À l’heure où la robotique et l’intelligence artificielle se développent fortement, une radiographie bienvenue des changements fondamentaux en cours dans le monde du travail.
Avec l’essor de la robotique et de l’intelligence artificielle, le monde du travail est en pleine mutation. Tandis que l’on construit des machines capables de réaliser des tâches jusqu’ici confiées à l’homme, de nombreux emplois disparaissent ou sont délocalisés. Si les métiers très qualifiés et grassement rémunérés en lien avec l’informatique et la robotique s’avèrent en forte hausse, les spécialistes observent dans le même temps une multiplication des emplois peu qualifiés et mal payés. De nouveaux précaires, qui passent d’un contrat sous-payé à l’autre, apparaissent. Parallèlement, les plates-formes numériques qui fleurissent font appel à des travailleurs indépendants, sans leur permettre d’accéder à une réelle stabilité financière. Demain, l’économie toujours plus mondialisée et numérisée fournira-t-elle assez d’emplois pour permettre à chacun d’assurer sa subsistance ? La réalisatrice Laurens Grant est allée à la rencontre d’historiens, d’un journaliste ou encore d’un roboticien pour répondre à cette question. Elle a aussi recueilli le témoignage d’agriculteurs et de restaurateurs dont le quotidien se trouve directement affecté par ces changements.
Avec l’essor de la robotique et de l’intelligence artificielle, le monde du travail est en pleine mutation. Tandis que l’on construit des machines capables de réaliser des tâches jusqu’ici confiées à l’homme, de nombreux emplois disparaissent ou sont délocalisés. Si les métiers très qualifiés et grassement rémunérés en lien avec l’informatique et la robotique s’avèrent en forte hausse, les spécialistes observent dans le même temps une multiplication des emplois peu qualifiés et mal payés. De nouveaux précaires, qui passent d’un contrat sous-payé à l’autre, apparaissent. Parallèlement, les plates-formes numériques qui fleurissent font appel à des travailleurs indépendants, sans leur permettre d’accéder à une réelle stabilité financière. Demain, l’économie toujours plus mondialisée et numérisée fournira-t-elle assez d’emplois pour permettre à chacun d’assurer sa subsistance ? La réalisatrice Laurens Grant est allée à la rencontre d’historiens, d’un journaliste ou encore d’un roboticien pour répondre à cette question. Elle a aussi recueilli le témoignage d’agriculteurs et de restaurateurs dont le quotidien se trouve directement affecté par ces changements.
Category
✨
PersonnesTranscription
00:00 Le monde du travail est en pleine mutation.
00:07 L'avenir sera différent du passé.
00:11 Robotiques et intelligence artificielle sont en plein essor.
00:16 On construit des machines capables d'accomplir des tâches jusqu'ici confiées à des hommes.
00:21 La haute technologie et les délocalisations suppriment des emplois à tour de bras.
00:27 Et le Covid n'a fait qu'accentuer la crise.
00:32 La pandémie a accéléré les déstructurations et par ricochet les souffrances.
00:37 Pour beaucoup, le travail a radicalement changé de nature.
00:41 La nouvelle donne, c'est l'absence de garantie, de certitude.
00:46 C'est la nouvelle révolution industrielle.
00:49 Comme les précédentes, elle entraîne des bouleversements énormes,
00:52 et crée également de nouvelles sources de revenus.
00:57 Le monde du travail est-il prêt à relever le défi ?
01:00 Découvrez les enjeux du travail de demain.
01:06 Le rêve américain est une grande violence.
01:09 Les Américains ne peuvent pas travailler plus.
01:13 Les robots viendront me voler mon emploi.
01:15 Ce n'est même plus pour demain, c'est pour tout de suite.
01:18 Après 30 ans de carrière comme comptable dans la finance, j'ai été licencié.
01:37 Ma femme m'a dit, si on tentait de gagner notre vie autrement, pour voir ce que ça donne.
01:45 Amazon a lancé un programme qui s'appelle Camper Force.
01:50 Il oblige en gros ses employés à vivre dans des camping-cars
01:55 et à se déplacer d'un site à l'autre en fonction des besoins d'extra pendant la pleine saison.
02:02 Je m'appelle Chris Francis, et c'est la première fois que je travaille pour Amazon.
02:09 J'ai été embauché dans un centre de retour.
02:14 Notre travail consiste à traiter les marchandises qui nous sont retournées
02:19 et à les réexpédier vers des entrepôts où elles seront à nouveau disponibles à la vente en ligne.
02:30 Qui n'aime pas Amazon Prime ?
02:35 Avec Amazon, le shopping n'a jamais été aussi bon marché.
02:40 Mais derrière cette formidable technologie et ses prix défiant toute concurrence,
02:45 il y a des êtres humains dont le métier dépend de ces nouvelles technologies
02:50 et qui travaillent dans des méga-entrepôts aux quatre coins du pays.
02:56 C'est de la main-d'œuvre, clé en main.
03:02 Ils ont déjà un logement. Pour un employeur, c'est le rêve.
03:05 En plus, ils n'ont pas le temps de se syndiquer.
03:07 Et lorsqu'on n'a plus besoin d'eux, ils reprennent la route avec leur maison.
03:12 On est les nouveaux nomades, les nouveaux tiganes itinérants.
03:17 On voit ces entrepôts fleurir en reste campagne.
03:22 Et tout autour, il y a d'immenses parkings remplis d'employés vieillissants
03:28 qui se sentent apporter leur maison avec eux, comme des tortues avec leurs carapaces.
03:37 J'ai budgétisé toutes nos dépenses pour qu'on n'ait pas de mauvaise surprise au moment de la prochaine paye.
03:45 Il nous reste assez de carburant pour retourner au Texas.
03:48 Je l'ai compté aussi.
03:50 Il nous en faudra aussi pour aller dans le Missouri.
03:52 Et il faudra racheter des pneus d'ici fin mars.
03:55 On va rajouter les pneus du camping-car et du pick-up dans le budget.
03:59 Il faudra débourser 3000 dollars.
04:03 Si on les change d'ici le mois de mars, c'est énorme.
