Un service de location d’équipements du quotidien grâce à des casiers connectés : c’est l’idée de Yann Lemoine, président fondateur de la start-up Les Biens en commun. Des perceuses aux appareils à raclette en passant par le matériel sportif : les équipements sont fournis par des partenaires tels que SEB, Boulanger, Stihl, Kärcher ou Decathlon.
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00:00Smart Ideas avec Yann Le Moine, bonjour.
00:09Bonjour.
00:09Bienvenue, vous êtes le président fondateur des Biens en Commun.
00:12Vous l'avez créé en octobre 2021.
00:15Ça part de la région lyonnaise, c'est ça ?
00:17Avec quelle idée, pourquoi vous avez créé Biens en Commun ?
00:20L'idée, c'est de proposer une alternative
00:22qui soit désirable à l'achat de nos équipements du quotidien.
00:24On est tous équipés d'un tas de trucs dont on se sert très peu,
00:26qu'il a fallu produire, qu'on va jeter, qui nous encombrent.
00:29L'idéal serait que les gens partagent entre eux,
00:30mais on voit bien que ça ne se passe pas parce qu'il y a des contraintes.
00:33Et donc l'idée, c'était de transposer ce qui a bien marché avec les vélos en libre-service,
00:36un système de location d'équipement du quotidien via des casiers connectés
00:40qu'on installe dans les lieux de vie, entreprises, résidences, bâtiments publics.
00:44Et vous, vous avez une application qui vous permet de réserver du matériel
00:47qui est stocké dedans, on est propriétaire du matériel,
00:49mais ça vous permet de réserver l'aspirateur, la perceuse, le vidéoprojecteur
00:52aujourd'hui ou dans trois semaines pour une heure ou trois jours.
00:55Avec un modèle économique qui est tout simple,
00:58c'est-à-dire que vous prenez une petite partie du prix de la location.
01:02C'est quoi le principe ?
01:03Alors, le gestionnaire du lieu de vie finance l'installation initiale.
01:07Et ensuite, nous finalement, le revenu est lié à la location.
01:11Donc vous, quand vous louez un appareil, les appareils nous appartiennent à nous.
01:14Ce n'est pas du partage.
01:15C'est à vous directement qu'on appartient.
01:16Exactement. C'est comme les vélos en libre-service.
01:18Moi, quand je dis rapidement, je veux faire le vélib, les équipements du quotidien.
01:22Ok. Très bien. Est-ce qu'il y a des équipements stars, en quelque sorte,
01:25les plus recherchés, les plus demandés ?
01:27Alors, ça dépend de l'endroit. On va commencer par les résidences étudiantes.
01:30Là, c'est l'aspirateur qui cartonne, mais aussi l'appareil à clé,
01:33le fer à repasser, le mixeur à main. C'est cool.
01:35Ça veut dire qu'ils sont des petites soupes.
01:36Peut-être qu'on améliore leur alimentation comme ça.
01:39Et puis, dans un franprix, par exemple, ça va être le détacheur à eau,
01:42votre pression, le vidéoprojecteur, la perceuse-visseuse.
01:45Oui. Évidemment, ça dépend des lieux.
01:47Ça veut dire que vous avez systématiquement des partenaires
01:50qui peuvent être soit les lieux où vous vous installez,
01:53mais peut-être aussi ceux qui fournissent les équipements.
01:55Je voudrais bien comprendre ça.
01:56Oui. Alors, au début, il fallait que je trouve le casier connecté,
02:00une première résidence étudiante qui accepte de l'installer,
02:02et puis des fournisseurs.
02:03Donc, Seb Boulanger, Leroy Merlin ont tout de suite suivi.
02:05D'accord.
02:06Aujourd'hui, on travaille en plus avec Stihl et Decathlon, peut-être Bosch.
02:09Donc, nous, aujourd'hui, on achète le matériel.
02:11On en est propriétaire. Ils sont dans les casiers.
02:13Ensuite, il faut qu'on trouve une résidence, un commerce,
02:17un bâtiment public qui accepte de déployer le service,
02:19de financer l'installation initiale.
02:21Et ensuite, c'est nous qui opérons le système.
02:23C'est clé en main pour le gestionnaire.
02:25Il n'a plus rien à payer.
02:26C'est les locations qui doivent générer le chiffre d'affaires
02:28permettant de couvrir les coûts opérationnels.
02:30Comment vous évaluez le prix de l'allocation, en fait ?
02:34Parce que ça ne doit pas être si simple.
02:35C'est-à-dire, je me dis, ok, je ne vais pas m'acheter un aspirateur
02:38parce que finalement, je ne m'en sers pas tant que ça.
02:40Mais je suis prêt à mettre combien pour le louer une heure ?
