• il y a 4 mois
Eh bien voilà ! Nous réclamions dimanche le dépassement du cadre, le décrochage de lune, et dès ce troisième jour nous avons été exaucés. Le vaillant Joan-Benjamin Gaba (-73kg) s’est engagé sur la voie escarpée du sublime et il est monté au sommet... Le récit de son incroyable chevauchée jusqu'à cette finale intense contre l'Azerbaïdjanais Hidayat Heydarov, premier de l'histoire à rafler les titres européen, mondial et olympique sur une même année civile, l'aura presque éclipsée, mais Sarah-Léonie Cysique (-57kg) n'a pas non plus manqué son deuxième tournoi olympique puisqu'elle se pare d'un bronze à valeur d'or après avoir fait le combat quasi parfait contre la Canadienne Christa Deguchi, tant attendue aux sommets et, certes dans la douleur, finalement exacte au rendez-vous. Déjà le troisième épisode d'Au coeur de Paris 2024, le dernier né du podcast Hajime de L'Esprit du Judo, en attendant de basculer sur une deuxième partie de compétition qui s'annonce toujours plus haletante.

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00:00Et bien voilà, nous réclamions dimanche le dépassement du cadre, le décrochage de
00:24lune et dès ce troisième jour nous avons été exaucés.
00:27Le vaillant Johann Benjamin Gabba s'est engagé sur la voie escarpée du sublime et il est
00:33monté au sommet.
00:34Du sublime, certains s'insurgent déjà et se font la remarque que le jeune français
00:39n'a pas satellisé tout le monde et que ses combats du matin pour s'extraire de
00:42son quart s'étaient soldés par des victoires aux pénalités.
00:45A cela, il faut rappeler d'où vient le titulaire du jour, à commencer par le fait
00:49que 35ème mondial avant ses Jeux, il n'aurait même pas été sélectionné s'il n'avait
00:54pas été français.
00:55On peut le dire, le parcours qu'il a réussi aujourd'hui et que nous allons vous raconter
00:59n'a pas d'équivalent dans notre histoire sinon peut-être celui de Bertrand d'Amézyn
01:03choisi en 1992 pour aller aux Jeux de Barcelone alors qu'il était peu de temps auparavant
01:09issu de la seconde division nationale et il s'était finalement emparé du bronze.
01:13Johann Benjamin Gabba a dû, lui, passer cette année par l'étape du championnat de France
01:19pour étayer une sélection internationale contestée.
01:22Quant au fait qu'il n'ait pas pu projeter tout le monde, c'est un peu normal quand
01:26on prend les meilleurs.
01:27Le numéro 1 et le numéro 2 mondial et dès le premier tour, un adversaire triple médaillé
01:32olympique en or en 2012 venu faire la passe de 4.
01:35Les Jeux, c'est un autre niveau.
01:37En outre, les pénalités sont revenues au centre du dispositif et on a trop déploré
01:42l'incapacité à certaines époques de nos combattants à maîtriser ces enjeux tactiques
01:47pour en faire aujourd'hui le grief à Johann Benjamin Gabba.
01:50Il faut un peu parler de ces pénalités d'ailleurs.
01:53Les deux jours précédents, l'ambiance des Jeux avait tout balayé et les combattants
01:57s'étaient moins appuyés sur l'arbitrage qui s'était lui-même fait discret.
02:01Aujourd'hui, l'homme en noir s'est remis au centre et malheureusement souvent pour
02:06le pire.
02:07Non pas qu'il soit mauvais en soi, on le sait, des hommes comme Mathieu Bataille ou
02:11l'arbitre de la finale des moins de 73 kilos aujourd'hui, l'Espagnol Raul Camacho,
02:16sont même excellents et perçoivent très bien le judo.