04:06 Et encore, si c'est pas plus.
04:08 Si on a de la chance, ce sera 3000.
04:10 [Musique]
04:25 Je me voyais salarié d'une entreprise, peut-être même patron de ma propre boîte.
04:32 Jamais je ne me serais imaginé devenir saisonnier et travailler dans un entrepôt pour X dollars de l'heure.
04:38 Ça, pour moi, c'était du délire.
04:41 Je me suis même demandé si je tiendrais le coup.
04:44 [Musique]
04:50 Comme beaucoup de personnes de sa génération, Chris a grandi bercé par le rêve américain.
04:55 Celui d'un emploi stable, d'un revenu régulier et d'une retraite dorée.
05:00 Persuadé que la génération d'après aurait une vie meilleure que la sienne.
05:04 [Musique]
05:08 Le rêve américain est un rêve d'éternel progrès.
05:11 C'est le fait qu'aux États-Unis, la situation sociale n'est pas une fatalité.
05:15 Qu'on peut naître pauvre, mais que l'hérédité, la famille, les réseaux,
05:21 pèsent moins que la vie qu'on se construit et qu'avec des efforts, on triomphe de tout.
05:27 [Musique]
05:30 Au 20e siècle, c'était un rêve accessible.
05:33 [Musique]
05:36 Mais pour des millions de personnes, il s'est envolé en fumée,
05:39 écrasé par un rouleau compresseur qui a pour visage la mondialisation et les délocalisations,
05:46 l'intelligence artificielle et l'essor des GAFA.
05:50 C'est seulement au cours des dernières décennies qu'on a enregistré un léger recul.
05:56 On s'est dit que peut-être les nouvelles générations ne connaîtraient pas la même aisance,
06:01 le même bonheur que les précédentes.
06:04 Chris a définitivement fait une croix sur sa retraite.
06:08 On le recroisera au cours de cette enquête.
06:10 Comment réagira-t-il devant un marché du travail dégradé ?
06:14 [Musique]
06:17 Aujourd'hui, il fait partie des nouveaux précaires,
06:20 ces salariés toujours plus nombreux qui survivent d'un CDD sous-payé à l'autre.
06:25 [Musique]
06:29 Des revenus et une assurance maladie aléatoires
06:32 et aucun lien durable avec le client à qui vous fournissez un service.
06:37 C'est la définition même de l'emploi précaire.
06:40 Mais ces emplois courts ne sont pas tous mal payés.
06:44 TaskRabbit est une appli et un site web qui mettent en relation des taskeurs
06:49 et des clients qui ont des tâches à vous confier, des tasks.
06:52 Ça va des courses au rangement en passant par des meubles à monter.
06:57 Je m'appelle Chloe et ça fait 4 ans que j'utilise TaskRabbit.
07:03 Moi qui suis taskeuse, j'ouvre l'application, je coche mes disponibilités
07:09 et si tout va bien, un client réserve ce créneau.
07:12 Il me décrit les tâches qu'il veut me confier et combien de temps il pense que ça prendra.
07:17 Je le note sur le planning et je sonne chez lui.
07:20 [Musique]
07:22 Une nouvelle économie a vu le jour, galvanisée par ces technologies récentes.
07:28 Elle opère via des plateformes numériques comme Uber, Lyft ou TaskRabbit.
07:35 Le travailleur de plateforme est né de l'utilisation de ces plateformes.
07:41 Lui, il cherche des clients et la plateforme le met en relation avec eux.
07:49 Ce qui me plaît chez TaskRabbit, c'est la flexibilité.
07:53 Je fixe mon planning et mes tarifs. Je sais à quoi je m'engage.
07:58 Pour les clients et les taskeurs, pas d'engagement à long terme.
08:02 Une fois le travail terminé, le contrat prend fin lui aussi.
08:08 La nature et la conception du travail changent.
08:11 On ne vous impose plus un rigide 9h-17h.
08:15 L'appli offre plus de flexibilité et de liberté.
08:20 Dès qu'on a un moment de libre, on peut gagner de l'argent.
08:23 Ça n'a rien à voir avec le traditionnel.
08:25 J'ai un seul boulot et c'est mon unique source de revenu.
08:30 Aujourd'hui, plus de 55 millions d'Américains travaillent pour des plateformes.
08:35 Pour certains, comme Chloé, c'est synonyme de flexibilité et de liberté.
08:39 Pour d'autres, c'est la porte ouverte à une insécurité financière accrue.
08:45 Deux Amériques coexistent pour ainsi dire.
08:49 Une Amérique qui se sent en sécurité et peut penser à autre chose qu'à payer ses factures.
08:55 Et une autre qui vit constamment dans la peur.
09:01 Pour ces gens-là, les plateformes n'ont rien d'une libération.
09:04 C'est une question de survie.
09:07 C'est un moyen de joindre les deux bouts quand on a perdu son emploi.
09:13 Le monde du travail est de plus en plus fragmenté.
09:16 Il y a des mi-temps, des plein-temps, des travailleurs à leur compte.
09:20 Une partie d'entre eux trouve ça génial parce qu'ils sont plus libres.
09:23 Cela dit, j'aimerais voir où ils en seront financièrement dans 5 ou 10 ans sans assurance maladie et sans retraite.
09:30 Il y a toujours eu une grosse différence entre un boulot et une carrière.
09:36 Mais ça, on a tendance à l'oublier.
09:39 Une carrière vous accompagne toute votre vie.
09:42 Elle a vraiment un sens.
09:45 En revanche, un boulot se réduit à une transaction.
09:48 L'économie des plateformes a accentué tout ça.
09:52 Dans un monde de plus en plus morcelé, il y a des gagnants et des perdants.
09:57 Et certains secteurs sont plus fragiles que d'autres.
10:04 C'est particulièrement vrai dans la restauration, qui a été touchée de plein fouet par la pandémie de Covid.
10:10 La restauration est un milieu difficile.
10:31 La plupart des restaurants font faillite au bout des 6 premiers mois.
10:36 Un tas de choses peuvent mal tourner et vous obliger à déposer le bilan.
