Cette semaine, un champion olympique est dans le canapé de Sports Stream : Nicolas Gestin ! Sacré le 29 juillet 2024 lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, le Français, spécialiste de canoë slalom, reviendra sur le titre d'une vie, à domicile sur le site de Vaires-sur-Marne.
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00:00:00Salut tout le monde, j'espère que vous allez bien, bienvenue dans SporStream, chaque semaine
00:00:13dans le canap' un athlète pour une discussion en tête à tête.
00:00:16A seulement 25 ans, il est déjà champion olympique de canoë slalom, alors ce que je
00:00:20vous propose ce soir c'est de regarder un petit film, prenez les popcorns ou tout ce
00:00:23qui vous passe par la main, c'est parti pour le fabuleux Destin de Nicolas Gestin.
00:00:29Salut Nicolas, tu vas bien ?
00:00:31Ouais écoute, installe-toi, petit canapé orange, rien que pour toi, mets-toi à l'aise.
00:00:36T'as la rêve ou pas le fabuleux Destin de Nicolas Gestin ?
00:00:39Ouais, alors ça m'était un peu repris dans tous les sens.
00:00:43Tu pensais être original ? Pas du tout.
00:00:45Destin, Gestin, on m'a un peu fait le jeu de mots tout l'été.
00:00:49Évidemment, fabuleux Destin d'Amélie Poulain, si vous ne l'avez pas vu, allez le voir,
00:00:52très bon film d'ailleurs.
00:00:53Comment ça va Nicolas ?
00:00:54Ça va, très bien.
00:00:55Ravi de t'avoir ici dans Sports Tri, on a reçu ton pote Titouan Castric il n'y a pas si longtemps que ça.
00:01:00Qu'est-ce que ça fait d'être champion olympique, ça change quoi dans une vie Nicolas ?
00:01:05Ça change pas mal de trucs, mais dans un premier temps c'est déjà une belle satisfaction
00:01:10d'être allé au bout d'un process lancé depuis quand même pas mal d'années.
00:01:14Donc forcément quand on décroche le Graal, c'est forcément super jouissif dans un premier temps
00:01:21parce qu'il y a ce côté où on rend un peu aussi tout l'investissement que mes proches,
00:01:26mes entraîneurs, le staff a fourni dans mon projet.
00:01:29Donc c'est vraiment mettre la cerise sur le gâteau.
00:01:32Et après, ce que ça fait, c'est que c'est sûr, ça change quand même maintenant plusieurs mois après.
00:01:36On passe un peu d'un sportif entre guillemets anonyme qui se prépare pour aller gagner les Jeux
00:01:42à un sportif je pense professionnel entre guillemets, dans le sens où je suis obligé
00:01:47de m'entourer un peu pour gérer les différentes sollicitations, que ce soit le média, avec des partenariats.
00:01:52Aussi mon entraînement sur l'eau pour apprendre à me renouveler.
00:01:54Donc ça fait un quotidien sportif bien chargé.
00:01:57Et tu le ressens sur les compètes ? Je ne sais pas, est-ce que tu es plus scruté ?
00:02:01Est-ce que tu sens qu'il y a plus d'attente, plus de pression, que c'est un peu plus lourd ?
00:02:05Carrément, c'est sûr, je n'ai pas le droit de faire un geste à la con avant de partir.
00:02:08Il y a pas mal de caméras fixées sur moi dès l'échauffement.
00:02:13J'ai pu aller en compétition à un pot il y a deux semaines où je n'ai pas brillé pour le coup.
00:02:17Mais c'est sûr que dès les entraînements et à la course, il y a quand même une petite ferveur.
00:02:23On attend de moi pas forcément un résultat, mais en tout cas on vient voir ce que ça donne en ce moment.
00:02:29Je sais que je serai attendu sur les prochaines échéances qui vont être surtout, pour moi,
00:02:32le Championnat d'Europe à la mi-mai et les Mondiaux début octobre.
00:02:35C'est compliqué après avoir vécu un truc aussi fort de se remettre dans les compétitions, dans l'entraînement.
00:02:41Est-ce que t'as ressenti une petite période, une petite phase compliquée là-dessus ?
00:02:46Oui, c'était pas compliqué. Je n'avais pas forcément d'objectif derrière.
00:02:52J'avais vraiment construit depuis 4 ans sur comment je vais faire pour aller gagner l'or au jeu.
00:02:57Quand là, derrière, on ne se dit pas tout de suite, je vais aller gagner les Mondiaux l'année prochaine.
00:03:01Une petite baisse de motivation qui se fait ressentir naturelle.
00:03:04Pas forcément de motivation, je pense, mais plus d'envie à me dire,
00:03:07vas-y, je n'ai pas envie d'aller à l'entraînement si je ne sais pas pourquoi non plus.
00:03:11Moi, je suis alimenté, il faut que ça m'alimente.
00:03:14Que ce soit par l'innovation, par un résultat ou par autre chose.
00:03:17J'étais allé au bout du process en 2024.
00:03:21J'ai pris le temps, on va dire, de vraiment reposer les choses.
00:03:25C'est sûr que les mois de novembre, décembre, j'ai mis la pédale de frein et j'ai levé un peu de l'accélérateur.
00:03:33Et derrière, je pense que ça a été plutôt bien de le faire.
00:03:37Parce qu'aujourd'hui, je sens que j'arrive à repartir avec de l'envie, avec de l'innovation.
00:03:41T'as un nouveau fin.
00:03:42Voilà.
00:03:43T'es un peu géostalgique ou pas ?
00:03:44Est-ce que des fois, tu te fais des petits kiffes en disant, tiens, allez, je vais me rematter mes courses au jeu.
00:03:49Ou je vais me réécouter la musique des jeux.
00:03:51Ça t'arrive parfois ?
00:03:52La musique des jeux, pour le coup, non, pas du tout.
00:03:54Mais les courses, oui, carrément.
00:03:56C'est sûr que j'ai envie de revivre un peu ces émotions.
00:03:59C'est aussi ça, un peu le plus dur, je pense.
00:04:01Derrière, quand on essaye, c'est de se dire, j'ai vécu peut-être la course de ma vie à la maison devant 12 000 personnes, tous mes proches.
00:04:09Et ça, en fait, je ne le revivrai pas forcément à l'avenir.
00:04:12Donc, il faut mettre un peu une croix dessus.
00:04:14Oui, faire un peu le deuil, finalement.
00:04:16Faire un peu le deuil de ce truc.
00:04:18Et donc, ça, c'est un peu frustrant.
00:04:20Mais pour autant, il y a encore plein de belles choses à vivre.
00:04:23Et notamment de me prouver à moi-même que je suis capable encore d'aller chercher des médailles que je n'ai pas aux championnats d'Europe, aux championnats du monde.
00:04:29Donc, voilà, il y a plein de belles petites étapes à aller cocher.
00:04:32Et je pense que ça, ça va m'alimenter quand même les prochaines années.
00:04:35C'est vrai que c'est assez intéressant ce que tu dis.
00:04:37Et c'est pour tous les médaillés d'or aux Jeux de Paris.
00:04:39Comme tu le dis, c'est quelque chose qui ne revivra jamais, quelque chose d'aussi intense.
00:04:43Même si tu fais médaille d'or, encore une fois, à Los Angeles, ça sera forcément un peu moins fort, en fait.
00:04:49Oui, oui. Je ne sais pas si ça sera moins fort, parce que l'histoire sera aussi différente.
00:04:53Et peut-être qu'intérieurement, ce sera super fort pour moi.
00:04:56Mais en tout cas, je pense que, déjà, j'ai la chance d'avoir vécu ça.
00:05:01Parce qu'il y a plein de sportifs aussi qui se sont passés à côté ou qui n'ont pas eu la médaille qu'ils espéraient.
00:05:05Et c'est encore plus difficile.
00:05:07Moi, j'ai eu vraiment la chance de vivre un événement à 200 à l'heure, à 200 %, avec le gras à l'eau boue.
00:05:13Donc, je le prends avec moi.
00:05:15Et c'est sûr que, par contre, à l'avenir, ce sera différent.
00:05:18Et c'est comme ça.
00:05:19Ce ne sera pas forcément moins bien, mais ce sera différent.
00:05:21Il y a un petit truc qui m'a fait un peu tilter.
00:05:23Tu parlais tout à l'heure, tu disais que tu devais aussi te renouveler sur l'eau.
00:05:26Le Nicolas Gestin 2.0, ça pourrait être quoi ?
00:05:29Sur quel point tu pourrais te renouveler et progresser ?
00:05:32Je pense qu'il y a plein de sujets que je n'ai pas forcément en tête.
00:05:35Et justement, c'est un truc sur lequel je me fais pas mal accompagner,
00:05:37où je responsabilise pas mal, que ce soit mon préparateur physique, mon entraîneur,
00:05:42aussi quelqu'un qui nous accompagne un peu sur le suivi de la haute performance.
00:05:46Et eux ont peut-être plus aussi de l'expérience, de recul sur qu'est-ce qui pourrait bien me correspondre.
00:05:51Mais je sais pas, moi j'ai des idées comme ça sur l'innovation de matériel aussi, par exemple.
00:05:56Aller développer des nouvelles formes de bateau,
00:05:58peut-être naviguer avec plusieurs formes de bateau,
00:06:01arriver avec deux formes de bateau sur une compétition, chose qu'on fait peu.
00:06:04Et l'adapter en fonction du parcours ou du bassin.
00:06:07Peut-être que l'IA va venir révolutionner aussi notre pratique sportive.
00:06:11Donc, il y a plein de choses qu'on peut pas mesurer.
00:06:14Pour l'instant, j'étais plutôt à me reposer un peu sur les acquis en ce moment,
00:06:18pour reprendre sportivement, déjà retrouver mon niveau de cet été.
00:06:22Et ensuite, on va aller innover, mais on a des petites pistes en tête.
00:06:25T'es un perfectionniste ? C'est ça ta plus grande force, Nicolas ?
00:06:29Ouais, je pense que je suis un perfectionniste et que je suis assez joueur, assez pragmatique.
00:06:33C'est une sorte de mélange un peu étrange, mais dont on a besoin en canot et salam.
00:06:37Je pense qu'il y a toute une partie de l'entraînement qui est entre guillemets obligatoire,
00:06:41où il faut passer du temps sur l'eau, il faut aller développer physiquement,
00:06:45il faut se préparer mentalement.
00:06:47Et puis, il y a aussi toute une partie qui n'est pas obligatoire, qui est plus dans l'innovation.
00:06:50Moi, j'ai été aller chercher pas mal de trucs l'année passée,
00:06:53avec de l'entraînement visuel, avec un travail sur les préférences motrices,
00:06:58avec un peu de développement matériel, etc.
00:07:01Il y a plein de choses à aller chercher et je pense que je ne suis pas arrivé au bout du process à 25 ans.
00:07:06Et heureusement, parce que ça va faire que je vais garder un peu l'écrou les prochaines années.
00:07:10On a parlé sur la partie très technique, mais on a eu la chance de nous recevoir dans Club Sport en France Champion,
00:07:13que vous pouvez d'ailleurs retrouver sur le site Sport en France, l'émission en intégralité,
00:07:16avec Denis Gargault. Il nous parlait d'une technique de pagaie particulière.
00:07:19Est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus là-dessus, Nicolas ?
00:07:22Oui, Denis, sur les dernières années, il s'est mis à changer de bordée, à switcher, on appelle ça.
00:07:29C'est une technique que les filles faisaient déjà depuis dix ans, peut-être.
00:07:33On n'a rien inventé chez les canoëums, mais il y a cette technique qui arrive de plus en plus,
00:07:38où les garçons viennent imiter la technique que les filles ont empruntée pendant pas mal d'années.
00:07:43Parce qu'en fait, on développe plus de force à gauche et à droite quand on pagaie de notre côté naturel, de notre bordée.
00:07:48Alors que moi, qui suis bordé gauche, je switche pas.
00:07:52Je vais me déborder et pagaier au-dessus de mon bateau.
00:07:56Donc c'est un geste un peu moins naturel, qui peut générer possiblement moins de force.
00:08:01Moi, j'en suis arrivé à un stade où aujourd'hui, je suis bien meilleur en déborder que sur mon bordé droit,
00:08:06parce que depuis tout petit, j'apprends à pagaier que à gauche.
00:08:09Mais c'est sûr que c'est une technique qui vient un peu révolutionner notre discipline
00:08:13et qui, moi aussi, m'amène à me questionner sur est-ce qu'il va falloir s'y mettre, pas s'y mettre ?
00:08:17Quelles sont mes forces ? Comment je m'adapte aussi face à mes adversaires qui se mettent à switcher ?
00:08:21Il y a encore plein d'axes à explorer pour progresser.
00:08:25Peut-être aller imiter les filles et naviguer avec des filles aussi qui sont plus à la page sur cette pratique.
00:08:32C'est intéressant de t'entendre dire que sur ta pratique, les filles sont peut-être encore plus évoluées,
00:08:38un petit coup d'avance sur les hommes.
00:08:40On sait que c'est assez rare dans pas mal de disciplines où souvent on peut dire que les hommes ont un peu plus d'avance.
00:08:47Toi, ce n'est pas le cas sur le canoë ?
00:08:49Non, je pense que ce n'est pas le cas.
00:08:52On a un niveau technique tous différents, on a tous notre patte justement.
00:08:57Pour moi en tout cas, en switch, j'estime un peu aujourd'hui qu'il y a des très bons bateaux masculins qui arrivent à le faire.
00:09:03Un tout jeune, un Slovène de 16 ans qui éclate tout en Coupe du Monde et qui se débrouille très bien en switch.
00:09:09Mais c'est quand même une technique qui vient beaucoup des filles avant ça, qui le font depuis toujours.