02:19Mais la conception actuelle est de suivre le règlement à la lettre, un règlement
02:23qui ne cesse par des effets de généralisation ou d'accumulation de détails de s'éloigner
02:28de la raison d'être originelle des pénalités, c'est-à-dire protéger l'intégrité physique
02:33quand elle est réellement menacée et empêcher les gestes négatifs qui entravent l'expression
02:38du judo.
02:39Un règlement qui ne cesse de s'étoffer aussi dans l'idée contraire au bon sens
02:44d'avoir des arbitres qui n'auraient plus besoin de réfléchir.
02:47Sauf qu'au lieu d'aider à la dynamique du combat et à sa justice, la pénalité
02:51est aujourd'hui non seulement mal comprise, y compris des amateurs de judo, mais aussi
02:56intempestive, contraire à l'esprit du combat.
02:58De soutien au judo, l'arbitre est devenu obstacle à l'expression du judo, ce qui
03:03est tout de même un comble et un obstacle dont il faut absolument tenir compte pour
03:07ne pas perdre, ce qui incite tout le monde à développer l'habitude de s'appuyer
03:11sur les règles pour l'emporter.
03:13De quoi détruire l'esprit du judo et sa dimension spectaculaire.
03:17La fédération internationale, qui se vante de promouvoir le judo comme un grand spectacle
03:22télévisuel, se trompe totalement sur ce point, s'évertuant à faire le contraire
03:27de ce qu'il faudrait et persévérant dans l'erreur, gâchant les belles histoires
03:31naissantes par son obsession de la règle, des histoires qui sont bien sûr toujours
03:35des histoires d'affrontements et de combattants, le précieux sel de notre culture commune.
03:40Aujourd'hui donc, les arbitres sont revenus, les combattants ont donc eu la tentation de
03:44passer par l'obtention de la disqualification adverse et les pénalités sont tombées.
03:49De nombreux combats importants se sont joués de cette façon, plus de 30% se sont finis
03:54par une disqualification sous les yeux du monde entier qui nous regarde sans comprendre
03:59et au grand déplaisir d'un public peu décidé à revenir vers l'ennui et l'agacement
04:03après deux jours de miracles.
04:05Sublime donc, le mot n'est pas trop fort pour le parcours de Johann Benjamin Gabba
04:10aujourd'hui, bondissant comme un fauve affamé prêt à se nourrir dès qu'on le lâcherait
04:15dans l'arène.
04:16Il réglait d'entrée le sort d'un géorgien mal réveillé, le monument Lacha Chavda Tuasvili
04:21triple médaillé olympique.
04:22Il y a encore peu de temps, notre représentant aurait rendu une partition courageuse mais
04:27brouillonne qui l'aurait conduit vers la sortie avec les honneurs.
04:31Ce n'était plus le même ce lundi, il traversait le vieux guerrier Chavda Tuasvili avec mobilité,
04:37précision sur les mains et sens de l'anticipation pour placer les attaques, les bonnes comme
04:42les nécessaires au point de le laisser sur place.
04:44Une disqualification cruelle pour les géorgiens car elle traduisait exactement la façon dont
04:50la nouvelle génération prenait le pas sur l'ancienne.
04:53En finale de quart de tableau, le japonais Hashimoto a dû aussi avoir un peu ce sentiment
04:58en tâchant de le contenir sans y parvenir.
05:01Il succombait lui aussi à une pénalité pour lâchage de saisie, celle qui y avait
05:05déjà injustement écarté la jeune Tara Baboulfat samedi de la finale.
05:10Une fausse bonne idée de la commission d'arbitrage qui a réussi à mettre fin sans grande raison
05:14avec cette règle à certains des duels les plus engagés et les plus passionnants de
05:19ces trois derniers jours.
05:20Johann Benjamin Gaba en demi-finale des Jeux Olympiques, ce n'était pas une succession
05:24d'exploits mais encore un peu plus que cela.
05:27Dans cette demi-finale un peu imprévue face au Moldave, et bien que cet adversaire soit
05:3113ème mondial et auteur d'une belle série de victoires en tournoi, c'était désormais
05:36le jeune conquérant français qui avait la pression.