10:40 Ajoutez le Covid dans la balance et vous avez des restaurants qui ont 20 ans d'existence et qui ne s'en remettent pas.
10:47 Je m'appelle Oji Abot.
10:53 Je suis le chef et copropriétaire du restaurant afro "Who's and Has" à Washington DC.
11:00 J'adore mon métier.
11:02 J'adore cuisiner.
11:03 J'adore faire plaisir.
11:05 J'adore voir des clients rassasiés me dire avec un sourire "Je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon".
11:10 N'importe quel cuistot vous le dira, c'est la récompense suprême.
11:14 Le Covid a obligé un tas de restaurants à mettre la clé sous la porte tellement leur avenir était incertain.
11:28 Un jour vous gagnez des fortunes et le lendemain le coronavirus frappe et vous ne gagnez plus un sou.
11:34 Avec plus de 100 000 fermetures liées à la pandémie, un restaurant américain sur 6 a été obligé de baisser le rideau.
11:43 Même si bon nombre ne rouvriront jamais, au printemps 2021, ceux qui avaient tenu bon recommençaient à embaucher.
11:56 On est sur New Street et il y a des commerces fermés tous les 100 mètres.
11:59 Un là, un autre en face, un bar, une boîte de nuit et pas mal de restaurants.
12:09 Le Covid a fait couler plein de monde.
12:11 Je sais que certains ont dû faire des choix difficiles.
12:17 Est-ce que je reconduis mon bail et je contracte des centaines de milliers de dollars de dettes sans savoir ce qui va se passer ?
12:25 Quelles que soient leurs décisions, je leur jette pas la pierre.
12:27 Mais moi j'ai fait le choix de rester ouvert.
12:31 On a réduit nos effectifs et on s'est serré la ceinture.
12:37 Comment ça va ? Venez par ici.
12:40 Dans ma famille, on a toujours su s'adapter.
12:43 Je sais ce que c'est de manquer et de se priver.
12:46 Il a fallu décider au jour le jour de ce qu'on allait faire pour rester ouvert et continuer à travailler.
12:54 Est-ce qu'on allait s'occuper de livrer des repas aux soignants ?
12:57 Est-ce qu'on allait adapter notre pub ? Inventer des plats spécials Covid ?
13:01 Il a fallu se creuser les méninges pour survivre à cette pandémie.
13:06 Mais comme disait ma grand-mère, mieux vaut faire quelque chose que de rester les bras croisés.
13:15 Alors on s'est focalisé là-dessus, agir plutôt que subir.
13:22 Si les restaurants comme celui d'Oji s'en sont sortis,
13:24 c'est qu'ils ont su prendre le virage des commandes en ligne, des livraisons et de la distanciation sociale.
13:30 Le travail à distance s'est d'ailleurs imposé dans de nombreux secteurs.
13:36 Le Covid est un phénomène difficile à analyser.
13:51 La pandémie a prouvé que des dizaines de millions de salariés étaient capables de travailler à distance,
13:57 en tout cas pendant plusieurs mois.
14:00 La pandémie a avant tout été un accélérateur.
14:04 Elle a changé des habitudes qui évoluaient très lentement et les a changées très vite.
14:08 Par exemple le télétravail. Il n'existait pas dans les années 80, pas plus dans les années 90 et 2000.
14:14 Mais ces cinq dernières années, on a réalisé à de petits signes que le télétravail commençait à se développer.
14:20 Et puis évidemment, avec l'arrivée du Covid, ça a décollé et accéléré,
14:23 reprenant une pratique déjà existante et la boostant puissance mille.
14:27 L'émergence de nouvelles formes de télétravail ainsi que de multiples autres transformations ont été favorisées par le numérique.
14:36 S'il a délocalisé certains emplois et en a créé d'autres, c'est bien lui qui est à l'origine de cette nouvelle révolution industrielle.
14:47 Nous sommes au cœur d'une révolution où tout est progressivement supplanté par le numérique.
14:53 La technologie a envahi nos vies et n'est pas prêt d'en sortir.
14:58 Il faudra courir très vite pour ne pas se laisser distancer.
15:03 Ce n'est pas la première fois que la technologie bouleverse le monde du travail.
15:09 Au 19e siècle, en pleine révolution industrielle, des millions d'emplois ont tout simplement disparu dans l'agriculture et l'artisanat.
15:17 Ils ont plus tard été remplacés par du travail en usine.
15:26 Toutes les entreprises ont été remplacées par des travailleurs en usine.
15:32 Ils ont plus tard été remplacés par du travail en usine.
15:37 Tout au long du 20e siècle, les nouvelles technologies ont détruit une industrie après l'autre.
15:44 Des emplois ont été rayés de la carte pour faire place à d'autres.
15:49 Révolution technologique après révolution technologique, le travail et les travailleurs ont survécu.
15:58 Mais en sera-t-il de même cette fois-ci ?
16:01 L'agriculture est un parfait exemple de la vitesse à laquelle le monde du travail peut changer.
16:05 Il y a deux siècles, plus de 9 Américains sur 10 travaillaient dans l'agriculture.
16:11 Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'un ou deux pour cent.
16:15 Ce secteur représentait 90% du PIB.
16:18 Il n'en représente plus que 1,2 à 1,6%.
16:22 Et pourtant, personne ne meurt de faim.
16:25 On mange davantage, mieux que les autres.
16:29 On mange davantage, mieux et plus sainement qu'il y a deux siècles, grâce à la technologie.
16:34 À mon avis, l'exemple de l'agriculture, même s'il fait peur, peut être porteur d'espoir.
16:39 La technologie a complètement bouleversé nos pratiques agricoles.
16:52 Ça a changé tout au pilotage de nos engins.
16:58 Je m'appelle Sarah Lovas et je suis agricultrice.
17:01 Ma famille exploite des terres dans le Dakota du Nord depuis 4 générations.
17:05 En l'espace de 80 ans, les villes ont explosé et la population rurale a chuté,
17:11 passant de 70% des Américains en 1940 à 15% aujourd'hui.
17:17 Avec l'essor des machines agricoles, l'exode rural s'est accroché.
