Au coeur de Paris 2024, épisode 2

  • il y a 2 mois
Juste à ce moment-là, son regard est resté étrangement clair, même pas interrogatif ou troublé. Uta Abe est assise sur le tapis devant un arbitre qui lève le bras pour indiquer le ippon. Rien d’inhabituel… sauf que le ippon, c’est elle qui l’a subi... Un cataclysme pour la tenante du titre, et assurément l'une des images à retenir de ces Jeux. Un deuxième jour qui partit donc sur les chapeaux de roue, avec nos Français Amandine Buchard (-52kg) et Walide Khyar (-66kg) dans le rôle des chauffeurs de salle jusqu'à leur place de trois respective, étape que ne sut valider que la finaliste de Tokyo. Dans le clan des vainqueurs, on retrouvait l'implacable Hifumi Abe, désormais double champion olympique, ainsi que la fossoyeuse de stars Diyora Keldiyorova, qui ramène à l'Ouzbékistan rien de moins que sa première médaille d'or lors de Jeux d'été! Tout ça, et bien plus encore dans ce deuxième épisode d'Au coeur de Paris 2024, la dernière série du podcast Hajime de L'Esprit du Judo.

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00:00Juste à ce moment là, son regard est resté étrangement clair, même pas interrogatif
00:23ou troublé.
00:24Outa Abe est assise sur le tapis devant un arbitre qui lève le bras pour indiquer le
00:30hippon.
00:31Rien d'inhabituel, sauf que le hippon, c'est elle qui l'a subi.
00:35L'information est tellement improbable, infirme tant de rêves, entache tant d'immenses
00:39succès qu'elle a déjà enregistrés, qu'elle n'a pas encore commencé les ravages qu'elle
00:43se prépare à faire dans l'esprit d'une jeune fille de 24 ans à qui tout a réussi
00:48jusque là.
00:49Ce n'est qu'une question de secondes.
00:51Tandis que le colossal coach Marcos Pika, en charge de l'entraînement pour l'Ouzbékistan,
00:56hurle sa joie et que l'actuel numéro 1 mondial de la catégorie, Diora Keldirova, se montre
01:02sobre et digne dans cette incroyable victoire matinale, la japonaise se défait sous les
01:08yeux d'un public médusé et bientôt en totale empathie avec elle.
01:12Elle salue son adversaire dans un état second, titube, en tentant de rejoindre le coach Yuki
01:17Deirano de l'équipe de la police et de la préfecture de Yogo, un solide qui lui fait
01:22signe au loin là-bas en bas de la plateforme.
01:25Elle ne parvient pas à descendre, il la serre contre lui, l'incite à mettre un pied devant
01:30l'autre et ils sont adossés à la cloison.
01:32Elle se presse contre lui pour cacher son visage déformé par les sanglots, sillonné
01:36par les larmes irrépressibles.
01:38Dévasté lui-même par des émotions qui resteront pour toujours indicibles, culture japonaise
01:44oblige, il cherche à la maintenir debout, à l'amener à l'abri de regard, mais les
01:49jambes lui manquent, elle s'affaisse à genoux, les bras ballant, il la rejoint, protecteur
01:54maladroit et émouvant, lui tapote le dos.
01:56Alors le public, magnifique pour lui rendre un peu de courage, pour lui dire que rien
02:01n'est fini, qu'elle a toujours l'amour et le respect de tous, scande son prénom et l'applaudit
02:07en cadence.
02:08Dans le tumulte des photographes et des officiels qui lui ouvrent le passage, Uta Abe vacillante
02:13cachée dans le giron du Mollus Cyrano, finit par rejoindre l'ombre apaisante des coulisses,
02:19accompagnée par le regard ému des gens debout dans ce palais, éphémère paraît-il mais
02:24éternel sans aucun doute par les souvenirs qui s'y construisent.
02:28Cet échec non programmé dès le premier tour de l'étincelante Uta quadruple championne
02:34du monde et championne olympique en titre, son effondrement poignant est l'émotion la
02:39plus puissante, la plus spectaculaire de cette journée de dimanche.