05:39Perdre contre cet Adil Osmanov après un tel démarrage, c'était impensable.
05:44Mais Johann Benjamin Gaba n'avait pas l'intention de redescendre à l'étage des combattants
05:48ordinaires.
05:49Il continuait à prendre les initiatives mobiles et dominateurs s'appliquant à toujours
05:55se dégager de la grosse main gauche du Moldave, son point fort.
05:58Et à mi-combat, l'opportunité se présentait d'une impressionnante séquence au sol sur
06:03son renversement favori qui consiste à faire levier sur le bras avec la jambe pour obliger
06:07l'adversaire à rouler sur le dos.
06:09Osmanov donnait tout ce qu'il avait pour se dégager et échappait de justesse au ripon
06:14mais concédait le wasari à la maîtrise étonnante de Gaba.
06:18Grillé par cet effort de titan, il n'était plus ensuite qu'un chiffon dans les mains
06:22du français qui concluait, message tout à fait involontaire au dénigreur du matin,
06:27par un emplafonnage en règle sur un majestueux soudé Tsurikomi Goshi.
06:31Johann Benjamin Gaba, le combattant courageux mais peu récompensé, était sorti de la
06:35crise alide.
06:36Il avait grandi pour devenir un nouvel avatar de lui-même, plus méchant et plus mortel.
06:41Il y a peu, il était membre des forces spéciales, le surnom de la Dream Team des juniors français
06:46des années 2020-2022, presque tous médaillés mondiaux sauf lui d'ailleurs qui n'avait
06:52ni que cinquième.
06:53Mais cette fois c'était lui, il était en finale olympique.
06:56Une montée en puissance, saluée par l'ancien leader de cette équipe jeune, Stéphane Frémont
07:01que le patron de l'équipe de France Masculine, Baptiste Leroy, avait judicieusement remis
07:05au service de la préparation des jeunes issus de cette matrice qu'il avait largement contribué
07:11à construire.
07:12Quand tu les confrontes, leur rêve et son projet c'était un jour d'être champion
07:16olympique.
07:17Le travail paie.
07:19Mais quand ça vient d'eux, tu les confrontes à ce qu'ils veulent et à ce qu'ils mettent
07:25en place.
07:26Et Johan, il y avait souvent du déséquilibre là, et là cette année, Baptiste en me faisant
07:31revenir, ça m'a permis de recaler tous les trucs et du coup ça s'est organisé.
07:38Avec la diète, il gérait mieux ses régimes, il ne mangeait pas les jours de compétition,
07:44il a mangé, tout s'est un peu organisé.
07:47Du coup, ça va encore valoriser ce qu'il a mis en place et maintenant il a des titres
07:54à aller conquérir.
07:55Il fait deuxième, il fait de superbes journées, il vaut mieux que ça.
07:59Il fallait bien cette transformation 2.0 pour assumer une finale olympique entre le triple
08:04champion d'Europe et champion du monde en titre, l'invincible Kataman venu d'Azerbaïdjan,
08:09Hidayat Eydarov.
08:10Un boulimique de victoire aussi fort dans ses attaques par en dessous que dans ses enchaînements
08:15au sol et monstre de volonté et de courage, des corps plantés.
08:19Après la victoire pour le bronc des deux victimes de Gaba, le japonais Hashimoto et
08:23le moldave Osmanov, signe qu'ils étaient au meilleur de leur forme ce jour-là, l'ultime
08:28combat des moins de 73 kilos pouvait s'engager.
08:31Le français s'appliquait de toute sa volonté affermie à ne pas laisser l'Azerbaïdjanais
08:36prendre sa saisie préférentielle, celle qui lui permet d'enrouler tout le monde
08:40comme un cobra royal qui accrochait dans une proie.
