• il y a 2 mois
Après la crise sanitaire, c’est une rentrée sociale difficile qui s’annonce. Faillites et plans de licenciement massifs liés à l’épidémie commencent à s’enchaîner. Comment les Français qui avaient déjà du mal à boucler leurs fins de mois malgré un travail à plein temps, vont-ils s’en sortir ? Salariés, commerçants, petits patrons, nos équipes suivent depuis le printemps ces hommes et ces femmes qui se battent pour sauver leur emploi ou leur petite entreprise.
Portrait d’une France travailleuse et courageuse, qui garde malgré tout espoir. En Isère, Alexia, 30 ans, venait de rénover entièrement son salon de coiffure quand le Covid-19 est arrivé. Une boutique toute pimpante qu’elle a dû fermer pendant deux mois en payant les factures des travaux. Pour tenter de sauver son commerce et les emplois de ses deux salariés, Alexia a décidé de prendre un deuxième job, à l’usine, trois nuits par semaine.
Un travail bien rémunéré, mais épuisant. Entre le salon, son travail de nuit et un peu de temps pour son fils de cinq ans qu’elle élève seule, combien de temps Alexia va-t-elle pouvoir tenir ? Dans l’Indre, Denis et sa femme Nathalie, 54 ans et 50 ans, sont préparateurs de commandes à « La Halle » depuis une trentaine d’années.
Deux mois de confinement ont eu raison de la chaîne de magasins de vêtements. Ces parents de deux adolescents, devaient déjà trouver des solutions acrobatiques pour boucler leurs fins de mois et payer le crédit de leur maison. Ils sont, désormais, confrontés à la menace d’un double licenciement. Comment gérer ce futur incertain, et l’angoisse de leurs enfants ? Laurent, 52 ans, est à la tête d’une petite usine dans le Val d’Oise. Il est sous-traitant pour l’industrie automobile et du bâtiment, des secteurs très impactés par la crise sanitaire.
Le chef d’entreprise a pu continuer à faire tourner son usine pendant le confinement car son carnet de commandes était bien garni. Mais depuis le mois de mars, plus rien. Il ne parvient même plus à joindre ses clients. Alors le patron, ancien tourneur-fraiseur, se bat comme un lion pour ne pas licencier ses dix employés et maintenir à flot l’entreprise qu’il a créée à la force du poignet. A 22 ans seulement, Alexandra fait partie de ces Français qui n’ont pas compté leurs heures pendant le confinement.
Aide à domicile dans le sud de la France, elle a permis à des dizaines de personnes fragiles de se maintenir chez elles. Alexandra espérait que le regard sur son métier allait évoluer après la crise, mais le manque de reconnaissance a la vie dure.
Et son salaire n’est pas mirobolant. Avec un contrat de trente heures par semaine, la jeune femme ne touche que 1.000 euros brut par mois. Pour Alexandra, la rentrée s’annonce difficile : son compagnon Julien venait de quitter son emploi pour se mettre à son compte lorsque le virus est arrivé. Parents de deux jeunes enfants, réussiront-ils à surmonter le tsunami économique qui s’annonce ?
Réalisateur : Clara Mazuir et Jean Charles Doria

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Transcription
00:00:00En Isère, comme partout en France, la crise a été redoutable pour les petits commerçants.
00:00:10Deux mois de fermeture ont souvent causé de lourdes pertes difficiles à rattraper.
00:00:20À 30 ans, Alexia Baron est la patronne de ce salon de coiffure.
00:00:24Le manque à gagner pour elle est colossal.
00:00:27Il s'élève à 26 000 euros.
00:00:29La mèche, ça te va comme ça, ma belle ?
00:00:32J'ai cherché tout le confinement, ce que je voulais faire et c'est exactement ça.
00:00:35Son salon est un rêve de gosse.
00:00:38Alexia y a mis toute sa vie depuis qu'elle l'a repris il y a six ans.
00:00:42La coupe, le coiffage, ça me transcende, ça me fait kiffer.
00:00:45Je suis contente comme une gosse qui déballe ses cadeaux le 25 décembre et j'adore, je kiffe, je kiffe.
00:00:54Alexia a embauché deux coiffeuses et une apprentie et elle s'est endettée.
00:00:59100 000 euros pour acheter les murs et 50 000 de plus pour des travaux.
00:01:05De gros investissements, mais au pire moment, juste avant d'être confinée.
00:01:11On a tout refait du sol au plafond et puis patatras, on a réouvert, on était à fond la caisse.
00:01:16On était super contentes de bosser dans un nouvel environnement super cool.
00:01:20Et puis, merci le Covid, deux mois de fermeture, un mauvais coup du sort.
00:01:25Il y a des gens qui m'ont dit mais vous n'avez pas vu les hôtes de l'Etat?
00:01:27Si, si, si, si, mais je les ai vus, je les ai plus vus.
00:01:301500 euros, c'est ça me fait juste rire.
00:01:33Alexia ne peut plus se verser de salaire au salon.
00:01:37Pour vivre, elle a dû trouver un deuxième travail.
00:01:45Le lendemain, il est 4h30 du matin, la patronne lâche les ciseaux et va au charbon.
00:01:51Ce vendredi, elle entame son marathon du week-end.
00:01:55Trois nuits d'affilée, 30 heures par semaine.
00:01:58Alexia travaille à l'usine comme ouvrière.
00:02:02Payée 1400 euros par mois, elle espère à terme combler le trou creusé par le Covid.
00:02:09Quand j'ai fait le tour des solutions et c'est où t'attends et tu pleures et tu subis.
00:02:16Ou alors tu prends un coup de pied au cul, excusez moi du terme, et puis tu trouves des solutions.
00:02:21Et puis tu fais en sorte de faire bouger les choses à ton avantage et ça passe par là.
00:02:27Alexia est employée dans cette usine qui fabrique des composants électroniques pour les téléphones portables.
00:02:34Enfermée dans une salle blanche, vêtue d'une combinaison stérile, elle programme des machines.
00:02:42Un travail répétitif, surtout après une semaine de salon dans les pattes.
00:02:47Allez, c'est parti, oh mon Dieu, c'est la corse contre la montre.
00:02:51À peine sa nuit achevée, Alexia repasse chez elle dormir deux heures.
00:02:57Puis elle enfile sa troisième casquette, celle de maman.
00:03:01Elle doit récupérer son fils de cinq ans à l'école.
00:03:04Tu as ramené ton goûter.
00:03:06Allez, t'arrives à l'ouvrir ou pas?
00:03:08Oui, très bien.
00:03:09Séparée, Alexia n'a son fils qu'une semaine sur deux.
00:03:13Et avec ce nouveau rythme à 100 à l'heure, elle redoute de ne pas être à la hauteur.
00:03:18Je veux qu'ils disent que maman, elle s'est battue et que j'ai rien lâché.
00:03:24Mais voilà, je veux pas non plus qu'ils se souviennent que j'ai été trop absente et je veux faire en sorte qu'il ait une enfance heureuse.
00:03:38Tu te souviens ce qui se passe quand je me lève dans la nuit pour aller travailler?
00:03:43J'ai manqué, maman, je dors avec maman.
00:03:47Mais non, mon chéri, pas ce soir.
00:03:49Pourquoi? Parce que je pars au travail de bonheur.
00:03:52Je me lève à 4 heures et c'est pour ça que je te dépose chez ma reine ce soir.
00:03:56Et on a quelques heures à profiter.
00:04:00Tu fais pas de câlins, toi, non.
00:04:04Avant de retourner cette nuit à l'usine, Alexia passe au salon pour faire les comptes de la journée.
00:04:17Ses employés ont bien travaillé.
00:04:19La recette s'élève à 800 euros.
00:04:22Bon, il y a plein d'argent, là, c'est vite dit, oui, oui, il y a de l'argent, il y a de l'argent.
00:04:30Mais voilà, donc, contente, mais mais je sais pas où je vais.
00:04:34Je suis dans l'incertitude, donc dans mes pires angoisses, dans le plus dramatique des scénarios.
00:04:41Mon salon pourrait fermer et je ne veux pas.
00:04:50On parle de quasiment 10 ans de vie, de sacrifice, de certains reproches,
00:04:58c'est à dire qu'on est trop investi dans son travail et pas dans sa vie perso, qu'on se prive de certaines choses,
00:05:02qu'on se prive de certains moments, de certains plaisirs.
00:05:05Comme je dis, j'ai travaillé jusqu'à la fin de ma grossesse et ça, tu dis, j'ai fait tout ça et pour ça.
00:05:10Et non, en fait, je peux pas.
00:05:13Je peux pas.
00:05:17Alexia n'est pas du genre à se lamenter très longtemps sur son sort.
00:05:21Cette nuit, elle repart à l'usine pour tenter de sauver son salon.
00:05:29Partout en France, des commerçants comme Alexia, des ouvriers, des patrons se démènent pour leur emploi.
00:05:40Tous ont été fragilisés par cette crise.
00:05:43Automobiles, textiles, tourisme, les faillites et les plans sociaux commencent à s'enchaîner.
00:05:50Certains Français pourraient subir, mais ils ne veulent pas baisser les bras.
00:05:54Des ouvriers comme Denis et Nathalie, qui avaient déjà du mal à boucler leur fin de mois,
00:06:00sont menacés de perdre leur emploi, leur maison, leur vie d'avant.
00:06:05Première quinzaine d'août, on est au chômage.
00:06:11Le jour où on n'arrivera plus rien à payer, on sera dans la rue.
00:06:14Mais la vie réserve heureusement de bonnes surprises.
00:06:17Allez, on trinque.
00:06:20C'est peut être une chance, il faut la saisir.
00:06:22Des usines comme celle de Laurent sont affaiblies après des mois sans commande.
00:06:28On va passer une fin d'année très compliquée.
00:06:31On n'aura pas six mois, c'est évident.
00:06:32Si on n'a pas de commande, on crève.
00:06:34Mais ce patron expérimenté sait qu'il ne faut jamais désespérer.
00:06:38Il faut qu'ils m'appellent tous aujourd'hui.
00:06:42Ce n'est pas possible.
00:06:44Ça va?
00:06:46Des employés comme Alexandra ont eu le sentiment d'être oubliés pendant la crise.
00:06:50Aide à domicile, payée 1000 euros par mois,
00:06:54elle se bat pour que son métier soit enfin reconnu.
00:06:58On fait vraiment un travail de malade et on est en bas de l'échelle.
00:07:04Du haut de ses 20 ans, Camille rêve de monter sa propre affaire.
00:07:08Mais la crise est venue lui mettre des bâtons dans les roues.
00:07:10Elle a décidé de déjouer les pronostics.
00:07:21Là, je suis à fond, je vais déchirer la crise économique.
00:07:27A l'heure d'une rentrée sous tension, portrait d'une France
00:07:30travailleuse et courageuse sur la corde raide.
00:07:41Mais qui garde malgré tout, espoir.
00:07:56A Saint-Florentin, près de Châteauroux,
00:07:59Denis nous a donné rendez vous au milieu de la nuit chez lui.
00:08:03Sa femme et ses deux enfants, eux, dorment encore.
00:08:114h10 à peine, c'est tout.
00:08:14Non, ça va, c'est l'heure que je déjeune le matin.
00:08:18C'est la routine. On est, je suis habitué comme ça.
00:08:23La routine, les lever au milieu de la nuit.
00:08:27Jusqu'ici, Denis Chartier n'en avait jamais souffert.
00:08:35Préparateur de commandes depuis 26 ans dans un entrepôt.
00:08:38Ce père de famille a même toujours été fier de faire partie
00:08:41de cette France qui se lève tôt et qui bosse dur.
00:08:46C'est bon, ma mère, t'es attaché? Allez, en route.
00:08:48Tu croyais que je t'avais oublié ce matin, Nat?
00:08:52Denis et ses collègues gagnent à peine plus que le SMIC.
00:08:56Alors, pour faire baisser la note d'essence,
00:08:58ils pratiquent le covoiturage.
00:09:02Ça va, mon gicin?
00:09:03Ça va, Denis?
00:09:03Ouais, ouais. J'étais à la ramasse ce matin.
00:09:06Oui, c'est pour ça que je dis merde s'il s'est loupé.
00:09:09Et par les temps qui courent, réduire les dépenses est indispensable.
00:09:14Le Covid a fait très mal au secteur de l'habillement
00:09:17et il a achevé leur entreprise, la HAL.
00:09:20La nouvelle du plan social tourne d'ailleurs en boucle sur les ondes.
00:09:25Christian, on va s'arrêter sur cette très mauvaise séquence
00:09:27pour le textile français.
