D'Artagnan Amoureux - 1977 - Episode 03

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DB - 17-08-2024

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Transcript
00:00J'ai pas un mot. Sinon j'appuie.
00:17Merci monsieur. Allez, à la vôtre monsieur.
00:31Il y a une goutte?
00:33Ah oui. Peut-être un peu lourd.
00:36Un peu lourd monsieur.
00:39Mais il est bon. Un peu lourd je crois.
00:49Allez tous à l'intérieur. Vite. Toi aussi. Vite.
00:55Vite.
00:58Faut que je vienne avec vous.
01:25Monsieur. Monsieur.
01:41Le plancher. Le portefeuille.
01:43C'est la faux monsieur. Cet homme est terrible.
01:45On vient juste.
01:46Oui monsieur. C'est pas notre faute. Il nous a forcé.
01:48Qui est-ce?
01:49Un homme. Un grand.
01:50Par où est-il parti?
01:51Là-bas.
01:52C'est pas possible. On s'en va monsieur.
02:22Monsieur. Le roi.
02:52Le roi.
02:54Le roi.
03:16Sire. Vous allez perdre un serviteur qui travaillait bien.
03:23La besogne n'est pas finie, mais elle est forte avancée.
03:30L'édifice de votre état sera la plus belle construction de l'Europe.
03:40Et monsieur le cardinal, la verrai-je moi-même achevée.
03:46Ce sera pour mon fils.
03:49Souhaitons qu'il en ait de la reconnaissance.
03:55Sire, je désirais vous parler de la reine.
04:02Elle m'a cru son plus féroce ennemi.
04:06Ne l'étiez-vous point?
04:09Je n'étais que votre ami.
04:11Le plus féroce de mes amis.
04:15Cardinal, la reine vous a pardonné.
04:18C'est une bonne femme au fond.
04:20Quoique le départ de monsieur de Tréville qu'il lui était dévoué...
04:25n'est pas fait pour la toussir.
04:28Sire, j'ai pensé au remplacement de monsieur de Tréville.
04:34Sa majesté la reine ne pourra le trouver mauvais.
04:39Remplacer Tréville?
04:41Diable, mon cousin.
04:43Vous allez vite en besogne?
04:45Celui auquel je songe...
04:49a rendu à la reine le plus signalé des services.
04:54Je veux que votre majesté le reçoive.
04:59Il va rentrer bientôt de mission.
05:03Et ce qu'il doit me remettre...
05:07il vous le remettra.
05:09Vous ne me parlez pas de ce gascon dans vous?
05:12Ce gascon intrépide...
05:16doit rentrer aujourd'hui porteur d'un secret d'état.
05:22Il se nomme d'Artagnan, sire.
05:25Il y a bien des secrets dans mon royaume.
05:29Et ce d'Artagnan...
05:31a toujours l'air de se pousser là...
05:34où il ne devrait pas être.
05:38Là où un autre ne passerait pas...
05:41il passe.
05:44A vous entendre, il n'y aurait que ce d'Artagnan dans tout mon royaume pour me servir.
05:49Il le fera mieux encore comme capitaine de vos mousquetaires.
05:54Capitaine?
05:58Vous êtes bien libéral, mon cousin.
06:01C'est que je suis bien malade, sire.
06:07Ce d'Artagnan n'a-t-il pas un peu complété avec la reine autrefois?
06:12C'était pour l'honneur de votre majesté.
06:17Je n'aime pas du tout ce diable d'homme qui se mêle de mes secrets...
06:21et de mon honneur sans me demander mon avis.
06:23Sire, vous ne vous plaindrez pas...
06:26de ce dernier secret...
06:28qui fera de vous le premier monarque du monde?
06:34Eh bien, je le verrai, puisque vous le désirez.
06:37Et pour cette charge, nous en reparlerons.
06:41Est-ce tout?
06:44Je laisse encore à votre majesté...
06:47un grand serviteur...
06:49qui mérite les plus fortes récompenses.
06:54J'aurai bientôt autant de serviteurs...
06:57que je n'aurai plus rien à faire.
06:59Qu'à régner, sire.
07:02Celui-ci se nomme...
07:06Pellisson de Pellissard.
07:10Pour le coup, je le connais.
07:13C'est un magnifique gentilhomme...
07:15beau mangeur de pâtés, fier cavalier...
07:19et d'une dévotion scrupuleuse.
07:24Et aussi un profond diplomate...
07:28doublé d'un savant militaire.
07:32Voilà qui me plaît beaucoup mieux...
07:35monsieur d'Artagnan.
07:38Que de vous nous faire de cette merveille?
07:43Quelque chose...
07:45comme un ambassadeur.
07:47Oui.
07:50Mais il sera loin de moi.
07:52Alors en récompense...
07:54de ses qualités d'ingénieur...
07:58un maréchal de France.
08:02Eh bien, nous y penserons.
08:06Oui.
08:13J'ai la satisfaction...
08:16de quitter sa majesté...
08:20en excellent état.
08:22Allez.
08:24Vous me manquerez bien, mon cousin.
08:27Ou plutôt, vous me manqueriez...
08:29si je ne savais que vous serez debout...
08:32avant la fin de l'année.
08:34Du repos...
08:36du repos...
08:38et de la patience.
08:40Avec cela...
08:42tout va.
08:44Allez.
09:01C'est quatre fois qu'Ardignan nous sollicite, Blanchet.
