Ce mois-ci, Patrick Chêne et ses invités nous parlent de l'innovation dans le sport, quelles sont les nouvelles tendances, les nouvelles pratiques, comment le sport se transforme. En plateau, Jean-Marc Gillet entrepreneur, Nicolas Adon responsable régional à l'ASPTT, Denis Lafoux, directeur de la FFCO, Sébastien Nolesini, directeur général de la FF Judo, Tony Guilhem, créateur du logiciel "Bille en tête" et Stéphane Lelong, directeur du développement à la FF Tennis de table.
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00:00Bonjour à tous, soyez les bienvenus, vous avez raison d'être fidèles à Sport en France,
00:23les grandes questions du sport.
00:24Aujourd'hui, on va parler un peu prospective, on va regarder l'avenir et puis même le présent,
00:29cette nouvelle manière qu'on a parfois d'aborder le sport avec des nouvelles disciplines.
00:32Alors, est-ce que c'est anecdotique ? Est-ce que ces changements peuvent vous effrayer, vous inquiéter ?
00:37Vous allez dire, tiens, nos sports traditionnels, notre basket, notre foot, notre rugby, notre tennis,
00:42sont peut-être en train de laisser la place à d'autres disciplines moins évidentes.
00:48Est-ce qu'on ira jusque-là ? On répondra ensemble.
00:50Est-ce anecdotique ? Est-ce un vrai changement d'habitude des amateurs de sport en France et dans le monde ?
00:58On va tenter d'y répondre avec nos invités.
00:59Je vous présente déjà les trois premiers invités de cette émission.
01:02Il y en aura trois autres dans la deuxième partie, un casting très riche.
01:06On commence avec Denis Lafoue.
01:07Denis, bonjour, vous êtes directeur de la Fédération française des clubs Omnisport,
01:12donc une vision assez large de l'actualité et de ce qui se passe dans le sport.
01:16Jean-Marc Gillet, chargé du développement du New Biz, du nouveau business,
01:20et des clients existants de l'agence ID Active, un regard global sur le sport, sur les médias,
01:26sur toute cette vie autour de la pratique sportive.
01:31On essaiera de prendre un peu de recul avec vous.
01:32Et puis Nicolas Hadon de l'ASPTT, responsable régional Centre Val-de-Loire et Pays de la Loire.
01:38L'ASPTT qui est un grand club Omnisport aussi et qui réunit de nombreuses disciplines,
01:43dont certaines peuvent peut-être vous surprendre.
01:45On en parlera dans quelques instants.
01:47Alors, l'exemple vient d'en haut.
01:49L'exemple vient du Comité international olympique qui a décidé d'intégrer de nouvelles disciplines.
01:53Donc, il donne un peu la tonalité.
01:55On n'a pas dit que par hasard, dans des petits clubs par-ci, par-là, il y avait des nouvelles disciplines.
01:59Non, c'est bien le CEO qui donne l'exemple et qui a maintenant fait rentrer dans ses disciplines,
02:06à son programme en exhibition ou en programme officiel ensuite,
02:10le surf, le skateboard, l'escalade, le basket 3-3.
02:14Et à partir de 2024, c'est encore un petit peu plus surprenant, on pourra en parler ensemble, le breakdance.
02:20Alors, ces sports connus du grand public sont venus changer le paysage olympique.
02:25Alors, la première chose que j'ai envie de dire, on peut peut-être en parler avec Jean-Marc Gillet.
02:31Est-ce que ça veut dire que le CEO, finalement, n'est pas si, j'allais dire, poussiéreux qu'on pouvait le penser ?
02:37Parce que mettre le breakdance en 2024 aux JO de Paris, ça prouve quand même qu'on a envie d'avancer.
02:45Je pense surtout qu'ils n'ont pas le choix.
02:48Certaines études montraient que l'audience moyenne des JO vieillissait de 4 ans tous les 5 ans.
02:56On peut faire le parallèle avec le foot où les jeunes ne restent pas devant la télé, etc.
03:02Je pense qu'ils sont tout à fait conscients que les gens ont besoin de plus de liberté.
03:06Ils sont très, très conscients du fait qu'il y a des nouvelles pratiques.
03:09Et donc, ils sont juste dans l'air du temps et ils protègent leurs actifs.
03:15En faisant rentrer ces nouvelles disciplines, ils ouvrent un petit peu plus les bras aux gens qui leur tournaient le dos.
03:21Et je pense que c'est à la fois par obligation et c'est une vraie forme d'intelligence de leur part.
03:26Denis Lafleur, directeur de la Fédération française des clubs Omnisport.
03:30Est-ce que ça signifie ou est-ce qu'on peut penser que ça signifie que les sports traditionnels sont en train d'être boudés ?
03:38Alors non, je ne pense pas que les sports traditionnels soient boudés.
03:42C'est juste qu'on a une nouvelle génération de pratiquants.
03:44On a une nouvelle génération qui souhaite consommer, pratiquer, aller au sport de manière différente.
03:51Il y a bien sûr toujours cette pratique traditionnelle, quotidienne, cette pratique compétitive qui existe dans nos clubs.
03:57Mais effectivement, nos clubs sont obligés de se réinventer parce qu'il y a une nouvelle demande.
04:00Et donc, fatalement, l'offre doit aussi s'adapter en face.
04:03Est-ce que parallèlement à ce mouvement, on assiste à une baisse violente des sports traditionnels ?
04:09Ça ne semble pas être le cas.
04:10On l'a vu après les résultats des derniers Jeux olympiques, le basket, le volley se portent pas mal.
04:16Le handball ne se porte pas mal, c'est le moins qu'on puisse dire.
04:18Alors, il n'y a pas une baisse, je ne vais pas la qualifier de violente.
04:21Et puis, j'ai l'impression que c'est variable selon les disciplines.
04:24Les collègues qui interviendront après, d'ailleurs, pourront présenter qu'il y a une évolution aujourd'hui dans leur propre discipline.
04:31Mais finalement, on va aller chercher de nouveaux pratiquants.
04:33On va aller chercher de nouvelles typologies de pratiques.
04:37Alors, globalement, oui, je pense qu'il y a une baisse.
04:40Et d'ailleurs, ça se caractérise, on en parlait avant.
04:43Il y a à peu près 15 millions, 16 millions, on ne sait jamais trop exactement le nombre de licenciés.
04:48Mais globalement, on a une petite baisse par rapport à avant, qui n'est pas si neutre que ça, d'ailleurs.
04:53Mais par contre, à côté, on a énormément de nouveaux pratiquants.
04:56Un pratiquant libre, dans d'autres modalités, etc.
04:59Donc, c'est cela qu'il faut aller chercher.
05:00Nicolas, donc, l'ASPTT, c'est classique, c'est organisé, c'est vraiment…
05:05On ne peut pas le faire plus classique et plus historique, d'ailleurs,
05:08plus crédible, plus légitime dans notre paysage sportif.
05:12Est-ce que, parfois, vous vous sentez un peu inquiet ?
05:14Vous dire, tiens, il faut, nous aussi, qu'on se réinvente ?
05:17Ou est-ce que ça se fait naturellement ?
05:19Écoutez, ça fait 125 ans qu'on existe, en 2020.
05:22Vous ne les faites pas.
05:23Voilà, je ne les fais pas, effectivement.
05:24Nous avons fêté nos 125 ans.
05:26Donc, on est effectivement une institution d'un point de vue sportif associatif.
05:30Et je pense qu'effectivement, il y a un enjeu demain, effectivement,
05:33de proposer de nouvelles modalités de pratique et de nouvelles offres
05:36pour diversifier, on va dire, les offres sportives pour les différents publics.
05:40Et l'enjeu, effectivement, c'est de toujours innover,
05:43continuer à innover pour proposer de nouvelles activités.
05:45Donc, à la Fédération ASPTT, effectivement, on a toujours ce souci
05:48de continuer à faire vivre les activités un petit peu historiques
05:51et proposer de nouvelles activités pour l'ensemble du grand public.
05:55Alors, Jean-Marc Gillet, est-ce qu'on a affaire à un petit soubresaut
06:01ou est-ce qu'on peut dire, alors on pourrait réécouter ensemble,
06:04peut-être pas ensemble, d'ailleurs, cette émission dans 20 ans,
06:06mais est-ce qu'on peut dire que tout ceci, c'est un petit,
06:11on va dire, on peaufine un peu l'offre ou est-ce que vraiment,
06:14on va vers une révolution, que les gens ne vont plus avoir cette nécessité
06:19d'aller vers les fédérations traditionnelles,
06:22d'aller vers les grands clubs traditionnels
06:23et inventer une nouvelle manière de faire du sport
06:25ou est-ce seulement complémentaire et dans 20, 30, 50 ans,
06:28on aura toujours notre bon football, notre bon basket,
06:30les stats pleines, etc.?
06:33Je pense que c'est une lame de fond, que c'est inévitable.
06:36Je pense qu'on aura nos sports, sauf qu'à l'intérieur de ces grands sports,
06:41ils auront plus de formats de pratique.
