Dans ce nouveau numéro des Grandes Questions du Sport, Patrick Chêne et ses invités se retrouvent autour du thème : "Comment gérer la post-réussite des jeux olympiques ?". Les invités sont Fabrice Canet, Frédéric Lecanu, Jean-Nicolas Barelier, Lucas Mazur, Véronique Barré et Benjamin Lang.
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00:00Les grandes questions du sport avec MGEN Mutuelle Santé Prévoyance.
00:07...
00:11Générique
00:13...
00:29Bonjour à tous.
00:31Bienvenue chez Sport en France.
00:33Ce sont les grandes questions du sport.
00:35On aurait pu les intituler les JO et après.
00:38On va se les poser à plusieurs niveaux, si j'ose dire.
00:42On va parler d'abord des fédérations
00:44qui ont connu des succès aux JO,
00:46voir comment elles rebondissent sur ces succès.
00:49Est-ce qu'il y a vraiment un impact aux Jeux olympiques ?
00:52Dans un deuxième temps, on s'intéressera aux athlètes.
00:55Notamment avec Véronique Barré, auteure d'un documentaire
00:58qui sera bientôt diffusé sur Sport en France,
01:00qui s'intitule, ça aurait pu être le titre de cette émission,
01:04et après, on recevra aussi Lucas Mazur,
01:06double médaillé paralympique en para-bad,
01:08et puis Benjamin Lang,
01:10membre de la commission des athlètes
01:12du comité olympique français, qui sera avec nous en visio.
01:15Dans cette première partie, on s'intéresse aux fédérations.
01:19On va le faire avec Fabrice Canet, à mes côtés.
01:21Il est responsable de la communication
01:24et des relations presse de la Fédération française de basketball,
01:27qui m'est cher.
01:28En face de vous, Frédéric Lecanu,
01:30qui m'est pas moins cher, conseiller technique
01:33à la Fédération française de judo,
01:35je vais y arriver,
01:36et directeur de l'itinéraire des champions.
01:38En visio, nous accueillons le DTM de la Fédération française
01:42de tennis de table, Jean-Nicolas Barrelier.
01:44Jean-Nicolas, bonjour.
01:46Merci d'être avec nous.
01:48On va donc évoquer, dans un premier temps,
01:51comment les fédérations vivent l'impact de leurs Jeux olympiques.
01:56Alors, la première chose qu'on peut dire avec vous, Fabrice,
02:00c'est que vous, vous avez plutôt des bons problèmes à gérer,
02:03puisqu'on va pas le rappeler d'une manière très détaillée,
02:06mais les basketeurs et les basketeuses français
02:09ont réalisé des exploits aux Jeux olympiques.
02:12Il y a eu vraiment un coup de projecteur
02:15porté à nouveau sur ce sport formidable.
02:17La première question que je veux vous poser,
02:19c'est de savoir si vous avez anticipé.
02:22Avant, on se dit, si ça rigole vraiment,
02:24si tout le monde veut faire du basket, on anticipe,
02:27ou est-ce qu'on verra le résultat ?
02:28On essaie d'anticiper.
02:30Comme toutes les fédérations olympiques,
02:32on attend l'échéance.
02:33On a eu cinq ans, pas quatre, pour la préparer.
02:36On savait qu'il y avait un rendez-vous mondial attendu
02:38pour tous les sports, pour notre sport aussi.
02:41On espérait performer, on a eu des bons résultats.
02:44Donc oui, on prépare les associations,
02:46les clubs à recevoir, je dirais, on l'espère,
02:49en fonction des résultats, une masse d'adhérents,
02:52mais on sait qu'on est bloqués aussi par les gymnases,
02:55les terrains qui peuvent manquer.
02:56Tout ce plan, un petit peu, infrastructure,
02:59le plan infra qu'on a mis en place depuis quelques années,
03:02s'était mis en place depuis maintenant 2021,
03:05pardon, 2018-2019,
03:07sous l'impulsion de Jean-Pierre Suitat.
03:09Et puis, il y avait également la volonté
03:12de relancer un petit peu l'appel aux bénévoles
03:14et surtout aussi l'idée d'avoir des clubs
03:17qui puissent offrir différentes options de basket,
03:19ne pas faire qu'un seul basket de compétition,
03:22pouvoir faire du loisir, etc.
03:24Ça a commencé à prendre.
03:25C'est pas un claquement de doigts qu'on peut changer les choses,
03:28mais je crois qu'il y a beaucoup de clubs
03:30qui étaient prêts à accueillir différentes formes de basket.
03:34Il y avait du 5-5, habituel, traditionnel, du 3-3,
03:36pas encore tous les clubs.
03:38On est à peu près à 3 800, 3 900 clubs.
03:40On sait qu'ils ne sont pas tous prêts pour le faire.
03:43Et puis, du loisir, de plus en plus de loisir.
03:45C'est l'accélérateur de l'effet Covid.
03:48Je me permets de témoigner modestement.
03:50Jean-Yves Capot, coprésident avec moi de l'USAP Basket à Avignon,
03:54j'exagère à peine, on ne sait plus où les mettre,
03:57mais on a des demandes importantes d'avant des jeunes.
04:00Est-ce que l'impact est aussi mathématique
04:02lorsqu'on va frostpoter aux Américains ?
04:04Ça fait rêver les jeunes qui sautent sur l'occasion ?
04:07On espère tous que les résultats, notamment des Jeux olympiques,
04:11on sait que l'audience télé, c'est des pics incroyables
04:14quand on est à 4-5 millions de téléspectateurs
04:16pour un match de basket.
04:18Voilà, nous, on est vraiment sur le toit du monde.
04:22On est très heureux.
04:23On sait que ça va avoir un impact, notamment chez les jeunes,
04:26et ça n'a pas à dénoter.
04:28Cette année, début de saison, très clairement,
04:30plus 3, plus 4, plus 5 % par rapport à il y a deux ans.
04:33Je ne compare pas par rapport à l'année dernière,
04:36mais par rapport à il y a deux ans.
04:38Sur les catégories U8, U9, U10,
04:39on est pratiquement sur plus 3, plus 4 % déjà, dès maintenant,
04:43ce qui est plutôt très encourageant.
04:45Le seul bémol, c'est qu'aujourd'hui,
04:47les seniors qui ont été très impactés par le Covid
04:50eux, ils attendent de voir comment ça va se passer,
04:53comment ça s'est passé avec les clubs,
04:55les remboursements ou pas.
04:57Pour l'instant, ils attendent un peu.
04:59Ils préfèrent encore jouer un peu en extérieur.
05:01On verra bien ce que...
05:03Le mauvais temps, l'hiver, peut-être nous les ramènera.
05:06Du basket, on passe au judo.
05:08Le judo, grand pourvoyeur de médailles.
05:10On va rappeler les chiffres.
05:126 à Sydney, 4 à Pékin, 7 à Londres,
05:145 à Rio, 8 à Tokyo.
05:15J'ai envie de dire qu'il y a une petite différence
05:18avec le basket, Frédéric Lecanu,
05:20c'est que vous, vous vous appuyez peut-être davantage
05:23sur des... Je vais dire des symboles,
05:26des idoles, je sais pas comment appeler ça.
05:29Aussi bien au niveau féminin que masculin,
05:31vous avez des portes-drapeaux très forts.
05:34-"Portes-drapeaux", oui.
05:35-"Portes-drapeaux", sens propre, sens juré.
05:38On a eu Thierry Bénard, portes-drapeaux
05:40sur la Nouvelle Olympiade, Clarence Bellenau,
05:43portes-drapeaux là. On a eu cette épreuve olympique mixte.
05:46Je suis là pour la première fois.
05:48Juste avant de parler de ça,
05:49vous le savez, un héritage quand même apporté
05:52avec 1972, Munich, un quart des médailles françaises
05:55faites par le judo à l'époque.
05:57C'est une chance et une malédiction.
05:59Il faut qu'on soit au rendez-vous, sinon...
06:01C'est une pression, on va dire.
06:03C'est une pression.
06:04Alors, justement, les moments médiatiques.
06:07Fabrice le disait tout à l'heure, il disait qu'il y a un match,
06:10quand la France joue les Etats-Unis, ça bouillonne.
06:13Vous avez eu une chance pour votre sport.
06:15Le nombre de médailles, on s'en fiche pas,
06:18c'est important, mais c'est pas ça qui va faire envie aux gens.
06:21Ce sont des médailles éternes.
06:23Mais vous, vous avez surtout eu une...
06:25Je vais dire une embellie incroyable
06:27avec une chance inouïe pour les téléspectateurs
06:30qui se sont trouvés, certains par hasard,
06:32devant leur télévision au moment de cette fameuse épreuve
06:36qui a déjà permis de verser,
06:39d'essuyer un tout petit peu les larmes,
06:41s'il y en avait, de Teddy Renner,
06:43mais de donner un moment de télévision unique.