09:04J'ai eu hésitation à le voir, monsieur.
09:05Nous sommes trop près de Paris.
09:06Le terrible Lafon ne manquera pas...
09:08de se réfugier chez son demi-frère...
09:09à l'auberge de la Chevrette.
09:10C'est monsieur Pélissant de Pélissard...
09:12qui m'a envoyé par ta bouche...
09:13mon bras de Blanchet.
09:15Bon sang, à la Chevrette.
09:42Bon sang, à la Chevrette.
10:12Première question.
10:14Vous êtes bien le sire turcaine.
10:16Qui vous l'a dit?
10:18Il suffit que nous le sachions.
10:20Deuxième question.
10:21Pouvez-vous nous loger, mon domestique et moi?
10:24Madeleine!
10:36Eh bien, occupe-toi de ces messieurs.
10:39Si ces messieurs veulent me suivre...
10:42il faut que j'y aille.
10:47Voilà, c'est tout.
10:49Jeugera monsieur...
10:50Blanchet, pour vous servir, madame.
10:52Appelez-moi Madeleine.
10:53Jeugera monsieur Blanchet...
10:54juste à côté de vous, monsieur.
10:56Monsieur?
10:57D'Artagnan, mousquetaire du roi.
10:59Si vous avez besoin de mes services...
11:00vous n'aurez qu'à frapper au plafond, monsieur mousquetaire.
11:04Vous venez d'arriver à Paris?
11:06Aujourd'hui même.
11:07Vous trouverez Paris dans un bien triste état.
11:10Vous connaissez pourtant la victoire?
11:12Comment, mais vous ne savez pas?
11:14Et que nous faudrait-il savoir, belle dame?
11:18Appelez-moi Madeleine, monsieur le mousquetaire.
11:20Comment, mais...
11:21Vous ne savez pas que le cardinal de Richelieu...
11:23a rendu son âme à Dieu?
11:25Le cardinal?
11:29Et qui s'occupe des affaires?
11:30Le sait-on?
11:31Un petit cardinal italien...
11:33que son éminence avant de mourir...
11:34a légué comme premier ministre à sa majesté.
11:38On chuchote qu'il veut autant que son prédécesseur...
11:41de la confiance de la reine...
11:42si vous voyez ce que je veux dire.
11:44Non, je ne vois pas.
11:48Eh bien, j'espère que tout sera à votre convenance...
11:50monsieur mousquetaire.
11:52Mais tout l'est déjà, Madeleine.
11:54Mille grâces.
12:00Il était écrit, monsieur...
12:01que nous ne remettrions pas en main propre...
12:03le message du pape au cardinal de Richelieu.
12:07Après, il nous faut désormais compter...
12:09avec ce petit cardinal italien.
12:27Monseigneur...
12:29il y a un certain à la front...
12:30qui demande à vous voir d'urgence.
12:32Vous le connaissez?
12:34Non, monseigneur.
12:37Savez-vous reconnaître un assassin à la première vue?
12:40Un assassin?
12:42J'en ai présenté plus de mille...
12:43du temps que j'entourais de mes soins à son imminence.
12:46Ils ont tous été repoussés.
12:47Que dis-je?
12:48Négligés.
12:50Mais son imminence n'a rien à craindre.
12:52Cet homme-là ne la touchera pas du doigt.
12:55Il a été élevé pour la bonne bouche.
12:59Il ne vient pas vous tuer.
13:01Mais à ce qu'il dit...
13:03pour vous vendre...
13:05quelque chose d'assez précieux.
13:11Consul à Follen, faites entrer.
13:14Monseigneur...
13:16Monseigneur...
13:35Monseigneur...
13:41Monseigneur est bien hardi de me recevoir...
13:44et bien hardi de lui parler.
13:50Votre imminence se demande ce qu'il fait qu'elle me reçoive.
13:56Non.
13:58Cela c'est du passé.
14:01Vite vers l'avenir.
14:03L'avenir, c'est moi.
14:07Et j'ai tout sous la main pour le mettre en oeuvre.
14:11Ecco, dans votre main.
14:15Et je ne vois rien dans votre main.
14:19Tout est là, Monseigneur.
14:25Nous parlons d'une affaire...
14:28qui, me semble-t-il, mérite d'être debout.
14:41Petit...
14:44Tu as quelque chose à m'offrir?
14:49Oui.
14:53Que veux-tu?
14:59Que désires-tu?
15:02Tout.
15:05Tout.
15:07Que désires-tu?
15:10Tout.
15:13Quand?
15:16N'importe quand.
15:20Où?
15:21N'importe où.
15:24Comment?
15:26N'importe quand.
15:29Pourquoi?
15:32Voici pourquoi.
15:37Pourquoi?
15:52D'Artagnan.
15:53Depuis quatre jours que vous souffrez de cette atroce blessure, je ne vis plus.
15:59Les heures me semblent à la fois douces, grâce à votre présence dans notre maison,
16:03et pénibles, car je vous sais malade.
16:07Messieur Laforme.
16:14Vous êtes toujours là?
16:17Certes.
16:30Eh bien...
16:32ne bougez plus.
16:34La pièce sera tenue.
16:38Une carrosse?
16:41Oui.
16:42Un château?
16:44Oui.
16:46Des gardes?
16:48Oui.
16:49Molto bene.
16:51Suivez-moi.
16:58Prego.
17:00C'est une erreur! Lâchez-moi!