08:43Déterminé à ne pas subir, Johann Benjamin lançait un haut sautougari d'une main dès
08:47la première prise de garde, obligeant Eydarov à se retourner en urgence avant de l'attaquer
08:52durement au sol.
08:53Le public en avait frémi d'excitation.
08:56Les quatre premières minutes allaient couler comme de l'eau, consacrées à un travail
09:00constant de contrôle de la manche gauche du champion azerbaïdjanais qui cherchait
09:04à se dégager et à surprendre, mais sans succès.
09:06Malgré son expérience et son talent, il ne parvenait pas à prendre en défaut son
09:11jeune adversaire, à le mettre en danger ou à le faire pénaliser.
09:15De son côté, toute l'énergie de Gabba passait dans ce strict contrôle du Kumikata
09:19et à garder sa propre mobilité.
09:21Ses grands hauts sautougaris ne surprenaient pas.
09:24Bien arbitré par Raúl Camacho qui n'en faisait pas trop, les deux hommes se savaient
09:28face à face, sans armes magiques à découvrir de ce côté-là.
09:32C'était coup pour coup pour trouver la faille ou prendre un avantage au sol à chaque fois
09:37annulé par l'un ou l'autre dans une débauche d'énergie dans les bourrasques
09:41sonores venues d'étraver de l'aréna.
09:43Le temps passait sans que personne ne cède, pas même l'arbitre qui faisait ce qu'on
09:48attendait de lui, soutenir la qualité de ce spectacle aussi vibrant que vivant de ce
09:53combat époustouflant.
09:54Plus les séquences fortes et rapides succédaient aux séquences fortes et rapides, plus les
09:58réservoirs de glycogène se vidaient dans les corps.
10:02Après trois minutes de golden score, les organismes au bout du rouleau laissaient deviner
10:06l'âme mise à nu des deux antagonistes.
10:08Il faut ça pour se relever quand la biochimie devient impuissante à mobiliser les muscles.
10:14Ni le champion du monde, ni le français chez lui cherchant à le supplanter ne voulait
10:18céder.
10:19Mais après plus de cinq minutes au-delà du temps réglementaire, il fallait en finir.
10:23L'un comme l'autre allait chercher de plus en plus souvent la prise de risque au
10:28corps à corps, s'offrant de grosses attaques mutuelles et de grosses frayeurs.
10:32Efforts se restaient à l'expérience et Darov trouvait le déséquilibre par une
10:36belle combinaison en Ouchi-Kosotogari et fixait enfin Kaba sur le dos.
10:41Le roi du moment avait résisté au prétendant, il gardait sa couronne et offrait aux judos
10:46d'Azerbaïdjan son second titre olympique devant Elnur Mamadli, son prédécesseur,
10:51fou de joie dans les tribunes.
10:52Tout le monde restait sans voix devant ce pur moment, cette immense finale qui faisait
10:57honneur aux judos au cœur de l'olympisme.
11:00A commencer par l'entraîneur Guillaume Faure qui dressait déjà avec le dernier
11:03filet sonore qui lui restait, le bilan d'une telle épopée.
11:07Dès le début de la journée, dans de bonnes intentions, avec l'envie d'avancer, avec
11:13des obstacles qui étaient tous franchissables à ses yeux étant donné que c'est des
11:17gens qu'il avait battus jusqu'au moins en demi-finale et puis derrière on n'est
11:23pas loin de l'exploit d'aller chercher le titre olympique, d'aller chercher quelque
11:28chose de magique.
11:29C'était le mot d'ordre.
11:30Chaque combat devait être une finale et on allait chercher une marche supplémentaire
11:35à chaque fois.
11:36On ne s'est jamais rien interdit toute la journée.
11:38C'était on va le faire, on va le faire et puis avec des moments, on alternait les
11:43moments sérieux, les moments de détente.
11:45Nous, on était dans notre bulle et puis ça a avancé, ça a marché.
11:51La finale, je n'ai pas eu grand-chose techniquement à lui dire parce qu'on l'a préparée
11:56il y a bien longtemps ce combat.
