Hélène Morin (Agritel) : « En blé, s’engager à hauteur de 20 % »

  • il y a 3 mois
[Suite au Tchat] Stratégie de commercialisation pour la campagne 2012

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Transcription
00:00Est-ce qu'on peut, pour rentrer directement dans le sujet, faire le point sur le coût de production et les prix de vente estimés de cette récolte, qu'on soit en blé, colza, orge et maïs qui n'est pas encore récolté ?
00:21Sur les coûts de production, cette année, c'est extrêmement difficile d'avoir une vision uniforme sur l'ensemble des départements, dans le sens où, on l'a souligné tout à l'heure dans le chat,
00:34il y a une très forte hétérogénité sur les rendements qui ont pu être obtenus dans le sud de la France, plutôt faibles, et puis dans le nord de la France, très satisfaisants.
00:44Donc, difficile d'avoir une vision globale d'ensemble qui soit représentative pour tout le monde, donc attention aux extrapolations sur ce sujet-là.
00:55Au niveau des prix de vente du blé, par exemple, on va se situer dans quel intervalle ?
01:03Au niveau des prix de vente du blé sur la récolte 2011, on va dire qu'en fonction du positionnement tout au long de la campagne, et puis aussi de ce qui reste à faire,
01:11puisque tout n'a pas encore été vendu, on peut s'attendre à un prix de vente moyen, on va dire qu'on prie dans une fourchette entre 150 et 190 euros de la tonne.
01:19Vous en pensez quoi, chère Gretel, de cette estimation ?
01:23Alors, c'est un niveau de prix aujourd'hui qui est relativement satisfaisant, dans le sens que sur ces niveaux-là, du fait qu'on a eu une campagne d'engrais l'année dernière qui était moins élevée,
01:34ça nous permet de dégager un revenu, donc on est sur des niveaux pour la campagne 2011 qui sont, on va dire, satisfaisants.
01:43Et ce delta de 40 euros illustre l'hétérogénéité des rendements ?
01:47Alors, le delta de 40 euros, en fait, il illustre, non, d'abord, des positionnements dans la campagne qui n'ont pas forcément été toujours au même moment.
01:58Ensuite, l'hétérogénéité des rendements va jouer, en fait, plus sur le coût de revient, le prix objectif, on va dire, de vente de l'agriculteur pour permettre de dégager un revenu.
02:12Donc ça, le niveau moyen de prix de vente, on va dire, entre 150 et 190, et après, par contre, effectivement, l'hétérogénéité des rendements qui va faire varier le prix objectif d'achat qui permet donc de dégager une rémunération.
02:25En colza, on est sur quel niveau de prix ?
02:29Alors, en colza, on va être sur des niveaux de prix qui vont être compris entre 360 et puis un peu plus de 400 euros de la tonne.
02:37Donc là aussi, des niveaux qui sont satisfaisants. On a une tension sur la graine de colza qui était assez forte cette année avec la tension sur les marchés de l'huile,
02:49même si la graine de colza est aujourd'hui beaucoup plus chère que la graine de tournesol.
02:56Donc attention aux effets de correction parce qu'on a grosso modo 50 euros de la tonne d'écart entre les deux produits.
03:03Donc attention aux effets de correction qui pourraient faire pression sur la graine de colza.
03:09Si on parle de l'orge, maintenant ?
03:11Alors, si on parle de l'orge, l'orge, marché tendu sur l'orge dans le sens où il y a peu de positionnement à l'export des origines merdes noires.
03:21On s'attend, du coup, à la possibilité de marquer des prix qui sont encore intéressants en ce moment sur les prix de l'orge.
03:29Et donc, du coup, un prix moyen de vente qui va s'échelonner entre 140 et 180 euros de la tonne.
03:37On est très proche des prix du blé, là ?
03:39On est très proche des prix du blé. Et je dirais même que c'est quelque chose qui peut encore évoluer parce que depuis quelques semaines,
03:44on a un prix de l'orge qui est supérieur au prix du blé. Donc on a vraiment aujourd'hui l'origine européenne qui répond à la demande sur la scène internationale.
