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00:00Nous sommes à trois semaines de la convention démocrate à Chicago aux Etats-Unis.
00:04La vice-présidente Kamala Harris, candidate à l'investiture, est déjà en campagne.
00:08Elle est largement soutenue par les personnalités du parti démocrate.
00:12Hillary Clinton pense que Kamala Harris a toutes les chances de battre Donald Trump
00:17et ainsi entrer dans l'histoire comme première femme présidente des Etats-Unis.
00:22Bonjour Hélène Kuntz, vous êtes professeure à l'école de commerce Linek à Paris,
00:28ancienne membre des Démocrates abroad, les démocrates à l'étranger,
00:32autrice de l'ouvrage Portrait de VIP, l'incroyable histoire de Kamala Harris.
00:36Kamala Harris est à peine entrée en campagne qu'elle s'est faite insulter par Donald Trump
00:40et son colistier James David Vance.
00:43Trump l'a traité de folle qui veut tuer des bébés.
00:48Comment vous interprétez cette violence verbale ?
00:51C'est très habituel chez M. Trump. On n'est pas à ce point surpris.
00:56Je pense que le concours de circonstances qui a amené Mme Harris devant tout le monde tout d'un coup
01:05déstabilise les républicains beaucoup.
01:07Je pense qu'ils s'envolent sans doute et ils avaient une convention
01:11où là tout d'un coup il y a un nouvel adversaire
01:15qui va certainement annoncer son colistier dès cette semaine
01:19alors que la convention pour les démocrates c'est à partir du 19 août.
01:22Ce sera une personne en plus de faire campagne avec elle.
01:25Vous pensez que ce sera un colistier et pas une colistière ?
01:27Je pense que Meg Whitmore qui est peut-être la seule personne qui aurait pu imaginer
01:32concourir avec elle souhaite toutefois rester dans son rôle
01:37et il y a des enjeux géographiques.
01:41Clairement c'est peut-être soit le gouverneur de la Pennsylvanie
01:46qui est un fameux swing state.
01:48Vous savez je dis souvent il y a 50 états qui votent
01:51mais il n'y a que 7 ou 8 états qui décident à cause des états clés
01:57à cause de notre système de vote indirect avec le collège électoral.
02:00Ça sera peut-être aussi Mike Kelly qui a un résumé de choc
02:03ancien astronaute, ancien chef naval et puis sénateur de l'Arizona.
02:10Donc c'est très important ces swing states, les états basculent.
02:12Oui et donc c'est la raison pour laquelle le choix de colistier
02:15il faut une diversification géographique.
02:19Ça ne peut pas être par exemple Gavin Newsom qui est très aimé
02:23mais on ne peut pas avoir deux Californiens sur le ticket.
02:26Ça c'est un ticket perdant ça.
02:27Alors vous parlez de la Californie, le fait qu'elle soit
02:29ancienne procureure générale de Californie, Kamala Harris.
02:33Est-ce que c'est un atout d'après vous face à Donald Trump ?
02:36Clairement je pense que c'est presque hollywoodien.
02:39On n'aurait pas pu écrire quelque chose pareil.
02:42Ça contrecarré aussi cette idée qu'elle n'est là que parce qu'elle est femme et noire.
02:47Je trouve ça toujours très étonnant comme argument
02:50qu'elle soit dans ces postes-là à cause de ça.
02:52Et tous les postes qu'elle a eu, elle était toutefois élue.
02:55Pour être la procureure de San Francisco, elle était élue.
02:58Pour être procureure de l'état de Californie,
03:01qui est le plus grand état aux États-Unis, elle était élue.
03:03Et Olama, c'est un état où on est peu, moi-même je suis originaire de la Californie.
03:08Donc il n'y a que 6% de la population en Californie qui est noire.
03:11Donc ce n'est pas qu'elle est portée par, elle est portée vraiment par ses compétences.
03:16Et c'est dommage d'entendre les Républicains avoir des attaques
03:20très misogynes et ouvertement racistes. C'est dommage pour eux.
03:24Les droits des femmes en particulier et le droit à l'avortement,
03:27est-ce que vous pensez que ça va être l'un des thèmes centraux de la campagne ?
03:30Elle-même, elle le met en avant parce que ce n'est pas que l'avortement qui est en jeu là,
03:34qui est d'ailleurs banni dans beaucoup d'états.
03:36Si on lit les prétentions, la profession de foi du Parti républicain,
03:42il parle carrément de vouloir ne plus soutenir ni l'avortement,
03:47ni l'IVG, ni même la pilule contraceptive.
03:52Donc ça met beaucoup de femmes en très grande difficulté médicale,
03:56au-delà de toute considération éthique.
04:00Et donc Kamala Harris dit haut et fort qu'en tant que présidente,
04:05elle va contrecarrer les décisions de la Cour suprême
04:07pour qu'enfin ça rentre dans une loi fédérale
04:10et non pas juste une décision de la Cour suprême.
04:12Et donc du coup, on peut penser que le vote des femmes va être décisif pour cette élection ?
04:17Les femmes sont complètement galvanisées par...