17:06Ouvrez-moi.
17:08Ouvrez-moi!
17:09Ouvrez-moi!
17:16Ouvrez!
17:18Je vous dis que c'est une erreur!
17:22C'est une erreur!
17:26Ouvrez.
17:27C'est une erreur!
17:30C'est une erreur!
17:33Cessez de vous agiter.
17:35Tout ceci ne sert à rien.
17:37Nous sommes seuls dans ce quartier.
17:41Ici, il n'y a rien d'autre à faire qu'à attendre.
17:45Attendre est désespérer.
17:48Allez-vous présenter à M. le Cardinal de Mazarin
17:51comme vous étiez fait depuis l'entamiant.
17:55Laissez votre ami Madeleine s'occuper de vous.
17:58Que le nouveau Cardinal ne se fasse pas une piètre idée
18:01du plus vaillant des mousquetaires du roi.
18:04Quand je pense à toutes ces belles dames de la cour,
18:07à ces marquises, à ces duchesses...
18:10N'y pensez pas plus que je vous en prie.
18:13J'ai jadis aimé.
18:16Elle était lingère.
18:19Je l'ai aimée si fort que c'est d'elle
18:21que je vous parle encore quinze ans après.
18:31J'ai donc échoué, Votre Eminence.
18:33J'ai failli à la mission.
18:35J'ai failli à la mission.
18:37J'ai failli à la mission.
18:39J'ai failli à la mission.
18:42J'ai failli à la mission que m'avait confiée votre illustre prédécesseur.
18:46Dieu est son âme, mon cher d'Artagnan.
18:51Mon très cher d'Artagnan, vous devez savoir
18:54que je ne suis pas l'illustrissime Cardinal de Richelieu.
18:58Que je ne suis que le pauvre petit Cardinal Mazzarino.
19:03Le pauvre petit Cardinal Mazzarino.
19:06Concernant l'échec,
19:09la mission, la faillite
19:11a des idées très différentes
19:13de celles du très illustrissime Cardinal de Richelieu.
19:17Dieu est son âme.
19:21Mon très très cher d'Artagnan,
19:24peut-on dire qu'un échec est jamais une chose définitive ?
19:30Continuez vos recherches.
19:32Trouvez-moi ces...
19:34Comment vous dites ?
19:37La font, Votre Eminence.
19:39Trouvez-le-moi.
19:41Reprenez-lui le portefeuille de Notre Saint-Père le Pape.
19:45Et quand vous l'aurez,
19:47soyez gentil, Monsieur d'Artagnan.
19:50Apportez-le-moi.
19:53Messieurs, un dernier mot.
19:56Je vous prie, je sais que Sa Majesté la Reine
20:00en récompense des services à elle rendus
20:04nourrit une grandissime estime
20:07pour une certaine mousquetaire du roi.
20:11Perbaco, son nom m'échappe.
20:15Il y a si longtemps, Votre Eminence,
20:17que l'oubli est pardonnable.
20:20Je vous attends, mon cher,
20:22avec la plus fortissime des impatiences.
20:34Monsieur, Monsieur a tort de se ronger ainsi les sangs.
20:37Plus tard, qu'a dit ?
20:39On laisse plus tard pour où il se trouve, Blanchet.
20:41Mais pas lui qui m'en lisera.
20:44C'est la font.
20:46Je donnerai cher pour savoir où il se trouve, celui-là.
20:49Monsieur, Pélisson de Pélissard a été formel,
20:51à l'auberge de la chevrette.
20:53Et nous sommes dans l'antre même du faux.
20:55La chevrette n'a pas besoin de bête.
20:57Tôt ou tard, le tigre viendra y refaire ses forces.
20:59Tôt ou tard !
21:01Je trouve plaisant, mon ami.
21:03Déjà pas ?
21:05Trop tard.
21:07Trois semaines, nous sommes tapis dans la tanière,
21:09à inspirer le faux.
21:11Entrez !
21:13Ah, c'est vous, Madeleine ?
21:15Ce n'est pas une odeur, c'est un parfum.
21:19Monsieur d'Artagnan,
21:21vous pouvez ne pas penser aux belles-dames,
21:23les belles-dames pensent à vous.
21:25Merci, Madeleine.
21:27Merci, Madeleine.
21:35Je reconnais l'écriture.
21:45Mon cher d'Artagnan,
21:47je viens d'apprendre votre présence ici,
21:49dans cette auberge.
21:51Pouvais-je savoir que de Rome à Paris,
21:53la route est si longue et que si l'on part de Rome,
21:55le chemin ne conduise pas à Paris ?
21:59Tous, ici, nous brûlons de vous revoir.
22:01Et si le roi vous veut pour ses campagnes,
22:03nous vous désirons à la ville
22:05où vous serez choyés par tout ce qui est de qualité.
22:09Plus un mot.
22:11À courir, et soyons les meilleurs amis du monde.
22:15J'espère que vous connaîtrez vite,
22:17et par cœur,
22:19le chemin de l'hôtel de Rabutin-Chantin.
22:21Marie.
22:25Eh bien, mesdemoiselles,
22:27si on en croit ces messieurs les chancénistes,
22:29tout nous vient de la grâce divine.
22:33Mais qui nous prouve que Dieu
22:35la prodiguera plus d'une fois ?
22:39Et que nous ne sommes pas tous
22:41croyants ou incroyants,
22:43de la même famille de damnés,
22:45une personne acceptée.