06:45Quel est l'impact de ce genre de moment ?
06:48Ça a été l'un des événements les plus suivis.
06:51Sur les chiffres, on est dans le top 3 des événements les plus suivis.
06:54Pour nous, c'est quelque chose d'exceptionnel.
06:57Nous, on a toujours dit que le judo est un sport individuel,
07:00mais avant tout un sport collectif.
07:02Là, on l'a prouvé dans un événement aussi unique,
07:05parce que c'est un événement mixte, qui est moderne,
07:08et qui nous a permis de marquer l'histoire.
07:10Antoine Guézine, qui avait battu le Japonais
07:12il y a quelques années, 57 ans de mémoire,
07:15c'était le premier Européen à battre un Asiatique.
07:17C'est au même endroit que les Français ont battu les Japonais.
07:21Dans ce fameux dojo.
07:22Il y a un moment d'histoire exceptionnel pour les puristes,
07:25pour, comme vous l'avez dit, avec ce côté un peu cocorico,
07:28pour ceux qui connaissent moins la pratique.
07:30On avait Teddy Renner qui combat, qui ramène le point,
07:33on a ce suspense incroyable, Sarah Leonis-Isizik,
07:36qui fait une finale individuelle très dure,
07:38c'est un moment d'anthologie, on l'utilise à tort et à travers,
07:41c'est un vrai moment d'anthologie.
07:43Et voilà, l'histoire était belle, incroyable,
07:46et elle a marqué à tout jamais les Français.
07:48Ca, c'est pour le rêve, il en faut, évidemment.
07:51Ca permet d'accrocher le public et de faire vivre la discipline.
07:54Parlons maintenant plus concrètement
07:56comment la Fédération française de judo, en ce moment, vit.
08:00Est-ce qu'il y a un afflux ?
08:01C'est plus difficile de se dire que je vais au judo qu'au basket ?
08:05Est-ce qu'il y a un afflux, un impact direct ?
08:07L'impact direct, c'est qu'on a toujours
08:09cet impact médiatique sportif
08:11juste avant la rentrée traditionnelle de septembre.
08:14Ca, c'est immuable. Avec plus ou moins d'impact.
08:16On a eu des années difficiles,
08:18comme 2004, où on avait eu une médaille.
08:20Ca avait été difficile pour la Fédération française de judo.
08:23La rentrée avait été solide.
08:25Il ne faut pas corréler de manière directe
08:27le résultat sportif à la rentrée.
08:29Preuve en est, on a une belle rentrée,
08:31mais une rentrée difficile,
08:33parce que nous, ce qui nous impacte, c'est la Covid-19.
08:36On sort, comme nos amis sportifs, d'une période très dure,
08:39mais peut-être plus dure pour nous,
08:41car les sports de contact et de combat
08:43ont été très marqués par la Covid.
08:45On ne peut pas s'enorgueillir d'une rentrée hors du commun,
08:48car il y a des stigmates, des moments difficiles,
08:51des moments de souffrance pour les enseignants.
08:53La reprise est là, c'est clair, mais il va falloir se battre.
08:57Il va falloir souffler sur les braises
08:59de cette victoire par équipe. Ca ne va pas se faire tout seul.
09:02La Fédération doit mettre en place des stratégies,
09:04avec les financements, avec les clubs,
09:07pour accompagner cette pratique. Ca ne se fera pas tout seul.
09:10On va voir avec Jean-Nicolas Barrelier,
09:12d'ETN de la Fédération française de tennis de table,
09:15si, du côté du tennis de table, on se réjouit de ces bons jeux,
09:18ou si, un peu comme Frédéric vient de le dire,
09:21on est surtout à se dire, comment va-t-on sortir
09:24du marasme qui est éner de la Covid-19 ?
09:28Merci. D'abord, merci de nous inviter
09:32à notre qualité de non-médaillé
09:34et de considérer que nous avons fait de bons jeux,
09:36alors même que nous n'avons pas eu de médailles.
09:39Effectivement, vous êtes un public, vous êtes avertis,
09:42nous avons fait de bons jeux, de très bons jeux,
09:44sur le plan sportif. Contrairement à nos collègues
09:47du basket et du judo, nous ne sommes pas habitués
09:50des podiums olympiques.
09:53Notre dernier podium olympique, c'est en l'an 2000.
09:55On va quand même préciser, Jean-Nicolas,
09:58que vous venez de faire une 3e place
10:00aux championnats d'Europe. Le bad n'est pas
10:02le parent pauvre du sport français.
10:04Au niveau mondial, il y a encore une marche à franchir,
10:07mais je ne veux pas faire de comparaison.
10:09Vous êtes quand même un sport assez efficace
10:13au niveau des médailles européennes, notamment.
10:15Le tennis de table, le badminton,
10:17c'est mon collègue Lucas Mazur, tout à l'heure.
10:22Donc, on n'a pas eu la même exposition
10:26que nos collègues, puisque nous n'avons pas fait de finale,
10:30nous avons fait quand même une petite finale.
10:32C'est un double mixte que nous avons perdu.
10:34Donc, on ne joue pas dans la même cour.
10:37Et même quand nous avons obtenu une médaille en 2000,
10:40j'ai regardé les statistiques de la fédération
10:43au niveau des licences, nous n'avions pas eu de rebonds.
10:45Donc, nous, on est plutôt préparés
10:49à vivre et à faire vivre le projet fédéral
10:55sans impact des Jeux olympiques.
10:58C'est bien la consistance du projet fédéral
11:00qui est un jeu pour nous.
11:01Et c'est comme ça que nous le vivons.
11:03Et on considère que les Jeux olympiques sont un plus,
11:06mais ne sont pas une condition
11:08au redéveloppement de la fédération.
11:10Vous avez aussi une icône, j'allais dire,
11:13avec Pritika Pavat,
11:15qui a été remarquée peut-être que par les spécialistes.
11:18Ce n'est pas du grand public,
11:20comme Clarisse ou Teddy d'un côté, ou les joueurs de basket.
11:23Mais vous sentez cet impact ?
11:25Déjà, peut-être, on la voit d'ailleurs,
11:27les pratiquants existants
11:30vont se fédérer derrière elle et ça va bouillir ?
11:34Alors, ce que j'allais vous dire,
11:36aujourd'hui, si on peut parler d'impact
11:38sur notre discipline,
11:41effectivement, lorsqu'on parle
11:44à des collègues, à des gens qui suivent un peu le sport,
11:48tout le monde connaît Pritika Pavat
11:50et sait que nous avons fait des bons Jeux.
11:52Ils ne savent pas exactement nos résultats,
11:55mais on a eu quand même cette visibilité
11:58et sur laquelle on doit capitaliser.
12:03Donc, Pritika, effectivement,
12:05elle a été exposée avant les Jeux,
12:07beaucoup avant les Jeux,
12:09et ensuite, après les Jeux.
12:10Avec un point d'orgue, c'est qu'elle vient de battre
12:13la numéro une européenne, vous le disiez,
12:15senior par équipe,
12:16d'où on revient avec une médaille de bronze.
12:19Elle continue d'accroître sa visibilité
12:21et son impact médiatique, et c'est très bien pour nous.
12:24Est-ce qu'elle est prête, d'abord, à le faire ?
12:27Est-ce que vous allez essayer de capitaliser sur son image ?
12:30Elle a tout pour elle, pour fédérer les sportifs,
12:33avec cette énergie, cet enthousiasme
12:35et surtout cette combativité.
12:37Elle l'a prouvé en battant la meilleure européenne.
12:40Ou est-ce que vous restez sur une communication plus globale ?
12:43Quels sont vos choix stratégiques après les Jeux ?
12:46Globalement, on dit, même si l'équipe féminine,
12:48si les souvenirs sont bons, a été éliminée au 1er tour,
12:51vous avez globalement réussi vos Jeux
12:53parce que vous avez existé,
12:55parce qu'on a vu de la combativité, les garçons allaient plus loin.
12:58Comment vous...
13:00Quelle est votre stratégie ?
13:02Vous capitalisez sur une image,
13:04vous faites une communication globale,
13:06vous posez ce genre de questions, je présume ?
13:09Aujourd'hui,
13:11pour revenir sur Pritika, c'était votre question,
13:14on est plutôt dans une phase où on essaie de la protéger...
13:18Très bien. J'espérais cette réponse.
13:21Voilà. Plutôt que d'exploiter ce qu'on pourrait exploiter,
13:24parce qu'elle a un nombre de sollicitations très important,
13:27elle n'a que 17 ans, elle est en terminale,
13:30elle a encore beaucoup de chemin à faire sur le plan sportif
13:33pour se mettre au niveau des Asiatiques.
13:35Et donc, on souhaite...
13:39participer à son évolution
13:41en la protégeant de l'ensemble des sollicitations.
