Affaires familiales _ laver son linge sale... chez le juge

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"JUGE AUX AFFAIRES FAMILIALES : LE TRIBUNAL DU DESAMOUR" / Une juge face aux couples qui se déchirent. Isabelle Schmelck est Juge aux Affaires Familiales au Tribunal de Grande Instance de Créteil, en banlieue parisienne. Chaque semaine, dans le huis clos de son cabinet, elle reçoit une trentaine de couples, elle s'immisce dans leur intimité : une trentaine d'histoires de séparation, de rancœur et de conflit. Quand rien ne va plus, elle est le dernier recours.

C'est elle qui décide pour la garde des enfants, la résidence alternée, la pension alimentaire. L'humain avant le droit. Après plus de vingt ans de carrière, Isabelle Schmelck a choisi de retourner aux Affaires Familiales, une fonction qu'elle a déjà exercée à ses débuts. JAF est peut-être le métier le moins prisé par les magistrats, c'est pour elle le plus passionnant, celui où le bon sens, l'expérience et le goût du contact l'emportent sur la stricte application du code civil. Sa priorité : sauvegarder l'intérêt de l'enfant. Son message : quand on est parent, c'est pour la vie. Métier humain, métier des plus usant également. Aujourd'hui, les JAF sont en première ligne quand, dans les grandes villes, un couple sur deux se sépare.

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00:00On vous a donné la possibilité d'essayer que les choses s'arrangent, ça ne s'est pas arrangé.
00:04Bon, et bien maintenant, vous allez avoir des décisions de justice qui prendront les décisions à votre place.
00:08C'est navrant, c'est comme ça, et ça sera ainsi.
00:12Ils sont plus de 7000 en France.
00:31Il faut savoir quand même que deux couples sur trois se séparent.
00:34Donc forcément, ils ont affaire à un juge aux affaires familiales, peut-être à un moment donné de leur vie.
00:42Donc c'est le juge qui est le plus connu de la population française.
01:01Bonjour monsieur.
01:03C'est lundi, jour d'audience pour Isabelle Schmelck.
01:06Le jour où vont défiler devant elle des couples qui se séparent.
01:09Et les juges aux affaires familiales au tribunal de Créteil.
01:18Avec plus de 20 ans de carrière, Isabelle Schmelck est une juge d'expérience.
01:22Elle a déjà connu à deux reprises la fonction de juge aux affaires familiales,
01:26et a choisi d'y revenir il y a deux ans.
01:28Par goût du contact humain.
01:34Isabelle tranche à chaque fois qu'un couple se déchire.
01:37Elle décide de la résidence des enfants, fixe le montant des pensions alimentaires,
01:42organise les résidences alternées.
01:45Le juge aux affaires familiales n'est pas un juge en robe.
01:50Elle reçoit dans l'intimité de son bureau, assistée de sa seule greffière.
01:55Une trentaine de couples viennent chaque semaine devant elle, pour régler leur séparation.
02:04Dans la salle d'attente, Karim et Françoise sont venus chacun avec leur nouveau compagnon.
02:08Ils sont séparés depuis trois ans.
02:10Ils ont une petite fille de deux ans et demi.
02:12A la suite d'une première décision de la juge, le père a le droit de voir à Isabelle Schmelck.
02:17Mais ces décisions n'ont pas réglé le conflit entre les parents.
02:48Alors que je vous rappelle quand même qu'il me semble, puisque je l'ai marqué,
02:52c'est que ça devait être vrai, c'est que toutes les décisions qu'on avait prises dans ce jugement
02:56étaient en accord entre vous deux.
02:58C'est donc qu'il y avait un dialogue et un accord concernant votre enfant.
03:02Bien, je crois qu'avant qu'on aborde le fond, je voudrais quand même vous rappeler que vous êtes parents.
03:10Que c'est de votre responsabilité d'essayer de vous entendre.
03:15Donc quand je vois ce genre de demande, trois mois après qu'on se soit vus,
03:20je pense que ça ne va pas du tout.
03:22Il n'y a plus de dialogue entre vous.
03:25Bien, est-ce que vous êtes capable à l'heure actuelle de m'expliquer pourquoi il n'y a plus de dialogue ?
03:30Moi, je ne peux pas l'expliquer.
03:31On est passé devant vous au mois de juin.
03:34Jusqu'à présent, ça se passait très bien.
03:36Monsieur Alissa voyait sa fille toutes les semaines.
03:38Comme on avait convenu, on vous en avait parlé.
03:40À partir du moment où l'ordonnance a été rendue, il y a eu un total changement de comportement de la part de monsieur Alissa.
03:46Donc il a voulu respecter l'ordonnance à la lettre.
03:52Et moi, je la respecte.
03:54Et jusqu'à présent, monsieur Alissa ne le fait pas.
03:56Donc il y a eu rupture.
03:57Il y a eu rupture de dialogue.
03:58Comment vous expliquez cette rupture ?
03:59Quelle est votre analyse ?
04:00Écoutez, moi, j'ai écouté ce que vous avez tout simplement écrit sur l'ordonnance, qui me convenait très bien.
04:07J'ai respecté la lettre, ce que vous avez noté.
04:10On avait dit qu'il...
04:12Je devais récupérer mon enfant, c'est-à-dire à la date du 2 juillet.
04:15Je n'ai pas eu mon enfant.
04:16Voilà, madame la juge.
04:17Pourquoi ?
04:18À ce moment-là, tout a changé.
04:20Parce qu'il n'y a plus eu de...
04:21Donc c'était au moment des grandes vacances que...
04:23Exactement.
04:24Je voulais avoir ma fille.
04:25Je n'ai pas eu ma fille.
04:26Il a fallu la force de l'ordre.
04:27Il a fallu intervenir avec la police.
04:29Il a fallu arriver à des mesures qui, sincèrement, me semblent complètement déraisonnées, disproportionnées pour un enfant.
04:38Sans qu'on rentre dans les détails, je vais vous expliquer quand même un certain nombre de choses.
04:45Vous êtes parent.
04:47Vous avez des responsabilités de parent.
04:49La plus grande responsabilité que vous avez, c'est d'essayer en tout cas de vous entendre et d'avoir un dialogue pour votre enfant.
04:56Pourquoi ?
04:57Parce que votre enfant, plus ça va aller, plus il va aller très mal.
05:01Est-ce que vous en êtes conscient ?
05:03Oui ou non ?
05:04Bien sûr, j'en suis conscient.
05:05Vous savez, je le vois et je le vois déjà.
05:07Je voudrais dire que ma fille va bien.
05:12Elle est heureuse de vivre.
05:14Donc je fais en sorte que les choses se passent bien et qu'elles ne subissent pas les conséquences de notre séparation.
05:19Non, alors attendez.
05:20Séparation.
05:21Vous êtes en train de parler déjà de quelque chose.
05:23Séparation.
05:24Les parents qui séparent, ça elle l'est malheureusement comme beaucoup d'enfants qui ont des parents qui séparent.
05:30Mais ça la séparation, c'est votre couple conjugal qui sépare.
05:35Ceci dit, vous allez être parent à vie.
05:37Vous allez être grand-parent.
05:39Pendant toute la vie de votre enfant jusqu'à votre mort, vous serez à côté de votre enfant pour essayer quand même de la soutenir dans les grands événements, etc.
05:47Est-ce que si vous n'arrivez pas à être à côté d'elle, dans le respect, dans le sourire, vous réalisez le cadeau que vous allez lui faire.
05:54Est-ce que c'est ça que vous voulez ?
05:56Madame Céline, je ne demande pas mieux que de suivre mon rôle de père, madame la juge.
06:01Je ne demande pas mieux que d'être là et de recevoir ma fille, de lui donner de l'amour, de lui donner tout ce qu'il voulait.
06:06Dans le respect des hommes et des femmes.
06:07Pour l'instant, je ne peux pas le faire.
06:08Bien.
06:09Je ne peux pas le faire, il y a trop de tension.
06:10Je vais chercher mon enfant.
06:11Bien.
06:12Monsieur Aïssa, est-ce que vous avez envie que les choses changent ?
06:15Je ne demande que ça, madame.
06:17Personnellement, je ne demande que ça.
06:19Bien.
06:20On peut essayer, on peut tenter.
06:22Maintenant, ça ne marchera peut-être pas.
06:24Alors moi, ce que j'ai envie de vous proposer à tous les deux, c'est qu'effectivement, je ferme le dossier là.
