• il y a 5 mois
Chaque mois, un sujet qui fait débat dans le sport Français. Aujourd'hui, place à la question du genre dans le sport. Le sport est reconnu comme un droit fondamental (UNESCO, UE, ONU). Alors, pourquoi, en 2021, des hommes, des femmes ne peuvent pas le pratiquer ? Par leur genre ? Leur orientation sexuelle ? Analyse de la situation et nos invités évoqueront plusieurs possibilités pour faire changer les mentalités. Patrick Chêne reçoit pour cela : - Bénédicte Ouvry, Vice-Présidente – FF Aviron - Aurélie Bresson, Présidente de la Fondation Alice Milliat - Manuel Picaud, Co-Fondateur – Fondation FIER - Alexandre Diallo, Docteur en Sociologie – Chercheur associé à l’école des Hautes Etudes en Sciences Sociales Une émission à ne pas manquer ! Présentateur : Patrick Chêne Invités : Bénédicte Ouvry, Aurélie Bresson, Manuel Picaud, Alexandre Diallo

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Sport
Transcription
00:00Les grandes questions du sport avec MGEN Mutuelle Santé Prévoyance.
00:07Bienvenue à tous, les grandes questions du sport, l'originalité de cette émission
00:30c'est de prendre son temps, c'est de poser les problèmes, d'aller au fond des choses
00:34et de ne pas zapper, nous sommes ensemble pour plus de 50 minutes.
00:38Alors l'originalité, ce sont les thèmes aussi, parce qu'ici on aborde tous les thèmes
00:42et celui d'aujourd'hui est un bel exemple car on en parle peu dans les médias finalement
00:46ou parfois peut-être d'une manière un petit peu caricaturale, on va essayer de traiter
00:52aujourd'hui le sport et le genre, le genre dans le sport, en allant justement au fond
00:58des choses.
00:59Et pour cela nous avons réuni 4 invités que je suis ravi de recevoir, Bénédicte
01:04Ouvry, vous êtes vice-présidente de la Fédération Française d'Aveyron, vous êtes présidente
01:08de la Ligue de Normandie d'Aveyron et présidente du club d'Aveyron de Dieppe, j'arrête là
01:13parce qu'il y a encore le comité olympique, etc.
01:15On expliquera un peu mieux ce que vous faites tout à l'heure.
01:18Aurélie Bresson, Aurélie bonjour, ravie de vous recevoir, vous êtes présidente de
01:21la fondation Alice Millia et on expliquera tout à l'heure ce dont il s'agit évidemment.
01:26Alexandre Diallo est avec nous évidemment, il fallait bien un docteur en sociologie
01:30quand même pour évoquer ce terme et vous l'êtes.
01:32Vous êtes chercheur associé à l'école des hautes études en sciences sociales.
01:36Et puis pour compléter ce joli plateau, j'ai le plaisir d'accueillir Manuel Picot qui est
01:43cofondateur de la fondation FIER, on y reviendra tout à l'heure aussi pour expliquer ce que
01:47signifie ce FIER justement.
01:49Alors, sport et genre, je crois que c'est un des thèmes, une des émissions où il
01:55convient peut-être de définir le mot avant d'essayer de le décortiquer.
02:00Alors on prend tout simplement le Larousse et on apprend que le genre, c'est un concept
02:05qui réunit dimensions identitaires, historiques, politiques, sociales, culturelles et symboliques
02:11des identités sexuées.
02:13Voilà, on aura au moins posé le problème.
02:16Je vais quand même me tourner du côté d'Alexandre, vous êtes enseignant donc, je le disais,
02:21à Sciences Po je crois, autour d'un cours qui porte précisément sur la question du
02:27gender equality, est-ce que cette définition a du sens ?
02:31Cette définition elle a du sens, elle a du sens pour au moins une chose, c'est-à-dire
02:35qu'elle montre la notion, l'aspect fondamental qui est la multidimensionnalité.
02:40Ça pour moi c'est fondamental quand on parle de genre et finalement en fait une définition
02:45qu'on pourrait formuler, en tout cas sur le genre, c'est le fait que le genre, qu'est-ce
02:50que ça fait ? C'est que ça désigne en fait des processus et des rapports sociaux
02:55qui vont diviser, qui vont polariser, qui vont organiser l'humanité, donc nous, en
03:02différentes catégories, et ces catégories c'est des catégories de sexe, des catégories
03:06de genre, des catégories de sexualité, formulées autrement, on pourrait dire masculin, féminin,
03:11homme, femme, mâle, femelle, cisgenre, transgenre, intersexe, homo, hétéro, et ce que ça montre
03:19finalement c'est que c'est un concept qui est à la fois pour eux mais qui est multidimensionnel
03:25et c'est quelque chose d'important, en tout cas dans l'acceptation et aussi dans
03:29les débats que nourrit en fait le genre et on voit que tous les débats qu'ils portent
03:34sur le genre sont des débats qu'ils portent sur différentes dimensions et dans lesquels
03:38des acteurs ou des actrices, que ce soit des fédérations, que ce soit des intellectuels
03:42qui discutent là-dessus, ils discutent finalement de différentes catégories et donc voilà,
03:49pour moi en tout cas c'est fondamental de poser le débat sur l'aspect multidimensionnel.
03:54Après on pourrait discuter des débats et des théories entre chercheurs ou chercheuses
04:01mais finalement l'important c'est cet aspect-là.
04:04– Aurélie Bresson, j'allais dire, l'arrivée, la visibilité du genre, de la sexualité dans le sport,
04:13c'est nouveau, c'est récent ?
04:15– C'est très récent, surtout quand on regarde dans les pays chez nos voisins,
04:18dans les pays européens ou aux États-Unis,
04:20eux ça fait quand même pas mal d'années qu'ils travaillent sur la question,
04:24en France ça doit être les années 90 où il y a des chercheurs, des sociologues,
04:27des enseignants qui se sont penchés dessus, un petit clin d'œil à Thierry Theret,
04:32à Catherine Lovo qui se sont penchés sur la question,
04:34mais c'est vrai que c'est très récent, je dirais années 90.
04:37– Ça ne touchait pas du tout le grand public en tout cas à ces époques.
04:39– Pas du tout, pas du tout, c'est vrai que médiatiquement maintenant
04:42on sent que ça commence à faire sens, qu'il y a la libération de la parole également,
04:50il y a aussi dans les entreprises, j'ai lu justement récemment qu'au mois de juin,
04:53l'entreprise Nokia, sans la citer, avait justement impulsé que ses salariés
04:57puissent signer justement les signatures de mail avec un petit surnom
05:04qui correspondait beaucoup plus à leur genre, donc on voit que ça bouge,
05:08mais dans le sport c'est encore plus récent puisqu'il y a ce rapport au corps
05:12qui est toujours beaucoup plus bloquant, et après, comme on l'a dit tout à l'heure,
05:16la question de la femme au Parlement.
05:19– J'aime beaucoup cette approche de dire que le corps justement
05:21a une telle importance dans le sport qu'il est quand même encore plus paradoxal
05:25que tout ça ait été non évoqué, et n'hésitez pas à prendre la parole
05:29sans passer par moi.