22:47Une personne, mais laquelle ?
22:49D'Artagnan.
22:55D'Artagnan comme un héros de légende
22:57qui n'a point de prénom ni de monsieur derrière soi
22:59et qui marche tout seul sur son nom.
23:03Mesdemoiselles, voici le chevalier d'Artagnan.
23:05Venez admirer un héros
23:07qui sort tout droit de l'Antiquité,
23:09mais qui est passé par la Gascogne
23:11pour se rafraîchir dans ses eaux vives.
23:13Comme les truites.
23:15Comme les truites, mon cher ménage,
23:17mais une truite avec des dents de brochet
23:19et la force d'un dauphin.
23:21En somme, un animal fabuleux.
23:23Monsieur le fabuleux,
23:25voici les nymphes de la rue des Francs-Bourgeois.
23:29Mais comment devons-nous dire, mon cher ménage,
23:31les dryades habitent les bois,
23:33les naya de l'eau, mais ici,
23:35dans une rue de Paris ?
23:37Eh bien, chère mademoiselle, je ne saurais dire que
23:39rugayade, puisque rue
23:41vient du latin ruga.
23:43On pourrait dire aussi des parisiennes.
23:49Il est drôle.
23:51Vous vous souvenez ?
23:53Mademoiselle Julie de Collinaud-du-Val,
23:55que vous connaissez, et qui vous aime
23:57comme moi-même, c'est-à-dire
23:59beaucoup plus, parce qu'elle sait par cœur
24:01l'usage de son cœur.
24:07Quant aux hommes, je ne vous en parle pas,
24:09ce sont tous des esprits plutôt que des hommes.
24:11Et il leur suffirait de se gratter le dos
24:13pour qu'ils rejoignent le cortège des chérubins.
24:15Cependant, le chef de cette rue
24:17se nomme Monsieur Ménage.
24:22Voilà.
24:25Je sais que les salons ont été inventés
24:27à l'usage particulier des politiques
24:29et des amoureux.
24:31Les politiques qui donnent
24:33des opéras de cordialité, les amoureux y jouent
24:35des concertos pour paupières closes
24:37et doigts serrés.
24:39Que choisissez-vous ?
24:41L'opéra, le concerto ?
24:43Vous songez beaucoup, mon cher d'Artagnan.
24:45Beaucoup, mademoiselle.
24:47Moi, je n'aime pas méditer.
24:49Je n'aime pas méditer.
24:51Et pourquoi cela ?
24:53Parce que je ne goûte pas la vie de prison.
24:55Quel rapport voyez-vous
24:57entre la prison et la méditation ?
24:59C'est que la méditation vous fait tourner en rond
25:01dans la cour d'une prison
25:03qui s'appelle le cerveau.
25:05Et si le cerveau est une cour,
25:07où se trouve la prison même ?
25:09Une cellule fort étroite
25:11dans laquelle il ne faut point bouger
25:13et qu'on nomme l'âme.
25:15Reste le cœur.
25:17Le cœur, c'est une autre affaire.
25:19À quoi le comparez-vous ?
25:23Que voulez-vous comme comparaison ?
25:25Guerre ?
25:27Fleurs ? Géographie ?
25:29Disons la guerre.
25:31C'est une personne que j'ai saluée
25:33quelques fois dans le monde.
25:35Eh bien, le cœur, c'est une charge
25:37de cavalerie.
25:39Et quel est son but ?
25:41Gagner les batailles.
25:43Et contre qui, la bataille ?
25:45Contre vous, D'Artagnan.
25:47Contre vous qui ne semblez rien comprendre.
25:49Moi ?
25:53D'Artagnan, vous m'aimez beaucoup.
25:55Je ne suis point aveugle.
26:01Mademoiselle de Rabutin-Chantal,
26:03jamais je ne vous contredirai.
26:05Et moins encore
26:07après ce que vous venez d'affirmer.
26:09Mais voilà, voilà votre défaut.
26:12Et lequel, mademoiselle ?
26:14C'est que vous n'osiez me contredire.
26:16C'est que vous me parliez d'amour
26:18si vous m'en parliez avec tant de différence.
26:20Enfin, que suis-je ?
26:23Vous êtes...
26:25Je suis...
26:27Que suis-je ?
26:31Mais si.
26:33Je suis Marie de Rabutin-Chantal.
26:35Je suis jeune,
26:37j'ai les cheveux blonds,
26:39je suis sur la terre ou sur l'eau,
26:41mais je ne suis point aussi elle, D'Artagnan.
26:43Il ne faut pas me prendre pour un ange.
26:48Mademoiselle, puisque vous voulez bien penser que je vous aime,
26:52et que cette idée vous déplaît,
26:54je ferai en sorte qu'elle ne vous importune plus.
26:56Mais il faut m'aimer, D'Artagnan, je le veux.
26:59Mais il faut m'aimer comme je le mérite,
27:01c'est-à-dire bien peu.
27:03Regardez-vous.
27:05Regardez qui je suis.
27:08Réveillez-vous.
27:10Un guerrier de votre espèce,
27:12et une petite fille de ma sorte.
27:18Je vois que je serai
27:20toujours très loin de vous, Mademoiselle.
27:23Tout au bas de la muraille.
27:28D'Artagnan, il faudra que je vous donne des leçons.
27:32Toute ma vie, Mademoiselle, est dès aujourd'hui.