00:09:29C'est le poids lourd de l'habillement, Vivarté,
00:09:30qui prépare un vaste plan de restructuration.
00:09:33Tout indique que c'est la marque, la HAL Au Vêtement,
00:09:36qui supportera le plus gros du choc.
00:09:391520 de ses 4000 postes vont disparaître.
00:09:43C'est la fin. Pour moi, les dés sont jetés.
00:09:46Donc, on sera licenciés.
00:09:49Merci, monsieur. Au bout de 25 ans, merci, monsieur.
00:09:52Au revoir. Là, c'est très, très dur.
00:09:55Au début du mois de juin, personne ne sait si leur entrepôt
00:09:58sera concerné par le plan social.
00:10:01Mais parmi les 300 employés, il y a peu d'espoir d'être sauvés.
00:10:08La plupart ont été embauchés comme Denis il y a une trentaine
00:10:11d'années par la HAL.
00:10:13Une vie de travail à réceptionner des boîtes à chaussures
00:10:16et à les ranger dans les rayons.
00:10:21Des tâches physiques et répétitives.
00:10:24Mais perdre ce gagne-pain serait pour tous catastrophique.
00:10:28Surtout pour Denis.
00:10:30Sa femme est aussi une employée de la HAL, à l'entrepôt vêtements.
00:10:38Nathalie ne travaille pas de nuit comme son mari.
00:10:41Elle est de l'après-midi.
00:10:43Alors, le matin, elle peut profiter de sa fille Lola, 17 ans.
00:10:48Elle s'est levée avec une idée derrière la tête.
00:10:50Lola, je crains le pire. Oui, vas-y.
00:10:53Mais pas sûre qu'elle ait très bien choisi son moment.
00:10:56Est-ce que je peux me racheter un téléphone?
00:10:58Pardon? Il coûte combien, ton truc?
00:11:01689 euros. Pardon?
00:11:03Il est en réduction. Il est en réduction.
00:11:04Il a moins de 380 euros.
00:11:07Pas vraiment le moment, quoi. C'est pas vraiment le moment.
00:11:10C'est niette, niette. Je ne te le paierai pas, ton téléphone.
00:11:14T'essaies de le tenir jusqu'à la fin de l'année et puis après,
00:11:16on verra. Mais pour le moment, c'est non.
00:11:19Le sujet est clos, Lola.
00:11:21Nathalie et Denis ne sont encore sûrs de rien.
00:11:24Mais tous les deux pourraient perdre leur emploi durant l'été.
00:11:28Allez, c'est moi.
00:11:30Dans cette période incertaine, c'est toute la famille
00:11:33qui doit faire des efforts et se serrer la ceinture.
00:11:37Ils sont, ils sont levés, les crapauds, là.
00:11:39Denis, ouais, il est levé.
00:11:42Le couple a décidé de ne plus rien cacher aux enfants.
00:11:45Yannis, 14 ans et sa grande sœur Lola.
00:11:50C'était ta journée?
00:11:51Ouais.
00:11:53Nous, c'est critique.
00:11:55Donc, normalement, si ça se précise,
00:12:00première quinzaine d'août, on est au chômage.
00:12:02Il va falloir faire gaffe.
00:12:05Donc, on vous empêchera pas de manger.
00:12:08C'est pas le problème.
00:12:11Mais ne serait-ce que Blo va falloir y faire attention sous la douche.
00:12:14Votre vacances cet été?
00:12:15De toute façon, ça fait un petit moment qu'on part pas.
00:12:18Donc, c'est pas ça qui va changer grand chose.
00:12:20Dès que ça allait pas bien avant, alors que là, ça va être encore pire.
00:12:22Si on trouve du boulot ailleurs, si c'est trop loin, on verra, quoi.
00:12:28J'ai pas envie de déménager.
00:12:29Oui, je me doute que t'as pas envie de déménager, mais nous non plus.
00:12:32Je te rassure, mais bon, on n'aura peut être pas le choix.
00:12:35Lola est apprentie dans une pâtisserie.
00:12:38Sa première réaction est d'offrir sa paye de 500 euros à ses parents.
00:12:44S'ils ont besoin de sous.
00:12:46Ça peut arriver.
00:13:05On est des costauds, nous, on est des costauds, mais maman, un jour,
00:13:09on n'arrivera plus rien à payer, on sera dans la rue alors.
00:13:12On n'en est pas là.
00:13:12Après, c'est notre rôle en tant que parents d'arrêter ça, d'accord?
00:13:14Attends, je veux pas que tu te préoccupe de trop quand même, tu fais ta petite vie et puis voilà.
00:13:29Alors, s'il faut que j'aille ramasser des mauvaises herbes avec une pince à épiler, c'est pas grave.
00:13:38Pas facile.
00:13:40Mais ce qu'il y a, c'est que maintenant, il faut se repayer les manches et puis après.
00:13:52En quelques semaines, le Covid a bouleversé la vie de la famille Chartier.
00:13:57Mais Denis et Nathalie ont déjà affronté deux plans sociaux.
00:14:01Ils ont des ressources pour résister à cette nouvelle épreuve.
00:14:05Au plus fort de la crise, un million de chômeurs sont venus grossir les rangs de Pôle emploi.
00:14:14C'est dans ce contexte de récession historique que de jeunes diplômés tentent d'entrer sur le marché du travail.
00:14:22Et ce n'était déjà pas simple avant le Covid, surtout dans la Marne, où le chômage touche près de 30% des jeunes.
00:14:29À 20 ans, Camille a bien l'intention de faire mentir les statistiques.
00:14:34Ça, c'est un Voltaire.
00:14:37Donc, on va aller couper le tissu, je vais aller me laver les mains.
00:14:40Depuis cinq ans, sa passion a pris le dessus sur tout le reste.
00:14:45J'adore couper le tissu, je kiffe ça, c'est limite orgasmique, rien que le bruit aussi, juste le bruit.
00:14:54La jeune femme vient tout juste de décrocher son diplôme de tapissière.
00:14:58Elle rénove les fauteuils anciens.
00:15:00Et malgré le contexte actuel, elle a décidé de défier la crise.
00:15:07Elle s'est donné l'été pour créer son propre atelier et s'installer à son compte.
00:15:12Le rêve ultime, avoir son entreprise et puis vivre de ça, pouvoir vivre de ça.
00:15:20Je veux être mon patron, je veux faire mes créations aussi, je veux que ce soit à moi, je veux que tout m'appartienne.
00:15:28Jusque là, Camille a vendu ses fauteuils grâce aux bouches à oreilles.
00:15:32Aujourd'hui, elle voit plus grand.
00:15:34Elle veut avoir sa propre boutique en ligne.
00:15:37Mais depuis l'arrivée du virus, ses rêves d'entreprendre sont menacés.
00:15:40Mais c'est magnifique, c'est ma passion.
00:15:43800 000 jeunes fraîchement diplômés comme Camille se lancent sur le marché du travail en pleine crise sanitaire.
00:15:50Ils ont même déjà un surnom, la génération Covid.
00:15:54Salut, ça va?
00:15:59Ni Camille ni ses amis ne savent ce qui les attend à la rentrée.
00:16:04Ce soir, la jeune fille les a réunis pour leur présenter sa nouvelle carte de visite.
00:16:10J'ai fait mon logo.
00:16:13Après, peut être que ça changera.
00:16:14Et ton nom, du coup, les gens, quand tu leur dis, par exemple, Louis, la bergère, ils comprennent pas forcément que c'est un siège.
00:16:20Donc pour l'instant, ça sera artisan tapissier décorateur.
00:16:22Non, c'est bien.
00:16:24Camille vit avec Clément, son compagnon de 25 ans.
00:16:28Lui est commercial agricole.
00:16:29Il vend des moissonneuses batteuses et il croit à son projet.
00:16:35Aujourd'hui, c'est un peu compliqué de voir l'avenir par rapport à ce sujet là, c'est sûr qu'il y a un risque.
00:16:40Après, qui tente rien n'a rien.
00:16:43C'est le moment de le faire.
00:16:44Non, moi, je suis à fond avec elle derrière.
00:16:48Forcément, je crois en elle.
00:16:50Même optimisme du côté de ses amis.
00:16:54C'est une bonne période parce qu'il y aura moins de concurrence à mon sens.
00:16:57Du coup, elle pourra se démarquer, avoir de l'activité, contrairement à certains.
00:17:01Pour moi, ça tombe bien.
00:17:03T'as raison de te lancer.
00:17:05Je vais déchirer la crise économique, c'est sûr.
00:17:08J'écoute la réussite.
00:17:09J'espère.
00:17:15Pour l'instant, son activité ne lui rapporte pas assez pour en vivre.
00:17:19Alors, Camille n'a pas eu le choix que d'aller chercher du travail là où il y en a.
00:17:28Là, on part en production.
00:17:30Là, 7 heures de boulot intense et puis après, à la maison.
00:17:36Vivement ce soir.
00:17:38Elle s'est fait embaucher par l'une des rares entreprises à recruter dans la région.
00:17:43Je mets en route à Stéphanie.
00:17:46A l'usine.
00:17:47C'est pas compliqué, il n'y a pas besoin de réfléchir.
00:17:52Tu deviens robot, en fait.
00:17:55Pour Camille, cet emploi est précieux.
00:17:58Il lui assure un salaire de 1200 euros chaque mois, même si la tâche ne l'emballe pas.
00:18:04Au remplissage, elle doit visser 50 bouchons à la minute.
00:18:10Faire quelque chose de répétitif comme ça, ce n'est pas agréable.
00:18:13Enfin, quand on n'a pas le choix, on le fait, mais si je pouvais ne pas le faire, je ne le ferais pas.
00:18:20Ce n'est pas quelque chose que je vais faire toute ma vie.
00:18:23Ceux qui sont là depuis 30 ans, c'est vraiment le chapeau.
00:18:27Ironiquement, c'est le Covid qui a donné du travail à Camille.
00:18:32L'usine, initialement spécialisée en conditionnement de cosmétiques, a saisi un nouveau marché en pleine expansion.
00:18:39La mise en bouteille de gel hydroalcoolique.
00:18:42Grâce à ce poste, la jeune femme peut mettre de côté 300 euros par mois.
00:18:49Une aubaine pour Camille, qui a 20 ans, n'a aucune économie.
00:18:55Ça a l'air bon.
00:18:57Ça va?
00:18:59Ouais, tu t'es bien débrouillé.
00:19:00Je fais des lasagnes.
00:19:02Pour l'instant, elle habite chez son compagnon Clément, à qui elle ne paye que des charges.
00:19:07J'ai pas 30 000 euros sur mon compte, hélas.
00:19:10J'aimerais tellement.
00:19:12Je devrais peut être faire l'euro million, je pense.
00:19:15Or, créer son entreprise a un coût.
00:19:17Entre les fournitures et les outils, la jeune femme a besoin de 6000 euros.
00:19:22Il va donc falloir emprunter auprès des banques.
00:19:25Donc, en 60 mois, il faudrait que je paye 111 euros par mois pendant 5 ans.
00:19:34Une première pour Camille, qui n'a pas encore toutes les notions des conditions d'emprunt.
00:19:40Qui va être égale à 6680.
00:19:46Il y a un truc, là.
00:19:47Là, il y a un truc qui ne va pas.
00:19:51J'ai compris pourquoi.
00:19:52En fait, il y a un taux.
00:19:54C'est le taux qui a 4,31.
00:19:58Comment rembourser un crédit, alors même que son contrat à l'usine se termine dans deux mois?
00:20:03Camille tente quand même sa chance auprès d'une banque.
00:20:06Oui, bonjour.
00:20:08Je voudrais faire un prêt de 6000 euros.
00:20:10Mais depuis l'arrivée de la crise sanitaire, les banques sont beaucoup plus frileuses.
00:20:20Cause du Covid?
00:20:37Il y a beaucoup de paramètres qui rentrent en jeu, c'est vraiment un dossier à monter et ils sont un peu plus vigilants.
00:20:42Merci, une bonne journée à vous, au revoir.
00:20:45Ces paramètres, Camille ne les avait pas anticipés.
00:20:49Avec sa journée de travail à l'usine dans les jambes, sa motivation en a pris un coup.
00:20:55Là, c'est vrai que je mets les deux pieds vers l'inconnu.
00:20:58Il y a la crise, il y a la pandémie qui engendre une crise économique.
00:21:05Moi, je m'installe, c'est vaste.
00:21:07Je suis perdue dans toutes les démarches qu'il y a à faire.
00:21:12Donc, tout ça réuni, ça me fait peur.