17:26 Aujourd'hui, il y a une réelle pénurie de main-d'œuvre.
17:29 Les agriculteurs n'ont pas pu faire autrement que de se moderniser.
17:33 Aujourd'hui, une cabine de tracteur est équipée de 3 à 5 écrans
17:44 où s'affichent différentes informations concernant le tracteur et l'exploitation.
17:49 J'ai assisté à deux avancées agricoles,
17:54 les biotechnologies et l'apparition des GPS sur les tracteurs.
17:58 On n'a même plus besoin de tenir le volant.
18:02 Vous avez vu ? Je ne touche pas le volant.
18:10 Pas besoin des mains.
18:12 C'est parce que le GPS indique à la moissonneuse-batteuse exactement où elle doit aller.
18:17 Ça lui permet de suivre la ligne droite qu'on a rentrée dans l'ordinateur à 5 cm.
18:23 On enclenche le pilote automatique et c'est le GPS qui guide l'engin.
18:27 Il va tout seul au bout du champ.
18:30 Une fois là-bas, on fait demi-tour et on le dirige dans l'autre sens.
18:35 Même mon beau-père, qui est agriculteur depuis 50 ans
18:42 et a assisté à des tas de changements de son vivant,
18:46 s'est enclenché le pilotage automatique correctement sur un ordinateur.
18:51 Aujourd'hui, on n'a tout simplement pas le choix.
18:53 L'avantage du pilotage assisté par ordinateur,
18:58 c'est de permettre aux petits agriculteurs du coin de faire plus avec moins,
19:03 parce qu'ils n'arrivent plus à recruter d'ouvriers agricoles.
19:07 Aujourd'hui, la révolution numérique touche aussi l'agriculture.
19:11 On s'en rend compte partout autour de nous.
19:14 Le monde agricole est passé au numérique.
19:20 On travaille pour une entreprise de publicité en ligne à Fargo,
19:23 dans le Dakota du Nord,
19:25 une des régions les plus productives du monde en matière de denrées agricoles.
19:29 La digitalisation de l'agriculture a créé de nouveaux emplois
19:33 pour ceux qui accompagnent les agriculteurs.
19:36 Nous leur apprenons à utiliser ces outils numériques sur leur smartphone.
19:49 Ils vont pouvoir programmer leur irrigation à pivot
19:52 et en modifier le débit directement sur leur téléphone.
19:55 Mais même avec cette technologie de pointe,
20:00 les petits agriculteurs ont du mal à s'en sortir.
20:15 Le gros des profits va d'abord aux producteurs de semences
20:18 et aux fabricants de matériel agricole,
20:20 ainsi qu'aux géants de l'agrobusiness
20:22 qui distribuent leurs produits partout dans le monde.
20:25 Les agriculteurs savent qu'ils ne sont que d'infimes rouages
20:30 dans un marché mondialisé.
20:32 Tout est devenu global.
20:40 Nous produisons de la nourriture pour les États-Unis,
20:44 mais aussi pour le reste du monde, la Chine, Taïwan.
20:47 Nous avons déjà reçu un gros acheteur coréen dans notre exploitation.
20:51 Si la mondialisation permet aux agriculteurs d'accéder à des marchés étrangers,
20:59 elle les expose aussi à la fluctuation du prix des céréales.
21:03 Les années 2018-2019 ont été très difficiles au plan financier
21:11 pour les exploitants de la région.
21:14 Le prix des céréales était bas et les coûts de production élevés.
21:17 Depuis, j'ai le plaisir de dire que les prix sont remontés
21:21 et qu'on espère rentrer dans nos frais.
21:23 Mais attention, j'ai bien dit, on espère.
21:28 On a la tête dure dans la région.
21:33 On veut prouver qu'on est capables d'y arriver.
21:36 On est d'éternelles optimistes.
21:38 On est d'éternels optimistes.
21:41 On est d'éternels optimistes.
21:43 On est sûrs que ça peut s'améliorer et parfois, finalement, ça s'améliore.
21:47 Tout n'est pas toujours négatif.
21:49 C'est cyclique, même si on a parfois l'impression que le négatif l'emporte.
21:53 Malgré les nombreuses avancées technologiques,
21:57 les exploitants continuent à vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête.
22:01 Le stress chez les agriculteurs est une réalité.
22:10 Ces cinq dernières années,
22:11 le taux de suicide a pas mal augmenté dans le Dakota du Nord.
22:15 La philosophie dans l'Amérique rurale, c'est de rester stoïque et de serrer les dents.
22:24 Mais c'est dur.
22:27 Encore une fois, notre exploitation existe depuis quatre générations.
22:33 Elle est où, la grosse roue ?
22:36 Oui, elle est là.
22:39 Et sur ton tracteur ?
22:40 Où est le siège ?
22:42 Où est le moteur ?
22:44 Le premier mot que notre fils a su dire, c'était « tracteur ».
22:48 Et ça, c'est quoi ?
22:51 C'est ton tracteur à chenilles ?
22:53 Oui, ton tracteur à chenilles.
22:57 Notre fils adore la ferme, il adore être dehors.
23:00 Tu me montres ton…
23:02 Fini ? Tu me montres ta moissonneuse ?
23:07 S'il choisissait de reprendre la ferme,
23:09 il serait la cinquième génération.
23:13 C'est une énorme responsabilité qui pèse sur nos épaules.
23:17 Quand on a des générations derrière et devant soi,
23:21 on veut pas voir sa ferme se casser la figure.
23:25 Ouh, un camion à baine !
23:28 Sarah Lovas prend cette nouvelle révolution de plein fouet.
23:35 Même si elle a fait de gros efforts pour s'adapter,
23:37 l'avenir reste incertain pour elle et sa famille.
23:40 Les gens s'imaginent que puisque le monde a connu d'autres révolutions industrielles
23:50 et que chacune a généré des emplois au-delà des chamboulements liés à l'automatisation,
23:55 c'est joué d'avance.
23:57 Mais pour cette révolution en particulier, c'est loin d'être aussi simple.
24:04 Une des différences majeures au 21e siècle, c'est la robotique.