06:45Le bon exemple, je pense, est le foot A5.
06:49Foot A5 a été créé il y a une bonne dizaine d'années.
06:53Aujourd'hui, ça représente à peu près 10 millions de clients.
06:58La fédé de foot annonce, on parlait des chiffres de licenciés tout à l'heure,
07:02ça dépend des annonces des fédérations aussi,
07:03parce que les fédérations créent des nouveaux formats de licences,
07:07mais annoncent 2 millions de licenciés.
07:08Donc, le rapport entre le foot traditionnel et le foot A5 est déjà de 1 à 5.
07:14Je pense que c'est un mouvement inévitable.
07:19Les gens ne veulent plus participer à la contrainte de la compétition comme avant.
07:25Je pense qu'une des clés, c'est effectivement la modernité des fédérations et des clubs,
07:29de créer de nouveaux formats de pratique,
07:30parce que nous, ce qu'on veut tous autour de cette table,
07:33c'est que les gens fassent plus de sport, évidemment les jeunes.
07:37Donc, on veut que les gens se regroupent dans un club,
07:40et je pense qu'une des clés fondamentales, je ne sais pas si vous allez en parler après,
07:43mais c'est aussi la relation école-club.
07:47Je pense qu'il faut qu'on crée de plus en plus, et plus qu'aujourd'hui,
07:50des vrais passereaux pour que le sport à l'école soit, demain, continué en club.
07:55Je vois qu'il y a certaines pratiques aujourd'hui à l'école,
07:58notamment le cirque, qui sont inapplicables en club
08:02et qui sont même risquées sur certaines tranches d'âge.
08:04Donc, je pense que pour pérenniser la pratique du sport et des sports en club,
08:11il faut travailler sur la diversité des pratiques,
08:13encore la modernité, et puis renforcer ce lien.
08:16Je me souviens qu'on fasse le distinguo entre la pratique du sport des 10, 15, 20 millions dont on parle
08:22et le sport d'exception, le sport qu'on voit dans les grands médias.
08:26Le foot à 5 est un très bon exemple.
08:28Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui qu'il y a une lame de fond, et c'est vrai, sur le foot à 5 ?
08:31Parce que c'est pratique, parce que ça demande moins d'espace,
08:33parce qu'on peut se retrouver une bande de copains, on monte une équipe beaucoup plus facilement.
08:37Et le football classique, qui lui, bon an, mal an, ne se porte pas si mal que ça
08:42au niveau de ses compétitions européennes de club, au niveau de ses compétitions mondiales, nationales.
08:50Oui, il ne se porte pas mal, mais il a quand même des problèmes qui lui arrivent et qui sont compliqués à gérer.
08:54Il y a beaucoup de centres-villes aujourd'hui où des clubs de centres-villes ont du mal à présenter des équipes de U18.
09:04Pourquoi ? Parce qu'après 16 ans, les jeunes n'ont pas envie d'avoir les contraintes du dimanche matin,
09:11ils basculent au foot à 5.
09:13On a quand même ce lien de sport contrainte organisé et sport libre, et ça se répète dans d'autres sports.
09:20Le basket a vite corrigé le pas en prenant sous sa coupe le 3-3, mais le 3-3, il existe depuis 50 ans.
09:27Moi, je suis basketeur, j'ai joué sur des playgrounds, môme,
09:31j'ai même participé au premier équivalent du K54, et c'était il y a 30 ans.
09:37Je pense qu'il faut surtout que les mouvements sportifs arrêtent de scinder le fédéral et le marchand.
09:44Il y a un moment, on veut juste que les gens fassent du sport, et le club, c'est quand même un lien social absolu,
09:51et on veut que les mômes et les gens qui sont isolés ne le soient plus.
09:56Alors, le paddle pour le tennis, le basket 3-3 pour le basket, le foot à 5 pour le foot traditionnel,
10:03et puis on a aussi le crossfit qui va faire un peu d'haltérophilie, de musculation et de gymnastique.
10:08Est-ce que ces sports que j'appellerais bien-être, vous voyez, Nicolas, chez vous à la SPTT,
10:15des gens qui viennent demander simplement ce type de pratiques plutôt qu'un championnat organisé
10:20avec un premier, un deuxième, un troisième et un esprit de compétition très présent ?
10:24Alors oui, tout à fait. Déjà au niveau de la fédération SPTT, ce qu'on cherche à développer, c'est l'activité physique pour toutes et tous.
10:30Et le crossfit qui est une marque aujourd'hui, nous on appelle ça effectivement le fit-training, etc.
10:37On a du swim-cross aussi, c'est une activité qui mélange natation et crossfit.
10:41Et effectivement, on a une demande de pratiques, d'activités physiques sur la dimension bien-être, épanouissement, etc.
10:48qui permet effectivement de répondre à des nouveaux, aujourd'hui, modes de pratiques
10:52qui sont plutôt sur la culture de la condition physique.
10:56Alors, il y a sûrement des téléspectateurs qui vont sourire maintenant, surtout les plus classiques,
11:00qui s'intéressent au sport comme le foot, le rugby ou le basket.
11:05À la SPTT, on trouve aujourd'hui du pole dance.
11:08Ah oui, pole dance. Alors, on a un partenariat avec le Pole Sport France,
11:11qui est une version un peu plus sportive de la pole dance.
11:14Effectivement, c'est un sport qui se pratique sur une barre,
11:19mais d'une version davantage sportive que la pole dance.
11:23Donc ça, c'est une activité qu'on propose, mais on n'a pas que ça.
11:25On a des activités comme le corf-ball, des activités comme le parkour.
11:29On a signé un partenariat récemment, maintenant il y a deux ans, trois ans, avec la fédération de parkour,
11:35qui est une fédération non agréée par le ministère des Sports,
11:37mais qui est en demande de structuration et développement de l'activité.
11:40Donc, on essaie de porter effectivement des projets en tissant des partenariats
11:45avec des associations sportives nationales non agréées pour les aider à se développer
11:49et que ça puisse nourrir et diversifier les pratiques pratiquées dans les clubs à SPTT et partenaires.
11:53– Denis Lafour, directeur de la fédération française des clubs Omnisport,
11:57comment on légitime une nouvelle activité ?
11:59Vous voyez arriver des sports d'un petit peu partout, quelle est la règle ?
12:04Comment on dit, ça c'est légitime, ça c'est crédible, ça c'est organisable ou déjà organisé ?
12:09– Je pense que ça se légitime par soi-même,
12:13c'est-à-dire que finalement, c'est le fait que les pratiquants y viennent, sollicitent.
12:17D'ailleurs, on a au sein de la fédération à peu près 600 clubs Omnisport
12:20qui regroupent 750 000 pratiquants,
12:22et dans ces 750 000 pratiquants, régulièrement, on a des nouvelles demandes,
12:26de nouvelles activités, de nouvelles disciplines,
12:27alors qu'ils ne sont pas forcément hyper réglementés,
12:29mais je rejoins un petit peu ce que disait Jean-Marc tout à l'heure,
12:31c'est-à-dire que le foot à 5, c'est finalement du foot loisir qui s'est un peu structuré,
12:36et on a plein de disciplines comme ça, comme celle que vous évoquiez,
12:39qui au départ étaient plutôt des disciplines de loisir,
12:41qui à un moment ont voulu se structurer un petit peu
12:43pour aller faire quand même un petit peu de compétition, pour se développer,
12:46et qui viennent toquer à la porte de nos différents clubs
12:49pour essayer justement d'intégrer une organisation, une structuration,
12:52une professionnalisation qui va leur permettre tout simplement de se développer,
12:55c'est le cycle naturel de n'importe quelle discipline.
12:58Alors moi, je faisais un péché d'orgueil épouvantable,
13:00j'étais persuadé que depuis, j'ose même pas te dire le nombre d'années,
13:03j'étais un spécialiste du sport,
13:05donc quand je vois le touch rugby, je me dis bon, ça va, j'ai compris,
13:09on ne plaque pas, on se contente de toucher,
13:11mais quand je vois le techball par exemple, je suis largué,
13:13c'est qu'il se passe vraiment beaucoup de choses qui commencent justement à me dépasser, non ?
13:17Oui, la Fédération Nationale de Techball est hébergée
13:20au sein de la Fédération Française des Clubs Omnisport.
13:23L'objectif, il est simple, c'est un nouvel outil comme une table de table finalement,
13:29qui est un peu incurvée, qui permet une pratique beaucoup plus inclusive,
13:32qui permet une pratique un peu différenciée,
13:34beaucoup plus orientée vers la pratique Omnisport finalement,
13:38on peut y pratiquer du volley, du hand, du basket, du tennis, peu importe le format.
13:43Oui, c'est une discipline qui finalement émerge aujourd'hui,
13:46qu'on accompagne dans sa croissance,
13:48qui est très appréciée dans le milieu scolaire,
13:52très appréciée dans un certain nombre,
13:53et vous en parliez tout à l'heure, ce lien avec le scolaire,
13:56on peut le faire par ces nouvelles disciplines.