00:21:16Avant la crise, Camille n'aurait peut être pas eu besoin de passer par une banque pour réaliser son projet.
00:21:24Je veux bien, s'il te plaît.
00:21:26Sa mère, coiffeuse, a vu son épargne largement entamée après deux mois de fermeture de son salon.
00:21:32J'aurais aimé lui prêter les 6000 euros, mais le problème, c'est que moi, j'ai besoin d'avoir une trésorerie aussi.
00:21:41Si après, demain, elle a un mois où elle ne peut pas rembourser parce qu'elle a trop, j'aiderai ma fille.
00:21:47Mais à l'heure actuelle, pour l'instant, je ne peux pas prêter les 6000 euros à ma fille.
00:21:51J'ai très peur que Camille, elle se lance là, juste après le Covid.
00:21:57On ne souhaite pas ça à ses enfants.
00:21:58Camille va donc devoir se débrouiller seule et convaincre la banque de lui accorder un prêt.
00:22:13Laurent Cavell, lui, a monté son affaire il y a 20 ans et il y a quelques mois encore, il était persuadé que le plus dur était derrière lui.
00:22:23Il doit être 8 heures moins 5.
00:22:27Le retard, c'est ce que je veux chez moi, quand même.
00:22:32C'est mon patron.
00:22:35A 52 ans, Laurent a bien réussi sa vie d'entrepreneur.
00:22:40Une usine de 800 mètres carrés en région parisienne, où il emploie une dizaine de salariés en CDI.
00:22:46Il fabrique des moules métalliques pour l'industrie automobile et le BTP.
00:22:55Parti de rien, Laurent n'a jamais abandonné son âme d'artisan.
00:23:00J'aime bien ce que je fais, donc je bosse autant que mes collègues.
00:23:04Il n'y a pas de grand patron ici.
00:23:05Je travaille comme les compagnies.
00:23:08Moi, je suis fraiseur à la base, donc je suis resté fraiseur.
00:23:11Je suis fraiseur manager.
00:23:13L'affaire est plutôt florissante ces dernières années, avec un chiffre d'affaires annuel pouvant atteindre 1,6 million d'euros.
00:23:24Oui, mais voilà, tout ça, c'était avant le Covid.
00:23:28Nous sommes en juin et Laurent n'a pas eu une seule commande depuis le mois de mars.
00:23:34Depuis trois mois, on ne prend pas de commandes.
00:23:37Vous entendez, il n'y a pas trop de machines qui tournent, en fait.
00:23:39Il y a... On n'usine pas comme on devrait, on n'usine pas assez, en fait.
00:23:44Nous, dans l'industrie, si je n'ai pas des commandes, je suis mort, c'est sûr.
00:23:48On va tenir un petit peu en trésorerie, mais on ne peut pas tenir, on ne tiendra pas six mois, c'est évident.
00:23:55Laurent prépare sa dernière livraison.
00:23:57Après, le carnet est vide.
00:24:01Ce moule avait été commandé juste avant la crise.
00:24:05Il produira des millions de pièces comme celle-ci.
00:24:08Des verrous pour les disjoncteurs.
00:24:11Ça, c'est des affaires qui avoisinent les 80 000 euros.
00:24:13C'est quand même des... C'est un très gros dossier.
00:24:16On en produit moins, là.
00:24:18Actuellement, c'est sûr, le marché du bâtiment est bloqué.
00:24:21Le bâtiment a été arrêté deux mois, ils ont arrêté les machines.
00:24:25Pareil en automobile, pareil dans tout secteur où actuellement, c'est en petite production, donc il n'y a pas besoin de nous.
00:24:34Avec une baisse historique en France d'un quart de l'activité industrielle,
00:24:38tous les secteurs ont été impactés par le Covid.
00:24:41Particulièrement l'automobile et la construction.
00:24:45Les principaux clients de Laurent.
00:24:51Je jette un coup d'oeil pour savoir si quelqu'un m'a écrit.
00:24:55Vous faites ça souvent ?
00:24:55Tous les 20 minutes, à peu près.
00:24:57Je vais boire un café, je prends mon téléphone, je regarde s'il n'y a pas eu un mail.
00:25:00C'est une obsession.
00:25:01Ouais, c'est un toque.
00:25:03Attends, il n'y a pas de...
00:25:04Non, non.
00:25:09Il ne faut pas que ça dure trop longtemps parce qu'on va s'inquiéter.
00:25:16Laurent Cavell ne joue pas seulement l'avenir de sa société, mais aussi celui de toute sa famille.
00:25:22Son fils Thomas a rejoint l'entreprise il y a un an, ainsi que sa femme Albertina, secrétaire à ses côtés depuis 18 ans.
00:25:30C'est elle également qui s'occupe des factures et des salaires.
00:25:33Moi, je stresse simplement quand ça commence à baisser en banque.
00:25:39C'est tout.
00:25:42Moi, c'est les comptes, donc je suis là pour compter.
00:25:45C'est vrai que ça me stresse si je vois que ça dégringole beaucoup, quoi.
00:25:51Vous vous sentez inquiète, Laurent ?
00:25:52Je sais que ça ne va pas quand il commence à se plaindre de son estomac.
00:25:55La semaine dernière, il disait qu'il avait un peu de brûlure.
00:26:05Les brûlures risquent de ne pas s'arranger de si tôt.
00:26:10L'usine a 80 000 euros de charges par mois et 100 rentrées d'argent.
00:26:14Comment continuer à les payer ?
00:26:16Viens nous voir, Maxime, pour parler du boulot.
00:26:20Laurent songe à mettre ses ouvriers au chômage partiel pour faire fondre ses charges mensuelles.
00:26:26Il s'y était pourtant refusé jusque là.
00:26:29Ses employés avaient continué à travailler alors que toute la France était confinée.
00:26:34Pascal, tu viens ?
00:26:35Je vous parle.
00:26:36Julien, on va se rassembler et puis on va parler.
00:26:40Mais avant d'évoquer cette option, Laurent souhaite qu'il réalise la gravité de la situation.
00:26:46On attaque ?
00:26:48Écoutez, messieurs, si on se réunit, c'est pour parler des problèmes qui risquent d'arriver chez nous.
00:26:55On n'a plus grand chose à faire, mais c'est un petit peu inquiétant pour tout le monde.
00:27:00On va se retrouver à la pêche.
00:27:03Pas de touche.
00:27:04Peut-être à la rentrée ?
00:27:05C'est ce qu'on me dit, on me dit qu'à la rentrée, ça devrait bouger un petit peu, mais on ne voit plus de clients, on ne voit plus personne.
00:27:11J'ai encore entendu ce matin, tout le monde nous appelle pour avoir du boulot et à priori, il n'y en a pas.
00:27:17Si on n'a pas de commande, c'est une échéance.
00:27:20Après, on crève.
00:27:22Je n'ai aucune visibilité.
00:27:25Sans déconner, je vois, j'ai fait beaucoup de chiffrage, j'ai fait beaucoup de devis, j'ai absolument rien qui se présente.
00:27:34Donc, on va passer une fin d'année certainement très, très compliquée.
00:27:39Laurent a du mal à leur annoncer son intention.
00:27:42Le chômage partiel représenterait une perte de plus de 300 euros par mois pour chacun d'eux.
00:27:48En espérant pas être obligé d'aller sur du chômage partiel, c'est ce que je souhaite.
00:27:55Maintenant.
00:27:59Si vous avez des questions par rapport à ça, n'hésitez pas.
00:28:03Tu es payé directement par l'État, je crois, mais t'auras quand même une perte de salaire.
00:28:07C'est obligatoire.
00:28:09Ça fait un peu pire.
00:28:11Il y a des crédits derrière, donc ça peut être compliqué.
00:28:15On peut travailler à côté, c'est à dire faire la démission d'intérim en dehors de ça.
00:28:19Je n'en ai aucune idée.
00:28:21Parce qu'il faut bien faire rentrer le salaire.
00:28:22Ça peut être compliqué.
00:28:23Vite, ça peut être aussi un coup de peau.
00:28:26Il n'y a pas d'études à faire.
00:28:27Un coup de téléphone, un mail.
00:28:29Maintenant, on ne va pas se tirer une balle parce qu'on n'a pas de commandes.
00:28:33Est ce qu'on peut essayer d'en récupérer et on verra bien.
00:28:38Laurent aurait largement préféré une autre solution pour payer ses dettes sans siphonner sa trésorerie.
00:28:45Il espérait plutôt décrocher un PGE, un prêt exceptionnel accordé par l'État le temps de faire face à la crise.
00:28:53Moi, j'ai fait une demande à la banque avec un dossier, avec un échéancier, avec plein de trucs.
00:28:57Après, ça doit passer en commission.
00:28:59Ils vont nous répondre. On nous dit qu'il faut attendre cinq jours pour avoir la réponse.
00:29:02Moi, c'est pas le cas. Moi, ça fait un mois que ça dure.
00:29:05Pour la première fois, l'histoire de l'usine n'est plus entre les mains de son patron.
00:29:15Certains métiers applaudis pendant le confinement, considérés à nouveau comme essentiels,
00:29:21ont espéré un déclic après cette crise.
00:29:24On va se coiffer. Toi aussi, tu veux te coiffer?
00:29:27Waouh, t'as tellement grand cheveux que ce n'est pas possible.
00:29:33Alexandra était à domicile.
00:29:36Elle, qui s'occupe des personnes âgées, a vraiment cru que ses conditions de travail seraient améliorées après le Covid.
00:29:42Jules, mais ça va pas?
00:29:48Ça, ça me stresse quand tu cours le matin comme ça.
00:29:53À 22 ans, elle est déjà maman d'un petit Jules, 3 ans, qu'elle a eu avec son compagnon Julien.
00:30:05Lui-même père de Nino.
00:30:07Voilà, toujours garder la positive attitude.
00:30:14Un quotidien bien différent de celui de beaucoup de filles de son âge.
00:30:18Mais pour Alexandra, c'est le secret d'une vie bien remplie.
00:30:22Je suis fière d'être qui je suis maintenant, à 22 ans.
00:30:25Avoir la tête sur les épaules, un travail et tenir ma famille.
00:30:31Voilà, je suis fière de ça.
00:30:33Fière aussi d'être utile auprès des personnes âgées.
00:30:36Depuis bientôt 3 ans, ça va?
00:30:40Pendant le confinement, les 320.000 aides à domicile comme elle, ont continué à travailler aux chevets des plus fragiles.
00:30:49Voilà, ma caille, comme Antoinette, 87 ans.
00:30:53Alexandra est la seule personne qu'elle a vue pendant ces deux mois.
00:30:56Ça, c'est les côtes de porc.
00:30:58Je les ai mises en mots.
00:30:59J'ai eu la chance d'avoir Alexandra tout le temps.
00:31:02Je l'adore.
00:31:04Voilà, je veux qu'elle utilise tout.
00:31:06Est ce que vous avez envie de dire à Alexandra?
00:31:08Je t'aime.
00:31:12Moi aussi, je vous aime Antoinette.
00:31:14Je t'aime aussi.
00:31:17Je vous aime fort Antoinette, merci pour tout.
00:31:21Alexandra est embauchée par une association pour 30 heures par semaine.
00:31:26Elle est rémunérée 1000 euros net par mois.
00:31:28Mais seules ses interventions sont comptabilisées.
00:31:36Les temps de déplacement, eux, sont seulement défrayés à hauteur de 37 centimes le kilomètre.
00:31:42Par rapport au travail qu'on fournit et par rapport aux heures qu'on fait, le salaire est un peu dérisoire.
00:31:53Et pendant le confinement, ces heures, Alexandra ne les a pas comptées.
00:31:57Pourtant, en cette fin du mois de juin, alors que les soignants à l'hôpital, les caissières ou les éboueurs ont été récompensés entre 1000 et 1500 euros.
00:32:07Les aides à domicile, eux, sont les grands oubliés de la prime Covid.
00:32:12Coucou, ça va Roger, je t'ai ramené ton meuble.
00:32:19Ces patients, comme Roger, sont témoins de son dévouement.
00:32:23Aujourd'hui, Alexandra lui a même apporté un meuble dont elle n'avait plus besoin.
00:32:28Ça va, il ira bien, là.
00:32:30Oui, c'est bon, nickel.
00:32:32Roger, le piment de Côte d'Ivoire, je le mets derrière un truc qui doit être super sympa, mais je ne sais pas ce que c'est.
00:32:41Selon Roger, les aides à domicile n'ont pas été suffisamment remerciées pour les risques qu'ils ont pris depuis l'arrivée du virus.