24:07 Plus précis et plus polyvalent,
24:11 les robots dernier cri transforment la nature de nombreux métiers.
24:15 Je crois qu'à court terme,
24:20 on verra des robots travailler en collaboration avec des humains.
24:23 On les appelle d'ailleurs des robots collaboratifs.
24:27 Ils travaillent côte à côte avec des humains
24:30 et partagent leur lieu de travail en toute sécurité
24:33 afin d'effectuer certaines tâches le plus efficacement possible.
24:37 Je suis le Dr Michael Jobst et je suis diplômé en chirurgie colorectale.
24:52 Je travaille à Lincoln, dans le Nebraska, depuis 15 ans.
24:56 J'ai intégré la robotique à ma chirurgie mini-invasive en 2011.
25:03 Et depuis, j'ai réalisé plus de 650 interventions colorectales robotisées.
25:08 En piste.
25:11 Bonjour.
25:14 Il y a 15 ans, le Bryan Hospital faisait figure de pionnier en matière de robots chirurgicaux.
25:21 Aujourd'hui, ils ont été adoptés un peu partout dans le pays.
25:29 Je m'appelle Cathy Bliss.
25:31 Je suis la responsable nutrition du district scolaire de Lincoln
25:35 et le Dr Jobst s'apprête à m'opérer d'une diverticulite.
25:39 Ce sera une opération robotisée.
25:42 J'espère vraiment que je me remettrai vite.
25:48 Je suis sûre que le Dr Jobst va me donner une bonne réponse.
25:56 Je suis sûre que le Dr Jobst fera du super boulot, parce que je n'en ai entendu que du bien.
26:01 Mais oui, je suis super stressée.
26:11 La chirurgie est un acte si intime et les risques sont souvent si élevés
26:17 qu'il peut sembler traumatisant de confier des scalpels à une machine.
26:24 Mais dans de nombreux cas, un robot opère avec plus de précision
26:27 et dans des conditions plus sûres qu'un chirurgien.
26:30 Ok, on va se préparer à harrimer le robot.
26:35 On va déployer ses bras et c'est Diana qui va le piloter.
26:43 Le robot que je vais utiliser pour l'opération de Cathy s'appelle la plateforme Da Vinci.
26:53 C'est ce qui se fait de plus performant en matière de ce qu'on appelle la chirurgie robotisée multi-bras.
27:00 Il possède quatre bras robotisés qui seront introduits dans l'abdomen de Cathy.
27:07 L'un d'eux est équipé d'une caméra.
27:11 On va introduire la caméra.
27:20 Il y a trois autres bras que je vais piloter.
27:23 Je vais m'installer à la console.
27:27 Le chirurgien va poser sa tête au cœur de la console.
27:48 Et s'immerger à l'intérieur du corps.
27:51 C'est presque comme si on était à l'intérieur de l'abdomen.
27:56 Ce qui auparavant était impossible.
28:00 [Musique]
28:04 [Musique]
28:08 [Musique]
28:11 [Musique]
28:23 [Musique]
28:34 [Musique]
28:37 Changez de bras et remettez les ciseaux.
28:44 Les robots chirurgicaux permettent davantage de précision, de dextérité et de sécurité.
28:53 Mais ces nouvelles technologies vont-elles entraîner des suppressions de postes ?
28:59 Je ne pense pas que l'hôpital ait supprimé des postes parce qu'il s'était équipé d'un robot.
29:04 On a un assistant chirurgical qui sait comment manipuler le robot et intervenir en cas de problème.
29:13 On a toujours l'anesthésiste qui est chargé d'endormir et de réveiller le patient.
29:20 On a toujours les instrumentistes, comme on les appelle, qui passent les instruments.
29:25 Sauf qu'au lieu de me les tendre en main propre, ils les fixent sur les bras du robot pour que je les actionne.
29:33 Tous ces emplois indispensables à la prise en charge d'un patient existent toujours.
29:40 Vous pouvez retirer les instruments.
29:46 Retirez la caméra.
29:49 Désarrimez le robot et éloignez-le de la table.
29:55 Bravo à tous ! Beau travail !
29:58 L'opération s'est très bien passée.
30:03 Je suis très content du résultat. Je pense que ma patiente le sera aussi.
30:07 Même si aucun emploi n'a encore été supprimé à l'hôpital,
30:12 le recours aux robots a changé la nature du travail
30:15 et des robots entièrement autonomes se profilent déjà à l'horizon.
30:19 Dans certains domaines, les nouvelles technologies sont déjà plus performantes que les humains.
30:24 L'intelligence artificielle détecte mieux certaines maladies comme le cancer du sein qu'un simple radiologue.
30:30 On peut imaginer que le robot utilisé par le chirurgien aujourd'hui sera le chirurgien de demain.
30:42 C'est comme ça que la technologie avance.
30:45 À mon avis, on est parfois un peu trop optimiste sur la frontière qui existe
30:50 entre ce qu'un être humain peut faire et ce qu'une machine peut faire.
30:55 Les robots prendront-ils un jour le dessus ?
31:02 Pendant une bonne partie du XXe siècle, l'image d'un monde où les humains seraient supplantés par les robots
31:09 relevait de la science-fiction.
31:12 Ce monde serait-il finalement arrivé ?
31:17 Nous ne savons pas très bien où va la technologie,
31:22 mais nous savons qu'elle cherche de plus en plus à prendre la forme humaine.
31:27 Elle évolue beaucoup plus vite que ce que notre cerveau est capable d'en saisir.
31:33 Il y a 30 ans, les robots autonomes n'existaient pas.
31:37 Il y avait uniquement des robots capables d'exécuter des gestes répétitifs.
31:41 Mais en gros, ils ne pensaient pas par eux-mêmes.
31:44 Ils étaient des robots qui se déployaient en fonction de leurs actions.
31:48 Ils étaient des robots qui se déployaient en fonction de leurs actions.
31:52 Ils étaient des robots qui se déployaient en fonction de leurs actions.
31:56 Ils étaient des robots qui se déployaient en fonction de leurs actions.