05:30– Juste là-dessus, je pense qu'il y a aussi quelque chose d'important
05:33que dans le sport, c'est qu'il y a une espèce de culte de la performance,
05:35c'est-à-dire qu'on met tout sur la performance et on est dans une sorte de hiérarchisation
05:40un petit peu verticale, il y a les très fortes, les très forts, les moins forts,
05:43les moins bons, etc. et finalement tout ça gomme les personnes qui le pratiquent,
05:49or le sport ou les sportives ou les sportifs sont des citoyens à part entière,
05:53donc finalement tout ce qu'on retrouve dans la société, dans sa globalité,
05:57on le retrouve chez les sportives ou les sportifs,
05:59simplement il y a une injonction et une simple focale qui est portée sur la performance,
06:04on s'intéresse aux médailles, on s'intéresse aux records, on s'intéresse aux buts,
06:07en tout cas récemment on peut dire que la France n'est pas allée très loin
06:12dans la compétition européenne, bon ben voilà, on s'intéresse à ça,
06:15on s'intéresse finalement assez peu à l'humain qui est le sportif ou le sportif.
06:20– Manuel Picot, juste avant que vous interveniez, qu'est-ce que la Fondation FIER ?
06:25– La Fondation FIER est une fondation inclusion pour un environnement respectueux
06:29pour les personnes lesbiennes, gays, bi, trans, dans le sport et la culture,
06:35donc comment inclure toutes ces personnes dans un environnement
06:40qui ne les accueille pas forcément naturellement.
06:42Notre fondation a trois missions, une mission de financer des projets,
06:47d'accompagner les organisations notamment sportives ou culturelles
06:51et puis enfin de faire des plaidoyers, des préconisations
06:55et on vient de sortir un guide de préconisation que j'ai là,
07:00qui est un guide de préconisation pour rendre le sport plus inclusif
07:05et on crée un label FIER qui va reconnaître les organisations sportives
07:11les plus vertueuses en matière d'inclusion et de respect.
07:14– On va parler d'exemples dans le sport avec Bénédicte Ouvry dans quelques instants,
07:17vous avez parlé de sport et de culture, est-ce qu'on peut dire sans être caricatural
07:23que dans la culture c'est quand même plus facile d'afficher sa sexualité,
07:27son genre, son identité que dans le sport ?
07:30On l'a vu récemment dans le formidable documentaire de Canal+,
07:34sur justement l'homosexualité dans le sport, ça reste bouleversant ce documentaire
07:41car il montre à quel point dans le sport tout ceci suscite des « Ah mais ça existe ! »
07:48comme si le sport était un monde totalement à part.
07:50Dans la culture on n'a pas ce phénomène quand même,
07:52dans la culture on affiche beaucoup plus ces différences.
07:55– Alors je vais prendre juste un petit exemple en Allemagne,
07:59dernièrement il y a eu 800 personnalités du monde culturel
08:02qui ont fait un « coming out » en même temps pour sensibiliser sur ce sujet.
08:07Et en fait on a la croyance que dans le monde de la culture,
08:12l'homosexualité, l'identité de genre, quelque chose de banal,
08:17ça ne l'est pas véritablement et ça pose encore des sujets.
08:21Mais c'est vrai que le sport qui a été construit pour revenir sur des valeurs de virilité,
08:27de performance et de patriotisme,
08:31a fait que les personnes qui ne sont pas dans la norme présupposée
08:37ne sont pas très facilement visibles et rechignent à faire leur « coming out ».
08:45Dans notre pays, en France, nous avons depuis 1999 le « coming out » d'Amelie Morismo,
08:54seulement une vingtaine d'athlètes de haut niveau
08:57qui ont fait leur « coming out ».
08:58Alors il y a trois raisons à ça.
09:00La première, c'est qu'ils ont pu être chassés de l'organisation sportive.
09:06C'est l'exemple de Yoann Lemaire qui est un footballeur amateur dans les Ardennes
09:10qui a été rejeté par son club.
09:14Ou alors ils se sont exclus eux-mêmes.
09:16Et c'est l'exemple de Wissem El Ghassem qui vient de sortir un livre « Adieu ma honte »
09:22où il explique que finalement le secret a été tellement lourd à porter
09:28qu'il n'a pas eu la performance qu'il fallait.
09:30Et puis la troisième raison, c'est que ces personnes ne viennent pas dans l'organisation sportive.
09:42J'en rajouterais une quatrième évidemment, c'est qu'ils se cachent
09:45et qu'ils attendent la fin de la carrière pour faire leur « coming out ».
09:50Et s'ils se cachent, c'est parce qu'ils ont le sentiment
09:53que le monde sportif ne les acceptera pas dans cette identité-là.
09:58Et je pense que c'est en train de changer.
10:01Et ça c'est une bonne nouvelle avec ce documentaire récent.
10:06– Bénédicte Ouvry, on va rentrer vraiment dans le vif du sujet du sport
10:09puisque vous êtes la vice-présidente d'une grande fédération,
10:11la Fédération Française d'Aviron.
10:13Le sport c'est l'échange, c'est le partage.
10:16Il y a quand même un paradoxe extraordinaire de voir que le sport est le monde
10:21dans lequel la reconnaissance, c'est-à-dire l'affichage de l'homo est très bien choisi,
10:26mais simplement le fait de vivre normalement sa sexualité
10:29est pratiquement plus difficile qu'ailleurs.
10:31– Oui, alors les masques tombent un petit peu, on évolue aujourd'hui,
10:39mais c'est encore des sujets très tabous dans le sport.
10:44On y travaille, mais ça reste vraiment encore des sujets problématiques
10:50dans le milieu sportif.
10:51– Vous avez été confrontée pendant votre carrière dirigeante ou sportive
10:56à ces difficultés pour certains jeunes de vivre leur sexualité
11:01dans un monde très viril, très performance,
11:05comme disait tout à l'heure Alexandre Diallo ?
11:08– Alors moi personnellement, non, pas du tout,
11:11parce que c'est des sujets que je traite naturellement et normalement,
11:16mais on peut le retrouver vis-à-vis aussi des femmes,
11:21puisque ça par contre dans des sports plutôt masculins ou virils,
11:28c'est des choses où on est confronté au problème.
11:32Alors nous, à la Fédération, on a pris la mesure des choses,
11:37on travaille régulièrement depuis quelques années avec l'Université de Lyon 1,
11:45le Master égale Haps, qui traite justement des questions de genre et de mixité.
11:52Du coup, les fédérations, on a pris conscience qu'il fallait,
11:56alors on n'est pas des sociologues,
11:58mais on a pris conscience qu'il fallait travailler avec la sociologie
12:02et qu'il fallait s'appuyer à des docteurs ou avec des sociologues,
12:09ou comme nous, l'Université de Lyon 1,
12:13qui nous aident à mettre des programmes en route,
12:15qui nous aident à faire des enquêtes pour pouvoir justement poser les problèmes,
12:22poser les chiffres et après ça nous apporter des solutions
12:25et à nous après de les mettre en place bien sûr.
12:28– On n'a pas l'impression, avec son dialogue, que la France est un peu en retard,
12:32notamment pour la sociologie, pour aborder ce type de problème.
12:37Comment ça s'explique ?
12:39– Alors, je pense que c'est, j'ai envie de vous dire que c'est une impression un peu fausse,
12:43c'est-à-dire qu'en tout cas il y a eu des travaux…
12:45– Elle était en retard, on va dire ?
12:46– Non, je pense qu'au contraire, en tout cas depuis les travaux de Simone de Beauvoir,
12:50on s'est intéressé à cette question-là, donc dire qu'il y a un retard c'est faux.
12:54Par contre, il y a un retard, j'allais dire, d'exposition et un retard de prise de conscience,
12:59c'est-à-dire qu'il y a une vraie tradition, y compris chez les chercheuses
13:03ou les chercheurs américains qui ont travaillé dans les années 80 ou dans les années 70
13:07sur ces questions-là, ils ont bien utilisé le matériau qui était à leur disposition
13:12et principalement la French Theory, donc on a eu une influence.