00:32:49Ils n'ont pas trop parlé des aides à domicile.
00:32:51Mais jamais.
00:32:52Même...
00:32:53Mais les aides à domicile, ils n'en ont pas parlé.
00:32:55Ce qui m'a mis le plus en colère, c'est de voir que chaque fois, les primes sont attribuées à qui ?
00:33:02À les fonctionnaires.
00:33:03Bon, après, je pense qu'eux aussi, ils méritent d'avoir une prime.
00:33:06Les caissières, moi, on met leur titre de coteau, je suis d'accord.
00:33:12Ce n'est pas reconnu comme un métier.
00:33:14La salle à domicile, pour eux, c'est une bonne.
00:33:17C'est vraiment...
00:33:21T'as raison.
00:33:24Les mots de Roger sont durs, mais Alexandra s'en est bien rendu compte depuis qu'elle fait ce métier.
00:33:30Il manque de reconnaissance et surtout de revenus.
00:33:35Remplir le frigo pour sa famille avec un salaire d'aide à domicile est un défi.
00:33:41Poulet, d'antifrise, on va acheter des bananes.
00:33:48Juste avant le Covid, Julien a quitté son emploi de conducteur d'engin dans le bâtiment pour se lancer à son compte.
00:33:57En attendant que sa société soit créée, il est au chômage et touche 1 000 euros d'indemnité.
00:34:03Même si le couple est hébergé chez la grand-mère de Julien, les fins de mois sont toujours très difficiles.
00:34:10Il me reste 174 euros sur mon compte.
00:34:15Je ne fais pas de découvert.
00:34:16J'ai peur du découvert.
00:34:18Non, je n'aime pas. Après, c'est trop difficile.
00:34:21Donc, je me restreins, mais je ne suis jamais à découvert.
00:34:25Voilà, on s'en sort, mais c'est dur, mais ça va, on s'en sort.
00:34:44Alexandra fait ses courses dans un supermarché discount et se fixe toujours un budget très stricte.
00:34:51Je prends le plus gros parce que c'est pièce.
00:34:55Ce sera 60 euros maximum aujourd'hui.
00:34:59Le bio, j'en mange pas parce que c'est plus cher.
00:35:02Dans tous les cas, c'est ça, c'est quand même ça de gagner dans le budget à la fin du mois.
00:35:07Allez, on va continuer par là, on va voir ce qu'il y a d'intéressant.
00:35:10De l'eau de Javel, 59 centimes, merveilleux, j'avais prévu un euro.
00:35:19Alexandra compte chaque centime, mais ne compte jamais ses heures au travail.
00:35:23Un paradoxe de plus en plus pesant.
00:35:27Ça me prend le coeur de devoir tout compter parce qu'on travaille, on travaille pour tout ça.
00:35:35Encore, on ne travaillerait pas, ce serait logique, mais là, on se donne la peine.
00:35:4048 euros et 51 centimes.
00:35:41Waouh, trop bien, merci.
00:35:4548 euros, c'est trop cool.
00:35:48Alexandra est toujours sur le fil.
00:35:51Dans les prochaines semaines, un incident va venir bousculer cet équilibre déjà fragile.
00:36:04Alexia, elle, rentre de son deuxième travail à l'usine.
00:36:08Ouvrière la nuit chaque week-end, patronne toute la semaine au salon de coiffure.
00:36:14Le sommeil manque, la fatigue guette, mais elle ne craque pas.
00:36:20Eh ben, t'as bien dormi, chérie?
00:36:24Cette nuit encore, elle a dû laisser son fils à l'essieu à sa mère, qui l'aide beaucoup ces derniers temps.
00:36:30Heureusement que vous êtes là, parce qu'elle a un emploi du temps tellement chargé.
00:36:33Elle a des bonnes épaules.
00:36:35Moi, je suis très fière de ma fille, parce qu'à son âge, faire tout ça, mais ça me fait mal au coeur qu'elle soit arrivée à ce stade là pour pouvoir vivre dans la situation où elle s'est trouvée avec le Covid.
00:36:45Elle et beaucoup d'artisans aussi, beaucoup d'autres personnes.
00:36:49Je suis fière de ma fille.
00:36:50C'est pas du 100%, ça explose même les 100%.
00:36:56Je l'aime.
00:36:59Marie-Vaughn admire la ténacité de sa fille.
00:37:03Car Alexia n'a jamais baissé les bras.
00:37:07Pendant le confinement, contrairement à ses employés, la patronne n'avait pas droit au chômage partiel.
00:37:14Alors, elle s'est trouvé un job ici, dans cet hypermarché, non pas comme coiffeuse, bien sûr, mais comme caissière.
00:37:23C'est pas un métier facile, franchement.
00:37:24J'ai 15 ans de coiffure, j'ai jamais eu mal de partout.
00:37:27J'ai dit, mais il se passe quoi?
00:37:28J'avais des tensions dans les bras à la force de toute la journée.
00:37:33C'est assez répétitif.
00:37:34Il faut jouer aussi avec les humeurs de chacun.
00:37:37C'est ouais, c'est Space.
00:37:40Allez, petit chat.
00:37:42Sans aucun revenu à cette période, Alexia avait vraiment besoin de ce job.
00:37:47Le directeur du magasin n'a pas hésité à l'embaucher.
00:37:50C'était madame qui m'a appelé, ils m'ont appelé, ils m'ont dit voilà, on a notre coiffeuse qui est fermée pendant le confinement.
00:37:57Elle cherche à travailler.
00:37:58Du coup, je l'ai contacté.
00:37:59On l'a pris tout de suite.
00:38:01Et puis ça s'est bien passé.
00:38:02Il y avait aussi un restaurateur et j'avais même un agent immobilier qui sont venus.
00:38:06Justement, il m'a appelé parce que c'était des conditions de soucis.
00:38:08Ils m'ont dit voilà, on n'a plus d'argent, il n'y a rien qui rentre.
00:38:12On veut bosser.
00:38:13Et du coup, nous, ça nous a rangé aussi parce qu'on cherchait du monde.
00:38:16Dommage qu'il a repris son travail, j'aurais bien aimé la garder.
00:38:19Mais voilà, elle avait une entreprise aussi à faire fonctionner.
00:38:28Depuis le confinement, il y a quatre mois, Alexia donne tout ce qu'elle peut pour son salon.
00:38:34Aujourd'hui, elle a rendez vous avec son comptable pour faire le bilan.
00:38:38Tous ces efforts ont-ils porté leurs fruits?
00:38:41Peut elle relâcher un peu la pression?
00:38:44Vous observez ici, malheureusement, on a une carte de chiffre d'affaires de 14 000 euros par rapport à la dernière.
00:38:50On a essayé de rattraper, mais ça va être chaud.
00:38:55La perte est moins importante que prévu, mais la solution pour revenir à l'équilibre est bien plus radicale qu'Alexia ne l'avait imaginé.
00:39:03Faudra opter pour songer à séparer de quelqu'un.
00:39:07La plus grosse charge, c'est la masse salariale aujourd'hui.
00:39:10Et donc, si on n'a pas 50 normes pour pouvoir couper les charges, la première chose, effectivement, malheureusement, c'est au niveau de la masse salariale.
00:39:18Pour pouvoir éviter qu'on arrive effectivement dans une procédure de sauvegarde ou de retassement judiciaire.
00:39:23Licencié?
00:39:26C'est pour ça aussi que j'ai pris ce...
00:39:29Ça en fait partie, ce deuxième job.
00:39:30C'est que j'ai pas envie, j'ai envie de retrouver, entre guillemets, la vie d'avant Covid.
00:39:35Après, si à terme, ce n'est pas faisable, bah oui, je ne vais pas pouvoir me tuer à la tâche non plus.
00:39:40Je ne vais pas pouvoir faire ça pendant des années et des années.
00:39:43Tes salariés sont au courant?
00:39:47On va aborder le sujet.
00:39:48Moi, je ne pensais pas à ce point là.
00:39:50Est-ce que tu penses qu'elles en ont conscience?
00:39:51Non, non, non, pas vraiment, non.
00:39:54Il y a déjà des faillites dans la région ou pas encore?
00:39:57Est-ce qu'il y a déjà des plans sociaux?
00:39:58Pour moi, c'est une limite. Il y a des gens qui ne pourront pas se remettre du Covid.
00:40:03C'est des entreprises qui étaient déjà fragiles et le Covid a fini par les achever.
00:40:11Alexia doit-elle licencier ses employés?
00:40:15Jamais depuis qu'elle est patronne, elle n'avait eu une décision aussi difficile à prendre.
00:40:28Ce samedi 13 juin, ils sont tous là à Isoudun.
00:40:34Denis et Nathalie Chartier et les 500 salariés des deux entrepôts menacés de fermeture.
00:40:41Voilà, il y a des gens qui ont presque 40 ans d'ancienneté dans ces entrepôts.
00:40:4440 ans, c'est une vie et ils ont abandonné ce que nous avons construit.
00:40:48La halle, c'est nous et la halle, c'est vous.
00:40:52À ce jour, deux repreneurs sont intéressés par les entrepôts, mais ils ne sauveraient qu'une cinquantaine d'employés sur 500.
00:41:00Le tribunal doit trancher d'ici un mois.
00:41:04La seule chose qu'on veut, c'est leur faire comprendre qu'on veut partir avec quelque chose.
00:41:07On ne veut pas qu'on nous lâche avec rien, comme des mâles propres.
00:41:11Nous, maintenant, on veut se battre pour partir dignement.
00:41:14De toute façon, on n'est quoi pour eux? On n'est que de la merde.
00:41:17Il faut être clair, on n'est que de la merde.
00:41:18Avec autant d'années, franchement, ça fout les boules.
00:41:21T'as combien de temps, Cathy, à actuer, toi?
00:41:2226 ans.
00:41:23De toute façon, en général, c'est ça, 30, 35.
00:41:25Ouais, moi, toi, ça fera 26 en septembre.
00:41:27Il n'y a eu qu'un point positif à la halle, c'est qu'on s'est rencontrés à la halle.
00:41:30Comme beaucoup.
00:41:32Et à l'âge où on est rentrés, c'était que des jeunes et c'était
00:41:36quasiment une agence matrimoniale.
00:41:40C'est vrai qu'il y a beaucoup de couples qui sont formés à la halle.
00:41:45On est amoureux aussi.
00:41:51Leur amour n'aurait jamais vu le jour sans la halle.
00:41:54Ils s'y sont rencontrés en 1994.
00:41:57Tous les deux embauchés en CDI, ils ont pu se marier et fonder une famille.
00:42:03Grâce à leur salaire régulier, ils ont pu aussi acheter une maison sur plan
00:42:08en banlieue de Châteauroux.
00:42:10Une vie entière, la halle comme fidèle partenaire.
00:42:17Mais ces dernières années, il y a eu comme un coup de canif au contrat.
00:42:22Leur petit salaire d'environ 1500 euros n'a jamais été augmenté.
00:42:28Au départ, on a aimé ce qu'on faisait parce qu'on avait de la reconnaissance.
00:42:34On avait de la participation, de l'intéressement, donc ça motivait les gens.
00:42:37Ça nous faisait quasiment presque un treizième mois.
00:42:40Cette année, on a eu 13 euros de participation, c'est lamentable.
00:42:45Il aurait mieux fait de les donner au Restos du Coeur ou à la Croix-Rouge.
00:42:47Parce qu'il en descend.
00:42:49C'est se foutre de la gueule des gens.
00:42:52A une vie accomplie, a succédé une vie à crédit.
00:42:57Maisons, voitures, travaux, environ 1100 euros chaque mois dans la colonne des débits.
00:43:05Résultat, les chartiers vivent à découvert, souvent au-delà de 1000 euros.
00:43:13On devrait pouvoir vivre décemment avec un salaire correct.
00:43:17On devrait pouvoir payer les factures tranquillement et pouvoir vivre un petit peu à côté.
00:43:23Je vois, ça fait quatre ans qu'on n'est pas parti en vacances, donc on aimerait bien.
00:43:26Mais on ne peut pas.
00:43:28Je pense qu'il y a certains métiers qui ne sont pas reconnus.
00:43:30Agents logistiques comme nous, ou alors des hôtesses de caisse, des agents d'entretien.
00:43:37On s'abîme la santé, on se lève de bonne heure le matin, Nathalie se couche tard le soir.
00:43:42Et en période de canicule, ça fait très chaud dans les entrepôts.
00:43:47En hiver, ça fait très froid.
00:43:48Le salaire normal pour compenser, ce serait ?
