Etats-Unis : le début de campagne agité de Kamala Harris

  • il y a 3 mois

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00:00Bonjour Hélène Kuntz, vous êtes professeure à l'école de commerce LINEC à Paris,
00:06ancienne membre des démocrates abroad, les démocrates à l'étranger,
00:09autrice de l'ouvrage Portrait de VIP, l'incroyable histoire de Kamala Harris.
00:14Kamala Harris est à peine entrée en campagne qu'elle s'est faite insulter par Donald Trump
00:18et son colistier James David Vance.
00:21Trump l'a traité de folle qui veut tuer des bébés.
00:25Comment vous interprétez cette violence verbale ?
00:29C'est très habituel chez M. Trump, on n'est pas à ce point surpris.
00:34Je pense que le concours de circonstances qui a amené Mme Harris devant tout le monde tout d'un coup
00:43déstabilise les républicains beaucoup.
00:45Je pense qu'ils s'envolent sans doute, ils avaient une convention où là tout d'un coup
00:50il y a un nouvel adversaire qui va certainement annoncer son colistier dès cette semaine
00:56alors que la convention pour les démocrates c'est à partir du 19 août.
01:00Ça sera une personne en plus de faire campagne avec elle.
01:02Vous pensez que ce sera un colistier et pas une colistière ?
01:05Je pense que Meg Whitmore qui est peut-être la seule personne qui aurait pu imaginer
01:11concurre avec elle, souhaite toutefois rester dans son rôle et il y a des enjeux géographiques.
01:19Clairement c'est peut-être soit le gouverneur de la Pennsylvanie qui est un fameux swing state
01:26donc vous savez je dis souvent il y a 50 états qui votent mais il n'y a que 7 ou 8 états qui décident
01:32à cause des états clés à cause de notre système de vote indirect avec le collège électoral.
01:38Ça sera peut-être aussi Mike Kelly qui a un résumé de choc à anciens astronautes, anciens chefs navals
01:45et puis sénateurs de l'Arizona.
01:47Donc c'est très important ces swing states, les états basculent.
01:50Oui et donc c'est la raison pour laquelle le choix de colistier il faut une diversification géographique.
01:57Ça ne peut pas être par exemple Gavin Newsom qui est très aimé mais on ne peut pas avoir
02:02deux Californiens sur le ticket, ça c'est un ticket perdant ça.
02:05Alors vous parlez de la Californie, le fait qu'elle soit ancienne procureure générale de Californie,
02:10Kamala Harris, est-ce que c'est un atout d'après vous face à Donald Trump ?
02:14Clairement je pense que c'est presque hollywoodien, on n'aurait pas pu écrire quelque chose pareil.
02:20Ça contrecarait aussi cette idée qu'elle n'est là que parce qu'elle est femme et noire.
02:25Je trouve ça toujours très étonnant comme argument qu'elle soit dans ce poste-là à cause de ça.
02:30Et tous les postes qu'elle a eu, elle était toutefois élue.
02:33Pour être la procureure de San Francisco, elle était élue.
02:36Pour être procureure de l'état de Californie qui est le plus grand état aux États-Unis, elle était élue.
02:41Et Olama, c'est un état où on est peu, moi-même je suis originaire de la Californie.
02:45Donc il n'y a que 6% de la population en Californie qui est noire.
02:49Donc ce n'est pas qu'elle est portée vraiment par ses compétences.
02:54Et c'est dommage d'entendre les républicains avoir des attaques très misogynes et ouvertement racistes.
03:00C'est dommage pour eux.
03:02Les droits des femmes en particulier et le droit à l'avortement,
03:05est-ce que vous pensez que ça va être l'un des thèmes centraux de la campagne ?
03:08Elle-même, elle le met en avant parce que ce n'est pas que l'avortement qui est en jeu là,
03:12qui est d'ailleurs banni dans beaucoup d'états.
03:14Si on lit les prétentions, la profession de foi du Parti républicain,
03:20il parle carrément de vouloir ne plus soutenir ni l'avortement,
03:25ni l'IVG, ni même la pilule contraceptive.
03:30Donc ça met beaucoup de femmes en très grande difficulté.
03:33Médicale, au-delà de toute considération éthique.
03:38Et donc Kamala Harris dit haut et fort qu'en tant que présidente,
03:43elle va contrecarrer les décisions de la Cour suprême pour qu'enfin ça rentre dans une loi fédérale
03:48et non pas juste une décision de la Cour suprême.
03:50Et donc du coup, on peut penser que le vote des femmes va être décisif pour cette élection ?
03:55Les femmes sont complètement galvanisées par...
03:58Vous savez, il y avait beaucoup d'appétence pour une campagne autre qu'une campagne entre deux vieillards.
04:05Pardonnez-moi de le dire comme ça, ça paraît toujours un peu indécent de parler de l'âge.
04:08Mais à partir du moment où Joe Biden fait un retrait par lui-même,
04:12qui est vu comme un acte à la fois presque patriotique,