13:44Et donc, on a une agence de presse
13:49qui filtre les sollicitations pour Pritika
13:52et qui met en place une organisation
13:54pour qu'elle soit sollicitée à la juste mesure.
13:57La priorité, c'est son projet sportif, pas l'image de la fédération.
14:01Donc, on est sur ce registre-là.
14:03C'est aussi parce qu'on n'est pas habitués
14:05à avoir un impact médiatique dans notre activité,
14:09et on en a toujours fait 100.
14:11On s'est organisé 100.
14:12C'est pour ça que le nouveau projet fédéral
14:14est construit autour des fondamentaux de l'activité
14:17pour recruter des nouveaux adhérents
14:19sans forcément l'impact des résultats sportifs.
14:22Notre collègue du basket, en début d'émission,
14:25parlait de basket loisir, de basket extérieur,
14:28de basket 3-3, de nouveaux formats.
14:30Et nous, on est sur les mêmes registres.
14:33C'est la solidité du projet fédéral
14:35dans la diversification de l'offre
14:38qui va faire qu'on va croître
14:42et les résultats sportifs viendront nous aider à faire ça.
14:45Mais ce n'est pas un élément qui est indispensable pour croître.
14:51OK, Jean-Nicolas.
14:52Vous avez fait le lien, c'est vrai.
14:54Une entreprise, vous répondez à la demande.
14:57Si tout le monde voulait jouer au 5-5 classique,
15:00vous joueriez au 5-5 classique.
15:02Il y a des jeunes qui viennent par d'autres portes.
15:04Ce qui m'intéresse, c'est de rebondir,
15:06de savoir qu'il y a un impact sur les licenciés.
15:09J'aurais pu préciser à Jean-Nicolas,
15:11mais il le sait, que les grandes performances réussies
15:15aux Paralympiques par le tennis de table
15:18comptent aussi pour la belle image du tennis de table.
15:21On en parlera peut-être dans la 2e partie de l'émission
15:24avec un double médaillé paralympique,
15:26donc Lucas Mazur.
15:27Mais moi, ce que j'aimerais savoir,
15:29c'est si ça a un impact sur les partenaires.
15:31Aujourd'hui, quand vous discutez avec des fédérations, des clubs,
15:35tout le monde vous dit qu'il y a un petit problème.
15:38Quand vous allez voir une entreprise ou une institution,
15:41ils vous disent que s'il n'y avait pas la Covid...
15:44Et c'est vrai, on ne va pas nier
15:45qu'il y a des impacts sur les entreprises.
15:48Est-ce que les résultats aux Jeux olympiques,
15:50Fabrice va répondre en premier,
15:52peuvent avoir un impact positif sur la relation avec le partenaire ?
15:56C'est très clairement que les équipes nationales,
15:58en sport collectif, c'est toujours le moteur d'une fédération.
16:02C'est la tête d'affiche, c'est là-dessus qu'on peut capitaliser.
16:05Il y a eu deux temps, pendant la Covid.
16:07D'une part, c'était d'essayer de garder les partenaires
16:10qui étaient déjà présents dans les fédérations.
16:13C'était le travail le plus important pour les clubs aussi,
16:16pour les partenaires présents.
16:18Pour l'instant, de notre côté, on n'a pas à se plaindre.
16:21Il y a eu beaucoup de fidélité des partenaires présents.
16:24L'exposition, ce n'est pas en un claquement de doigts.
16:27Ce n'est pas la baguette d'Harry Potter.
16:29Ça ne va pas se faire en un claquement de doigts.
16:32En effet, il y a eu des résultats.
16:34On a vu que nos équipes ont pu performer.
16:36Donc, ça peut séduire, mais ça ne se fera pas aussi rapidement.
16:40La réponse du Covid, c'est de nous laisser le temps
16:42de nous remettre sur pied pour pouvoir redémarrer.
16:45Aujourd'hui, c'est plutôt des signaux positifs.
16:48Je ne sais pas si ça se fera dans un claquement de doigts.
16:51Frédéric Lecanu, on revient sur le judo
16:54et on revient aussi sur ce fameux moment
16:58je partage le mot avec vous,
16:59même si je n'ai pas les superlatifs d'anthologie du sport.
17:03Est-ce que ce moment d'anthologie, ce moment de communion,
17:06qui va véhiculer des valeurs,
17:08et c'est vrai pour le basket, sport collectif par excellence,
17:11va véhiculer des valeurs dans lesquelles les entreprises
17:14vont s'intégrer ?
17:15J'espère que vous capitalisez là-dessus avec vos partenaires.
17:19On essaye. Vous avez parlé du mot entreprise.
17:21Le mot entreprise correspond à le mot produit.
17:24Qu'est-ce qu'on propose aux entreprises ?
17:26Aujourd'hui, de cet événement d'anthologie,
17:29on a créé l'itinéraire des champions.
17:31La volonté, c'est de passer d'un événement qu'on maîtrise depuis 1993
17:35pour en faire un nouveau où on va venir sur tous les territoires
17:38avec les membres de l'équipe de France,
17:41notamment ceux qui étaient en équipe d'hier,
17:43demandés par Paris 2024.
17:45On va essayer d'emmener tout ce beau monde
17:47sur l'ensemble du territoire français
17:49pour avoir un impact sur les territoires,
17:52mais un impact sociétal.
17:53La stratégie de la Fédération française de judo,
17:56c'est que ces champions sont de beaux champions.
17:58On a vécu un grand moment sportif,
18:00mais la majorité de nos licenciés ont moins de 10 ans.
18:03Ces licenciés, il ne faut pas oublier que les parents
18:06nous les amènent, non pas pour devenir des champions
18:09comme Teddy Riner, mais pour devenir les citoyens de demain.
18:12Le code moral, c'est ce qui caractérise
18:15les arts martiaux, et c'est ça qu'on doit conserver
18:17pour faire la différence.
18:19C'est notre joyau.
18:20Notre ADN, c'est de former les enfants à la citoyenneté,
18:23de former les enfants au code moral.
18:25D'ailleurs, l'itinéraire des champions
18:28est défini comme une tournée sportive et citoyenne.
18:30C'est pas seulement sportif.
18:32C'est pour ça qu'on a pris un peu ce volant-là,
18:35d'être à la fois sportif, bien sûr,
18:37d'être dans l'esprit de Paris 2024, bien sûr,
18:39parce qu'on a des grands champions,
18:41des porte-drapeaux olympiques et paralympiques,
18:44mais aussi, on est un sport d'amélioration,
18:46on est un art martial, on se construit à travers ça,
18:49les grades nous caractérisent aussi.
18:51Cet univers très caractéristique,
18:53notre joyau, notre ADN, on doit le vendre,
18:55c'est pas le bon mot, mais le partager
18:57avec les entreprises, ce qui est plus pertinent,
19:00au service des Français.
19:01C'est ça qu'on crée avec la Fédération.
19:03C'est à la fois un accompagnement, j'ai envie de dire,
19:06bienveillant avec les marques et les sponsors,
19:09et d'avoir un double discours sportif et citoyen
19:11pour faire la différence et garder notre ADN.
19:14Vous avez des personnages formidables.
19:16Évidemment, on parle de Clarisse, on parle de Teddy,
19:19la fameuse Bubuche.
19:21Bien sûr, c'est un spécialiste.
19:23C'est une... Non, non, mais je veux dire,
19:25c'est un personnage exceptionnel.
19:27En plus, on a élargi un peu le message
19:30avec ce fantastique documentaire
19:32qui est passé sur Canal+,
19:34dont elle a été une des acteurs.
19:37Vous avez des gens formidables.
19:39On compte sur vous pour les mettre en avant.
19:41C'est notre métier, c'est de trouver un sens commun
19:44avec aussi des nouvelles technologies
19:46et des nouveaux visages.
19:48On a créé un personnage qui s'appelle Kodomo,
19:51qui veut dire enfant en japonais,
19:52qui va accompagner.
19:54On a spectacularisé nos rendez-vous
19:56pour les rendre plus attractifs,
19:57pour que les enfants soient plus concernés.
20:00On est passé d'un entraînement à un itinéraire d'échantillon.
20:03Mais ce qui est incroyable, c'est qu'on va partout.
20:06On va dans les prisons avec le code moral,
20:08on va dans les EHPAD avec le savoir chuter,
20:10on va voir les enfants dans les écoles,
20:12même parfois, qui sont complètement éloignés
20:15et en difficulté, éloignés de la citoyenneté.
20:18Le judo a cette capacité d'être partout
20:20avec tous les types de publics.
20:21C'est là qu'on parle d'accompagnement,
20:24de sponsoring et de financement.
20:25On est capable de faire beaucoup de choses
20:28et il faut être partout avec ces valeurs-là.
20:30L'itinéraire d'échantillon,
20:32une tournée sportive et citoyenne, aura 24 étapes ?
20:35Oui, jusqu'à 24 étapes, comme 2024,
20:37et puis d'aller au courant.