00:43:53Ouais, moi, ça serait 2000 euros par mois.
00:43:57Depuis quelques jours, cette amertume a aussi envahi l'entrepôt de Denis.
00:44:03Sentant peut-être la fin proche, les employés ont décidé de ne plus travailler.
00:44:11Alors qu'ils sont censés préparer des commandes, les salariés se lâchent et organisent des fêtes tous les jours sur leur lieu de travail.
00:44:27Pour éviter les débordements, la direction décide que les employés resteront chez eux jusqu'à nouvel ordre.
00:44:39Ce jour là, tout s'arrête soudainement, aïe soudain.
00:44:47Quatre jours plus tard, le 8 juillet, c'est ici, à Paris, au tribunal de commerce, qu'est en train de se jouer l'avenir des 6000 salariés de la Halle.
00:44:56Et celui de Nathalie et Denis.
00:44:59Ils connaîtront dans l'après-midi le nombre du repreneur et le nombre d'emplois sauvés.
00:45:09C'est à quelle heure du tout ?
00:45:13Ça passe au tribunal dans quatre minutes.
00:45:18Dans l'Indre, Denis attend la décision avec sa fille Lola.
00:45:23Nathalie, elle, est au travail.
00:45:25Son entrepôt est toujours en activité.
00:45:31Non, on ne parle pas de la Halle encore.
00:45:32Le remaniement ministériel passe en prio.
00:45:38Sur les chaînes d'infos et les réseaux sociaux, Lola et son père fouillent partout pour connaître la décision du tribunal.
00:45:46Après deux heures d'attente.
00:45:4857.
00:45:48Papa, l'offre de reprise pour la Halle a été acceptée.
00:45:54Le groupe Beaumanoir, où fait partie Cash Cash, est heureux et fier d'apprendre que son offre pour la reprise de la Halle a été retenue par le tribunal de commerce de Paris.
00:46:04Beaumanoir, un groupe français dont l'habillement a été choisi par le tribunal.
00:46:10La marque reprend la moitié des magasins et près de la moitié des salariés.
00:46:15Pour les entrepôts, celui de Nathalie est sauvé.
00:46:19Le dépôt de Denis, lui, ne sera pas repris.
00:46:24Un soulagement d'un côté, mais pas de doute.
00:46:28Vaut mieux que ça soit que maman garde son boulot, que qu'on soit tous les deux à la porte.
00:46:32C'est ça, qu'est ce que ça te fait que ça soit confirmé que tu es en train de perdre ton travail?
00:46:40Très bonne question.
00:46:45Je ne sais pas. Là, c'est ça tombe, tout ça vient de tomber.
00:46:53Je n'ai pas encore accusé le coup, mais de toute façon, je m'en doutais.
00:47:00Tu ne sais pas ce que tu ressens? Non, pour l'instant, non, pour l'instant, non, je ne réalise pas encore.
00:47:05Mais c'est vrai que pour l'instant, ce qui me rassure, c'est que ma femme, que Nathalie garde son job.
00:47:15Denis vient de perdre son travail, mais il n'a pas tout perdu.
00:47:22Nathalie, il a besoin d'être à ses côtés.
00:47:27Des années qu'il n'était pas venu la chercher à la sortie de l'usine.
00:47:32Ce soir, il veut marquer le coup, montrer qu'il est toujours debout, malgré les annonces du jour.
00:47:38Elle en fait du bruit, sa mobilette, elle en fait du bruit, sa mobilette, tu ne t'es pas rasé, je n'ai pas eu le temps, j'ai amené un petit truc à boire.
00:47:50Bah ouais, mais ce qu'il y a, c'est que vous gardez votre boulot.
00:47:57Allez, on trinque.
00:47:58C'est un peu compliqué face à Denis de dire à mon nouvel emploi, alors que lui, il vient de le perdre.
00:48:10Là, pour eux, je suis très content parce qu'ils conservent tous leur boulot avec leurs avantages et pourvu que ça dure.
00:48:16Si on m'avait dit qu'on boirait du champ pour cette merde là, je n'aurais pas cru, tu vois, cette merde là, cette merde là, cette merde, parce que ça fait deux mois et demi qu'on galère.
00:48:29T'as un, ouais, c'est, il ne faut pas le vivre ou il faut le vivre au moins qu'une fois, quoi, c'est l'incertitude, l'incertitude.
00:48:40Merci, merci beaucoup, Denis.
00:48:41C'était très délicat, cette attention que tout le monde, je crois, je suis en train de craquer, moi.
00:48:53La prochaine bouteille de champagne, oui, vous souhaitez l'ouvrir pour pourquoi?
00:48:57Eh bien, qu'il ait réussi ses formations et qu'il retrouve un boulot.
00:49:00C'est peut être le coup de pied aux fesses, pour pouvoir démarrer autre chose.
00:49:05Dans un an, on boit une bouteille de champagne, ici, le 8 dans un an, c'est vous qui l'amenez, c'est sans moi, c'est avant quand même, parce que peut être avant, ça serait, ça serait bien.
00:49:16J'ai d'autres projets en vue, donc on va les mettre en place.
00:49:21Denis n'a pas l'intention de rester les bras croisés ces prochaines semaines.
00:49:25Il veut trouver du travail dans un domaine où personne ne l'attend.
00:49:35Dans le Grand Est, Camille se donne du mal pour réussir à monter son atelier.
00:49:42Elle a décidé de l'installer dans ce garage.
00:49:44La maison appartient à Clément, son compagnon qui la soutient dans ce projet.
00:49:50Voici mon atelier, mais il y a du boulot et c'est encore difficile à l'imaginer, mais je suis très bien, je pense, motivée.
00:50:00Ici, elle pourra travailler ses fauteuils à son aise.
00:50:04Aucun loyer à payer, donc, mais quelques travaux à prévoir pour le remettre à neuf.
00:50:10Là, c'est opération, on défonce tout pour avoir quelque chose de très, très beau après.
00:50:20Des fois, il faut savoir un peu s'enlever de la pouponnette et puis mettre les mains au boulot.
00:50:28Pour Camille, c'est l'occasion parfaite de se défouler.
00:50:34Ça, c'est fait.
00:50:38Car la jeune fille est anxieuse.
00:50:41Elle vient de recevoir la réponse de sa banque pour son prêt de 6000 euros.
00:50:45Dans ce contexte économique fragile, elle lui accorde à une seule condition, que son contrat à l'usine soit prolongé.
00:51:00Camille a donc rendez vous ce matin avec sa supérieure pour être fixée sur son sort.
00:51:05L'usine, elle est quand même importante dans mon projet, parce que c'est une source certaine de financement pour mes prêts et tout ça, donc c'est vrai que j'attends beaucoup de mon rendez vous.
00:51:22A 20 ans, elle n'avait pas prévu de travailler à l'usine et pensait encore moins devoir y rester.
00:51:29Bonjour. Mais aujourd'hui, pour décrocher son prêt, elle n'a pas le choix.
00:51:34Votre contrat arrive à échéance, il me semble, le 31 juillet.
00:51:40Elle doit absolument garder cet emploi face à Peggy Annequin, la directrice de l'usine.
00:51:47Elle va jouer carte sur table.
00:51:48Je veux rester en CDD.
00:51:50Déjà, c'est vraiment financier par rapport à avoir mon SMIC tous les mois pour être sûre d'avoir un revenu constant, un revenu constant fixe tous les mois.
00:52:00Une assurance.
00:52:02Camille le sait bien, la période n'est pas idéale pour embaucher.
00:52:06J'ai pas de vision particulière, on sort du Covid, c'est déjà très compliqué, donc on sait que vous avez eu des résultats intéressants, en tout cas, les félicitations du jury, c'est bien.
00:52:21Mais heureusement, la mise en bouteille de gel hydroalcoolique devrait continuer à la rentrée.
00:52:26Alors, Peggy a une bonne nouvelle pour Camille.
00:52:29J'ai un poste qui peut se libérer au minimum jusqu'à la fin de l'année.
00:52:34Très bien. Donc, on pourrait imaginer une contrainte sur les six mois restants jusqu'au 31-12.
00:52:40OK, très bien. En tout cas, merci beaucoup.
00:52:42C'est avec plaisir. Il faut foncer.
00:52:44La vie, elle est trop courte et il faut faire ce qu'on aime.
00:52:48Camille, tu te sens comment?
00:52:49Très soulagée. Je suis super fière.
00:52:52Ça fait du bien. Une victoire pour Camille.
00:52:57Elle va pouvoir contracter son prêt et démarrer son activité.
00:53:02À peine sortie du rendez vous, elle s'empresse de partager la nouvelle avec sa mère.
00:53:08J'ai une trop bonne nouvelle.
00:53:11C'est une trop bonne nouvelle.
00:53:14Non, tu peux me laisser parler, s'il te plaît.
00:53:19Non, t'es pas mamie, maman.
00:53:22Non, Argonne Productions, il me garde jusqu'au mois de décembre.
00:53:28C'est génial.
00:53:30Donc, je n'ai pas besoin de chercher un autre emploi ou j'ai pas le besoin de me stresser la vie.
00:53:35Ah, c'est cool, je suis contente pour toi, ma douce.
00:53:37On est des bestes, ma fille.
00:53:40On est des bestes.
00:53:41Bisous, je t'aime, maman.
00:53:42Je te fais un gros bisou, ma douce, je t'aime.
00:53:44Camille devrait recevoir son prêt dans les prochaines semaines.
00:53:52Elle va pouvoir aménager son atelier à son goût, en espérant que tombent ses premières commandes.
00:54:08En région parisienne, Laurent n'a pas vu la couleur d'une commande depuis maintenant trois mois et demi.
00:54:14L'inquiétude a encore grandi, mais le patron de l'usine de moules métalliques ne s'est toujours pas résolu à mettre ses ouvriers au chômage partiel.
00:54:27Chaque soir, en rentrant à la maison, à la télé, le même refrain depuis quelques jours.
00:54:33Aujourd'hui, la France propose à Belgique ses portes de masques obligatoires, ça a doublé.
00:54:45Les médias relaient en boucle l'alerte de certains experts.
00:54:49La deuxième vague serait hautement probable, selon eux.
00:54:52Tous les jours, la même chose, ça avait l'air d'aller mieux.
00:54:55Puis là, ça repart.
00:54:58On aimerait bien que ça se calme un petit peu quand même.
00:55:00On les a quittés, les masques, il y a un petit moment et on va les remettre bientôt.
00:55:07Laurent en est persuadé.
00:55:08Une nouvelle vague tuerait son entreprise.
00:55:11C'est beaucoup d'efforts, une société, mais c'est pas facile à construire.
00:55:14Et puis, c'est vite, tu t'aperçois comme ça que tu t'as vite fait de tout perdre.
00:55:19Là, on est dans une grosse, grosse cagade.
00:55:23Ce serait quoi, la cagade?
00:55:26Pour moi, c'est le chômage de masse.
00:55:28La misère, la faim.
00:55:30Moi, si demain, il faut manger du pain avec de l'eau et du sucre, je le ferai.
00:55:35Vous n'êtes pas habitué à ça, vous avez une vie confortable.
00:55:40Ça serait dur quand même.
00:55:41Mais bon, j'ai grandi dans une famille de cinq enfants.
00:55:45On vivait tout ce qu'il y avait dans le jardin.
00:55:48Et puis, voilà, je ne suis pas morte.
00:55:53On est quand même très négatifs.
00:55:54Heureusement que les gosses ne sont pas là.
00:55:56Laurent n'a toujours pas obtenu son prêt de l'Etat et il continue de puiser dans sa trésorerie pour payer ses ouvriers.
00:56:06Il faut vite décrocher des commandes.
00:56:09Alors, Albertina pousse son mari à prospecter de nouveaux clients.
00:56:12Il faut chercher du travail.
00:56:14Quand tu ne sais pas aller le chercher, il faut être patient.
00:56:17Ce n'est pas mon boulot d'aller chercher du travail.
00:56:18Si, c'est son travail quand même de chercher du travail.
00:56:21Je ne sais pas faire.
00:56:22Je ne sais pas faire.
00:56:23C'est ce que tu te dis que tu ne sais pas faire.
00:56:25Chercher du travail quand il n'y en a pas nulle part, ça ne sert à rien, en fait.
00:56:35Le lendemain matin, Laurent repart au travail, fidèle à ses petites habitudes.
00:56:42La porte est ouverte.
00:56:44C'est mon rituel, je mets mon PC en marche.
00:56:47C'est parti.
00:56:49Le patron n'a jamais démarché les clients.
