• il y a 5 mois
[Analyse] Conjoncture laitière

Category

🗞
News
Transcription
00:00OK, t'as bien réponsé.
00:07Bonjour à tous. Bienvenue sur l'espace TV.
00:09On va parler ensemble de conjoncture laitière.
00:11J'ai en ma compagnie Marion Cassagnou. Bonjour.
00:13Bonjour.
00:15Vous êtes consultante chez Agritel et spécialiste des marchés laitiers.
00:17Exactement.
00:18Est-ce qu'on peut d'abord faire un petit bilan
00:21sur la conjoncture laitière, de l'offre et de la demande mondiale
00:24de lait ?
00:25Oui, bien sûr.
00:26Donc au niveau... Déjà, si je commence par la demande,
00:30on a une augmentation de la demande au niveau mondial
00:33de produits laitiers,
00:34et principalement sur le bassin de l'Asie du Sud-Est.
00:37Alors on a tous en tête la Chine, c'est vrai,
00:40mais c'est un peu l'arbre qui cache la forêt
00:42parce qu'on oublie d'autres pays qui sont tout autour
00:45et qui sont tout autant consommateurs de produits laitiers.
00:47Et c'est une hausse régulière ?
00:49Alors c'est toujours par à-coups,
00:50et puis un mois, il y a beaucoup, le mois suivant, un peu moins.
00:54Mais généralement, si on regarde les tendances annuelles,
00:56oui, c'est une tendance qui est construite
00:59et qui se voit d'année en année.
01:01C'est une tendance plutôt favorable pour soutenir les prix,
01:05mais la demande, qu'en est-il de la demande ?
01:08De l'offre, du coup.
01:10De l'offre, pardon.
01:11Alors au niveau mondial, toujours pareil,
01:13l'offre aussi est en augmentation.
01:15Principalement, ce qui est important,
01:17c'est les bassins exportateurs.
01:19Donc en 1er, la Nouvelle-Zélande,
01:21même si la Nouvelle-Zélande, c'est un petit pays producteur
01:24en comparaison, par exemple, avec l'Union européenne,
01:27mais cette année, le pic laitier en Nouvelle-Zélande,
01:30c'est toujours pareil, c'est septembre-octobre.
01:33Et quand on regarde les éléments aujourd'hui en météo,
01:35en conjoncture, en tout,
01:37pour l'instant, ça a l'air d'être tout à fait au rendez-vous.
01:40Les volumes sont là.
01:41Et du coup, les prix des matières laitières sur place
01:44sont en train de baisser,
01:46ce qui est un bon signal pour dire que les volumes sont bons.
01:50Après, si on regarde les autres exportateurs,
01:53au niveau des Etats-Unis,
01:54le 1er Etat producteur des Etats-Unis, c'est la Californie.
01:57Et je pense que ça a échappé à personne
01:59qu'il y a eu un problème cet été de sec et donc d'incendie.
02:02Pour faire du lait, il faut de l'eau.
02:04Donc s'il n'y a pas d'eau, il y a des problèmes.
02:07On a un peu moins de...
02:08On a un recul de la production là-bas.
02:10D'accord.
02:12Oui.
02:13J'allais venir à l'Europe.
02:15On peut faire un focus plus large sur l'Europe
02:18parce que ce qui s'est passé est aussi important.
02:21L'épisode caniculaire, la sécheresse en Europe du Nord,
02:25quel impact ça va avoir sur le marché et sur l'offre ?
02:27Non seulement c'est un impact au niveau des marchés mondiaux,
02:30mais encore plus au niveau de notre bassin européen.
02:33Et oui, c'est vraiment un élément qu'il faut suivre en ce moment
02:36parce que... Enfin, pour 2 raisons principales.
02:38La sécheresse de cet été, elle touche 2 choses.
02:41Elle a touché la production du mois de juillet et du mois d'août.
02:44On va avoir les statistiques qui vont sortir au fur et à mesure,
02:46mais quand on regarde des pays comme le Pays-Bas,
02:49l'Irlande, l'Allemagne,
02:51c'est des productions en baisse.
02:52Même la France, d'ailleurs, production en baisse.
02:55Mais c'est des productions en baisse maintenant, juillet-août.
02:58Et on va aussi avoir des chiffres à suivre
03:01qui sont l'évolution de la production
03:04jusque pendant les mois d'hiver
03:06parce que la sécheresse, elle a aussi touché les fourrages.
03:11Donc moins de production de fourrage.
03:14Et donc la question, c'est comment vont...
03:16Qu'est-ce que vont faire les éleveurs pour changer ?
03:18Alors, en France, on a l'habitude d'avoir l'ensilage de maïs.
03:22Donc du coup, c'est juste que ça sera des augmentations
03:24de coûts de production et à voir si les éleveurs vont suivre
03:28ou pas en fonction du prix du lait.
03:29Mais d'autres pays comme l'Irlande,
03:32c'est pas vraiment une institution, l'ensilage de maïs.
03:35Et donc la question, c'est comment vont-ils réagir ?
03:38Est-ce qu'il y aura des pluies
03:40et donc une pousse de l'herbe tardive ?
