• il y a 3 mois
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Transcription
00:00Europe 1, 9h-11h, le club de l'été.
00:05Je viens d'un autre temps, d'un autre sablier, mais nos âmes sont collectées.
00:14Merci d'être en ligne avec nous ce matin Catherine Lara.
00:17Merci de m'inviter, merci beaucoup.
00:20On vous retrouve sur scène dans le nouveau spectacle Identité,
00:23une création musicale et chorégraphique avec votre violon.
00:26Vous accompagnez les quatre danseurs de la compagnie Kumo.
00:29C'est la rencontre des musiques du monde, classique orientale et de la danse hip-hop.
00:33Identité, un spectacle onirique, poétique, tantôt exalté, tantôt empli de douceur
00:38et qui incite à la réflexion.
00:41Pour commencer simplement Catherine Lara, c'est quoi la genèse d'Identité ?
00:44Comment ça a commencé ?
00:46Ça a commencé sur scène en fait, parce que je suis allé les regarder, les voir,
00:54et les recevoir surtout, parce que j'ai trouvé ce spectacle,
00:59ils faisaient leur spectacle, Identité, à eux,
01:02et j'ai trouvé ça extrêmement émouvant.
01:04Je suis sorti de ce spectacle avec les larmes aux yeux, j'ai trouvé ça extrêmement touchant.
01:10Et la danse qui touche, c'est rare.
01:13Et cette façon de s'exprimer urbaine,
01:19qui est d'ailleurs, ce sont des chorégraphies extrêmement sophistiquées,
01:23extrêmement travaillées, c'est pas du tout de l'improvisation.
01:27Et j'ai trouvé ça magnifique, je suis allé les voir.
01:30Et puis j'ai dit, voilà, je suis tombé complètement amoureuse de votre monde
01:35et j'ai envie de faire quelque chose avec vous.
01:39Est-ce que ça vous branche ? Est-ce que ça vous tente ?
01:41Et ils m'ont tout de suite dit oui.
01:43Et puis après, évidemment, on a essayé, j'ai écrit des musiques,
01:46je voulais que le lien se fasse,
01:49parce que c'est tout de même presque un conflit de générations.
01:53Ils ont 25 ans et moi 79, donc il y a un petit écart entre les deux.
01:58Et finalement, on a 15 ans tous les cinq,
02:02et sur scène, on s'entend à merveille.
02:05Et puis on a surtout beaucoup de plaisir à travailler ensemble, on aime ça.
02:10Il y a une harmonie, il y a un état d'amour,
02:13il y a un état de bien-être, de donner du plaisir à ceux qui viennent nous voir.
02:19Et comme on a réussi ce pari-là,
02:22on continue, on a une trentaine de dates qui arrivent bientôt.
02:27Et je suis très heureuse, on va revenir à Paris, je crois, le 21 et 22 décembre.
02:32À l'Escala ?
02:33Oui, à l'Escala, on recommence encore, on l'a déjà fait trois fois.
02:37Donc, c'est une histoire qui fonctionne.
02:41Pourquoi ? Parce que c'est une histoire qui est pleine de...
02:44C'est un voyage amoureux, on dira, entre eux et moi.
02:50Catherine Lara, le violon peut permettre aussi, vous parliez de chorégraphie,
02:54le violon et l'instrument, qui peut permettre aussi aux musiciens de danser également ?
03:00Mais le violon, à l'origine, c'est un violon, c'est un instrument populaire.
03:05On dansait sur les violons, les reels québécois,
03:10dans la musique zigane, le violon fait danser.
03:14Le violon, c'est un instrument monophonique.
03:18C'est l'instrument qui donne le thème, ce ne sont que des thèmes au violon,
03:22et c'est ça qui est magnifique.
03:24C'est l'instrument qui donne envie de chanter, envie de danser,
03:27ou les larmes aux yeux, c'est un instrument extraordinaire,
03:30qui donne toutes les émotions.
03:32Et sur scène, vraiment, dans Identité, moi je joue du violon,
03:37c'est une autre façon de s'exprimer qu'avec les cordes vocales,
03:41ce sont des cordes de violon, mais au fond je joue comme je chante, et réciproquement.