00:56:51Ils sont toujours venus vers lui.
00:56:55On n'attend pas à des miracles, c'est une période où il faut qu'on attend un petit peu.
00:56:58On n'est pas là pour rentrer à la maison ou reprendre la girafe.
00:57:01On dit bien sûr qu'on est là pour bosser, on est là pour faire notre boulot, donc.
00:57:08Le matin, vous arrivez.
00:57:12C'est un cousin quand même.
00:57:17Allô. Allô.
00:57:22Oui, pas de problème.
00:57:24C'est un outillage qu'on peut terminer pour mi-septembre.
00:57:27Merci. Allez, à tout à l'heure.
00:57:28Salut. Salut.
00:57:29Après trois mois et demi d'une pénible attente, Laurent vient enfin de décrocher une commande.
00:57:35Il faut qu'ils m'appellent tous aujourd'hui.
00:57:38Tu vas être content parce qu'on a cette pièce là, à redessiner déjà.
00:57:41On a le moule à faire, donc il faut qu'on reprenne les côtes et qu'on redessine cette pièce là.
00:57:45C'est pour faire partir les oiseaux, les pichons.
00:57:48Ils mettent des fils de fer assez grands et les oiseaux ne peuvent pas se poser.
00:57:52Ils en mettent beaucoup dans les gares.
00:57:54Bah ouais, moi, je suis content.
00:57:56Moi, j'aime bien prendre des coups de téléphone, des commandes à huit heures du matin.
00:58:02Il est content, Laurent.
00:58:04Et quand le patron est content, tout l'atelier s'y met gaiement.
00:58:12Mais Laurent est loin de crier victoire.
00:58:15C'est des petits trucs, ça, on va pas dire que c'est de la bricole, mais c'est des petits trucs, c'est des petits chantiers.
00:58:21C'est pas ça qui vous permet d'être serein.
00:58:23Il en faut cinq en même temps, quoi.
00:58:26Pour occuper tout le monde, il faut cinq pièces comme ça, enfin cinq projets comme ça en même temps.
00:58:33Laurent n'a gagné qu'un petit mois de sursis.
00:58:36Il vient de relancer la banque.
00:58:38Dans les prochaines semaines, il doit absolument obtenir son prêt de l'Etat.
00:58:50Alexandra, elle non plus, n'a toujours rien reçu.
00:58:54Ni prime Covid de l'Etat, ni hausse de salaire de son employeur.
00:59:00Et pour ne rien arranger, sa journée commence par quatre heures de ménage.
00:59:05Assis à domicile, c'est aussi nettoyer et récurer des WC.
00:59:10Ça fait partie de notre job.
00:59:14Alexandra accomplit toutes ses tâches consciencieusement.
00:59:17J'adore les petits détails, je trouve ça trop bien, en fait.
00:59:22C'est ma signature.
00:59:25Mais secrètement, elle aimerait bien se débarrasser de cette partie du métier.
00:59:31Moi, j'aime m'occuper des gens, j'aime faire sourire, j'aime, j'aime trop m'occuper des gens.
00:59:37J'aime trop. Après, voilà, le ménage, ça fait quand même partie de mon travail.
00:59:42Je le savais, quoi.
00:59:43Alexandra a beau l'accepter, son corps, lui, supporte de moins en moins ses corvées ménagères.
00:59:53Quinze jours plus tard, Alexandra est chez elle, en petite forme.
00:59:59La jeune femme est en arrêt maladie depuis une semaine.
01:00:03Et tu me nouffles?
01:00:07Les derniers mois de travail acharné semblent avoir laissé des traces.
01:00:12Une asymétrie du bassin lui inflige de violentes douleurs au dos.
01:00:17Mon travail, je l'aime, mais je me rends compte que je me fatigue beaucoup.
01:00:23Viens, elle a très mal au dos, maman, viens, viens.
01:00:27Ce n'est pas la seule mauvaise nouvelle.
01:00:29Alexandra vient enfin de recevoir une prime pour son dévouement pendant le confinement.
01:00:35Mais au lieu de toucher 600 euros comme ses collègues, elle n'a eu que la moitié pour avoir travaillé 15 jours de moins à cette période.
01:00:43Je pense que de passer de 600 euros à 300 euros, quand même, c'est un peu moyen.
01:00:49C'est à dire que j'ai été arrêtée parce que j'étais en suspicion Covid.
01:00:54Finalement, j'avais qu'une angine, mais j'ai travaillé pendant le corona, j'ai travaillé.
01:00:58Les docteurs, ils arrivaient pour soigner les patients ou les bénéficiaires avec des combinaisons de malades.
01:01:05On ne savait pas vraiment ce qui se passait.
01:01:07Il faut dire qu'on a eu peur, on a eu peur, tout le monde a eu peur pendant cette période.
01:01:12300 euros de prime, ce n'est pas un cadeau.
01:01:15C'est une claque pour Alexandra, qui n'accepte plus ce manque de reconnaissance.
01:01:19C'est au moment où j'ouvre mon compte et là, je vois 1360 euros.
01:01:25En fait, c'est un déclic pour moi.
01:01:27À ce moment là, c'est un gros déclic pour moi.
01:01:29Je me dis OK, 1300 euros, en fait, c'est une paye que je devrais avoir tous les mois.
01:01:38Mais non, là, c'est ma paye avec une prime.
01:01:41On fait vraiment un travail de malade et on est en bas de l'échelle.
01:01:48Alexandra a déjà perdu trois jours de salaire avec son arrêt maladie, 200 euros de moins sur sa fiche de paie.
01:01:55Alors demain, elle n'a pas le choix, elle retourne au travail.
01:01:58Ce matin, elle n'est pas vraiment dans son assiette.
01:02:09C'est la boule au ventre qu'elle se rend à sa première intervention.
01:02:13Je ne vais pas avancer parce que j'ai peur que j'ai peur de me refaire un mal au dos, mais j'appréhende un peu.
01:02:21Je ne sais pas pourquoi, pour ma part, ça me fait ça.
01:02:23Mais le programme est chargé.
01:02:26Plusieurs visites et plusieurs appartements à nettoyer.
01:02:33Alexandra ne sait pas se ménager.
01:02:36Fatalement, après quelques heures, les douleurs lombaires se réveillent.
01:02:46Entre deux interventions, Alexandra s'isole un moment pour rappeler celui qui partage sa vie.
01:02:52Julien lui conseille de se mettre en arrêt maladie.
01:02:55Je ne peux pas me permettre de reperdre plus de trois jours de carence, bébé, mais bébé, on n'a pas de sous.
01:03:01Après, si je perds encore trois jours de carence, ça fait six jours de carence.
01:03:10Mais on doit partir en vacances, c'est tout.
01:03:13Donc, en fait, je me force à travailler, à puiser dans mes ressources les plus profondes,
01:03:18je me force à m'utiliser mon dos alors qu'il est en train de me dire stop.
01:03:27Ma tête me dit stop, tout me dit stop et je continue parce que je ne peux pas me permettre de...
01:03:36Je crois que c'est psychologiquement parlant, j'en peux plus.
01:03:42Voilà, j'en suis là.
01:03:46Sous ses airs de battante, Alexandra cache une grande fragilité, héritée de son enfance.
01:03:55Alors qu'elle n'a que deux ans, elle ne peut plus vivre sa vie.
01:03:59Héritée de son enfance.
01:04:03Alors qu'elle n'a que deux ans, son père tombe gravement malade.
01:04:08Elle grandit avec sa mère dans un village d'Ardèche.
01:04:11Les deux femmes sont très fusionnelles.
01:04:14Ça, c'était ma mère et là, c'est moi.
01:04:16Ma mère, c'était ma vie. Ma mère, c'était tout pour moi, c'était...
01:04:21J'aurais donné tout ce que j'avais pour elle.
01:04:25Tout bascule à l'adolescence.
01:04:28Alexandra a 14 ans quand sa mère change de fréquentation.
01:04:32Leurs relations se dégradent.
01:04:35Et après une dispute, le lien se rond.
01:04:41Elle a arrêté la voiture et elle m'a dit...
01:04:44Sors.
01:04:47T'es finie, tu rentres plus à la maison.
01:04:50Alors je lui ai dit, mais maman, c'est bon...
01:04:52Allez, c'est bon, on rentre à la maison, c'est pas grave.
01:04:57Non, non, sors. Je veux plus te voir.
01:05:00Et tu remets plus les pieds à la maison.
01:05:03À 15 ans, Alexandra, livrée à elle-même, est placée en famille d'accueil.
01:05:09J'avais l'impression que la vie était terminée.
01:05:13J'avais l'impression que plus personne ne m'aiderait.
01:05:17Et c'était trop dur à 15 ans d'y aller seule dans la vie.
01:05:21Pardon.
01:05:23Attends.
01:05:25Attends, s'il te plaît.
01:05:28Aujourd'hui, Alexandra n'est plus seule.
01:05:32Avec l'aide de son compagnon et de ses enfants,
01:05:35elle a décidé de réagir et de prendre en main son avenir professionnel.
01:05:49Depuis quelques jours, les clients sont moins nombreux au salon.
01:05:54Allez, merci, au revoir.
01:05:57Monsieur, on va faire avec des commas, en cartes.
01:06:02Alexia reproche à ses employés de manquer d'investissement en son absence.
01:06:07Ce soir, elle veut les alerter.
01:06:09Son comptable lui a conseillé de licencier pour sauver son affaire.
01:06:13Et elle commence à y songer sérieusement.
01:06:19Cette année, ça va être un peu merdique.
01:06:22Je vous le dis honnêtement, s'il y a de fortes chances que je vais être obligée de licencier.
01:06:26Parce que moi, je ne vais pas durer Vita Eterna, je vais avoir deux boulots.
01:06:30Je me tue à aller bosser les week-ends de nuit pour tenter de sauver l'entreprise.
01:06:35Alors quand je dis l'entreprise, je ne pense pas qu'à ma tronche.
01:06:38Je pense aussi à vos emplois.
01:06:40Et quand je reviens et que je vois la petite poubelle qui traîne dehors après samedi soir,
01:06:44les bacs, dessous, ils étaient dégueulasses.
01:06:48Ça avait séché tellement qu'il y avait du shampoing qui avait dégueulé dessus.
01:06:52Je me suis dit, merde, putain, je laisse mon bébé, mon salon
01:06:55et en fait, elles n'en ont rien à foutre.
01:06:58J'ai l'impression d'être au tribunal depuis tout à l'heure.
01:07:00Tu penses que c'est ça ?
01:07:01Oui, mais je sais que les portables, ça y va à gogo.
01:07:04Les poses clopes aussi, ça y va à gogo.
01:07:06Et s'il faut, je vais en venir là, c'est à tout restreindre.
01:07:08Donc plus de portables.
01:07:09Moi, je le vois, maintenant que je suis au repas, c'est salarié.
01:07:12Ah bah, je n'ai pas de pose cigarette.
01:07:14Ah bah, si je veux une pose, c'est décompté.
01:07:16Je badge mes cocottes.
01:07:17C'est dur pour moi d'aller bosser comme ça le week-end
01:07:19et de venir et d'arriver ici et de voir ça.
01:07:22Ça me fait mal, ça me trompe.
01:07:24Je me dis, je pourrais avoir la vie facile en fait.
01:07:27Je pourrais licencier, je m'en battrais les couilles.
01:07:29Tu n'as pas l'impression de t'avoir laissé tomber
01:07:31parce que si on n'était pas là les fins de semaine,
01:07:35ça ne marcherait pas non plus parce qu'on le tient quand même
01:07:38pour que tu puisses t'en sortir là-bas.
01:07:41Si je me bats aujourd'hui, c'est pour vous et mon fils.
01:07:44Ma situation est compliquée.
01:07:46J'ai besoin de vous.
01:07:48Je vais me mettre à chialer aussi.
01:07:53Alexia se donne encore quelques semaines
01:07:56avant de prendre une décision.
01:08:05Camille, la jeune entrepreneuse, a enclenché la vitesse supérieure.
01:08:10Elle s'apprête à effectuer sa toute première livraison.
01:08:14Ce fauteuil sur lequel elle a travaillé pendant 14 heures.
01:08:18Elle joue sa réputation.
01:08:20Alors forcément, elle est un peu soucieuse.
01:08:26Je croise les doigts pour que ça lui plaise
01:08:28et qu'elle soit vraiment contente du travail que j'ai fourni.
01:08:31La grand-mère d'une amie lui a commandé au début de l'été.
01:08:35Oh super, super !
01:08:37Dis donc, voilà le travail !
01:08:39Oh dis donc, je suis contente !