00:09:14Je pense qu'il y a beaucoup de garçons qui se sont mis à questionner via aussi ce gars qui a tout cassé un peu la saison passée.
00:09:22Mais c'est sûr que c'est une technique quand même où si on veut trouver plus de profils qui switch,
00:09:26autant aller voir chez les filles parce qu'il y a plein de manières de faire.
00:09:30Je pense qu'elles ont appris le bateau comme ça la plupart, à l'inverse des canoë hommes qui ont appris beaucoup sur un seul côté.
00:09:37D'accord. On parle de technique, de performance.
00:09:39Moi, je voulais parler un peu avec toi du sponsoring des partenaires.
00:09:42Est-ce que tu as senti plus d'opportunité après ton titre de champion olympique ?
00:09:47Est-ce que tu es plus sollicité de ce point de vue-là ? Est-ce que c'est plus facile ?
00:09:50Oui, carrément. C'est sûr que c'est plus facile pour moi. Je viens d'un sport un peu médiatisé et dont on parle quand même un peu.
00:09:59Moi, d'avoir un titre olympique, c'est sûr que d'un coup...
00:10:03En plus, on identifie avec Tony Estanguet, Denis Gargaud, l'histoire des canoë hommes français.
00:10:08Je pense que je suis vraiment le séliste le moins implaindre de la fédération.
00:10:12Justement, moi, suite au titre olympique, j'ai quand même eu des opportunités de sponsoring.
00:10:18Et je sens que je vais pouvoir aborder mon Olympiade relativement tranquillement vis-à-vis de ça grâce à des entreprises qui vont m'accompagner sur l'Olympiade.
00:10:29D'accord. Parce que tu sais, nous, on avait reçu, comme je te le disais, un titouan castrique ici, vice-champion olympique de kayak slalom.
00:10:34Il me disait qu'il s'attendait à plus de retombées, justement, de ce point de vue-là.
00:10:37Toi, ce n'est pas quelque chose que tu ressens, du coup ?
00:10:39Non. En fait, je ne m'attendais pas forcément à ce que mon téléphone sonne le lendemain des Jeux.
00:10:44On va dire, on va faire Nicolas Gestin, notre Léon Marchand.
00:10:47Ben non, ce n'est pas le cas. Je fais du canoë. Je viens d'un sport un peu différent.
00:10:50C'est sûr qu'on pouvait s'attendre aussi quand même à des retombées qu'on n'a peut-être pas eues.
00:10:54Et ça a peut-être fait des déçus. Moi, dans un premier temps, j'ai peut-être aussi été déçu vis-à-vis de ça.
00:10:58Mais au lieu de me dire, bon, ben, ça ne vient pas, ça ne vient pas, je me suis dit, organise-toi.
00:11:01Travaille aussi avec des gens qui vont te permettre de rencontrer les bonnes personnes.
00:11:05C'était quelque chose que tu ne faisais pas avant ton titre, ça ?
00:11:08Non, non, que je n'avais pas fait. Et je le faisais par moi-même.
00:11:11Donc, j'ai démarché pas mal d'entreprises locales à Quimperlé chez moi.
00:11:15Ah oui, tu girais tout toi-même, en plus de tes entraînements.
00:11:18Oui, j'avais trois entreprises qui me suivaient, quatre même, qui m'ont suivi sur l'Olympiade.
00:11:22Et donc, j'étais allé faire du mécénat avec elles.
00:11:25Et on travaillait avec le club.
00:11:27Et ça me permettait de simplement avoir un revenu privé qui me permettait d'acheter du matériel.
00:11:35D'accord, ok. Mais c'est vrai que c'est hyper important.
00:11:37Parce que, comme tu le dis, les Jeux Olympiques, c'est vraiment le moment où vous avez la lumière sur la discipline.
00:11:42Le seul moment dans l'année. Donc, il faut surfer dessus.
00:11:44Je te parle de surf parce que je sais que tu t'y es mis récemment.
00:11:47Est-ce que tu me disais ?
00:11:48Oui, un peu.
00:11:49La transition.
00:11:50La transition, je ne vais pas venir.
00:11:52Mais, carrément, justement, sur cette période un peu plus cool de septembre à décembre,
00:11:59je me suis dit que je voulais essayer de faire des activités que je me suis un peu interdit l'année dernière
00:12:04pour ne pas me blesser avant les Jeux.
00:12:06Et le surf en fait partie.
00:12:07Donc, j'ai un copain en Bretagne qui m'emmène et qui m'apprend à surfer sur une longue board pour le moment.
00:12:12Et puis, j'espère passer le cap assez rapidement pour pouvoir aller dans du un peu plus gros.
00:12:17Mais bon, ce n'est pas facile quand on vit à Paris. Il faut faire les allers-retours en train.
00:12:20Oui, c'est sûr.
00:12:21Et donc, j'ai eu peu de sessions surf. Je ne sais pas si j'en comptabilise une dizaine depuis le mois de septembre.
00:12:26En tout cas, polyvalent. Parce que tu as le canoë, le surf, la course à pied. Tu prépares un marathon.
00:12:30Oui, carrément, carrément. Je vais essayer de couvrir le marathon de Paris dans un mois.
00:12:34Donc, justement, j'aime bien toucher un peu à tous les sports.
00:12:37Et je pense que même dans ma préparation, déjà l'année passée,
00:12:40moi, je faisais beaucoup de mes séances physio en course à pied ou en salle de muscu à vélo.
00:12:45Donc, j'aime bien ne pas tout faire dans mon canoë.
00:12:49Tu vises un chrono ou pas sur le marathon ? Pour l'instant, c'est le premier, je suppose.
00:12:52Donc, c'est juste de finir ou il y a un chrono à viser ?
00:12:54Non, non, c'est le premier. Mais j'aimerais bien essayer de passer sous les trois R quand même.
00:12:57Ah oui, donc déjà, ça commence à courir bien.
00:13:00Et vis-à-vis de ta discipline, tu es amoureux de ta discipline ?
00:13:03Même quand tu ne pratiques pas, tu suis les résultats, tu es à fond dedans ou tu es plutôt détaché ?
00:13:08Non, je suis quand même vachement en ma discipline.
00:13:11Moi, depuis tout petit, je suis un peu un acharné de ça en canoë salome où je suis toutes les courses.
00:13:16Après, je t'avoue que maintenant, je ne suis plus toutes les courses du coin,
00:13:19à part s'il y a mon frère qui court et tout, où je vais suivre.
00:13:22Mais sinon, je suis un peu moins.
00:13:26Mais les grosses courses importantes, oui, je suis quand même derrière la feuille des résultats à regarder
00:13:31et très technicien à essayer d'observer ce qui se fait, à essayer de réinventer aussi.
00:13:36Maintenant, je pense que je suis dans une posture un peu différente
00:13:38où avant, j'essayais d'apprendre beaucoup des leaders internationaux,
00:13:41aller passer beaucoup de temps et les regarder.
00:13:43Et moi, je ressens un peu un passage où maintenant, c'est à moi de « réinventer » mon sport.
00:13:48Comment j'amène de la nouveauté ?
00:13:50Et ce n'est pas en regardant forcément dans mon sport.
00:13:53C'est peut-être en allant chercher dans d'autres sports aussi.
00:13:55Donc voilà, essayer de trouver des sources d'inspiration un peu différentes.
00:13:58Et c'est à moi de créer un peu ma propre marque maintenant.
00:14:00Tu sens que tu es devenu, après ce sacre olympique, une source d'inspiration pour beaucoup de jeunes
00:14:06qui débutent aussi le canoë ou qui en font depuis un moment ?
00:14:09Je ne sais pas.
00:14:10Ça, je ne sais pas du tout.
00:14:11Je ne peux pas le mesurer.
00:14:12Tu n'as pas été confronté à ça ?
00:14:13On ne t'a pas dit, par exemple, après les Jeux, des jeunes de club qui t'ont dit
00:14:16« tu nous as vraiment inspiré, on veut être comme toi ».
00:14:18Oui, si, ça un peu pour le coup.
00:14:20C'est sûr.
00:14:21Après, dans mon style de navigation, pas forcément.
00:14:23On ne m'a pas dit « je veux à tout prix être comme toi ».
00:14:26Mais c'est sûr que je pense que c'est un parcours qui inspire en tout cas.
00:14:29Moi, je vais aussi à Quimperlé dans mon petit club où on est une centaine de licenciés.
00:14:34Il y a eu un effet ?
00:14:35Il n'y a pas eu un gros effet, non.
00:14:37Mais ils sont passés de 5 à 10 en école de pagaie cette année peut-être.
00:14:40Et d'avoir le contact avec les jeunes qui m'appellent Nicolas Gestin tout le temps déjà.
00:14:45Ils m'appellent à mon nom et mon prénom d'affilée, bien marré.
00:14:48Mais en tout cas, ils ont de l'énergie sur l'eau.
00:14:50Et puis, je pense que ça leur donne des idées quand ils me voient sur l'eau.
00:14:53Sans le dire, je pense qu'il y en a un paquet qui se disent « j'aimerais bien me mettre au canoë ».
00:14:58Il y en a un paquet qui sont passés d'assis à genoux dans mon club déjà.
00:15:01Donc, c'est peut-être bon signe.
00:15:02C'est qu'ils aiment bien le canoë et qu'on aura de la relève aussi à Quimperlé.
00:15:06Et toi aussi, ton histoire avec le canoë commence d'une manière assez originale.
00:15:09C'est grâce à la famille de ta nounou qui t'a mis dans un bateau alors que tu étais encore tout gamin.
00:15:12Tu t'en souviens ?
00:15:13Ah non, je m'en souviens pas.
00:15:15Tu étais à quel âge ?
00:15:16Je pense que j'avais 3-4 ans.
00:15:18Il y a une photo qui est passée.
00:15:20J'avais 3-4 ans dans le kayak, dans le garage.
00:15:23Ok, 3-4 ans.
00:15:24Et toi, ta famille n'est pas du tout dans le milieu.
00:15:27Alors moi, mon grand frère était passé chez la nourrice.
00:15:30Donc, il a pris sa licence au club avant moi.
00:15:33Mais sinon, normalement, mes parents ne font pas du tout de canoë.
00:15:35D'accord.
00:15:36Et ils sont encore en contact, je suppose, direct avec ta nourrice.
00:15:39Oui, ils sont venus au jeu.
00:15:41Incroyable.
00:15:42Donc, toute la famille de ma nourrice, les petits-enfants, les enfants.
00:15:46Il y en avait un paquet qui était là.
00:15:48Donc, ils sont venus me voir au JO.
00:15:50Et j'ai pu les revoir aussi à mon retour à Quimperlé qu'on a fait à l'issue des Jeux Olympiques.
00:15:55Et puis, on est passé prendre le goûter chez eux.
00:15:57C'était sympa.
00:15:58Trop bien.
00:15:59Trop cool.
00:16:00Donc là, évidemment, trop petit, tu ne t'en rappelles pas.
00:16:02À quel moment tu as su que le canoë, pour toi, ce ne serait pas juste un simple loisir ?
00:16:06Et que tu pourrais aller bien plus haut et peut-être, comme tu l'as dit, marquer l'histoire de ta discipline ?
00:16:10Ça a été vraiment particulier.
00:16:12Je pense que ça a été étape par étape, vraiment, parce que je me suis inscrit au club.
00:16:16Et tout simplement, ça m'a plu.
00:16:18Déjà, j'ai pris ça comme un jeu à chaque fois.
00:16:19Je me sentais passer des étapes un peu à chaque séance,
00:16:22où on m'emmenait dans un cours un peu plus fort, une vague un peu plus forte,
00:16:25en mer, en rivière.
00:16:26On m'a fait essayer toutes les disciplines.
00:16:28Donc, je me suis vraiment éclaté toute ma formation au club à Quimperlé.
00:16:31Et je pense que j'ai gravi les échelons assez rapidement.
00:16:34J'aimais bien la compétition en plus.
00:16:36Du championnat du Finistère au championnat de Bretagne, ça perfait bien.
00:16:39Et je m'éclatais.
00:16:41Et je pense que la première perf un peu déclic, c'est à la fin de mon collège à Quimperlé,
00:16:45où je m'entraînais encore au clé.
00:16:47À Quimperlé, la structure, c'était le clé.
00:16:49Et je fais champion de France chez les Cadets, à 15 ans.
00:16:53Et là, je me dis, l'année prochaine, je vais en peau d'espoir à Saison Sévigné.
00:16:57Donc, c'est un peu le début du haut niveau.
00:17:00Même si je m'entraînais déjà pas mal à Quimperlé.
00:17:02Mais ça change de dimension.
00:17:04Là, on passe parmi les membres de l'équipe de France.
00:17:06Je fais ma première saison en équipe de France junior après.
00:17:08Et là, tout s'enchaîne un peu.
00:17:10Je rebondis sur le pôle de Saison Sévigné.
00:17:12Parce que forcément, il y avait beaucoup d'entraînement, de progression.
00:17:15Tu as aussi fait des rencontres marquantes.
00:17:16Notamment, celle de Mathis Soudy, qui était ton colocataire au pôle,
00:17:19qui a disputé les Jeux de Paris avec le Maroc.
00:17:22On l'a contacté.
00:17:23Il a un petit message pour toi, Nicolas.
00:17:25Écoute-le.
00:17:27Salut, Nico.
00:17:28Petit message pour te dire qu'on est tous très fiers de toi.
00:17:30Encore une fois, un énorme bravo pour cette médaille olympique
00:17:33que tu es allé chercher chez toi, avec ton public.
00:17:35C'était exceptionnel.
00:17:36Tu nous as tous fait rêver.
00:17:37Je n'ai jamais douté de ton envie d'aller chercher cette médaille.
00:17:41Tu l'as mérité.
00:17:42Très professionnel, toujours dans ta démarche.
00:17:44Et très passionné.