20:38J'avais pas fait la liaison.
20:40Aïe, aïe, aïe. Je suis assez monomaniaque.
20:4224 étapes, c'est un peu plus que le Tour de France.
20:45Finalement, il faut que j'élargisse un peu mon spectre.
20:48Alors, Fabrice Canet,
20:50quand vous entendez parler Frédéric Lecanu,
20:53vous vous dites, il a des billes, quoi.
20:57Il y a vraiment du beau travail.
20:59Et surtout, il y a une base.
21:01Le judo véhicule ces valeurs
21:02que vous avez bien résumées.
21:04Le basket,
21:05ce que je trouve assez formidable dans le basket,
21:08c'est que vous avez su rebondir
21:11après une génération,
21:12et puis après Tony Parker.
21:14Ils ont été dire une heure, vous avez Tony Parker.
21:17Tony Parker, c'est...
21:18J'allais dire, c'est presque encore plus.
21:20C'est extraordinaire.
21:22J'ai entendu qu'il était prêt à prendre
21:24la succession de Jean-Michel Hollande.
21:26Cassez pas tout judoka, s'il vous plaît.
21:29Les judokas, ils sont toujours un peu...
21:31C'est juste un micro qui vient de tomber.
21:33Il n'y a pas de mal.
21:34Votre force, c'est ça,
21:36c'est de prouver que le collectif
21:38vient toujours succéder à des personnalités très fortes.
21:41Bon, vous avez, en plus,
21:42on parlait d'images d'anthologie, excusez-moi,
21:45le contre de Nicolas Batum.
21:47Moi, j'en ferais...
21:49Moi, j'en ferais des bols pour le qui-déjeuner,
21:51j'en ferais des T-shirts...
21:53On en a fait des T-shirts.
21:55On en a fait un T-shirt.
21:56On en a fait un T-shirt, mais c'est vrai.
21:58Je crois que l'héritage de Tony Parker,
22:00comme il y aura un héritage de Teddy,
22:02c'est certain.
22:04Quand il y a eu un héritage de David Douillet,
22:06de Jean-Luc Poucet, de Fabien Canut.
22:08Aujourd'hui, la génération d'Evan Fournier,
22:11Nicolas Batum, qui fait le lien,
22:13comme Boris Dio l'a fait après Tony Parker,
22:16laisse un héritage
22:19et qui est aujourd'hui, je dirais, plus fort encore
22:22qu'une icône.
22:23Il y a une icône, Tony Parker,
22:25très indéboulonnable,
22:28mais il y a aussi des joueurs qui performent
22:30et qui réussissent à faire perdurer cette image.
22:33C'est une sorte d'exploit.
22:34Le public qui nous regarde est un public du sport.
22:37On parle de génération perdue.
22:39Vous vous souvenez ?
22:4084, l'équipe de France de foot,
22:42championne d'Europe, c'est parti.
22:44Derrière, il y a un pchit terrible
22:45parce qu'il n'y a plus les platinés.
22:48On attend 98 pour avoir une équipe vraiment performante.
22:51C'est là où je dis que c'est une performance
22:53de la part de l'ensemble du basket français
22:56d'avoir réussi à ne pas avoir cette dépression
22:58après le départ de Tony.
22:59Il y a eu aussi la volonté de la part des joueurs
23:02de ne pas être un d'une part ridicule,
23:04après Tony Parker,
23:05et d'essayer de battre aussi.
23:07C'était la volonté aussi d'essayer de dépasser le maître.
23:11C'était ça aussi l'idée de cette équipe.
23:13C'est-à-dire que, entre guillemets,
23:15Tony Parker n'a pas réussi, je dirais,
23:17sa partition olympique.
23:19Pour les joueurs, il y a aussi cette volonté de dire
23:22qu'il nous a montré le chemin,
23:24qu'on a appris de certaines défaites.
23:26Et on le fait pour lui.
23:27Jean-Nicolas Barollier,
23:29vous, donc, on est, je le rappelle,
23:31dans le tennis de table.
23:32C'est moins médiatisé, évidemment.
23:34Quand vous entendez mes deux autres invités,
23:37vous vous dites que vous avez du boulot.
23:39Mais vous avez un sport magnifique et des icônes.
23:42Je vais faire l'ancien combattant, j'ai le droit.
23:45Je suis dans le sport depuis quelques années.
23:47Mais des secrétains, ça nous a fait rêver un bon bout de temps.
23:51La voie est tracée aussi.
23:54Oui, ça nous a tous fait rêver, moi le premier.
23:57Je citerai Jean-Philippe Gassien.
23:59Jean-Philippe, bien sûr.
24:00Et dans une autre mesure, Patrick Schilla,
24:04qui est notre dernier médaillé en double avec Gassien.
24:07Oui, en fait, on a...
24:10Je me rends compte qu'on a les mêmes ambitions,
24:12le judo, le basket et nous,
24:14sauf que nous, on est plus petits,
24:16on peut moins capitaliser que sur la partie médiatique,
24:19mais on a les mêmes socs.
24:21A chacun son ping, pour nous,
24:23et au basket, à chacun son basket ou à chacun son judo.
24:28Le judo parle d'itinéraire de champion,
24:30nous, on a fait un ping-tour.
24:32Il y a 24 dates pour le judo, nous en avons fait 14 cet été.
24:35On est allé à la rencontre des gens sur les places publiques
24:38pour expliquer, pour démontrer et surtout pour faire participer
24:42les gens à l'activité tennis de table.
24:45Donc on a un peu les mêmes programmes,
24:47sauf qu'on n'a pas les mêmes moyens,
24:48on n'a pas les mêmes chiffres derrière,
24:50mais on a des intentions qui sont assez communes
24:53et nous aussi, on a des bénéfices,
24:55on retire des bénéfices de ces bons résultats
24:58auprès des institutionnels,
25:01auprès des partenaires privés,
25:02donc on sent bien qu'on a une écoute plus importante
25:06après les Jeux qu'avant.
25:08Dans la relation également aux médias, vous m'avez invité,
25:11alors qu'il y a quelques mois, vous ne l'auriez peut-être pas fait.
25:15Donc, encore une fois, je me répète,
25:17mais on capitalise sur la consistance de notre projet.
25:20Et donc, je pense que les effets, on va les voir dans la durée
25:24parce que le projet fédéral est solide.
25:26Sur les moins de 12 ans, on est en augmentation nous aussi,
25:29comme le basket,
25:31parce que vous savez, c'est un public qui s'affranchit du pass sanitaire,
25:34donc là, on a une vraie tendance.
25:37Sur les plus de 12, ça baisse légèrement,
25:39mais ça repart à la hausse par rapport à 2020.
25:42Bon, on est assez optimistes.
25:45On va capitaliser, mais ça va durer,
25:46parce que de toute façon, le projet fédéral a vocation à durer,
25:48il est projeté sur du temps.
25:51On sent votre enthousiasme, en tout cas.
25:52Merci. On voit que ça bouge dans le sport français.
25:54C'est aussi l'ambition de Sport en France de montrer tout ça.
25:57Et je suis content d'entendre dire à Jean-Nicolas Barulier
26:01qu'il est content d'être invité et mis en avant.
26:03Et c'est aussi la volonté de Sport en France
26:07de ne pas mettre en avant que, je vais dire, le football et les autres,
26:09mais d'élargir le spectre.
26:11Deuxième partie de cette émission dans quelques secondes.
26:14On va parler cette fois-ci des médaillés,
26:16de savoir comment on réagit après une médaille,
26:18comment on capitalise.
26:20On aura le plaisir de recevoir Véronique Barré,
26:22qui a réalisé un très joli documentaire sur ce sujet.
26:25Merci à vous trois.
26:26On se retrouve bientôt sur Sport en France.
26:27Vous, restez avec nous.
26:28On est ensemble dans quelques secondes avec nos invités.
26:38Comme promis, la deuxième partie de notre émission
26:41qu'on aurait pu intituler comme le documentaire de Véronique Barré,
26:45avec qui nous allons parler dans quelques instants,
26:47des médailles et après.
26:48Dans la première partie, nous avons vu le côté fédéral.
26:51Comment les fédérations sont-elles prêtes ?
26:53Peuvent-elles réagir ?
26:54Et surtout, capitaliser sur les médailles et sur des Jeux olympiques.
26:57On va maintenant s'intéresser aux athlètes avec trois invités.
27:01Donc, Véronique Barré, je le disais.
27:02Véronique, merci d'être avec nous.
27:04Alors, ça tombe vraiment très bien.
27:05Ce n'est pas tout à fait un hasard,
27:06mais vous êtes auteure d'un documentaire
27:08qui sera bientôt diffusé sur Sport en France.
27:10Des médailles et après, vous êtes rentrée dans la tête,
27:13dans le cerveau des champions
27:15pour savoir ce qui peut se passer quand ça rigole,
27:17si je puis dire.