13:16Il y a eu un retard, mais le retard que l'on a…
13:17– Vous avez parlé d'un terme que je n'ai absolument pas entendu.
13:19– Oui, alors avec mon accent, normalement je parle bien anglais,
13:22mais quand je parle français et que je cite…
13:25– Non, non, mais ce n'est pas l'accent, c'est simplement que je ne comprends pas,
13:28je ne connais pas.
13:29– Non, c'est tout simplement ce qu'on désigne par French Theory, c'est…
13:34– Ah la théorie ?
13:35– Voilà, c'est les anglais.
13:36– Ah la théorie, c'est en effet…
13:37– C'est exactement.
13:38– Mais les anglais étaient bien placés pourtant, ça peut être mes oreilles.
13:41– C'est les intellectuels qui ont influencé…
13:44– Alors, ce que je veux dire, je n'étais pas en train de dire que la sociologie,
13:48je l'ai mal dit, était en retard, j'ai simplement n'étais pas entendu, écouté,
13:52relayé, parce que ces théories dont vous parlez,
13:55est-ce qu'elles atteignaient le public, le grand public ?
13:57– Mais parce que je pense qu'il y a une prise de conscience progressive,
14:01et notamment sur la question du sport, on regarde le sport autrement
14:04que simplement par le prisme du résultat ou par le prisme de la performance
14:09ou par le prisme juste du jeu en lui-même,
14:12mais on s'intéresse aux pratiquantes et aux pratiquants,
14:14quels que soient leurs niveaux, et on commence à s'intéresser à ça.
14:16Donc, à partir du moment où on complexifie son modèle,
14:19à partir du moment où on s'intéresse à autrui,
14:21il est évident que ces questions qui traversent la société, elles existent,
14:26mais il faut un début, et le début, c'est quoi, on en a parlé,
14:30il y a cette idée de coming out, en tout cas chez les sportives et chez les sportifs,
14:34l'expression « tomber le masque » est plus que malheureuse et maladroite à mon sens,
14:38parce que… – On se met tous les deux.
14:41– Non, mais non, absolument pas, non, elle montre beaucoup de choses,
14:45non, au contraire, elle montre beaucoup de choses,
14:47c'est que normalement, on devrait être dans une société
14:49où finalement, les personnes LGBTQ, ça ne devrait pas être un événement.
14:56– Bien sûr, bien sûr.
14:58– Ça ne devrait pas être un événement, ça fait partie de…
15:02– C'est pas une question de formation.
15:03– Exactement, et on ne devrait pas faire…
15:05Alors, le documentaire était magnifique, très émouvant, mais normalement, ça devrait…
15:09– Oui, mais ce documentaire dit quand même des choses…
15:11– Mais il est nécessaire, on est bien d'accord.
15:13– Complètement nécessaire, et moi, quand je vois Céline Dumère
15:15qui dit que certaines filles disaient « ah ben, je ne vais peut-être plus aller sous la douche »
15:18avec « d'aller confondre une sexualité avec une perversité »,
15:24j'ai trouvé ça totalement agressant, d'une violence extrême.
15:28Revenons un peu à votre fondation Aurélie,
15:32d'abord, définissez-moi la fondation Alice Mia, si vous le voulez bien.
15:35– Oui, alors, la fondation Alice Mia est née, justement,
15:37face aux inégalités entre les hommes et les femmes, en 2016.
15:42Elle est née, c'est la première née en Europe sur la question de la médiatisation du sport féminin,
15:47et qui s'est ouverte plus largement aussi aux questions de mixité.
15:51– Le premier combat, c'était ça, c'était « on ne montre pas dans les médias
15:54les compétitions féminines alors qu'elles ont autant d'intérêt,
15:57pourquoi est-ce que cette virilité qui domine le sport a aussi atteint les médias ? »
16:01C'était ça, votre premier combat.
16:02– Exactement, c'était aussi à travers Alice Mia.
16:03Alice Mia, qui est la grande pionnière du sport féminin,
16:06qui a été la première femme dirigeante,
16:08et d'ailleurs, cette année, c'est le centième anniversaire
16:10de la Fédération Internationale Sportive Féminine, créée par Alice Mia,
16:15pour permettre justement à ce que les femmes puissent participer officiellement aux Jeux Olympiques.
16:20C'était il y a pile 100 ans, donc il y a eu du chemin de fait depuis.
16:24Mais c'est vrai que la reconnaissance d'Alice Mia,
16:25c'est reconnaître une partie de l'histoire aussi du sport,
16:30que les femmes, ce n'était pas toujours inné que les femmes puissent participer aux Jeux Olympiques,
16:34ce n'était pas toujours inné qu'elles puissent pratiquer librement du sport et officiellement du sport.
16:38Donc la fondation est née de là, en fait,
16:41faire reconnaître, donner de la visibilité à Alice Mia.
16:45C'est aussi face à Pierre de Coubertin, notre cher baron Pierre de Coubertin,
16:50fondateur des Jeux Olympiques modernes, qui était un grand macho.
16:52– Le plus grand macho.
16:53– Voilà, et depuis le 8 mars dernier, d'ailleurs, une œuvre d'art a été effigée
16:59à l'honneur d'Alice Mia, à côté de Pierre de Coubertin, à la Maison du sport français.
17:04– Qui, aux dernières nouvelles, s'est retrouvée là où ça tombe.
17:06– Ah ah ah !
17:09– Ce n'est pas très gentil, parce que c'est vrai que depuis que je suis enfant,
17:12on dit, ah Coubertin, tout, l'essentiel c'est de participer,
17:15la France a été virée de l'euro, ce n'est pas grave,
17:18qu'ils s'y disent de participer, puis les femmes dans le sport,
17:21je pense que c'est vraiment leur place.
17:22– Voilà, ça n'existait pas, il devait juste remettre les bouquets de fleurs,
17:24faire les bises et c'était tout.
17:26Mais c'est vrai que c'est un…
17:27– Mais on ne va pas déboulonner les statuts non plus,
17:29on ne va pas faire comme pour Coubertin ou autre.
17:31– L'idée n'est pas de réinventer l'histoire, mais juste apporter un complément
17:34et dire qu'à un moment donné aussi, le sport n'est pas que masculin
17:37et qu'il y a aussi un développement au niveau des femmes.
17:41Et donc la fondation Alice Mia est vraiment née face à ces inégalités.
17:46– Et le spectre est élargi désormais donc avec…
17:48– Exactement, on organise justement un festival de rugby amateur
17:53qui aura lieu en 2022, qui a été reporté en raison malheureusement du Covid.
17:59Et la question du genre est assez prégnante justement dans le rugby,
18:02qui est vraiment un sport dit masculin.
18:05Et on a sorti justement un livre récemment sur les questions du rugby et du genre,
18:10qu'on a sorti entre la fondation Alice Mia et le think tank Sports et citoyenneté.
18:16Justement, c'est une sorte de recueil de toutes les initiatives en faveur du rugby,
18:22en faveur d'une certaine mixité, en faveur de la pratique pour tous.
18:26Et c'est en mettant justement en synergie toutes ces initiatives,
18:29c'est pour inspirer et pour justement aller encore plus de l'avant
18:33de manière constructive et positive.
18:36– Manuel Picot, l'homosexualité dans le football notamment,
18:40elle a eu des gens très actifs d'ailleurs et très efficaces
18:45qui avaient monté un club gay justement pour montrer
18:48qu'on pouvait être gay et pratiquer le football.
18:50Est-ce que ce n'est pas un peu dépassé aujourd'hui ?
