Avec Benjamin Morel, politologue et maître de conférences en droit public à l'Université Paris II et auteur de "Le Parlement, temple de la République : de 1789 à nos jours", qui sort le 2 juillet aux éditions Passés Composés
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00:00Il est 6h49, diminuer la quantité d'un produit tout en le vendant à un prix identique, voire même plus élevé, ça s'appelle la Shrinkflashon.
00:09Vous en avez forcément entendu parler depuis hier, les supermarchés ont l'obligation d'étiqueter les produits concernés pour informer les consommateurs.
00:17Bonjour Lionel Moguin.
00:19Bonjour.
00:20Et merci d'être avec nous ce matin, vous êtes journaliste pour 60 millions de consommateurs.
00:24Déjà c'est une pratique récente ou pas cette Shrinkflashon ?
00:28Ah non non, nous on l'avait découvert en 2008 à l'occasion de la précédente crise agricole et on avait déjà des industriels qui s'amusaient à retirer de la quantité de produits pour vendre au même prix.
00:41C'est pas nouveau non.
00:42C'est pas nouveau, quels sont les produits concernés ? Tous les produits ou est-ce qu'il y en a qui sont concernés davantage que d'autres ?
00:50Beaucoup de produits ont été concernés récemment parce que beaucoup d'industriels évidemment ont fait passer leur Shrinkflashon avant le 1er juillet, date où on est obligé de les afficher.
01:02Donc on a eu des croquettes pour chats, on a eu des cérales pour le petit déjeuner, on a eu des jus de fruits, des jus de roche notamment.
01:14Au total je pense qu'il y a environ 200 produits depuis le début de l'année qui ont procédé à ce type de micmac sur les contenus.
01:24Et bon, il faut se référer à l'ensemble des magasins, on compte 10 000-20 000 références dans un magasin, donc ça reste quand même marginal.
01:34Pratique en tout cas légale, mais donc depuis hier je le disais, cette pratique doit être signalée dans les rayons.
01:41À 60 000 ans de consommateur, vous estimez que la règle sera contournée, de quelle façon ?
01:47Il y a plusieurs techniques, d'abord plutôt qu'en retirer, en ajouter.
01:51Il y a pas mal d'instruments, des couches-culottes par exemple, qui rajoutent des couches-culottes dans les paquets,
01:58et donc augmentent d'autant plus le prix et même davantage que le prix au kilo antérieur.
02:05Et puis il y a aussi une autre technique qui est beaucoup plus pernicieuse, qui consiste à modifier la recette des produits alimentaires.
02:13On a vu par exemple des cordons bleus qui avaient moins de filets de poulet et plus de chapelure, vendus au même prix.
02:20Donc ça c'est pas signalé en magasin.
02:22Il y a un doute aussi, puisqu'il y a certains distributeurs, marques de distributeurs, qui procèdent à ce genre de petits trafics.
02:30Et comme c'est aux distributeurs d'afficher en rayon, on se doute bien qu'ils ne vont pas se pointer eux-mêmes.
02:36Ils ne vont pas tirer une balle dans le pied.
02:38Il y a ce problème-là effectivement, parce que c'est les distributeurs qui vont devoir décider quel produit sera signalé en rayon.
02:47D'ailleurs, il y a des sanctions éventuellement prévues. Vous parliez des distributeurs qui pourraient ne pas jouer le jeu pour les marques distributeurs.
02:54Est-ce qu'il y a des sanctions prévues par le gouvernement pour limiter les dérives sur cet étiquetage, les problèmes qu'on pourrait avoir ?
03:03C'est une obligation réglementaire depuis le 1er juillet, mais il n'y a pas de sanction à proprement dit.
03:08C'est-à-dire que le distributeur qui ne fait pas cette affichette n'aura pas de contrôle, n'aura pas de sanction particulière.
03:15Par contre, à chaque fois qu'il y a de l'inflation sur un produit, les consommateurs nous le signalent et on le pointe dans nos colonnes et sur notre site.
03:27Donc la sanction, c'est aussi d'en parler et de donner les marques qui s'adonnent à ce genre de trafic-là.
03:33Et 60 millions de consommateurs sont là pour ça. En tout cas, vous nous dites mesure qui va être contournée, qui est déjà contournée.
03:41Vous pensez un petit peu au Nutri-Score, d'une certaine manière ? On est un peu dans la même logique, non Lionel Moiguin ?
03:46Alors c'est la base du volontariat. Simplement, le Nutri-Score a une logique plus positive.
03:52C'est-à-dire qu'on signale les marques qui font des efforts sur le point de vue industriel.
04:00Donc c'est pousser les marques dans ce sens-là.
04:03Mais c'est vrai que comme ce n'est pas obligatoire, c'est la France qui a inventé le Nutri-Score, mais elle ne l'a pas rendu obligatoire alors que c'est obligatoire dans d'autres pays.
04:10Donc c'est un peu notre spécialité de faire des règles sans qu'elles soient sanctionnées ni contrôlées.
04:18Enfin, sur le Nutri-Score, c'est plutôt une démarche positive alors que là, on est dans le pointage.
04:25Lionel Moiguin, merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio Journalist pour 60 millions de consommateurs.
04:31Très bonne journée à vous !
04:32Merci beaucoup à vous !