06:29Et je vous renvoie à vos responsabilités, mais avec quelqu'un qui va vous aider.
06:33C'est-à-dire que je vous envoie en médiation.
06:36Qu'est-ce que c'est qu'un médiateur ?
06:37C'est une personne neutre, qui n'a rien à voir avec la justice.
06:40Et qui est là pour vous aider à, d'une part, reprendre un dialogue de parent.
06:45Et d'autre part, vous, puisqu'il y a dialogue et concertation, que vous preniez avec lui et tous les deux les décisions concernant votre enfant.
06:56Voilà.
06:58Pour ça, il faut être d'accord.
07:01Je suis tout à fait d'accord.
07:02Je demande que ça, madame.
07:04Bien.
07:06Bien.
07:07Ce que j'attends dans ce dossier, c'est qu'ils prennent conscience que, tant qu'ils n'auront pas réglé leur conflit conjugal, on n'arrivera pas à avancer.
07:16Bon.
07:17Maintenant, ils n'y arriveront peut-être jamais.
07:20Ils y arriveront peut-être.
07:21Mais c'est vrai que j'ai tenté la médiation avec eux, en me disant, pour les aider, pour les accompagner,
07:28d'essayer de se remettre au milieu d'eux leur enfant et l'intérêt de leur enfant,
07:35et d'essayer d'éviter ces bagarres dans tous les sens pour qu'ils prennent conscience que c'est leur enfant qui va en pâtir.
07:46La médiation est gérée par l'APCE, l'Association pour le Couple et l'Enfance.
07:51La médiation offre au couple un cadre neutre, en dehors du tribunal, pour les aider à prendre du recul sur leur propre histoire,
07:58exprimer leur colère, leur souffrance, pour tenter de sortir du conflit.
08:16Karim et Françoise se sont séparés au moment de la grossesse.
08:20Depuis, ils n'arrivent plus à communiquer.
08:26Écoute, quand je t'envoie un recommandé et que tu ne vas pas le chercher,
08:29que ça fait qu'un jour, je me dis, on l'a vu, que ça fait qu'un jour, alors que ça fait qu'un jour que tu l'as...
08:33N'oublie pas une chose, tu ne m'as pas tout ça, c'est de la babiole, je te le dis.
08:37D'accord, c'est de la babiole.
08:38Ça fait deux ans et demi que je me bats pour voir mon enfant, tu me prives de voir mon enfant.
08:41Bien sûr.
08:42Elle était dans la rue, tu criais comme une folle pour pas que je puisse voir mon enfant.
08:46Bien sûr.
08:47Tu m'as privé de mon enfant pendant les vacances.
08:49Bien sûr.
08:50Tu m'as pourri ma vie.
08:51Bien sûr.
08:52Donc aujourd'hui, peu importe tout ça, je veux repartir sur une bonne base.
08:55On passe à autre chose.
08:56Passons à autre chose.
08:57Aujourd'hui, soyons amis pour cette petite.
09:00Soyons parents.
09:01Si tu es d'accord pour ça, il n'y a pas de problème.
09:03Si tu n'es pas d'accord, déjà, je l'ai dit à madame Promoné, je partirai d'ici tranquille.
09:08Parce que j'ai envie de reconstruire ma vie.
09:10Cette histoire-là, tu ne veux pas que je vois la petite, il n'y a pas de problème.
09:13Tu la gardes, il n'y a pas de souci.
09:15Tu veux me pourrir la vie jusqu'au bout à cause de ton argent, il n'y a pas de problème.
09:19Ce n'est pas mon argent.
09:20Mais si.
09:21C'est ce qui contribue à l'entretien.
09:22Soyons...
09:23Il ne nous reste pas une chose.
09:24C'est que l'homme qui est devant toi là, il t'a toujours payé.
09:29Et si je ne l'ai pas payé, c'est parce que j'avais des difficultés financières sur les deux derniers mois.
09:33J'ai tout vendu.
09:34J'ai vendu voiture, j'ai vendu appartement.
09:37Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
09:38Bon, maintenant, vous avez bien vu là.
09:42Là, on est bien dans le conflit.
09:44C'est de ta faute si j'ai pas changé.
09:46C'est de ta faute si j'ai pas changé, c'est de ta faute.
09:48Madame, pardonnez-moi s'il vous plaît.
09:49Non, l'avenir de cet enfant...
09:51On est en train de parler de...
09:52L'avenir de cet enfant, il se construira s'il y a certaines choses du passé qui sont aussi mises à distance.
09:58Allez, enterrons l'âge de guerre une fois pour toutes.
10:01Oui, tout à fait, c'est le but de votre présence ici.
10:03Arrêtons, arrêtons.
10:04C'est le but de votre présence ici.
10:05Mais je peux comprendre que tu ne sois pas prête pour ça.
10:09Excusez-moi.
10:12Mais je peux comprendre, j'ai l'impression que tu n'es pas prête à ça.
10:15Non, non, non.
10:16Pas d'autre chose.
10:18Alors, allons-y, alors.
10:19Avant que...
10:20Avant que quoi ?
10:21Avant que j'éclate de rire encore plus, parce que franchement, c'est...
10:26Bon, j'entends pas beaucoup parler de l'intérêt...
10:29Exactement, c'est ce que j'allais vous dire.
10:34Quatre séances supplémentaires de médiation ne suffiront pas.
10:39Trois mois plus tard, Karim et Françoise retournent devant la juge.
10:50Alors, on se revoit un petit peu après cette médiation.
10:54Est-ce qu'elle est toujours en cours ?
10:56Non.
10:57Elle a été arrêtée ?
10:58Oui.
10:59D'accord.
11:00Bon, vous savez que je n'ai pas à savoir pourquoi elle a été arrêtée,
11:03qu'est-ce qui s'est passé.
11:05On reprend donc un petit peu le dossier en fonction du départ.
11:11Alors, puisque la médiation n'a pas été jusqu'au bout,
11:14est-ce qu'au moins ça a pu permettre une reprise de dialogue entre vous ?
11:17Non.
11:18Non, d'accord.
11:19Donc c'est un échec total.
11:21Dommage.
11:22Dommage parce que, je vous rappelle, c'était vraiment dans l'intérêt de votre enfant que je vous avais conseillé ça.
11:27Maintenant, c'est votre responsabilité à vous deux.
11:30Bien, alors, est-ce que les vacances d'été sont prévues ?
11:33Oui.
11:34Pour le mois d'août, vous devez partir à l'étranger, en Tunisie.
11:37Bien.
11:38Madame, est-ce que vous avez donné cette autorisation ?
11:40Non.
11:41Pourquoi ?
11:42Parce que j'ai des craintes.
11:43Je vous l'ai expliqué la dernière fois.
11:45Monsieur Aïssat est en train de vendre son appartement, donc son habitation principale.
11:48Il n'a plus de travail à l'heure actuelle.
11:50Il a fait une demande de passeport sans m'en parler.
11:52C'est pour ça que j'ai dû faire une mesure en préfecture.
11:55Bien, madame.
11:56La demande, c'était quand même de mettre l'autorisation de sortie sur le passeport des deux parents.
12:02C'est-à-dire que, effectivement, l'enfant ne puisse sortir qu'avec l'accord des deux parents.
12:07Donc, ça, vous refusez.
12:09Bien, alors, maître.
12:10Le procédé, mademoiselle, c'est de dire non à tout, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
12:13pour des choses qui sont tout à fait normales, usuelles, qui n'ont rien d'exceptionnel,
12:17qui sont juste de permettre à un père et à une petite fille d'aller voir ses grands-parents paternels en vacances en Tunisie,
12:21qu'il est plus agréable pour elle, à mon sens, d'être en Tunisie, au soleil, en vacances,
12:25que d'être abri sur Marne ou Poitré, effectivement, parce qu'il ne peut pas voyager.
12:28Bien, donc, le problème reste le même, monsieur.
12:30Vous souhaitez partir en vacances.
12:32De quelle date ? De quelle date ?
12:35Vous avez les billets d'avertour ?
12:37Non, je n'ai pas pu prendre les billets.
12:39D'accord. Quels sont vos projets ?
12:41Le projet, c'est de partir le 2 août et de rentrer fin août, le 31.
12:45Pendant le mois où vous avez hébergé l'enfant.
12:48Exactement.
12:49Excusez-moi, ça ne peut pas être possible le 2 août, puisque, en fait, les dates de vacances,
12:52puisque les vacances commencent, donc, ce soir, terminent le 3 septembre,
12:57si vous prenez la moitié des dates.