04:17et puis on voit tout d'un coup surgir cette femme qui était...
04:20Vous savez, elle ne montrait pas de l'ambition.
04:23Je pense qu'aussi ça joue beaucoup pour elle.
04:25C'est-à-dire qu'elle était très en retrait, elle restait à sa place.
04:29De toute façon, la vice-présidente aux États-Unis, c'est un second rôle.
04:33Donc elle restait jusqu'au bout dans ce second rôle.
04:35Et tout d'un coup, elle démarre toute seule avec énormément d'énergie qu'il n'avait pas Biden.
04:40Et est-ce qu'elle va bénéficier du vote afro-américain?
04:43Oui, ça c'est plutôt acquis pour elle.
04:45Là où c'est peut-être un peu mitigé, c'est où est-ce qu'elle va perdre des votes qui étaient plutôt acquis à Biden.
04:51Mais je pense que ce qui est clair là, c'est qu'elle mobilise des votes et des dons.
04:56Et des petits dons, ce n'est pas quelqu'un qui est porté que par des titans du tech de la Silicon Valley,
05:02par exemple, qui était le cas de J.D. Vance.
05:04J.D. Vance, c'est incroyable comme choix de côté républicain.
05:07Il est complètement non qualifié.
05:10Mais ils l'ont fait justement avant le fait qu'on sache que ce soit Kamala Harris.
05:15Donc peut-être qu'il y a eu une erreur du camp des Républicains sur ce choix.
05:19Ça n'élargit pas la base électorale de Donald Trump.
05:21L'erreur du choix est terrible.
05:23Mais je pense qu'eux-mêmes, ils sont parfois victimes de leur propre racisme.
05:27Le choix évident, c'était Marco Rubio de la Floride.
05:29Il aurait sécurisé la Floride et galvanisé le vote des Latinos.
05:33Mais vous voyez, leur propre racisme, parfois, ça se retourne contre eux.
05:36Donc ils n'ont pas su le faire.
05:37Et quels sont les points forts, en général, de Kamala Harris par rapport à Donald Trump ?
05:42Elle est réellement qualifiée.
05:44Elle est réellement démocrate, dans le sens qu'elle soutient la Constitution.
05:49Elle ne roule pas pour elle.
05:51Elle a de l'ambition, bien sûr.
05:52Mais elle n'est pas corrompue.
05:54Et puis, c'est quelqu'un qui est très bosseuse.
05:56Ce n'est pas tellement qu'elle n'était pas appréciée.
05:59Souvent, les gens me disent, mais c'est quelqu'un qu'on n'apprécie pas.
06:03C'est plutôt quelqu'un qu'on ne connaissait pas.
06:05Parce que c'est quelqu'un qui a énormément travaillé.
06:07Elle connaît tous les dossiers d'un futur chef d'État.
06:10Et puis, que ce soit sur le plan domestique ou à l'international,
06:13elle était vraiment de tous les meetings.
06:15Peut-être en retrait, certes, mais elle connaît tous les dossiers.
06:18Et quelle sera sa réponse face à Donald Trump sur le problème de l'immigration ?
06:22Alors, on a une réponse qui est véridique et terrible.
06:26C'est qu'il y avait une loi devant le Congrès qui était prête à être votée.
06:30C'était un compromis.
06:32Mais c'était une proposition des Républicains.
06:34Expressément, Donald Trump a dit, ne la votez surtout pas.
06:37Parce que je ne veux pas que Biden gagne quelque chose avant les élections.
06:43Donc, c'est très cynique et c'est terrible d'en arriver là.
06:46Je pense qu'un futur vice-président Kelly pourrait en dire plus
06:49parce qu'il est de l'Arizona, carrément avec la frontière avec le Mexique.
06:53Sur la politique étrangère maintenant,
06:55elle semble dans la continuité de ce qu'a fait Joe Biden,
06:59par exemple pour l'Ukraine.
07:00Mais est-ce qu'il y aura une inflexion par rapport à ce qui se passe
07:03vis-à-vis de la guerre à Gaza, entre Israël et le Hamas à Gaza?
07:07C'est là où l'électorat en demande beaucoup,
07:10qu'elle change de cap et qu'elle ne fasse pas d'échecs en blanc à Netanyahou.
07:15Donc, elle est prête à changer.
07:17Je sais qu'il y avait un meeting déjà la semaine dernière avec Netanyahou à la Maison-Blanche.
07:22Et clairement sur ce point-là qui était très problématique aux États-Unis
07:26et qui enlève clairement les voix et chez les jeunes
07:29et chez les Américains de foi musulmane.
07:34Voilà, elle est prête à être beaucoup plus soft
07:38et ne pas suivre à la lettre tout ce qu'il veut Netanyahou, clairement.
07:42Et pas seulement dans le verbe, mais également dans les actes.
07:45Il y aura une inflexion, vous pensez?
07:47Elle est obligée d'adhérer à cette position-là.
07:51Alors maintenant, après, vous savez, c'est le Congrès qui décide pour le budget.
07:54Mais en termes de stratégie,
07:57elle va certainement changer de stratégie pour que cette terrible guerre en Gaza finisse.
08:02Merci beaucoup, Hélène Kounst, d'être venue.
08:04Merci pour votre décryptage de la situation aux États-Unis.

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