• il y a 5 mois
C’est Actif

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00:00Bonjour et bienvenue dans C'est Actif, la nouvelle émission de l'Internet Web TV.
00:18Vous connaissez les reportages d'actualité, les interviews, les sujets techniques ou machinismes
00:23et bien sûr les essais matériels.
00:25L'Internet Web TV vous propose aujourd'hui une nouvelle formule d'émission mensuelle.
00:30Le but de C'est Actif, vous présenter des démarches innovantes mises en place dans
00:35des exploitations agricoles.
00:36Vous avez des idées ? Vous les mettez en pratique ? Nous les faisons connaître.
00:40Marché à terme, gestion des adventices, irrigation, pâturage, robots de traite, moissons.
00:47C'est Actif, c'est un reportage terrain réalisé par nos équipes et la réaction
00:51d'un expert du secteur agricole sur cette initiative.
00:54Objectif, croiser les regards des professionnels de l'agriculture pour répondre au mieux
00:59à vos préoccupations.
01:00Dans un contexte où la volatilité des prix des matières premières à la vente comme
01:05à l'achat n'a jamais été aussi forte, est-il aujourd'hui indispensable d'utiliser
01:10les marchés à terme ?
01:11Pour répondre à cette question, nous sommes allés à la rencontre de Patrick Guignet,
01:15céréalier dans l'Oise.
01:17Depuis maintenant 10 ans, il utilise les marchés à terme pour commercialiser sa production.
01:21Dans la deuxième partie de cet Actif, Patricia Lecadre, directrice adjointe du Cereaupas
01:27et analyste économique, nous confiera ses impressions et les erreurs à ne pas commettre.
01:32Cet Actif, c'est tout de suite dans l'Internet Web TV.
01:35La commercialisation, c'est le physique, c'est le marché à terme, c'est ses révolutions
01:41qui sont mauvaises, c'est un tas de choses.
01:43C'est une brique de l'édifice, il ne faut pas rendez-vous.
01:45Depuis une dizaine d'années, Patrick Guignet a intégré les marchés à terme dans ses
01:49outils pour la commercialisation de sa production.
01:51Grâce au contrat qu'il passe, il sécurise le prix de vente d'une partie de sa production
01:56sans risquer d'être en défaut de livraison.
01:57Il ne faut pas croire qu'on utilise, parce qu'on a un compte marché à terme, que tous
02:03les ans on sécurise 100% de notre récolte sur le marché à terme.
02:06Si vous avez vos céréales qui sont engrogées sous votre hangar, que la récolte est faite,
02:14vous connaissez vos quantités stockées, vos quantités à vendre, quelque part, si
02:19vous avez un très bon prix physique qui est au-dessus de votre prix d'objectif, pourquoi
02:24ne pas vendre du physique directement ?
02:26Pour la récolte 2011, il aura engagé sur le marché seulement 100 tonnes, soit de l'eau
02:31ou un peu moins de 10% de ses productions annuelles de blé.
02:34J'ai engagé 400 tonnes qui représentaient théoriquement 33% de la récolte, j'ai engagé
02:44ça en janvier-février 2011.
02:45On avait un hiver qui était rigoureux, mais la plaine n'était pas moche, les conditions
02:51de sécheresse n'étaient pas encore à ce point annoncées, donc les prévisions de
02:57rendement n'étaient pas affectées.
02:59En février 2011, j'ai pris des poutes à 245 euros tonnes, novembre 2011, que j'avais
03:11payées à cette époque-là 25 euros.
03:12Pour moi, ça n'est pas baissé, donc au lieu d'en engager une part plus importante,
03:17je n'ai engagé que 100 tonnes.
03:18Et ces 100 tonnes-là, je les ai revendues début octobre, j'ai débouclé mon poute
03:25début octobre 2011.
03:26Le cours était à 195 euros, donc j'ai fait une plus-value de 245 moins 195 euros le prix
03:33de rachat, moins 25 euros le prix de l'option, donc j'ai fait une plus-value de 25 euros
03:37par tonne.
03:38Et au même moment, j'ai vendu du physique, que j'ai vendu 171 euros tonnes.