12:59Attendez, madame, j'espère que, quand même, vous n'êtes pas en train de discuter sur 24 heures.
13:03Je ne discute pas sur 24 heures.
13:04Bon, alors là, je crois que, là, vraiment, il va falloir que vous avanciez un petit peu, tous les deux.
13:09Bon, c'est évident que les problèmes de vacances, c'est 4 juillet et 3 septembre,
13:13je parle à la rentrée, je vous mets au sac.
13:15C'est vrai qu'il y en a un qui va avoir une journée de plus.
13:17Non, mais 6 mois, j'ai pris des dispositions.
13:19Madame, 6 mois, j'ai pris des dispositions.
13:21Ça, c'est l'absence de dialogue.
13:23Écoutez, ça, ce n'est pas le problème ni de vos avocats, ni du juge.
13:27Tant pis pour vous.
13:29Ça, vraiment, tant pis pour vous.
13:30On vous a donné la possibilité d'essayer que les choses s'arrangent.
13:33Ça ne s'est pas arrangé.
13:34Bon, et bien, maintenant, vous allez avoir des décisions de justice
13:37qui prendront les décisions à votre place.
13:38C'est navrant, c'est comme ça.
13:40Et ça sera ainsi.
13:42Délibéré au 9 juillet.
13:46Heureusement, je suis bien statué sur les vacances.
13:49Merci.
13:50Bien, merci, au revoir.
13:53Au départ, c'est quand même eux qui nous demandent ça.
13:56Donc, ce n'est pas comme si on les prenait dans la rue,
13:59en disant, bah oui, vous êtes séparés, ça n'a pas l'air du bien de se passer,
14:02donc je me saisis et je prends la décision pour vous.
14:04C'est eux qui sont en demande.
14:06C'est eux qui n'arrivent pas à prendre leur décision.
14:08Donc, effectivement, nous, on l'apprend avec les moyens qu'on a,
14:12avec les critères légaux qu'on a.
14:15Donc, on essaie de faire au mieux.
14:17Mais on prend quand même une décision
14:19qui, normalement, aurait dû être prise par eux en tant que parents.
14:27Les juges aux affaires familiales ne s'occupent pas que de divorces et de séparations.
14:32Une fois par mois, Isabelle Schmelk enfile sa robe
14:35et préside une audience collégiale.
14:38Entourée de deux autres juges, d'un procureur et d'une greffière,
14:42elle traite une vingtaine d'affaires en une demi-journée.
14:45Des demandes de nullité de mariage,
14:47des recherches et contestations de paternité,
14:50des adoptions.
14:52Bonjour, madame. Bonjour, monsieur.
14:55Bonjour, mademoiselle.
14:57Installez-vous devant. Tout le monde devant.
14:59Non, vous, sur les sièges, là.
15:03Bonjour, madame.
15:09Bien, alors, vous êtes donc mariée, monsieur et madame d'Alatorre,
15:15et vous demandez l'adoption simple,
15:17Vous êtes donc mariée, monsieur et madame d'Alatorre,
15:20et vous demandez l'adoption simple de mademoiselle Guzou,
15:23qui est née le 19 juillet 1986 en Chine.
15:27Donc, vous êtes arrivée en France, mademoiselle.
15:31Oui.
15:32Vous êtes arrivée en France en quelle année ?
15:342003.
15:352003. Dans quelles conditions vous êtes arrivée en France ?
15:38Expliquez-nous un petit peu.
15:39Par une filière.
15:40Par une filière, d'accord.
15:42Donc, quand vous êtes arrivée en France, vous étiez mineure.
15:45Oui.
15:46Est-ce que vous pouvez nous expliquer,
15:48si c'est trop indiscret, vous ne le ferez pas,
15:50mais pourquoi vous êtes venue en France ?
15:53Moi, je...
15:54Parce que vous êtes arrivée complètement clandestinement.
15:56Oui.
15:57Oui.
15:58Mais j'aimerais bien venir en France pour étudier.
16:02Pour étudier ?
16:03Oui.
16:04D'accord.
16:05Alors, vous avez rencontré, en fait, monsieur et madame d'Alatorre
16:09à la sortie d'une réunion de la mairie de Saint-Maur.
16:12Vous étiez tous les deux à une réunion de la mairie de Saint-Maur.
16:14Un tournoi de scrabble, pour être précis.
16:16Un tournoi de scrabble.
16:17Voilà.
16:18À 23h.
16:19À 23h.
16:20Et effectivement, à la sortie de la mairie,
16:21vous êtes tombée sur mademoiselle Gzou,
16:23qui était effectivement dans la rue.
16:25Voilà.
16:26Démunie.
16:27Exactement.
16:28Dans la rue.
16:29Et à partir de...
16:31Le soir même, d'ailleurs, vous l'avez recueillie chez vous.
16:33Voilà.
16:34Pour la nuit.
16:35Pour la nuit.
16:36Et puis, par la suite, vous l'avez complètement prise en charge.
16:39Oui, c'est-à-dire, c'est ça, c'est curieux,
16:41parce qu'en fait, quand elle est arrivée chez nous,
16:43c'était le week-end de la pente-compte.
16:45Donc, on s'est dit, on va pas la mettre dans la rue.
16:48Qu'est-ce qu'elle va faire toute seule ?
16:50Enfin bon, on s'est dit, on va la mettre à l'abri,
16:52tout au moins, pendant ces quelques jours.
16:54Et puis après, on s'est dit, on va essayer de trouver un moyen
16:56pour qu'elle aille quelque part.
16:58Et puis, bon, on n'a rien trouvé du tout, en fait.
17:02Et puis, on s'est attachés très vite, les uns aux autres, quoi.
17:06C'est...
17:07Enfin, je sais pas comment expliquer.
17:09C'est un peu pour trop s'expliquer, c'est plutôt au niveau du ressenti.
17:12Bon, on s'est bien compris.
17:14Et puis voilà, et puis...
17:16Bien.
17:17Bon.
17:18M. et Mme Dallatorre font une demande pour vous adopter.
17:21Oui.
17:22Alors, est-ce que vous pouvez nous dire
17:24qu'est-ce que ça représente pour vous,
17:26le fait d'être adoptée par M. et Mme Dallatore ?
17:28Euh...
17:29Une chose, parce que...
17:31Une chose, c'est...
17:33Ils vont devenir mes parents.
17:35Ça fait changer ma vie.
17:38Et puis...
17:39Mes parents en Chine ne sont pas la même.
17:42Ils n'ont pas la même condition.
17:45Je n'aime pas mes parents en Chine.
17:47Vous avez eu des difficultés ?
17:49Oui.
17:50En Chine, on ne parle pas trop avec nos parents.
17:54S'ils ont des problèmes, je dis rien.
17:57Même maintenant, j'ai le taf.
17:59J'ai le téléphone.
18:00Ils me disent rien.
18:02Ils m'ont pas dit bonjour. Ils savent pas.
18:05Mais là, en France, ça a tout à fait changé
18:08parce que mes parents, le matin,
18:10il faut faire la bise et tout.
18:12Et puis, des fois, on dit bonjour et tout.
18:14Ça va et tout. C'est sympa.
18:16Mais en Chine, on ne dit rien.
18:18On ne...
18:20On n'exprime rien, rien.
18:23C'est tellement triste.
18:25Euh... M. et Mme Dallatore,
18:27vous avez d'autres enfants ?
18:28Non.
18:29Vous n'avez pas eu d'enfants ?
18:30Non.
18:31D'accord. Est-ce que vous pouvez essayer
18:33de nous expliquer tout simplement
18:35quelle est la motivation de votre demande d'adoption ?
18:37Ben, disons que...
18:39des circonstances, un hasard,
18:41nous ont mis en présence dessus.
18:44Et elle nous a adoptés, en quelque sorte.
18:47Et nous, en contrepartie,
18:49on a considéré qu'on était d'accord pour l'adopter.
18:53Bien. Alors, on a dans le dossier une lettre,
18:56mademoiselle, que vous avez adressée à vos parents
18:58pour les informer de la demande d'adoption
19:01qui est faite par M. et Mme Dallatore.
19:03Oui.
19:04Vous n'avez pas eu de réponse.
19:06Ils ont reçu la lettre, oui.
19:08Ils ont reçu la lettre ?
19:09Ils ont signé l'accusé à l'exemption.
19:11Comment signent ?
