Quand la géopolitique influence de plus en plus l’évolution du prix du lait
Conjoncture laitière
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00:07Bonjour et bienvenue. Ravie de vous retrouver pour une émission.
00:10On va parler de la conjoncture laitière des marchés laitiers
00:13mondiaux et européens.
00:15J'ai en ma compagnie Coralie Chenu. Bonjour.
00:17Bonjour.
00:19Vous êtes consultante chez Agritel, spécialiste des marchés laitiers.
00:23On va brosser avec vous un petit panorama, d'abord mondial.
00:26On va faire un petit tour de la planète.
00:29Pour évoquer les niveaux de production
00:31et l'évolution de la production dans les bassins de production,
00:35qu'est-ce qu'on peut dire ?
00:37En Europe, en France, la production a légèrement baissé,
00:41mais ce n'est pas le cas dans tous les pays d'Europe.
00:44Non, en effet.
00:46En Irlande, cette année, ils ont un très bon niveau de production
00:49qui est meilleur que tout ce qu'ils ont pu voir
00:52dans les 5 dernières années.
00:54Et également en Pologne, les 2 pays un peu...
00:57qui présentent des bons niveaux de production cette année.
01:00En Allemagne, on voit que ça baisse également.
01:04Il faudra maintenant un peu se poser la question
01:06de l'évolution de la production dans les prochains mois
01:09au vu de la sécheresse qui a eu lieu dernièrement en Europe.
01:15D'autant plus que ça fait déjà maintenant 2 ans
01:18qu'il y a eu... qu'il y a eu la sécheresse.
01:20Ce qui veut dire qu'en termes de pâturage
01:23et de qualité de fourrage,
01:26on attend forcément d'avoir un impact en termes de production
01:29dans les prochains mois.
01:31Partons en hémisphère sud.
01:34On a la Nouvelle-Zélande, l'Argentine, l'Australie.
01:37Comment évolue la production dans ces pays ?
01:40En Australie, ça fait déjà plusieurs années
01:42qu'ils sont dans une situation très compliquée.
01:44Ça fait plusieurs années qu'ils sont dans une situation de sécheresse.
01:47Et cette année encore, la production est très dégradée,
01:51aussi notamment parce qu'ils ont moins de cheptels laitiers,
01:55donc moins de production.
01:57Donc l'Australie est moins impactante sur les marchés ?
02:00Pour le moment, elle se retire au fur et à mesure
02:01en termes d'exportation, effectivement,
02:03parce qu'elle a plus suffisamment les volumes
02:05pour pouvoir approvisionner le marché mondial.
02:08Comment ça se passe en Nouvelle-Zélande ?
02:09C'est le pays à suivre.
02:11Alors la Nouvelle-Zélande, exactement, c'est le pays à suivre.
02:15Ils exportent 95 % de leur production,
02:17d'où le fait de suivre avec attention ce pays.
02:21En Nouvelle-Zélande, donc dernièrement,
02:23en termes de météo, il semblerait que ce soit plutôt favorable.
02:27Eux, leur pic laitier arrive à peu près en septembre, octobre,
02:29donc on est dedans et on va devoir suivre maintenant
02:32leurs exportations pour pouvoir savoir
02:35quel était effectivement le niveau de production,
02:37mais qui s'avère, en tout cas, pour le moment, plutôt favorable.
02:41L'Argentine aussi est un acteur majeur,
02:46peut-être de moindre importance, mais il compte sur le marché mondial.
02:49La production, elle évolue comment ?
02:51L'Argentine, ils ont eu des problèmes l'année dernière,
02:54sécheresse puis pluie importante sur le pays,
02:57qui a fait qu'ils se sont presque retirés du marché mondial.
03:00En revanche, sur les 2 derniers mois,
03:03on voit qu'ils rattrapent plus ou moins leur niveau de production.
03:06Ils ont eu des conditions météo un peu plus favorables,
03:09ce qui leur permet de petit à petit remettre le pied à l'étrier
03:13et se ravancer un peu dans le marché.
03:16Alors il y a ces fondamentaux de marché,
03:19le niveau de production,
03:20il y a aussi la demande qu'il faut regarder de près,
03:23et la demande, il faut se focaliser sur la Chine, c'est ça ?
03:27Notamment la Chine, les bassins aussi du Sud-Est.
03:31Je voulais juste revenir...
03:33Sud-Est asiatique, pardon.
03:35Un autre pays producteur à suivre absolument,
03:37ce sont les Etats-Unis.
03:38Oui, pardon.
03:40Les Etats-Unis, ils ont eu beaucoup de précipitations,
03:45enfin, beaucoup de pluie à partir de mars, avril,
03:48ce qui a eu un impact sur les élevages dans le Wisconsin,
03:52le 2e Etat producteur.
03:55En revanche, ils ont eu un bon niveau de production en Californie
03:58qui est venu compenser la baisse de production
04:00qu'il y avait eue dans le Wisconsin.
04:02Donc si on regarde d'un point de vue mondial,
04:04en termes de production,
04:05on arrive à peu près au même niveau que l'année dernière.
04:08En fait, c'est compensé plus ou moins d'un hémisphère à l'autre.
04:11D'accord.
04:12J'évoquais à l'instant la demande.
04:15Il faut se focaliser sur la Chine
04:16et sur les pays du sud-est asiatique.
04:19Comment évolue cette demande ?
04:22C'est assez difficile,
04:23parce que pour le moment, en tout cas en termes de consommation,
04:26ils ont pas, on va dire, comme en Europe,
04:28le même niveau de consommation de produits laitiers.
04:31Pour eux, c'est encore quelque chose qui est en développement,
04:33mais du coup, leur potentiel de développement,
04:34il est très important.