00:17:45J'ai des souvenirs de nous attraîner très tard sur l'eau,
00:17:48sur nos séances U18.
00:17:49Voilà, ça a payé.
00:17:51Maintenant, je sais que tu vas avoir à cœur de tenir cette médaille
00:17:55pour la prochaine Olympiade de Los Angeles.
00:17:57Mais voilà, jusqu'ici, prends du plaisir.
00:17:59Et puis, reste comme tu es.
00:18:01Tu nous fais aussi rêver sportivement, mais aussi humainement.
00:18:04Tu es toujours resté simple et à l'écoute des gens, abordable.
00:18:06Donc, reste comme tu es.
00:18:07Tu nous fais rêver.
00:18:08Et puis, je te dis à très bientôt sur l'eau.
00:18:10Allez, ciao.
00:18:13Ça fait plaisir, ce petit message.
00:18:14Oui, carrément.
00:18:15C'est clair.
00:18:16C'est clair.
00:18:17Avec Mathis, c'est sûr qu'on a vécu des trucs vraiment cool.
00:18:19On a fait notre première année d'internat, justement.
00:18:21Assez sensiblement dans la même chambre.
00:18:23Pour le coup, on se connaît très, très bien.
00:18:24On a passé beaucoup de temps sur l'eau ensemble.
00:18:27Et puis, on arrivait tous les deux dans un petit club.
00:18:29Donc, on ne connaissait pas forcément tout le monde en arrivant au lycée.
00:18:32Et avec Mathis, on a un gros, gros souvenir,
00:18:34qui est le championnat du monde en 2022,
00:18:36où lui, il va décrocher la première médaille africaine
00:18:39sur un championnat du monde de canoë en kayak home.
00:18:42Il fait 3e.
00:18:43Et moi, je vais chercher ma première médaille en championnat du monde 2e
00:18:46sur l'eau à deux jours d'intervalle.
00:18:48Donc, c'est sûr qu'on est un peu liés là-dessus.
00:18:51Il avait déjà vécu les Jeux à Tokyo.
00:18:53Donc, pareil, il a pu aussi me partager un peu son expérience
00:18:56quand même pour les Jeux de Paris.
00:18:58En plus, il a vécu une Olympiade à Tokyo quand même plutôt réussite,
00:19:03où il est allé chercher des belles perfs
00:19:05sur les manches de qualification.
00:19:06Un peu d'effervescence aussi dans son payé au Maroc.
00:19:09Donc, il avait vraiment plein de bons conseils à me donner.
00:19:13Et en plus de ça, sur l'eau, c'est quelqu'un de brillant.
00:19:16Donc, forcément, c'est un plaisir de pouvoir le suivre aussi,
00:19:20lui, de son côté pour le Maroc, c'est sûr.
00:19:22Donc, on n'est pas pour la même nation.
00:19:24Mais je peux vous dire qu'en 2022, j'étais un peu comme un fou au bord
00:19:27quand il a claqué sa médaille quand même.
00:19:29Et tu vois, c'est marrant parce qu'il parle de ces moments
00:19:31où vous traînez sur l'eau, vous enchaînez les heures sans compter.
00:19:35Je pense que c'est ça aussi qui a fait la différence, toi,
00:19:37pour atteindre les sommets actuellement,
00:19:39cet acharnement un peu de travail que tu as livré au quotidien.
00:19:43Oui, je pense que ce n'était vraiment pas du travail.
00:19:45En fait, quand au lycée, je passais beaucoup de temps sur l'eau,
00:19:47moi, c'est juste que c'est là où je me sentais le mieux.
00:19:49D'accord.
00:19:50Et la séance, elle avait terminé depuis une heure.
00:19:52Nous, on allait repasser des portes pendant une demi-heure, une heure,
00:19:55si on avait envie.
00:19:57Et c'était vraiment à l'envie.
00:19:58Et puis, on s'éclatait à le faire.
00:20:00Donc, je ne l'ai pas du tout ressenti comme du travail ou de l'acharnement.
00:20:03Juste, je m'éclatais sur l'eau.
00:20:05Et quand il y avait des beaux niveaux d'eau sur une rivière,
00:20:06je ne pouvais pas m'empêcher de refaire trois descentes
00:20:08avant de la tomber de la nuit.
00:20:10Donc, j'ai vraiment vécu comme ça.
00:20:12Et je pense que depuis peu, quand même, ma démarche, elle a un peu évolué.
00:20:14C'est-à-dire que l'an dernier, certes, j'ai passé énormément de temps sur l'eau,
00:20:16mais surtout du temps de qualité,
00:20:18où j'ai vraiment réussi à passer un cap depuis 3-4 ans à chaque séance compte.
00:20:24Donc, aller chercher une piste de progression à chaque séance.
00:20:27Et parfois, quand il y a des séances qui ne se passent pas bien,
00:20:29réussir à lâcher, à dire bon, là, on retombe dans un truc.
00:20:33Limite, lâche l'encadrement, lâche ton objectif
00:20:37et retombe dans un côté intuitif à prendre plaisir sur l'eau.
00:20:42Et pour optimiser le temps que je passe, quand même,
00:20:45où j'ai de la fraîcheur mentale et beaucoup de dispo pour aller chercher mon objectif.
00:20:49Donc, c'est bien jongler entre ça.
00:20:51Et pas forcément, moi, je ne suis pas trop de la team à me dire,
00:20:53depuis peu, parce qu'avant, j'étais vraiment comme ça,
00:20:55mais à me dire, il faut à tout prix que j'ai un objectif,
00:20:58j'ai une piste de progression, je m'acharne dessus et j'y vais jusqu'à l'usure.
00:21:02Non, plutôt me dire comment je quantifie un maximum de fraîcheur mentale
00:21:06pour aller chercher cet objectif-là cette semaine, par exemple.
00:21:09Et donc, ça ne passe pas par faire toutes mes séances là-dessus,
00:21:12parce que peut-être que j'aurai que dix minutes de dispo et après, je vais exploser.
00:21:15C'est plutôt faire deux heures par là et puis relâcher deux heures et refaire et machin.
00:21:19Donc, je pense que j'ai changé un peu d'optique,
00:21:21mais c'est sûr que les heures passées sur l'eau, avec Mathis, notamment, tout jeune,
00:21:25ça a créé aussi ce côté un peu...
00:21:27Souvent, on dit qu'on est bourré de talent.
00:21:29Quand on voit un bon paguilleur, je pense qu'on est aussi bourré d'heures de navigation.
00:21:33Et donc, la lecture de l'eau vive, tout ça, ça passe par passer du temps, c'est sûr.
00:21:38C'est intéressant parce que tu parles beaucoup de plaisir, en fait.
00:21:41Le plaisir d'être sur l'eau, le plaisir de pratiquer.
00:21:43Nous, on a reçu quand même quelques athlètes dans ce canapé,
00:21:45notamment Manon Apiti Brunet,
00:21:47le screamer qui a fait le championnat olympique aussi aux Jeux de Paris,
00:21:49qui me disait, justement, que pendant sa compétition,
00:21:51ce qui lui avait permis de gagner, de remporter la médaille,
00:21:53c'était parce qu'elle avait pris du plaisir pendant toute la compétition.
00:21:55En fait, elle s'est amusée.
00:21:56Est-ce que toi, tu as un peu cette approche-là ?
00:21:58Est-ce que tu l'as eue, en tout cas, pendant les Jeux ?
00:22:00Oui, carrément.
00:22:01Moi, j'ai vraiment essayé de construire pas à pas, quand même.
00:22:05Mais donc, déjà, la qualification, c'était très tendu dès le début
00:22:08parce qu'il faut passer les étapes.
00:22:11Ce n'est quand même pas facile.
00:22:12On est dans un sport où on a vite fait d'aller toucher une porte,
00:22:14se mettre en difficulté,
00:22:16où ça arrive de passer à côté, tout simplement.
00:22:18Tu as tendance à stresser, toi, ou pas, avant les compétitions, Nicolas ?
00:22:20Moi, je suis quand même assez serein, de manière générale.
00:22:22Et justement, j'essaie d'aborder le truc comme un jeu, quand même,
00:22:26en me disant que la Terre ne va pas s'arrêter de tourner.
00:22:29Et puis, la Terre ne va pas s'arrêter de tourner
00:22:30si Nicolas Gestin ne va pas chercher sa médaille d'or olympique.
00:22:32Et puis, moi, je savais que c'était aussi de me dire,
00:22:36me détacher un peu de ce contexte-là,
00:22:38où on nous monte un peu la tête à dire
00:22:40« ça dépend de nous, ça dépend de machin ».
00:22:42En fait, éclate-toi, prends des risques, mets un engagement maximal.
00:22:47Et puis, je me disais beaucoup que c'est si je ne jouais pas
00:22:49que je serais frustré et que, justement, je serais déçu.
00:22:53Alors que si je jouais ma carte, je ne serais pas déçu,
00:22:55même si je passe à côté.
00:22:57Au moins, j'aurais tenté d'aller chercher une médaille d'or
00:22:59et c'était ce que je visais.
00:23:00Donc, je l'ai abordé vraiment comme ça.
00:23:02Et je pense que le contexte, en plus, avec le public,
00:23:05mes proches qui mettaient bien l'ambiance au bord,
00:23:08les qualifications remportées, les demi-finales remportées,
00:23:11ça a créé un contexte à la fois super nerveux
00:23:14et à la fois super agréable à vivre.
00:23:18Parce qu'en fait, j'allais chercher toujours plus loin dans l'effort,
00:23:21toujours plus loin dans ma navigation.
00:23:24Et ça m'a mis dans un mode de recherche permanente et de plaisir
00:23:27où je prenais plaisir à concourir et où à chaque fin de course,
00:23:30je finissais avec le smile.
00:23:31Et j'avais qu'une envie, c'était d'aller récompenser
00:23:33tout ce public qui me donnait beaucoup
00:23:35et à qui j'avais envie de donner beaucoup aussi.
00:23:37Et avant les Jeux, tu en as beaucoup entendu,
00:23:39Nicolas Gestin, peut-être le successeur de Tony Estanguet,
00:23:42de Denis Gargaud.
00:23:43Ça, ça a pu peser sur tes épaules ou tu arrivais facilement
00:23:45à t'en détacher ?
00:23:47Moi, j'ai mis un peu quand même, entre guillemets,
00:23:49une stratégie qui était de faire le moins de médias possible
00:23:52avant les Jeux pour me détacher un peu de tout ça.
00:23:54Et après, c'est sûr que c'est quelque chose qui peut peser.
00:23:57Mais j'ai eu aussi des conseils, pour le coup, de Tony, Denis,
00:24:00j'ai eu l'occasion d'échanger avec eux.
00:24:02C'était quoi les conseils que tu leur donnais, par exemple ?
00:24:04Tony, par exemple, je me rappelle qu'il me disait pas mal
00:24:06que pour lui, je ne devais pas l'aborder comme son Olympiade de 2012
00:24:09où lui, il a été arrivé, il avait 34 ou 35 ans en 2012.
00:24:14Mais plutôt comme son Olympiade de Sydney
00:24:16où moi, j'avais une vingtaine d'années,
00:24:17il fallait aller dévorer les Jeux, m'éclater.
00:24:19Tout simplement, ce n'est pas des conseils tombés du ciel,
00:24:22mais c'est aussi se rattacher à l'essentiel dans ces moments.
00:24:28Tu communiques encore beaucoup avec Tony Stanguet,
00:24:30vous êtes proches tous les deux ?
00:24:31Ou c'était vraiment pour la partie des Jeux olympiques
00:24:33où il a été derrière toi pour te soutenir ?
00:24:35Lui, au Jeux, il nous a reçus l'équipe de France de canoë au mois de décembre,
00:24:40quand on a été présélectionnés déjà en décembre 2023, donc très tôt.
00:24:43Il nous a juste donné quelques petits conseils
00:24:44et puis on a pu échanger, lui poser des questions
00:24:46si on avait envie d'en poser.
00:24:48Et après, pas trop parce que lui, il était ultra blindé.
00:24:51Oui, je pense qu'il avait un planning assez chargé.
00:24:53Et là, il est assez dispo pour moi, si jamais j'ai besoin,
00:24:55je sais que je peux aussi le questionner sur un après-jeu
00:24:58parce que pour le coup, c'est comme un exemple de réussite
00:25:00sur l'enchaînée des Olympiades à très haut niveau.
00:25:03Donc, il est bourré de bons conseils
00:25:06et c'est sûr que dans une fédération, pour nous,
00:25:08c'est un petit bijou d'avoir des personnes qui ont autant d'expérience,
00:25:11que ce soit Tony, Denis, mais aussi tous les autres
00:25:14parce qu'il y en a plein qui alimentent notre système,
00:25:16il n'y a pas que les canoë-hommes.
00:25:17Et les kayak-hommes, les kayak-dames, les canoë-dames
00:25:19sont aussi plein de bons conseils.
00:25:21On va se replonger un peu dans les Jeux.
00:25:23Toi, tu n'as pas fait la cérémonie d'ouverture,
00:25:24ça a commencé beaucoup trop tôt.
00:25:26Pareil, beaucoup d'athlètes ici,
00:25:28quand je leur demande leur meilleur souvenir des Jeux,
00:25:30le souvenir le plus marquant,
00:25:32on me ressort souvent la cérémonie d'ouverture
00:25:34parce qu'avec un peu de recul,
00:25:36même si le scénario était parfait pour toi avec cette médaille d'or,
00:25:38est-ce que tu aurais aimé la vivre, cette cérémonie ?
00:25:41Moi, à la base, j'aurais bien aimé y aller quand même
00:25:43et on m'a un peu dit de calmer le jeu
00:25:47et de profiter d'aller.
00:25:49Il y avait une course de qualification le lendemain,
00:25:51donc c'était quand même chaud,
00:25:52même si c'était le lendemain après-midi.