19:13Ils ne savent pas trop faire ce genre de choses.
19:17D'accord. Bien.
19:19Monsieur le procureur, vous pourriez...
19:20Oui, Madame le Président, Mesdames.
19:22Je donne un avis favorable
19:24à cette demande d'adoption simple
19:27dans l'intérêt bien compris des adoptants,
19:31mais surtout de l'adopter
19:34qui a l'air particulièrement bien inséré dans notre pays.
19:39D'accord.
19:40Est-ce que vous avez quelque chose
19:41des uns et des autres à rajouter, mademoiselle ?
19:45Je vais dire que je l'adore.
19:48De toute façon, je devrais avoir appelé mes papa et maman.
19:52Vous les appelez papa et maman ?
19:53Oui. Depuis trois ans.
19:56M. et Mme Dallatore, d'autres observations ?
19:59Toi, tu as quelque chose à dire ?
20:00Non.
20:02Disons que pour nous, aujourd'hui, c'est un...
20:06Déjà, le 6 juin 2003, c'était un jour exceptionnel.
20:10Et puis aujourd'hui, ce serait la consécration
20:14de ce jour exceptionnel.
20:16D'accord. Bien.
20:18Alors, comme nous sommes trois,
20:20nous ne pouvons pas vous donner la réponse aujourd'hui.
20:22Donc, on va étudier votre dossier
20:24et vous aurez la réponse le 8 juin.
20:26Vous n'avez pas besoin de vous déplacer,
20:28mais dès le 8 juin, vous aurez la réponse
20:30sur cette demande d'adoption.
20:32Voilà, ils se font remercier.
20:33Merci beaucoup.
20:34Je vous remercie, tout le monde.
20:39Au revoir.
20:46Intéressant, ça.
20:47Alors, vous avez entendu, sous ?
20:50Allô ?
20:53Je pense qu'il n'y aura pas de difficultés particulières.
20:56Le procureur est en...
20:57Oui, tout à fait, tout à fait.
21:00C'est vrai que c'est les seuls dossiers
21:02où les gens sortent du tribunal avec un sourire.
21:06Ils sont heureux.
21:07Et c'est vraiment les seules audiences
21:09où il n'y en a pas un qui se sent lésé par rapport à l'autre.
21:12C'est des audiences qui sont souvent très...
21:17Émouvantes.
21:18Très émouvantes.
21:19C'est souvent le résultat de liens de filiation forts
21:24qui se mettent en place.
21:25Donc, c'est très chouette.
21:27Merci beaucoup pour aujourd'hui, François.
21:29Ça m'a fait plaisir.
21:30C'est gentil, j'ai pas trop mal.
21:32Merci, madame.
21:33A bientôt.
21:34Tu m'as bien fait comprendre.
21:36Au revoir, sous.
21:37Au revoir, madame.
21:40Merci.
21:46Aujourd'hui, en France, dans les grandes villes,
21:49un couple sur deux se sépare.
21:51À Créteil, tous les ans,
21:53ce sont 9 000 couples qui viennent au tribunal avec leur conflit,
21:57leur tristesse et leur colère.
22:00Ce que je voulais vous dire, monsieur,
22:02c'est que madame ne souhaite pas divorcer.
22:04Elle ne souhaite ?
22:05Ne souhaite pas divorcer.
22:06C'est elle qui l'avait demandé ?
22:08Oui, alors, justement, on va peut-être s'expliquer là-dessus.
22:11Elle serait prête éventuellement à reprendre la vie commune.
22:14Ah non, c'est pas possible.
22:17C'est vrai qu'il y a un phénomène à l'heure actuelle
22:20où on a de plus en plus de personnes de 60 ans qui divorcent
22:24ou qui se séparent.
22:27Parce que...
22:30Parce que la vie s'allonge de plus en plus
22:34et qu'ils ne se voient pas vivre encore 20 ans ensemble.
22:38Est-ce que vous souhaitez, madame, un délai de réflexion ?
22:40Non.
22:41Non, monsieur ?
22:42Donc vous êtes prêt, effectivement, si toutes les conditions sont remplies,
22:44à ce qu'un divorce soit prononcé tout à l'heure ?
22:46Oui.
22:47Oui ? D'accord.
22:48Bien.
22:49On a énormément de séparations, déjà entre 45 et 55,
22:52au moment où les enfants partent.
22:54Ça, c'est où le couple n'arrive pas à retrouver un équilibre.
22:58Et puis, beaucoup, beaucoup de séparations
23:02de jeunes qui ont un ou deux ans de mariage.
23:05Et vous avez quand même discuté avec lui, quand même,
23:08de cette procédure de séparation ?
23:10Oui, mais il ne veut pas divorcer, il veut être très possessif.
23:14On est là pour les écouter
23:16et pour essayer de comprendre et de capter la situation.
23:19Maintenant, si, effectivement, la personne a besoin
23:23et est dans un tel état qu'elle a besoin de pleurer,
23:26eh bien, qu'elle pleure.
23:28C'était une relation assez dure, assez difficile.
23:33D'accord.
23:34On s'est souvent réconciliés,
23:36elle me mettait à la porte souvent,
23:38me faisait affaire par la fenêtre, des trucs comme ça.
23:40Donc, je suis parti.
23:41Le problème, c'est que, par la suite,
23:43elle a effectué une tentative de suicide.
23:45Donc, j'étais séparé.
23:47Et ils l'ont mis chez les fous.
23:49J'ai été la chercher, elle a été en pleurs.
23:52Il a fallu que je la sorte sous ma responsabilité, en fait.
23:55Donc, j'ai accepté sous ma responsabilité
23:57d'accepter d'aller à l'hôpital,
23:59dans une clinique, pour se faire soigner, en fait.
24:01Ça leur fait du bien, d'ailleurs, moi.
24:03Quand ils commencent à pleurer, je les encourage à continuer.
24:06Et puis, ou alors, je...
24:08Je leur propose de sortir,
24:10qu'ils se lâchent un peu, parce que...
24:14Bien sûr, il y a des émotions
24:16qui sortent plus facilement pour les uns
24:18et puis moins facilement pour d'autres.
24:20Et puis, vous avez des personnes
24:22qui ne montrent rien du tout.
24:24Aucune émotion.
24:26Ou, en tout cas, aucun sentiment.
24:28J'espère, et vos avocats sont là,
24:30pour essayer qu'on se tourne vers l'avenir
24:33et que l'avenir soit dans un système
24:35de relation parentale meilleur.
24:37Bon. Est-ce que vous le souhaitez ?
24:39Bon. Alors, on s'arrête là.
24:41Dans beaucoup, beaucoup de cas,
24:43on veut faire payer à l'autre sa propre souffrance.
24:46Ça, c'est évident.
24:48Ou éventuellement un problème financier.
24:51De jalousie.
24:53De...
24:55De vengeance.
24:57Bon.
24:59Donc, il y a mille raisons.
25:01Mais...
25:03Je pense que la souffrance...
25:05Tu m'as fait ça, donc tu vas payer.
25:13Quand le désaccord va plus loin
25:15que la garde des enfants
25:17ou la pension à payer,
25:19certains couples s'installent
25:21dans le conflit pendant des années.
25:23Cela représente environ 10 % des dossiers.
25:25Ce sont des affaires dans lesquelles
25:27Isabelle a du mal à faire la part des choses.
25:29J'ai une audience qui va commencer à 9 h.
25:31Je sais que j'ai 2 affaires un peu délicates.
25:33Donc, je pense un peu à la façon
25:35dont je vais aborder le dossier.
25:37Et puis...
25:39Mais je pense pas tous les matins
25:41à toutes les audiences que j'ai.
25:43Et ça, ce matin,
25:45je sais que j'ai un dossier délicat.
25:47Alors, on se revoit après.
25:49La dernière fois qu'on s'était vus, c'était...
25:51Cela fait un an et demi
25:53qu'Isabelle suit cette affaire.
25:55Une mère qui accuse le père
25:57de l'abandon de son fils.
25:59Une mère qui accuse le père
26:01de maltraitance et d'attouchement sur leur fille de 3 ans.
26:03Pour l'instant,
26:05la juge n'autorise le père à voir sa fille
26:07que dans le cadre d'un point rencontre
26:09appelé le sécoff.
26:11Alors, expliquez-moi un petit peu.
26:13Est-ce que les choses s'améliorent entre vous ?
26:15Non ? C'est toujours aussi difficile.