27:18Est-ce que ça rigole après aussi ?
27:20On le verra dans quelques instants.
27:21Lucas Mazur est avec nous également.
27:23Merci d'être là, Lucas.
27:24Double médaillé paralympique
27:26donc aux derniers Jeux olympiques de Tokyo.
27:30Donc, champion olympique de parabadminton en simple
27:33et vice-champion olympique en double avec Faustine Noël.
27:36Donc, j'allais dire le coup presque parfait.
27:39Et en tout cas, très, très belle performance.
27:40Et puis, on aura avec nous aussi Benjamin Lang,
27:42qui est membre de la commission des athlètes
27:44du Comité national olympique sportif français.
27:47On prendra un peu de hauteur aussi sur l'ensemble des athlètes.
27:51Benjamin, qui était dans l'aviron auparavant.
27:55On rappellera d'ailleurs son titre.
27:57Je vais regarder mes notes,
27:59mais il me semble que vous avez été champion du monde.
28:01Enfin, il ne me semble pas, j'en suis sûr.
28:03Vous avez été double champion du monde, c'est ça ?
28:06Double vice-champion du monde, oui.
28:08Ah mince ! Bon, c'est déjà pas mal, hein ?
28:10Et puis, on a vu jusqu'aux Jeux olympiques de Rio,
28:13donc en aviron.
28:15On s'intéresse en premier lieu à la série documentaire
28:18réalisée par Véronique Barré,
28:20dans laquelle on s'immisce dans la tête des athlètes de haut niveau.
28:24Et puisqu'on parle du rebond après les victoires,
28:28on peut parler aussi du rebond après une carrière.
28:30Et je vous propose tout de suite un petit extrait
28:31pour vous mettre dans l'ambiance du documentaire de Véronique
28:35qui aborde la fin de carrière, justement, des athlètes.
28:39La fin de carrière, parfois, on n'a pas le choix.
28:42C'est brutal, c'est à la suite d'une blessure
28:45ou parce qu'on n'a pas été sélectionnés.
28:47Et du coup, quand je suis arrivée sur le ring pour la dernière fois,
28:52je savais que c'était mon dernier combat,
28:54je savais que je ne revivrais plus tout ça.
28:56Ça fait peur, parce qu'on se dit,
28:58ouais, j'ai fait ça toute ma vie,
29:00et c'est ce qui m'a animée, c'est ce qui m'a donné du plaisir,
29:04et c'est ce que je suis, presque.
29:07Et donc là, j'arrête tout.
29:09Qu'est-ce qui va se passer demain ?
29:11C'est vrai que j'ai l'impression qu'il y a une part de mon identité
29:13qui va s'en aller,
29:14puisque aujourd'hui, je suis Alexia, la basketeuse professionnelle,
29:18et que demain, mon métier, ça sera autre chose.
29:20Mais il faut que je réussisse à garder cette partie de moi
29:24qui sera toujours moi, puisque ça sera toujours ce que j'ai fait,
29:26mon parcours, mon expérience,
29:28mais avec, en plus, maintenant, un nouveau projet,
29:31de nouvelles rencontres.
29:33Mais c'est quand même une charge mentale assez forte,
29:36et c'est sortir d'un confort pour se lancer dans quelque chose de nouveau.
29:41La fin de carrière, c'est une des périodes, je dirais,
29:43presque les plus dures de ma vie.
29:45C'est-à-dire que ça a duré huit, neuf mois,
29:47où, en fait, tu sens au fond de toi que t'arrives en fin de course,
29:51c'est-à-dire que t'as plus l'envie d'aller t'entraîner,
29:54t'as plus l'envie de faire les sacrifices nécessaires
29:56sur l'entraînement, les thétiques, etc.
29:59Ça crée un mal-être profond.
30:02C'est-à-dire que, moi, je me souviens très bien
30:04qu'à ce moment-là, je n'ai pas peur de le dire,
30:07j'ai vécu une dépression.
30:09C'est beau, j'ai l'air,
30:11de pouvoir recueillir ces témoignages si vrais,
30:14parce que c'est pas facile.
30:15Souvent, on triche un peu.
30:16C'est rien, j'ai une autre vie qui arrive.
30:18Vous avez été troublée par ces souffrances exprimées ?
30:21Ça fait près de 20 ans que je suis troublée par ces souffrances
30:24et c'est pour ça que j'ai voulu faire ce documentaire,
30:27pour montrer tout ce que, moi, je vois
30:29dans mon travail d'accompagnement des sportifs
30:32depuis si longtemps,
30:33parce que c'est une véritable difficulté.
30:35Fabien Canut le dit dans le documentaire, d'ailleurs,
30:38puisqu'il a fait cette étude pour les Gésirs
30:40sur la fin de carrière, notamment,
30:42et l'accompagnement socioprofessionnel des sportifs.
30:45Il dit que 80 % des sportifs en fin de carrière,
30:47dans les trois ans qui suivent,
30:49connaissent une période de dépression.
30:51Donc, c'est pas une fatalité.
30:53On le voit, notamment, dans le témoignage de Sarah Ouramoun,
30:56que parce qu'elle avait un projet derrière,
30:58elle a vite rebondi et qu'elle n'a pas trop vécu ça.
31:01Mais c'est souvent, quand même,
31:04un épisode que connaissent un bon nombre de sportifs.
31:07-"Le sport, des médailles et après",
31:09le nom de votre documentaire.
31:11Lucas, je suis presque gêné,
31:13parce que vous, vous avez 23 ans,
31:15vous êtes tout neuf dans le sport,
31:17champion olympique en simple, vice-champion olympique en double.
31:20Vous avez un coup de projecteur.
31:22Il faut bien reconnaître que c'est depuis 20 ans, à peu près,
31:25qu'on commence à mettre un coup de projecteur
31:28sur les Jeux paralympiques,
31:29que cette année, plus encore que d'habitude, ça a été fait.
31:33Comment on vous prépare à ça ?
31:35Qu'est-ce qui a changé pour vous ?
31:36Depuis le titre, ce qui a changé, c'est qu'on me reconnaît
31:40dans la rue, on me reconnaît dans les transports en commun,
31:43et ça, c'est quelque chose qui n'y arrivait pas avant.
31:46Mais surtout, ce qui a changé, c'est la médiatisation.
31:49J'ai eu la chance d'être en une de l'équipe
31:51parce que je clôturais ces Jeux paralympiques,
31:54mais on peut encore faire mieux sur la médiatisation
31:57des plateaux télé, sur les presses écrites,
31:59et il y a encore beaucoup à faire pour les athlètes paralympiques.
32:03Vous êtes là, vous avez 23 ans, vous commencez votre carrière,
32:06et vous entendez dire, par Véronique Barré,
32:10que 80 % des athlètes, quand ils terminent leur carrière...
32:13C'est exactement la même chose pour le paralympique
32:16que pour le sport valide,
32:17c'est que votre vie va changer le jour où vous allez raccrocher.
32:21On disait tout à l'heure, on sort d'un confort.
32:24On a l'impression qu'une vie de sportif de haut niveau,
32:26c'est tout sauf confortable,
32:28mais le confort, c'est de savoir ce qu'on va faire de l'endemain,
32:32ce qu'on va faire tous les jours et d'avoir de vrais objectifs,
32:35ce qui n'est pas évident dans la vie normale.
32:37Vous me posez la question.
32:39Ce confort-là qu'on a l'impression de voir pour le sportif,
32:42parce qu'effectivement, demain, il sait ce qu'il va faire,
32:45il y a un certain nombre de sportifs qui disent
32:48qu'aujourd'hui, je sais, mais après, je ne sais pas.
32:51Quand ils commencent à voir cet après-là,
32:53ça devient vite très inconfortable.
32:55C'est bien, parce que ça les pousse à l'action.
32:58Il y en a un certain nombre qui vont se prendre en main,
33:01essayer de trouver des solutions.
33:03Benjamin l'a fait, d'autres l'ont fait,
33:05qui se mettent en mouvement pour que l'après,
33:08quand la carrière s'arrête, il y ait un après-carrière
33:11qui soit clair, qui soit stimulant,
33:13qui soit épanouissant, et c'est ce qui va permettre
33:16à ceux qui s'en sortent bien, je dirais,
33:18de vite passer ce cap de la fin de carrière.
33:20Lucas, vous l'envisagez comment ?
33:22Justement, j'essaie de l'organiser du mieux possible
33:25et de la préparer, parce que certains athlètes
33:28se retrouvent devant le fait accompli,
33:30en se disant, j'ai peut-être plus le niveau,
33:33je ne souhaite plus faire les sacrifices
33:35que je faisais depuis tant d'années.
