Le nombre de naissances en France a reculé de 2,4 % sur le premier semestre de 2024

  • le mois dernier

Mickaël Dorian revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il évoque le nombre de naissances en France qui a reculé de 2,4 % sur le premier semestre de 2024.
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00:00Europe 1 et vous. 11h-13h, Mickaël Dorian.
00:15Elle a fait un bébé toute seule, c'était en 1987.
00:18Et depuis, on fait plus du tout.
00:21On fait de moins en moins de bébés en France.
00:23Le nombre de naissances a reculé de 2,4% sur les 6 premiers mois de l'année.
00:27Avec 326 000 bébés nés entre janvier et juin 2024.
00:32Au seul mois de juin, le nombre de naissances a chuté de 7,9%.
00:37Alors, pour rappel, l'année 2023 était déjà l'année la plus basse jamais enregistrée.
00:42Emmanuel Macron avait d'ailleurs, souvenez-vous, annoncé des mesures,
00:46comme souvent d'ailleurs, dès qu'il se passe quelque chose dans l'actualité,
00:48on annonce des mesures maintenant.
00:50Et bien là, c'était le fameux réarmement démographique
00:54qui avait amusé tout le monde avec un grand plan pour lutter contre l'infertilité
00:57et la création d'un congé de naissances de 6 mois.
01:01On va en parler avec Didier Breton.
01:04Bonjour Didier, merci d'être avec nous.
01:07Monsieur Breton, vous êtes chercheur associé à l'INED,
01:10l'Institut National d'Études Démographiques, c'est bien ça ?
01:14Oui, c'est ça, et professeur à Strasbourg, à l'université.
01:17Et professeur à l'université de Strasbourg.
01:19Il est encore tôt pour faire le bilan du fameux réarmement démographique d'Emmanuel Macron,
01:25mais est-il dans son rôle ?
01:27Est-ce réellement le rôle des politiques de se mêler de l'intime ?
01:31Car il me semble que le désir d'enfanter, vous m'arrêtez si je me trompe,
01:34relève tout de même de l'intime, monsieur Breton.
01:37Oui, alors le désir, oui, en effet.
01:39Mais les politiques publiques, elles ont tradition d'accompagner un peu les couples,
01:44c'est-à-dire au moins de rendre possible, ou le plus facile possible, les projets.
01:49De parentalité et de fécondité.
01:51Oui, c'est-à-dire que les politiques peuvent faciliter, accompagner la réalisation de ce désir,
01:55c'est ce que vous voulez dire ?
01:57Oui, c'est ça, le faciliter, en rendant possible une activité, par exemple professionnelle,
02:01en même temps qu'élever ses enfants,
02:03ou en rendant possible, par exemple, le coût d'un enfant, de garderie, etc.
02:10C'est ce que je dis, accompagner les familles, c'est-à-dire en rendant possible un désir.
02:14Alors, en 2023, le nombre de naissances est passé sous la barre symbolique des 700 000,
02:18pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale,
02:21ça s'explique comment, selon vous ?
02:24Alors, le nombre de naissances, en effet, il baisse.
02:27Alors, on sort d'une période un peu tourmentée avec les effets du Covid,
02:31qui nous rendait un petit peu difficile la lecture des tendances.
02:34Maintenant, le Covid est un peu derrière nous,
02:36et en effet, le nombre de naissances baisse.
02:38Alors, il baisse...
02:39Parfois, les naissances peuvent baisser,
02:40parce que juste, il y a moins de femmes qui sont en âge d'avoir des enfants,
02:43alors là, ce n'est pas le cas, c'est vraiment le comportement.
02:45C'est-à-dire, c'est en effet moins de personnes qui ont un enfant,
02:49ou qui auront un enfant à la fin de leur vie féconde.
02:51Alors, il y a plusieurs explications, on pourra y revenir.
02:53Non, mais je vous écoute, allez-y.
02:55Oui.
02:56La première, il faudrait savoir qui sont les gens qui, entre guillemets,
03:00auraient dû, au regard de ce qui se passait dans les années précédentes,
03:04auraient dû avoir un enfant,
03:06puis ceux qui ont renoncé, qui ont reporté.
03:09Nous, on est plus au stade des hypothèses,
03:12c'est-à-dire que, par exemple, il est probable
03:14qu'une partie des personnes qui avaient un enfant
03:18se mettent à ne pas en avoir.
03:20Et puis, l'autre élément important,
03:23on avait une spécificité en France, c'était le troisième enfant.
03:26Ou, plus souvent qu'ailleurs en Europe,
03:29les couples passaient de deux à trois enfants.