13:57On a beaucoup de jeunes adolescents qui ne souhaitent plus être dans une pratique traditionnelle,
14:02mais qui par contre vont être intéressés par ces pratiques-là,
14:04comme le e-sport ou comme d'autres,
14:05mais qui vont être intéressés par des pratiques peut-être plus adaptées à leur âge,
14:09peut-être plus en mixité, garçon-fille,
14:12parce que finalement cette structuration très historique que l'on a dans le mouvement sportif,
14:15où on est les garçons d'un côté et les filles de l'autre,
14:18on arrive à un certain âge et à une certaine période où finalement les jeunes notamment,
14:22ils n'ont plus forcément envie d'être dans ces schémas classiques.
14:25Alors il y avait des débats très classiques avec les, peut-être les un peu asbines,
14:29qui disaient, je me souviens de quelques phrases il y a 20 ou 30 ans,
14:32le golf ce n'est pas un sport, la preuve on peut le pratiquer à 75 ans avec la grippe,
14:36voilà c'était toujours les petites plaisanteries,
14:38et là ça nous amène, vous avez d'ailleurs fait le lien puisque vous venez de le citer,
14:41au e-sport.
14:43Alors les classiques aussi qui nous regardent,
14:45quand on parle de e-sport, ils n'ont rien contre leurs enfants qui jouent à des jeux vidéo,
14:50mais ça les fait sourire, alors l'importance du e-sport,
14:54il n'y a plus besoin de le démontrer, c'est 11 millions d'adeptes ou pratiquants en France,
14:59j'ai bien dit 11 millions, des structures professionnelles, des tournois internationaux,
15:04des dizaines de spectateurs dans un même endroit pour suivre des compétitions de e-sport,
15:10est-ce qu'on peut dire aujourd'hui, Jean-Marc, que c'est le sport numéro un ?
15:21Déjà non, puisque France e-sport, quand ils commencent leur présentation,
15:27disent souvent que le e-sport n'est pas un sport.
15:31Intéressant.
15:32Ils arrivent à se positionner en parallèle à la pratique sportive.
15:37Je pense que ce qu'il faut prendre en compte, c'est ce qu'apporte le e-sport au sport,
15:43et la complémentarité des deux.
15:44On en parlait tout à l'heure, le modèle économique du sport classique organisé,
15:49sport co, sport fédéraux, etc., c'est 85% des revenus globaux qui viennent des droits télé,
15:56et 15% qui viennent du sponsoring et du marketing, c'est l'inverse au e-sport.
16:00On parlait du crossfit tout à l'heure, crossfit a été créé par e-book,
16:05et a été aussi développé par d'autres marques.
16:07Je pense que ce qui est très intéressant par le e-sport, c'est qu'un,
16:11comme l'a dit Patrick, c'est que c'est un mouvement de toute façon qui est installé,
16:16c'est un socle, c'est un socle sociétal, il n'y a pas de débat, ça ne progresse plus,
16:24mais c'est surtout que le e-sport arrive à générer des revenus extrêmement puissants,
16:29et il faut que le sport organisé s'en inspire.
16:32Et c'est pour ça que les clubs intègrent de plus en plus des structures e-sport,
16:37même dans leurs pratiques locales, parce que justement,
16:40ils veulent faire communier l'ensemble des populations dans le même environnement.
16:45Nicolas, pourquoi la SPTT intègre le e-sport ?
16:48Quelle est la réponse ? Et quelle est la volonté ?
16:50Alors la volonté, effectivement, par rapport à ce projet e-sport, à la SPTT,
16:53c'est de créer une passerelle entre le e-sport et l'activité physique.
16:59On a un club qui est très moteur sur le sujet, qui est la SPTT Rouen,
17:03qui a mis en place une gaming house pour intégrer effectivement des jeunes qui pratiquent de l'e-sport,
17:08mais pour les amener vers l'activité physique.
17:10Et l'activité physique, il y en a plein à la SPTT Rouen, c'est un club multisport.
17:14Et donc, ce qu'on souhaite, c'est vraiment créer ce pont entre le sport sédentaire et le sport actif.
17:20Parce que lorsqu'on fait du sport, lorsqu'on crée un club, lorsqu'on fédère des clubs,
17:25c'est quand même pour favoriser l'activité physique.
17:28C'est d'ailleurs une des grandes campagnes du Comité olympique sportif français,
17:32c'est « sportez-vous bien, faites du sport ».
17:35Est-ce que ce n'est pas un peu paradoxal d'aller pousser le e-sport ?
17:39Ce n'est pas antinomique.
17:40Ce n'est pas antinomique, la philosophie de la Fédération des clubs multisport,
17:43c'est la littératie physique, c'est l'acculturation à l'activité physique et sportive tout au long de la vie.
17:49J'ai envie de dire aussi, dans toutes les conditions de vie,
17:52que ce soit pour les personnes en situation de handicap, les problématiques de santé et autres.
17:55Donc, l'un n'est pas antinomique avec l'autre.
17:58On se rend compte aujourd'hui que, notamment pour performer sur du e-sport,
18:02il y a besoin d'avoir une condition physique, il y a besoin de faire de l'activité physique à côté.
18:06Et puis l'un des enjeux des associations aussi, le terme associatif,
18:09c'est aussi quand même d'essayer de regrouper les gens.
18:12Et aller permettre à des jeunes qui sont éloignés de la pratique physique
18:16de se retrouver, de reprendre un lien, de reprendre contact avec les associations sportives,
18:20c'est effectivement favoriser ces passerelles qui vont leur permettre ensuite de reprendre une activité.
18:25Au sein de la fédération, il y a à peu près 600 clubs qui sont un terrain d'expérimentation très important.
18:31Et ce terrain d'expérimentation, on est aujourd'hui le premier mouvement Omnisport en France.
18:36On a 750 000 pratiquants.
18:37Ces expérimentations, elles servent à quoi ?
18:39On a fait un échange dernièrement avec une trentaine de clubs sur le sujet de l'e-sport.
18:43Finalement, les uns et les autres se sont inspirés,
18:45ont vu les bonnes pratiques, les moins bonnes pratiques,
18:47ce qu'il fallait faire pour essayer de développer ce sujet-là.
18:50Mais il y a eu un consensus, c'est que de toute façon, le e-sport, vous le disiez, il est là.
18:54Et comment on s'en saisit pour que finalement nos associations intègrent ce public
18:57qui aujourd'hui est un peu éloigné pour certains de la pratique physique ?
19:00Donc si on les intègre, on les amène à de la pratique.
19:02Il est éloigné de la pratique physique ?
19:04On risque pas d'avoir au contraire des gens qui pratiquent et puis qui finalement découvrent l'e-sport,
19:08sont poussés par certains clubs à aller vers l'e-sport et lâchent les sports traditionnels ?
19:13Non, je ne pense pas.
19:13Je pense qu'il y a un besoin fondamental de se dépenser.
19:16Et ce besoin fondamental, il n'est pas servi par l'e-sport.
19:21Les gens comprennent la différence entre les deux et c'est ce qui le rend parfaitement complémentaire.
19:27Et je pense que le meilleur exemple que j'ai, c'est l'INSEP.
19:31L'INSEP a franchi le pas il y a même une dizaine d'années avec un partenariat avec PlayStation.
19:35Ils ont intégré les bornes PlayStation à l'intérieur de l'INSEP
19:38pour faire en sorte que les athlètes ne se dispersent pas.
19:41Ça prouve bien qu'ils pouvaient associer les deux et même sur des compétiteurs et nos meilleurs athlètes.
19:49Donc je pense que c'est parfaitement complémentaire.
19:50Puisqu'on parle modernité, puisqu'on parle de nouvelles manières de pratiquer le sport,
19:54j'aimerais faire une petite parenthèse aussi sur une société que vous avez créée également Jean-Marc, c'est BISPORT.
20:01Comment le sport aujourd'hui a trouvé sa place dans les réseaux sociaux ?
20:05Parce que je trouve ça formidable.
20:08On a essayé d'être moteur là-dessus il y a 20 ou 25 ans en créant des groupes.
20:13On se retrouvait pour aller jouer le samedi matin, le dimanche après-midi.
20:17Avant, il fallait passer 12 coups de fil là-bas pour monter un petit réseau.
20:20C'est une révolution incroyable de la manière de pratiquer le sport.
20:24Oui, mais il ne faut pas la subir.
20:28Aujourd'hui, il y a 300 000 associations sportives en France, peu ou prou.
20:32140 000, 150 000 organisées des fédérations et le reste sont les associations 1901, Libres, etc.
20:40Il y en a à peu près 70 000 qui sont digitalisées,
20:44c'est-à-dire qui ont une prise de licence en ligne, cotisation, etc.
20:47Ça veut dire qu'il y en a deux tiers qui ne le sont pas.
20:49Aujourd'hui, une asso, un club a un réflexe, il dit « Ah, c'est bon, j'ai des réseaux sociaux, je suis visible. »
20:56Sauf qu'aujourd'hui, le modèle économique des réseaux sociaux américains et chinois,
21:00c'est de prendre les audiences et de prendre les contenus des gens et de les monétiser pour eux.