32:00 Mais en gros, ils ne pensaient pas par eux-mêmes.
32:03 Ils ne prenaient pas de décision.
32:06 Chez IAM Robotics, on fabrique un des robots les plus complexes jamais assemblés.
32:12 Il est capable de scanner son environnement et de détecter des objets,
32:16 mais aussi de les éviter et de les manipuler tout seul.
32:20 Les robots autonomes ont déjà remplacé les hommes.
32:24 Leurs défenseurs mettent en avant qu'il s'agit de métiers que personne ne veut faire.
32:30 Des métiers répétitifs, salissants, voire dangereux,
32:34 mais qui sont source de revenus.
32:37 Au début, j'étais comme tout le monde.
32:42 Je pensais que les robots me voleraient mon emploi.
32:45 Mais après avoir travaillé avec eux, j'ai réalisé tout ce qu'ils pouvaient faire,
32:49 combien ils étaient utiles à l'entreprise et tout ce qu'ils avaient de positif.
32:53 Je m'appelle Mike Collins et je suis responsable de production chez IAM Robotics.
33:02 J'ai démarré comme cuisinier à la sortie du lycée.
33:06 Ensuite, je suis devenu responsable restauration,
33:09 mais j'en ai eu assez de travailler en cuisine et j'ai postulé dans une entreprise.
33:14 Quelques années plus tard, elle nous a annoncé qu'elle avait acheté des robots
33:18 et qu'elle voulait qu'on les pilote.
33:21 Je dirais à tous ceux qui ont peur de la robotisation de l'accepter,
33:27 parce qu'elle va créer des emplois qui auront un peu plus de sens.
33:31 Un jour, on aura des robots qui peuvent plus ou moins faire la même chose que les hommes.
33:38 Cela dit, je ne sais absolument pas quand ça arrivera.
33:42 Je ne pense pas voir ça de mon vivant.
33:45 Pour l'heure, les robots ne sont que des extensions des humains qui les manipulent.
33:50 Mais pour combien de temps encore ?
33:53 L'explosion de l'intelligence artificielle et de systèmes capables de décrypter leur environnement
34:00 rend l'avènement des robots humanoïdes plus proche.
34:06 À terme, l'intelligence artificielle sera capable de remplacer les hommes à une échelle encore inédite.
34:13 La définition même de l'intelligence artificielle, c'est de faire ce qu'un humain peut faire
34:20 en matière de dextérité, de perception ou de cognition.
34:25 Autrement dit, on fabrique des systèmes capables d'accomplir des tâches jusqu'ici effectuées par l'homme.
34:34 Quand on fait la liste des emplois supprimés, à savoir tout le travail manuel, tout le travail répétitif,
34:39 qui ne demande ni créativité ni sensibilité, on arrive à au moins 30 ou 40 % de la population.
34:45 Même si le chiffre exact des emplois menacés reste contesté, une certitude demeure.
34:51 Partout, l'intelligence artificielle remplace les hommes.
34:55 Y compris dans le domaine de la défense.
35:03 La marine américaine utilise des frégates de combat furtives qui ont de moins en moins besoin de personnel.
35:09 L'armement et la navigation sont aujourd'hui assurés par des logiciels ultra perfectionnés.
35:20 La navigation est un des principaux objectifs de la navigation américaine.
35:24 La marine a équipé ses frégates de nouveaux systèmes qui effectuent une partie du travail autrefois pris en charge par l'équipage.
35:40 Pour la navigation ou la propulsion par exemple.
35:47 Au lieu des 180 matelots autrefois nécessaires à bord d'un navire de ce type,
35:51 ces nouvelles frégates opèrent avec un équipage réduit à 65 hommes.
35:55 Bon nombre travaillent sur un écran d'ordinateur.
36:02 Ces logiciels permettent d'avoir moins d'hommes de car.
36:07 La marine les a généralisés.
36:10 Tous nos navires sont désormais équipés de systèmes de type Smart Ship.
36:16 Par exemple de la marine, l'intelligence artificielle remplace l'homme un peu partout dans le monde du travail.
36:21 Notamment des salariés semi-qualifiés à revenu moyen.
36:25 Les secteurs de la banque et de la finance sont particulièrement touchés.
36:37 Ces emplois incarnaient autrefois l'image de la stabilité de la classe moyenne.
36:44 Le monde de la finance employait autrefois un nombre considérable de salariés de la classe moyenne.
36:51 La ville de New York comptait à elle seule des centaines de milliers de personnes dans le secteur boursier et bancaire.
37:00 Ces salariés utilisaient des calculatrices pour produire des tableaux.
37:06 Tous ces emplois ont disparu.
37:12 Ces cinq dernières années, 500 000 postes de salaire moyen ont été supprimés dans la banque ou la finance.
37:18 L'intelligence artificielle et les algorithmes effectuaient le travail plus vite et pour moins cher.
37:27 L'automatisation a été boostée par l'intelligence artificielle et la robotique.
37:34 Les entreprises ont cherché à réduire le coût des marchandises et des services
37:40 en écartant les hommes du monde du travail chaque fois que c'était possible.
37:44 Les salariés qui ne pouvaient pas être remplacés par l'intelligence artificielle ou la robotique
37:51 ont été délocalisés dans des pays où la main-d'œuvre était moins chère.
37:56 Les délocalisations sont directement responsables de l'effritement du marché du travail américain.
38:05 Elles ont signé la mort de millions d'emplois pour les envoyer dans des pays comme le Vietnam, la Chine ou certains pays d'Afrique.
38:12 D'où l'intérêt actuel pour la notion de relocalisation.
38:16 Combien d'emplois peuvent revenir ?
38:19 Sauf que les entreprises sont là pour gagner de l'argent.
38:22 Elles ont tout intérêt à ce que la main-d'œuvre reste bon marché.
38:25 Elles continueront à délocaliser à moins qu'il y ait une volonté politique.
38:31 Il y a deux forces majeures en jeu dans l'avenir du travail.
38:34 La technologie n'est qu'une des forces en présence.