02:43En 2020, quand j'avais commencé,
02:45j'avais interviewé 150 étudiants.
02:47Et c'était sur la base de leurs réponses
02:49qu'on avait défini notre grille tarifaire, on va dire.
02:51On veut que ce soit un service abordable.
02:53On ne veut pas le réserver que pour les personnes âgées.
02:55L'objectif, c'est aussi qu'on ait un objectif social,
02:57démocratiser l'accès à des équipements de qualité pour tous.
02:59Pour l'instant, on est resté sur la tarification
03:01qui était proposée par les étudiants il y a 3 ans et demi.
03:05Ça veut dire qu'il y a aussi un service de réparation, j'imagine ?
03:08Parce que comment ça se passe
03:10pour éviter que je veuille une perceuse
03:13et finalement j'ouvre le casier
03:15et la perceuse ne va pas tourner ?
03:17Alors, il n'y a aucun modèle économique
03:19si les gens ne sont pas respectueux.
03:21Parce que nous, on n'intervient pas entre chaque location.
03:23C'est intéressant, c'est aussi une communauté
03:25qui décide de partager des biens.
03:27C'est un vrai gros enjeu, c'est de réussir
03:29à impliquer les utilisateurs, les utilisatrices
03:31dans le système avec des ambassadeurs, des référents
03:33pour qu'ils respectent.
03:35Pour l'instant, on a plusieurs milliers de locations
03:37et on a eu zéro vol, zéro dégradation.
03:39Donc il faut faire confiance.
03:41Moi, je fais confiance dans la vie.
03:43Je m'étais lancé avec les biens en commun, on fait confiance.
03:45On m'a dit c'est génial, mais peut-être va en Suède ou en Allemagne
03:47parce qu'on va tout casser ici.
03:49Ce n'est pas le cas pour le moment.
03:51Donc oui, l'idée c'est qu'ensuite, si jamais
03:53on a un matériel qui est sale ou cassé,
03:55nous on intervient une fois par mois.
03:57On a un ambassadeur, une ambassadrice,
03:59donc un utilisateur qui a un accès gratuit
04:01qui fait nos yeux et nos oreilles sur place régulièrement.
04:03Et puis s'il faut réparer, on a les réseaux de réparateurs
04:05de Seb, Boulanger, Leroy Merlin et nos partenaires.
04:07Plus de 4000 locations et aucun souci.
04:09Quel intérêt pour ces partenaires que vous citez
04:11de moins vendre de matériel ?
04:13Bonne question, il faudrait leur demander.
04:15Je pense qu'au début, ils sont en train de tester
04:17de nouveaux modèles économiques.
04:19Ils testent de la location en magasin, longue durée, etc.
04:21Et quand je suis arrivé avec cette nouvelle idée
04:23qu'ils n'avaient jamais testée, ils se sont dit pourquoi pas.
04:25Ils m'ont même donné du matériel gratuitement
04:27pour mes premières installations et puis en se disant
04:29si ça fonctionne, soit on est son fournisseur exclusif,
04:31peut-être qu'ils se disaient
04:33on le copie ou on le rachète,
04:35ou peut-être qu'ils se disent
04:37je me projette dans un modèle où demain
04:39ils éco-conçoivent une gamme d'équipements
04:41pensés pour le partage,
04:43comme les vélos en libre-service,
04:45ils les mettent dedans, ils restent propriétaires du matériel,
04:47ils le réparent, le remplacent, nous on fait l'entretien
04:49du quotidien et de la relation utilisateur
04:51et on partage le chiffre d'affaires et on rentre dans un modèle
04:53économique gagnant-gagnant. On n'y est pas encore,
04:55ça c'est ma vision pendant quelques années.
04:57D'un mot très rapide, le développement
04:59de l'entreprise, pour l'instant vous étiez
05:01beaucoup à Lyon, c'est de gagner d'autres villes ?
05:03On est déjà sur 5 ou 6 territoires,
05:05l'objectif c'était de faire un projet de territoire
05:07lyonnais, parce que je pense qu'on aura
05:09beaucoup plus d'impact si on fait un déploiement territorial,
05:11on optimise la communication,
05:13les enjeux opérationnels, l'implication des gens, etc.
05:15Pour l'instant je n'ai pas encore trouvé ce territoire,
05:17donc on a estimé beaucoup plus vite que prévu
05:19et on est aujourd'hui à Grenoble, Strasbourg,
05:21Paris, Compiègne, Surennes, etc.
05:23Les biens en commun, merci beaucoup
05:25Yann Lemoyne, à bientôt sur
05:27Bismarck. Voilà c'est la fin de cette émission,
05:29je voudrais remercier rapidement
05:31Cyrielle Chazal à la programmation
05:33et à la production, Manny Pégech, le réalisateur
05:35et Louise Merlin au son, salut !