21:05Donc, il faut continuer à aider.
21:07On a essayé de le faire longuement avec Bisport et on va continuer à le faire.
21:12Il y a des gros acteurs de la Sportech, des MyCoach, des Loasso
21:18qui essayent encore au quotidien.
21:21Et là, je pense que le mouvement sportif, en particulier Paris 2024,
21:27n'est pas en train de réussir son héritage digital.
21:30Donc, moi, je mets juste une alerte.
21:31Il faut continuer à aider les fédérations et les clubs dans leur digitalisation.
21:37Pourquoi ? Parce que pour rejoindre un club et pour rejoindre un sport,
21:42il y a trois moyens.
21:43Il y a l'inspiration, le champion.
21:45Je rêve, je vois tel champion, je veux faire comme lui.
21:48C'est ce qui sauve le foot avec Bappé, notamment.
21:53Mais tous les autres sports fonctionnent pareil.
21:55J'ai dit une heure sur le rugby.
21:57Donc, l'inspiration, la recommandation,
22:00« Ah, local, j'en fais, etc. », et le forum des associations.
22:05Sauf que quand on a loupé le forum en juin ou en septembre, on ne sait pas.
22:09Donc, il faut continuer à aider les associations à se digitaliser
22:13pour que, de façon permanente, elles puissent toucher leurs cibles.
22:17Ça, c'est fondamental.
22:18– Avant de parler de Maïa SPTT, justement, qui s'est modernisée encore,
22:22la vieille dame, elle est moderne, juste un mot sur la monétisation.
22:27Vous le disiez très bien.
22:28Aujourd'hui, il y a des millions de gens qui représentent une richesse formidable
22:32et c'est l'acteur, l'acteur digital, qui récupère la valeur.
22:36Qu'est-ce qu'il faut faire ?
22:38Est-ce que demain, les grandes associations sportives, les grands clubs
22:42vont monétiser ce qui est une richesse ?
22:45Leur licencier, l'activité sur leur réseau ?
22:48– C'est extrêmement complexe.
22:51Je ne dis pas que la bataille est perdue, mais pas loin.
22:53On avait beaucoup essayé sur le bisport.
22:55Mais aujourd'hui, le META, donc Facebook, Insta, WhatsApp,
23:01monétisent à hauteur d'en cumuler 8-10 dollars par utilisateur par mois.
23:07Donc, le Mouvement sportif fédéré, disons 15 millions,
23:10offre aux alentours de 90 millions d'euros par mois de revenus publicitaires à META.
23:15C'est sympa, c'est cadeau.
23:17Pour faire autrement, il faut plutôt ne pas abandonner tous ces contenus.
23:24Il faut avoir de la maturité digitale, donc il faut qu'il y ait de plus en plus de talents
23:28qui soient plus formés, qui rejoignent et qui aident les fédérations à faire les bons choix.
23:33Et puis, il faut arrêter d'être un peu partout.
23:35Il y a un moment, il faut choisir des réseaux, bien les travailler.
23:38Et pour monétiser, il n'y a pas 36 solutions, il faut avoir des actifs.
23:42Pour avoir des actifs, il faut créer des bons contenus, raconter des belles histoires.
23:46Et après, les marques se diront, moi, j'ai envie de m'associer avec vous
23:51parce que votre histoire et vos actifs m'intéressent.
23:53Et ça, c'est un challenge difficile.
23:55Alors, la SPTT, d'abord, donc quel but ça a été fait, MySPTT ?
23:59Et est-ce que vous allez jusqu'à la monétisation et vous dire,
24:02évidemment, ça va être une source de revenus ?
24:04On posera évidemment la même question ensuite à Denis Lafou.
24:07Alors oui, MySPTT, c'est une application mobile
24:11qui permet aux licenciés de la Fédération d'aller réserver une activité
24:16directement en ligne depuis le smartphone.
24:18Et ça a été créé pourquoi ?
24:19Ça a été créé pour répondre à une tendance de fond qui est le zapping sportif.
24:24On s'est rendu compte à la Fédération qu'il y avait des non-licenciés
24:27qui souhaitaient pratiquer différentes activités.
24:29Ça tombe bien, à la SPTT, on propose différents sports.
24:33Et donc, on a souhaité effectivement développer une application
24:36qui est un développement interne pour effectivement inciter les gens
24:40à aller pratiquer de l'activité, mais différentes activités,
24:42grâce à une application mobile.
24:45Est-ce que l'association des clubs Omnisport est titillée,
24:51j'allais dire, est vraiment consciente de l'importance de ça ?
24:54Alors oui, la Fédération française des clubs Omnisport
24:57est interrogée sur cette question, bien évidemment.
25:01La plupart de nos clubs sont des clubs très structurés.
25:04Et c'est là où je rebondis un petit peu sur ce que disait Jean-Marc tout à l'heure.
25:08Oui, il faut accompagner les fédérations sur la digitalisation.
25:11Je pense que le gros sujet, c'est quand même d'accompagner les clubs
25:15à cette nouvelle approche de la communication, de la gestion, etc.
25:20Parce que finalement, le créateur de contenu, au bout du bout,
25:23c'est quand même le club, c'est lui qui fait l'animation territoriale,
25:26c'est lui qui organise sa compétition, qui fait vivre sa communauté.
25:30Et l'enjeu, à mon sens, il est de permettre à ces associations
25:34de structurer leur contenu, d'avoir du contenu de qualité.
25:37Et ça veut dire d'avoir des associations qui sont structurées.
25:40Et donc, c'est pour ça qu'on prône et qu'on porte le sujet du club Omnisport.
25:44Du fait que, quand on est un club Omnisport,
25:46pour vous donner une information assez précise,
25:49un club Omnisport adhérent de la Fédération française des clubs Omnisport,
25:52c'est 800 000 euros de budget moyen par an.
25:55Un club sportif classique, c'est 15 000 euros.
25:58Là, vous imaginez bien qu'avec 800 000 euros,
26:00on est capable de monter en compétences de manière plus importante,
26:02d'avoir une meilleure réponse.
26:04– Qu'est-ce que vous proposez vous ? Une solution globale ?
26:06– Non, alors nous, on a fait le choix de ne pas avoir de solution globale,
26:08mais plutôt de travailler avec des acteurs spécialisés
26:11qui proposent différentes solutions, qu'on va labelliser, qu'on va valoriser,
26:16parce qu'on considère que l'expertise,
26:18ce n'est pas forcément pertinent de l'avoir chez nous,
26:20mais plutôt qu'on travaille à plusieurs et qu'on aille chercher de l'expertise.
26:24– Mais si chaque club fait son petit business dans un coin,
26:27on n'aurait rien, non ? Il faut du volume.
26:29– C'est ce que nous, on a fait, la stratégie des machins.
26:30Chacun, chaque fédération voulait son machin.
26:33– Non, mais je pense que ce que dit Denis est tout à fait juste.
26:37Je mettrais juste un bémol, le créateur de contenu ultime,
26:40c'est le club et l'entourage du club,
26:42mais c'est surtout le sportif et l'entourage du sportif.
26:45C'est les gens qui sont autour des terrains, indoor, outdoor, etc.
26:49Et ceux-là, il faut qu'ils arrivent à comprendre que s'ils mettaient
26:53tous leurs œufs dans un actif qui est l'actif du club,
26:58ce club-là pourrait le monétiser.
27:00Aider les fédérations et les clubs, je ne l'ai pas dit, mais vous avez raison,
27:05c'est beaucoup les clubs.
27:05Et ça se fait naturellement aussi avec le renouvellement des bureaux
27:10et les conseils d'administration des clubs.
27:11Il y a de nouvelles personnes qui rentrent, qui aident.
27:14Je ne me jette pas du tout la pierre aux anciennes générations.
27:17Je suis moi-même bénévole et j'aide le club de Hantes, de Bois-Colombes,
27:22j'ai mon asso de foot, etc.
27:23Et on renouvelle les générations tout le temps.
27:27Plus on a de nouveaux cerveaux qui viennent, plus ça aidera.
27:31Merci Jean-Marc Jullet.
27:32Vous restez avec nous.
27:33Je vais libérer Denis Lafourche.
27:35Je rappelle que vous êtes directeur de la Fédération française des clubs Omnisport.
27:38Merci d'avoir participé à ces grandes questions du sport.
27:41Nicolas Hadon, vous êtes de la SPTT, vous êtes responsable régional,
27:45centre Val-de-Loire et pays de la Loire.
27:48Merci à vous deux d'avoir participé à cette première partie.
27:51On va maintenant être un peu plus fédéral, entre guillemets.
27:54On va voir comment les fédérations innovent pour rester attractifs et compétitifs
27:59face à ces sports qui arrivent parfois de nulle part
28:03et qui sont un peu moins structurés.
28:04On va aller tout de suite.
28:14C'est la deuxième partie des grandes questions du sport.
28:16Pendant la première partie, nous avons remarqué,
28:19nous avons constaté que la demande était un peu différente
28:22et que les sports évoluaient.