00:25:53Et derrière moi, une fois qu'on m'a donné la décision,
00:25:55je me suis dit, je ne vais pas me battre à dire à tout prix
00:25:57je veux y aller alors que le staff est contre et tout.
00:26:01Je me suis dit, c'est leur décision,
00:26:03ils ont sûrement raison.
00:26:05Et maintenant, à moins de me concentrer,
00:26:07comment je fais pour quand même avoir un petit déclic ?
00:26:09Et je me rappelle qu'on a vécu la cérémonie d'ouverture
00:26:11avec nos cuistots, avec les entraîneurs,
00:26:14une partie du staff et aussi Camille Prigent
00:26:18qui était là et qui concourait en kayak dame
00:26:20le lendemain avec moi.
00:26:21Et ça a été notre cérémonie d'ouverture devant la télé,
00:26:23comme beaucoup, mais c'était finalement assez sympa.
00:26:26C'est vrai que c'est très intéressant ce que tu dis
00:26:28parce que tu as parlé de déclic.
00:26:30Quand tu fais la cérémonie d'ouverture,
00:26:31tu peux te dire, ok, ça y est, maintenant on y est,
00:26:34les Jeux débutent.
00:26:35Quand tu es devant ta télé,
00:26:36c'est peut-être un peu plus compliqué de te dire,
00:26:37ok, c'est bon, ça démarre demain.
00:26:39Oui, c'est sûr, on était un peu tout calme
00:26:41avec Camille dans le canapé,
00:26:42avec notre ambiance très équipe de France.
00:26:45Mais quand même, je pense que ça nous a aidé
00:26:48à comprendre que ça se lançait.
00:26:50En plus, quand même, avec Tony qui fait son discours
00:26:52que nous, on connaît.
00:26:54Même derrière notre télé,
00:26:56on est émus de voir cette réussite-là
00:27:00et que ça se lance.
00:27:02Donc non, j'ai quand même senti que ça se lançait.
00:27:05Et après, moi, ce qui m'a bien servi,
00:27:06c'est la qualification où direct,
00:27:08ça me met dans le bain
00:27:09et puis je sens l'ambiance monter,
00:27:10j'ai eu besoin de passer du temps en bord.
00:27:12Et ce qui a été cool pour moi aussi,
00:27:13c'est de vivre une journée de finale avant la mienne.
00:27:15Camille, elle avait ses qualifs la veille de la cérémonie,
00:27:19puis elle concourait le dimanche.
00:27:21Et moi, je concourais le lundi, mais genre de finale.
00:27:23Donc j'ai pu aller encourager Camille
00:27:25sur sa journée de finale,
00:27:26qui passe à côté, donc c'est une déception.
00:27:28C'est aussi à gérer pour moi.
00:27:30Mais on voit que c'est une finale olympique.
00:27:32J'avais jamais vécu les Jeux avant.
00:27:33Et de se rendre compte...
00:27:35Même si c'est la veille pour le lendemain,
00:27:37c'est quand même une bonne expérience à prendre, je pense.
00:27:39Justement, ton parcours au jeu,
00:27:40évidemment, a été archi-dominateur.
00:27:42Tu gagnes les deux manches de qualif.
00:27:43Tu mets 3,5 secondes à tout le monde en demi,
00:27:45plus de 5 secondes en finale.
00:27:47C'était quand la dernière fois
00:27:48que tu avais mis une telle fessée,
00:27:49alors qu'on commence en compétition ?
00:27:51J'avais un peu dit en interview,
00:27:52je crois que c'était au championnat du Finistère
00:27:54ou à une compétition régionale.
00:27:55Sinon, ça ne m'était pas arrivé depuis un bail.
00:27:58Enfin, ça ne m'était jamais arrivé à l'international
00:28:00de remporter avec autant d'avance.
00:28:01Tu aurais pu te l'imaginer ça,
00:28:03d'arriver au jeu sur la compétition
00:28:05la plus importante de ta vie
00:28:06et réaliser la plus belle course de toute ta vie ?
00:28:09Oui.
00:28:10En fait, c'est des choses que j'avais préparées
00:28:12parce que je savais que j'étais très rapide sur le bassin,
00:28:14sur les séances d'entraînement.
00:28:15Je sentais que j'avais bien progressé
00:28:17par rapport à l'année passée.
00:28:18L'année passée, déjà en Coupe du Monde,
00:28:19j'avais frappé assez fort sur les manches de qualif.
00:28:21J'étais très rapide.
00:28:22En demi-finale, pareil,
00:28:23j'avais un peu loupé ma finale.
00:28:24Donc, je savais que j'étais un des bateaux
00:28:26les plus rapides à verser sur Marne
00:28:27avec la concurrence étrangère.
00:28:29Là où tu habites et où tu t'entraînes
00:28:31depuis maintenant pas mal d'années.
00:28:32C'est ça.
00:28:33Je me préparais quand même à me dire
00:28:35que ce n'est pas impossible que tout se passe très bien,
00:28:37que tout se passe très mal.
00:28:38Donc, en prépa mental,
00:28:39on envisage un peu des scénarios.
00:28:41Comment j'agis si je gagne la qualif ?
00:28:43Comment j'agis si je gagne la demi ?
00:28:45Qu'est-ce qui est bien ?
00:28:46Qu'est-ce qui n'est pas bien ?
00:28:47Comment je m'en sers ?
00:28:48C'est quoi concrètement ?
00:28:49Par exemple,
00:28:50on se replonge un peu dans tes séances.
00:28:52Comment je réagis si je gagne la demi ?
00:28:54Toi, tu gagnes la demi
00:28:55en mettant trois secondes cinq à tout le monde.
00:28:58Qu'est-ce que tu as travaillé pour rester dans ta bulle,
00:29:02pour rester concentré ?
00:29:03Pour moi, on travaille beaucoup
00:29:05ce qu'il y a entre comment j'occupe le temps
00:29:08déjà entre la demi-finale et la finale.
00:29:10C'est-à-dire,
00:29:11est-ce que j'estime que c'est important
00:29:13de retourner au bord,
00:29:14réanalyser avec mon entraîneur ?
00:29:15Est-ce que c'est un moment
00:29:16où j'ai besoin de redescendre
00:29:18tout simplement au niveau cardiaque,
00:29:20je fais une petite siège,
00:29:21je prends du temps pour moi ?
00:29:22Moi, ce qui était plutôt positif
00:29:24en gagnant la demi-finale,
00:29:25c'est que ça m'offrait du temps.
00:29:27C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir une heure,
00:29:28si jamais j'avais fait dernier prix de la finale,
00:29:30j'avais deux heures
00:29:31parce que la finale était très longue,
00:29:32douze participants,
00:29:33toutes les trois minutes avec une pause.
00:29:35C'était vraiment long.
00:29:36Donc, ça m'offrait du temps de récupération.
00:29:38J'étais content.
00:29:39J'ai pu travailler déjà sur ces deux heures-là,
00:29:41comment je les occupe.
00:29:43Que ça soit bien optimiser la récup,
00:29:46vraiment analyser la vidéo.
00:29:48Mais ça, ce n'est pas facile
00:29:49parce que d'un coup,
00:29:50notre vidéo,
00:29:51elle est donnée à tout le monde à l'étranger.
00:29:53Donc, les étrangers,
00:29:54ils vont regarder ma course.
00:29:56J'ai été trois secondes cinq plus rapide que tout le monde.
00:29:58Donc, forcément,
00:29:59j'ai quasiment tous les meilleurs chronos
00:30:00par secteur de la course.
00:30:02Et moi, à la vidéo,
00:30:04le travail,
00:30:05c'est plutôt d'imaginer avec mon entraîneur
00:30:06qu'on voit à l'image
00:30:07comment je fais encore mieux que ça.
00:30:10Comment je fais mieux que ça ?
00:30:12Est-ce qu'il faut vraiment faire mieux que ça ?
00:30:14Et aller prendre les infos aussi du parcours.
00:30:17Est-ce qu'il y a eu des réglages
00:30:18qui se sont affinés ?
00:30:19Est-ce que des réglages de porte,
00:30:20parce que les portes sont réglées
00:30:21à 20 ou 30 centimètres au-dessus de l'eau ?
00:30:23Donc, ça peut bouger un peu
00:30:24en fonction de la météo,
00:30:25un câble qui sèche,
00:30:26qui se détend, etc.
00:30:28Donc, aller prendre toutes ces infos-là
00:30:29et redéfinir un projet
00:30:30sur lequel je sais
00:30:31que je peux m'engager pleinement.
00:30:32Ça, ça a vraiment été la clé.
00:30:34Et d'être très ambitieux dans le projet
00:30:36pour se mettre à l'abri aussi
00:30:37de l'ambiance, du speaker,
00:30:39parce qu'en fait,
00:30:40moi, j'entendais tous les temps
00:30:41qui tombaient avant mon chrono.
00:30:43Donc, si j'entendais un temps
00:30:44qui était meilleur
00:30:45que mon temps de demi-finale
00:30:46alors qu'il était déjà très bon,
00:30:48si je n'avais pas un projet ambitieux,
00:30:49comment aller chercher
00:30:50un meilleur perf
00:30:51que ce qui vient de tomber ?
00:30:52Ce n'est pas possible.
00:30:53Donc, je m'obligeais,
00:30:54dans mes projets,
00:30:55c'était un peu une ligne fixée
00:30:56avec ma préparation mentale,
00:30:57justement, de me dire
00:30:58qu'il faut que le projet
00:30:59soit ultra ambitieux
00:31:00et qu'il te permette,
00:31:01coûte que coûte,
00:31:02peu importe les temps qui tombent,
00:31:03d'aller gagner.
00:31:04Donc, ça, c'était un peu
00:31:05une des lignes conductrices.
00:31:06Et ça, t'as réussi totalement
00:31:08à l'appliquer
00:31:09ou il y a eu quand même
00:31:10des petits moments
00:31:11où tes pensées s'éparpillaient un peu,
00:31:13où tu divaguais ?
00:31:14Même sur l'eau,
00:31:15c'est sûr qu'il y a toujours
00:31:16des moments où, déjà,
00:31:17le contexte nous dépasse
00:31:18parce que c'est énorme
00:31:19comme contexte
00:31:20ce qui nous tombe dessus.
00:31:2112 000 personnes
00:31:22qui te crient du jour au lendemain
00:31:23un peu dessus
00:31:24et qu'on n'est pas habitué
00:31:25à ça en canoë,
00:31:26ce n'est pas facile.
00:31:27Donc, forcément,
00:31:28il y avait des moments
00:31:29où, justement,
00:31:30j'étais dans l'écoute
00:31:31et j'entendais.
00:31:32Et j'avais travaillé ça aussi
00:31:33en préparation mentale
00:31:34parce que c'était déjà arrivé
00:31:35en Coupe du Monde
00:31:36à Paris l'année d'avant.
00:31:37Et je me disais
00:31:38qu'à chaque fois
00:31:39que je tombais dans l'écoute,
00:31:40je me sens plus fort sur l'eau
00:31:41quand je suis dans la vision
00:31:42que dans l'écoute.
00:31:43Donc, dès qu'il y avait
00:31:44de l'écoute,
00:31:45c'était un petit rappel à l'ordre
00:31:46pour essayer de revenir
00:31:47sur plutôt ma capacité visuelle
00:31:48et bien me projeter
00:31:49sur les portes
00:31:50qui arrivaient devant moi.
00:31:51D'accord.
00:31:52Donc, l'ambiance,
00:31:53t'essayais de créer une bulle
00:31:54pour pas forcément l'entendre.
00:31:55Tu t'en nourrissais pas forcément.
00:31:56Oui, plutôt faire abstraction.
00:31:57Plutôt faire abstraction.
00:31:58Et puis, notamment dans les starts
00:31:59où c'était très long,
00:32:00il y avait 30 secondes
00:32:01où on nous annonçait,
00:32:02le speaker show
00:32:03fait un peu la foule.
00:32:04Pour moi, tout l'enjeu
00:32:05c'était de rester
00:32:06très sur la vision
00:32:07et je regardais vraiment
00:32:08les mouvements d'eau devant moi,
00:32:09les portes,
00:32:10plutôt que trop
00:32:11être sur une ouverture
00:32:13et entendre tout ce qui se passe
00:32:15et vraiment essayer
00:32:16de me projeter sur mon projet
00:32:17par la vision.
00:32:18Le 29 juillet,
00:32:19donc jour de demi et final,
00:32:20tu sens dès le réveil
00:32:21qu'il va se passer
00:32:22quelque chose de spécial,
00:32:23que t'es dans un jour
00:32:24vraiment pas du tout.
00:32:25Pas du tout.
00:32:26Et puis, justement,
00:32:27presque, je n'essaye pas
00:32:28tant que ça parce que...
00:32:29Tu dors déjà la veille ?
00:32:30Oui, tranquillement,
00:32:31pas de soucis.
00:32:32Je dors vraiment pas bien
00:32:33moi d'habitude quand même
00:32:34au quotidien.
00:32:35Et là, j'ai fait
00:32:36des bonnes nuits
00:32:37avant les Jeux.
00:32:38Donc ça m'a bien aidé
00:32:39quand même d'arriver en forme.
00:32:40Et la demi-finale
00:32:41commençait à 15h.
00:32:42Donc justement,
00:32:43le matin, je me disais plutôt
00:32:44commence doucement,
00:32:45prends ton temps.
00:32:46Est-ce que tu changes
00:32:47des habitudes ?
00:32:48C'est ce que je me demande
00:32:49toujours quand c'est
00:32:50un matin comme ça,
00:32:51peut-être un des plus importants
00:32:52de ta vie,
00:32:53de ta carrière de sportif
00:32:54de haut niveau.
00:32:55Est-ce que tu fais tout
00:32:56comme d'habitude ?