03:56Et parmi les gros consommateurs, on a l'Arabie saoudite qui a confirmé une hausse de ses importations de 13% à 7 millions de tonnes.
04:04Donc, effectivement, on est sur des niveaux qui sont attractifs en ce moment sur le marché de l'orge.
04:10Alors, si on se projette un petit peu en 2011, tout à l'heure, pendant le tchat, vous vous présentiez la stratégie sur la culture du blé
04:18de se positionner à hauteur de 20, plus 20, 25%. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi aller dans ce sens-là
04:28et pourquoi ne pas plus s'engager, sachant que les prix sont déjà bons ?
04:33Alors, pourquoi dans ce sens-là ? On a fait un petit peu le même cheminant, le même calcul.
04:38On a essayé d'estimer le prix objectif d'achat, enfin le coût de revient sur la tonne de blé pour la récolte 2012
04:47en intégrant la hausse sur les prix des engrais et des intrants notamment. Au jour d'aujourd'hui, on estime qu'en équivalent prix Euronext,
04:57on va avoir un prix objectif d'achat pour que l'agriculteur puisse dégager un revenu, un prix objectif d'achat autour de 170 euros de la tonne.
05:07Donc ça, c'est un prix équivalent Euronext. Ça veut dire que c'est un prix équivalent rendu Rouen.
05:12Encore une fois, ramené à un prix départ ferme, on va être sur des niveaux de prix entre 150 et 155 euros de la tonne.
05:21Donc ça, c'est l'élément premier dans la réflexion pour savoir si on s'engage sur la récolte 2012 ou pas.
05:29En intégrant un prix objectif à 170 euros de la tonne sur l'équivalent Euronext, on regarde ensuite les prix qui sont réellement cotés sur Euronext
05:39sur l'échéance novembre 2011 pour du blé, et on s'aperçoit que le marché traite autour de 185 euros de la tonne.
05:47Donc aujourd'hui, on se rend compte que le prix qui peut être fixé par l'agriculteur sur le marché à terme
05:53est supérieur à son prix objectif de vente pour dégager un revenu satisfaisant.
05:57C'est pas un revenu mirobolant, mais c'est un revenu satisfaisant.
06:00D'où, effectivement, le conseil de se positionner déjà au moins sur 20% pour s'assurer un matelas de sécurité en termes de revenus.
06:08Après, deuxième question, pourquoi pas plus ?
06:11Effectivement, si on marge bien et si on a un revenu dégagé, pourquoi pas fixer 100% ?
06:18Pourquoi pas fixer 100%, un, parce qu'on n'est pas sûr des volumes qui vont être récoltés.
06:23Donc on dit 20% aujourd'hui, on ne sait pas si in fine ça sera 15%, ça représentera 15% ou 25% ou 30% en fonction du niveau de rendement.
06:32Et je pense que l'expérience de l'année dernière le démontre bien.
06:36Attention au rendement, on ne les maîtrise pas à 100%.
06:38Deux, on a des niveaux de prix aujourd'hui qui expriment une certaine tension sur la récolte 2011.
06:44La récolte 2012, aujourd'hui, on n'a aucune idée des volumes de production qui pourront être atteints.
06:51Si on devait avoir un aléa climatique, on peut rentrer à nouveau dans un système, je ne vais pas dire explosif, mais en tout cas de forte tension sur les prix.
07:00Parce que nos niveaux de stock, toutes céréales confondues, ne sont pas extrêmement confortables.
07:04Donc demain, on va dire entre aujourd'hui et la récolte, il peut encore se passer beaucoup de choses sur les marchés.
07:11Et il est trop tôt, à plus de 9-10 mois avant la moisson, de se positionner sur 100%, voire même 50% de son potentiel de production.
07:20En discutant avec Michel Portier, en préparant ce tchat et cette interview, il me faisait part d'une tendance haussière, tout de même, sur le marché et sur ce qui pourrait se passer en 2012.