18:52Est-ce qu'aujourd'hui, l'objectif ce n'est pas plutôt de retrouver des gays,
18:56des non-gays, des hétérosexuels et que ce ne soit plus justement,
19:01comme vous le disiez tout à l'heure Alexandre justement,
19:03que ce ne soit plus un problème que de dévoiler, de tomber le masque,
19:08comme vous disiez, mais que tout ceci soit naturel.
19:10Parce que le simple fait qu'on ait dû créer, mais c'était il y a longtemps
19:14et je pense que ça a été vraiment une belle croisade si j'ose dire.
19:17– Du Paris foot gay.
19:18– Voilà exactement.
19:19Maintenant, est-ce qu'il ne faut pas justement…
19:21– Alors il y a plusieurs choses à dire.
19:23D'abord, effectivement, les personnes lesbiennes, gays, bi, trans
19:26n'ont pas toujours trouvé l'accueil favorable
19:30dans les fédérations sportives, dans les clubs.
19:33Donc du coup, ils se sont organisés pour faire du sport ensemble
19:37et ils ont créé leur propre compétition selon des règles nouvelles.
19:41C'est l'esprit de la fédération sportive gays et lesbiennes
19:44qui a rassemblé une cinquantaine de clubs en France et des milliers de pratiquants.
19:50Et puis d'autre part, les Gay Games qui sont une compétition mondiale
19:54qui ont eu lieu à Paris en 2018 et que j'ai eu l'honneur de co-présider
19:58et qui a réuni plus de 10 000 athlètes du monde entier.
20:00Donc autant que les Jeux Olympiques de chaque année.
20:04Et l'idée de ces jeux et de ces clubs,
20:07c'est de permettre l'inclusion de toutes les diversités.
20:11La participation, quel que soit son niveau,
20:14quel que soit son handicap, son origine, etc.
20:17Et puis le dépassement de soi plutôt que la compétition absolue.
20:22Et c'est l'idée d'un sport pour tout le monde.
20:27– Ce n'est pas pour tout le monde, parce que vous me dites en ce moment,
20:30pardon d'être provocateur,
20:32mais vous me dites que c'est une compétition qui est réservée aux gays.
20:35– Pas du tout, j'ai pas dit ça.
20:36– Les Gay Games, j'avais compris que c'était réservé aux gays.
20:39– Ce sont des jeux gays, des jeux heureux.
20:42Ce n'est pas forcément des Gays Games,
20:45ce ne sont pas des jeux dé-gays, ce sont des jeux gays.
20:48Et en fait, ce sont des jeux pour justement sensibiliser.
20:51– D'accord, très bonne précision, parce qu'autrement,
20:52je pensais que la piste était un peu…
20:53– Mais non, en fait, on ne demande jamais l'orientation sexuelle.
20:56Mais par contre, on permet en fait à toute personne qui participe
21:00à exprimer sans aucun souci son identité de genre ou son orientation sexuelle.
21:08Et on adapte le sport pour qu'il tienne compte de toutes les particularités.
21:13Un exemple, dans les personnes d'identité de genre,
21:19il y a des gens qui se considèrent non-binaires, ni hommes ni femmes.
21:24Où vous les mettez dans une compétition habituée ?
21:25Nous, nous avons créé des compétitions et des courses de personnes
21:28avec des classements non-binaires.
21:30D'autres représentations ou de sport, mais forcément des couples de sexes différents.
21:37Nous, nous avons créé des compétitions de couples de même sexe en patinage artistique, etc.
21:41Et d'autres sports qui sont limités, parce qu'ils ont une coloration
21:48soit masculine, soit féminine, aux femmes ou aux hommes.
21:51Eh bien, nous, on fait l'inverse.
21:53Et on a créé des compétitions de natation artistique pour les hommes.
21:59Et c'est aux Gay Games que, pour la première fois,
22:03les femmes ont eu une compétition mondiale de lutte.
22:07Et que la fédération de lutte, derrière, a reprise.
22:10Et c'est très bien.
22:11Donc, on essaie d'ouvrir, en réalité, le sport
22:15pour que, finalement, tout le monde puisse s'y accomplir dans la bienveillance,
22:22sans stigmatisation, sans discrimination.
22:25Et on essaie d'être un modèle pour le reste du sport.
22:28On essaie d'infuser.
22:30– Et tout à l'heure, vous disiez, la sociologie ne s'est pas emparée du sujet.
22:34La première conférence internationale qu'on a organisée, en France,
22:39sur sport et homosexualité, date effectivement de 2006.
22:42C'était à Lyon, c'était avec Philippe Lyotard,
22:45qui est un grand spécialiste de la question.
22:47Et puis, depuis, on a fait la conférence 2018 pour le sport pour tous.
22:51Et on continue dans la fondation de ce travail de recherche
22:57qui permet de faire des préconisations adaptées.
22:59– Les précisions, elles étaient utiles, vous voyez,
23:02parce que j'étais parti, peut-être, sur une fausse piste.
23:06Dans une interview, Olivier Giroud, footballeur d'équipe de France
23:09qu'on connaît tous autour de cette table, a déclaré
23:12qu'il est impossible d'afficher son homosexualité dans le football.
23:15Il y a du boulot, là. Qu'est-ce que vous en pensez ?
23:18– Ce que ça demande, surtout, c'est ce dont Manuel parlait tout à l'heure.
23:20C'est-à-dire, il y a une autocensure chez les praticiens et chez les praticiennes.
23:26C'est-à-dire qu'à nouveau, on est dans une situation
23:29qui consisterait à penser que le sport de haut niveau
23:33est uniquement pratiqué par des hommes hétéros et peut-être blancs,
23:39même si on continuait.
23:40Or, le sport, s'il est fédérateur et si le sport est le reflet de la société,
23:45il y a forcément des différences.
23:48Et ce que ça montre, simplement, c'est qu'il y a une sorte d'omerta
23:53sur ces questions-là.
23:54Et en Angleterre, puisqu'Olivier Giroud joue à Chelsea,
23:58en Angleterre, je crois qu'il y a un an ou deux ans,
24:00il y avait un footballeur professionnel en premiers chips
24:02qui a déclaré étant homosexuel.
24:05Et donc, il s'est anonymisé.
24:07Et le jeu, en tout cas, chez tous les fans des clubs anglais,
24:10c'était de deviner quel pouvait bien être ce joueur
24:14en regardant soit leur femme ou l'absence de femme,
24:18en regardant s'ils sont cultivés ou pas cultivés.
24:21Il y a 20 ans, il y avait un joueur, Graham Lessoe,
24:24qui, parce qu'il était cultivé et qu'il lisait le Guardian,
24:27on pensait qu'il était homo.
24:31Il y a tellement de préjugés, à la fois à l'intérieur des investisseurs,
24:35mais aussi dans le public.
24:37Et face à ça, ça montre juste soit le fait qu'on ne veut pas voir,
24:44soit le fait qu'on prend du temps à comprendre
24:46que le sport est simplement le reflet de la société.
24:50– Est-ce que vous êtes optimiste, vous qui agissez dans ce domaine ?
24:54– Moi oui, parce qu'on voit quand même que la parole, elle se libère.
24:59Par contre, je pense que le milieu sportif a vraiment un gros chantier à entamer
25:06pour qu'on aille beaucoup plus loin.
25:08Il ne suffit pas que la parole se libère.
25:10Il faut maintenant vraiment mettre des actions en place
25:13pour pouvoir avancer et vraiment que tout le monde se sente bien à faire du sport.