03:45Et vous êtes intégré à la chorégraphie d'ailleurs, vous ne dansez pas mais vous avancez,
03:50il y a comme un dialogue aussi avec les danseurs, vous circulez sur la scène,
03:54vous êtes au milieu des danseurs, puis vous êtes à côté, derrière,
03:57vraiment vous êtes au cœur du spectacle, vous n'êtes pas juste accompagnatrice.
04:01Non, je ne danse pas, Dieu merci !
04:04Vous avancez, vous reculez, on vous voit faire des mouvements aussi avec les danseurs,
04:09c'est magnifique.
04:10Je suis autour d'eux, je m'évapore au milieu de ces chorégraphies,
04:18et j'essaie d'être la plus légère possible, et surtout d'être en harmonie avec eux,
04:24il y a une espèce de cohésion, physiquement c'est très fatigant, c'est pas rien.
04:29Mais j'aime ça, j'aime infiniment jouer du violon, d'être dans ce monde de la danse,
04:37parce que j'ai toujours adoré la danse, quand j'étais petite fille,
04:40de 8 ans à 14 ans, j'ai dansé, j'ai fait de la danse, j'adorais ça,
04:47et j'ai toujours aimé la danse, c'est un monde qui me touche,
04:51et d'être là au milieu de ces danseurs, c'est un plaisir immense.
04:56Vous dites, je remarque lors de mes spectacles, que moi je vieillis,
05:00mais que mon public rajeunit avec Identité, et ces chorégraphies hip-hop,
05:03vous touchez aussi à un plus jeune public, c'est ce qui vous a séduit dans ce projet Identité ?
05:09C'est de constater que la jeunesse aujourd'hui est intéressée par tout,
05:19ils s'en foutent de l'âge, il n'y a aucune importance,
05:23quel que soit l'âge, il y a des vieux de 20 ans, et puis il y a des jeunes de 80,
05:28donc c'est de se sentir jeune, on est vieux quand on se sent vieux,
05:33moi je n'ai pas d'âge, je suis prête à faire toutes les conneries de la Terre,
05:36et j'ai une âme de 15 ans, et je la garde, j'ai une âme d'enfant,
05:43et j'espère la garder jusqu'au bout.
05:45Cette rencontre de deux générations, c'est aussi la rencontre de genres différents,
05:51le classique, le rock avec le hip-hop, avec la musique urbaine,
05:55c'est ce qui vous a stimulé aussi, c'est de pouvoir mélanger toutes les identités finalement ?
06:01Ce qui était intéressant, c'est que cette chorégraphie est basée sur un monde urbain,
06:07avec le breakdance de tout cet univers urbain,
06:13mais la musique, au lieu de danser sur du rap ou sur cette musique-là,
06:18ils ont décidé de danser sur la mienne, c'est une telle différence,
06:27il y a un tel écart entre leur façon de danser et ma musique,
06:31on pensait que c'était juste bien sur le papier, que jamais on n'y arriverait,
06:35mais au fond ça fonctionne merveilleusement,
06:38parce que moi j'ai écrit une musique qui est à base d'émotions,
06:43aussi de rythmes, c'est très énergique,
06:48mais ça fonctionne terriblement, justement,
06:52parce que c'est dichotomique, nos mondes sont opposés,
06:58et au fond se rejoignent tellement bien, tellement bien.
07:02Ce spectacle Identité, vous êtes sur scène Catherine Lara,
07:05avec les danseurs de la compagnie Kumo, on continue d'en parler,
07:08dans le club de l'été vous restez avec nous,
07:10et dans un instant on partira en balade aussi, grâce à un auditeur d'Europe 1
07:13qui nous fait découvrir son lieu de vacances ou son lieu de résidence,
07:16à tout de suite sur Europe 1.
07:33Le club de l'été avec à mes côtés Marie Gickel qui reste avec moi jusqu'à 11h,
07:38et avec notre invitée Catherine Lara.