28:24Des nouvelles disciplines, un peu surprenantes parfois,
28:26et puis aussi une nouvelle manière d'aborder l'organisation même du sport.
28:30Les fédérations classiques, les fédérations internationales.
28:34Alors, ces fédérations qu'on considère parfois comme des vieilles dames ont un mérite.
28:37Elles savent s'adapter.
28:39Remarquez, elles n'ont pas vraiment le choix.
28:40Elles sont parfois même le moteur du changement.
28:43Et on a quelques exemples autour de cette table dans cette deuxième partie,
28:46notamment avec Stéphane Lelon.
28:47Merci d'être avec nous.
28:48Vous êtes directeur du développement de la Fédération française de tennis de table.
28:52Tony Guillem, vous êtes entrepreneur créateur de la marque billes en tête.
28:56Sébastien Nolezini, directeur général de la Fédération française de judo.
29:00Et Jean-Marc Gillet, restez avec nous pour nous apporter son éclairage sur toutes ces évolutions.
29:05Et on va voir si on donne des bons points à ces fédérations
29:08qui ont réussi à se bouger un peu et à proposer une nouvelle offre.
29:12Alors, on va commencer avec la Fédération française de judo.
29:16Sébastien Nolezini, la meilleure évolution,
29:19la plus marquante, c'est peut-être cette judo pro-league
29:23qui correspond évidemment à une réaction par rapport à une demande.
29:27On va juste rappeler qu'elle a été créée en 2022.
29:29C'est la première ligue professionnelle sportive mixte de France.
29:3312 équipes.
29:35Le 15 novembre 2022, un premier tour organisé en quatre soirées.
29:39Huit équipes qualifiées pour le tableau final.
29:41Un schéma tout à fait innovant et tout à fait nouveau.
29:44Alors, merci de nous expliquer comment est né ce projet.
29:48Pourquoi d'abord ?
29:49Et puis, quel bilan vous tirez de cette première édition ?
29:52Ça fait beaucoup de questions pour une réponse.
29:55Patrick, alors d'abord un constat.
29:58Il n'y a pas de modèle économique en haut niveau en judo.
30:01Donc ça, c'est le premier constat qui a été fait.
30:03Beaucoup de clubs de haut niveau, à l'instar du rugby,
30:06il y a quelques années, sont très centralisés,
30:08non pas sur le sud-ouest comme le rugby, mais en région parisienne.
30:12Donc, on n'a pas une représentation nationale forte.
30:16Autre constat, on voit très peu nos champions.
30:19Et dernier constat, on est sur un format de compétition
30:24en France ou au niveau international très très long en judo.
30:26On démarre une compétition à 8h30 le matin et elle peut finir à 19h30.
30:30Donc pour le spectateur, c'est quand même très difficile à suivre.
30:33Et donc, du coup, on a essayé un peu de faire évoluer les choses,
30:36de modifier un peu les codes en matière de compétition de judo.
30:40Et on a créé cette fameuse judo pro-league, effectivement,
30:44saison 1, 12 équipes qui venaient de 9 régions différentes.
30:48Donc finalement, une représentativité assez normale.
30:51Une singularité, puisqu'il y a autant de filles que de garçons.
30:54L'an dernier, on était sur le format olympique, 3 filles, 3 garçons.
30:57Et une récurrence qui n'existe pas en judo,
31:00un championnat de France par équipe de manière assez traditionnelle,
31:02c'est une journée.
31:05On vient le matin, on repart le soir avec le titre de champion de France ou pas.
31:08Là, c'est sur plusieurs journées.
31:10Sur la saison 2, on va passer à non pas 12 équipes, mais 16 équipes.
31:14Elle démarre fin août, début septembre, avec un peu plus de régions de représentés.
31:19Un format étoffé, puisque de 6 combattants, on passe à 10 combattants.
31:24Mais on garde la singularité de la mixteam, format filles et garçons.
31:30Et donc, du coup, des formats très courts.
31:32On est sur des formats d'une heure et demie.
31:34On était sur 7 dates l'an dernier, on va passer à 51 dates au total.
31:39Parlez-moi de ce format court.
31:40Comment vous vous organisez, alors que, vous l'avez très bien dit tout à l'heure,
31:43sur les compétitions classiques, ça dure longtemps,
31:46parce qu'on enchaîne les combats et qu'on ne veut pas les enchaîner à 10 minutes près ?
31:49Tout simplement que sur un championnat traditionnel,
31:51c'est toutes les équipes de France qui étaient réunies sur la même journée, sur le même lieu.
31:56Là, on a des journées, comme dans les sports courts, en rugby ou en football,
32:00où l'équipe de l'OM judo va rencontrer l'équipe de Nice judo
32:05et l'équipe de Paris judo va rencontrer une équipe d'Orléans.
32:10Et on a un format adapté, avec un décorum adapté.
32:14Oui, on l'a vu sur ces images, c'est aussi travaillé de ce côté-là, d'une manière assez précise.
32:20Avec aussi, l'objet, c'est quand même le spectacle, il faut que ça soit attractif,
32:24que ça s'ouvre aussi à un autre public que le public judo,
32:27puisque de manière assez traditionnelle, on a cette chance.
32:30On a un public judo, par exemple, sur le tournée de Paris,
32:32si vous avez eu l'occasion de venir, on remplit Bercy chaque année.
32:37Là, le but, c'est d'ouvrir à d'autres publics, c'est de susciter l'intérêt dans d'autres foyers.
32:44Et donc, du coup, un décorum adapté, des règles adaptées qui favorisent le spectacle.
32:50Que des Paraquipes aussi.
32:51On a vu au jeu le phénomène incroyable du mix Paraquipes, toute catégorie.
32:59C'est des millions de vues.
33:01Je crois que c'est la discipline, l'épreuve qui a été le plus vue aux Jeux Olympiques de Tokyo.
33:04Moi, je suis un classique, de part ma génération, je suis un dingue de judo.
33:09Quand j'ai entendu parler de ça, je me suis dit bon, d'accord,
33:12mais moi, ça ne m'embête pas d'être là à 8h30
33:15ou d'emmener mon fils à 6h30 du matin à une époque pour son premier combat à 10h.
33:19Mais bref, ça, c'est une histoire.
33:22Mais je suis un dingue de ce sport et je me suis dit, oui, ce truc.
33:24Et en fait, on se fait prendre, c'est formidable.
33:26Donc, on est un peu sur cette culture, même si là, c'est sur toute la journée,
33:29cette culture collective, c'est le tour du sport d'équipe.
33:32Exactement. Là, c'est l'équipe qui gagne ou c'est l'équipe qui perd.
33:35Et on a vu, je me rappelle d'une étape à Nice,
33:38où on n'avait pas les plus grands judokas, mais on avait un engouement terrible.
33:42Les spectateurs étaient là pour que l'équipe de Nice gagne.
33:45Et on retrouve un peu ce qu'on ne sait pas faire jusqu'à présent en judo.
33:50Si on n'est pas un peu expert, savoir qui a gagné et qui a perdu, c'est toujours un peu compliqué.
33:54Et là, c'est l'équipe qui gagne ou l'équipe qui perd.
33:56Et donc, c'est beaucoup plus facile d'attirer d'autres publics.
33:59Et puis, on a un format qui est très attractif.
34:01Et regardez, il y a des belles images, la joie et l'émotion.
34:04Oui, c'est très, très sympa.
34:06Le Ping, alors, racontez-moi un peu Stéphane Melon.
34:10Vous, vous avez écouté, j'ai vu avec beaucoup d'intérêt ce que fait le judo.
34:13Vous, vous êtes parti sur une autre voie.
34:15Expliquez-nous comment la Fédération française de tennis de table,
34:18d'ailleurs, avec ce nom, déjà Ping, je trouve ça déjà très intéressant
34:21parce que ça modernise.
34:24Ping, c'est un peu plus moderne que tennis de table.
34:26Mais vous êtes allé plus loin. Expliquez-nous.
34:28En fait, on a découvert un jeu de tennis de table sur les casques de réalité virtuelle
34:32qui, au-delà du e-sport, en fait, finalement, nous met dans un sport virtuel.
34:36Donc, on pratique l'activité de manière différente.
34:38N'hésitez pas à intervenir si vous voulez.
34:40De n'importe où.
34:41Donc, à partir du moment où on a essayé la Fédération,
34:43il y a eu l'intérêt de pouvoir la présenter à un maximum de personnes
34:48qui n'ont pas accès à une salle de tennis de table,
34:50qui peuvent pratiquer une activité physique et sportive de chez eux.
34:54Voilà, donc la Fédération a demandé la délégation au ministère.
34:56Et donc, maintenant, on organise la pratique.
34:58Il y a un côté compétitif, mais il y a un côté aussi lutte contre l'ascédentarité
35:02puisqu'on peut jouer de chez soi.
35:05Il n'y a plus à ramasser les balles de tennis de table.
35:07Donc, pour un débutant, ça lui permet de gérer son intensité dans la pratique.