25:19– Vous avez ouvert la voie, Mélédicte Ouvry,
25:21puisque c'est ce que nous traiterons dans la deuxième partie de cette émission,
25:24les pistes justement pour que tout ceci devienne fondamentalement naturel
25:30et qu'on ne soit pas là à s'étonner, à se dire quel courage,
25:33quelle merveilleuse action ont fait ces jeunes gens
25:37qui ont fait leur coming out via Canal+.
25:39On en parlera dans quelques instants, à tout de suite.
25:43– Générique
25:44
25:51Les grandes questions du sport, deuxième partie.
25:55J'évoquais tout à l'heure ce formidable documentaire sur Canal+.
25:59On dit parfois ça confraternellement, mais là c'est vrai.
26:02Et c'est un documentaire qu'il faut que vous voyez si vous l'avez laissé passer.
26:05Et je pense qu'un jour ce documentaire sera diffusé en clair.
26:08Il le mériterait en tout cas, car il dit beaucoup de choses.
26:10Je vais citer les sportifs et les sportives qui ont témoigné dans « Faut qu'on parle »,
26:17ce documentaire diffusé sur Canal+, qu'on doit à Arnaud Bonin et Eliès Ouhou.
26:25Trois sportifs et trois sportives, donc Jérémy Stravius,
26:28le patineur Kevin Aymoz, le rugbyman Jérémy Klamiedrou,
26:31l'escrimeuse Astrid Guyard, la judocat Amandine Bouchard,
26:36dite Bubuche, et la basketteuse Céline Dumercq.
26:40Pourquoi je les cite ?
26:42Tout simplement parce que c'est un documentaire emprunt d'une humanité incroyable
26:48et qu'il y avait quelques personnages que je connaissais de par ma fonction,
26:52mais j'ai découvert des personnages extraordinaires de bienveillance, de curiosité et d'amour finalement.
27:00C'est un geste d'amour, je pense, qui a été fait là pour justement permettre
27:04à des jeunes peut-être qui ont vu ce documentaire de se dire
27:07« Finalement, je suis un rugbyman costaud, je suis homosexuel, et alors ? »
27:12Est-ce que vous partagez mon analyse de ce documentaire exceptionnel ?
27:15Complètement.
27:16Alors, développez un petit peu.
27:17Complètement, moi j'ai trouvé que c'était aussi des belles déclarations d'amour
27:20pour les personnes qui accompagnaient aussi ces athlètes
27:22et qui n'ont pas pu en fait libérer aussi leurs propres paroles.
27:26Je trouvais qu'il y avait certaines déclarations d'amour qui étaient très touchantes,
27:29comme celle d'Astrid Guyard à sa compagne.
27:31J'ai trouvé ça très très fort et à travers leur témoignage,
27:34ça montrait réellement que ce n'est pas une question de genre,
27:37mais une question d'individu, une question de personnalité.
27:40J'ai trouvé ça très puissant et le fait qu'en plus ce soit révélé dans le sport
27:43et par des athlètes qui sont globalement reconnus dans leur discipline,
27:47et une pluralité de disciplines, qu'on ait du basket, du foot,
27:50qu'on ne reste pas cloisonné sur que du football par exemple,
27:54c'était assez puissant et c'est arrivé avec justesse en fait.
27:57Ce n'était pas en dénonce, mais c'était vraiment des témoignages un peu en immersion.
28:03Je pense que dans le sport, on a besoin de ces histoires,
28:05on a besoin de connaître les athlètes qui finalement ne sont pas que les pions sur le terrain,
28:10mais aussi des personnalités qui font évoluer aussi la société.
28:13Il est arrivé très justement ce documentaire.
28:15– Le saut.
28:16– Ah non, oui, c'est ça, pour moi ça montre à la fois la complexité et la simplicité.
28:23C'est-à-dire que c'est très simple parce qu'on découvre,
28:26et en même temps c'est très complexe parce qu'une vie c'est beaucoup plus riche
28:29que simplement dire je suis homo ou je ne suis pas homo.
28:33C'est des individus et c'est pris dans les différentes dimensions de leur vie.
28:39Et ce que ça montre c'est que ces athlètes,
28:41où très souvent c'est un petit peu comme un voisin auquel on ne s'intéresse pas trop,
28:45où on s'intéresse juste à ce qu'on veut voir,
28:46mais il y a aussi une partie de cette vie qui n'est pas montrée
28:51et pour autant qui est très présente et qui construit l'individu.
28:56Et donc ça montre simplement que ce n'est pas simplement,
28:59on voit une judocate, ce n'est pas simplement une judocate.
29:01– Oui, le cas d'Amandine Bouchard est encore plus fort
29:04parce qu'elle dévoile cette souffrance vis-à-vis de ses parents
29:07et cette rupture de relation avec sa mère.
29:08Et je pense que des centaines de jeunes ont dû finalement peut-être alléger un peu le poids
29:15en se disant oui ça arrive, je ne suis pas toute seule, je ne suis pas tout seul.
29:19Et j'ai été bouleversé par la force de ce documentaire.
29:22– Je suis tout à fait d'accord là-dessus.
29:24En fait, il y a trois choses que ça permet de faire.
29:27D'une part effectivement, ça permet à plein de jeunes
29:31de s'identifier à des personnes qui sont effectivement comme elles.
29:36Ce sont des témoignages forts parce qu'ils ont aussi été faits sans sensationnalisme.
29:42Vraiment, on n'a pas cherché le scoop,
29:45on a fait quelque chose que nous d'ailleurs nous recommandions,
29:48c'est des coming-out collectifs pour enlever la pression sur l'individu.
29:54Mais le résultat c'est un meilleur, un mieux vivre pour chacune de ces personnes
30:00qui vont être mieux dans leur aide parce qu'elles ont exprimé une partie de leur identité
30:07qui ne se résume pas à ça mais qu'une partie de ça.
30:10Et quelque part, la conclusion c'est que ça remet en cause tous les stéréotypes et les préjugés
30:15de se dire forcément si elle est une sportive de haut niveau,
30:20c'est parce qu'elle est lesbienne.
30:21Alors ça, ça pourrait le confirmer mais en même temps,
30:25on voit bien que dans sa relation avec les autres athlètes,
30:28c'est clairement pas le fait commun et banal.
30:34Et à l'inverse, un homme viril peut aussi être…
30:39enfin qui a tous les attributs du stéréotype mâle du rugbyman,
30:44il peut être aussi gay et assumer pleinement sa sexualité.
30:48– Une chose qu'il faudrait montrer à vos licenciés, Bénédicte Ouvry,
30:51ou que les fédérations pourraient diffuser ?
30:54– Complètement, je pense qu'en passant par des athlètes de haut niveau
30:59et en laissant la parole se libérer, les plus jeunes vont pouvoir s'identifier ou pas
31:06et voir qu'il y a des athlètes de haut niveau qui sont en souffrance
31:12parce que c'est aussi une souffrance mais c'est des témoignages très forts
31:18et du coup, ils peuvent s'identifier autrement aussi à travers ces stars.
31:24C'est peut-être pas le mot mais c'est le star du sport quand même
31:27et du coup, c'est important de faire voir ce documentaire, oui.