00:32:57Tu manges les mêmes choses
00:32:58au petit-déj,
00:32:59tu restes vraiment
00:33:00sur une routine ?
00:33:02Moi, j'ai vraiment essayé
00:33:03de rester sur une routine
00:33:04quand même.
00:33:05Au maximum.
00:33:06A la fois, je voulais sentir
00:33:07que c'était les Jeux.
00:33:10Par exemple, je m'étais coupé
00:33:11des réseaux sociaux
00:33:12mais à la fois,
00:33:13j'avais un copain qui gérait
00:33:14et qui m'envoyait
00:33:15les 2-3 messages
00:33:16qui pouvaient me faire plaisir.
00:33:18J'ai essayé de me couper
00:33:19un peu de l'effervescence
00:33:20parce qu'après les qualifs,
00:33:21quand même,
00:33:22ça avait vraiment déjà monté.
00:33:23On attendait de moi
00:33:24une médaille.
00:33:26Donc c'était un peu particulier.
00:33:27C'est que j'étais vraiment
00:33:28dans ma routine
00:33:29mais on courait à 15h.
00:33:30En coupe du monde,
00:33:31souvent, on court le matin.
00:33:33Ça, c'était différent.
00:33:35J'ai pu aller au bassin
00:33:36le matin
00:33:37mais les tribunes
00:33:38sont encore toutes vides
00:33:39donc je m'imprégnais
00:33:40un peu du lieu
00:33:41et forcément,
00:33:42tu tombes un peu
00:33:43dans un côté
00:33:44spirituel
00:33:45où tu te dis
00:33:46« c'est mon jour,
00:33:47tu te répètes
00:33:48les phrases
00:33:49qui t'ont marqué un peu
00:33:50justement,
00:33:51qu'il fallait que je joue
00:33:52et j'ai pu faire
00:33:53un réveil musculaire
00:33:54sur l'eau. »
00:33:55Tout de suite,
00:33:56tu es un peu trop
00:33:57à l'écoute de tes sensations
00:33:58à te dire
00:33:59« bonjour,
00:34:00pas bonjour. »
00:34:01J'avais travaillé ça
00:34:02un peu avec un entraîneur
00:34:03qui me disait pas mal
00:34:04de ne pas attendre
00:34:05mes sensations
00:34:06mais d'aller les chercher
00:34:07et les provoquer.
00:34:08Je me suis directement
00:34:09mis dans ce truc-là
00:34:10le jour des Jeux.
00:34:12Après,
00:34:13je me rappelle aussi
00:34:14de quand même
00:34:15me laisser
00:34:16« vivre »
00:34:17les émotions
00:34:18et accepter
00:34:19de prendre des émotions
00:34:20et notamment de lire
00:34:21un article de journal
00:34:22où il y avait
00:34:23trois copains d'enfance
00:34:24qui racontaient
00:34:25leur journée de qualif.
00:34:26Il y avait un journaliste
00:34:27qui avait pris
00:34:29et qui était trop content
00:34:30et trop fier de moi déjà
00:34:32grâce à la qualif.
00:34:33Il disait « on a vécu
00:34:34un truc de ouf,
00:34:35c'était trop bien
00:34:36et on s'est régalé. »
00:34:37C'était un petit article
00:34:38qui déjà m'avait touché
00:34:39et je me rappelle
00:34:40de me dire
00:34:41limite d'avoir la larme à l'œil
00:34:42et de me dire
00:34:43« ça y est,
00:34:44maintenant j'ai eu mon truc,
00:34:45mon moteur,
00:34:46je sais ce que c'est
00:34:47et voilà pourquoi
00:34:48je vais aller chercher ça. »
00:34:49Reste focus,
00:34:50t'emballes pas
00:34:51parce que c'est comme ça
00:34:52que tu vas être bon.
00:34:53Tu auras tout le temps
00:34:54de savourer après la course
00:34:55mais je sais que
00:34:56je me suis laissé
00:34:57des heures avant la course
00:34:58à vivre pleinement
00:34:59l'événement comme ça.
00:35:00Donc te couper
00:35:01mais en même temps
00:35:02sans trop te couper
00:35:03en prenant les choses
00:35:04bonnes à prendre.
00:35:05Oui, voilà,
00:35:06prendre ce qu'il y a à prendre
00:35:07et puis se laisser vivre
00:35:08les émotions jusqu'à très tard
00:35:09et vraiment
00:35:10pas essayer de lutter
00:35:11parce que je pense
00:35:12que lutter une heure avant
00:35:13quand il y a déjà
00:35:14les tribunes,
00:35:15l'ambiance et tout,
00:35:16c'est dur.
00:35:17Par contre,
00:35:18sur les temps
00:35:19où je devais être présent
00:35:20mentalement moi
00:35:21pour ma course
00:35:225 minutes avant la course,
00:35:23pendant la course
00:35:24ou l'analyse avec mon entraîneur,
00:35:25là vraiment faire en sorte
00:35:26d'être très présent
00:35:27à ce moment-là.
00:35:28Donc je te disais avant,
00:35:29alors évidemment
00:35:30quand tu te lèves,
00:35:31tu te dis non,
00:35:32je ne sens pas forcément
00:35:33que ça va être une journée
00:35:34particulière.
00:35:35Dès les premiers coups de pagaie
00:35:36en demi-finale,
00:35:37est-ce que là tu sens
00:35:38que tu peux faire
00:35:39un truc énorme ?
00:35:40Que t'es un peu
00:35:41dans le sport,
00:35:42on dit souvent
00:35:43un peu dans la zone.
00:35:44Oui, dans le flow,
00:35:45c'est sûr que
00:35:46en demi-finale
00:35:47pour le coup,
00:35:48vachement.
00:35:49C'est-à-dire que
00:35:50je me rappelle avoir
00:35:51des très très bonnes sensations
00:35:52sur la course de demi.
00:35:53Ça t'était déjà arrivé
00:35:54d'avoir des sensations similaires ?
00:35:55C'est des manches
00:35:56où ça allait bien,
00:35:57mais je sens que je fais
00:35:58une très bonne course
00:35:59en demi-finale
00:36:00et où je peux gérer.
00:36:01Et c'est assez étonnant
00:36:02parce que c'est souvent
00:36:03la course la plus dure presque
00:36:04parce que j'avais tout à perdre.
00:36:05On était 16 ou 18
00:36:06au départ de la demi,
00:36:07on était 12 en finale,
00:36:08donc je savais que
00:36:09normalement
00:36:10si je faisais le taf,
00:36:11c'était large pour passer.
00:36:12Mais ça crée un contexte
00:36:13où justement
00:36:14on a tout à perdre
00:36:15et j'ai réussi
00:36:16à prendre le dessus
00:36:17et à bien jouer,
00:36:18à vraiment me faire plaisir,
00:36:19à prendre des risques
00:36:20dès la demi
00:36:21pour me mettre à l'abri
00:36:22finalement
00:36:23parce que c'est
00:36:24en allant vite
00:36:25je me mettais à l'abri du chrono,
00:36:26je pouvais prendre des pénalités
00:36:27et ça se serait passé quand même.
00:36:28Mais je me régale
00:36:29sur l'eau en demi-finale
00:36:30et ça c'est vraiment étonnant,
00:36:31ça me surprend.
00:36:32Presque,
00:36:33je pense que ça me met
00:36:34en vigilance
00:36:35pour la finale aussi
00:36:36où ça peut m'inquiéter
00:36:37à me dire
00:36:38est-ce que j'ai pas déjà
00:36:39fait ma course en demi-finale
00:36:40ou quand j'écrase une demi,
00:36:41ça ne m'était jamais arrivé.
00:36:42Mais au lieu de le prendre
00:36:43comme ça,
00:36:44je pense que je me suis dit
00:36:45maintenant tu as
00:36:46le contexte le plus difficile
00:36:47face à toi,
00:36:48tu as beaucoup d'attentes
00:36:49et entre guillemets
00:36:50c'est des moments comme ça
00:36:51que tu as envie de vivre,
00:36:52c'est les moments
00:36:53les plus intenses de ta carrière.
00:36:54Tu vas partir
00:36:55dernier d'une finale olympique,
00:36:56tout le monde attend l'or,
00:36:57le public va attendre que toi,
00:36:58mais vas-y profites-en,
00:36:59c'est des moments
00:37:00où tu ne peux pas imaginer
00:37:01la chance que tu as
00:37:02de les vivre
00:37:03et justement
00:37:04c'est comme ça
00:37:05que je l'ai abordé
00:37:06et en finale,
00:37:07même si ça a été plus poussif
00:37:08sur les premiers coups de pagaie,
00:37:09j'ai retrouvé ce moment,
00:37:10je pense que c'est
00:37:11le moment le plus difficile
00:37:12pour moi
00:37:13de me dire
00:37:14est-ce que j'ai pas déjà fait
00:37:15ma course en demi-finale
00:37:16vraiment à réussir
00:37:17à créer ma manche
00:37:18et à aller chercher
00:37:19plus un côté agressif
00:37:20que joueur
00:37:21et sur le bas de parcours
00:37:22où là pour le coup
00:37:23j'ai réussi à jouer
00:37:24et à retrouver un peu
00:37:25l'état de la demi-finale
00:37:26peut-être.
00:37:27D'accord,
00:37:28c'est intéressant,
00:37:29en fait c'est jouer au jeu
00:37:30c'est ce qui t'a permis
00:37:31de gagner,
00:37:32de prendre cette médaille d'or.
00:37:33Oui, carrément.
00:37:34Non mais c'est magnifique,
00:37:35on voit ces images
00:37:36en plein effort
00:37:37de Nicolas Gestin.
00:37:38Quand tu joues au jeu
00:37:39c'est ce qui t'a permis
00:37:40de gagner,
00:37:41de prendre cette médaille d'or.
00:37:42Oui, carrément.
00:37:43Non mais c'est magnifique,
00:37:46quand tu passes la ligne
00:37:47et que tu sais que
00:37:48c'est bon,
00:37:49tu vas l'avoir cette médaille d'or
00:37:50autour du cou,
00:37:51il se passe quoi ?
00:37:52Evidemment tu sais tout de suite
00:37:53que tu as gagné
00:37:54mais est-ce qu'il y a
00:37:55quand même un petit moment,
00:37:56quelques petites secondes
00:37:58où tu es un peu
00:37:59en état de choc ?
00:38:00Tout de suite c'est la joie
00:38:01qui se passe.
00:38:02Oui, ça a été particulier
00:38:03je pense que j'ai surtout
00:38:05ressenti le truc
00:38:06en passant la dernière porte
00:38:07en fait on voyait le chrono
00:38:08affiché devant nous
00:38:09et je savais qu'il me restait
00:38:103-4 secondes de sprint
00:38:11et je voyais mon temps
00:38:12qui était 10 secondes en dessous
00:38:13à ce moment-là
00:38:14je me disais bon là
00:38:15c'est coché.
00:38:16Tu as même le temps
00:38:17de profiter un peu.
00:38:18J'ai pu presque profiter un peu
00:38:19dans la ligne d'arrivée
00:38:20et je me rappelle
00:38:21de sourire un peu
00:38:22dans mon sprint
00:38:23et après c'est sûr que
00:38:25en fait ce qui a été dingue
00:38:27c'est l'ambiance
00:38:28parce que moi
00:38:29j'aime bien ça dans le fond
00:38:31les ambiances de stade de foot
00:38:32et tout
00:38:33et je pense que
00:38:34même dans mes rêves
00:38:35ce que j'imaginais les jeux
00:38:36à essayer de mentaliser
00:38:37à visualiser les jeux
00:38:38je ne pouvais pas imaginer
00:38:39une ambiance comme ça
00:38:40parce que le contexte
00:38:41a fait que
00:38:42tout le monde s'est pris au jeu
00:38:43même le lambda
00:38:44qui ne connaissait pas
00:38:45le canoë
00:38:46a été un peu transporté
00:38:48donc ça j'ai vraiment
00:38:50vraiment kiffé
00:38:51vraiment kiffé
00:38:52mais je ne saurais même pas dire
00:38:53si j'étais sous le choc
00:38:54ou pas sous le choc
00:38:55mais en tout cas
00:38:56vraiment heureux
00:38:57de voir qu'on met
00:38:58des sourires au bord
00:38:59et qu'on met des sourires
00:39:00à tout le monde
00:39:01et que je lançais un peu
00:39:02l'Olympiade
00:39:03que ce soit pour le staff
00:39:04les entraîneurs
00:39:05enfin vraiment
00:39:06quand je revois mon entraîneur
00:39:07tous les athlètes
00:39:08avec qui je me suis entraîné
00:39:09qui viennent me féliciter
00:39:10et même les étrangers
00:39:12qui sont contents
00:39:13de la perf
00:39:14qui est sortie
00:39:15tous mes proches au bord
00:39:16ben là
00:39:17c'est qu'on est très heureux
00:39:18et puis en fait
00:39:19moi je n'ai même pas eu le temps
00:39:20de lâcher une larme
00:39:21parce que j'étais encore
00:39:22dans le truc je pense
00:39:23très automatique
00:39:24dans ma perf
00:39:25un peu robotique et tout
00:39:26et quand je voyais
00:39:27tous mes proches de Quimperly
00:39:28qui étaient en pleurs
00:39:29qui eux
00:39:30ont chialé tout l'après
00:39:31je me disais
00:39:32mais ce n'est pas eux
00:39:33ce n'est pas possible
00:39:34ils ont été transportés
00:39:35tu as donné le sourire
00:39:36et puis tu as eu le sourire aussi
00:39:37on peut peut-être remettre
00:39:38les images du podium
00:39:39de Nicolas
00:39:40parce que c'est
00:39:41évidemment un moment
00:39:42aussi particulier
00:39:43la Marseillaise
00:39:44la médaille de retour du coup
00:39:45c'est quoi l'émotion
00:39:46dominante à ce moment-là
00:39:47c'est de la fierté
00:39:48du soulagement
00:39:49peut-être aussi
00:39:50de te dire
00:39:51ok
00:39:52je l'ai fait
00:39:53ça s'est coché
00:39:54c'est quelque chose
00:39:55que j'attendais depuis longtemps
00:39:56c'était presque un peu
00:39:57une mission
00:39:58c'est rempli
00:39:59ouais c'est sûr
00:40:00que c'est de la satisfaction
00:40:01de la fierté
00:40:02et à la fois
00:40:03une grosse envie
00:40:04de partager ça
00:40:05je pense
00:40:06de vraiment se dire
00:40:07c'est la médaille
00:40:08c'est ma médaille
00:40:09mais c'est la médaille
00:40:10d'un projet
00:40:11qui a été porté
00:40:12par plein plein de personnes
00:40:13donc vraiment
00:40:14moi l'envie
00:40:15de la partager
00:40:16et après
00:40:17je pense que
00:40:18ce qui est particulier
00:40:19c'est qu'on vit
00:40:20une sorte de décalage
00:40:21parce qu'on s'imagine
00:40:22tellement ce moment
00:40:23et que quand on se retrouve
00:40:24à devoir monter
00:40:25sur la boîte
00:40:26on se dit
00:40:27mais ça y est
00:40:28qu'est-ce que je fais
00:40:29c'est à moi de le faire
00:40:30et j'étais pas destiné
00:40:31à ça
00:40:32ou je sais même pas
00:40:33comment faire
00:40:34on m'a pas appris
00:40:35à monter sur un podium
00:40:36olympique
00:40:37et est-ce qu'on a reçu
00:40:38Maxime Potti
00:40:39tout à l'heure
00:40:40un screamer
00:40:41qui me disait
00:40:42qu'après les Jeux
00:40:43ça avait été un soulagement
00:40:44que ça soit terminé
00:40:45parce que c'est quand même
00:40:46beaucoup d'investissement
00:40:47c'est beaucoup de pression
00:40:48beaucoup d'attente
00:40:49le fait que
00:40:50la page Paris 2024
00:40:51se tourne
00:40:52ça libère d'un poids
00:40:54est-ce que toi
00:40:55tu l'as senti aussi Nicolas ?