04:37Pour ce qui est de la Chine,
04:39ils ont notamment beaucoup plus de besoins
04:42en tout ce qui va être de matières grasses,
04:45donc plus d'importations de beurre qu'on a pu voir dernièrement.
04:48Et là, ces derniers mois,
04:50c'est plutôt les importations de crème qui sont plus importantes.
04:54Donc ce sont des consommations qui sont difficiles à prévoir,
04:57puisque ça ne fait pas partie
04:59de leurs habitudes de consommation quotidiennes.
05:02Ils se tournent finalement plus vers de la consommation
05:05qui se rapproche de ce que nous, on a en Europe,
05:08et aussi ce qui va être, on va dire,
05:10consommation hors domicile un peu rapide
05:12qui les incite à utiliser, entre autres, plus de produits laitiers.
05:16Il y a un an, même 2 ans,
05:18la conjoncture laitière était caractérisée
05:21par un différentiel important
05:23entre la valorisation poudre et la valorisation matières grasses.
05:27Beurre, on a vu le cours du beurre flamber.
05:30Les choses se sont assagies, on va dire.
05:33Mais est-ce qu'il y a encore un risque
05:35de voir des écarts encore se creuser
05:38entre poudre et beurre ?
05:41Alors, pour savoir,
05:43il faut surtout se baser sur les niveaux de demande et de production.
05:48Au niveau de la demande en beurre, pour le moment,
05:51on semble être dans des niveaux qui sont plus ou moins corrects.
05:54Les cours du beurre ont baissé dernièrement,
05:56même si on a vu un petit rebond depuis quelques semaines.
06:01En termes de demande, pour le moment,
06:02il semblerait qu'il n'y ait pas une forte demande
06:04et qu'on ait suffisamment de volume pour pouvoir répondre à celle-ci.
06:08Donc pas de grosse hausse des cours du beurre
06:10à attendre.
06:11En revanche, il y a toujours plein d'éléments
06:13qui sont très difficiles à prévoir,
06:16ne serait-ce que les conditions météorologiques,
06:18une des décisions géopolitiques.
06:20Donc il y a plein d'éléments qui peuvent faire
06:22que tout change, entre guillemets, du tout au tout.
06:24Justement, on a parlé des fondamentaux,
06:27des niveaux de production, de la demande,
06:29mais il y a des facteurs, des événements géopolitiques
06:33qui prennent de plus en plus d'importance
06:34dans l'évolution du marché mondial du lait et des produits laitiers.
06:39Oui.
06:40Il y a la guerre commerciale, par exemple,
06:42entre la Chine et les Etats-Unis.
06:43Ca peut avoir un impact sur les produits laitiers,
06:45y compris chez nous ?
06:47Tout à fait, parce que la Chine importe beaucoup de poudre de lait crémé.
06:51Donc antérieurement, c'était des Etats-Unis qui l'importaient.
06:54Et depuis la guerre commerciale,
06:56ça a finalement été plutôt favorable
06:57pour les bassins d'Union européenne,
07:00de Nouvelle-Zélande et un peu d'Australie,
07:02puisque eux, ils ont pu trouver des débouchés
07:04chez le bassin asiatique, chinois.
07:08Et si on revient en Europe, les éléments géopolitiques,
07:11c'est l'incertitude toujours du Brexit.
07:15On ne sait pas ni quand ni comment.
07:16Et ce Brexit,
07:19selon qu'il serait hard ou moins difficile, moins dur,
07:25il y aura un impact, quoi qu'il en soit, sur le marché laitier.
07:28Assurément. C'est difficile de savoir exactement
07:30dans quelles conditions ça va évoluer,
07:33étant donné que personne ne sait vraiment
07:34comment va se passer le Brexit.
07:37L'Irlande exporte beaucoup de volume vers le Royaume-Uni.
07:40Et c'est forcément l'élément, on va dire, majeur
07:43sur le marché des produits laitiers,
07:45étant donné que l'Irlande devra forcément
07:47trouver des débouchés à cette production.
07:49Et il est fort possible que ce soit
07:51vers plus des pays des Unions européennes,
07:53ce qui viendrait alourdir un peu le marché européen.
07:57En préparant cette émission,
07:58on a parlé des stocks publics de poudre en Europe
08:04qui ont été vendus. Il n'y en a plus, de stocks publics.
08:06Mais par contre, il y a toujours une incertitude,
08:08puisque vous m'expliquiez,
08:10les opérateurs ont reconstitué des stocks privés.
08:13C'est ça ?
08:14Les stocks ont été vendus, donc on n'a plus de stocks
08:16qui sont visibles, on va dire, chiffrables.
08:19Mais ces niveaux de production
08:21n'ont pas disparu dans la nature.
08:23Ils sont toujours quelque part.
08:24Donc pour le moment, c'est juste la passibilité
08:27de pouvoir quantifier ces volumes disponibles
08:30qui est un peu plus compliquée.
08:32Ça rend plus difficile l'estimation...
08:34Et donc moins transparent.
08:35...et des perspectives à venir sur le prix du lait.
08:38Oui, tout à fait, parce que c'est difficile maintenant
08:40d'estimer les volumes qui sont existants, présents en Europe.
08:45Et donc forcément, ça a un impact sur les prix du lait,
08:47de la poudre de lait crémé.
08:48On a vu aussi qu'il y a eu une petite hausse
08:50dernièrement des prix de la poudre de lait crémé.
08:53Justement aussi, entre autres, à cause de cette disparition
08:57de la connaissance de ces stocks d'intervention.
09:00Coralie Chenu, merci beaucoup.
09:01Merci.
09:02Je vous invite à retrouver d'autres éléments
09:03sur les marchés laitiers sur webagri.fr.