35:11Et pour aller plus loin, la Fédération a créé une licence aujourd'hui
35:14pour les pratiquants qui vont jouer de chez eux
35:17au travers du service que la Fédération propose.
35:19Dans un premier temps, par un circuit de compétition à distance,
35:22puisqu'on va jouer de chez soi.
35:24Et puis, demain, des éléments en lien avec la santé,
35:28avec des protocoles d'entraînement que les gens vont pouvoir faire de chez eux
35:32pour faire une activité qui reste ludique, conviviale,
35:36mais en restant dans son salon et en pouvant affronter
35:39quelqu'un qui est à l'autre bout du monde, en match ou pas,
35:43de discuter avec lui.
35:45On voit des images, c'est assez impressionnant, de ce jeu virtuel.
35:50On a rendu réelle la pratique virtuelle.
35:53On voit à l'écran deux des meilleurs joueurs du monde,
35:57qui sont du même club, qui ont été des joueurs réels,
36:00qui ont aussi découvert le casque
36:02et qui ont vu un complément dans l'activité, quelque chose de différent,
36:07et qui ont été des bons joueurs de pratique réelle,
36:12mais absolument très loin d'un niveau international ou des équipes de France,
36:16et qui, là, aujourd'hui, sont dans le top 10 mondial,
36:19puisque la France, ayant initié une pratique un peu plus régulière,
36:23a aujourd'hui cinq joueurs dans le top 10 mondial du jeu.
36:25Jean-Marc Gillet, elle se bouge, la Federa, c'est bon signe, non ?
36:28Moi, je trouve ça génial, et en plus, c'est dans l'air du temps,
36:30puisque je crois qu'Apple sort ses lunettes connectées cette année.
36:35Du coup, cet objet qui est très volumineux,
36:37celui que vous avez montré, va demain être remplacé
36:40par un objet qui est plus accessible pour tout un tas chacun.
36:45Je trouve ça génial aussi parce que ça allonge l'âge de pratique.
36:49Exactement.
36:50Ça, c'est très intéressant.
36:52Moi, je m'intéresse aussi beaucoup à la lutte contre la sédentarité
36:56des plus de 50, des plus de 60, etc.
36:59Et ça, je pense que c'est un outil absolument majeur.
37:03Et puis, le fait de pouvoir jouer avec quelqu'un
37:04qui n'est pas du tout ni dans la même ville, ni dans le même pays,
37:07c'est extrêmement complémentaire à la pratique traditionnelle.
37:10Et puis, ce pont entre le e-sport et le sport réel est magique.
37:15Alors, il y a une info qui m'a beaucoup intéressé,
37:18c'est que parmi les membres, il y a 50% de joueurs
37:22qui sont licenciés, qui étaient déjà là,
37:24et 50% qui ont découvert le ping à travers le jeu.
37:27Exactement.
37:28Mission accomplie, là.
37:29Oui, complètement.
37:29Alors, on en reste au début.
37:32Ça s'est beaucoup développé pendant le confinement,
37:34justement pour garder un lien social et s'entretenir physiquement.
37:38On a une personne qui nous a avoué avoir perdu 35 kilos
37:41pendant le confinement en ayant joué au tennis de table avec le casque.
37:46Et puis, il y a ce côté compétitif qui…
37:53parce que le tennis de table, à un moment donné,
37:54on a quand même envie de compter les points.
37:57Mais on pratique comme on veut.
38:01Le but, c'est vraiment de structurer et d'en faire un championnat avec…
38:06Oui et non.
38:08On est une fédération, donc il y a toujours ces deux piliers.
38:11Il y a la performance sportive, faire des résultats sportifs.
38:14Le ping VR, comme on l'appelle, va être en exhibition
38:18aux premiers Jeux Olympiques des sports virtuels,
38:20à l'Olympic E-Sport Week.
38:22Là, c'est à Singapour.
38:23Peut-être que ça sera en France l'année prochaine.
38:25Donc oui, on va garder un esprit de compétition.
38:28Mais on peut maintenant imaginer faire faire du sport
38:31à des personnes qui sont licenciées de l'activité, donc en complément,
38:35mais aussi à des gens qui ne sont pas du tout licenciés,
38:37qui sont loin de la pratique,
38:39qui sont éloignés parce que le bus ne passe pas,
38:41parce qu'ils sont en situation de handicap,
38:43qui ne peuvent pas accéder au club sportif.
38:45On dit sport, c'est vraiment une pratique qui va être parfaite.
38:48Et qui vont pouvoir pratiquer une activité sportive de chez eux.
38:52Nous, le Télis de table, c'est emparer de l'activité
38:54parce que le jeu est très réel.
38:56Demain, aujourd'hui, il y a déjà d'autres sports.
38:59Demain, il y a d'autres fédérations qui vont s'en emparer
39:01et qui vont pouvoir proposer un autre service différent, complémentaire.
39:07Et puis ça n'isole pas.
39:09Autant il y a des pratiques vidéo qui vont faire
39:12qu'on va s'isoler.
39:13Là, on peut justement, on avait un partage,
39:15on va la rencontre avec quelqu'un au bout du monde.
39:17Oui, on peut communiquer.
39:19Donc, à partir du moment où on est connecté à Internet,
39:21on a accès aux joueurs du monde entier
39:23qui sont connectés en même temps que soi.
39:25Et donc, on peut discuter avec des gens du monde entier.
39:27Passionnant tout ça, passionnant.
39:28Alors maintenant, billes en tête.
39:30Alors là, on s'intéresse au billard.
39:33Tony Guillem est là.
39:34Vous êtes entrepreneur, créateur de la marque Billes en tête
39:36et du logiciel Billes en tête Training.
39:40Alors, vous travaillez en lien avec la Fédération française de billard
39:43qui utilise votre logiciel au sein des clubs et des écoles de billard.
39:47Alors, l'idée d'abord, le produit ensuite ?
39:50Alors, l'idée, c'est de proposer justement à tous les joueurs de billard,
39:54qu'ils soient dans des clubs, qu'ils soient chez eux
39:55ou qu'ils soient dans une salle de billard,
39:57des façons différentes un petit peu de pratiquer le billard
40:00et de les accompagner tout au long de leur vie de joueur.
40:03Puisque, en fait, grâce à un vidéoprojecteur,
40:06on va projeter des images directement sur le billard.
40:09D'une certaine manière, on va rendre le billard interactif
40:11et on va le contrôler simplement avec notre téléphone.
40:13Et du coup, on va pouvoir lui dire, est-ce qu'on a bien fait l'exercice ?
40:16Est-ce qu'on a bien empoché ?
40:17Est-ce qu'on a bien replacé la blanche au bon endroit ?
40:20Il va nous compter des points.
40:21On va avoir des fiches de statistiques qui vont pouvoir nous accompagner.
40:24On voit également avec Londres.
40:26Voilà, par exemple, c'est un jeu où il va falloir empocher les jaunes
40:30tout en suivant le circuit.
40:31Il est intéressant parce qu'un débutant,
40:33il va peut-être mettre 15 coups, 16 coups pour finir la table.
40:37Et on a travaillé, là, on est au championnat du monde à Albi.
40:40Vous allez le voir, en six coups, c'est un membre de l'équipe d'Alberi.
40:45Est-ce que c'est fait seulement pour progresser ?
40:48Alors, c'est fait pour progresser parce qu'on va avoir des exercices
40:51en lien justement avec les écoles de billard de la Fédération
40:53qui vont permettre aux coachs d'accompagner leurs élèves
40:56et leur proposer plein d'exercices différents.
40:59Et puis, ça s'adresse aussi à tous les autres parce qu'on va jouer différemment.
41:02On va avoir une pratique un peu plus ludique
41:04qui va permettre certainement d'amener au billard
41:06des gens qui n'avaient pas l'habitude d'y aller.
41:08Quand on entre dans une salle de billard qui est équipée avec le projecteur,
41:11on a un billard qui brille, qui donne envie d'y aller.
41:13Et ensuite, on va noter son nom une première fois
41:15et puis on va pouvoir ensuite progresser, gagner des étoiles.
41:19On va évoluer dans une espèce d'aventure comme dans un jeu vidéo.
41:22On va passer des mondes, gagner des points
41:24qui vont nous permettre d'accéder à des nouveaux exercices.
41:27Donc, il y a une partie très ludique.
41:28On va aussi reprendre des jeux, par exemple un jeu de fléchette ou des choses comme ça.
41:31On va adapter à la table de billard des jeux traditionnels,
41:35des jeux de société et des choses comme ça.
41:36Donc, un environnement très ludique pour jouer en famille,
41:39pour jouer avec les plus jeunes.
41:40Quand vous travaillez avec la Fédération française de billard,
41:42est-ce qu'il y a une arrière-pensée de la fédération d'aller jusqu'à la compétition ?
41:47Alors, il y a beaucoup de choses qui se développent, en particulier avec le web.
41:50Les vidéos de billard sur le web et dans les réseaux sociaux sont très développées.
41:53Il y en a des mini compétitions qui s'organisent aussi,
41:56qui ont pour but vraiment la diffusion d'images.