03:45Donc en fin de compte, le prix de ce lot-là, c'est 171 euros plus les 25 euros que j'ai
03:54eus de bénéfice sur mon poute, donc ça amène à un prix net de ce lot-là de 196
04:01euros tonnes.
04:02Et début janvier, donc il ne me restait plus que 180 tonnes à vendre, début janvier,
04:07j'ai soldé les cours de physique avant le dernier rapport USDA, qui étaient nettement
04:11meilleurs que ce qu'on a connu un mois avant, où on pouvait toucher des prix de physique
04:14de 193 euros tonnes, donc j'ai vendu sur ces bases-là, début janvier, le reste, j'ai
04:20soldé mon physique.
04:21Et pour la prochaine campagne, Patrick Guillier sait dès à présent qu'il sécurisera une
04:25plus grande partie de sa production sur les marchés à terre.
04:27Oui allô, bonjour, Patrick Guillier, mon numéro de contrat, c'est le 6001, donc ça serait
04:34pour vendre 4 taux de blé, 198, novembre 2012.
04:38Vous confirmez le passage de l'opération ? Merci.
04:42En 2012, si vous voulez, j'ai déjà vendu 200 tonnes de physique, j'ai arbitré le
04:46même jour, 200 tonnes de blé à 194 novembre 2012, donc j'ai vendu 4 taux de blé, 194
04:53novembre 2012.
04:54Si j'arrive à avoir du novembre 2012 aux alentours de 200 euros tonnes, si c'est dans
04:59un proche avenir, c'est-à-dire que l'hiver n'est pas passé, je vais me rengager sur
05:03le marché à terre.
05:04Je vais revendre des lots sur le marché à terre.
05:06On peut faire des mauvais choix, on peut s'arbitrer au mauvais moment, je veux dire, c'est pas
05:17la science, on gagne tout le temps, mais je pense quand même qu'on a un prix moyen de
05:21la tonne, qui est quand même supérieur, et heureusement, parce qu'on se décarcasse
05:24quand même un petit peu, on prend part à la commercialisation de notre produit.
05:28Quelles sont vos réactions suite au visionnage de ce reportage ?
05:36Alors, ça m'interpelle sur pas mal de points.
05:39Le premier, c'est vraiment l'idée de ne plus subir le dictat des marchés, de se réapproprier
05:44l'acte de commercialisation, peut-être parce qu'effectivement, on passe à la volatilité
05:50des prix, un certain nombre d'agriculteurs se disent que finalement, peut-être qu'ils
05:53feraient mieux que l'euro-est, je ne sais pas si c'est vrai ou pas, mais de temps en
05:56temps aussi, c'est un marché un peu compliqué.
05:59Mais je crois que voilà, quand on est chef d'entreprise, on doit prendre des décisions
06:03et celle-là, c'en est une très importante dans la gestion de l'exploitation et on a
06:06envie d'y participer, ce que je trouve assez logique.
06:10Après, on ne s'improvise pas vendeur de céréales.
06:13Quand on doit intervenir sur les marchés à terme, il faut déjà comprendre comment
06:17ça marche, comment l'outil fonctionne, il y a toute une gymnastique intellectuelle
06:21aussi par rapport à tous les outils qui sont proposés.
06:23Donc ça, ça ne se fait pas du jour au lendemain, souvent, il faut essuyer les plâtres, avoir
06:26aussi malheureusement des mauvaises expériences pour comprendre un petit peu tout ça.
06:31Et puis, il faut au moins 10 ans pour se former parce que pour intervenir sur un marché à
06:37terme, non seulement il faut comprendre effectivement comment ça marche, mais surtout, il faut
06:40savoir à quel moment y aller et si c'est important d'y aller ou pas, c'est fonction
06:44du contexte.
06:45Donc, il y a forcément une analyse de marché qui doit être faite avant d'aller sur les
06:51marchés à terme.
06:52Donc ça aussi, ça ne s'improvise pas.