33:37J'essaie de l'organiser en préparant du mieux possible
33:40mes études et en cherchant des accompagnements,
33:43des propositions, parce qu'il y a aussi
33:45un panel d'offres d'après-carrière,
33:47que ce soit dans les fédérations, par exemple,
33:50au ministère des Sports,
33:51ou dans une carrière privée,
33:53en fonction des études qu'on fait.
33:55Ce qui est important, c'est d'organiser
33:57un suivi des athlètes après leur carrière sportive.
34:00On va voir un extrait, à nouveau,
34:02de Le Sport, des médailles et après,
34:04qui évoque ce sujet du suivi des athlètes.
34:07Il y a une vraie distance, pour moi,
34:09entre l'homme et le sportif.
34:11Très souvent, quand t'es un sportif,
34:13on ne veut pas que tu dissocies les deux,
34:15parce qu'on estime que tu donneras 50 % à l'homme,
34:1850 % au sportif, et on veut que tu sois à 150 %
34:20alors que pour moi, c'est un équilibre à trouver
34:23et il faut nourrir les deux bêtes.
34:25Je pense qu'aujourd'hui, il y a un vrai travail
34:28à faire d'accompagnement,
34:29c'est pour ça que je n'incrimine pas
34:31les entraîneurs de formation,
34:33car eux-mêmes ne sont pas préparés à préparer correctement.
34:36Ils veulent des champions,
34:38mais souvent, c'est au détriment des hommes.
34:40On est là pour faire des médailles.
34:42Je comprends très bien
34:44que ce qui compte, au bout du compte,
34:46c'est ça, des médailles, mais pas n'importe quel prix.
34:48Un projet de performance d'une fédération
34:51ne comprend pas que l'entraînement, stage, compétition,
34:54il comprend aussi l'accompagnement social.
34:57Et c'est sur ces sujets-là,
34:58c'est ce qui se fait de plus en plus dans le système français,
35:02où l'État doit être vigilant,
35:03de savoir ce que sont devenus les sportifs,
35:06comment ils veulent leur conversion, les formations.
35:10Donc, on a les outils pour ça, on a les outils.
35:13Après, il faut peut-être demander davantage de comptes,
35:16être plus vigilant sur le retour.
35:18On a les outils pour ça.
35:20J'ai trouvé ça très joli de dire qu'il faudrait faire 50-50
35:23et que l'entraîneur, la fédération,
35:25demande 150 %, parce qu'elle vous demande des résultats.
35:28Elle vous envoie pas à Tokyo pour vous enrichir
35:30intellectuellement, culturellement,
35:32d'aller visiter des musées et faire des compétitions.
35:35C'est pas exactement ça.
35:37On nous envoie sur les compétitions
35:39pour performer, et c'est un peu comme un militaire, au final.
35:42Je fais un clin d'oeil à mon bataillon de Joinville,
35:45mais on nous envoie en mission.
35:46C'est une mission qu'on doit remplir,
35:48qu'on arrive ou non à notre performance,
35:50mais qu'on doit faire du mieux possible.
35:53Benjamin Long est avec nous,
35:54membre de la commission des athlètes
35:56du comité olympique.
35:58Benjamin, on a vraiment, je trouve,
36:00très rapidement mis le doigt sur la réalité
36:02de cette problématique.
36:04Est-ce que les fédérations sont prêtes ?
36:06Ces fédérations, à qui on demande des médailles ?
36:09Quand j'entends parler de 2024, j'entends pas
36:11qu'il faut bien soigner nos athlètes
36:13pour que ça fasse des hommes et des femmes formidables,
36:17il faut bien soigner nos athlètes
36:19pour qu'ils aient un bon boulot.
36:21On dit pas ça, on dit combien de médailles.
36:23C'est ça qu'il faut changer ?
36:25Il y a un vrai sujet autour de l'accompagnement
36:27des sportifs de haut niveau dans leur performance au quotidien
36:31et dans leur capacité d'équilibre.
36:33J'aime cette image reprise dans le documentaire d'Euronik.
36:36Il y a un équilibre à trouver entre les choses.
36:38Si on enlève complètement le côté sportif,
36:41souvent les études ou la carrière professionnelle peuvent tomber.
36:44C'est vrai aussi.
36:45Il faut réussir à trouver cet équilibre,
36:48un modèle très français.
36:49L'accompagnement que les fédérations ont
36:51autour du sport de haut niveau doit être renforcé.
36:54Beaucoup de choses sont faites, et c'est très bien,
36:57mais on peut encore faire mieux.
36:59Il y a aussi un vrai sujet autour de l'après, en effet.
37:02Une fois qu'on a été accompagné pendant,
37:04est-ce qu'on peut être accompagné après ?
37:07Pour l'instant, c'est encore des zones d'ondes
37:09qui sont pas très simples à gérer pour les sportifs de haut niveau.
37:13C'est ce qu'on a vu sur cette problématique,
37:15l'accompagnement en amont.
37:17Comment ça s'est passé pour vous, Benjamin ?
37:19Moi, ça a été, comme beaucoup de sportifs de haut niveau,
37:23une étape super compliquée.
37:25Il a fallu... Il y a quatre niveaux d'impact différents.
37:28Il y a le niveau professionnel,
37:30je suis le meilleur de ma discipline,
37:32je suis stagiaire, j'amène le café à mon patron.
37:35Il y a l'impact social,
37:36où on perd son tissu amical en se déconnectant de son sport,
37:41qui nous fait vivre.
37:42Il y a l'impact physiologique qu'on suppose pas,
37:44c'est-à-dire les différents impacts comportementaux.
37:48On a la testostérone qui change, on a l'agressivité qui évolue,
37:51tous ces éléments-là qui changent.
37:53Et l'impact physique pur.
37:54J'ai perdu 12 kg depuis des Jeux de Rio.
37:57C'est bien dans ce sens, mais il serait mieux dans l'autre.
38:00Il y en a qui en prennent aussi.
38:01Il y en a qui en prennent aussi.
38:03Il y a un vrai impact à tous ces niveaux-là
38:06qui va vraiment conditionner un peu sa capacité
38:08à affronter la vie derrière.
38:10Ca, ça peut se préparer, en effet,
38:12et ça doit s'accompagner aussi.
38:14...
38:15On va parler de ce qui peut être fait pendant la carrière,
38:19avec l'orientation professionnelle.
38:21Déjà, il faut...
38:22Enfin, je me permets de donner mon avis.
38:24Il faut susciter et nourrir la curiosité.
38:28Et moi, j'aimerais poser une question,
38:30peut-être la poser d'ailleurs tout de suite.
38:33C'est, je vais dire, le niveau d'assistance.
38:37Benjamin, vous étiez dans un sport,
38:39l'aviron, j'allais dire, où on ne porte pas votre sac.
38:42Et souvent, les gens se disent,
38:43lui, il est footballeur, il est basketteur professionnel,
38:46avec tout ce qu'il gagne, c'est réglé.
38:48Pas du tout, parce qu'il y a aussi
38:50une sorte de sortie du monde social
38:53lorsqu'on est dans le sport professionnel de haut niveau,
38:56où des gens n'ont plus l'habitude de porter leur sac,
38:59de prendre un moyen de transport.
39:01Je ne veux pas pleurer sur le sort de gens
39:03qui gagnent des millions, mais il n'y a pas que l'argent.
39:07Dans les sports où on reste en contact avec la réalité,
39:10comme le vôtre,
39:11est-ce que ce n'est pas finalement, j'allais dire, plus facile ?
39:14Certainement,
39:15mais ça nécessite des accompagnements différents.
39:18Quand, évidemment, le sport de nouveau,
39:20nous, à l'avion, on a la chance d'avoir un accompagnement
39:23qui est plutôt bien fait.
39:24On a des membres des équipes de France
39:26qui ont des BAC plus 5,
39:28donc on est aussi armés pour affronter l'après.
39:30Et aussi, on n'est pas un sport professionnel,
39:33donc on est obligés d'avoir un boulot par ailleurs
39:35pour vivre, ce qui nous prépare à cette transition.
39:38Ca ne la rend pas plus simple, ça la prépare.
39:41Et je pense que, peu importe la discipline,
39:43que ce soit le foot ou, par exemple,
39:45on a cette sensation de gens qui ont beaucoup d'argent,
39:48ça ne veut pas dire qu'ils sont prêts aussi.
39:50Le lendemain, ils se retrouvent avec les impacts psychologiques,
39:54physiques, moraux, que l'on peut avoir.
39:56Peut-être qu'ils ont moins cette dimension financière.
39:59Souvent, ils se retrouvent avec beaucoup d'argent à gérer,
40:02ce qui amène d'autres problématiques.
40:04Oui, et on projette sur ces sportifs
40:06qui gagnent beaucoup d'argent l'idée qu'à 30 ans,
40:09ils sont à la retraite et qu'ils n'ont plus qu'à couler
40:12des jours paisibles...
40:14-"Boire du jus d'ananas au bord d'une piscine".