03:42Est-ce qu'ils vont devoir acheter
03:44sur les marchés internationaux des fourrages ?
03:46Et du coup, derrière, on a un impact
03:49sur la production de lait au niveau européen.
03:51Qui va jouer, en fait, sur tous les mois d'hiver.
03:55En Europe, l'élément qui va être déterminant à suivre
03:59ces prochaines semaines, ces prochains mois,
04:01ça va être quelle est l'ampleur de l'impact
04:04de cette canicule sur la production.
04:06On a déjà, l'Europe, c'est pas la 1re canicule,
04:09la 1re couche de sécheresse qu'on a en Europe.
04:12Est-ce qu'on arrive à l'estimer,
04:14ce levier sur la production ?
04:17Alors, j'ai regardé, mais ce qui est compliqué,
04:19c'est que dans les années passées,
04:20la sécheresse, c'était principalement
04:22les Etats du Sud, en fait.
04:24C'est là où on a l'habitude d'avoir des canicules,
04:27des températures élevées.
04:28Mais c'est très rarement l'Europe du Nord.
04:30Or, quand on regarde l'Irlande, le Royaume-Uni,
04:34l'Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark,
04:36ça représente déjà 55 % de la collecte laitière européenne.
04:40Et j'ai même pas inclus la France dedans.
04:42Donc du coup, une diminution de volume dans ces pays-là
04:45va tout de suite jouer sur la production européenne.
04:48La canicule va avoir un impact particulier
04:51sur la production de matière grasse ?
04:53Alors, aujourd'hui, on a souvent l'habitude
04:56de regarder les tendances sur le beurre,
04:57parce que c'est l'élément le plus volatile,
04:59on va dire, dans les produits laitiers.
05:01Et oui, forcément, la canicule, elle va aussi toucher
05:04les taux de matière grasse produits dans le lait.
05:07Donc oui, à suivre également,
05:08parce que si on a des moindres productions de matière grasse,
05:11comme c'est ce qui est le plus demandé aujourd'hui
05:13au niveau mondial, derrière, forcément,
05:15ça va toucher les différents marchés,
05:17et donc les prix du beurre, entre autres.
05:19Là, je reviens 2 secondes sur la demande.
05:22La demande en matière grasse, elle, elle va rester soutenue,
05:26comme on a pu le connaître avec la pénurie de beurre
05:29qu'on a connue il y a quelques mois.
05:31C'est la même tendance qui va se poursuivre ?
05:33Oui, c'est une tendance qu'on voit qui se maintient
05:36sur les principaux bassins consommateurs,
05:39sur la matière grasse.
05:40La matière grasse, c'est le beurre, mais c'est pas que le beurre.
05:42De la matière grasse dans le lait, on peut en faire du fromage,
05:46et on a des tendances de consommation au niveau mondial
05:48qui sont très fortes en fromage.
05:50Alors, bien sûr, tout type de fromage, déjà,
05:53mais ce qui se développe le plus,
05:54c'est la mozzarella pour la consommation de pizza.
05:58Donc la consommation de pizza mondiale est en forte expansion,
06:02et donc il faut de la mozzarella pour ça.
06:04Alors on est d'accord, c'est pas la mozzarella italienne,
06:06c'est bien la mozzarella industrielle de vache.
06:09Pour mettre sur les pizzas.
06:11Exactement, oui, c'est ça.
06:12Est-ce à dire qu'on l'a vu l'an passé,
06:17on avait un marché complètement déséquilibré
06:20entre la matière grasse d'un côté et la poudre de lait,
06:24la protéine,
06:25est-ce à dire que ce déséquilibre va perdurer
06:28et pourrait même s'intensifier dans les mois qui viennent ?
06:32Alors, on peut jamais affirmer quelque chose dans le futur,
06:34mais en tout cas, c'est bien ce qu'on voit, nous, dans la suite,
06:38parce que oui, je vous ai parlé du fromage,
06:40mais on a aussi toute la partie crème,
06:42les exportations de crème sont en hausse,
06:45et du coup, derrière, si on fait de la crème,
06:46on peut plus faire de beurre,
06:48et le beurre aussi a une forte consommation au niveau mondial
06:52pour les viennoiseries, la pâtisserie, etc.
06:54Il y a quelques mois aussi,
06:56le stock énorme de poudre de lait crémé au niveau européen,
07:01c'était au coeur de l'actualité.
07:04Aujourd'hui, on n'en entend plus parler.
07:06Il devient quoi, ce stock de beurre ?
07:08Il est toujours autant énorme, il y a pas de problème,
07:10il reste encore de la poudre,
07:12mais c'est vrai que chaque mois, on a des appels d'offres
07:15où la Commission européenne met des volumes sur le marché.
07:20Et c'est en fin de mois, en général,
07:23et donc il y a beaucoup de volumes qui sont vendus,
07:25et c'est une dynamique entre...
07:27C'est très variable selon les mois,
07:29mais par exemple, le mois dernier, donc août,
07:31on a eu 30 000 tonnes de poudre
07:33qui ont été vendues via cet appel d'offres.
07:35A quel prix ?