31:32– Parce que dans le combat, en fait, par rapport aux discriminations,
31:35il faut lutter contre les préjugés et pour lutter contre les préjugés,
31:38il faut s'intéresser à la complexité des individus tout simplement
31:43et ce qui est intéressant, c'était l'aspect narratif finalement
31:47parce que si c'est juste dire, voilà, je suis homo, finalement, c'est bien
31:51mais ce qui est intéressant, c'est justement, un petit peu comme dans une série
31:53où on découvre des personnages, là, on découvre des sportives et des sportives
31:57et on voit ces parcours de vie et même sur les questions de racisme,
32:02c'est la même logique, c'est-à-dire que si c'est bien de dire, je suis contre le racisme,
32:06c'est mieux de montrer la réalité des équipes et de lutter contre les préjugés,
32:13ce qui est à l'origine des préjugés et ce qui est à l'origine des préjugés,
32:16très souvent, c'est à la fois des prénotions et puis c'est aussi un jugement assez hâtif,
32:20un petit peu comme ce que Manuel pouvait dire sur un homme viril, etc.
32:25Ce que ça montre, c'est que c'est beaucoup plus complexe.
32:28Récemment, il y a eu Carl Nassib, un joueur de NFL,
32:31bon, ben voilà, c'est un joueur de NFL qui fait son coming out
32:34et ça bouscule en fait toutes les prénotions que certaines personnes peuvent avoir
32:39sur un homme viril, gladiateur, jouant à ce jeu que je ne comprends pas personnellement,
32:45mais enfin voilà, et c'est la même chose en France,
32:48il y a eu les débats à l'époque sur le racisme, sur les propos de Laurent Blanc
32:51sur les Noirs grands costauds, les Arabes malins et puis les Français blancs au milieu,
32:57parce qu'il y avait une association de Français blancs qui était malheureuse,
33:00mais derrière, c'est à nouveau, c'est des préjugés.
33:03Alors, ça porte sur deux choses, ça porte à la fois sur les sportifs de haut niveau,
33:06mais sur les sportifs et les sportives qui le font au quotidien,
33:11mais pas à très haut niveau, c'est eux qui portent le poids.
33:14Parce que là, on parle souvent du sport de haut niveau,
33:16mais avant de devenir sportif ou sportive de haut niveau,
33:20il y a des athlètes qui, pour certains, deviennent, très peu,
33:24mais pour d'autres, qui continuent à pratiquer ce sport-là.
33:26Soit il y a de l'autocensure, soit il peut y avoir du racisme.
33:30Donc, on voit bien que c'est important,
33:34mais qu'il y a un vrai travail à la fois de déconstruction,
33:37et la déconstruction passe par l'acceptation de la complexité.
33:40– Alors, l'important, très important même, c'est l'impact de ces déclarations.
33:45Moi, je le suis sur Twitter, personnellement,
33:48je m'intéresse beaucoup à ce qui se passe sur Twitter.
33:50Twitter est généralement un concentré d'incompréhension, de haine, de raccourci,
33:56et je n'ai vu, en tout cas, que de la bienveillance après cela.
34:00Et j'ai trouvé ça vraiment magique, c'est que…
34:03Alors, peut-être que dans un stade de rugby, un jour, deux hommes,
34:07pourquoi pas deux femmes d'ailleurs, avinés, vont faire une réflexion
34:11à ce joueur de rugby formidable qui a fait son coming-out, on s'en fout.
34:15Mais je pense que, dans la vraie vie,
34:18ce qui s'est passé a vraiment beaucoup, beaucoup de force.
34:20Et puis, je rebondis sur ce que vous disiez, sur cette époque malheureuse,
34:24où, justement, on faisait, dans le football notamment,
34:27se résumer sur l'homme de couleur, costaud et qui va être plus fort que les autres.
34:33C'est déjà… Moi, ça m'a toujours fait rire,
34:35si j'ai une méconnaissance du football, parce que
34:37« gentil gamin et une colocantée », pour moi, ce n'est pas le décor.
34:40Et donc, ça prouve bien qu'il faut sortir de toutes ces banalités
34:45qui deviennent finalement agressives pour les gens qui reçoivent ça en pleine figure.
34:49Alors, quelle est la piste désormais ?
34:50Comment on peut être pédagogique ?
34:53Comment on peut s'en partir en croisade ?
34:55Encore peu, pourquoi pas ?
34:57Mais comment peut-on agir ?
34:59On l'a vu avec ce documentaire qui aura peut-être beaucoup plus d'importance qu'on le pense.
35:04Aujourd'hui, dans quelle voie il faut travailler ?
35:06– Alors, nous, on a essayé de travailler effectivement sur ce sujet.
35:10Après les Gay Games, on a rencontré beaucoup de fédérations sportives.
35:13On a discuté avec beaucoup de personnes qui organisent le sport dans notre pays.
35:20On s'est aperçu que, globalement, le pays est prêt à lutter contre les discriminations
35:25envers les personnes LGBT, mais souvent, il manque d'outils.
35:30Donc, on a travaillé avec Philippe Yotard, avec nos associations.
35:35On a regardé ce qui se passe en Europe et on a réalisé un guide de 17 préconisations
35:41en six domaines d'activité avec un ordre progressif.
35:48On commence par la gouvernance, organiser un plan d'action,
35:53mettre des moyens et des outils de mesure.
35:56Aujourd'hui, personne n'est capable de savoir combien de personnes LGBT font du sport.
36:05Où est-ce qu'ils se trouvent ?
36:06Pour plein de raisons, mais en tout cas, on ne le sait pas.
36:08On recense très peu les actes homophobes dans les stades, etc.
36:13Donc, on a besoin d'un plan d'action, d'une prise de parole forte
36:19contre les discriminations LGBT dans les fédérations.
36:23La gouvernance.
36:24Le deuxième axe, c'est de développer la diversité et des pratiques inclusives.
36:31Ça commence aussi par prendre, par exemple, une loi en faveur de la dépianélisation
36:39de l'homosexualité dans le monde entier.
36:40Imaginez que vous êtes un sportif de haut niveau.
36:42Aujourd'hui, vous êtes « out » dans un pays comme la France.
36:46Ça ne pose normalement aucun problème, vous êtes protégé par la loi.
36:50Mais ce ne sera pas la même chose dans certains pays,
36:52comme au Qatar, où on aura la Coupe du monde de foot bientôt.
36:56Donc, ça, c'est un des...
36:57– Vraiment, on ne peut pas faire la promotion anti-gay de l'homosexualité.
37:03– On pourra y revenir si vous voulez.
37:05Donc, le troisième type de mesure, c'est l'éducation de toutes les parties prenantes.
37:11Ça veut dire la sensibilisation, ça veut dire la formation et la recherche.
37:16Continuer la recherche dans ce domaine avec les sociologues,
37:18avec différentes personnes qui sont compétentes.
37:22Quatrième axe, c'est sanctionner et accompagner les victimes
37:26en n'ayant pas le réflexe de vouloir sanctionner uniquement en interne,
37:32mais se rappeler qu'il y a des lois qui protègent les personnes LGBT dans notre pays.
37:36Donc, éventuellement, rester en justice quand c'est nécessaire.
37:40Cinquième axe, c'est collaborer avec les associations LGBT,
37:47le mouvement sportif LGBT, qui a cette compétence sur ce sujet.
37:52Il y a des milliers d'acteurs sur le terrain
37:54qui peuvent accompagner le mouvement sportif dans ce sens-là.
37:58Et puis, le fin du fin, en fait, ce sera de créer les conditions de bienveillance
38:05pour la visibilité des athlètes LGBT.
38:07C'est ce qui permettra facilement l'information sur son orientation sexuelle,
38:13sur son identité de genre, et c'est l'aboutissement.
38:16Ce n'est pas le point de départ, c'est un indicateur, ce cadre-là.
38:20– Alors, on disait tout à l'heure que la discrimination
38:25peut avoir lieu pour des raisons d'orientation sexuelle,
38:29mais il y a aussi le racisme, il y a aussi l'attitude vis-à-vis des handicapés.