11:57Il a pris en stage à Idarov, il le connaissait, il y avait une ligne directrice à garder.
12:02La gestion du bras droit d'Idarov notamment, après il avait une carte à jouer techniquement
12:09là-dessus.
12:10Mais après, ça a été de la régulation qui soit lui frais psychologiquement avec
12:15l'envie d'y aller devant son public.
12:18Donc voilà, ça s'est fait assez naturellement dans la continuité des autres combats.
12:24Il n'a pas perdu un titre, il a gagné une médaille d'argent, c'est ce que je lui
12:27disais tout à l'heure.
12:28Et voilà, c'est quelque chose d'extraordinaire, une médaille olympique de toute façon, quelle
12:32que soit la couleur.
12:33L'or est magique mais l'argent est parfait.
12:36Donc Johan, il a 23 ans, il y a un an, il n'était pas médaille au championnat de France.
12:43Maintenant, il est champion de France, médaille européen, vice-champion olympique.
12:46Il a réussi un super tour de piste et maintenant, il a tout l'avenir devant lui.
12:51Et vu le gars que c'est, la manière dont il gère son projet, sa manière de s'entraîner
13:00et tous les à-côtés, je pense que ce n'est pas fini, vous allez encore entendre parler
13:04de lui.
13:05Au France, il y a un déclic parce qu'il se rend compte que déjà, même si quelque
13:10part, ce n'est que les France, ça fait du bien de gagner, il se rend compte qu'il
13:14mérite son statut de numéro 1 français.
13:16A partir de là, ça le libère, il part en tournoi, il gagne plus de combats que d'habitude,
13:23il arrive aux Europes, on sent qu'il a progressé, il fait une médaille, pareil, il est re-franchi
13:27un plafond de verre, etc.
13:29Maintenant, je pense que Johan, il l'a démontré aujourd'hui, il ne s'interdit plus rien.
13:33Et puis, pour aller encore plus loin, j'espère que ça va décomplexer tout le reste de l'équipe
13:40parce qu'on leur a bien dit, vous êtes tous capables aujourd'hui de faire une médaille,
13:44vous avez une équipe de dingue.
13:45Vous êtes tous prêts, vous êtes des supers mecs, vous êtes sérieux, on vous aime en
13:49plus parce que c'est vraiment des super gars et puis derrière, tout le monde est capable
13:55de ramener quelque chose.
13:56Et que retenait le héros du jour ? La déception du deuxième ou la conscience joyeuse d'être
14:02allé vraiment au bout de lui-même ?
14:03J'étais dans ma journée, je savais ce que j'avais à faire et puis le public, comme
14:07je vous le disais, était tellement incroyable, franchement, je ne pouvais que montrer la
14:11meilleure image de moi-même.
14:12Quand on se fait pousser comme ça, franchement, c'est limite si on ne ressent pas la fatigue,
14:16on se dit qu'on n'a pas le droit de craquer et je pense que ça donne énormément de force.
14:20Personne ne croyait en moi, je sais, je sais, aux Europes, j'ai déjà commencé, j'ai
14:24fait trois Europes l'année, personne ne pensait que j'allais faire trois Europes déjà
14:29et là, au jeu, au début, ça contestait ma sélection, etc., et moi, j'ai dit, je savais
14:38que je serais présent le jour J et je l'étais et je suis très content de ça.
14:41Si j'étais là, c'est que j'y croyais, si je n'y croyais pas, je n'aurais pas fait
14:44médaille aujourd'hui.
14:45Le minimum, c'est d'y croire, mais ça m'a tellement nourri et je l'avais dit que même
14:52avant les championnats de France aux Europes, quand je perds, je sais que j'ai le niveau
14:56de faire beaucoup mieux, malheureusement, je ne le fais pas, mais c'est dans la tête
15:01et je pense que le fait que les gens parlent, que les gens ne croient pas en moi, ça m'a
15:06donné aussi énormément de force parce que j'ai la tête dure et j'ai le mental et je
15:11me suis dit, OK, ils parlent, je vais leur prouver qu'ils ont tort.