27:35La première, mon cher chevalier,
27:37et vous la répéterez cette nuit dans votre lit.
27:39Écoutez-vous.
27:41Oui, mais...
27:43Mademoiselle, le collineau du Val semble être dans le même cas.
27:49Laissez cela.
27:52Vous êtes mon brave, mon superbe,
27:54mon sage, D'Artagnan.
27:56Et je suis votre folle Marie.
28:00D'Artagnan,
28:02apprenez que l'amour n'est pas un sentiment sérieux.
28:08Non, puisque je te dis qu'il n'a pas été chez Mazarin.
28:11Mazarin, c'est quelqu'un d'être ses soucis.
28:14Il est allé chez une femme.
28:16Traîne, jaune, tout d'homme.
28:18Poiture quelle, je l'ai vue comme je te vois.
28:20Dès que t'as tourné les talons, il a ouvert un oeil et m'a appelé.
28:22Il m'a conduit à habiller un billet portant.
28:24Je l'ai lu, je l'ai remis en main propre.
28:26Les plus petites, les plus mignonnes,
28:28les plus menues mains propres que j'ai jamais vues d'aussi près.
28:33Il m'a redonné une lettre en réponse.
28:36Les mains, une lettre fort tendre.
28:38Je l'ai lu, tant qu'on mousquetait Rajadid Sasson,
28:41comme s'il avait entendu sonner la charge.
28:43Les mots de cette lettre l'ont requinqué plus vite que toutes les bouillons.
28:47Attention les jambes.
28:49En avant.
28:51Doucement, s'il vous plaît, doucement.
28:55A l'aise, s'il vous plaît.
28:58A l'aise, s'il vous plaît.
29:00Attention les marches, doucement.
29:03Doucement, voyons, doucement.
29:05Allez-y maintenant, doucement mes petits, allez-y.
29:08Voilà, voilà, attention.
29:10Aubergiste !
29:13Ce n'est pas parce que je ne marche plus que par personne interposée
29:17que je n'ai pas l'estomac dans les talons.
29:19Ton meilleur civet, ton meilleur panther, ton noix la plus dedue
29:22et du bon vin, comme s'il en pleuvait.
29:24Attention à tes épaules.
29:25Attention à tes épaules.
29:27S'ils ressemblent à nous depuis.
29:29Ensuite, vous me pocherez un oeuf.
29:33Avec un grain de sel, je dis un grain de sel.
29:36Dans la casserole que voici, vous y ajouterez une cuillerée d'amontillade.
29:40Puis vous me découprez une rondelle de veau de la dimension d'une roue de...
29:46Mon cher d'Artagnan !
29:48Oh, vous me voyez en plein régime.
29:51Oh, monsieur.
29:52Quelle belle mine que la vôtre.
29:54Je suis heureux.
29:55Moi aussi, mon cher d'Artagnan.
29:57Je suis heureux de vous voir avec tous vos membres.
29:59Car vous n'avez plus qu'une moitié d'amis.
30:01Je suis sans jambes.
30:03Oh, mon Dieu.
30:05Oui, oui.
30:06Mais cette moitié d'amis, vous aime autant qu'un ami tout entier.
30:09D'ailleurs, n'ai-je pas gardé l'essentiel ?
30:11Le cerveau pour les calculs mathématiques,
30:13les mains pour les épures géométriques
30:15et le cœur pour l'amitié que rêvait de plus.
30:18Pour vous, mon cher Pélissant, qui êtes un penseur, un savant,
30:22mais pour un pauvre militaire comme moi, j'avoue que les jambes...
30:25J'ai résolu ce problème. Considérez ces deux Africains.
30:29Ils sont fort beaux.
30:30Ce sont des princes du Soudan
30:32capturés par un arabe et vendus comme esclaves.
30:34N'ont qu'un seul défaut, c'est d'avoir des noms fort compliqués.
30:37Aussi, les aigles baptisés à ma façon, vous allez voir.
30:40Jambe numéro un.
30:44Jambe numéro deux.
30:46Marchons !
30:52Mon cher d'Octagnon, vous me ferez le plaisir de partager mon repas.
30:56Si, si, si, si !
30:58Vous en prendrez la plus grande part
31:00et vous me laisserez le reste.
31:02Merci.
31:11Le pâté est excellent.
31:13Vous n'en mangez pas ?
31:15Non.
31:16Non, je n'ai pas faim.
31:19Non, je n'ai pas faim.
31:21Ah, cela n'est pas naturel.
31:25Il faut que vous ayez une de ces maladies qui vous détruit un homme en huit jours.
31:28Je vais vous soigner.
31:30Je vais vous soigner, je vais vous guérir.
31:32Voyons, d'Octagnon,
31:34au nom de votre force et de votre esprit,
31:36nous ne voulons pas s'encombrer
31:38de ces babioles tout juste bonnes pour un clair de province.
31:42J'ai moi-même perdu assez de temps dans ces sortes de choses.
31:46Je puis vous en parler.
31:48Des siècles de pensée.
31:50Sans les femmes, où en serais-je ?
31:54Cardinal, peut-être.
31:56Et même mieux, on m'a proposé dernièrement un royaume dans les Amériques
31:59où les cailloux sont tous en or,
32:01ce qui n'est pas pratique.
32:03Mais j'ai refusé
32:05pour une bergère
32:07qui confectionnait d'ailleurs de l'excellent fromage de chèvre.