40:16Et même quand on a été, depuis l'âge de 8-10 ans,
40:20motivés par aller chercher une performance,
40:23par progresser, par aller gagner quelque chose,
40:26du jour au lendemain, jouer au Monopoly,
40:28ça ne va durer qu'un temps.
40:30C'est pour ça aussi qu'on voit autant d'addiction
40:32qui se manifeste, parce qu'il faut chercher
40:35quelque chose qui donne envie.
40:36On ne peut pas vivre toute sa vie à boire du jus d'ananas
40:40au bord de la piscine, surtout quand on a été motivé
40:42par aller chercher des résultats.
40:44Lucas, vous, vous avez dû vous battre
40:47pour aller chercher un titre olympique,
40:49mais vous battre aussi pour exister dans un sport
40:52à qui on n'a pas toujours donné les moyens qu'il fallait.
40:55J'allais dire, vous êtes peut-être mieux préparé à l'après
40:58que des sportifs qui ont tout autant de mérite que vous
41:01au niveau performance,
41:03mais qui vont moins se battre peut-être pour exister ?
41:07Ca peut être vrai.
41:08C'est vrai qu'en fait, on a la chance de garder la réalité
41:11avec la vie active, en fait, la vie normale,
41:14puisque certains sports sont quelque part des eldorados,
41:17avec des gros salaires, des gros moyens,
41:19des gros soutiens et des milliers de fans.
41:22C'est là où les sports moins médiatisés
41:24restent dans la réalité et restent accrochés, entre guillemets,
41:27au quotidien.
41:29Les grandes réussites professionnelles
41:31que je connais dans mon long parcours de sport
41:33viennent souvent des sports où il n'y avait pas beaucoup de moyens.
41:37On a vu des gens devenir des patrons de grandes entreprises,
41:40des chercheurs, on le voit dans le volley, dans le basket,
41:43de moins en moins dans le basket,
41:45car le sport demande de plus en plus d'implication.
41:48Tous les sports demandent des entraînements bicotidiens.
41:51Que ce soit les fédérations, les clubs,
41:54parfois les entraîneurs ne voient pas toujours d'un bon oeil.
41:57Ils ne voient pas toujours d'un bon oeil l'idée
41:59que le sportif aille mettre de l'énergie dans autre chose
42:02que la performance sportive,
42:04alors que c'est un équilibre.
42:06Le fait de faire autre chose va me permettre aussi
42:09de dédramatiser peut-être des échecs que je vais avoir
42:12au niveau sportif, de respirer, de penser à autre chose.
42:15Pour beaucoup, c'est un véritable équilibre.
42:17C'est pas quelque chose qui va sanctionner,
42:20qui va altérer la performance.
42:21Au contraire, je suis d'accord avec vous.
42:24L'orientation, il est temps de savoir
42:26où poser des orientations au sportif.
42:28C'est un des extraits que je vous propose
42:30de votre documentaire, Véronique Barré.
42:33Ca me fait toujours flipper quand,
42:34lors d'un entretien individuel, je rencontre un garçon de 30 ans.
42:38Quand je lui pose la question de savoir ce qu'il va faire
42:41son après-rugby, le gars, il sait absolument pas.
42:44Ca, c'est des choses qui me font flipper
42:46parce que souvent, il fait incertesse au père de famille.
42:49Et vraiment, c'est un sujet extrêmement délicat,
42:53surtout quand tu es plutôt, je vais pas dire en fin de carrière,
42:56mais tu t'en rapproches de la fin, quand même.
42:58Donc, voilà, c'est des sujets que j'évoque avec eux
43:01de façon très libre et très clairement
43:03parce que je veux pas qu'ils perdent de temps, quoi.
43:06On sait bien qu'à cet âge-là,
43:08d'abord, ils ont beaucoup de mal à se transférer
43:11dans le monde réel, peut-être encore plus,
43:14et sportif, que les autres,
43:15parce qu'ils sont dans leur petite bulle
43:18avec leurs copains sur des plannings d'enfer.
43:21Et ils ont pas beaucoup les moyens de se faire
43:24et ils ont pas beaucoup les pieds dans la réalité.
43:27Donc, oui, il faut que l'orientation
43:29soit encore plus pertinente.
43:31Encore faut-il que... Voilà, qu'ils évoluent eux-mêmes.
43:36Oui, c'est peut-être à nous, aux dirigeants,
43:39de leur donner envie et d'éveiller cette curiosité.
43:42Comment faire pour choisir un métier,
43:44une profession, un secteur qui va plaire
43:47quand on est enfermé, entre guillemets,
43:49dans un crêpes ou dans un club,
43:517 jours sur 7, 362 jours par an,
43:55avec, pour tout contact,
43:56uniquement des gens qui me ressemblent.
43:59C'est compliqué de se projeter dans un métier.
44:01Ce qu'il faut savoir, c'est que les entreprises
44:04et les associations, les clubs, bénéficient,
44:07enfin, c'est une obligation légale,
44:09de ces formations, c'est-à-dire qu'il y a des budgets
44:12à formation, donc c'est le temps et la curiosité
44:15qu'il faut trouver.
44:16C'est d'abord définir le projet.
44:18Suivre une formation,
44:19parce que, comme le dit Emilie Andéole
44:22dans le documentaire, elle dit,
44:23j'ai fait, j'ai essayé ça,
44:25et après, je voulais être chimiste,
44:27mais à l'INSEP, c'était pas possible,
44:29donc je suis allée faire ça.
44:31Comme ça me demandait d'être en cours une fois par semaine,
44:34on m'a dit que c'était un peu trop,
44:36donc j'ai choisi autre chose.
44:38Comment se dire qu'à la fin de carrière,
44:40je vais être prête pour aborder mon après
44:43quand j'ai suivi des bouts de formation
44:45qui n'avaient pas de sens, d'objectif ?
44:47La priorité, c'est de définir mon projet professionnel,
44:50et c'est ce que raconte très bien Christophe Furlios
44:53dans le documentaire.
44:55Il y a plein de solutions, notamment,
44:57vous parliez des partenaires, en organisant des visites,
45:00on parle des stages de 3e qui sont utiles pour les jeunes,
45:03on pourrait régulièrement mettre en relation ces sportifs
45:06avec le monde de l'entreprise pour qu'ils découvrent
45:09des métiers, des secteurs d'activité
45:11qui vont mobiliser son intérêt et qui vont lui faire se dire,
45:15allez faire des études, ça m'intéresse,
45:17parce que les études, par défaut, ça coûte énormément en énergie
45:21et c'est contre-productif.
45:22Le nombre de sportifs en Bac plus 5, en STAPS,
45:25qui arrivent à 30 ans en disant qu'ils n'ont pas envie d'aller
45:28dans ce secteur-là, ils ont tout perdu.
45:30Lucas, tout à l'heure, Benjamin Lang disait très bien
45:33les différentes voies dans lesquelles la fin de carrière
45:37était un problème. Il parlait de la voie sociale.
45:39Vous avez des copains, vous les retrouvez à l'entraînement,
45:43le jour où vous arrêtez, ce type social-là,
45:45vous allez rendre visite aux copains qui s'entraînent,
45:48c'est plus pareil, vous avez plus des objectifs communs.
45:51Vous y pensez ?
45:52Oui, c'est vrai qu'en effet, on perd un peu
45:55nos collègues de bureau, quelque part.
45:57C'est aussi une équipe dont on se sépare,
46:00donc forcément, ça fait mal.
46:01C'est aussi pour ça qu'il faut entretenir
46:04des relations avec des amis
46:06hors du sport de haut niveau, et ça, c'est très important.
46:09Des amis qu'on peut rencontrer lors de nos études,
46:12par exemple, mais aussi des amis qu'on rencontre
46:14dans nos villes d'habitation, dans nos lycées ou dans le collège.
46:18C'est ça qui nous raccroche aussi à la réalité,
46:21c'est qu'on peut parfois passer un coup de fil un soir
46:24et prendre des nouvelles.
46:25C'est ça qui fait la différence.
46:27On peut sortir d'un ghetto.
46:29On peut être vite isolé, on est dans un entre-soi.
46:32Sur le moment, c'est un côté rassurant,
46:34mais après, quand ça s'arrête, du coup,
46:36ce qui-je-suis devient qui-je-suis.
46:39Je suis tout seule et je ne sais plus qui je suis.
46:42C'est celui qui revient sur les lieux de son travail
46:45alors qu'il ne travaille plus, il n'est plus dans le coup.
46:48Là, c'est très générateur de dépression, évidemment.
46:51Le retour à la réalité, justement, à la fin d'une carrière,
46:55c'est le dernier thème, le dernier extrait
46:57qu'on va voir, Véronique Barré, de votre documentaire.
47:01Le sport, des médailles et après.
47:04Moi, par exemple, j'ai quasiment 30 ans
47:06et j'ai aucune notion du monde de l'entreprise.