15:13Mes adversaires, en général, ils savent que je suis fort parce que je les prends en
15:16stage.
15:17Et Darov, je l'ai pris en stage en Croatie, on l'a fait en stage en Croatie, je l'ai
15:19pris peut-être une dizaine de fois.
15:21Ils ne se disaient pas qu'ils prenaient un peintre.
15:23Je voyais qu'il était fatigué et pourtant, franchement, il a énormément de cardio,
15:26ce garçon.
15:27Et pourtant, je me relevais et j'avais l'impression que j'étais plus en forme que lui et l'adversaire,
15:32quand il est fatigué, qu'il a les mains sur les genoux et qu'il voit que nous, on se
15:35relève vite.
15:36Il se dit, mais comment je vais faire pour y arriver ? Et c'était un peu ça le principe
15:39de se relever vite.
15:40Je pense qu'il y a un petit manque de rigidité et en fait, j'étais à deux chido, on était
15:45tous les deux à deux chido, mais son début d'attaque, il était plus élevé que le
15:47mien.
15:48Il arrivait à attaquer avant moi à chaque fois.
15:49Et je préférais m'engager, tout donner, que je suis parti sur une phase de corps
15:54à corps où je me suis dit, bon, là, j'y vais et soit c'est lui, soit c'est moi, plutôt
15:58que perdre trois chido.
15:59Perdre trois chido, je trouve que c'est un peu dommage, donc j'ai essayé, j'ai tenté
16:03de tout pour le tout et ça a basculé en sa faveur.
16:06Tu l'as vu douter ?
16:07Franchement, je l'ai vu douter, je l'ai vu douter, je l'ai vu douter et en plus, je
16:11pense que j'avais moins de pression que lui parce que le mec, il est champion du monde,
16:14il se dit, je ne peux pas perdre alors que j'ai déjà gagné les championnats du monde.
16:18Il est presque un vaincu depuis un an, je pense.
16:19Donc je pense qu'il avait plus de pression que moi, donc je l'ai vu douter.
16:22Mais il a quand même gagné, félicitations à lui, c'est un grand champion.
16:26Il m'a dit que j'étais incroyable, que je m'étais battu comme un lion et en gros,
16:34il m'a félicité pour ma journée.
16:36C'est injuste pour Sarah Léonie Cizik, sa formidable journée est un peu éclipsée
16:41par la naissance d'un nouveau grand moins de 73 kilos français dans le sillage d'Hugo
16:45Legrand et Christophe Gagdiano, en bronze à Londres en 2012 et Atlanta en 1996, de
16:52Marc-Alexandre, champion olympique en moins de 71 kilos à Séoul en 1988.
16:57Sarah Léonie Cizik, on la savait sortant d'une période de convalescence, elle n'était
17:02pas citée par les grands médias pour une médaille potentielle, elle qui en avait gagné
17:06une à Tokyo trois ans plus tôt.
17:08Grosse erreur.
17:09Sarah Léonie Cizik aime les Jeux et il semble le lui rendre, plus agressive, plus dangereuse
17:15dans ses coups de volant inimitables, plus forte que jamais, elle réduisait en poussière
17:20toute opposition, humiliant même la japonaise Funakubo, pourtant troisième elle aussi à
17:24la fin de la journée, sur un incroyable Dehachibaraï dès la première prise de garde.
17:28Face à la grande Krista Deguchi, la canadienne, favorite pour le titre, elle montrait toute
17:33sa vitalité qui faisait par contraste ressortir le fait que la prestigieuse de Nagano, ville
17:39où elle est née, elle qui s'entraîne en ce moment à Tokyo, était usée jusqu'à
17:43la corde par son parcours de sélection.