38:36Et je crois qu'on peut aussi être assez optimiste sur la faculté du sport à traiter
38:42quand il prend le problème à bras-le-corps, parce qu'il faudra quand même
38:45qu'on se souvienne d'où on vient par rapport au handisport,
38:49le chemin qui a été fait, qui est ahurissant.
38:51Je veux dire, aujourd'hui, d'avoir une vice-présidente de fédération
38:56qui nous dit, on a une ambition de tant de médailles tant en handisport,
39:02pardon madame, mais c'est juste nouveau d'avoir des jeux,
39:08enfin moi j'ai vécu à une autre époque, ça ne me rajeunit pas,
39:10où quand on faisait, Dominique Leglou à l'époque,
39:13dans le service que je dirigeais, faisait 3 minutes sur le handisport,
39:18tout le monde le considérait comme un saint, il disait,
39:19ah vous France Télévisions, vous êtes formidable,
39:21vous avez fait un sujet dans ce tableau de 3 minutes sur le handisport.
39:23Aujourd'hui, le handisport existe.
39:26Est-ce que c'est une voie qu'il faut suivre ? Est-ce que c'est un exemple ?
39:29Notre fédération, elle était quand même la première fédération olympique
39:33à accueillir les personnes en situation de handicap dans les clubs.
39:37De là, il a découlé des conventions qu'on a signées
39:41pour être justement délégataire de ces missions.
39:47Et moi, nous dans notre fédération, on court aussi nos championnats de France,
39:55par exemple à l'Aveyron,
39:56on fait des championnats de France valides, non-valides en même temps.
39:59Et ça, c'est très important.
40:02Aux championnats du monde aussi.
40:04Malheureusement, aux Jeux olympiques, nous n'y sommes pas encore.
40:07On est encore les Olympiques et les Paralympiques séparés.
40:12J'espère qu'un jour, on pourra avoir ces Jeux olympiques valides, non-valides en même temps.
40:19C'est ce qu'on fait au Gay Games, juste pour parler de ça.
40:23On essaie même de faire des courses où on inclut les personnes en situation de handicap
40:29avec les autres en leur donnant des moyens.
40:31Il y a un exemple assez drôle, c'était en cyclisme.
40:33On nous a demandé de participer en étant malvoyants.
40:36Et on a permis, à un tandem, de venir concourir avec les autres.
40:42Et ça s'est super bien passé.
40:45Aurélie, quels sont vos axes de travail et de combat, dans les mois et les années à venir ?
40:53Alors, s'il s'agit de moi, j'en ai vraiment plein, quand on connaît les multiples casquettes.
41:01Mais le cheval de bataille reste la mixité.
41:04Il y a aussi les questions du sport féminin, du sport masculin.
41:09C'est vrai que rien que ça, c'est déjà genré.
41:10Est-ce qu'on genre le sport ? Est-ce qu'il y a un sport féminin, un sport masculin ?
41:14C'est un vrai combat.
41:15Après, pour revenir sur la fondation Alice Mia, la vraie question et le vrai cheval de trois,
41:21c'est la question de visibilité.
41:22La visibilité au-delà de la médiatisation, c'est ce qu'on disait tout à l'heure.
41:25Il faut inspirer, il faut rendre visible, il faut accompagner les libérations de la parole.
41:30Il faut aussi rendre visible sur le quotidien, donc banaliser par des histoires,
41:34par des initiatives, par des synergies d'initiatives.
41:37Et banaliser au quotidien, juste quand vous allez au stade,
41:40quand vous étiez petit et que vous alliez au stade de Coubertin,
41:44il y avait très peu de stades Alice Mia, où il y a très peu d'enceintes sportives
41:49ou de noms de rues qui ont des noms de femmes.
41:52Donc c'est aussi ces questions de visibilité au quotidien qui doivent s'installer au-delà du sport.
41:57Mais le sport, on est le fervent exemple et le miroir de la société.
42:01Donc c'est un de nos chevals de bataille.
42:04Et pour revenir surtout sur la fondation encore, c'est le 60e anniversaire
42:08de la Fédération Internationale Sportive Féminine,
42:11internationale, je vais y arriver,
42:13avec pas mal d'actions sur les trophées Alice Mia,
42:16sur un festival du documentaire du sport féminin.
42:19Toujours dans cette volonté d'accompagner jusqu'à au moins 2024
42:23des Jeux annoncés paritaires d'ailleurs,
42:25qui sera déjà aussi une grande première dans le sport.
42:28Je pense que comme pour les Games, c'est aussi une continuité de vouloir aller vers du sport pour tous.
42:35Et avec l'élection très récente à la présidence de Brigitte Henriquez au CNOSF,
42:43ça montre aussi qu'il y a d'autres choses qui sont possibles,
42:47qu'une femme à la présidence du CNOSF c'est possible.
42:51Mais je pense que c'est ouvrir le sport pour tous et ça ouvre aussi un message très fort dans le sport.
42:57Brigitte Henriquez incarne le football mais il y a aussi tous les sports.
43:02Donc c'est ce qu'elle voulait aussi vraiment donner.
43:05Et puis on l'attend de pied ferme et ça envoie un message aussi très important vers les Jeux olympiques
43:10pour dire qu'il faut des Jeux pour tous et pour toutes avec beaucoup plus de discipline.
43:14Vous ne parliez pas du magazine Les Sportives ?
43:16C'est vrai, je n'en ai pas parlé.
43:18Je me suis dit tout de suite que vous en aviez parlé.
43:20Ah si, je commence à raconter toutes mes casquettes.
43:21Non, non, mais quand même, ça aussi c'est quand même une...
43:24Oui, il est vrai que ça m'a accompagnée à la nomination de la présidence de la fondation Alice Mia,
43:30donc première fondation européenne sur la médiatisation du sport féminin,
43:33puisque j'ai créé il y a bientôt six ans, le média Les Sportives, l'entité Les Sportives.
43:38C'est comme ça qu'on le connaît au départ.
43:40Exactement, c'est comme ça que je suis apparue de nulle part.
43:44Et voilà, d'où le mot Les Sportives et pas La Sportive,
43:48puisqu'on ne doit pas concentrer juste une sportive, une image d'une sportive,
43:52mais justement fédérer toutes les sportives de toutes les disciplines,
43:55parce qu'on a tous et toutes une sportive autour de nous.
43:58Donc il faut savoir déjà rien que valoriser la sportive de six ans, de vingt ans,
44:03qu'elle soit notre sœur, notre cousine, notre voisine.
44:05Donc c'était ça l'ambition, de créer un média qui faisait défaut dans le paysage médiatique
44:09et de donner de la visibilité à celles qui n'en n'avons pas assez.
44:13Est-ce que vous avez des raisons d'avoir des actions communes avec Manuel ?
44:16Est-ce qu'il y a des ponts ?
44:17On a déjà travaillé ensemble, mais c'est vrai qu'avec le Covid, on n'a pas pu se revoir un peu moins,
44:23on a tous été impactés.
44:25Mais il y a de grandes raisons qu'on puisse collaborer ensemble sur nos différentes actions.
44:30Et en fait, sport et culture, c'est quand même très lié.
44:33Et je pense qu'à la Fondation Ismia, on a beaucoup de projets culturels européens aussi.
44:39Donc je pense qu'il y aura pas mal de synergies.
44:40Et on travaille ensemble avec le même partenaire, Sport et Citoyenneté.
44:44Exactement.
44:45On fait un livre actuellement pour justement donner la parole aux personnalités sur la question sport et LGBT.