38:37 L'autre, c'est notre capacité à prendre tel emploi et à l'envoyer aux quatre coins du monde,
38:43 là où se trouvera la personne la plus qualifiée ou la machine la plus performante,
38:48 selon un rapport au travail complètement nouveau.
38:51 Les emplois détruits par l'automatisation ou les délocalisations
38:55 seront-ils remplacés par de nouvelles machines ?
38:59 Sont-ils remplacés par de nouveaux métiers comme dans les révolutions technologiques précédentes ?
39:03 C'est la question à un million de dollars.
39:07 Le travail humain est voué à évoluer.
39:13 Des métiers prestigieux et très bien rémunérés,
39:16 comme l'analyse Big Data, la programmation HAL, la maintenance robotique, n'existaient pas il y a dix ans
39:22 et sont aujourd'hui parmi les plus convoités.
39:25 Il en surgira d'autres.
39:28 C'est un processus en constante évolution.
39:30 Mais il faudra travailler d'arrache-pied pour créer ces nouveaux profils.
39:35 L'essor de métiers très qualifiés et très bien payés en informatique et en robotique
39:43 s'accompagne d'une multiplication des emplois peu qualifiés et mal payés.
39:48 Cette nouvelle situation, doublée de la disparition des salaires médians,
39:55 a donné naissance à une économie des extrêmes, dite de barbelle.
39:58 Il y a en gros deux types d'emplois en hausse,
40:03 ceux du haut de l'échelle et ceux du bas de l'échelle.
40:06 Les emplois intermédiaires se sont progressivement retrouvés automatisés ou informatisés.
40:11 C'est ça l'effet barbelle.
40:13 Dans les années 70, les salaires hauts, moyens et bas occupaient des parts sensiblement égales.
40:24 Au cours des 50 dernières années, la part des salaires médians est passée de 38 à 23 %,
40:30 réduisant la classe moyenne qui en dépendait à peau de chagrin.
40:33 Parallèlement, les différences de salaire entre les plus riches et les plus pauvres se sont creusées.
40:44 Du côté des bas salaires, tout un tas d'emplois qui demandent un sens du contact
40:49 ne peuvent pas être confiés à des machines.
40:53 Au moins, pas pour l'instant.
40:55 Ce sont des emplois mal payés, peu qualifiés, qui, pour l'instant, doivent être effectués par des humains.
41:05 On ne peut pas automatiser le service à la personne ou les métiers du soin.
41:09 Le secteur le plus florissant parmi les bas salaires, c'est le travail domestique,
41:15 ménage, garde d'enfants et métier de la santé.
41:22 Parfois, je nettoie deux maisons par jour, parfois une seule, parfois trois.
41:28 Il m'arrive de faire des petits boulots en plus du ménage, simplement pour arriver à survivre.
41:33 Je m'appelle Adelaide Tembé. J'ai quitté le Mozambique en 2008 pour venir aux États-Unis, et je suis femme de ménage.
41:43 Aux États-Unis, de nombreux employés à domicile, comme Adelaide, sont des immigrés ou des personnes de couleur.
41:51 Ils sont souvent sous-payés et n'ont aucune sécurité de l'emploi ou très peu.
41:55 Ce sont le plus souvent des femmes qui travaillent dans nos maisons.
42:00 Elles sont nounoux, femmes de ménage, gardiennes, cuisinières, aides-soignantes. Parfois tout ça à la fois.
42:08 Je dis souvent que les employés à domicile font le travail qui rend tous les autres possibles.
42:15 Il y a deux millions et demi d'employés à domicile aux États-Unis.
42:21 En 2030, ce chiffre aura sans doute doublé.
42:24 Avec le vieillissement de la population, l'aide à la personne est un secteur promis à une croissance fulgurante.
42:31 Le travail à domicile sera peut-être la seule solution pérenne pour ceux que les délocalisations ont mis au chômage.
42:40 Le travail à domicile est l'avenir de notre économie.
42:47 Ce sont des emplois qui sont là pour rester.
42:50 Les employés à domicile vivent et travaillent souvent dans l'ombre de l'économie.
42:58 Ce sont surtout des femmes. Elles travaillent derrière des portes closes, dans l'intimité des maisons.
43:08 Ce sont souvent des conditions propices aux abus et à l'exploitation.
43:17 Ce sont à bien des égards des emplois mal encadrés et mal protégés.
43:22 Grâce au soutien de l'Union des travailleurs domestiques, Adelaide Tembé a réussi à s'intégrer aux États-Unis.
43:30 Après avoir surmonté bien des obstacles, sa fille et elle entament une nouvelle vie.
43:35 Je tâche de rester active et poursuivre mes activités.
43:44 Je tâche de rester active et positive et de chercher d'autres maisons où travailler.
43:49 De nombreux métiers résisteront à la fois à la pandémie et à la nouvelle révolution industrielle.
43:59 De nombreux autres pas.
44:02 L'économie se transforme en profondeur.
44:05 À mesure que des emplois disparaissent et que d'autres émergent, le marché du travail reste plein d'incertitudes.
44:13 La transition peut être extrêmement douloureuse pour ceux qui perdent leur emploi.
44:19 Certains mettent des décennies, voire toute une vie à s'en remettre.
44:24 Ce qui est sûr, c'est qu'ils ne retrouvent jamais la sécurité et le salaire qu'ils avaient auparavant.
44:31 Jamais.
44:33 L'histoire récente de la Rust Belt nous rappelle à quel point ces mutations peuvent être violentes.
44:41 Pendant plus d'un siècle, l'Ohio et l'Ouest de la Pennsylvanie étaient les deux fleurons de la sidérurgie américaine.
44:47 Des villes comme Youngstown étaient florissantes.
44:52 Il y avait du travail pour tout le monde.
44:56 Puis, l'automatisation et les délocalisations sont venues détruire ces usines.
45:01 Youngstown est le parfait exemple de la ville qui incarnait la stabilité du rêve américain.
45:08 Vous décrochez un bon poste à l'usine, vous achetez une petite maison et menez une vie confortable, bien réglée, sans surprise, et vous gardiez le même boulot toute votre vie.
45:21 Tout ça a volé en éclats.