17:46Épuisée par les coups de boutoir d'une combattante qu'elle a l'habitude de dominer,
17:50elle perdait pied et aurait aussi perdu le combat si l'arbitre ne s'était pas avisé
17:54que dans son désir de déplier le bras de son adversaire à sa merci au sol, la jeune
17:59Cizik avait glissé deux phalanges dans une manche adverse.
18:02C'est interdit et c'est le Shido.
18:04Et comme les arbitres ont la mauvaise habitude de monter rapidement à deux pénalités de
18:08part et d'autre, c'était le Shido de trop.
18:11Encore une disqualification aberrante pour le public et dans l'esprit, mais assumée
18:15par l'entraîneur Vandenend, le haut niveau, ça ne rigole pas.
18:18Elle a gagné en régularité, donc ça c'est vrai, sur l'Olympiade, après il manque,
18:24voilà aujourd'hui, elle fait une moulette, c'est-à-dire mettre les doigts dans le kimono,
18:28on leur dit, ils apprennent ça quand ils sont gosses, mais je pense qu'avec la fatigue
18:33aussi, elle n'a pas le sentiment d'avoir mis les doigts dans le kimono, moi sur la
18:37chaise je le vois.
18:39Donc je me dis, waouh, c'est dur, mais ils vont lui mettre.
18:43Je pense que celle-ci, elle est plus belle, même si elle est en bronze, pour moi elle
18:47est plus belle dans la mesure où elle a pris une claque et elle finit sur une victoire
18:51qu'elle peut célébrer derrière avec le public, c'est proche, donc malgré la déception
18:57elle l'aura peut-être sur le moment, mais voilà elle va pouvoir savourer une belle médaille
19:02de bronze.
19:03Il n'y avait pas de suspense pour la place de 3ème que Sizzik ponctuait magistralement
19:07en découpant comme elle en a l'habitude la pourtant très solide géorgienne éterlie
19:11par Thélianie.
19:12Une seconde médaille olympique qui n'était pas l'or qu'elle aurait mérité comme c'était
19:17déjà le cas à Tokyo, mais qu'elle avait choisi d'aller chercher tout de même, un
19:21processus qui n'était pas aussi limpide que l'insolente facilité dont elle avait pourtant
19:26paru faire preuve.
19:27C'est vrai que je venais chercher l'or, mais avec toutes les émotions par lesquelles je
19:32suis passée aujourd'hui, ça a bien démarré, j'étais vraiment bien dans ma compétition.
19:37Je bats la japonaise en plus en quelques secondes, donc vraiment j'étais très confiante.
19:42Quand je suis arrivée sur le match avec Kristin Eguchi, j'ai senti que ce match allait être
19:47très très long, je le sentais parce que je n'arrivais pas à accélérer, mais elle
19:50non plus.
19:51Je savais que c'était long et dur, je suis dégoûtée que ça se finisse comme ça.
19:56Je sentais que ça pouvait se faire, se finir autrement, et je suis dégoûtée que ça
20:03se finisse au Shido, mais malheureusement c'est un sport arbitral.
20:07On a toujours le choix, mais des fois, une erreur et c'est fini.
20:13Je suis certainement contente d'avoir réussi à me remobiliser, vraiment remercier mes
20:18entraîneurs parce que sinon, si c'était moi, je n'aurais plus rien dans le bébé
20:21dans mon coin.
20:22Et vraiment, j'ai dû faire le choix de savoir si je voulais revenir avec une médaille ou
20:27si je voulais juste m'abattre sur mon sort et rentrer chez moi.
20:32Je me suis dit que deux médailles en deux olympiades, ce n'est pas rien, donc j'ai
20:39fait le choix de la médaille et je suis vraiment contente d'être allée la chercher.
20:42J'ai grandi déjà entre les deux, c'est vrai que mon judo a évolué, mon mindset
20:48a évolué.