07:31Et notamment concernant le marché du maïs.
07:35Et conseiller d'attendre septembre 2012 pour savoir si ce marché allait commencer à descendre, commencer à baisser, ou s'il allait rester dans cette perspective haussière.
07:46Alors, est-ce que vous pouvez nous présenter les facteurs qui font qu'aujourd'hui, on a une certaine certitude, à savoir que les prix vont se maintenir jusqu'à la prochaine récolte ?
07:56Alors, on a effectivement des éléments de tension sur le marché qui ne pourront pas être effacés sur un horizon, on va déjà dire mai à juin 2012 par rapport à la récolte 2012.
08:09C'est-à-dire qu'au jour d'aujourd'hui, on va bientôt savoir ce qui a été semé.
08:13On saura le potentiel de rendement, grosso modo en juin, quand tous les aléas climatiques potentiels auront été évités ou non.
08:22Et à partir de ce moment-là seulement, on va dire horizon juin, on sera assez serein sur un niveau d'estimation du potentiel de production.
08:30Il faut bien se rappeler que cette année, encore une fois, est un très bon exemple.
08:33En mai, on était extrêmement pessimiste sur les niveaux de production.
08:37En juin et juillet, on a été en mesure d'avoir une véritable vision, et entre guillemets définitive, sur le niveau de production.
08:45Jusqu'en mai-juin, on va encore avoir dans les cours l'intégration d'une prime de risque liée au fait qu'on ne va pas savoir si notre niveau de production est bon, médiocre ou excellent.
09:00C'est ça qui fait que tout pendant qu'il y a de l'incertitude dans les marchés, il y a forcément une certaine tension, une certaine fermeté qui reste.
09:06C'est l'intégration de la prime de risque.
09:09C'est le premier point.
09:10Deuxième point, par rapport au maïs dont vous parliez à l'instant.
09:14Effectivement, sur les maïs, on est aux Etats-Unis avec des niveaux de stocks qui représentent moins de 20% de la consommation.
09:22On est sur des niveaux de stocks qui sont extrêmement tendus.
09:25On sait très bien que le maïs qui est en train d'être récolté aux Etats-Unis en ce moment ne va pas permettre de reconstruire ses stocks.
09:32L'idée, c'est de se dire qu'on va être obligé d'attendre la récolte 2012 pour envisager une reconstruction des stocks.
09:41C'est pour ça que si on regarde uniquement le maïs, les éléments de tension vont perdurer tout pendant qu'on sera en mesure d'estimer la récolte maïs 2012,
09:51qui sera récoltée horizon septembre 2012.
09:54Si elle est bonne, on pourra avoir un peu de détente sur le marché.
09:58Si elle s'avère mauvaise, on peut avoir une situation encore plus catastrophique par rapport au niveau de stock maïs.
10:05Le maïs a réellement un rôle aujourd'hui sur l'évolution du marché du blé ou des autres céréales ?
10:11Le maïs fait partie des principales céréales qui sont échangées au niveau international,
10:18avec les Etats-Unis en plus leader sur l'exportation de ce produit, avec les pays d'Amérique du Sud, notamment l'Argentine.
10:27Le maïs a clairement un impact aujourd'hui leader sur les évolutions des cours des céréales.
10:35Il ne s'est pas toujours le cas. L'année dernière, c'était plutôt les tensions sur l'origine de la mer Noire,
10:41parce que c'était là qu'il y avait une tension sur l'offre. Cette année, c'est le maïs.
10:45L'année prochaine, on verra. Peut-être que ce sera l'Europe. Peut-être que c'est l'Europe de l'Ouest qui fera l'actualité.
10:52Hélène Morlingebourg, merci. Je vous souhaite un bon retour sur Paris.
10:56Merci.
10:57Et je vous donne rendez-vous dans l'Observatoire des marchés de Ternet.fr pour suivre la stratégie de commercialisation
11:03et toutes les informations relatives aux marchés. A bientôt.

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