07:36Je vais simplifier, mais autour des 1 200 euros la tonne.
07:40Donc c'est des prix qui sont très bas
07:42et qui, du coup, sollicitent aussi la demande.
07:45Quand on a préparé cette émission, vous m'avez dit...
07:47Oui, certes, le stock européen de poudre,
07:51le stock à l'intervention, est en train de baisser,
07:53mais finalement, les stocks, en général,
07:57ne baissent pas forcément. Pouvez-vous nous expliquer ?
08:00Oui, alors, en gros...
08:03Je vais essayer de faire simple.
08:05Mais il y a certains opérateurs qui voient une tendance à la hausse
08:08pour les prix de la poudre de lait écrémée.
08:12Donc ils préfèrent stocker celle qui vient juste d'être produite,
08:16donc de la poudre fraîche,
08:18et du coup, acheter par ailleurs des stocks de poudre
08:21qui sont issus de l'intervention,
08:23beaucoup moins cher, voilà, c'est ça,
08:25utiliser ces stocks-là,
08:26et du coup, mettre de côté les stocks de poudre fraîche
08:29qui vont pouvoir exporter plus tard,
08:30en espérant une hausse des prix de la poudre,
08:35et donc pouvoir faire un gain dans le pas de temps de quelques mois
08:39sur la hausse des prix de la poudre de lait écrémée.
08:41Quel impact ça aura sur l'évolution des prix et des marchés ?
08:46Alors, c'est difficile à dire, parce que, dans un sens,
08:49les prix de la poudre de lait écrémée,
08:51ils augmentent en général en lien avec les prix du pétrole.
08:54Le lien n'est pas très facile à faire directement,
08:57mais une partie des consommateurs mondiaux
09:00vont acheter de la poudre de lait que si le pétrole est élevé,
09:03parce que c'est justement des pays pétroliers,
09:05donc ils touchent des dollars et réinvestissent ces dollars
09:08en achetant de la poudre de lait écrémée.
09:10Donc, sur cette partie-là, on voit bien des tendances à la hausse
09:13comme sur le pétrole,
09:15et après, le fait que ces opérateurs-là
09:17se mettent à stocker de la poudre fraîche,
09:19comme on sait pas quel est le volume exact de ces stocks-là,
09:23on sait pas si ça peut avoir un impact plus tard
09:25pour limiter la hausse des prix de la poudre de lait écrémée,
09:29ou au contraire, ça se verra pas,
09:31parce que la demande va, elle aussi, revenir sur le marché mondial.
09:34En fait, le stock de poudre européen
09:36est en train de se pacifier, entre guillemets.
09:39On avait un stock public à l'intervention.
09:42On le connaissait, on connaissait exactement le volume.
09:44Aujourd'hui, on a un stock conséquent,
09:47mais on n'en connaît pas le volume.
09:49Exactement. Alors, se pacifier, c'est plus ou moins bon
09:53selon les prix en fonction de quel côté on est de la balance,
09:56mais c'est vrai que ces stocks de poudre, on va dire officiels,
09:58parce que de l'Union européenne et donc public,
10:02pesaient sur les marchés, parce qu'on savait tous
10:04que, quoi qu'il arrive, on aurait de la disponibilité en poudre.
10:07Le fait d'avoir des stocks plus opaques, certes,
10:10permet d'avoir des prix, entre guillemets, meilleurs,
10:12parce qu'il y a pas l'effet d'une offre démesurée
10:16sur le marché mondial.
10:18Sur la matière grasse, vous l'avez dit,
10:21la tendance est à la hausse en termes de demandes.
10:23Ca va perdurer pour les raisons que vous avez évoquées.
10:27Est-ce que ça doit amener un changement de comportement
10:30des industriels dans leurs demandes elles-mêmes
10:33aux producteurs ?
10:34C'est ce qu'on peut voir déjà
10:36pour certains transformateurs laitiers en France
10:38qui se sont posé la question,
10:40vu qu'ils étaient déficitaires en matière grasse,
10:42s'il valait mieux pas payer la matière grasse différemment
10:45et donc la valoriser au mieux pour le producteur
10:49pour essayer d'avoir des changements,
10:51essayer d'avoir moins de litres, mais plus de matière grasse.
10:54C'est une tendance qui devrait s'accentuer
10:55dans les années qui viennent.
10:56C'est tout à fait possible, mais ça va dépendre des opérateurs.
10:58Il y a des opérateurs qui sont, par exemple,
11:01plutôt sur des marchés de fromage,
11:03qui ont besoin de matière grasse.
11:05Sur des produits où ce sera plus des transformateurs
11:08sur du lait liquide,
11:09ils ont moins besoin de matière grasse.
11:10Par conséquent, on pourra avoir des différences, du coup,
11:13de prix et de contrat
11:14entre les différents opérateurs laitiers.
11:16Ca dépendra des mix-produits des industriels.
11:18Exactement. On revient toujours à la même chose sur le mix-produits.
11:21Marion Cassagnou, merci beaucoup pour ces éléments de réponse.
11:25Et je vous retrouve à retrouver d'autres informations
11:28sur le marché des produits laitiers sur webagri.fr.

Recommandations