20:49Et oui, cette médaille va me faire évoluer, avant Tokyo et pour Tokyo, je vis toujours
20:58pour l'or bien sûr, mais pour moi, pour être un grand champion, il fallait ramener
21:01des médailles d'or.
21:02Et en fait, moi, je me dis que non, il faut seulement donner ses tripes tous les jours
21:06sur le tapis.
21:07Et c'est ce que je fais, donc je suis contente.
21:11C'est déjà très difficile aussi d'être toujours régulière, de vraiment, malgré
21:15ça, d'avoir toujours cette rage de vainque, d'avoir toujours cette envie.
21:20Et je me dis que même si je n'ai pas autant de médailles d'or à mon actif que je le
21:25voudrais, je suis quand même très fière de ce que je fais quand même au quotidien.
21:30Et là, vraiment, je me remercie de la plus belle des manières, donc je suis contente.
21:33J'ai du mal à réaliser, depuis tout à l'heure, je la regarde et je me dis, waouh,
21:36je ne rêve pas, elle est vraiment là.
21:38Et c'est vrai que c'est compliqué quand on attend pendant longtemps une échéance
21:41et qu'enfin ça arrive, quelques minutes avant, même des fois quelques heures, je
21:45pense même peut-être quelques jours pour me rendre compte vraiment de ce que je viens
21:48de faire.
21:49Et je me dis, je viens d'aller chercher une deuxième médaille olympique en individuel.
21:53Même si je sais que j'en suis capable, c'est vrai que quand ça arrive, c'est
21:59autre chose.
22:00Et là, vraiment, je suis hyper heureuse.
22:01La grande Deguchi, quasiment en panne sèche, faisait illusion pour vaincre aux pénalités
22:05une créature enfantée par le nouveau modèle d'arbitrage, la coréenne, ou Mimi.
22:10Aussi usante que le brésilien Limache et les garçons, cette vaillante est constamment
22:15à l'attaque à plat ventre avec une main sur le judo qui adverse et aucune intention
22:19de projeter réellement.
22:20La règle telle qu'elle est écrite lui permet de le faire et donc d'annuler toute
22:24possibilité de judo.
22:26Déjà championne du monde sur ce registre contre Deguchi, elle était en passe d'élever
22:31très haut les standards de l'échec manifeste du modèle actuel en s'emparant du très
22:35prestigieux titre olympique dans la foulée.
22:37Mais l'arbitrage, peut-être un peu gêné par ce symbole vivant, finissait tout de même
22:42par lui trouver assez de fausses attaques pour la sortir.
22:44Une belle récompense pour Krista Deguchi et le Canada qui gagnait grâce à sa tranche
22:50fuse japonaise son premier titre olympique de judo.
22:53Elle ne levait pas les bras en sortant du tapis, trop épuisée sans doute, mais peut-être
22:58aussi vaguement écœurée par un certain gâchis.
23:00Après trois jours, nos trois représentantes ont fait la médaille, tout en bronze, ce
23:04qui est remarquable mais moins surprenant que l'étonnant bilan masculin, deux finalistes
23:08et un cinquième.
23:09Soit cinq médailles déjà, ce qui rend crédible le pari des dix médailles affirmées
23:14par le président Nomis.
23:16Sans présumer de l'avenir, il a déjà réussi un autre pari, celui de ramener en
23:20deux ans à peine l'équipe de France masculine à un niveau plus conforme, elle
23:24qui n'avait gagné aucune médaille aux championnats du monde 2021 et 2022.
23:28Le choix de Leroy, Baptiste Leroy, comme nouveau leader, avait fait couler l'encre.
23:33Il était audacieux.
23:34La naissance d'un gaba au format olympique qui lui a donné raison.
23:38Ce mardi, sous la chaleur, il faudra avoir le cœur bien accroché et les idées claires.
23:43C'est Clarisse Akbenienou qui entre en scène en moins de 63 kg et Alpha Umardialo en moins
23:49de 81 kg.
23:50Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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