02:43Deuxième jour du tournoi olympique de judo 2024 mais ce n'est que la première, on vous
02:48l'avait dit.
02:49Les jeux ce n'est pas une compétition sportive mais une succession de combats vitaux où
02:54le psychisme est porté à sa limite, peur de perdre et de tout perdre en perdant, énergie
03:00de l'espoir et du désespoir et finalement souvent, étreinte finale très humaine où
03:05le vainqueur qui sait bien ce qu'il en est pour avoir tant craint d'être à cette place
03:09du mort console le perdant sous les yeux intimidés des arbitres qui n'osent pas intervenir.
03:15Au bout de cette seconde journée nous voici déjà lessivés et ravis aussi pas tant par
03:20la qualité du judo pratiqué qui reste aléatoire dans une telle atmosphère mais par la simplicité
03:26et la sincérité de ce qui se passe ici.
03:28Il n'y a qu'un projet valable, tout donner et regretter tout de même pour tous les présents
03:32sauf pour un par catégorie de n'avoir pas encore eu assez à donner.
03:37C'est sans doute ce que ressentait dimanche soir Walid Karr, il avait clairement tout
03:41donné, il avait su se hisser à la hauteur exigée mais il était resté finalement au
03:45pied du podium.
03:46C'est rageant pour lui qui ne rêve que de ça depuis des années, c'est rageant pour
03:50nous qui ne pouvons que le regarder faire.
03:53Les regrets il en aura bien sûr quand il repensera à cette journée non pas de n'avoir
03:58pas tout donné mais d'en avoir donné peut-être un peu trop et au mauvais moment, on se souviendra
04:04en tout cas, lui qui abordait cette compétition sans être tête de série, qu'il a étouffé
04:08d'entrée un médaillé mondial et deuxième du classement de la catégorie, le géorgien
04:13Vasa Merkvelajvili, finaliste trois ans plus tôt à Tokyo.
04:17Ce combat là nous dit déjà la hauteur de l'enjeu, avec le vent dans le dos certes,
04:22celui du soutien inlassable de la salle mais c'est un exploit obligatoire à fournir à
04:28chaque tour.
04:29Les regrets viennent ensuite avec le combat suivant, contre un kazakhstanais encore, c'est
04:33décidément une tendance après la victoire hier en finale, le Yeldo Smetov sur Luka Mekidze,
04:40un certain Guzman Kirghizbayev qui avait débarrassé ce quart difficile de deux poisons, l'espagnol
04:47Garcia Thorn et le coréen Han Bol, médaillé olympique en 2016 et 2021.
04:52Walid Kher le connaît bien puisqu'il l'a rencontré cinq fois en cinq ans pour trois
04:57défaites par Waza Hari Wipong, exploit obligatoire encore, les deux seules fois où il l'avait
05:03emporté contre ce dangereux spécialiste du corps à corps c'était par pénalité.
05:07C'est pourquoi oui, bien sûr, il va regretter son attaque un peu kamikaze à quelques secondes
05:12de la fin du temps réglementaire alors que son rythme et ses intentions lui avaient permis
05:16sans prendre de risque d'avoir deux pénalités d'avance et déjà dans la tête du public
05:21une demi-finale dans la poche.
05:23Mais pourquoi s'est-il lancé à l'abordage à ce moment là ? Une question de tempérament.
05:29Je suis passé à côté, vraiment à côté et sur un combat où j'étais largement
05:33au-dessus, j'avais l'impression en tout cas de l'extérieur de vraiment de marcher
05:36sur l'eau, d'être très à l'aise, d'être tranquille en fait tout simplement et voilà
05:42j'ai raté le coche sur ce quart de finale parce que c'est ce qui m'a coûté on va
05:45dire ma finale.