06:57Les personnes aujourd'hui qui utilisent les marchés à terme, c'est avant tout pour
07:01mettre en place une stratégie et s'y tenir en général, quelle que soit l'évolution
07:06du marché.
07:07Donc, l'idée, c'est qu'on ne peut pas aller sur le marché à terme si on n'a pas
07:10une analyse faite au préalable, c'est indispensable.
07:13C'est à la fois une analyse sur le marché agricole, forcément, sur lequel vous allez
07:17intervenir, mais pas seulement parce qu'aujourd'hui, il y a une financiarisation terrible de ces
07:21marchés agricoles et donc, ça n'est pas simplement le rapport USDA qui fait que votre
07:25prix va monter ou va baisser sur le marché du blé par exemple, c'est bien autre chose.
07:30Et donc, ça veut dire qu'il faut effectivement avoir un esprit relativement ouvert pour aller
07:35s'inquiéter de ce qui va se passer ou en termes de logistique ou en termes de devise
07:39ou en termes d'aversion au risque des investisseurs sur les marchés boursiers.
07:43Donc, il y a effectivement un certain nombre d'indicateurs qui doivent être pris en
07:48compte.
07:49Il y a le fait surtout aussi qu'il faut prendre du recul par rapport à l'information
07:51qu'on a.
07:52Donc voilà, d'où l'idée de fonctionner en réseau.
07:54Ça, c'est important.
07:55Je pense qu'un agriculteur est quelqu'un d'assez indépendant par nature, mais je
07:58pense qu'il faut qu'il comprenne qu'il ne peut pas y aller tout seul et qu'il a besoin
08:01de personnes d'abord pour l'aider à se former et puis après, pour l'aider à analyser
08:04le marché.
08:05Voilà.
08:06Donc ça, c'est...
08:07Oui, c'est...
08:08Ça me semble indispensable.
08:11Patricia Lecadre espère surtout qu'aujourd'hui, les marchés à terme se développent sur le
08:15produit fini pour donner, par exemple, plus de visibilité aux éleveurs.
08:19Quand vous êtes un éleveur, c'est très, très compliqué et c'est très difficile.
08:25C'est beaucoup plus compliqué parce que ce qui est le point d'arrivée pour le céréalier,
08:28c'est le point de départ pour l'éleveur, c'est-à-dire qu'acheter sa matière première,
08:33c'est l'acte de départ de sa production.
08:35Et il ne sait absolument pas à combien il va vendre si on prend un éleveur de porc.
08:39On ne sait pas à combien il va vendre son porc dans quatre mois, une fois qu'il aura
08:42mis à l'engraissement et qu'il devra aller vendre son porc sur le marché.
08:45Et donc, c'est pour vous dire que le marché à terme, ce n'est pas suffisant.
08:49Sur le blé, par exemple, ou sur le soja, c'est bien, c'est intéressant.
08:53C'est-à-dire que si demain, il peut acheter même un aliment à terme qui soit indexé
08:58sur le marché à terme du soja à Chicago ou sur le marché de Ronex, pour le blé,
09:03c'est déjà une bonne chose.
09:05Mais ce n'est pas suffisant parce que pour gérer son risque, il faut le connaître.
09:09Et tant que vous ne savez pas à combien vous vendez le prix du porc, vous ne pouvez pas
09:13avoir une idée de la marge que vous avez à faire.
09:15Donc, c'est compliqué et il faut surtout souhaiter que le marché à terme se développe
09:21sur le produit fini parce que ce qui est important chez un éleveur, ce qui est dangereux,
09:27ce n'est pas la volatilité de la matière première en tant que telle, c'est la volatilité
09:30de son revenu qui est lié à un effet de ciseau qui peut y avoir entre d'un côté le prix
09:34des matières premières et puis de l'autre, le prix de sa production.
09:36Et on voit malheureusement que le prix du porc suit rarement la flambée des matières
09:41premières.
09:42Mais le marché à terme, si demain, il peut se développer sur les productions animales
09:46en lui permettant d'avoir une visibilité à un an, si ce n'est à deux, quand un éleveur
09:53a une visibilité jusqu'à l'été 2013, ça sera forcément une bonne chose.

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