32:12Suivez mon exemple, mon cher Bertagnan,
32:14et gardez vos jambes s'il vous en convient.
32:17Ça vous paraîtra difficile au début,
32:19mais l'adoucissement qui s'en suivra
32:21vous semblera inappréciable.
32:24J'y songerai.
32:26Et vos affaires, comment sont-elles ?
32:29Nos affaires ?
32:30Oui.
32:32Mauvaise.
32:34Le cardinal ?
32:35Mort.
32:36Ah oui, je sais, oui.
32:38Et la fond ?
32:39Disparue.
32:40Le portefeuille ?
32:41Introuvable.
32:42Moi qui ai fâché pour sa sainteté,
32:44qui avais pris la peine de corriger de sa main
32:46les 17 000 articles du traité.
32:49Et fâché aussi pour les soldats qui vont continuer la guerre.
32:52Ah, ça, mon cher, c'est leur métier,
32:54comme moi d'inventer des machines.
32:56J'ai occupé ma convalescence
32:58à la réduction d'une méthode
33:00sur les figures convexes
33:02qui se voudraient concaves,
33:04ce qui les rend plates.
33:06M. Bertagnan, avez-vous remarqué
33:08qu'il y a une année pour le veau
33:10et une année pour le vin ?
33:12Et 1643 ?
33:14Me paraît une piteuse année de veau.
33:17Un message pour chacun de vous, messieurs.
33:19Ah, merci.
33:21Celle-ci, sans l'iris, M. le lieutenant.
33:28Lisez, mon cher Bertagnan.
33:30Lisons.
33:33Le jour après-demain,
33:35l'heure la dixième de l'après-midi,
33:37le moyen,
33:39avec une plume verte à son chapeau.
33:42Marie.
33:50Bonne nouvelle ?
33:52Excellente.
33:54Et vous ?
33:55M. le roi qui m'écrit
33:57me fait maréchal de France.
34:00Maréchal de France ?
34:03Je m'installe.
34:05Aubergiste !
34:06Monseigneur !
34:07Aubergez-la-nous, votre salle, vos cuisines,
34:10vos chambres, vos servantes, tout !
34:37Au secours !
35:07Au secours !
35:38Mais qu'est-ce que...
35:42Vous êtes mon prisonnier.
35:44Cette cordelette de soie,
35:46citez-moi que vous pourriez la rompre d'un geste
35:48à la valeur d'un serment.
36:08Qu'allez-vous faire de moi ?
36:10Vous contempler, vous entendre.
36:13Que vous dirais-je, que vous ne sachiez ?
36:15Je ne sais rien.
36:17Moi non plus.
36:19Je n'avais jamais aimé.
36:21Et cette belle Anglaise,
36:22cette mille-aîdie dont on m'a parlé ?
36:24Elle n'était pas belle.
36:25En êtes-vous certain ?
36:27Elle était pire.
36:28Le résultat ?
36:30Une aiguille qui m'a tourné
36:32dans l'eau.
36:34Le résultat ?
36:36Une aiguille qui m'a picoté le cœur.
36:39Et à présent ?
36:42Une épée.
36:43Bien enfoncée ?
36:46Jusqu'à la garde.
36:48Vous souffrez ?
36:50Je bénis le jour où je vous ai aperçue.
36:52Aperçue ?
36:54Le mot est faible.
36:57Vous êtes un ange,
36:58au milieu de ces animaux.
37:00Femme, poisson, reptile.
37:03C'est ce qu'on appelle les filles.
37:05Mais cela fait trois moitiés,
37:07et il n'en faut que deux en bonne géométrie.
37:09Mais vous, Marie,
37:10vous êtes inséparable de vous-même.
37:13Je vous crois.
37:19Vous croyez-vous à mon tour ?
37:22Oh, Marie.
37:23Ne prononcez pas de nom.
37:25Pour vous,
37:26je ne dois plus être Marie de Rabutin-Chantal.
37:29Et qui alors ?
37:33Ceci.
37:37Quand vous reverrai-je ?
37:38Dans une semaine.
37:40Où ?
37:41Au même endroit, même heure.
37:44Cela fait un très long temps.
37:46Vous verrez.
37:47Tartagnan ?
37:49Je suis là.
37:51Vous n'aimez personne d'autre,
37:52aucune de mes amies ?
37:53Vos amies ?
37:55Les ai-je regardées seulement ?
37:58Et Julie ?
38:01Cette vinaigrette qui se veut béchamel ?
38:04Prenez garde.
38:05Je l'aime tendrement.
38:07Alors, je l'aime aussi.
38:10Adieu.
38:30Adieu.
39:01Madeleine ?
39:04Madeleine, qui est-il ?
39:06Je ne peux pas vous le dire, monsieur le lieutenant.
39:09Folie ! Nous autres, vieux soldats,
39:10le fracas des canons nous a forgés les oreilles
39:12pour tout entendre.
39:18Monsieur Turcay ne serait passé à l'action.
39:21J'ai d'autres traces.
39:23Ce sont là les affaires de famille, Madeleine.
39:25Cependant,
39:27je parlerai à votre mari.
39:29Il ne vous écoutera pas.
39:32Je me fais écouter par un moyen dont je suis un menteur.
39:37À présent,
39:39allez dormir.
39:41Rentrez dans votre chambre.
39:43Dormir vous fera grand bien.
39:57Dormir.
