous êtes peut-être en vacances,
00:12on va s'intéresser à une petite marque française, indémodable,
00:16peut-être parce qu'elle n'a jamais été à la mode,
00:18humo-beaupré, a priori ça ne vous dit rien,
00:20mais vous connaissez parfaitement leurs produits, dont c'est la pleine saison,
00:24la méduse !
00:26Pas la bestiole !
00:27Pas celle qui pique !
00:28Non, non, celle en plastique, idéale pour marcher dans l'eau !
00:32Vous pouvez nous appeler pour nous dire si vous en avez eu, acheté à vos enfants,
00:36au 01-80-20-30-21, n'hésitez pas à venir partager vos souvenirs de vacances avec ou sans méduse,
00:42et nous sommes en compagnie d'Anne-Céline Humeau,
00:44présidente du groupe humo-beaupréo,
00:46qui est en train de remettre la fameuse méduse sur le devant de la scène.
00:50Bonjour Anne-Céline Humeau !
00:52Bonjour !
00:53J'adore faire un peu d'histoire économique,
00:54c'est passionnant les marques et les produits comme ça, iconiques.
00:58Comment sont nées les méduses, racontez-nous ?
01:01Elles sont nées en 1946, après guerre, pénurie de cuir,
01:06et donc un coutelier Auvergnat se dit,
01:10j'ai une matière un peu souple qui pourrait remplacer le cuir,
01:13qui est le PVC, et crée les premières sandales en plastique méduse.
01:17Mais c'est un coutelier, c'est absolument pas un fabricant de sandales !
01:21A la base pas du tout, et en fait il avait reçu cette matière
01:24qui était beaucoup trop souple pour ses manches de couteau,
01:27et qu'il avait gardé de côté, et qu'il a utilisé ensuite pour faire des lanières et les semelles.
01:31Ah oui, donc c'est finalement, comme parfois on le constate dans les histoires économiques,
01:38souvent à partir d'une erreur, on fait quelque chose de différent.
01:43On crée une innovation, exactement,
01:46et puis nous on a repris cette marque ensuite...
01:50C'est tout de suite un succès, ces sandales, à ce coutelier ?
01:54Alors au début pas trop, mais comme il y a eu un besoin, ça fonctionne bien,
01:59et les pêcheurs s'approprient petit à petit la sandale,
02:02qui devient en fait un usage très pratique pour aller sur les rochers,
02:07et c'est pour ça que la méduse commence à bien marcher.
02:10Et puis c'est le début des congés payés finalement,
02:12c'est un produit qui est en résonance avec son époque ?
02:17Exactement, la méduse est lancée en même temps que le bikini,
02:21donc au début des vacances,
02:22et c'est vraiment le produit qui est associé aujourd'hui aux vacances.
02:25Pourquoi ce nom de méduse ?
02:27D'ailleurs au début c'est pas le nom ?
02:29Non, au début c'est pas le nom,
02:31le nom s'appelle la Sarésienne, qui est le nom de la société de l'époque,
02:36et le modèle s'appelle Sun,
02:37alors le modèle s'appelle toujours Sun aujourd'hui,
02:40mais très vite il prend le nom de méduse,
02:42puisqu'il est utilisé pour aller dans l'eau,
02:44et que sa couleur d'origine en fait c'est un blanc un peu translucide, un peu laiteux,
02:48qui est la couleur de l'animal en fait,
02:51et que donc tout le monde commence à l'appeler la méduse,
02:53et ça devient très vite la marque.
02:55Et puis alors la société va être victime de la contrefaçon asiatique dans les années 80,
03:00et va disparaître ?
03:02Oui, c'est plutôt fin des années 90, début des années 2000,
03:07l'arrivée massive de produits asiatiques
03:10fait que la Sarésienne n'arrive pas à passer cet état,
03:13puisqu'on est deux fabricants français de produits chaussants en injection plastique,
03:20et donc en 2003 on reprend les moules du modèle original,
03:26et on continue à les produire,
03:28et on relance la marque en 2010 vraiment,
03:30après avoir passé un certain nombre d'années à saignir tout ce marché de la contrefaçon,
03:35remettre à jour tous les dépôts,
03:37et pouvoir protéger le modèle iconique.
03:40Mais qu'est-ce qui vous a motivé dans le fait de reprendre ces sandales,
03:46de reprendre cette marque ?
03:47Parce qu'a priori, c'est pas gagné hein ?
03:49Et bien en fait ce qui nous a fasciné,
03:51c'est que comme vous l'avez dit tout à l'heure,
03:53chacun en fait a une histoire avec les méduses,
03:57et on s'est dit mais en fait c'est vrai que nous aussi on a tous une histoire,
04:01on les a portées pendant les vacances,
04:02on a vécu des choses,
04:04mais moi j'en avais quand j'étais petite,
04:06et on arrivait en vacances,
04:08et on récupérait tous notre paire de sandales dans la bonne pointure.
04:12Estelle qui me fait oui de la tête, elle aussi.
04:15J'ai eu mes méduses et j'étais contente,
04:17moi j'étais pas couleur méduse,
04:18j'avais des méduses rouges, j'étais trop fière.
