Le noma, une "maladie tropicale négligée" selon l'OMS

  • il y a 16 heures

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00:00Dans l'instant santé ce dimanche, on va s'arrêter sur une maladie qui sévit dans les régions du monde les plus sévèrement touchées par le manque d'hygiène et la malnutrition, le Noma que l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé, reconnaît officiellement depuis un an comme une maladie tropicale négligée.
00:15Pour en parler et pour comprendre ce qui se joue, on accueille notre invité, le docteur Leslie Annecy. Bonjour à vous, vous êtes chirurgien plasticien-reconstructeur au CHU de Dijon en Bourgogne et au Centre Leclerc.
00:26Vous mettez docteur bénévolement vos compétences au service de l'association La Chaîne de l'Espoir, c'est une ONG qui oeuvre dans le monde et qui apporte des soins aux populations les plus vulnérables.
00:35C'est dans ce cadre que vous intervenez au Burkina Faso, vous êtes déjà allé sur place, vous vous préparez à une prochaine mission. D'abord expliquez-nous docteur, qu'est-ce que c'est que le Noma, cette infection ?
00:46Déjà bonjour et merci pour l'invitation. Alors le Noma, c'est une maladie qui est créée par une bactérie qu'on peut avoir tous au niveau de notre bouche mais qui va malheureusement chez des patients plus fragiles, dénutris.
01:00Comme on dit c'est une maladie de la grande misère ou lors de conflits armés, va donner des dommages vraiment très sévères au niveau du visage avec parfois quasiment des trous au niveau du visage qui peuvent aller de la paupière au menton.
01:12Ça abîme le visage des enfants, ce sont les populations les plus exposées à cette maladie ?
01:17Les plus touchées sont les enfants du fait de leur fragilité, de cette dénutrition du foie, du sevrage alimentaire mais elle touche également les adultes mais c'est sûr que les enfants sont les plus touchés car les plus fragiles.
01:28Ce qu'il faut rappeler docteur c'est que c'est une maladie qui n'existe quasiment plus en Europe mais qui continue de proliférer dans ces régions les plus fragiles ?
01:35Elle existait en Europe au début du siècle, elle n'existe quasiment plus mais par contre malheureusement du fait des conflits armés, des déplacements de population, elle ne s'arrête pas de croître dans certaines régions du monde.
01:47Lorsque l'Organisation Mondiale de la Santé parle de maladie tropicale négligée, qu'est-ce que ça veut dire ?
01:54C'est une maladie qui touche énormément de patients mais qui est assez méconnue pour plusieurs raisons.
02:01D'une part parce qu'elle est très mortelle, on dit qu'à peu près 90% des patients qui sont atteints vont en mourir et ceux qui survivent malheureusement vont être cachés du fait des déformations qui sont engendrées par la maladie.
02:13Et donc on n'a pas vraiment de données épidémiologiques claires sur l'incidence, la prévalence et c'est très compliqué de soigner quelque chose qu'on ne voit pas et qu'on ne met pas en avant.
02:24Pour le coup vous intervenez, vous soignez, vous réparez ces enfants, comment se passe typiquement une mission, notamment au Burkina Faso, c'est là que vous allez pour l'instant ?
02:34Alors il y a d'autres pays bien sûr concernés mais effectivement moi je pars principalement au Burkina Faso.
02:39Alors on va dire qu'il y a autant de patients que de formes de nomas, donc il n'y a pas une mission type.
02:46Mais globalement des recruteurs sur place vont justement chercher ces enfants, ces adultes qui sont touchés, soit dans le pays mais aussi dans les pays limitrophes et qui ne pourraient pas venir par eux-mêmes pour des raisons financières mais également parce qu'ils sont cachés.
03:01Vous faites gratuitement docteur ?
03:02Oui c'est du bénévolat et en fait suite à ce recrutement nous on a une consultation avec les anesthésistes, les infirmières de bloc, les infirmières anesthésistes également et les chirurgiens maxillofaciaux et plasticiens pour pouvoir voir les enfants et les adultes qui sont touchés et voir justement qu'est-ce qu'on peut faire chirurgicalement, est-ce que c'est quelque chose qu'on peut faire sur place.
03:23Parfois dans des cas un peu plus compliqués, est-ce que les enfants doivent être amenés en France ? Parce que ça peut arriver également dans des cas où ils sont trop faibles, où on n'a pas les conditions adéquates pour le faire là-bas. C'est rare mais ça peut arriver.
03:34Ça peut se faire transférer l'opération ici en France. Vous disiez tout à l'heure que parfois certains enfants sont cachés, peut-être qu'une sorte de honte ou de tabou s'installe autour de cette maladie. Est-ce qu'une fois que vous arrivez sur place, on vient facilement vers vous, les familles vous font confiance et les autorités vous permettent de travailler sereinement ?
03:50Je trouve que oui. Finalement il y a un gros travail qui est fait en amont par les personnes sur place qui vont chercher ces patients pour pouvoir leur expliquer, dans leur langue aussi maternelle, qu'est-ce que c'est exactement, que c'est une maladie et pas une malédiction comme ça peut être décrit parfois et qu'il y a des moyens de le soigner.
04:07Et donc nous quand on arrive généralement, je trouve que justement il y a cet espoir qu'on puisse faire quelque chose et qu'on nous donne une belle confiance, qu'on essaie d'honorer.
04:19On voit ces photos de vous sur place, vous partez en équipe avec ces médecins, ces anesthésistes, ces infirmiers de la chaîne de l'espoir, qu'est-ce que vous en retirez vous personnellement ?
04:28Beaucoup de richesses, c'est vrai que c'est un contexte très particulier, ce n'est pas les chirurgies qu'on va avoir l'habitude du tout de faire quand on est en France, spécifiquement à Dijon ou à Paris, c'est une équipe aussi qui vient d'un peu partout, il y a des gens de Paris, des gens de Dijon, des gens qui viennent d'Espagne, donc déjà une richesse humaine forcément, de par l'équipe mais aussi avec les personnes avec lesquelles on travaille là-bas parce qu'on est très très épaulés.
04:51Et les enfants, une fois qu'ils sont réparés, le sourire de ces enfants ?
04:56C'est ce que j'allais te dire, ça c'est vraiment une grosse récompense parce qu'on voit des personnes qui arrivent des fois masquées ou avec un châle pour cacher la malformation, l'anoma, la maladie et puis dès qu'ils sont opérés, qu'il y a cette transformation clairement de leur physionomie, avoir des sourires, on sent qu'ils sont mieux et déjà ils arrivent mieux à manger également parce que bien sûr il y a le côté esthétique mais il y a aussi le côté fonctionnel où ils n'arrivent pas forcément à se nourrir et là ça change tout, ça change la donne.
05:25C'est une maladie méconnue, on le disait et heureusement on en apprend un peu plus avec vous aujourd'hui. Quel est le message s'il y en avait un seul que vous souhaiteriez délivrer aujourd'hui ? Est-ce que déjà des moyens nécessaires suffisants sont mis à vos dispositions pour pouvoir intervenir ?
05:38Oui mais ça c'est compliqué, on prend si peu de temps mais oui parce que l'anoma est quand même devenu en tout cas une priorité de santé publique au Burkina donc il y a beaucoup d'éducation qui est faite en amont avec des clichés notamment et des explications sur ce que c'est, comment amener les familles à nous, c'est surtout ça et se dire qu'il ne faut pas être fataliste, on peut faire quelque chose, on peut soigner en tout cas les survivants, on peut vraiment les aider.
06:04Merci beaucoup Docteur Leslie-Hansi, merci d'être passé par le plateau de France 24.

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