26:17Donc, depuis mon ordonnance,
26:19du 28 juin 2005
26:21jusqu'à peu près en décembre 2005,
26:23il y a eu des droits de visite 3 fois par mois.
26:25Ça s'est bien passé ?
26:27Je suis ravi, pas de problème.
26:29Disons qu'entre guillemets, c'est la seule opportunité
26:31que j'ai de voir ma fille.
26:33J'en profite 2h30 tous les 15 jours.
26:35Alors,
26:37est-ce que c'est votre sentiment, Mme Latour ?
26:39Non.
26:41C'est-à-dire ?
26:43Déjà, la première fois que j'ai récupéré ma fille,
26:45elle a eu l'air comme dans l'eau,
26:47ce qui est logique, vu que ça faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vue.
26:49Elle avait des plaques d'eczéma,
26:51donc ça, ce n'est pas lié au stress,
26:53mais elle avait des bleus dans le dos.
26:55Je me suis dit qu'on surveille plus ou moins,
26:57on va faire plus attention.
26:59Il était dehors, seul, avec ma fille.
27:01S'il vous plaît, surveillez-le.
27:03Je me suis dit que peut-être qu'il y a une raison aussi.
27:05Ils m'ont dit qu'on allait faire attention.
27:07La deuxième fois, j'ai récupéré ma fille,
27:09encore avec des bleus dans le dos.
27:11Il était encore tout seul. J'ai des témoins à l'appui.
27:13C'est la parole de l'un contre la parole de l'autre.
27:15Et là, c'est extrêmement délicat,
27:17parce qu'avant que nos investigations
27:19soient exécutées,
27:21ça met au moins 2-3 mois,
27:23donc là, on est obligés
27:25de prendre des décisions qui sont extrêmement délicates.
27:27On prend le risque
27:29ou on ne prend pas le risque.
27:31Pour tenter de faire la part des choses,
27:33la juge a ordonné
27:35une expertise psychiatrique du couple
27:37et de l'enfant.
27:39Une expertise qui met en évidence les difficultés de la mère.
27:41Enfin, ayant lu leur rapport d'expertise,
27:43ils interprétaient à l'époque
27:45les accusations de Mme Guérin
27:47contre M. Berzat comme des manœuvres
27:49pour interrompre les visites et par conséquent
27:51interrompre le lien entre le père et sa fille.
27:53Et nous faisons l'hypothèse qu'à travers vous,
27:55sa mère cherche à réparer ce qu'elle a subi.
27:57Alors, qu'est-ce que vous souhaitez,
27:59tous les deux, actuellement ?
28:01Nous, de notre côté,
28:03enfin, quand je dis nous, c'est le SECOF et moi-même.
28:05Donc, en fait,
28:07c'était pour voir,
28:09pour une proposition de rallonger
28:11les droits de visite de 10h à 17h,
28:13comme la plupart des parents sur le pour-encontre.
28:15Quelle est votre position,
28:17un peu, madame, actuellement ?
28:19C'est une bonne chose qu'on continue dans ce...
28:21Le pour-encontre, oui.
28:23J'aimerais que, si possible,
28:25vous soulignez qu'il n'y ait aucune sortie
28:27en dehors du pour-encontre.
28:31Et puis, 2h30, déjà,
28:33quand je répare ma fille,
28:35elle souffre de la gêne,
28:37elle souffre de la gêne et elle se fait vomir.
28:39Elle fait de la régression
28:41surtout la fois où, justement,
28:43je ne sais pas si vous avez eu la plainte,
28:45il y a eu des intouchements
28:47et elle s'en plaint.
28:49Elle-même, elle parle.
28:51Elle dit, Paponnet m'a tapé,
28:53Paponnet a fait beaucoup à la nénette.
28:55Un enfant ne peut pas dire des choses comme ça,
28:57tout seul.
28:59Dès qu'elle sait qu'on y va, elle est en larmes.
29:01C'est moi qui suis obligée de dire,
29:03ne t'inquiète pas, ça va bien se passer.
29:05Cette fois-là, mais la fois d'avant,
29:07quand j'ai un copain, il m'a dit,
29:09il était gentil aujourd'hui, Paponnet,
29:11il ne m'a pas tapé, elle était toute contente.
29:13Dans ce genre de dossier,
29:15il n'y a pas d'affabulation totale
29:17ou s'il y a quand même des choses
29:19qui ne sont pas tout à fait claires.
29:21Mais avec un peu d'expérience,
29:23l'affabulation totale,
29:25on la sent assez vite.
29:41Le point rencontre où les parents
29:43dans un cadre protégé se trouvent à Paris,
29:45dans le 20e arrondissement.
29:47Nous sommes samedi matin,
29:49jour de visite.
29:51La mère arrive accompagnée par son nouveau mari.
30:09Ça, c'est quoi, ça ?
30:11Un canard.
30:13Le canard, ça fait quoi ?
30:15Un coin.
30:19Ça a changé quelque chose pour vous,
30:21la décision du juge, la nouvelle décision ?
30:23Sincèrement, non.
30:27Parce que moi, déjà, à la base,
30:29je cours être tout simplement
30:31après simplement des droits normaux,
30:33je dirais, c'est-à-dire l'avoir tous les 15 jours
30:35à la maison.
30:37Donc je dirais que je fais avec,
30:39tout le monde commence à me connaître,
30:41il voit comment je suis avec eux,
30:43comment il interpelle avec moi.
30:45Mais bon, c'est vrai que la juge ne le voit pas,
30:47donc le problème, il est là.
30:51Depuis la séparation du couple,
30:53c'est la première fois que le père et sa fille
30:55passent 5 heures d'affilée ensemble.
30:57C'est pour toi.
31:09On s'est promenés ?
31:11On s'est promenés, oui, on s'est promenés.
31:17T'as pas pleuré, t'es une cromme.
31:19Merci.
31:25Tu viens, tu viens ou quoi ?
31:29À aucun moment de la rencontre,
31:31les parents ne se sont adressés la parole.
31:39Dans cette affaire,
31:41Isabelle Schmelck est compétente
31:43pour ce qui concerne la résidence de l'enfant,
31:45le droit de visite du père
31:47et la pension alimentaire.
31:49Les plaintes pour violence sont de la compétence
31:51d'un juge d'instruction
31:53et les plaintes pour maltraitance
31:55relèvent d'un juge des enfants.
31:57Ces juges ont été saisis.
31:59La plainte pour violence a été classée sans suite.
32:01Trois mois plus tard,
32:03Isabelle convoque à nouveau le couple.
32:05Bien, alors, quelle est votre demande aujourd'hui, monsieur ?
32:07Donc ma demande, moi, c'est toujours
32:09la garde complète de ma fille,
32:11que Christelle soit suivie psychologiquement
32:13et donc par la suite,
32:15voir comment cela va se passer.
32:17Bien, donc, votre première demande,
32:19monsieur, c'est la résidence de l'enfant.
32:21Bon, si jamais vous n'aviez pas...
32:23À défaut, un droit de visite et d'hébergement
32:25le plus élargi possible,
32:27j'imagine, et à défaut,
32:29le maintien du droit de visite
32:31au sécoff.
32:33D'accord. Bien.
32:35Alors, de votre côté, madame.
32:37Je vous ai entendu les différentes demandes.
32:39Quelles sont les raisons
32:41pour lesquelles vous vous opposez
32:43à un droit de visite et d'hébergement
32:45du père ?
32:47Donc, l'effet passé est présent.
32:49Donc, les maltraitances.
32:51C'est quoi, les dernières maltraitances ?
32:53Donc, il y a eu équimose au niveau de la mâchoire.
32:55Mais quand ? Au sécoff.
32:57Ah, des maltraitances qui auraient lieu au sécoff ?
32:59Tout à fait, oui.
33:01Alors, est-ce que cette lettre dont vous m'avez écrit,
33:03lettre commandée...
33:05Je ne sais plus, madame, parce qu'il y a quand même
33:07beaucoup de plaintes de votre part,
33:09de faits qui sont toujours
33:11dénoncés et qui ne sont
33:13quand même actuellement pas prouvés.
33:15On est bien d'accord ?
33:17Donc, il n'est pas question que le père voit l'enfant.
33:19Sauf...
33:21Sauf l'humanité.
33:23Bien. Alors...
33:25Ces couples qui s'échirent sont dans une attente de ma décision
33:27qui est terrible.
33:29Je voudrais...
33:31Je suis navré.
33:33Je suis navré pour eux et pour les dégâts que ça va faire.