03:32Alors, il est probable que cette tendance au troisième enfant,
03:35ou cette probabilité, ou cette propension à avoir un troisième enfant, diminue.
03:40On parlait de joie de vivre tout à l'heure avec Gilbert Montagné,
03:43qui était notre invité.
03:45Est-ce qu'il n'y a pas un peu de ça aussi ?
03:47Est-ce que le pessimisme ne règne pas dans la société aujourd'hui ?
03:51Et finalement, le fait de ne pas vouloir offrir
03:54un monde comme celui dans lequel on vit,
03:57finalement, à nos enfants ?
03:59Tout à l'heure, vous avez rappelé les chiffres publiés par l'INSEE.
04:02C'est exactement, probablement, ce qui s'est passé en juin 2024.
04:07C'est les conceptions d'octobre 2023.
04:10En octobre 2023, on connaît les événements qu'il y a eu.
04:13Voilà, typiquement, la chute de 7,9%,
04:16elle est en partie liée à un climat un peu anxiogène
04:19qui a fait qu'une partie des couples ont probablement renoncé
04:23à avoir un enfant au moment, ou de concevoir un enfant au moment,
04:26du fait de l'actualité.
04:28Alors, ça, ça arrive.
04:29Mais l'actualité, elle a plus des effets sur ce qu'on appelle le calendrier,
04:33c'est-à-dire le moment où on décide,
04:35plus que sur le nombre d'eux.
04:37C'est plutôt les tendances à long terme,
04:40ou les changements de valeur qui font les changements à long terme
04:43et le nombre d'enfants.
04:44Vous voulez dire que quand l'actualité est mauvaise,
04:47les gens ont moins envie de concevoir ?
04:49Oui, en tout cas, ils reportent leur projet de fécondité en disant
04:55bon, là, c'est peut-être pas trop le moment,
04:57j'ai que des décisions à long terme,
04:58donc ils vont reporter ces décisions.
05:02C'est ce qui s'est passé sur les naissances de juin 2024,
05:05puisqu'une chute de 7,9%,
05:07c'est pas une tendance longue,
05:09c'est vraiment une réponse à un stimulus particulier
05:13qui ont été les événements au proche orient très certainement.
05:16D'accord.
05:17Ça veut dire que ça devrait peut-être augmenter en juillet ou août,
05:23mais ça, tout dépendra de comment ont apprécié les individus
05:27qui étaient à un moment de leur vie
05:29où ils pouvaient décider d'avoir un enfant,
05:31sur l'appréciation de la crise.
05:33Est-ce que pour eux, c'était une crise de long terme ou de court terme ?
05:35Peut-être que les JO, finalement...
05:37Il va y avoir un baby-boom au mois d'avril l'année prochaine ?
05:39C'est ça, peut-être que l'ambiance des JO,
05:41la joie finalement des exploits français de nos athlètes
05:46avec toutes ces médailles vont peut-être pousser les Français
05:49à faire davantage de bébés ?
05:51C'est un anecdotique, mais c'est pas impossible.
05:54On a déjà vu des rebonds comme ça, plutôt positifs.
05:57Là, je parlais d'un rebond négatif tout à l'heure,
05:59mais de rebonds positifs, on le voit.
06:01Il y a un élément qui est montré de longue date
06:04par des collègues, notamment d'Inède,
06:06Léridon au départ et puis Arnaud Rényi après,
06:09qui montrent qu'en France, au mois de septembre,
06:12on a un petit pic, 28-29 septembre,
06:14qui sont liés aux conceptions du nouvel an.
06:16C'est vraiment des effets, je vous dis, conjoncturels
06:21et qui n'ont pas d'effet sur la tendance longue
06:24du nombre d'enfants par femme.
06:25Est-ce qu'il y a un effet vacances d'été ou pas du tout ?
06:28Est-ce qu'il y a un effet amour de vacances ?
06:30Il y a une saisonnalité des naissances,
06:32les pics de naissance, c'est plutôt juillet, août, septembre,
06:35c'est-à-dire des conceptions qui ont lieu en fin d'année civile.
06:38Plutôt en fin d'année.
06:40Très bien.
06:42Merci beaucoup Didier Breton d'avoir été avec nous.
06:45Je rappelle que vous êtes chercheur associé à l'Inède,
06:48l'Institut national d'études démographiques,
06:50professeur également à l'université de Montpellier, c'est bien ça ?
06:53Non, de Strasbourg.
06:54De Strasbourg, pardon.
06:55Je ne suis pas du tout à côté.
06:56Ce n'est pas du tout le même endroit.
06:59J'ai voulu vous faire muter à Montpellier.
07:02Il y a peut-être quelque chose là-dedans.
07:04Oui, tout à fait.
07:05Merci Monsieur Breton d'avoir été avec nous.

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