01:08:41Il te plaît vraiment ?
01:08:42Ah oui, oui, oui !
01:08:44Quand on voit que le travail que tu as fait,
01:08:46comment il était au départ...
01:08:49Ah oui, oui, oui, je suis contente.
01:08:51Parfait, je suis vraiment contente que ça te plaise.
01:08:53Je suis soulagée.
01:08:55Ça lui donne un petit coup de neuf.
01:08:57C'est ça, ça rafraîchit.
01:08:59Pour cette première création,
01:09:01Camille n'a rien facturé à Brigitte.
01:09:04Elle lui a demandé de ne financer que les 75 euros de tissu.
01:09:07Il est assez confortable ?
01:09:09Il n'est pas trop dur ?
01:09:10Non, moi je trouve bien.
01:09:12Pour Brigitte, c'est une belle affaire.
01:09:15Mais surtout, c'est l'occasion de participer
01:09:17au lancement du projet de Camille.
01:09:20Retraitée, elle s'inquiète beaucoup pour la jeune génération
01:09:23qui se lance cette année dans la vie active.
01:09:28C'est... Comment dire ?
01:09:31Il faut vraiment vouloir et puis se battre.
01:09:34Et ne pas se décourager.
01:09:37Ne pas baisser les bras, oui.
01:09:43Camille ne compte pas se décourager.
01:09:45À bientôt !
01:09:47Encore moins après cette première victoire.
01:09:50Yes !
01:09:52Grâce à son prêt à la banque,
01:09:54la jeune femme vient tout juste de finir d'aménager son atelier
01:09:57dans son garage.
01:09:59Alors voici mon atelier qui a bien changé depuis.
01:10:04Donc là, j'ai installé ma table de coupe.
01:10:07Là, il y a mon petit coin à moi.
01:10:10Donc mon petit établi avec tous mes outils,
01:10:12ma petite panoplie d'outils.
01:10:14Mon petit décapeur thermique.
01:10:16Là, je vais avoir ma visseuse.
01:10:18Alors quand on m'a demandé ce que j'avais eu pour mon anniversaire
01:10:21au mois d'août, les copines demandent
01:10:24des bagues, des parfums et tout ça.
01:10:26Et quand ils m'ont demandé ce que j'avais eu,
01:10:28je leur ai dit que j'avais commandé une visseuse.
01:10:30Camille dispose désormais de tout l'équipement du parfait tapissier.
01:10:34Son propre établi,
01:10:36mais aussi une machine à coudre
01:10:38et ici, une table élévatrice improvisée.
01:10:42C'est un lit médicalisé.
01:10:44Je la monte et je la descends.
01:10:46Comme ça, c'est beaucoup plus facile, rien que pour ce siège-là.
01:10:48Je le mets à ma hauteur.
01:10:50Enchinant les bonnes affaires
01:10:52et grâce à des achats d'occasion,
01:10:54la jeune femme n'a dépensé que 1 500 euros
01:10:56sur les 6 000 empruntés à la banque.
01:10:58Ah yes !
01:11:00Tiens, lève-le.
01:11:02Tiens, attends, je vais le mettre là.
01:11:04Il est dessus.
01:11:06Super !
01:11:08Son petit ami Clément,
01:11:10qui l'a aidé pour les travaux,
01:11:12ne doute pas de sa réussite.
01:11:14Avec son caractère qu'elle a à la maison,
01:11:16le caractère qu'elle a dans la vie de tous les jours,
01:11:18je pense qu'elle va réussir et même très bien.
01:11:20Il est chaud, il me ferait pleurer.
01:11:22Grâce aux bouches à oreilles,
01:11:24Camille a déjà décroché une nouvelle commande.
01:11:26Deux fauteuils Voltaire
01:11:28à remettre à neuf pour une amie de la famille.
01:11:32Il devrait lui rapporter 200 euros.
01:11:34Oui, c'est super cool d'avoir des nouvelles commandes
01:11:36parce que c'est là qu'on se dit
01:11:38ça y est, ça commence.
01:11:40Je suis hyper heureuse.
01:11:42Camille, t'es patronne.
01:11:44Je suis patronne.
01:11:46Je suis une patronne à 21 ans.
01:11:50Camille n'a plus qu'à faire parler d'elle
01:11:52sur les réseaux sociaux.
01:11:56En attendant de percer dans sa région,
01:11:58elle continuera de travailler à l'usine
01:12:00jusqu'à la fin du mois de décembre.
01:12:04Elle espère à terme
01:12:06pouvoir vivre de sa passion.
01:12:16Il y a des indices qui ne trompent pas.
01:12:18Laurent est en short dans son usine.
01:12:20Un léger sourire aux lèvres.
01:12:24Aucun doute,
01:12:26le patron est détendu depuis quelques jours.
01:12:30Il y a la queue à la machine à café
01:12:32à ce que je vois.
01:12:34On est trois en short sur six quand même.
01:12:36Messieurs, on profite pour boire un petit café
01:12:38pour que je vous annonce
01:12:40que j'ai quand même repris du boulot.
01:12:42Je suis content, je ne pensais pas l'avoir.
01:12:44Vous allez être prêtes au chômage partiel.
01:12:48Ça me desserre les fesses.
01:12:52C'est une très belle affaire.
01:12:54Je pense qu'elle n'est pas facile
01:12:56mais on est capables.
01:12:58C'est la connectique, on est capables de la faire.
01:13:00J'espère qu'il y en aura d'autres.
01:13:02Il va y en avoir d'autres.
01:13:04On va avoir du pain à manger.
01:13:06Dès qu'on rentre de congé,
01:13:08on tape dedans.
01:13:10Cette commande qui vient de tomber
01:13:12va leur assurer trois mois de travail.
01:13:14Une excellente nouvelle
01:13:16d'autant plus que ce client
01:13:18dans la connectique n'avait jamais fait appel à eux.
01:13:22Laurent en est persuadé, sans la crise,
01:13:24il n'aurait pas décroché ce contrat.
01:13:28Je ne m'y attendais pas du tout.
01:13:30Pour moi, ça allait partir à l'étranger.
01:13:32Ça allait partir encore à l'autre bout.
01:13:34C'est où, l'autre bout ?
01:13:36Tout est fait, 90% est fait en Chine.
01:13:38Votre métier s'est délocalisé là-bas ?
01:13:40Oui, ça fait longtemps maintenant.
01:13:42On voit toutes les boîtes fermées.
01:13:44Il n'y a plus grand monde sur le marché des moulisses.
01:13:46Et pourquoi ?
01:13:48Parce qu'on est trop cher.
01:13:50Ils font 10 000 km, ils ont un taux horaire
01:13:52dix fois moins cher que le nôtre.
01:13:54Ils ont une grosse puissance de frappe
01:13:56que nous, à 8-10 pélos,
01:13:58on ne peut pas avancer.
01:14:00Quand là-bas, ils font une affaire
01:14:02à un dossier en 4 semaines,
01:14:04nous, il nous faut 8 semaines.
01:14:06Donc ça y fait aussi dans la balance
01:14:08qu'on est perdu du business.
01:14:10Après cette crise,
01:14:12Laurent espère que les industriels
01:14:14seront désormais tentés de produire
01:14:16leur moule en France,
01:14:18chez lui, de préférence.
01:14:20Du moule artisanal, fabriqué avec amour.
01:14:22C'est bien quand ils partent.
01:14:24C'est comme les enfants,
01:14:26quand ils ont 18 ans,
01:14:28quand ils partent, c'est bien aussi.
01:14:30C'est vrai.
01:14:32Bon, on va livrer.
01:14:38Alexandra a repris du poil de la bête.
01:14:40Bonjour.
01:14:42Alors, ma jolie ?
01:14:44Vous êtes trop belle,
01:14:46avec vos jolis yeux bleus.
01:14:48Ben oui.
01:14:50Suite à son gros coup de fatigue
01:14:52il y a 15 jours,
01:14:54son employeur lui a accordé
01:14:562 semaines de repos.
01:14:58Un petit geste qui a beaucoup
01:15:00apaisé la jeune femme.
01:15:02Hop, voilà, son petit pyjama.
01:15:04Je ne suis plus habile
01:15:06comme avant, quoi.
01:15:08Alors ça, je vais peut-être...
01:15:10Mais vous savez qu'il ne faut pas
01:15:12avoir peur de déranger.
01:15:14Je pense que nous, on est là
01:15:16pour vous aider, on aime ça.
01:15:18Bon, je vais m'enlever parce que je suis bien en retard.
01:15:20Oui.
01:15:22Je suis bien d'accord avec vous.
01:15:24Vous avez très bien dit.
01:15:26Allez, merci beaucoup.
01:15:28Alexandra a décidé
01:15:30d'en profiter pour prendre un peu de vacances.
01:15:34T'as passé une bonne journée ?
01:15:36Ça va ? Oui.
01:15:38Je suis fatiguée.
01:15:40Viens, Nino, s'il te plaît, on va vous dire
01:15:42quelque chose vite fait. D'accord.
01:15:44Mais avec un budget très serré,
01:15:46le couple est contraint de partir sans les enfants
01:15:48cet été.
01:15:50On a décidé, à l'unanimité
01:15:52avec votre père,
01:15:54qu'on allait un petit peu partir
01:15:56une petite semaine en vacances.
01:15:58Donc vous irez certainement
01:16:00chez mamie Coco.
01:16:02Olé !
01:16:04Vous allez pouvoir faire de la piscine et tout.
01:16:06Et nous, on va pouvoir s'amuser sans les enfants.
01:16:08Jules. Quoi ?
01:16:10Tu vas aller en vacances chez mamie Lou et papie Lou ?
01:16:12Et nous, on vient ou pas ?
01:16:14Ah bah d'accord.
01:16:16Tu veux pas qu'on vienne ?
01:16:18Bah tant mieux.
01:16:22S'ils avaient eu les moyens,
01:16:24Alexandra et Julien auraient préféré partir
01:16:26en famille.
01:16:28On aimerait bien les amener un mois
01:16:30dans les baléas ou, je sais pas,
01:16:32dans la Polynésie française,
01:16:34je ne sais rien.
01:16:36Ça serait trop bien, avec plein de...
01:16:38des poulpes dans l'eau et tout, non ?
01:16:40On va attendre quelques années, je pense.
01:16:44La Polynésie française
01:16:46ne sera donc pas au programme cet été.
01:16:48À vrai dire, ce soir,
01:16:50à deux semaines du départ,
01:16:52les vacances semblent compromises.
01:16:54T'as combien sur ton compte ?
01:16:56Là, là ?
01:16:58Moins...
01:17:00850.
01:17:02Donc euh...
01:17:04Donc en fait, on regarde les vacances
01:17:06et on est même pas sûr de voir.
01:17:08Location ?
01:17:104 nuits payables en 10 fois.
01:17:12À crédit.
01:17:16Le couple s'est fixé
01:17:18300 euros de dépenses.
01:17:20Mais en plein mois d'août,
01:17:22même pour quelques nuits en Espagne,
01:17:24les prix sont bien loin de ce qu'ils espéraient.
01:17:26118 !
01:17:28Ah mais non, mais c'est la nuit.
01:17:30Oh, je suis désolée.
01:17:32En fait, déjà, il faut qu'on trouve un truc qu'on peut payer sur place en l'arrivant.
01:17:34Comme ça, ça nous laisse le temps d'économiser.
01:17:36C'est pas gagné.
01:17:38Non, c'est pas gagné.
01:17:40Pour l'instant, Alexandra n'est pas du genre à laisser tomber.
01:17:44Deux semaines plus tard,
01:17:46à Palavas-les-Flots,
01:17:48le couple a finalement pu s'offrir
01:17:50quelques jours de répit,
01:17:52grâce à une amie qui leur prête un appartement.
01:17:56Et ce matin, c'est Julien qui a choisi
01:17:58la première activité des vacances.
01:18:02C'est à venir, je crois bien.
01:18:04Je vais pas y arriver, Julien.
01:18:06Au programme,
01:18:08parachute ascensionnelle.
01:18:10100 euros le quart d'heure,
01:18:12la petite folie du séjour.
01:18:1450 mètres ?
01:18:16Oui, 50 mètres.
01:18:18Tu peux pas le faire moins haut, s'il te plaît ?
01:18:20Un petit peu, on va y aller tout doucement.
01:18:22Il n'y va pas, carrément.
01:18:24Vas-y, la pression, on y va.
01:18:26Je te déteste, Julien !
01:18:28Je te déteste !
01:18:32La promenade là-haut s'annonce animée pour Julien.