41:59La fédération, pour l'instant, ne s'intéresse pas à ça,
42:01mais c'est quelque chose qui pourrait permettre
42:03de mettre en avant leurs joueurs,
42:05puisqu'on pourrait faire des petites compétitions ludiques sur Internet
42:09avec des formats beaucoup plus courts.
42:10On parlait des compétitions de judo sur le billard.
42:13On est aussi là à 8h, on finit à minuit, ça se passe sur plusieurs jours.
42:16C'est difficile de tout regarder.
42:18Donc, on fait des formats très courts avec des images,
42:21par exemple sur le téléphone portable,
42:24qui nous permettent de montrer des grands joueurs
42:28en train de s'affronter sur un jeu beaucoup plus ludique
42:30sur lequel nous aussi, on va pouvoir évoluer.
42:32Alors, cette volonté, on peut aussi la retrouver dans le physique,
42:34parce que le billard, c'est un bon exemple.
42:36Pour faire du billard à la télévision,
42:38il y a quelques anglo-saxons qui sont passionnés,
42:39qui peuvent y passer des semaines entières.
42:42Mais c'est vrai que pour aller à la rencontre du grand public,
42:44une formule un petit peu plus ramassée,
42:46hormis billes en tête, serait quand même la bienvenue.
42:49On est comme toujours, on est dans le cadre d'une initiative privée
42:53qui sert une fédération,
42:54mais le rôle d'une fédération,
42:56c'est de ne pas seulement parler à ses propres licenciés.
43:01Et je pense que ce type d'initiative est assez remarquable
43:04parce qu'elle apporte du digital utile à la pratique traditionnelle.
43:08Ça apporte une lecture différente.
43:09Il y a une autre start-up qui est fantastique qui s'appelle Immersive,
43:12qui a travaillé avec la Coupe du monde au Qatar
43:17et qui a apporté une lecture à travers les lunettes connectées,
43:21statistiques qui donnaient en temps réel la vitesse des joueurs, etc.
43:25On pourrait très, très bien avoir ça demain au judo,
43:27la force, la rotation, la vitesse de rotation.
43:30Et en fait, je pense que les nouvelles générations
43:33veulent avoir ce plus statistique, digital,
43:37qui leur permet d'avoir une lecture du sport qu'eux-mêmes pratiquent,
43:41en tout cas un peu différente.
43:44Et ceux qui ne le pratiquent pas encore se disent
43:45« Waouh, c'est un sport moderne.
43:47Moi, j'ai joué au billard à trois bandes.
43:49Je regarde de temps en temps des compétitions de scouts. »
43:52Oui, c'est moi, il y en a deux en France.
43:55Mais il y a beaucoup de sports qui ont besoin de cette touche de modernité
44:00pour que les gens se disent « Waouh, en fait, c'est vachement bien. »
44:04Et puis, il y a une adaptation aussi des règlements.
44:06On n'en a pas parlé, mais c'est une évidence.
44:07Le volet a une idée de génie avec ce cinquième set
44:11qui se déroule sur une formule très ramassée,
44:14avec chaque point qui compte.
44:15Le judo aussi, avec le Golden Score, c'est ça.
44:19Mais après, les fédérations, elles sont en phase avec leur époque.
44:23C'est-à-dire que tout ça, c'est des outils, des supports
44:25qui leur permettent d'évoluer.
44:27Il y a des fédérations qui expérimentent des choses,
44:28qui s'appuient sur, comme le tennis de table, sur la réalité virtuelle.
44:33Mais ça, on va dire que si on ne fait pas ça, on meurt quelque part.
44:36Souvent, d'ailleurs, c'est assez marrant,
44:38vous vous présentez comme des vieilles fédérations.
44:40Mais vous êtes des vieilles fédérations.
44:42La réalité, c'est qu'on a une tradition et qu'on a cultivé.
44:46C'est ce qui fait notre force.
44:47Mais ça n'empêche pas non plus d'évoluer et de vivre avec son temps,
44:51avec le digital, avec tous les outils qui sont mis à disposition aujourd'hui
44:54et qui facilitent les choses et qui permettent d'explorer aussi
44:57de nouveaux environnements et d'aller chercher de nouveaux publics.
44:59Alors, sans perdre votre âme, est-ce que vous avez parfois,
45:03vous vous êtes interrogé sur la formule même du judo ?
45:06Parce que là, vous inventez quelque chose de nouveau.
45:08Mais sur la formule même des tournois de judo, vous parliez de Paris,
45:12on peut parler de Tokyo, de tous ces grands tournois.
45:15Est-ce qu'on va avoir, j'allais dire, deux poids, deux mesures,
45:18un peu comme le tennis où on a encore le grand chelème ?
45:21Roland-Garros, c'est intouchable.
45:23On joue 5-7.
45:25On n'a pas de tie-break au cinquième, sauf changement d'ailleurs.
45:29Je dis peut-être pas de bêtise, il y a pas de bêtise, non.
45:31Je crois qu'on n'a plus de tie-break, on n'a toujours pas de tie-break au cinquième.
45:34Est-ce qu'on va avoir un peu ces deux vitesses avec les grands monuments intouchables,
45:39le tournoi de Paris, les Jeux Olympiques, etc.
45:41Et puis, peut-être bouleverser un peu la règle du jeu pour les tournois classiques ?
45:46Aujourd'hui, c'est plus facile de faire des expérimentations au niveau national
45:51à travers les compétitions qu'au niveau international
45:54parce qu'on n'a pas la main sur les compétitions internationales.
45:56Le grand chelème de Paris, c'est la Fédération Internationale qui en est propriétaire,
46:00même s'il est organisé en France.
46:02Et donc, c'est toujours plus compliqué de faire bouger les fédérations internationales.
46:06Par contre, si demain la Judo Pro League fonctionne très bien,
46:10un modèle qui est quand même assez unique dans le monde du judo,
46:13même au niveau international,
46:14je suis persuadé, moi, que la Fédération Internationale s'en inspirera
46:18et peut-être que demain on aura...
46:19Vous êtes les seuls à faire ce type de compétition ?
46:21Oui, on est les premiers.
46:23Il y a eu le format international qui a été initié aux Jeux Olympiques, un mixteam,
46:28mais par équipe de club, on est les seuls à faire ça dans le monde du judo.
46:33Vous êtes d'accord de dire que si vous ne vous lancez pas là-dedans,
46:35vous allez mourir, les fédérations ?
46:37Non, je ne le dirais pas comme ça.
46:39Je n'étais pas contre.
46:40Il y a une des nouvelles générations, vous l'avez dit tout à l'heure.
46:44Je pense qu'il faut ne pas se fermer à la technologie.
46:49Là, on en a parlé, Apple va sortir encore un nouveau casque.
46:52Il ne va pas être un casque, il va être des lunettes.
46:54Là, on parle de réalité virtuelle.
46:56Je pense que demain, on parle de réalité augmentée.
46:58On va parler aussi d'intelligence artificielle.
47:00Je pense que demain, les sportifs pourront s'entraîner contre les champions d'hier,
47:04mais les champions d'aujourd'hui via l'intelligence artificielle.
47:07C'est une autre manière de pratiquer qui va avec son temps,
47:11mais la pratique traditionnelle, elle va rester.
47:14Nous, on défend aujourd'hui en interne de la Fédération de tennis de table,
47:17que c'est un complément pour l'activité qui est adapté aux débutants,
47:20qui est adapté aussi à des générations un peu plus âgées,
47:23même si le tennis de table se pratique à tous les âges déjà.
47:27Donc, c'est plus un complément et pas pour remplacer demain la pratique traditionnelle.
47:33Sébastien, vous représentez un sport qui est quand même ancré dans ces traditions.
47:36Il y a peu de sports comme le judo et qui les revendiquent à juste titre, avec des valeurs.
47:42Comment on marie tout ça ?
47:44Il faut trouver l'équilibre entre tradition et innovation.
47:47Aujourd'hui, on n'a plus, et toutes fédérations confondues,
47:51on n'a plus le monopole de la pratique sportive, par exemple.
47:54Et c'est en ça que je dis qu'il faut qu'on soit capable d'innover,
47:56tout en respectant nos fonds d'armes auto, nos traditions,
47:59parce qu'on en parlait tout à l'heure pendant le Covid.
48:02Par exemple, ce qui a manqué aux Français et à beaucoup de gens dans le monde,
48:06c'est quand même le lien social et l'activité physique.
48:10Aujourd'hui, les clubs de sport, que ce soit le judo ou le tennis de table ou autre,
48:15c'est ce qu'ils proposent.
48:16Aujourd'hui, on peut faire du sport dans une salle privée.
48:19Par contre, on ne trouvera pas le lien social, le côté éducatif,
48:23qui sont les fondamentaux des clubs sportifs.
48:26Et nous, c'est ce qu'on revendique.
48:27Mais ça n'empêche qu'on peut avoir un spectacle sportif de judo,
48:30attractif, ouvert au grand public,
48:32qui donne envie à des centaines de milliers d'enfants de venir pratiquer dans les clubs.