40:28Monsieur.
40:32C'est toi, Planchet.
40:34Mais cette corde, monsieur.
40:37Une cordelette, Planchet.
40:40Et de soie.
40:43C'est un symbole.
40:46Non, monsieur.
40:48Ne me dites pas que vous allez vous mettre cette corde au cou.
40:50Toute de soie qu'elle est, monsieur.
40:52Non, le mariage.
40:53Croyez en mon expérience.
40:54Aurais-tu reçu des nouvelles de chez toi ?
40:56Toutes fraîches, monsieur, de ce matin.
40:57Et quelles sont-elles ?
40:58Fort bonnes, monsieur.
40:59Ta femme ?
41:00Maty.
41:01Définitivement.
41:02À ça, monsieur, je ne saurais m'engager.
41:04Mais l'échine de la bête me semble s'être considérablement assouplie.
41:08Sa denture rognée.
41:09Ses ongles rangés définitivement au magasin des accessoires.
41:12Elle veut que je reprenne mon commerce, monsieur.
41:14Et tu vas le reprendre ?
41:15Ah, monsieur, je n'aurai pas le coeur de quitter le service de monsieur
41:18avant que le terrible Lafon...
41:20Le terrible Lafon ne nous ait rendu le portefeuille du pape
41:24et que nous n'ayons remis ce portefeuille en main propre
41:26à son imminence le nouveau cardinal.
41:28Et dont je mets la patience avec l'épreuve.
41:30Ah, Planchet.
41:31J'enrage de jouer ici la chevette
41:33attendant le retour du tigre.
41:35Je suis un homme de guerre, Milius.
41:37Si dans deux jours rien de nouveau ne se produit,
41:39si nous n'aperçons pas la renure d'un ongle
41:41de notre scélérat, c'est juré, Planchet,
41:43nous déménageons d'ici.
41:45Et dût-il y en avoir passé tout le royaume de France
41:47au pays de fin,
41:48nous le retrouvons, ce Lafon de Malheur.
41:50J'ai confiance en monsieur Pélisson de Pélissas, monsieur.
41:53Surtout depuis qu'il est maréchal.
41:55Et bien qu'il ait été réduit de moitié.
41:57Non, non, monsieur Pélisson de Pélissas
41:59est un grand savant qui sait de source sûre
42:01que Turcaine et Lafon sont cul et chemise.
42:04Celle-ci finira bien par retrouver celui-là, monsieur.
42:06Révérence parlée, monsieur.
42:08Nous attendrons deux jours, Planchet, pas un de plus.
42:10Mais que me voulais-tu dire?
42:12Que monsieur de Rabutin, comte de Bucy,
42:14vous attendait en bas.
42:16Il m'attend, dis-tu, en bas?
42:17Il vous attendait.
42:18Je l'ai rencontré comme j'arrivais.
42:20Il m'a dit qu'il désirait contempler
42:22l'hôtesse dont on lui avait parlé.
42:24Madame?
42:25Fort bol, personne.
42:26Oui, certes, mais encore.
42:27Il a rajouté que cette contemplation
42:29ne durerait pas plus de cinq minutes
42:31et que si vous n'étiez pas descendu au-delà de ce temps,
42:33il vous prierait de bien vouloir le rejoindre chez lui.
42:35Mais que ne me l'as-tu dit plus tôt?
42:43Ah, je vous souhaite bien bonjour, madame notre belle hôtesse.
42:46Mais qu'avez-vous répondu à ce gentil homme
42:48qui désirait tant vous contempler
42:50que sa contemplation ne dure que le temps
42:52d'une averse d'été.
42:54Que nous n'étions pas en été, précisément,
42:56et que ce n'était point là le temps de la contemplation.
42:59Ah, monsieur Planchet,
43:01un gentil homme veut vous contempler
43:04alors qu'on voudrait tant que ce soit un autre qui vous regarde.
43:07Madeleine!
43:09Mais, Madeleine,
43:11c'est une nouvelle marque sur votre cou.
43:15Madeleine!
43:18Hola!
43:20Monsieur le buveur!
43:22Déjà au travail à cette heure?
43:24Oui, monsieur.
43:26Il semblerait que nous ne nous sommes pas couchés?
43:29Si, monsieur. Nous nous sommes coussés.
43:31Une heure.
43:33Une heure? Et pourquoi ça?
43:35Pour étudier les particularités tant physiques que morales de notre femme.
43:38Monsieur Turcotte.
43:39Monsieur l'officier.
43:41Il me paraît excellent de consacrer ces nuits à l'étude,
43:43mais je tiendrai pour l'essentiel que cette étude
43:45soit dans la douceur du calme.
43:47Qu'entendez-vous par là?
43:49Que je ne veux plus voir de cicatrices sur le corps de votre femme.
43:59Madeleine.
44:05Mais, Madeleine...
44:12Deux jours, Planchet, c'est trop.
44:14Nous ne pouvons plus attendre.
44:16Commence à fouiller le quartier.
44:17Renseigne-toi sûr, Turcotte et ses amis.
44:19A défaut de la fonte, tu trouveras bien quelques indications.
44:21Moi, je cours chez Bussy.
44:23Bien, monsieur.
44:33Nartagnan!
44:35Quel bonheur!
44:38Je craignais de vous avoir offensé avec mes discours.
44:42Je suis une fameuse folle.
44:45Venez, ne me quittons plus.