33:35Et je trouve ça triste.
33:37Mais d'un autre côté,
33:39je ne peux pas...
33:41Je ne suis pas...
33:43Je ne suis pas un dieu qui peut jeter
33:45ou une fée qui peut jeter
33:47quelque chose pour leur dire...
33:49Arrêtez, tout va aller bien.
33:51Voilà.
33:53C'est bien.
33:55Donc, délibérée aux sous-toutes réserves au 4 juillet.
33:57Merci. Au revoir.
33:59Au revoir.
34:09Oui.
34:11Merci.
34:15Pour prendre ses décisions,
34:17Isabelle Schmelcke s'appuie sur le débat contradictoire
34:19des partis.
34:21Puis elle délibère, seule.
34:23Le jugement qu'elle rend ne va jamais au-delà
34:25de ce que l'une ou l'autre des partis a demandé.
34:27Mais quelle que soit sa décision,
34:29elle va frustrer au moins une des partis.
34:35Quand on rend une décision,
34:37on ne peut pas se dire que c'est la bonne.
34:39Bon. Forcément.
34:41On essaie de la prendre la moins mauvaise.
34:43Et tout l'enjeu
34:45d'une décision de justice,
34:47quelle qu'elle soit, que ce soit pédale ou civile,
34:49il faut qu'elle soit comprise par les partis.
34:51Donc, motivée.
34:53Pourquoi le juge l'a prise, cette décision ?
34:55Et qu'elle soit, surtout,
34:59qu'elle ait une vue
35:01un peu à long terme.
35:03C'est-à-dire que, qu'est-ce que ça va faire
35:05à moyen terme et à long terme, cette décision ?
35:07Donc,
35:11se projeter dans l'avenir, aussi,
35:13par cette décision.
35:17L'expérience joue un rôle déterminant
35:19dans la prise de décision.
35:21Elle ne peut s'acquérir que dans les salles d'audience
35:23d'un tribunal.
35:25Tous les futurs magistrats passent la moitié de leur formation
35:27en stage.
35:29Bon, à mon avis,
35:31il n'est pas question de les faire cohabiter.
35:33Laëtitia Dardelet a 26 ans.
35:35Elle prendra son premier poste de juge
35:37dans trois mois à Dunkerque.
35:39Aujourd'hui, elle est en stage dans le cabinet d'Isabelle Schmelck.
35:41Le conseil principal
35:43que je leur donne, c'est de jamais avoir
35:45de certitude
35:47et de se reposer toujours, toujours des questions.
35:49Moi, j'ai 20 ans de carrière
35:51et j'espère que je me pose encore beaucoup de questions.
35:57La stagiaire prend la place
35:59de la juge pour l'affaire suivante.
36:03Mais Isabelle Schmelck reste dans le cabinet
36:05pour l'assister.
36:19Je me présente, je suis Madame Dardelet,
36:21magistrat en formation.
36:23Je pars sous le contrôle de Madame Schmelck,
36:25qui est le magistrat qui suit votre dossier.
36:29Vous avez déposé une requête
36:31en divorce.
36:33Est-ce qu'aujourd'hui, vous voulez toujours divorcer ?
36:35Oui.
36:37Vous avez trois enfants, c'est ça ?
36:39Trois ans, cinq ans et douze ans.
36:41Vous demandez à ce que vos trois enfants soient chez vous ?
36:43Oui.
36:45Pour la contribution financière pour vos enfants,
36:47vous allez demander 200 euros par enfant ?
36:49Oui.
36:51D'accord, on va faire venir monsieur
36:53et puis on vous fera revenir tous ensemble après.
36:55D'accord.
36:57Bonjour monsieur.
36:59Asseyez-vous.
37:01Je me présente, je suis Laëtitia Dardelet,
37:03magistrat en formation.
37:05Je parle donc sous le contrôle de Madame Schmelck,
37:07qui est le magistrat qui suit votre dossier.
37:09Aujourd'hui, vous êtes reçu
37:11parce que votre épouse a fait
37:13une requête en divorce.
37:15Qu'est-ce que vous vous dites d'ailleurs de cette demande de divorce ?
37:17Moi, pour moi, je ne veux pas le divorce.
37:19Vous ne voulez pas ?
37:21Mais moi, je ne veux pas.
37:23La dame, elle a fait un panneau de maison conjugale
37:25avec trois gosses.
37:27L'autre a quatre ans.
37:29L'autre a quatre ans.
37:31Le matin-là,
37:33je réveille, je lave, j'amène les gens,
37:35je mène les trois à l'école.
37:37Depuis le 4 décembre.
37:39Mais je ne comprends pas la loi française.
37:41Donc si c'est un homme,
37:43c'est un problème.
37:45Mais si c'est une femme, ce n'est pas un problème.
37:47Mais Madame, elle est juge.
37:49Alors, aujourd'hui, j'ai noté que vous refusez
37:51de divorcer.
37:53En revanche, maintenant, je vais quand même devoir
37:55vous demander ce que vous pensez de certaines demandes.
37:57Sur la résidence
37:59des enfants, elle aimerait
38:01qu'il soit avec elle.
38:03Je ne laisse pas la résidence.
38:05Elle a fait un panneau de maison conjugale, Madame.
38:07La maison, c'est moi qui vais rester avec les enfants.
38:09Vous voulez quoi, vous, Monsieur ?
38:11Si je veux qu'on divorce,
38:13laisse-moi mes enfants.
38:15Je veux ma vie de fille.
38:17Pour trouver une femme, ce n'est pas une femme.
38:19Donc les enfants, ils résident chez vous ?
38:21Les trois ?
38:23Vous habitez toujours ensemble ?
38:25Non, ça fait que 5 mois qu'elle habite avec un homme.
38:27L'autre maison l'a trouvée, Madame.
38:29J'ai laissé avec trois gosses.
38:31Un panneau de maison conjugale, ça fait 5 mois.
38:33C'est 5 mois maintenant.
38:35Elle est partie, elle a trouvé un autre loyer.
38:37Elle habite où, Madame ?
38:39Je ne sais pas quoi lui demander.
38:41Madame, elle demande une dernière chose.
38:43Elle demande à ce que si,
38:45elle avait la résidence, qui n'est pas décidée encore.
38:47Si elle avait la résidence,
38:49elle demande à ce que vous contribuiez financièrement
38:51pour les enfants
38:53avec 200 euros par mois et par enfant.
38:55Je vais prendre ça.
38:57Vous, vous proposeriez combien si elle avait la résidence des enfants ?
38:59Il ne peut pas prendre les enfants parce qu'elle a fait
39:01un panneau de maison conjugale.
39:03Je ne sais pas ce qui va être décidé.
39:05Il est possible que vous ayez la résidence des enfants.
39:07Il est aussi possible qu'elle l'ait, je n'en sais rien.
39:09Si Madame l'avait, c'est une hypothèse.
39:11Vous proposez combien pour les enfants ?
39:131 euro par enfant et par mois.
39:151 euro.
39:17Sérieusement ?
39:19Sérieusement, parce que les enfants
39:21de 4 décembre jusqu'aujourd'hui,
39:23c'est mon 17ème de majeur,
39:25j'ai touché 381 euros.
39:27Bon,
39:29ce qu'on va faire, à moins que vous ayez d'autres questions,
39:31ce qu'on va faire,
39:33c'est qu'on va laisser rentrer Madame.
39:35Et qu'il se passe au mieux.
39:43Je me demande,
39:45je ne sais pas ce que vous en pensez,
39:47on n'a aucun animau.
39:49On a peut-être la possibilité,
39:51vous allez voir comment ça va se passer,
39:53parce qu'ils sont d'accord sur rien.
39:55Lui, il vous dit qu'un certain nombre de choses,
39:57il n'a pas de papier, il n'a pas de pièces,
39:59puisqu'il n'a pas d'avocat, en plus avec cette difficulté.
40:01Je me demande,
40:03je vais réfléchir éventuellement,
40:05si on ne ferait pas,
40:07de toute façon, c'est pas,
40:09non, une médiation n'arrivera pas,
40:11c'est même pas la peine,
40:13une enquête avant de dire droit.
40:15Une enquête avant de dire droit
40:17est une enquête sociale qui analyse
40:19les conditions de vie de la famille,
40:21ce qui aidera la juge à prendre sa décision.
40:29Donc on va,
40:31c'est comme...
40:33Madame, elle réside où exactement?
40:35Elle est actuellement hébergée, soit chez son frère,
40:37soit chez ses amis.