05:46Après un combat perdu, voire gâché dans une si grande occasion, il faut savoir se
05:51reprendre et que Walid ait pu le faire était la satisfaction du stoïque Daniel Fernandez,
05:57l'homme sur la chaise.
05:58Je pense que je l'ai rarement vu aussi fort qu'aujourd'hui sur le plan physique,
06:03sur le plan d'engagement, même sur le plan mental parce que c'était dur de repartir
06:09sur le repêchage donc c'est un exercice très difficile.
06:12Le discours à la pause c'est assez basique, il y a une deuxième compétition qui commence,
06:18il y a deux combats à faire pour une médaille, voilà c'est assez basique d'essayer de
06:23faire le plus rapidement possible l'abstraction de ce qui s'est passé le matin en gardant
06:29les points positifs et puis bien récupérer, bien manger et se remobiliser au maximum.
06:35Mon rôle moi c'est parfois de canaliser, parfois de l'empêcher de tomber trop bas
06:43parce que quand il perd son combat en quart de finale c'était vraiment un moment difficile
06:47pour lui donc faire en sorte de le remobiliser le plus vite possible et puis de l'accompagner
06:53au mieux.
06:54Là je ne peux pas vous dire qu'il n'y a pas de mauvais moment, qu'il n'y a pas de mauvais
07:01côté pour lui aujourd'hui, malheureusement je pense qu'il y pensera souvent à cette
07:05journée.
07:06Sur les combats où il perd, c'est lui qui est au-dessus, c'est lui qui domine et une
07:12prise de risque, les deux combats sont un peu similaires, une prise de risque inutile
07:17pour le coup puisqu'il mène les combats.
07:19C'était un raid super conquérant, la dernière fois qu'il avait été comme ça c'était
07:22au cheval du monde où il avait rapporté la médaille, après les Jeux olympiques ça
07:27reste une compétition évidemment à part.
07:29Mais bon, oui encore une fois l'expression d'excès d'engagement c'est ce qui fait
07:36sa force et parfois ce qui fait aussi sa faiblesse mais en tout cas aujourd'hui je répète
07:43que j'étais très fier de l'accompagnement que j'ai eu encore.
07:46Les défaites quand elles ne sont pas définitives obligent à aller chercher son salut en repêchage,
07:52ce que Walid faisait encore une fois en passant par l'exploit car le mongol Yondon Perenleï
07:56qu'il rencontrait ensuite était quand même double médaillé mondial et membre du top 5.
08:01Le français l'enroulait brillamment en Sérénagué et se retrouvait à nouveau en position décisive,
08:07cette fois pour la médaille de l'ombre.
08:09Pendant cette bataille à l'Est, à l'Ouest rien de nouveau, bien que sans doute secoué
08:12par la chute de sa sœur en début de journée, l'invincible Ifumi Abe faisait ce qu'il
08:17savait sans doute faire de mieux, projeter des adversaires avec une saisie double en bout de manche.
08:22Le hongrois Pongratz, le tadjik Emomali qui laissait son bras pour avoir tenté une réchappe périlleuse
08:29et il était en demi-finale contre le numéro 1 mondial, le grand technicien moldave Denis Vierou.
08:34Celui-ci lui offrait une très belle réplique mais ne parvenait pas à mettre la main dessus
08:39et se faisait finalement incruster sur un Osotogari en bout de manche tourbillonnant, très Abe.
08:44Avec lui, on a toujours la tentation de donner des noms spectaculaires aux techniques
08:48comme le font les super-héros de manga.
08:50Super-héros, il l'est sûrement avec ce style inimitable et pour l'instant toujours incontrôlable
08:55et désormais un statut de double champion olympique à 26 ans avec le triplé olympique
09:00de Tadahiro Nomura dans le viseur.
09:02Ifumi Abe allait en effet sur sa lancée gagner facilement sa finale avec un autre
09:07super tourbillon contre le brésilien William Lima, un jusqu'au boutiste du judo tactique
09:12qui se jette dès la saisie dans une attaque à plat ventre sans permettre à l'adversaire
09:16de s'exprimer d'aucune façon.