47:09C'est du chinois pour moi, donc j'ai tendance à me sentir isolée.
47:12Et aujourd'hui, je découvre par-ci, par-là,
47:15mais c'est tellement inconnu, en fait,
47:19qu'on a l'impression de repartir à zéro, d'être un bébé, quasiment,
47:22alors que pour autant, je suis experte dans mon sport.
47:25Mais bon, voilà, c'est mon sport.
47:27C'est qu'on passe d'un endroit ou d'un domaine
47:30où on est un expert absolu.
47:32On est... Voilà, on est...
47:35Je veux dire, quand nous, on regarde le sport à la télé,
47:38c'est des champions, c'est hyper difficile d'être là,
47:41de rester dans la durée.
47:42On parle de gens qui ont fait 15 ans de carrière au plus haut niveau.
47:45C'est... Voilà, donc c'est des experts absolus.
47:48Et quand, effectivement, ils se confrontent au milieu d'entreprise
47:51pour la première fois, pour le coup, c'est des débutants.
47:53Ça veut dire repartir de zéro. Donc c'est hyper violent.
47:56On sait que le sport a une dimension importante dans notre société.
48:00Ce serait dommage pour une entreprise de se priver d'une partie
48:04de la diversité de cette société que représentent les sportifs
48:07en ne faisant pas l'effort d'aller à leurs rencontres
48:10et d'aller les chercher.
48:12Il ne faut pas se tromper de combat.
48:14Je pense que les entreprises, évidemment, qu'on aimerait...
48:19Thierry Braillard avait très bien fait ça,
48:21à la FED, au ministère, que dis-je,
48:23pour justement rapprocher les entreprises avec le pacte,
48:26qui est une idée formidable, je ne le dirai jamais assez,
48:29mais il ne faut quand même pas trop tirer sur les entreprises,
48:31parce que les entreprises, même si elles veulent bien
48:34réunir des gens et accepter des sportifs de haut niveau,
48:38c'est d'abord aux entraîneurs, aux FED et aux clubs
48:41de leur donner toujours cette fameuse curiosité
48:44qui leur permettra d'être efficaces.
48:45Il ne faut pas tout attendre de l'entreprise.
48:47Non, et il ne faut pas non plus tout attendre de ces structures-là.
48:50La première chose que le sportif doit faire
48:52pour être bankable aux yeux de l'entreprise,
48:55c'est de savoir se vendre et de savoir décrire son parcours sportif
48:59dans les termes que l'entreprise va comprendre.
49:02C'est-à-dire que le plus souvent, le sportif,
49:04à la fin de sa carrière, dit qu'il ne sait rien faire d'autre
49:07que l'on sport, et il en est absolument convaincu.
49:09Pour gratouiller depuis 20 ans dans ce qu'ils ont mis en oeuvre
49:14pour performer, bien évidemment que ce n'est pas vrai.
49:16Mais ce n'est pas simplement en allant...
49:18Comme Émilie le dit très bien dans le documentaire,
49:20elle dit, moi, j'étais championne olympique
49:23et on n'a pas voulu de moi.
49:24Pourquoi ? Je suis championne olympique.
49:26Mais oui, mais être championne olympique de judo,
49:27pour un recruteur, ça ne veut rien dire.
49:29Ce n'est pas de ça dont ils ont besoin.
49:31Par contre, traduire cette médaille
49:33dans toutes les compétences qui ont été développées
49:37pour atteindre cette médaille, ça, oui, ça a de la valeur.
49:40Mais il faut que le sportif apprenne à le dire.
49:42Parlez-moi un peu, Véronique, de la forme de votre documentaire.
49:46Vous avez choisi une forme assez originale, une série.
49:48En fait, lorsque j'ai proposé le sujet
49:51à l'Agence nationale du sport et puis à la production,
49:55à la boîte de production qui m'accompagne là-dessus,
49:57quand je leur ai dit tout ce qu'il y avait dans le sujet,
49:59ils m'ont dit, oh là là, ça va faire beaucoup.
50:02Donc, on est partis tourner et puis on est partis
50:05sur deux supports, une série et un documentaire de 52 minutes.
50:09La série, donc, c'est une forme de neuf épisodes.
50:12On était partis sur cinq ou six et puis, encore une fois,
50:15il y avait tellement de matière qu'on a découpé en neuf épisodes.
50:18Et là, on aborde le sujet par thématique.
50:20C'est-à-dire que chaque épisode a un sujet.
50:23Le sujet de l'orientation, le sujet du double projet,
50:25des études, le sujet du recrutement,
50:27de l'intégration, etc.
50:29Donc, la série, elle est par thématique.
50:31Et puis, après, ils s'adressent plutôt à des gens
50:34qui sont un petit peu quand même dans le sujet.
50:36Je veux m'adresser au DRH quand ils recrutent,
50:39je veux m'adresser au club, etc.
50:42Et le documentaire, lui, 52 minutes,
50:46a une vocation un petit peu plus grand public
50:48où je veux montrer aux gens qui se passionnent
50:50pour des lucas quand ils nous ramènent une médaille,
50:53je veux qu'ils se rendent compte que c'est d'abord aussi
50:55un être humain et qu'il a aussi une vie
50:57avant, pendant et après,
50:59et qu'il y a plein de choses
51:01qui ne sont pas faciles pour lui
51:04quand il va mettre fin à sa carrière
51:05parce qu'on est un petit peu toujours dans l'esprit
51:08de ce vieux jeu télévisé de la tête et des jambes
51:11où on considère qu'on ne peut pas être sportif et intelligent
51:14et où, donc, on a toujours un petit peu de questionnement
51:18sur ce qu'il va bien pouvoir faire en entreprise.
51:20On ne voit pas bien.
51:22C'est donc tout ça que je voulais montrer dans ce documentaire.
51:25Benjamin Lang, vous allez regarder ça
51:27avec beaucoup d'intérêt, je pense, comme Lucas et comme moi.
51:30Finalement, il y a du boulot à faire,
51:31mais je pense qu'à la Commission des athlètes,
51:34vous avez une écoute des acteurs sur ces sujets-là.
51:40Oui, il y a pas mal de thématiques que l'on couvre
51:42à la Commission des athlètes, notamment autour de la reconversion.
51:44C'est vrai, ces sujets qui sont clés pour nous
51:46parce qu'ils sont source de problématiques.
51:49Pour nous, aujourd'hui, il y a pas mal de thématiques.
51:51La première étant d'essayer de regrouper
51:53l'ensemble des offres qu'il y a à disposition des athlètes,
51:56des dispositifs d'accompagnement.
51:58L'ensemble de ce qui existe aujourd'hui
51:59n'est pas vraiment disponible aux sportifs de haut niveau.
52:02C'est un des premiers leviers sur lesquels on travaille.
52:05Il y a aussi tous ces enjeux que Véronique évoquait
52:08sur la capacité à valoriser le sportif de haut niveau
52:10et pas l'infantiliser.
52:11Aujourd'hui, on a tendance parfois à penser
52:13que le sportif de haut niveau, il a besoin d'accompagnement,
52:16il a besoin d'être aidé, mais il a surtout besoin
52:18d'être reconnu comme étant quelqu'un de compétent.
52:21Il a des compétences transvérables dans le milieu de l'entreprise.
52:24Il faut qu'on ait conscience et qu'elles en aient conscience.
52:27Il y a aussi, je pense, pas mal d'éducation
52:30à faire à la fois aux côtés des sportifs
52:32mais aussi aux côtés des entreprises pour leur faire comprendre
52:34qu'en France, en tout cas, il y a beaucoup d'intérêt
52:37à aller chercher de la compétence sportive de haut niveau
52:39parce qu'elle a de l'impact.
52:40Moi, je suis parti m'installer aux Pays-Bas
52:42et c'est pas pour rien, quelque part,
52:44parce qu'en France, j'ai pas eu d'écho sur ma reconversion
52:46que j'aurais aimé avoir.
52:47C'est pour ça que je suis impliqué à la commission des athlètes
52:50pour faire en sorte que ce genre de choses évoluent.
52:52Merci beaucoup, Benjamin Lang, d'avoir participé à cette émission.
52:55Je rappelle que vous êtes membre de la commission des athlètes
52:57du Comité olympique sportif français.
52:59Très impliqué, d'ailleurs, le Comité olympique dans cette thématique.
53:02Véronique Barré, le documentaire,
53:04le sport, des médailles et après,
53:06qu'on verra sur Sport en France.
53:08Vous consultez les programmes.
53:10Et puis, Lucas, on vous souhaite plein de bonnes choses.
53:11C'est bien parti. Votre carrière est bien lancée.
53:14Double médaillé paralympique, champion olympique,
53:16les viches champions olympiques, aux Jeux olympiques de Tokyo.
53:19J'étais ravi de vous présenter cette émission
53:21et je serai encore plus ravi de vous retrouver très bientôt.
53:23Merci.