40:39On va vous invoquer l'abandon du domicile conjugal.
40:41Ils ont justifié le pourquoi
40:43dans mes documents.
40:45Puisque c'est une situation de violence
40:47où Madame ne peut pas rester seule
40:49avec Monsieur.
40:51Ils ont justifié des éléments,
40:53puisque des partis ont même été convoqués
40:55devant le délégué de Monsieur le procureur de la République,
40:57plusieurs états de violence,
40:59Donc il y a eu un engagement d'arrêter toute fuérance verbale, physique, mais malheureusement cette situation continue.
41:09Donc monsieur, vous avez entendu, qu'est-ce que vous dites ?
41:15Moi, je ne suis pas violent.
41:16Un jour, on est discuté seulement comme ça.
41:19Non, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, je n'ai pas d'élément.
41:21Ce à quoi je pense, vous allez me dire ce que vous en pensez, mais ce à quoi je pense, c'est à la brutalité d'une enquête sociale.
41:27C'est-à-dire, pour en savoir plus, parce que moi, je ne sais pas aujourd'hui comment vous vivez, ce qui s'est passé, ni rien.
41:34Est-ce que vous seriez d'accord pour qu'il y ait une enquête sociale qui soit diligentée ?
41:38Là, pour moi, c'est une bonne idée.
41:40Vous êtes d'accord tous les deux ?
41:41Oui.
41:42Comment ça se passe aussi en ce moment ? Parce que là, les enfants, ils sont avec monsieur, c'est ça ?
41:45Vous les prenez chez vous de temps en temps ?
41:47Lui, il est toujours opposé à ce que les enfants me voient.
41:50Il est toujours en train de leur parler du mal et de leur dire tout ce qui doit pas être dit de moi.
41:56Et quand il dit qu'il n'est pas violent, il n'est peut-être pas violent physiquement, mais moralement, il est violent parce qu'il parle, il dit n'importe quoi, devant moi, avec les enfants, et derrière moi, aux enfants.
42:10De toute façon, c'est important qu'il aime les enfants.
42:12Non, il faut parler français.
42:14Non, non, non, non, non, non.
42:17C'est comme ça.
42:18Monsieur, vous parlez français et vous parlez à moi.
42:20Quand je suis là, il me dit de faire attention.
42:22Non, je dis que tu peux me tuer comme ça.
42:24J'ai raison. J'ai parti dans une boîte de nuit, j'ai trouvé un gars.
42:28Bon, monsieur, c'est pas la question.
42:30Aujourd'hui, la question, c'est la résidence des enfants.
42:32La résidence des enfants, c'est moi. Il a des droits.
42:34Pour lui, c'est comme ça. Pour lui, c'est ses enfants. Moi, je les ai juste pendus.
42:39Madame, madame.
42:40Monsieur, écoutez-moi, j'ai quelque chose à vous dire.
42:41Oui.
42:42Donc, ce qu'on va faire, c'est qu'avant de se prononcer sur la résidence des enfants,
42:45ce que je vous ai dit, on va mettre en oeuvre une enquête sociale.
42:48Oui.
42:49Deuxième chose, laissez-moi terminer, après je vous donnerai la parole.
42:52C'est aujourd'hui très important que vos enfants, parce que le dernier, il a 3 ans,
42:56qu'ils continuent de voir leur mère.
42:58Mais ça ne veut pas.
42:59Alors, attendez, c'est très bien que vous puissiez vous en occuper.
43:01Si madame n'est pas là, j'en sais rien, tant mieux.
43:03Si vous arrivez à vous occuper de vos enfants, tant mieux pour eux.
43:05C'est très bien.
43:07Ceci dit, il faudra respecter cette ordonnance.
43:10Madame, c'est pas ça.
43:12Il a des droits à prendre des enfants.
43:14Je crois qu'on va s'arrêter là, monsieur.
43:16Il y a des décisions qui vont être prises tout à fait provisoirement.
43:20Le maximum, c'est qu'effectivement, ce qui est bien, c'est que vous êtes tous d'accord
43:24pour qu'effectivement, il y ait une enquête sociale qui soit faite.
43:27On est bien d'accord.
43:28Maintenant, les enfants ont un droit absolu, c'est d'avoir un père et une mère.
43:32Et que quel que soit l'endroit où sont les enfants,
43:35qu'ils soient à votre domicile, monsieur, ou à votre domicile,
43:39vous avez chacun un droit absolu de jouer votre rôle de père et votre rôle de mère.
43:44Bien, le rôle de la mère, c'est de ne pas forcément voir les enfants à votre domicile, monsieur.
43:48Le rôle de la mère, c'est aussi de pouvoir les emmener en week-end,
43:51c'est de pouvoir partager les semaines,
43:53comme si, de la même façon, si les enfants étaient chez leur mère,
43:57votre rôle de père, c'était de les prendre et de les prendre en vacances, etc.
44:01C'est ça le rôle de parent.
44:03Bon, c'est ça la loi et c'est ça le rôle de parent.
44:05Et c'est cette décision que l'auditrice va prendre.
44:08Voilà.
44:09Au revoir, monsieur, au revoir.
44:11Au 19 juin.
44:13Ce n'est pas la peine de vous rendre au tribunal,
44:15vous recevrez par lettre recommandée à votre domicile.
44:2119 juin, alors.
44:22Oui, 19 juin.
44:23Bonne journée.
44:24Donc vous recevez la décision, monsieur.
44:35Très bien, très très bien.
44:38Ah bon, bah tant mieux.
44:39Ah oui, vous avez été percutant, vous l'avez bien poisonné.
44:43Bon, c'est un dossier difficile.
44:45Non, très bien.
44:48Ce qui est difficile, c'est quand on commence, c'est un peu la forme de...
44:51Quand on n'a pas réponse à tout, parce qu'il y a plein de trucs que je ne connais pas,
44:54je manque pas mal d'assurance et du coup, ça ne rassure pas forcément les gens.
44:58Et ça, j'ai hâte d'avoir plus d'assurance,
45:01de connaître plus de choses pour que les gens aient confiance en la justice.
45:06Et je pense que c'est bien que les gens ressortent avec l'idée
45:09qu'il y a quelqu'un qui est au-dessus, pas dans le mauvais sens du terme,
45:12mais au-dessus parce qu'il arrive à avoir un peu de recul
45:16par rapport à leur situation où les gens sont un peu imbriqués
45:19et c'est difficile pour eux.
45:20Je trouve ça super de voir que les gens repartent d'un cabinet
45:24un peu contents ou en tout cas rassurés
45:26parce qu'il y a quand même quelqu'un qui va s'occuper de leur cas.
45:28Voilà.
45:34Il faut quand même savoir qu'heureusement,
45:36on ne se sépare pas dans la douleur tout le temps.
45:39Ça n'empêche pas, quand même,
45:42ça n'empêche pas, on peut se séparer d'une façon saine,
45:46sans heurts dans le cadre de cette séparation,
45:49ça n'empêche pas la souffrance.
45:51Ça, c'est complètement autre chose.
45:52Alors, vous êtes la malade parce que vous avez entamé
45:54une procédure de divorce à l'amiable avec votre mari.
45:56Tout à fait.
45:57Donc, vous savez que c'est une procédure
45:59qui est un petit peu simplifiée maintenant.
46:01On est là pour essayer de voir si vous êtes vraiment décidés
46:04parce qu'éventuellement, un divorce sera prononcé tout à l'heure.
46:07Alors, est-ce que vous êtes séparés déjà ?
46:09Oui, tout à fait.
46:10Depuis combien de temps ?
46:11Ça va faire bientôt, ça fait plus d'un an.
46:13Plus d'un an ?
46:14Oui, tout à fait.
46:15D'accord.
46:16Vous avez donc mis en place depuis entre guillemets plus d'un an
46:18un petit peu toute la convention que vous avez vue,
46:20que vous avez faite avec votre mari, l'avocat.
46:23Ça, c'est un premier point.
46:24Le deuxième point, en tant que parent,
46:26comment ça se passe avec les enfants ?
46:28Ça se passe très bien.
46:29Ça se passe très bien ?
46:30Oui.
46:31Ils ont quel âge ?
46:32Alors, l'aîné a eu 4 ans le 17 octobre.
46:344 ans et 2 ans.
46:35Et la deuxième a bientôt 2 ans en août.
46:37Donc, c'est vrai que pour l'aîné, ça a été plus difficile.