00:40:56Je pense que
00:40:57c'est sûr que ça libère
00:40:58de quelque chose
00:40:59parce qu'il y avait
00:41:00beaucoup d'attente
00:41:01mais moi je me suis vraiment
00:41:02éclaté
00:41:03les deux trois années
00:41:04avant les Jeux
00:41:05à progresser
00:41:06à avoir un truc
00:41:07à dévorer devant moi
00:41:08à vouloir vivre ce moment
00:41:09donc
00:41:10ça n'a pas été du tout
00:41:11un soulagement
00:41:12c'est plutôt
00:41:13une paire d'objectifs
00:41:14quand même derrière
00:41:15que un soulagement
00:41:16par contre c'est vrai
00:41:17que je suis un peu libéré
00:41:18d'un poids
00:41:19où je me dis
00:41:20maintenant ça
00:41:21c'est dans la poche
00:41:22on me l'enlèvera jamais
00:41:24et puis dans une carrière
00:41:25j'ai eu la chance
00:41:26de vivre ça
00:41:27c'est trop cool
00:41:28et comme je te disais
00:41:29par exemple
00:41:30aller faire du surf
00:41:31ou aller faire du foot
00:41:32maintenant
00:41:33je me l'autorise
00:41:34chose que je ne me suis pas
00:41:35autorisé l'année passée
00:41:36donc ça peut me libérer
00:41:37et c'est comme ça
00:41:38où je me dis
00:41:39maintenant
00:41:40t'as d'autres choses
00:41:41à vivre aussi
00:41:42profites-en
00:41:43La réaction de tes proches
00:41:44tu te rappelles
00:41:45des premiers mots
00:41:46qu'ils t'ont dit
00:41:47après ce sacre ?
00:41:48Qui te les a dit ?
00:41:49Des premiers mots
00:41:50pas trop
00:41:51je me rappelle
00:41:52du Nakolal
00:41:53une embrassade
00:41:54avec mon entraîneur
00:41:55avec tous les athlètes
00:41:57de l'équipe de France
00:41:59avec
00:42:00j'ai pu voir mes parents
00:42:01assez tardivement
00:42:022-3 heures après seulement
00:42:04Ton frère était là aussi ?
00:42:06Mon frère était là
00:42:07pareil je l'ai vu après
00:42:08il était en pleurs lui aussi
00:42:09c'était assez fou quand même
00:42:12parce qu'on se dit
00:42:13qu'on a transporté un peu
00:42:14tout le monde
00:42:15et je me rappelle
00:42:16de mes proches
00:42:17de mes copains de Kimperley
00:42:18qui eux pour le coup
00:42:19étaient en mode festif
00:42:20et avec pour objectif
00:42:21de faire la soirée
00:42:22un peu de l'année
00:42:23parce qu'ils s'identifient
00:42:24à mon projet
00:42:25et qu'on a l'habitude
00:42:26d'aller faire la fête
00:42:27ensemble aussi
00:42:28et ce qui a été vraiment
00:42:29cool pour moi
00:42:30c'est de voir tous mes copains
00:42:31du kayak
00:42:32et tous mes copains d'enfance
00:42:33se mêler un peu
00:42:34et des gens
00:42:35qui ne se connaissaient pas
00:42:36et d'un coup
00:42:37être meilleurs copains du monde
00:42:38et faire la fête ensemble
00:42:39entre guillemets
00:42:40grâce à ma perf
00:42:41même si c'est pas moi
00:42:42qui organisais le truc
00:42:43et ça ça a été chouette
00:42:44parce que ça fait
00:42:45une belle communion
00:42:46et puis tout le monde
00:42:47en a profité à fond
00:42:48après des mots et tout
00:42:49franchement
00:42:50après
00:42:51c'est un peu un moment
00:42:52où je me rappelle
00:42:53même plus de quelque chose
00:42:54qui m'a vraiment marqué
00:42:55un mot
00:42:56tu sais je vais te dire
00:42:57en toute transparence
00:42:58ça c'est pas mal
00:42:59des mots
00:43:00des mots
00:43:01des mots
00:43:02des mots
00:43:03ça c'est pas mal
00:43:04des questions un peu
00:43:05de journaliste
00:43:06il faut demander
00:43:07des mots
00:43:08qu'est-ce que t'as ressenti
00:43:09mais en fait
00:43:10je pense que t'es tellement
00:43:11dans un moment
00:43:12suspendu
00:43:13c'est même presque impossible
00:43:14de te rappeler précisément
00:43:15ou de décrire l'émotion
00:43:16que t'as ressenti
00:43:17t'y vois
00:43:18oui c'est sûr
00:43:19c'est sûr que c'est vraiment
00:43:20pas facile
00:43:21et puis
00:43:22comme je disais
00:43:23il y a un décalage
00:43:24ou d'un coup
00:43:25on devient le symbole
00:43:26d'un pays
00:43:27ça va être notre quart d'heure
00:43:28avec des JT de vingt heures
00:43:29et tout
00:43:30alors que
00:43:31la veille
00:43:32Donc c'est quand même marrant, ouais.
00:43:35Mais ça, tu t'y étais pas préparé ?
00:43:36Parce que tu me parlais tout à l'heure des séances de prépa mental que t'as pu faire.
00:43:40T'avais anticipé le fait que si ça se passait mal, t'avais aussi des cartes pour te rétablir.
00:43:45Mais t'avais sûrement aussi anticipé le fait que si tu devenais champion olympique,
00:43:49pendant un moment en tout cas, ta vie allait changer.
00:43:51Ouais, ouais, c'est sûr.
00:43:52C'est sûr, j'avais quand même anticipé, sans savoir ce qui nous tombe dessus en fait.
00:43:56Et puis je pense qu'il y avait un truc où, quand même, le fait que ça soit en France,
00:44:01ça t'a amené une part d'inconnu pour même des sportifs qui avaient déjà vécu un titre olympique,
00:44:05je pense, à Rio ou à Sydney, à Athènes.
00:44:08Alors je suppose que c'est aussi un déferlement assez dingue,
00:44:12mais je pense que c'est quand même différent parce qu'il y a le truc en France,
00:44:19et puis tout le public, toute l'effervescence.
00:44:21C'est suivi partout, tu vois, il n'y a pas de décalage horaire.
00:44:23Tout le monde suit la compétition en fait.
00:44:25Et puis on se prépare peu à gagner quand même.
00:44:28Enfin, on se prépare pour gagner, mais pas forcément à ce qui se passe derrière.
00:44:32Parce que même nous, quand on devient champion du monde de canoë,
00:44:35certes, il y a des médias, il y a des fêtes, il y a des machins, des festivités,
00:44:39mais ce n'est pas comme au jeu.
00:44:41Et donc, en fait, on a peu d'éléments pour se préparer.
00:44:45On ne sait pas trop comment se préparer à gagner, je crois.
00:44:48Et tu as un souvenir d'un privilège, entre guillemets, de champion olympique
00:44:52que tu as pu avoir, un truc où tu t'es retrouvé dans un endroit
00:44:54ou avec certaines personnes, tu t'es dit, mais pourquoi je suis ici, moi ?
00:44:57Tu vois, je ne sais pas, avec des attêtes que tu n'aurais jamais pu imaginer,
00:45:00te retrouver avec eux, ou un endroit.
00:45:02Déjà, le huitième de finale du PSG contre PSG Liverpool,
00:45:09je pense que ça, j'aurais forcément accédé.
00:45:11Donc, c'est sûr que c'est des trucs, quand même des chances de fous
00:45:16que je ne peux pas mesurer.
00:45:17Et pour quelqu'un qui aime le foot, c'est quand même vraiment, vraiment cool.
00:45:21Et qui n'aime pas le PSG.
00:45:22Qui n'aime pas le PSG ?
00:45:23Si.
00:45:24Ah, moi, ça va.
00:45:25Moi, je suis pour les clubs français.
00:45:27Je suis pour les clubs français.
00:45:28D'accord.
00:45:29Parce qu'on en a deux en régie, gros fans du PSG.
00:45:31Donc, je vais les charrier un peu, mais bon, c'est dommage.
00:45:33Si, si, si, si.
00:45:34Et d'autant plus cette année avec ce qui monte sur le terrain.
00:45:37Oui.
00:45:38Mais non, c'est sûr, et même pendant les Jeux,
00:45:40j'ai pu accéder à pas mal d'épreuves.
00:45:42J'ai pu aller voir une finale du 100 m à l'atelier,
00:45:44aller voir le demi-fond aussi, que j'aimais bien suivre en atelier,
00:45:47aller voir la demi-finale du basket France-Allemagne.
00:45:50Donc, plein de trucs comme ça.
00:45:52Vraiment, vraiment cool.
00:45:53Oui, t'as pu bien kiffer.
00:45:54Tu me parlais tout à l'heure des larmes de ton frère aussi, Paul Gestin.
00:45:58Lui, quand vous étiez plus jeune, c'était aussi un projet, peut-être,
00:46:01de faire les Jeux aussi ?
00:46:02C'était quelque chose qu'il ambitionnait ?
00:46:04Comme moi, je pense, en fait, il a mis les pieds au club.
00:46:07Et puis, je pense, il est un peu moins compétiteur, peut-être, que moi.
00:46:12Et plus pédagogue.
00:46:14Par contre, plus dans le plaisir d'être sur l'eau
00:46:17que trop la quête de la perf aussi.
00:46:19Mais il a eu ce truc, quand même, compétiteur,
00:46:21où il a franchi les championnats du Finistère, les championnats de Bretagne,
00:46:25les championnats de France.
00:46:26Il était en national 1 en canoë.
00:46:28Donc, il avait un très bon niveau aussi sur l'eau, mais différemment.
00:46:33Et puis, lui, maintenant, il est prof de PS.
00:46:36Donc, je pense que ça montre aussi son côté plus pédagogue.
00:46:39Lui, quand il retourne au club, c'est peut-être plus la star que moi,
00:46:42parce que tous les jeunes adorent faire des séances avec lui.
00:46:45Et puis, il passe plus de temps à encadrer.
00:46:47Et il est meilleur là-dedans.
00:46:49Donc, oui, c'est cool.
00:46:51Mais je ne sais pas.
00:46:52En fait, quand on est arrivé au club, nous, on ne s'est pas dit,
00:46:54je vais devenir champion olympique.
00:46:55On est arrivé dans un petit club de kayak à Quimperlé.
00:46:57Il y avait deux, trois athlètes qui avaient fait de l'équipe de France.
00:47:01Un qui n'avait pas fait d'équipe de France,
00:47:02mais qui était un peu pas loin de passer et qui nous faisait rêver,
00:47:05parce que sur l'eau, il nous impressionnait.
00:47:07Donc, c'est plus comme ça.
00:47:08Moi, je me suis dit, je vais faire comme Guirègue,
00:47:10qui est la légende du club et qui a le lycra qu'il fume à la fin de la séance
00:47:14parce qu'il fait trop froid.
00:47:16Et lui, il a transpiré toute la séance.
00:47:19Donc, je me disais, je vais essayer de naviguer comme lui.
00:47:21Et puis, on verra ce que ça donne.
00:47:22En tout cas, je peux te confirmer une chose.
00:47:24Ton frère, Paul Gestin, est très, très fier de toi.
00:47:27Il a tenu à laisser un petit message.
00:47:28On l'écoute.
00:47:30Salut, Nico.
00:47:31J'espère que ça va.
00:47:32On parle souvent de ton titre de champion olympique,
00:47:35mais on parle moins souvent de ton titre de champion de France par équipe en C2.