09:18Sa radicalité lui valait l'accession en finale des jeux olympiques.
09:22Pourtant quand on le voit passer son temps à plat ventre, outre le manque de dignité
09:26de la posture, on a un peu envie d'interroger les arbitres qui ne le sanctionnent pas.
09:31De quelle technique s'agit-il ?
09:32Mais ce brésilien intenable est aussi malin.
09:36Quand il a bien exaspéré ses adversaires, qui se découvrent de plus en plus pour mettre
09:40la main sur lui, il finit sur un joli geste judo qui marque pour de vrai.
09:45C'est ce scénario qui lui avait permis de battre notre kazakhstanais Guzman Kirghiz
09:50Bayev en demi-finale, ce qui a dû enfoncer un peu plus l'épine dans le cœur de Walid
09:54Karr qui se serait sans doute bien vu à sa place.
09:58Le système Lima ne marche pas sur lui en effet, il l'a toujours battu.
10:02Une finale était à sa portée.
10:05Guzman Kirghiz Bayev s'empare finalement du bronze contre un outsider serbe, tandis
10:09que notre français se retrouvait face à un tout autre morceau, le redoutable Moldave
10:15qui restait sur trois victoires contre lui.
10:17Des exploits mais pas de miracles.
10:18Dans ce combat serré, c'est Denis Vieroux qui trouvait finalement la faille par un bel
10:23haut chigari au corps à corps.
10:24Il y avait un chemin vers la médaille, mais il ne passait pas par là.
10:29C'est dommage, comme il en convenait lui-même.
10:31Je pense que j'étais vraiment à ça d'aller en finale, on sait tous que sur une finale
10:36tout est jouable et aujourd'hui moi en tout cas c'était dans cet état d'esprit
10:38que j'étais là.
10:39Je sais que je n'allais pas avoir abé à un autre moment que sur la finale.
10:43Ça m'a permis d'élever mon niveau.
10:49J'étais persuadé d'être au niveau aujourd'hui, j'étais prêt, j'ai rarement été aussi
10:54fort et au niveau qu'aujourd'hui.
10:56Il y a ces journées-là où on a l'impression d'être intouchable, mais aujourd'hui mon
11:03adversaire ça a été moi-même et j'ai perdu contre moi-même.
11:07J'espère garder de très bons souvenirs, je vais essayer de penser que à ça, que
11:13au positif des émotions que ça m'a procuré aujourd'hui, le bon côté de cette journée
11:20incroyable.
11:21Quand je dis incroyable, c'est avec un public incroyable, des gens qui étaient à fond,
11:26à fond, à fond.
11:27Je n'ai pas touché mon téléphone de la journée, mais je pense qu'il y a des gens
11:31qui ont dû soutenir de loin.
11:33Fier du chemin parcouru, fier de tout ce que j'ai fait pour en arriver là.
11:38Ça a été des heures, des heures, des heures d'entraînement, des semaines, des mois, des
11:42années avec un rêve en tête.
11:45C'est mes deuxièmes Jeux Olympiques.
11:48L'avenir nous dira s'il y en aura des troisièmes, en tout cas je l'espère.
11:52Amandine Bouchard était-elle dans un bon jour ? Ce n'était pas l'impression qu'elle
11:56donnait, mais face aussi à des adversaires dangereux, dont notamment au deuxième tour
12:01la brésilienne Larissa Pimenta, qui l'était, elle, puisqu'elle allait déjouer les pronostics
12:06et se hisser sur le podium à la fin de la journée.
12:08Ce n'est plus non plus tellement une question qu'on se pose, on est désormais un peu habitué
12:12à ce faux rythme de notre quintuple médaillé mondial et finaliste olympique, qui parvient
12:17tout de même à chaque fois, ou presque, à battre la mesure et à mener la fanfare.
12:22Tout le monde s'était donc dit que c'était tout de même son jour, bon ou mauvais, puisqu'elle
12:27était à Paris et puisque Outa Abbe, son unique véritable rival, était tombé d'entrée.