48:37Comment réagissent les gardiens du Temple ?
48:40Il y a les pour et il y a les contre.
48:41À partir du moment où il y a débat, c'est toujours un échange.
48:45On va dire qu'il y a une partie de la communauté de judo
48:48qui a un regard assez sceptique sur la judo pro-league.
48:52Et puis, il y en a d'autres, maintenant qu'on en est à la première saison
48:55et qu'ils ont vu que finalement la tradition était respectée,
48:57que c'est encore du judo qu'on pratique.
49:00Et au contraire, qu'il y a beaucoup plus de beaux mouvements de judo dans la judo pro-league
49:03parce que les règles le permettent.
49:05Même s'il y a un décorum un peu adapté, un peu moderne, ils s'y retrouvent.
49:11Je pense qu'on a un devoir d'acculturation de nos fédérations
49:14sur les choses qu'on expérimente et qu'on met en œuvre.
49:18Et à partir du moment où ça fonctionne,
49:20tout le monde sera...
49:21On arrivera à fédérer beaucoup plus facilement.
49:24Billiards en tête va se développer sur d'autres sports, d'autres activités ?
49:28Alors déjà, on a beaucoup de travail parce qu'au billard,
49:29on a la chance d'avoir plusieurs disciplines.
49:31Donc, on a les billards à poche, on a les billards...
49:33On parlait du snooker tout à l'heure.
49:34On a aussi le pool et le billard américain.
49:36Puis, on a le billard français qui est connu.
49:38Donc déjà, il va falloir développer du contenu pour l'ensemble de ces disciplines.
49:43Et ensuite, nous, on s'occupe essentiellement du billard.
49:47Mais en effet, cette technologie peut être utilisée sur d'autres sports.
49:50Est-ce que les sportifs, les pratiquants de très haut niveau s'intéressent à billard ?
49:55Alors oui, puisque le débutant, il va avoir beaucoup d'aide visuelle.
49:59On va lui dire où taper, comment faire le coup, etc.
50:02Mais ensuite, dans le sport de haut niveau,
50:04souvent, on a du mal à trouver des exercices soi-même
50:07pour pouvoir les faire tous les jours.
50:09On a du mal à trouver l'attention et le courage aussi de s'y mettre.
50:12Il y a beaucoup de solitude dans le billard.
50:14Nous, on va pouvoir rajouter un petit peu de confort tout simplement dans l'entraînement.
50:20La communication via Internet aussi avec un coach.
50:22Donc en gros, le coach à distance va pouvoir nous donner des exercices, nous observer.
50:26Et puis, on va pouvoir avancer comme ça.
50:27Donc oui, tout à l'heure, on voyait là sur les images,
50:30tout à l'heure, c'était un membre de l'équipe d'Algérie, nationale d'Algérie,
50:34qui était aux Championnats du monde.
50:36Et il a passé une heure sur le billard parce qu'il voulait vraiment faire le score,
50:41le meilleur score et battre les autres internationaux qui étaient venus aussi avant lui.
50:44Donc oui, ce sont des compétiteurs.
50:46Si on leur donne des jeux avec un objectif et une règle,
50:48ils vont pouvoir, et puis on va pouvoir comme ça, découper leur entraînement.
50:52Donc oui, ça s'adresse aussi au haut niveau.
50:54Les clubs et la fédération l'ont bien compris.
50:57Ils se sont tout de suite intéressés justement.
50:59Ils sont assez modernes, vieille dame, mais quand même qui a des idées modernes.
51:03Donc, ils ont compris que ce serait un outil intéressant.
51:05Ça ne remplace pas un coach.
51:06Ça ne remplace pas toute l'ambiance qu'on voit dans un club, etc.
51:11Mais ça rajoute une partie supplémentaire qui va pouvoir nous motiver.
51:16On va pouvoir jouer seul aussi, tout simplement.
51:17Jouer au billard seul, c'est compliqué.
51:19Et là, on a des exercices qui vont pouvoir nous accompagner.
51:22Donc, si on veut performer, on n'a pas le choix.
51:24Il faut passer par l'entraînement seul.
51:26Faire des parties de billard, ce n'est pas suffisant.
51:28Jean-Marc Gilles, si on veut conclure et peut-être résumer tout ce qui a été dit
51:32dans cette première et cette deuxième partie.
51:34La première chose que j'ai envie de dire, c'est que je suis assez optimiste
51:37finalement sur la faculté du sport français, déjà,
51:40parce que c'est ce qui nous a intéressé en premier,
51:42de s'adapter à cette nouvelle demande.
51:44Et ça, c'est la première question.
51:46Vous êtes d'accord avec moi ?
51:48Oui, complètement.
51:48Et le sport français et l'international aussi.
51:52Pas mal de rencontres à Lausanne et c'est le même mouvement.
51:54Je pense qu'ils ont transformé cette obligation en opportunité.
51:59Et je pense qu'il y a deux points fondamentaux que les fédérations cultivent.
52:04C'est que, un, ce sont les garants des règles.
52:06Tous les outils qu'on voit, nouveaux outils permettent d'être garants de ça.
52:10C'est très important, notamment dans les sports de combat.
52:13Et deuxièmement, ça doit être pour moi les garants de l'éducation.
52:16Je prends souvent cet exemple un peu absurde.
52:20Le MMA a été autorisé à l'éducation des enfants
52:24avant qu'il soit autorisé en France à la compétition,
52:26ce qui est une absurdité totale.
52:29Et je pense que fondamentalement, les fédérations doivent être
52:33les garants de comment se fait le sport.
52:36Il y a différentes étapes.
52:39Le judo est un sport de combat.
52:41Ça ne se fait pas n'importe comment.
52:43Toute personne qui donne des cours sur YouTube ne peut pas être référent.
52:46Et ça, c'est fondamental.
52:47Très juste.
52:49Alors, on a vu des sports,
52:52j'allais dire garants de valeurs.
52:53On va faire le procès de personnes.
52:54Mais c'est vrai que sur le judo, il y a une évidence.
52:56Sur le rugby, il y a une évidence.
52:58Parlons quand même du football.
52:59Est-ce que le football est prêt à s'adapter à tout ça ?
53:02Ou est-ce que le football a-t-il tout simplement besoin de s'adapter ?
53:05Est-ce que cette force naturelle du football ne suffit pas
53:08puisque le football est moins ancré sur des valeurs, sur un esprit
53:12que sur, je veux dire, le grand nombre ?
53:16Moi, je défends beaucoup le foot.
53:17Et j'étais, la semaine dernière, privilégié
53:19parce que j'ai été à la remise des trophées du Fonds d'action du football Philippe Seguin.
53:25Le foot a ce laboratoire des 200 et quelques clubs en France
53:32qui ont des initiatives sociétales, éducatives, etc.
53:34Donc, le football est au cœur de tout ça.
53:37Je pense que le foot est très, très conscient de ce qu'il subit.
53:41Parce que je ne suis pas sûr que le rugby,
53:44s'il y avait autant d'argent dans le rugby,
53:45si le rugby humain garderait les mêmes valeurs.
53:50Effectivement, c'est un sport qui est différent de par sa masse,
53:52de par l'argent investi, mais il essaie de...
53:57Je me reprends juste quand même sur l'histoire de l'argent
53:59parce que sur les matchs de jeunes,
54:04je parlais de mon expérience de père tout à l'heure sur le judo,
54:06j'ai eu aussi l'expérience du rugby et j'ai eu aussi l'expérience du foot.
54:09Là, il n'est pas question d'argent.
54:11Mais les attitudes au bord du terrain judo-rugby
54:14n'ont rien à voir avec celles du foot chez les tout-petits.
54:17Parce qu'au bord du terrain, il y a essentiellement des papas
54:20qui poussent dès 5-6 ans leurs enfants à dire
54:23« toi, tu peux devenir bappé et gagner 60 millions par an ».
54:27Je pense que ça vient aussi de ça.
54:28Je n'excuse pas tout, mais ça vient aussi de ça.
54:31Effectivement, il y a des valeurs fondamentales
54:34qui sont très différentes selon les sports.
54:37Donc le foot a besoin de se bouger un petit peu aussi ?
54:39Oui, ils sont sur la bonne voie, ils en sont conscients.
54:42Après, ils ne peuvent pas tout maîtriser non plus.
54:46Il est temps pour moi de remercier Pierre Driau à la réalisation,
54:49Clément Rieter à un gesson, la maquilleuse Sandrine David,
54:53Bertrand Pucheux à l'édition et, comme de Dieu le veut, à la vision.
54:56Ça, c'était mon équipe, à moi.
54:58Merci à vous, en tout cas, d'être venus témoigner.
55:01Et puis, on va rester optimistes, comme souvent dans cette émission.
55:04Il y a une volonté de bouger, il y a une nécessité de bouger.
55:08Et le sport semble en avoir bien pris conscience.
55:10Merci à vous tous.
55:11C'était un peu masculin, cette émission, quand même.
55:13On fera mieux la prochaine fois.
55:14Merci.
55:28Sous-titrage Société Radio-Canada