45:36 Entre 1977 et 1987, l'industrie sidérurgique a perdu 50 000 emplois tout secteur confondu.
45:44 C'était des emplois de la classe moyenne, qui donnaient droit à une retraite, à une assurance maladie.
45:50 Soudain, tous ces ouvriers se sont retrouvés au chômage ou à temps partiel.
45:54 Ils ont dû partir chercher du travail.
45:57 Par ricochet, la région a perdu son identité.
46:03 L'histoire de Youngstown est celle de l'Amérique.
46:06 Ce qui est arrivé dans cette ville a préfiguré ce qui arriverait dans d'autres États.
46:11 La nature du travail, les conditions économiques, le visage de la région, tout ça a changé sans que les gens ne puissent rien faire et qu'ils aient fait du bon travail ou pas.
46:22 Le destin de Youngstown est une tragédie.
46:29 Il illustre parfaitement ce qui se passe lorsque la main-d'œuvre disparaît dans une ville, suite à la mécanisation ou à la mondialisation.
46:37 Et on se rend compte que les retombées ne sont pas seulement économiques, elles sont aussi psychologiques.
46:44 On a vu l'alcoolisme, la toxicomanie, les violences domestiques, les dépressions, les suicides grimpés en flèches.
46:54 Et ça, c'est la partie visible de l'iceberg.
46:58 On sait aussi que les gens ont eu un immense sentiment d'échec et de frustration.
47:03 Nous avons créé une société où les gens ont besoin d'avoir du travail pour se sentir existés, pour avoir une raison de vivre.
47:15 Ce qui sous-tend ce rêve, qu'il soit américain, chinois ou n'importe, c'est que le travail est l'essence même de la vie, c'est ce qui prime.
47:27 Et c'est la chose la plus importante.
47:29 C'est un gros problème à l'heure actuelle parce que les gens vont finir par se rendre compte que le travail qui faisait leur fierté pourra être fait dans de meilleures conditions et à moindre coût par des robots ou des systèmes intelligents.
47:46 Des villes comme Youngstown portent les stigmates de la délocalisation.
47:55 Mais à 110 kilomètres de là, Pittsburgh raconte une tout autre histoire.
47:59 Après avoir vécu la mort de la sidérurgie, la ville est aujourd'hui en plein boom.
48:05 Pittsburgh est un parfait exemple de reconversion réussie.
48:11 On ne peut pas espérer que les industries phares des années 60 soient celles des années 2000.
48:18 Il faut accepter que le changement soit la norme et le meilleur moyen, c'est justement d'investir dans la reconversion de la main-d'œuvre.
48:25 Après avoir massivement investi dans ses universités et sa recherche, Pittsburgh est aujourd'hui un leader mondial en matière de robotique et d'ingénierie de précision.
48:43 On lui doit les taxis Uber autonomes et les rovers envoyés sur Mars, ainsi que d'innombrables inventions médicales.
48:49 Les entreprises high-tech ont particulièrement besoin de techniciens spécialisés.
48:56 Les habitants de Pittsburgh adorent fabriquer des objets.
49:10 Réunir des objets manufacturés, apporter de la valeur à des composants et les proposer au monde entier, ça fait partie de notre ADN.
49:17 C'est stimulant. Aujourd'hui, un tas d'entreprises sont attirées par notre savoir-faire.
49:22 On parle beaucoup de robotique aujourd'hui, mais de quoi s'est fait un robot d'un tas de composants ? Et qui les fabrique ? Des techniciens.
49:32 L'avenir est très prometteur à Pittsburgh.
49:40 Un tas d'entreprises high-tech s'installent dans la région.
49:43 Mais ce sont nos techniciens qui donneront vie et corps à ces robots.
49:50 Du moins, pour l'instant.
49:54 Comme le montrent les divergences de trajectoire entre Youngstown et Pittsburgh, les séismes qui ébranlent le monde du travail sont loin d'être une fatalité.
50:07 Au cours des cinq ou dix dernières années, le discours a été largement binaire.
50:11 Les pessimistes vous disent « Prenez l'intelligence artificielle, l'apprentissage automatique, la robotisation et regardez tous les emplois qu'ils vont détruire. »
50:21 En face, les optimistes vous diront « Regardez tous les emplois créés par l'App Store, regardez tous les métiers liés aux nouvelles technologies. »
50:30 Et ils insisteront sur le fait qu'à travers l'histoire, l'automatisation a toujours été synonyme de création d'emplois.
50:37 La robotique, l'intelligence artificielle et les grandes avancées de cette nouvelle révolution ont encore de beaux jours devant elles.
50:45 La manière dont elles seront mises en œuvre, aujourd'hui et demain, est une question cruciale qui mérite débat.
50:55 Au fond, il s'agit surtout de fierté et de reconnaissance.
50:59 Je crois sincèrement que ce sont deux besoins humains fondamentaux.
51:04 À mesure que nous inventerons le travail de demain, parce qu'il s'agit bien de l'inventer et pas uniquement de le subir,
51:11 il faudra imaginer des métiers qui soient utiles à la société.
51:16 Mais qui également assouvissent nos besoins les plus profonds.
51:19 Dans quelle mesure la société réussira-t-elle à inventer des métiers qui répondent à nos aspirations profondes ?
51:27 C'est toute la question.
51:29 Mais une chose est sûre, le monde du travail sera radicalement transformé.
51:34 La société va-t-elle réussir à faire face à la crise ?
51:39 C'est toute la question. Mais une chose est sûre, le monde du travail sera radicalement transformé.
51:44 Certains devront renoncer à leur carrière.
51:49 D'autres imagineront des moyens de production plus efficaces.
51:53 D'autres enfin concevront des métiers qui n'existent pas encore.
51:58 Il n'y aura sans doute pas que des gagnants.
52:06 Comment se préparer au mieux à un avenir incertain et rester attractif sur le marché du travail ?
52:11 C'est tout l'enjeu de cette nouvelle révolution industrielle.
52:16 [Musique]
52:45 [Musique]
52:49 [Musique]
52:51 [Musique]
52:52 [Musique]