12:32Mais l'entraîneur Christophe Massina en faisait une lecture inverse.
12:36Le fait de voir Abbe sortir, forcément, comme Giuffrida battu par Pimenta, juste avant sa
12:43place de trois, il y a des choses qu'on le ressent, ça ne se voit pas, mais on ressent
12:49que d'un seul coup, ça pourrait m'arriver.
12:52Il faut jouer avec ça, il faut jouer avec ça.
12:56Je lui en ai parlé déjà cette semaine.
12:57Je lui ai dit, tu sais, tout le monde parle d'Abbe, mais ça se trouve, Abbe va perdre
13:03sur Kélirova.
13:04Donc c'est match après match et on reste focus dans ce qu'il y a à faire, en fait.
13:12On ne se projette pas, on n'est pas dans la projection du match d'après, on n'est pas
13:16dans la projection d'une médaille ou d'un titre, on est dans l'instant présent et dans
13:19le moment.
13:20Crispé donc, et assez pour se retrouver mené sur les mains et contrer sur une de ses propres
13:24tentatives de katagouma, son arme maîtresse par l'Ousbek Diora Kélirova.
13:29Par qui ? Mais oui, vous avez suivi, il s'agit bien de la combattante qui s'était déjà
13:34payée au matin une victoire sur l'intouchable Abbe.
13:37Très sûre d'elle, la numéro 1 à la ranking se comportait comme une numéro 1 tout court,
13:43confiante et précise sur ce qu'elle avait à faire.
13:46Après avoir piégé Abbe, c'est Buchard qui se faisait prendre.
13:50La française allait ensuite, au bout de cette journée, sans élan, en souffrant, c'était
13:54l'essentiel, le bronze olympique face à l'angoisse poupe qu'elle avait jusque-là toujours battue.
14:00Parfois non sans mal, comme avait su lui rappeler son entraîneur Massina.
14:03Je lui ai rappelé que les deux dernières fois, elle lui avait rentré dans la gueule
14:06et qu'elle est ressortie du match d'Abu Dhabi, du championnat du monde d'Abu Dhabi, très
14:15très très énervée.
14:18Et puis j'ai une petite photo dans mon sac, qui est juste au moment où Amandine finit
14:24le match, qui est à quatre pattes et Poupe qui est debout.
14:26C'est une petite image qui a servi.
14:31Il fallait donc se réjouir de cette seconde médaille olympique, même si elle n'était
14:35pas en or, comme savait le faire l'intéresser elle-même.
14:37Il y a des moments où j'ai cru que j'allais perdre cette flamme pour le judo.
14:42J'ai fait des choix qui ont été particuliers, qui ont été atypiques, mais au final je
14:49suis revenue.
14:50J'ai été médaillée sur tous les podiums, sur toutes les compétitions où je suis sortie
14:54et aujourd'hui je suis en train de me faire défier une nouvelle fois sur ce podium olympique.
14:59Aux Jeux olympiques, c'est une compétition particulière, il ne faut pas être trop
15:02sûr de soi.
15:03On a tous deux bras, deux jambes, on démarre tous avec un pied d'égalité sur ces Jeux
15:08et ça a juste montré que tout est possible.
15:12Au final, j'ai vraiment été au bout de moi-même et l'énergie qui me manquait,
15:15je suis allée l'appuyer dans mon pays, près de mes proches, ils sont venus.
15:20C'est particulier pour moi parce que je n'ai jamais eu vraiment de famille dans les
15:25gradins et aujourd'hui j'en ai eu énormément et je leur devais cette médaille pour m'avoir
15:31soutenue toutes les fois où ça a été difficile.
15:34Quand j'ai gagné, franchement j'ai pensé à mon père et j'ai pensé aux personnes
15:38qui étaient dans les gradins qui m'avaient encouragée.