07:40Catherine, on entend un extrait de votre spectacle Identité,
07:42pendant lequel vous accompagnez au violon sur scène les danseurs de la compagnie Kumo,
07:48cette rencontre des musiques orientales, musiques du monde,
07:51musiques épiques, cinématographiques,
07:53avec ces danseurs qui dansent du breakdance, du hip-hop.
07:57Comment avez-vous travaillé ?
07:58Est-ce que ce sont eux les danseurs qui se sont adaptés à votre musique,
08:02ou vous vous avez composé en les voyant danser ?
08:05C'est quoi la cuisine avant ?
08:07C'est un peu des deux la cuisine, parce qu'au départ je me suis moi adapté.
08:14Il y avait déjà des chorégraphies de fêtes avec d'autres musiques,
08:18et je me suis adapté à leur monde, à leur univers.
08:22J'ai créé d'autres musiques pour eux.
08:26Et puis finalement, ils m'ont demandé d'écrire d'autres morceaux.
08:31Ils se sont adaptés sur ma musique, ce qui fait que c'est un échange.
08:36Ça fonctionnait tellement bien.
08:40L'alchimie est passée, et on s'est donné mutuellement,
08:46on a échangé notre créatif.
08:49Alors justement, qu'est-ce que vous avez appris d'eux ?
08:52Et eux, qu'est-ce qu'ils ont appris de vous ?
08:55Eux, il faut leur demander ce qu'ils ont appris de moi, je ne sais pas.
08:59Est-ce que vous leur avez donné par exemple des conseils ?
09:02Je ne sais pas, sur quoi vous avez échangé par exemple ?
09:05Je donne très peu de conseils.
09:08Je préfère en recevoir.
09:11Je ne suis pas du tout quelqu'un qui conseille.
09:14On a travaillé vraiment en harmonie, c'est-à-dire qu'on échangeait nos idées.
09:18On avait toujours le droit de se dire, le metteur en scène, c'est Jameson.
09:22Mais on avait toujours le droit de proposer quelque chose.
09:25C'est quelqu'un qui donne beaucoup de liberté.
09:27Et quand on a une idée, même si elle est totalement idiote,
09:30il est important de pouvoir s'exprimer.
09:33Donc moi, quand j'avais une idée, je la proposais.
09:36Parfois elle était bonne, parfois elle n'était pas bonne.
09:39On travaillait tout à fait ensemble.
09:43Mais le final cut, c'est tout de même Jameson qui l'avait.
09:46C'est lui qui décide de la mise en scène.
09:49Le spectacle Identité de la compagnie Kumo existait déjà.
09:52Vous l'avez évoqué un petit peu plus tôt, Catherine Lara.
09:54Il est devenu Identité au pluriel.
09:57Qu'est-ce que ça signifie exactement ?
09:59À part cette rencontre entre vous.
10:02Nos identités déjà.
10:05C'est intergénérationnel.
10:08Entre mon univers, leur univers.
10:13C'était surtout l'identité.
10:15C'était de se retrouver quelque part au centre d'un intérêt commun.
10:21Et ça a été à la fois beaucoup de travail.
10:24Parce qu'on a beaucoup répété, beaucoup travaillé.
10:28Puis cet traité, tous ces problèmes ou pas de société.
10:33En le faisant légèrement.
10:36En n'étant pas non plus politisé.
10:38Parce que je n'avais pas envie de ça.
10:40On a assez de politique comme ça.
10:42On a envie d'être poétique.
10:44Et notre propos est poétique, il n'est pas politique.
10:47Mais bien sûr que les choses, les femmes battues.
10:50La sensualité.
10:53Le fait d'être mère.
10:56Tout ce qui peut entourer ce monde-là.
11:00On le traite parce que c'est la vie.
11:03Et on veut parler de la vie.
11:05De l'identité de chacun.
11:07Et de se dire que oui, on est différents.
11:10On n'a pas la même couleur de peau.
11:12Mais au fond, on est tous des êtres humains.
11:15Et on s'en fout de la couleur de la peau.
11:17Ce qui compte, c'est ce qu'on a au fond de l'âme.
11:19Ce n'est pas un simple spectacle musical et de danse.
11:22Il y a des messages qui sont transmis à travers ces arts.
11:25On va continuer d'en parler avec vous.