01:18:36Vas-y, descends !
01:18:38Descends-moi, là !
01:18:42Non, ça me fracasse pas.
01:18:44J'aime pas. Arrête de faire ça !
01:18:46Arrête !
01:18:50Qu'Alexandra se rassure,
01:18:52les activités nautiques ne sont pas au programme
01:18:54tous les jours.
01:18:58Vous êtes trop mignon !
01:19:00Merci, franchement, merci.
01:19:02Elle qui voulait changer d'air
01:19:04n'a pas servi.
01:19:10L'aide à domicile avait besoin de recul
01:19:12pour faire le point.
01:19:16Quand il y a eu
01:19:18toute cette agitation due au Covid,
01:19:20je pense que tout,
01:19:22on s'est un peu rendu compte qu'on était nécessaire
01:19:24à la vie des personnes âgées.
01:19:26Et on s'est plus sentie,
01:19:28voilà, pas délaissée,
01:19:30mais pas assez reconnue, quoi.
01:19:32Il y a quelques semaines,
01:19:34elle a eu envie de tout lâcher.
01:19:36Mais elle a pris le temps de réfléchir
01:19:38à son avenir professionnel.
01:19:40Maintenant, je suis revenue un peu à la réalité.
01:19:42Je veux pas changer de travail,
01:19:44je veux me perfectionner,
01:19:46je veux évoluer,
01:19:48mais je veux toujours rester dans la même chose.
01:19:50Je pense que j'aimerais déjà,
01:19:52en premier temps, passer des formations.
01:19:54J'aimerais être aide-soignante.
01:19:56C'est déjà mieux reconnu, c'est mieux rémunéré.
01:19:58Je vais voir avec ma boîte
01:20:00s'ils peuvent m'aider
01:20:02à passer ce genre de formation.
01:20:04Mais je finirais bien par le faire, de toute façon.
01:20:08En tant qu'aide-soignante,
01:20:10Alexandra n'aura plus à faire le ménage.
01:20:12Et surtout,
01:20:14elle pourra gagner à temps plein
01:20:16400 euros de plus par mois.
01:20:26Début août,
01:20:28ça faisait bien longtemps
01:20:30que le marché de Vatan dans l'Indre ne l'avait pas aperçu.
01:20:34Denis Chartier a 10h du matin
01:20:36avec sa femme et sa fille
01:20:38en short et en claquettes.
01:20:42Je vais prendre des chipottes.
01:20:44Je vais prendre
01:20:46du saucisson à l'ail.
01:20:48Celui-là, c'est bon.
01:20:52Depuis que le tribunal a décidé la fermeture
01:20:54de son entrepôt il y a un mois,
01:20:56Denis ne travaille plus.
01:20:58Il a du temps pour la première fois de sa vie.
01:21:02Ça fait bizarre de faire le marché
01:21:04parce que d'habitude,
01:21:06c'était que pour les vacances d'été.
01:21:08Et là,
01:21:10j'en profite avec ma chérie de faire le petit marché.
01:21:12Eh oui, pas d'habitude.
01:21:14Moi, j'ai mes petites matinées tranquilles.
01:21:16Et là, non, ça va plus être tranquille.
01:21:20Ça va changer.
01:21:22Ça vous fait moyen plaisir.
01:21:24Pas du tout, mais c'est vrai qu'on est habitués
01:21:26depuis des années à vivre en décalé.
01:21:28Donc là, on va se retrouver ensemble.
01:21:30Ça va faire bizarre.
01:21:32Sur le marché,
01:21:34tout le monde a suivi cet été
01:21:36le triste feuilleton de la halle.
01:21:38Et chacun compatit pour Denis,
01:21:40héros malgré lui de la série.
01:21:44Merci à vous. Bonne journée, bonne semaine.
01:21:46Bon courage.
01:21:48Et bon courage pour tout.
01:21:50Faites attention à vous.
01:21:52C'est du gâchis.
01:21:54C'est grave, c'est grave.
01:21:56Ils ont profité qu'avec le Covid aussi.
01:21:58Faut pas rêver.
01:22:00Allez, au revoir.
01:22:02Bon courage.
01:22:04Plus que jamais,
01:22:06il faut surveiller les dépenses.
01:22:08Celles de la famille et celles de Lola,
01:22:10qui vient de s'offrir pour 50 euros
01:22:12de robes d'été.
01:22:14T'as pris quoi, finalement ?
01:22:16J'ai pris deux robes, j'ai pris un short
01:22:18et j'ai pris une peau de short.
01:22:20C'est bon, là.
01:22:22Faut pas que ça soit tous les mercredis comme ça.
01:22:24Là, maintenant, t'auras pas que la mère sur le dos,
01:22:26tu vas avoir le père sur le dos.
01:22:28Donc là, ça sera peut-être pas la même musique.
01:22:30Allez, en voiture.
01:22:32Les Chartiers
01:22:34l'attendaient depuis plusieurs jours.
01:22:36Pour enfin clore le chapitre
01:22:38ouvert avec la crise du Covid.
01:22:40Ah, facteur.
01:22:42Ah oui.
01:22:44Bonjour, Monsieur Chartier.
01:22:46Bonjour.
01:22:48Bonjour.
01:22:50C'est la lettre
01:22:52de licenciement de Denis.
01:23:00Objet, notification de licenciement
01:23:02pour motif économique.
01:23:04Monsieur, nous sommes au regret
01:23:06de vous informer que nous sommes
01:23:08dans l'obligation de poursuivre le projet
01:23:10de licenciement économique
01:23:12de la société La Halle S.A.S.
01:23:14Ces quelques lignes
01:23:16font officiellement fin à 26 ans
01:23:18de travail dans les entrepôts de La Halle.
01:23:20Là, c'est...
01:23:22Là, c'est du concret.
01:23:24Petit déchirement, on va dire,
01:23:26parce qu'au bout de...
01:23:28Denis, ça aurait fait 26 ans qu'il y était.
01:23:30Donc...
01:23:32On pense jamais que ça va se terminer comme ça.
01:23:34Une passe qui se tourne.
01:23:36Oui.
01:23:38Qui tu retrouveras bien, tu lui vois là.
01:23:40À la maison.
01:23:42Bah, t'es gentil, toi.
01:23:44Denis va signer un CSP,
01:23:46un contrat de sécurisation professionnelle.
01:23:48Dans le cadre
01:23:50de son licenciement économique,
01:23:52il aura droit à des formations
01:23:54et surtout au maintien de son salaire
01:23:56pendant un an.
01:24:04Mais Denis a bien conscience
01:24:06qu'il va y avoir du monde sur le marché du travail.
01:24:08Et quelques jours après avoir reçu sa lettre,
01:24:10il ne chôme pas
01:24:12et s'entame déjà ses recherches.
01:24:18Je suis en train de préparer mon CV
01:24:20pour les futurs employeurs.
01:24:22J'ai jamais eu besoin de faire de CV.
01:24:24Ni de lettre de motivation,
01:24:26ni de faire un entretien d'embauche.
01:24:28Donc là, pour moi,
01:24:30je suis novice, c'est une première.
01:24:32Donc il y a peut-être
01:24:34des rubriques qui manquent au niveau de mon CV.
01:24:36Ça, j'en sais rien.
01:24:38Outre son bac gestion
01:24:40et son expérience au sein de la HAL,
01:24:42Denis n'a pas de permis poids lourd,
01:24:44ni même d'autres compétences
01:24:46à mettre en avant sur son CV.
01:24:48Quant aux offres
01:24:50dans son domaine sur Internet,
01:24:52elles sont plus que rares.
01:24:54Je cherche préparateur de commandes,
01:24:56on me met le kiosque à pizza.
01:24:58Donc ça n'a rien à voir
01:25:00en préparation de commandes.
01:25:02Denis prend les devants
01:25:04et contacte toutes les agences d'intérim
01:25:06de sa région.
01:25:08Oui, bonjour.
01:25:10Je vous appelle parce que j'essentiais de la HAL.
01:25:12Je voudrais savoir s'il y a beaucoup
01:25:14d'offres d'emploi disponibles
01:25:16dans le bassin d'Isoudun
01:25:18ou Châteauroux.
01:25:20Pour le moment, monsieur, c'est très très calme.
01:25:22Et c'est des contrats, c'est à la semaine, c'est au mois,
01:25:24c'est au jour, c'est comment ?
01:25:26On est plus sur de la semaine,
01:25:28on reconduit chaque semaine.
01:25:30Je vous dis tout de suite, des contrats de 18 mois,
01:25:32c'est non.
01:25:34Je m'en doute.
01:25:36Je ne connais pas du tout l'intérim.
01:25:38Niveau rémunération,
01:25:40ça se passe comment ?
01:25:42La plupart du temps,
01:25:44c'est au SMIC à 10 euros 15 de l'heure.
01:25:46Je vous remercie beaucoup, madame.
01:25:48Merci beaucoup, au revoir.
01:25:50Bonne journée à vous, au revoir.
01:25:56Je pensais quand même en intérim
01:25:58que ça payait plus que ça.
01:26:00Ça va être compliqué,
01:26:02mais on va réagir.
01:26:04Denis a encore une bonne dizaine d'années
01:26:06à travailler avant la retraite.
01:26:12Au fond de lui,
01:26:14il a un rêve de gamin.
01:26:16Et pourquoi pas essayer de le réaliser ?
01:26:18S'il y parvenait,
01:26:20il n'y aurait pas eu que du mauvais
01:26:22avec le Covid.
01:26:24Je voudrais bien continuer,
01:26:26peut-être dans l'électricité.
01:26:28Ça ne me déplaît pas.
01:26:30J'aime bien, c'est mon petit...
01:26:32C'est mon petit péché mignon.
01:26:34C'est pas ma formation initiale,
01:26:36mais c'est toujours un truc qui m'a intéressé.
01:26:38Nathalie avait un peu peur au départ.
01:26:40Elle avait un peu les pétoches,
01:26:42mais après, la longue a s'y habitué.
01:26:46C'est bon, chérie, c'est fini.
01:26:48Voilà, c'est bon, tout marche.
01:26:50Impeccable, tu es un chef.
01:26:52Tu n'as plus qu'à te recycler,
01:26:54tu sais ce qu'il te reste à faire.
01:26:56Chartier électricité.
01:26:58Tu t'en penses ?
01:27:00Encouragée par Nathalie,
01:27:02Denis envisage sérieusement
01:27:04de suivre une formation professionnelle
01:27:06d'électricien pendant un an
01:27:08et de prendre un nouveau départ.
01:27:14Un tout petit lundi après-midi
01:27:16par semaine,
01:27:18c'est tout ce qu'Alexia peut offrir
01:27:20à son fils entre ses journées
01:27:22au salon de coiffure et ses nuits à l'usine.
01:27:26Tu vas voir là-bas,
01:27:28il y a plein de jeux.
01:27:30Ça va faire du bien un peu.
01:27:32Alessio ne peut pas être plus heureux.
01:27:34Un pique-nique au bord d'un lac
01:27:36avec sa maman,
01:27:38ça n'a pas de prix.
01:27:40Tu sais quoi ? Tu sais ce qu'on va aller faire déjà
01:27:42pour nous faire du bien ?
01:27:44On va aller tremper les petons, tu veux ?
01:27:46Et après, on mange.
01:27:54Il y a un mois,
01:27:56la patronne appartissait ses employés
01:27:58qu'elle devrait peut-être les licencier.
01:28:00La patronne a finalement décidé
01:28:02de se laisser du temps pour trancher.
01:28:06J'y arrive pas.
01:28:08J'ai même pas envie d'y penser
01:28:10parce que j'ai des salariés
01:28:12que je fais vivre
01:28:14entre guillemets,
01:28:16qui vivent
01:28:18grâce au salaire que je leur verse.
01:28:20Je pourrais avoir la facilité de licencier
01:28:22et de dire bon ben voilà,
01:28:24j'ai pas ce tempérament-là.
01:28:26Je mets mon énergie à tenter de sauver l'entreprise.
01:28:28J'espère et je pense
01:28:30qu'elles joueront le jeu aussi de leur côté.
01:28:32Mais voilà, ça va le faire.
01:28:34Il faut que ça le fasse.
01:28:40Alexia ne prendra aucune décision
01:28:42avant son prochain bilan comptable à l'automne.
01:28:44Tiens-toi, chérie !
01:28:4630% des petites entreprises
01:28:48pourraient disparaître avant la fin de l'année.
01:28:52Pour sauver la sienne,
01:28:54Alexia devra tenir encore plusieurs mois
01:28:56sans relâcher ses efforts.

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