15:40Je l'ai fait pour moi mais franchement je ne l'ai pas aussi fait pour eux parce qu'avec
15:44les encouragements qu'ils m'ont donné tout au long de la journée, j'en devais bien ça.
15:48Vous savez, quand j'ai commencé à ressentir un peu de pression dans la chambre d'appel,
15:51je me jure que tout était gommé par les encouragements du public, j'avais juste envie
15:54de me transcender et de me battre.
15:56Donc non, franchement, ce n'a pas été la compétition où j'ai été la plus stressée.
16:01Je me suis conditionnée à ce que ce soit peut-être mes derniers, alors pas dans le
16:05sens où j'ai envie d'arrêter mais on ne sait jamais ce qui peut arriver.
16:07En fait, en me conditionnant comme ça peut être mes derniers, profite, kiffe ta journée.
16:12Profite parce que dans une carrière de sportif de haut niveau, c'est une chance incroyable
16:17de pouvoir avoir les Jeux à domicile et je me suis juste dit, kiffe, tu ne peux pas
16:21gâcher ça avec du stress, profite, ils sont là pour toi et va kiffer avec eux.
16:25Un petit rendez-vous à Toto parce que je pense que ce sera notre dernier ensemble.
16:30Et franchement, pour lui, pour moi, c'est important qu'on l'ait gagné ensemble.
16:33Il n'empêche qu'en ce deuxième jour, après deux médailles féminines, une finale
16:37masculine et une cinquième place, soit un excellent départ qui rassure sur le potentiel
16:42du groupe France, on cherche toujours le moment de transcendance qu'on aimerait vivre avec
16:47eux et que le destin semble laisser entrevoir, le moment de dépassement du cadre, le décrochage
16:52de l'une, la fortune saisie par les cheveux, la prise d'opportunité qui se présente
16:57ou qu'on fabrique.
16:58Les Français sont bien, ils sont à leur place et cela ne nous suffit pas.
17:02L'une qui ne se pose pas la question des regrets, c'est la protégée du directeur
17:06technique Marco Spitka en Ouzbékistan, Diora Keldjorova, 26 ans, un master en poche, un
17:12mari et quatre langues parlées et écrites sur son CV.
17:15Couchée à 10 heures, nous explique l'ancien champion allemand, sérieuse à l'entraînement,
17:20elle a travaillé toutes les situations, tous les types d'adversaires pour ne plus être
17:24surprise, même par une houta abbaye qui débarque dans son quart et qu'elle doit
17:28prendre au premier tour des Jeux Olympiques, même par les katagouroumas infernaux de la
17:33fantasque française et même par l'autorité technique et l'aura de la championne olympique
17:372021 des moins de 48 kg Kosovar, Distria Krasniki, intransigeante jusque-là, qui venait la confronter
17:44en finale avec la volonté d'être la première féminine double championne olympique dans
17:49deux catégories différentes.
17:52C'était destin contre destin, le jeu des jeux, et c'est une nouvelle fois Diora Keldjorova
17:57qui accomplissait le sien, s'offrant le scalp d'une nouvelle légende, tableau de chasse
18:02mythique de cette journée historique.
18:03Sans frémir, elle enroulait la Kosovar dans un serenaguet précis et rapide.
18:09La patronne, c'était elle.
18:11Comme hier Tara Baboulfat, la suédoise, Diora Keldjorova, l'Ousbec, première médaillée,
18:18première championne olympique des jeux d'été de l'histoire de l'Ousbéquistan, change
18:23la donne et le paysage des catégories féminines.
18:25Il y a une jeune dauphine nordique en moins de 48 kg, une nouvelle reine est dans la place
18:32en moins de 52 kg, et elle vient des steppes Ousbec.
18:35C'est une excellente nouvelle.
18:37Le soleil brille toujours sur Paris ce lundi et c'est au tour de Sarah Léonie Cizik d'aller
18:42chercher la médaille olympique en moins de 57 kg.
18:45Johann Benjamin Gabat jouera son Watou en moins de 73 kg.

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