04:20Vous savez, il y avait beaucoup d'appétence pour une campagne autre
04:25qu'une campagne entre deux vieillards, pardonnez-moi de le dire comme ça,
04:28ça paraît toujours un peu indécent de parler de l'âge,
04:30mais à partir du moment où Joe Biden fait un retrait par lui-même,
04:34qui est vu comme un acte à la fois presque patriotique,
04:39et puis on voit tout d'un coup surgir cette femme qui était...
04:42Vous savez, elle ne montrait pas de l'ambition.
04:45Je pense qu'aussi ça joue beaucoup pour elle,
04:47c'est-à-dire qu'elle était très en retrait, elle restait à sa place.
04:51De toute façon, la vice-présidente aux États-Unis, c'est un second rôle,
04:55donc elle restait jusqu'au bout dans ce second rôle
04:58et tout d'un coup, elle démarre toute seule avec énormément d'énergie qu'il n'avait pas Biden.
05:02Et est-ce qu'elle va bénéficier du vote afro-américain ?
05:05Oui, ça c'est plutôt acquis pour elle.
05:07Là où c'est peut-être un peu mitigé,
05:10c'est où est-ce qu'elle va perdre des votes qui étaient plutôt acquis à Biden.
05:13Mais je pense que ce qui est clair là, c'est qu'elle mobilise des votes et des dons.
05:19Et des petits dons, ce n'est pas quelqu'un qui est porté que par des titans du tech
05:23de la Silicon Valley, par exemple, qui était le cas de J.D. Vance.
05:26J.D. Vance, incroyable comme choix de côté républicain.
05:29Il est complètement non qualifié.
05:32Mais ils l'ont fait justement avant le fait qu'on sache que ce soit Kamala Harris.
05:37Donc peut-être qu'il y a eu une erreur du camp des Républicains sur ce choix.
05:41Ça n'élargit pas la base électorale de Donald Trump.
05:44L'erreur du choix est terrible, mais je pense qu'eux-mêmes,
05:47ils sont parfois victimes de leur propre racisme.
05:49Le choix évident, c'était Marco Rubio de la Floride.
05:52Il aurait sécurisé la Floride et galvanisé le vote des Latinos.
05:55Mais vous voyez, leur propre racisme, parfois, ça se retourne contre eux.
05:58Donc ils n'ont pas su le faire.
06:00Et quels sont les points forts, en général, de Kamala Harris par rapport à Donald Trump ?
06:04Elle est réellement qualifiée.
06:06Elle est réellement démocrate, dans le sens qu'elle soutient la Constitution.
06:11Elle ne roule pas pour elle.
06:13Elle a de l'ambition, bien sûr, mais elle n'est pas corrompue.
06:16Et puis, c'est quelqu'un qui est très bosseuse.
06:19Ce n'est pas tellement qu'elle n'était pas appréciée.
06:21Souvent, les gens me disent, mais c'est quelqu'un qu'on n'apprécie pas.
06:25C'est plutôt quelqu'un qu'on ne connaissait pas,
06:27parce que c'est quelqu'un qui a énormément travaillé.
06:29Elle connaît tous les dossiers d'un futur chef d'État.
06:32Et puis, que ce soit sur le plan domestique ou à l'international,
06:35elle était vraiment de tous les meetings.
06:37Peut-être en retrait, certes, mais elle connaît tous les dossiers.
06:40Et quelle sera sa réponse face à Donald Trump sur le problème de l'immigration ?
06:44Alors, on a une réponse qui est véridique et terrible.
06:48C'est qu'il y avait une loi devant le Congrès qui était prête à être votée.
06:53C'était un compromis, mais c'était une proposition des Républicains.
06:56Expressément, Donald Trump a dit ne la votez surtout pas,
06:59parce que je ne veux pas que Biden gagne quelque chose avant les élections.
07:05Donc, c'est très cynique et c'est terrible d'en arriver là.
07:09Je pense qu'un futur vice-président Kelly pourrait en dire plus,
07:11parce qu'il est de l'Arizona, carrément avec la frontière avec le Mexique.
07:15Sur la politique étrangère maintenant,
07:17elle semble dans la continuité de ce qu'a fait Joe Biden,
07:21par exemple pour l'Ukraine,
07:22mais est-ce qu'il y aura une inflexion par rapport à ce qui se passe
07:25vis-à-vis de la guerre à Gaza, entre Israël et le Hamas à Gaza?
07:29C'est là où l'électorat en demande beaucoup,
07:33qu'elle change de cap et qu'elle ne fasse pas d'échecs en blanc à Netanyahou.
07:37Donc, elle est prête à changer.
07:39Je sais qu'il y avait un meeting déjà la semaine dernière avec Netanyahou à la Maison-Blanche,
07:44et clairement sur ce point-là qui était très problématique aux États-Unis
07:49et qui enlève clairement les voix et chez les jeunes
07:52et chez les Américains de foi musulmane.
07:56Voilà, elle est prête à être beaucoup plus soft
08:00et ne pas suivre à la lettre tout ce qu'il veut Netanyahou, clairement.
08:05Et pas seulement dans le verbe, mais également dans les actes,
08:08il y aura une inflexion, vous pensez?
08:09Elle est obligée d'adhérer à cette position-là.
08:13Alors maintenant, après, vous savez, c'est le Congrès qui décide pour le budget.
08:16Mais en termes de stratégie,
08:19elle va certainement changer de stratégie pour que cette terrible guerre en Gaza finisse.
08:24Merci beaucoup.