04:20Moi aussi.
04:21Les premières couleurs il y avait du blanc,
04:24il y avait du rouge,
04:25il y avait du cobalt,
04:26et en fait nous ce qu'on a fait c'est qu'on a justement,
04:29on s'est appuyé sur les valeurs d'origine de la marque,
04:32donc l'été, la sobriété, l'authenticité, la fiabilité,
04:36et puis on a redéveloppé cette marque en lui donnant un côté un peu plus fun,
04:40justement en allant travailler sur des nouvelles couleurs,
04:42donc aujourd'hui vous avez plein de nouvelles couleurs transparentes
04:45et des nouvelles couleurs opaques,
04:47et puis on a travaillé tout le côté responsable de la marque,
04:50en travaillant sur des PVC recyclables,
04:53la sécurité chimique des matériaux utilisés,
04:56et puis on a joué sur ce côté complètement décalé et mode de la marque,
05:02ce qui fait qu'aujourd'hui la sandale est portée à la fois par les vacanciers
05:08et à la fois en ville par des trendsetters, des fashionistas.
05:14Des fashionistas, oui.
05:16Alors la contrefaçon ça continue quand même à exister,
05:19ça ne vous fait pas trop de mal ?
05:22Alors de moins en moins en fait.
05:24Au début c'est vrai que tous les étés j'étais appelée par les douanes
05:27en disant on a repéré des contrefaçons, qu'est-ce qu'on fait ?
05:31Alors il y en a de moins en moins.
05:33Parce que les douanes sont très attentives aux sandales que portent les touristes,
05:37c'est formidable quand même.
05:39On fait un gros travail avec les douanes,
05:41avec qui on collabore très bien,
05:43qui sont très attentifs au fait que les marques doivent être protégées
05:48et que ce modèle iconique doit être protégé,
05:50donc c'est plutôt sympa.
05:52Et en fait il y en a de moins en moins sur le marché,
05:55donc c'est plutôt agréable.
05:56Bon, Anne-Céline Humeau, vous restez avec nous,
05:58mais on est en ligne, on a un auditeur qui nous appelle, Rémi je crois.
06:02Bonjour !
06:03Bonjour !
06:04Et vous avez porté les méduses vous ?
06:06Ah écoutez, alors c'est un souvenir de ma petite enfance.
06:10Et comme vous le savez, souvent les écoles primaires,
06:15il s'agissait d'un petit bourg de Loire-Atlantique à Kili,
06:19organisait une sortie pour aller faire voir la mer à leurs élèves.
06:25Donc c'était sans doute la première fois que je voyais la mer,
06:28donc le bus nous a emmené de Kili jusqu'à Pénétin,
06:32qui est une belle plage,
06:34et ensuite nous avons une halte à faire au petit bourg historique de la Roche-Bernard.
06:40Alors malheureusement, j'avais une paire toute neuve de ces fameuses sandales,
06:46qu'on n'appelait pas méduses à l'époque comme vous le disiez.
06:49C'est à quelle époque ? Vous nous racontez ça, c'était quand ?
06:52Ah dans les années 50 !
06:53Ah oui ?
06:54Je devais être en maternelle ou en début d'école primaire,
06:57donc je devais avoir je pense 5-6 ans.
07:00Et donc dans les vagues à Pénétin, je perds une de mes deux sandales,
07:06toute neuve achetée exprès par ma maman,
07:10et j'étais le seul à en porter, vous dire si j'étais fier !
07:15Je perds la sandale, alors me voilà en larmes dans la vague,
07:19on ne retrouve pas la sandale.
07:21Et alors j'ai ce souvenir que tout le reste du circuit,
07:26notamment la visite de la Roche-Bernard,
07:28j'étais jugé fier comme artaban sur les épaules de mon instituteur.
07:36Je peux nommer, ça rappellera peut-être des souvenirs à des jeunes de mon âge,
07:43à l'époque aquilique, il s'appelait Charles Bertin.
07:46Bon, Charles Bertin qu'on salue, il est peut-être en train de nous écouter,
07:50il peut peut-être nous appeler, qui sait ?
07:53Partagez si d'autres gens, même comme vous, Rémi,
07:57c'est bien Rémi votre prénom ?
07:59Si vous avez des souvenirs de vacances, de jeunesse, d'enfance avec les méduses ?
08:04J'ai 73 ans aujourd'hui, je suis né en 1950.
08:06Et vous avez encore des méduses aujourd'hui ?
08:08Ah bah tout à fait !
08:10Ah oui ?
08:11Voilà !
08:12J'ai pris des tailles supérieures, mais écoutez,
08:14on a été chaussés de ces fameuses sandales qui protégeaient très bien
08:18des huîtres et des moules quand on était sur les rochers.
08:22Et ensuite, mes parents, qui étaient coiffeurs aquilis, coiffeurs barbiers aquilis,
08:29avec la deux-chevaux, on faisait de temps en temps une excursion
08:33du côté de Saint-Marc-sur-Mer, Port-Nichet.
08:37Et voilà, c'est une histoire qui plairait beaucoup à Pascal Praud,
08:40parce que c'est dans son coin.