00:47:39Et je voulais savoir, en fait, qui tu mettais dans ton top 6 all-time de Quimperlé
00:47:44pour gagner une nouvelle fois ce titre.
00:47:47Et si jamais tu peux leur parler aussi de ça, s'ils connaissent.
00:47:50Allez, ciao.
00:47:52Alors, les réponses aux questions, Nicolas.
00:47:55Le top 6 all-time de Quimperlé, c'est technique.
00:47:58Je vais faire des déçus si je fais ça.
00:48:01Moi, je dis quand même Fanché d'Ars.
00:48:04C'est les vieux de la vieille.
00:48:06Non, je suis méchant.
00:48:08C'est pas les vieux de la vieille.
00:48:09C'est les expérimentés en canoë bi-place de notre club.
00:48:14Guy Regamogno, pareil, celui qui m'a appris un peu le canoë.
00:48:17Paul Gestin, il a bien donné.
00:48:19Et Eva Marchand, franchement, elle a quand même bien donné,
00:48:22parce qu'elle s'est investie pour nous.
00:48:25Et Pascal Marek, le BO du club.
00:48:27Alors ça, c'est mon équipier de luxe en C2.
00:48:31Moi, j'ai le droit à Pascal dans le bateau.
00:48:33Et la médaille, alors ?
00:48:35La médaille, c'était la médaille du championnat du Finistère de cette année.
00:48:38D'accord.
00:48:39Donc il y a un petit jeu où ils ont essayé de faire une médaille en bois,
00:48:42mais qui ressemble à la médaille olympique pour cette année.
00:48:44Et moi, j'avais promis que je retournais au championnat du Finistère
00:48:47cette année à Landerneau.
00:48:48Donc c'est là, c'était un peu les compètes qui me faisaient rêver
00:48:50quand j'étais gamin.
00:48:51Donc en janvier, vers le 10 janvier,
00:48:53j'étais au championnat du Finistère au départ,
00:48:55avec Yves Bourrice aussi,
00:48:57qui courait pour le Sénégal aux Olympiques,
00:48:59qui est franco-sénégalais.
00:49:00Donc il y avait gros niveau au championnat du Finistère.
00:49:02Et c'était l'occasion de passer du temps sur l'eau
00:49:05avec les plus jeunes.
00:49:06Et puis aussi, tous les Landernéens et les Quimperlois
00:49:08qui se sont déplacés pour venir m'encourager au jeu.
00:49:10Donc c'était vraiment cool.
00:49:11T'as gagné cette compète ?
00:49:12J'ai gagné, avec moins d'avance qu'aux Jeux Olympiques,
00:49:14avec trois secondes sur l'île.
00:49:16Mais t'es encore très, très attaché à ta région.
00:49:18T'es très attaché à la Bretagne, toi.
00:49:19Ouais, ouais, carrément.
00:49:20Moi, j'aime bien juste y passer du temps.
00:49:21En fait, j'ai beaucoup de proches qui sont encore là-bas,
00:49:23plein de copains d'enfance.
00:49:24Comme je te disais, c'est aussi un terrain de jeu,
00:49:27avec la mer, une rivière naturelle,
00:49:30où moi, j'ai appris à donner mes premiers coups de pagaie
00:49:32à les Roches du Diable.
00:49:33Donc c'est un truc auquel je suis sensible
00:49:35et où j'aime foncièrement passer du temps.
00:49:38Tu parlais des choses auxquelles on ne se prépare pas.
00:49:40Il y a beaucoup d'athlètes qui ne sont pas forcément préparés
00:49:42à la célébration au Club France.
00:49:43C'est ça, quand t'es sur scène avec tout le monde.
00:49:45Toi, t'avais prévu un petit truc ?
00:49:46T'avais prévu une petite célébration, un truc ?
00:49:48Ou c'était l'inconnu aussi ?
00:49:50Moi, j'ai le droit d'y passer deux fois, en plus,
00:49:52parce qu'on m'a fait sauter d'un plateau TV
00:49:54pour aller une première fois sur le truc.
00:49:57C'était pas prévu.
00:49:58Je me suis un peu remonté les bretelles.
00:50:00Et après, je ne savais même pas qu'il y avait ça.
00:50:03J'avais découvert, avec le rugby A7,
00:50:06la veille de ma course.
00:50:08Je me suis dit que c'était un truc cool.
00:50:09Ça va être vraiment sympa.
00:50:11Je n'ai jamais vu ça.
00:50:13Elles sont belles.
00:50:15Ça doit être vraiment kiffant.
00:50:16Tu dois vraiment te sentir comme une rockstar.
00:50:18T'as un public acquis à ta cause,
00:50:19qui est là pour te célébrer.
00:50:21Et tu kiffes ton moment.
00:50:22Oui, c'était carrément marrant.
00:50:23Ce qui me faisait bien marrer,
00:50:24c'était de reconnaître toutes les têtes
00:50:25que je voyais à côté,
00:50:26où il y avait tous mes copains d'enfance
00:50:28qui étaient un peu déchaînés
00:50:30et qui, eux, avaient de l'énergie à revendre.
00:50:31C'était un peu leur quart d'heure à eux.
00:50:32C'était leurs Jeux Olympiques.
00:50:34Donc, vraiment, trop du kiff
00:50:37de revoir tous les sourires.
00:50:38Je pense que c'était vraiment une belle initiative
00:50:40d'avoir ça, parce que je ne connaissais pas.
00:50:42Mais c'est sûr que ça nous fait ressentir
00:50:45l'effervescence autour de notre médaille.
00:50:47La vraie, quoi.
00:50:48Parce que, finalement,
00:50:49même s'il y a une effervescence derrière la télé,
00:50:51ce n'est pas pareil pour moi
00:50:52que les supporters au bord de l'eau
00:50:54et les supporters qui viennent fêter une médaille
00:50:56au Club France.
00:50:57Donc, ça, c'était vraiment cool.
00:50:58En tout cas, le Club France, tu l'as découvert.
00:51:00Puis après, c'est devenu ton QG.
00:51:02Vraiment, on te voyait très, très souvent, Nico,
00:51:04au Club France.
00:51:05Tu as bien fêté ton titre olympique.
00:51:07Il n'y a pas que moi qui le dis.
00:51:08Il y a aussi un certain Titouan Castric.
00:51:11Écoutez ça.
00:51:13Salut, Nico.
00:51:14On m'a demandé de raconter une petite anecdote.
00:51:15Donc, je me suis dit, allez,
00:51:17je vais te rappeler ton lendemain de soirée,
00:51:22après ta médaille, je pense.
00:51:24Moi, c'était le jour de mes califs.
00:51:26Donc, je rentre dans la compétition.
00:51:28Je me lève.
00:51:29Je vais prendre mon petit-déjeuner.
00:51:30Et là, je vois jouer une épave,
00:51:32une sorte de SDF sur notre canapé,
00:51:34dans notre maison.
00:51:36En fait, c'était Nico qui revenait de la soirée.
00:51:38Donc, il n'avait pas la grande forme,
00:51:40mais il y avait sa médaille au pied du canapé.
00:51:43Il y avait surtout une petite flaque de bave,
00:51:45il me semble.
00:51:46Donc, moi, j'ai bien pris le temps
00:51:48de regarder sa médaille
00:51:49pendant qu'il dormait,
00:51:50pendant qu'il essayait de récupérer.
00:51:52Mais oui, c'était un bon petit moment
00:51:54de voir le champion un peu déchu,
00:51:57après une soirée un peu trop enterrosée.
00:51:59Donc, voilà, j'espère que tu vas passer
00:52:01une bonne émission.
00:52:02Et salut !
00:52:03Je savais qu'en demandant un message à Titouan,
00:52:05j'allais avoir une superbe anecdote.
00:52:07C'est le cas.
00:52:08Oui, c'est clair.
00:52:09Non, non, j'ai fait bien la teuf.
00:52:11Alors, la flaque de bave,
00:52:12je valide pas du tout.
00:52:13Je sais ce que c'est,
00:52:14mais c'était un verre d'eau
00:52:16que j'ai renversé, justement.
00:52:17Ah, d'accord.
00:52:18Bonne défense.
00:52:19Oui.
00:52:20Non, non, on a bien fait la teuf,
00:52:22après, tout simplement.
00:52:23Je me rappelle du moment où,
00:52:25à 1h du matin,
00:52:26il y a l'attaché de presse
00:52:28et le DTN qui me disent,
00:52:29bon, demain matin,
00:52:30il faut que tu sois dispo.
00:52:31Je sais plus à quelle heure
00:52:32il fallait partir, à 7h,
00:52:33un truc comme ça.
00:52:34Ils me disent,
00:52:35bon, ben, nous, on va rentrer,
00:52:36tu rentres avec nous.
00:52:37Et j'avais tous mes copains
00:52:38qui me disaient,
00:52:39ah non, non, non, mais Nico,
00:52:40il n'y a aucun monde
00:52:41où tu rentres chez toi, là.
00:52:42Là, ils partaient tous
00:52:43le lendemain en train.
00:52:44Ils me disent, mais mec,
00:52:45toi, tu viens faire la teuf avec nous
00:52:46jusqu'à pas d'heure.
00:52:47C'est trop bien.
00:52:48Et donc, on était sortis
00:52:49jusqu'à 5h du mat',
00:52:50et puis, après,
00:52:51j'avais pris un retour
00:52:52pour aller là-bas retraverser
00:52:53à l'est de Paris.
00:52:54J'aurais totalement dû
00:52:55dormir sur Paris,
00:52:56mais je fais,
00:52:57voilà, un retour.
00:52:58Petite sieste sur le canapé
00:52:59parce que, justement,
00:53:00je ne voulais pas réveiller Titouan,
00:53:01on était en chambre ensemble.
00:53:02Et lui courait le lendemain,
00:53:03donc je me suis dit,
00:53:04bon, je vais essayer
00:53:05de rentrer discrètement
00:53:06dans la maison,
00:53:07dormir sur le canapé,
00:53:08repartir le lendemain matin.
00:53:09Mais forcément,
00:53:10il s'était levé le lendemain matin,
00:53:12me réveiller un peu
00:53:13dans les ronces, quoi.
00:53:14S'il y a bien un moment
00:53:15où tu peux te réveiller
00:53:16un peu la tête à l'envers,
00:53:17c'est bien après une médaille d'or
00:53:18aux Jeux olympiques, quand même.
00:53:19Tu l'as fêtée à Paris,
00:53:20tu l'as fêtée en Bretagne aussi,
00:53:21au wagon-lit ?
00:53:22Oui, c'est ça.
00:53:23Marco-Titouan-Castrick,
00:53:24encore une fois,
00:53:25merci, Titouan.
00:53:26Oui, c'est un peu notre QG.
00:53:27Justement, c'était
00:53:28un bar-resto un peu
00:53:29qui a fait du mécénat
00:53:30avec moi,
00:53:31avec le club,
00:53:32qui est un fidèle.
00:53:33En fait, son frère
00:53:34est un kayakiste
00:53:36qui s'est beaucoup
00:53:37investi au club
00:53:38et donc, il est très copain
00:53:39avec tous les kayakistes
00:53:40de Quimperlais.
00:53:41Donc, on a vite fait
00:53:42d'aller boire un coup
00:53:43chez lui après une séance
00:53:44ou aller passer du temps là-bas.
00:53:45Donc, on m'a organisé
00:53:46un retour XXL à Quimperlais
00:53:47et c'était vraiment,
00:53:48vraiment énorme
00:53:49et c'était cool
00:53:50parce que je pense
00:53:51que tous les Quimperlois
00:53:52n'avaient pas eu l'occasion
00:53:53de se déplacer
00:53:54pour venir voir
00:53:55les Jeux à Paris,
00:53:56même s'il y en a
00:53:57beaucoup qui se sont déplacés.
00:53:58Donc, on s'est dit
00:53:59qu'il faut à tout prix
00:54:00faire un retour.
00:54:01Il y avait quand même déjà
00:54:02une effervescence
00:54:03avant les Jeux
00:54:04où tous les Quimperlois
00:54:05s'identifiaient à mon projet
00:54:06et puis me soutenaient,
00:54:07m'encourageaient.
00:54:08Dès qu'ils me voyaient
00:54:09sur l'eau
00:54:10à la base de canoë,
00:54:11j'avais le droit
00:54:12des petits encouragements.
00:54:13Donc, c'était vraiment cool
00:54:14et là, il y a eu
00:54:153 000 personnes
00:54:16qui sont venues
00:54:17donc, forcément,
00:54:18il y a eu
00:54:19une effervescence énorme
00:54:20autour du canoë,
00:54:21autour des Jeux
00:54:22et pour moi,
00:54:23ça, ça dit beaucoup
00:54:24parce que
00:54:25c'est vraiment
00:54:26là d'où je viens
00:54:27et où j'ai eu
00:54:28beaucoup de supporters
00:54:30mais dans le sens aussi
00:54:31même de partenaires,
00:54:32de...
00:54:33Mon club,
00:54:34ils sont...
00:54:35Il y a 4 ans,
00:54:36il fallait que je devienne
00:54:37un sportif professionnel.
00:54:38Ils m'ont dit
00:54:39« Allez, Nico, on fonce.
00:54:40On tente d'ouvrir
00:54:41un poste de sportif professionnel
00:54:42avec l'argent
00:54:43de l'Agence nationale du sport
00:54:44mais pas que. »
00:54:45Ils ont pris des risques
00:54:46pour moi.
00:54:47Tout le monde s'est mis
00:54:48dans un investissement total
00:54:49autour de moi
00:54:50que ça soit, bah...
00:54:51Ouais, mon club,
00:54:52les athlètes du club
00:54:53et toujours avec
00:54:54de l'encouragement,
00:54:55de la sympathie.
00:54:56Et donc ça, forcément,
00:54:57moi, ça a été
00:54:58un des gros motifs
00:54:59de ma préparation.