46:40Et donc, nous l'avons fait suivre par une psychologue
46:42au tout début de la séparation.
46:43Oui.
46:44Et ça s'est très bien passé.
46:45Et dès qu'on sent qu'il y a un petit peu quelque chose
46:47qui la gêne, l'une comme l'autre,
46:49en général, on s'appelle.
46:50Donc, c'est vraiment là, on a un canal qui marche très bien.
46:52On a une nounou aussi qui l'essuie de près.
46:56Avec mon ex-mari...
46:57Enfin, mon mari, on échange aussi beaucoup sur les enfants
46:59puisqu'aujourd'hui, c'est notre principale production.
47:01Donc, ça, c'est clair.
47:02Donc, on maintient ce système.
47:04Pour l'instant, ça se passe bien.
47:05Et si problème il y a, on en discute.
47:07D'accord.
47:08En tout cas, ça a été notre priorité.
47:09Et pour l'instant, ça marche.
47:11Bien.
47:12Je vais entendre quand même votre mari
47:14pour voir s'il est dans le même état d'esprit.
47:16Puis après, vous reviendrez
47:17et puis on discutera tous ensemble de cette convention.
47:19D'accord.
47:20Merci.
47:21A tout de suite.
47:22Vous lui dites de rentrer.
47:23D'accord.
47:27Bonjour, monsieur.
47:28Bonjour, madame.
47:29Vous en prie, assyez-vous.
47:30Bien, vous êtes Sébastien Mazur.
47:32Tout à fait.
47:33Bien, vous êtes là, monsieur,
47:34parce qu'effectivement, vous avez décidé avec votre épouse
47:36d'entamer une procédure de divorce.
47:38Bien.
47:39On est là un petit peu pour savoir
47:40si vraiment vous êtes bien décidé.
47:42Est-ce qu'un divorce, éventuellement,
47:43tout à l'heure, sera prononcé ?
47:45Oui ?
47:46Vous êtes prêt ?
47:47Complètement.
47:48D'accord.
47:49Votre épouse me disait...
47:50Vous allez finir.
47:51Votre épouse me disait
47:52que vous étiez séparés depuis un an.
47:53Exactement.
47:54Et qu'en fait, la relation se passait très bien.
47:55Parce qu'il y a ce que vous avez décidé,
47:57et puis après, il y a vos relations en tant que parents.
47:59Et elle me disait qu'en tant que parents,
48:01ça se passait bien, parce que c'est votre...
48:02Je confirme.
48:03Vous confirmez.
48:04Bon, donc pour vous, c'est clair.
48:06Très clair.
48:07Bien, vous allez chercher votre épouse.
48:08On va discuter de tout ça ensemble,
48:10et puis on va surtout voir ensemble la convention
48:13que vous avez prévue.
48:14Très bien.
48:15Vous n'hésitez pas de rentrer.
48:17En tant que juge,
48:18on n'a pas à savoir
48:19pourquoi ils se sont rencontrés,
48:20pourquoi ils divorcent.
48:21Si les gens n'ont pas envie de nous dire
48:23pourquoi ils séparent,
48:24on n'a pas besoin de le savoir.
48:26Sauf dans les divorces pour faute.
48:27Mais pour tous les autres divorces actuellement,
48:29on n'a aucune raison de savoir
48:31qu'est-ce qui se passe.
48:34Bien, alors vous savez que vous avez quand même choisi un divorce
48:36qui, depuis plus d'une année maintenant,
48:38est simplifié.
48:40Simplifié, ça ne veut pas dire
48:41qu'il doit être expéditif
48:43et qu'il doit être prononcé à tout prix.
48:45Voilà.
48:46Donc il faut quand même que vous sachiez
48:48que vous avez quand même, l'un et l'autre,
48:50absolument la possibilité de dire
48:51non, aujourd'hui, je ne suis pas prêt
48:53pour que le divorce soit prononcé tout à l'heure.
48:55Et vous avez également donc cette possibilité,
48:57c'est de demander un délai de réflexion.
48:59Est-ce que madame, vous souhaitez ce délai de réflexion ?
49:02Non.
49:03Monsieur, non plus.
49:04Bien, vous êtes donc bien dans l'esprit
49:06où effectivement, si tout est clair,
49:08un divorce soit prononcé tout à l'heure.
49:10D'accord.
49:11Alors, pour le moment,
49:12comment vous avez organisé la vie de vos enfants ?
49:15Vous, vous partagez les frères.
49:17Oui.
49:18Bien.
49:19Il n'y a pas de difficulté de ce côté-là ?
49:21Non.
49:22Il y en a un qui...
49:23Parce que bon, le quotidien, c'est facile.
49:25Ce qui, quelques fois, pose des difficultés,
49:27c'est les frais particuliers à payer,
49:28les frais de camp, les frais de cantine, etc.
49:30Et donc, il y en a un qui paye, l'autre...
49:32Oui, tout à fait.
49:33Donc, on fait un état des lieux quasiment tous les deux mois
49:35de ce qui a été fait par eux.
49:36On communique, on fait quelque chose pour les enfants
49:38et on partage, en fait.
49:39Écoutez, je crois qu'il n'y a pas mieux.
49:41On va essayer de faire...
49:42On le dit assez souvent.
49:43C'est quand même, pour vos enfants,
49:45c'est un très beau cadeau.
49:46C'est un très beau cadeau que vous leur faites.
49:48Notre plus belle réussite, c'est nos enfants.
49:50Et le fait qu'on ait réussi à la séparation par rapport aux filles,
49:52ça, c'est quelque chose.
49:53Tout à fait, je crois que...
49:54Non, non, on est vraiment...
49:55On est contents.
49:56Bien.
49:57On va faire en sorte que ça...
49:59Bon, vu que ça dure.
50:00Ah, mais il n'y a pas de raison.
50:01Normalement, il n'y a pas de raison.
50:02Mais enfin bon, il peut y avoir des difficultés.
50:04Je vais vous dire, ce qui peut changer quelques fois,
50:06c'est quand l'un et l'autre...
50:08Quand il y a des familles recomposées.
50:10Là, quelques fois, il y a des difficultés inhérentes à des...
50:13Pas toujours, mais là aussi.
50:15Il faut se repositionner vraiment en tant que parent
50:17et que le père et la mère restent bien.
50:19Le père et la mère.
50:20C'est ça.
50:22Bien.
50:23Alors, le divorce est prononcé aujourd'hui.
50:25Ce qui règle les conséquences de votre divorce,
50:27c'est la convention définitive que vous avez établie avec votre avocat.
50:30On a quand même beaucoup, beaucoup de dossiers
50:32où on fait des accords,
50:33où on constate des accords,
50:35où...
50:36Donc, bon.
50:37L'image du JAF,
50:39ce n'est pas que celui qui va régler les conflits.
50:42On a quand même des gens qui viennent
50:44parce que la loi les oblige à passer devant nous
50:46pour entériner leurs accords
50:48et pour divorcer ou se séparer à l'amiable.
50:51Merci beaucoup.
50:52Bonne chance.
50:53Merci.
50:54Au revoir.
50:55Au revoir.
50:56Au revoir.
51:00Un divorce à l'amiable
51:02dure 15 minutes.
51:0615 minutes pour solder des années de vie communes.
51:13Je ne pense pas que je finirais ma carrière
51:15dans les affaires familiales, ça c'est sûr.
51:21Je crois qu'il arrive un moment où...
51:24Le message qu'on a envie de donner aux gens,
51:26ce message que j'essaie de leur donner,
51:28d'essayer de se positionner en tant que parent,
51:30d'essayer de mettre le problème du couple à part
51:32et puis d'essayer de tout faire
51:34dans l'intérêt des enfants,
51:35c'est vrai que c'est...
51:37Bon, je dis toujours les mêmes phrases.
51:39J'essaie de...
51:41de les aider à ça.
51:44Bon, on se lasse un peu au bout de 2 ans,
51:462 ans, 3 ans.
51:50Et je pense pas que ça soit une bonne chose
51:52d'être 10 ans jusque dans les affaires familiales
51:54parce que je sais pas si au bout d'un moment
51:56on a vraiment...
51:57on a vraiment le recul nécessaire
51:59et si c'est pas, on tombe pas un peu dans une routine.
52:04L'an dernier,
52:05Isabelle Schmelck a jugé 900 affaires de séparation.
52:10900 histoires de famille.
52:12900 histoires de parents,
52:14d'argent
52:16et d'enfants.

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