08:41Oh, je connais bien Pascal Praud pour être intervenu sur d'autres sujets.
08:46Et qui vient souvent en méduse.
08:49Ah oui, et qui est en vacances pas très loin d'ici.
08:55Il fréquente la boule souvent.
08:58Absolument, on va le laisser en vacances.
08:59Merci beaucoup Rémi d'avoir apporté votre témoignage.
09:04Anne-Cécile Humeau, vous venez d'entendre Rémi, c'est formidable,
09:07c'est ce que vous disiez tout à l'heure.
09:08On a tous une histoire avec ces sandales.
09:11C'est ça, c'est incroyable.
09:13Et ce qui est intéressant dans ce que dit Rémi,
09:15c'est qu'on voit que cette sandale a traversé les générations.
09:18De 1950 à 2024, il a toujours sa paire.
09:23Et en fait, elle a chaussé tous les moments de sa vie depuis sa petite enfance.
09:30Et c'est ça qui est génial avec cette marque.
09:33C'est un vrai bonheur de pouvoir partager et de voir les yeux des gens qui brillent
09:40dès qu'on parle de la marque.
09:41C'est vraiment sympa.
09:42Aujourd'hui, vous en vendez combien chaque année ?
09:45On en vend entre 500 et 600 000 paires par an.
09:48Ah oui, quand même ?
09:50Si tout le monde les perd dans l'eau comme Rémi, il faut en racheter l'année d'après.
09:54Vous avez entendu ça, il va falloir un petit peu travailler sur les petites attaches
09:57pour ne pas perdre les méduses dans l'eau.
10:01Je pense qu'il ne les avait pas assez serrées parce que normalement, c'est l'avantage...
10:04Mais quand on les serre trop, on a les ampoules après.
10:08Quand on serre trop, on a les ampoules après.
10:11Alors non, à une époque, on en avait.
10:14Je veux bien le reconnaître, effectivement.
10:16Et c'est ce qu'on a fait évoluer quand on a relancé la marque.
10:19C'est qu'à l'époque, les PVC étaient très rigides, un peu coupants.
10:22Et donc, on a travaillé sur des PVC qui sont beaucoup plus souples.
10:26Et aujourd'hui, il y a un vrai confort à les porter
10:29puisqu'il n'y a plus cette bureté qu'il y avait à l'origine sur le produit.
10:34Et ça coûte combien ? Parce que je regardais les prix sur Internet.
10:37Là, j'ai trouvé entre 4 et 25 euros, ce qui fait quand même une grosse différence.
10:41Ça vaut combien, une paire de méduses ?
10:43Alors, 4 soit de la seconde main.
10:46En effet, on peut trouver en seconde main, puisque les produits sont assez durables,
10:51on peut trouver à peu près ces produits-là.
10:53Mais sur un produit neuf, en fait, on est entre 12 et 25 euros
10:58sur le produit basique d'origine, en fonction de la pointure.
11:02Je vais vous poser une question qui ne va pas vous plaire.
11:05Je vous la pose quand même ?
11:07Parce que vos méduses, on ne va pas se mentir, c'est quand même un tue-l'amour.
11:12Ce n'est pas vraiment sexy, quand même.
11:14Alors, c'est votre avis.
11:16Mais c'est ce qui est génial avec ce produit-là.
11:19C'est qu'en fait, c'est un produit qui est assez clivant
11:22et qu'effectivement, il y a des gens qui détestent le produit,
11:26qui détestent la marque, qui trouvent ça moche.
11:28Mais il y en a d'autres qui adorent.
11:30Et donc, ça permet de débattre sur l'intérêt ou non de porter une paire de sandales méduses.
11:35Eh bien, vous voyez, c'est ce qu'on a fait.
11:37J'avais une question sur vos chiffres de vente.
11:41Vous avez dit pas loin de 600 000, c'est ça, par an.
11:44Sur ce nombre de paires vendues, la proportion de taille adulte et enfant,
11:49on en achète quand même plus souvent pour les enfants ?
11:51Alors, en fait, c'est à peu près réparti entre les pointures femmes et les pointures enfants.
11:56C'est-à-dire que les petits-enfants jusqu'à 10 ans,
12:00et la femme, c'est le gros des ventres.
12:03Après, évidemment, il y a un petit creux chez les ados,
12:06parce que les ados les portent soit pour aller à la mer...
12:10Jamais, jamais, jamais on portait ça, parce que ça faisait bébé quand les méduses...
12:15C'est vrai que c'était des chaussures plutôt pour les enfants, j'avais souvenir de ça.
12:17Et les hommes, non, on ne les porte pas, à part Rémi.
12:20Et les hommes en portent, mais plus pour le bord de mer,
12:25mais un peu moins en ville, mais quoi que...
12:29On vend des paillettes jusqu'aux 48, donc...
12:32Ah bah, Olivier Delagarde, je vais vous en acheter pour la semaine prochaine.
12:35Ce n'est pas 48, ce n'est pas ma taille.
12:37Merci beaucoup, Anne-Céline Humeau, et longue vie aux méduses.
12:43Merci à vous d'avoir été notre invitée dans Europe 1 et Vous.

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