00:55:00Et quand on voit,
00:55:01même là,
00:55:02on a organisé
00:55:03une petite course
00:55:04en Basse-Ville
00:55:05en même temps que
00:55:06la régionale
00:55:07des Roches-du-Diable.
00:55:08Donc en centre-ville,
00:55:09une course en soirée
00:55:10et ça a amené
00:55:11500, 800 personnes.
00:55:12Donc il y a encore
00:55:13une ferveur
00:55:14et qu'on arrive en plus
00:55:15à construire là-dessus.
00:55:16Donc les gens
00:55:17commencent à aimer
00:55:18le canoë,
00:55:19enfin, ils aiment
00:55:20le canoë
00:55:21mais à redécouvrir
00:55:22le canoë,
00:55:23le canoë slalom
00:55:24en particulier.
00:55:25Et l'événement
00:55:26qu'on a fait en Basse-Ville
00:55:27à Quimperlé,
00:55:28il était ultra festif
00:55:29et où les gens disaient
00:55:30putain, mais j'ai vu
00:55:31des copines, copains
00:55:32qui disaient
00:55:33mais moi, j'ai jamais aimé
00:55:34une course de kayak
00:55:35mais là, c'était trop bien.
00:55:36C'était énorme l'ambiance
00:55:37et tout,
00:55:38on a changé un peu le format
00:55:39et c'est cool
00:55:40de pouvoir voir ça.
00:55:41Et quand tu pratiques
00:55:42des disciplines
00:55:43un peu comme la tienne
00:55:44qui, on l'a dit,
00:55:45qui sont souvent
00:55:46dans l'ombre
00:55:47à part pour des jeux,
00:55:48tu te sens un peu
00:55:49investi d'une mission aussi
00:55:50parce qu'on pense à soi
00:55:51quand on a la tête,
00:55:52on pense à sa performance,
00:55:53à la médaille
00:55:54qu'on va décrocher
00:55:55mais à ce que aussi
00:55:57de démocratiser un peu plus
00:55:58ta discipline,
00:55:59qu'elle soit reconnue
00:56:00par un peu plus de monde,
00:56:01un peu plus suivie,
00:56:02un peu plus médiatisée ?
00:56:03Ça, je ne sais pas trop.
00:56:04Plus médiatisé,
00:56:05plus suivi et tout,
00:56:06je ne sais pas si
00:56:07c'est un objectif personnel
00:56:08mais c'est sûr qu'en tout cas,
00:56:09c'est important,
00:56:10je pense,
00:56:11pour notre sport
00:56:12parce qu'on a
00:56:13tous besoin de ça
00:56:14et puis,
00:56:15en plus de ça,
00:56:16on voit,
00:56:17avec Angèle,
00:56:18Titouan
00:56:19et tout l'équipe olympique,
00:56:20il y a plein d'athlètes
00:56:21qui ont des qualités
00:56:22à revendre
00:56:23et je pense qu'on a
00:56:24une belle génération
00:56:25à suivre sportivement
00:56:26où c'est vraiment chouette
00:56:27mais moi,
00:56:28là où c'est particulier,
00:56:29c'est que je me sens
00:56:30investi d'une mission
00:56:31aussi de,
00:56:32plutôt que de chercher
00:56:33à trop surdévelopper
00:56:34notre sport,
00:56:35entre guillemets,
00:56:36à que ça devienne
00:56:37un sport ultra-médiatisé,
00:56:38plutôt que ça devienne
00:56:39un sport le plus sain possible
00:56:40et peut-être
00:56:41un retour en rivière naturelle,
00:56:42à des engagements
00:56:43un peu différents,
00:56:44à oui,
00:56:45à faire en sorte
00:56:46qu'on arrive
00:56:47à créer des événements
00:56:48plus festifs aussi
00:56:49parce que j'ai l'impression
00:56:50que j'arrive
00:56:51à créer des événements
00:56:52plus festifs
00:56:53parce que j'ai l'impression
00:56:54que j'apporte
00:56:55de l'importance
00:56:56plus aux moments présents
00:56:59que vraiment
00:57:00à tout ce qui entoure
00:57:01un événement,
00:57:02c'est-à-dire que
00:57:03même s'il y a
00:57:04des millions de téléspectateurs
00:57:05derrière,
00:57:06s'il y a 5 000 personnes
00:57:07au bord,
00:57:08c'est presque dommage
00:57:09entre guillemets.
00:57:10Je préfère
00:57:11qu'il y ait
00:57:12un gros engouement,
00:57:13une grosse ferveur
00:57:14sur le moment,
00:57:15chose qu'on a réussi
00:57:16à faire sur la petite course
00:57:17à Quimperlé
00:57:18où bon,
00:57:19c'est 500, 800 personnes,
00:57:20c'est pas énorme
00:57:21mais quand c'est rassemblé
00:57:22sur un tout petit lieu,
00:57:23c'est-à-dire que
00:57:24quand c'est 500, 800 personnes
00:57:25derrière un live,
00:57:26on le vit un peu moins,
00:57:27je trouve.
00:57:28J'ai été un peu déçu
00:57:29tout à l'heure
00:57:30parce que quand je t'ai demandé
00:57:31les petits privilèges
00:57:32de champion olympique,
00:57:33tu m'as dit
00:57:34le moment où tu as été voir
00:57:35le PSG contre Liverpool,
00:57:36je pensais que tu allais me parler
00:57:37du moment où tu as été voir
00:57:38Lorient quand même.
00:57:39Lorient,
00:57:40tu allais peut-être
00:57:41les voir avant aussi.
00:57:42La grande chance que j'ai eue,
00:57:43c'est qu'ils m'ont invité
00:57:44pas mal avant aussi
00:57:45et je suis pas mal
00:57:46et j'ai donné le coup d'envoi
00:57:47du premier match
00:57:48de la saison cette année
00:57:49et ça, c'était vraiment cool
00:57:50et forcément,
00:57:51je les remercie.
00:57:52En plus de ça,
00:57:53ils sont quand même vraiment
00:57:54cools avec moi,
00:57:55de bons conseils.
00:57:56J'ai pu avoir un peu
00:57:57même le directeur général
00:57:58qui me donnait son avis
00:57:59sur deux, trois trucs.
00:58:00J'ai pu l'avoir au téléphone
00:58:01une heure à un moment
00:58:02sur comment je professionnalise
00:58:03mon sport.
00:58:04Donc lui,
00:58:05il connaît bien
00:58:06le milieu du foot
00:58:07mais aussi du sport
00:58:08un peu breton.
00:58:09Donc vraiment
00:58:10plein de bons conseils.
00:58:11J'ai un copain
00:58:12qui bosse à la com là-bas
00:58:13qui m'a aidé pendant les Jeux
00:58:14là-dessus à tenir
00:58:15mes réseaux sociaux.
00:58:16Donc,
00:58:17non franchement,
00:58:18cœur sur le FC Lorient
00:58:19qui m'a bien aidé
00:58:20et qui a vraiment été
00:58:21cool en plus
00:58:22parce qu'il me donne
00:58:23accès à aller voir
00:58:24des matchs.
00:58:25Donc,
00:58:26c'est vraiment chouette
00:58:27et puis ils font
00:58:28une belle saison cette année.
00:58:29Pourquoi pas
00:58:30le retour en Ligue 1 là ?
00:58:31Carrément,
00:58:32j'espère.
00:58:33Je croise les doigts,
00:58:34je touche du bois.
00:58:35Donc gros fan,
00:58:36tu suis vraiment
00:58:37les matchs souvent
00:58:38et tout ?
00:58:39Tu essayes de suivre au max ?
00:58:40Je suis la saison
00:58:41de Ligue 2
00:58:42cette année à Lorient
00:58:43forcément
00:58:44et puis je pense
00:58:45que je me suis vraiment
00:58:46mis à suivre aussi fort
00:58:47depuis 3-4 ans.
00:58:48Donc mon pote
00:58:49a été embauché
00:58:50depuis peu là-bas
00:58:51et ça m'a donné
00:58:52envie de suivre
00:58:53et puis ils ont fait
00:58:54une sacrée épopée.
00:58:55Ils ont fait une mi-saison
00:58:56à un moment où ils étaient
00:58:57dans le top 3,
00:58:58top 4, top 5
00:58:59de Ligue 1 là
00:59:00et c'était vraiment
00:59:01chouette à suivre
00:59:02il y a 2-3 ans.
00:59:03Et là,
00:59:04du coup,
00:59:05qu'il remonte en Ligue 1
00:59:06et qu'il remonte
00:59:07à un projet solide
00:59:08et puis il y a
00:59:09une proximité quand même
00:59:10aussi qui est cool
00:59:11avec ce club
00:59:12où même moi
00:59:13quand je suis venu
00:59:14avec la médaille,
00:59:15pendant une séance kiné
00:59:16je crois.
00:59:17Donc c'est cool,
00:59:18c'est cool
00:59:19parce que je trouve
00:59:20que c'est un club
00:59:21entre guillemets
00:59:22qui me ressemble un peu
00:59:23alors ça reste le foot
00:59:24et c'est une autre envergure
00:59:25que du canoë
00:59:26mais où il y a
00:59:27un côté très accessible
00:59:28et familial
00:59:29je pense.
00:59:30Donc c'est cool.
00:59:31Oui, oui, c'est clair.
00:59:32Tu les as fait vibrer
00:59:33j'en suis sûr
00:59:34et d'ailleurs
00:59:35Elie Junior Croupy
00:59:36que tu connais,
00:59:37qu'on connaît bien
00:59:38cette saison
00:59:39meilleur buteur de Ligue 2
00:59:40tenez à te féliciter.
00:59:41Salut Nicolas,
00:59:42c'est Junior du FC Lorient.
00:59:43Félicitations
00:59:44pour ta médaille d'or
00:59:45aux Jeux Olympiques de Paris.
00:59:46Tous les maires
00:59:47lui sont fiers de toi
00:59:48et on se voit très vite
00:59:49au stade.
00:59:50A bientôt.
00:59:51Ah énorme,
00:59:52énorme,
00:59:53trop bien.
00:59:54Elie Junior Croupy
00:59:55meilleur buteur de Ligue 2
00:59:56avec l'équipe de France
00:59:57jeune évidemment.
00:59:58T'es fan de Lorient
00:59:59du coup tu m'as dit
01:00:00depuis 3-4 ans,
01:00:01c'est ça ?
01:00:02Enfin vraiment
01:00:03que tu suis à fond.
01:00:04Avant je suis plus
01:00:05depuis 3-4 ans
01:00:06mais justement
01:00:07j'avais un copain
01:00:08qui m'emmenait au stade
01:00:09quand il avait une place
01:00:10ils avaient un amendement
01:00:11donc depuis tout petit
01:00:12depuis que j'ai 10-15 ans
01:00:13de temps en temps
01:00:14et là je pense que
01:00:15j'ai eu l'opportunité
01:00:16quand je rentre
01:00:17d'aller un peu plus
01:00:18les voir.
01:00:19J'étais allé dans le parkage
01:00:20aller voir PSG Lorient
01:00:21même quand ils étaient venus
01:00:22ils avaient fait
01:00:23le match à l'année
01:00:24le premier match de la saison
01:00:25pas cette année
01:00:26mais l'an dernier du coup
01:00:27et donc ouais
01:00:28c'est cool,
01:00:29j'aime bien.
01:00:30Trop bien.
01:00:31Dernière petite question
01:00:32et puis après
01:00:33on te laissera évidemment
01:00:34aller te reposer Nicolas
01:00:35après cette belle interview.
01:00:36Le planning d'avenir
01:00:37pour toi ?
01:00:38Moi la Suède là
01:00:39c'est la grosse compète
01:00:40qui arrive
01:00:41c'est les Championnats d'Europe
01:00:42après j'ai tout un circuit
01:00:43de Coupe du Monde
01:00:44sur le mois de juin
01:00:45et de août et septembre
01:00:47et ensuite
01:00:48le Championnat du Monde
01:00:49en Australie
01:00:50début octobre.
01:00:51D'accord
01:00:52donc beaucoup de compétitions
01:00:53le Championnat d'Europe
01:00:54avance sur Marne
01:00:55du 14 au 18 mai
01:00:56probablement diffusé
01:00:57sur Sport en France.
01:00:58Voilà,
01:00:59on espère en tout cas
01:01:00pouvoir te suivre
01:01:01sur notre antenne Nicolas.
01:01:02Ça marche.
01:01:03Merci à toi
01:01:04c'était vraiment très très agréable
01:01:05de faire cette petite interview
01:01:06avec toi
01:01:07de pouvoir discuter
01:01:08de plein de choses
01:01:09pas que de canoë
01:01:10il y a vraiment eu plein de choses
01:01:11de petites infos sur toi
01:01:12des petits dossiers également
01:01:13et puis je te souhaite
01:01:14de devenir Champion d'Europe
01:01:16de remporter
01:01:17toutes les étapes
01:01:18de Coupe du Monde possibles
01:01:19et puis d'être toujours
01:01:20avec ce sourire.
01:01:21Ça marche,
01:01:22merci bien.
01:01:23Salut,
01:01:24bah tu vois Titouan
01:01:25voilà,
01:01:26Titouan Castric
01:01:27qui est passé là
01:01:28maintenant je vais les confondre
01:01:29ils sont potes
01:01:30mais ça reste Nicolas Gestin
01:01:31merci Nico
01:01:32et puis merci à toutes et à tous
01:01:33on remercie l'équipe en régie
01:01:34Nicolas Bayet à la réalisation
01:01:35Julien Perronnet à l'édition
01:01:36et à Le Bandeberg au son
01:01:37merci à toutes et à tous
01:01:38et puis on se retrouve très bientôt
01:01:39pour un nouvel épisode
01:01:40d'Extrême.