44:47Mais je croyais que Roger voulait...
44:49Roger? Mais qui vous parle de Roger?
44:52Nartagnan, je te parle de nous.
44:54Si Roger est sorti, il n'est pas rentré.
44:57Et s'il est rentré, il sortira.
44:59Quelle importance!
45:03C'est dans ce cabinet que j'étudie les poètes latins
45:05en compagnie de monsieur Ménage.
45:07Monsieur Ménage a déserté son poste
45:10pour se rendre à une invitation de boire du chocolat
45:12qu'il lui a faite monsieur Racan.
45:15Monsieur Racan étant le plus grand poète de son temps
45:18et le chocolat étant une boisson réconfortante
45:21par sa noire soeur aimable,
45:23monsieur Ménage a donc accepté cette proposition
45:26avec la fierté décente d'un jeune homme de lettres
45:28très capable de tremper un alexandrin dans sa tasse.
45:32Oh, Marie!
45:35Faute de héros latins,
45:39j'ai sous la main un héros français.
45:47Nartagnan!
45:54Monsieur Nartagnan,
45:56pour une fois nous allons nous battre.
46:01Il en sera comme vous voudrez, monsieur.
46:04Je n'ai que faire de votre opinion là-dessus.
46:07Oui, monsieur Nartagnan.
46:09Il est mieux valu que je ne vous connaisse jamais.
46:12Rassurez-vous, c'est chose faite à présent.
46:37Oh!
47:02Il n'y a pas que les bousquetaires du roi
47:04qui chatouillent sur l'honneur.
47:06C'est pas vrai?
47:08Et s'il croit que parce que mon idiot de femme
47:10l'entoure d'un gros soupir et de yade mouillé,
47:12il va faire la loi chez moi, il se trompe!
47:17Et ceci au bergiste?
47:19Tu croyais que monsieur Claude Gonzague Vélisson de Vélissard
47:22avait loué intégralement l'auberge?
47:23Et alors? J'ai pas le droit de recevoir quelques amis?
47:25Des amis?
47:27Monsieur le lieutenant,
47:29je concevrai que vous vous plaignez du lit ou du plafond
47:32car le premier pour s'y étendre,
47:34c'est parce que vous avez fait partie du logement.
47:37Mais on ne vous a pas loué le corps de madame Turcaine,
47:39à ce que je sache.
47:40A moins que...
47:41A moins que?
47:42A moins que vous la considériez comme oreillée,
47:44ce qui serait une autre affaire.
47:47Non, monsieur Turcaine.
47:50Mais je prends vos joues pour aiguiser mon rasoir.
48:04Allez!
48:06Dehors!
48:24Ceci n'est qu'un premier calmant.
48:26En cas de récidive, nous prendrons l'autre bras,
48:29puis les jambes,
48:31ensuite...
48:32Ensuite?
48:33Ensuite, il restera toujours bien une paire d'oreilles,
48:35mon cher Turcaine.
49:04Monsieur le lieutenant.
49:07Allez, doucement, mes hommes, attention.
49:08Marchez sans hurle.
49:09Doucement, doucement, doucement.
49:11S'il vous plaît.
49:12Doucement, doucement, doucement.
49:14Voilà, très bien, très bien.
49:16Ah!
49:17Bonjour, pleine patrie.
49:20Partribord, chambre numéro un.
49:21Petit partribord.
49:22Ah, non.
49:23D'accord, d'accord.
49:24De toute façon, on peut présenter deux flancs
49:26à mon cher ami d'Artagnan.
49:28Excusez-les.
49:30Ah!
49:31À mon cher ami d'Artagnan.
49:33Excusez-les.
49:34Mes jambes n'ont plus de tête.
49:36Je viens de rencontrer les témoins de monsieur de Rabutin.
49:39Ce sont messieurs Doloré et de Sévigné.
49:42Deux excellents gentils hommes bretons.
49:46Oui, monsieur de Rabutin les a choisis bretons
49:49parce qu'il sait cette race belliqueuse
49:52et que précisément...
49:54Précisément?
49:56Il veut vous tuer.
49:58Je n'ai pas fait d'objection à ce programme
50:00mais je préfère vous le voir expédier auparavant
50:03pour lui ôter ce mauvais dessin.
50:08Je garde dans l'arrière de ma tête
50:10une machine à supprimer les duels.
50:14Les adversaires seront étendus sur des lits
50:16animés d'un certain mouvement.
50:18J'obtiendrai à volonté les blessures à la tête,
50:21au cou, aux jambes et même la mort
50:23à l'aide de leviers que j'actionnerai.
50:26Cela éviterait les petits désordres
50:29qui se mettent inévitablement dans ces sortes de choses.
50:34Progrès supplémentaire,
50:36un chirurgien et un prêtre seraient immédiatement à pied d'oeuvre.
50:40Pardonnez-moi messieurs.
50:42Une lettre, monsieur le lieutenant.
50:50Huit heures.
50:52Toute la nuit.
50:55Madeleine, aidez-moi à passer mon manteau.
50:58Le bouillon d'anthes, un meilleur goût pour vous que le bouillon de poule.
51:02Vous ne prenez rien avant de partir ?
51:04Non, merci.
51:06Cher ami, veuillez m'espérer.
51:08Ici, avec mes deux jambes.
51:10C'est en effet ici que vous me reverrez demain matin.
51:13Demain matin, juré.
51:15Madeleine.