44:54Donc oui, effectivement, ce serait avec grand plaisir.
44:58Dans nos projets à nous, on fait des appels à projets qu'on a lancés avec un appel à projets actuel.
45:05Donc on appelle les organisations d'intérêt général à nous solliciter pour avoir des participations au financement
45:14pour lutter contre les discriminations LGBT dans le sport ou la culture.
45:18On lance aussi un appel à court métrage pour sensibiliser à la question de sport et homophobie.
45:27On va vous inviter au festival du documentaire du sport féminin fin octobre.
45:33Voilà, voilà.
45:34Pas novembre.
45:35Pas mal de passerelles quand même.
45:36Oui, je pense qu'il y a des choses qu'on peut faire ensemble et on est sur des valeurs très proches.
45:40Merci pour l'invitation.
45:41On va pouvoir aller signer.
45:42J'organise le festival de court métrage de Carpentra.
45:47Mais ça n'a rien à voir.
45:48On peut diffuser en ouverture un court métrage qui a du sens aussi.
45:52J'aimerais qu'on parle un peu politique.
45:55Alexandre, je me tourne vers vous.
45:58J'évoquais tout à l'heure brièvement la loi hongroise qui interdit la promotion de l'homosexualité auprès des mineurs,
46:06qui a été votée par la majorité du Premier ministre Viktor Orban.
46:10Il y a aussi ce phénomène du refus de l'UEFA d'illuminer le stade de Munich aux couleurs LGBT pour le match Allemagne-Hongrie.
46:21Les politiques s'emparent du domaine ?
46:28Les politiques s'emparent du domaine évidemment parce qu'elles sont contraintes.
46:32Mais si on revient sur ce que j'appellerais la bataille de Munich,
46:35ce qui est intéressant c'est l'opposition entre un conservatisme qui est volontairement ignorant,
46:40c'est-à-dire je ne veux pas voir,
46:42et par contre ce qu'on pourrait considérer qui relève d'un progressisme,
46:46c'est-à-dire d'accepter justement l'intégration d'une diversité, d'une pluralité.
46:52Et ce que ça montre, y compris dans l'incarnation, parce qu'une incarnation est toujours importante,
46:57y compris des sportifs, et donc il y avait Manuel Neuer qui a mis en avant par le port du brassard son soutien,
47:05et y compris les joueurs allemands mais aussi les joueurs français, il y a une volonté d'accepter.
47:12Donc on voit que les choses bougent.
47:14Pour autant ce que ça montre, et en tout cas la loi est assez amusante quelque part,
47:21parce que ça voudrait dire que regarder c'est devenir, entre guillemets.
47:24Je regarde soit une pub, soit je regarde un film,
47:29ou je regarde des personnes qui révèlent leur homosexualité,
47:33alors moi je deviens homosexuel, il n'y a aucun lien.
47:36Je peux regarder, moi je regarde plein de foot, je ne suis pas devenu footballeur professionnel.
47:41Ma copine m'a dit de regarder une série allemande, queer, je parle toujours aussi mal allemand, et je ne suis pas queer.
47:47En revanche vous parlez très bien anglais.
47:49Je ne pensais pas que vous rigolez là-dedans.
47:52C'est ça, exactement.
47:55Donc voilà, et quelque part c'est assez amusant, c'est une espèce de réflexe archaïque,
48:00c'est-à-dire c'est un peu comme à des enfants, on ne voudrait pas montrer des scènes intimes,
48:08c'est un peu cette logique, on va mettre un drap dessus,
48:12et puis finalement on va tout aseptiser, on est juste là, on revient vers des petits enfants qui jouent.
48:19Mais en fait non, c'est des hommes et des femmes qui jouent,
48:22et en l'occurrence je pense que ça a été plus contre-productif qu'autre chose,
48:26en tout cas ce qui s'est passé, cette décision,
48:29et pour autant on ne peut qu'admirer ce qu'a fait l'Allemagne par rapport à ça,
48:34c'était pas simplement les joueurs mais c'était aussi les partis politiques,
48:37c'était aussi les chaînes télé mais aussi les radios,
48:43donc il y a l'ensemble de la société qui s'est emparé,
48:46et je pense que là ça touche un élément qui est fondamental, c'est le côté fédérateur,
48:49c'est-à-dire qu'on fédère des gens autour de l'acceptation,
48:52et finalement le débat ou les questions de genre, il faut s'en emparer,
48:57il faut viser, ça doit être fédérateur,
49:00et donc pour fédérer justement il n'y a rien de mieux finalement
49:03qu'une loi extrêmement critiquable et le jusqueboutisme quelque part de l'UEFA
49:10qui ne voulait pas voir et qui prétextait le fait que finalement c'est politique
49:14et que le sport n'est pas politique,
49:16mais le sport est politique, le sport est société,
49:19et justement en s'arc-boutant là-dessus c'est plus contre-productif qu'autre chose,
49:22peut-être que c'était le but.
49:23– Mais c'est surtout hypocrite,
49:25l'UEFA affirme lutter contre l'homophobie au sein du football
49:31et en fait elle envoie un très mauvais signal
49:34à l'ensemble des personnes LGBT dans le football
49:38en refusant de faire solidarité avec le peuple hongrois
49:44qui va être discriminé lourdement avec cette loi
49:48et en même temps en affichant le drapeau arc-en-ciel
49:53sur l'ensemble de ses réseaux, sur son site web
49:56et en disant nous on est pour les personnes LGBT il n'y a aucun problème
50:02sauf que dès qu'il s'agit de l'afficher dans un stade
50:06on considère que ce n'est plus politique.
50:08– Mais en un sens c'est un peu comme pour le racisme
50:10parce que sur la question du racisme on peut multiplier en fait
50:12les slogans no to racism etc.
50:14Si dans les faits il n'y a pas réellement une prise de conscience
50:18une incarnation à la fois par des messages
50:20mais non institutionnels la situation ne bouge pas
50:25donc c'est la même chose sur les questions LGBTQ
50:29si il s'agit juste de dire on va mettre les maillots
50:34les numéros des joueurs auront le drapeau arc-en-ciel
50:38et puis ils vont porter un brassard de capitaine là-dessus
50:43si c'est uniquement là-dessus dans 100 ans, 150 ans
50:46ce sera la même chose, pareil pour le racisme.
50:48– Ça s'appelle du pink-washing en fait
50:50c'est en fait une manière de s'habiller LGBT friendly
50:54désolé pour les anglicismes.
50:56– Non mais ça dit beaucoup de choses, j'aime beaucoup le friendly
50:58parce que c'est vrai que moi je n'aime pas le pour, je suis pour
51:01ça veut dire je suis pour ou contre, on ne veut pas être pour ou contre
51:04on est simplement friendly, c'est ce qui me semble la meilleure approche
51:07plutôt que de dire qu'on est pour, on n'est pas pour le racisme
51:09et contre le racisme, enfin j'espère qu'il n'y a pas beaucoup de gens
51:11qui sont pour le racisme mais on peut être…
51:13– On peut être raciste et on peut être homophobe malheureusement
51:16et ça peut l'être, dans l'Allemagne ce que j'ai trouvé extraordinaire
51:20c'est qu'il y a eu une vraie prise de conscience de l'homophobie
51:23dans le football et que l'ensemble des footballeurs allemands
51:26de l'équipe, des équipes nationales se sont mis en solidarité
51:31avec les personnes LGBT, ça j'aimerais bien le voir en France aussi
51:35donc un appel à l'équipe de France.
51:37– Et ce sera le mot de la fin, ce sera le mot de la fin
51:40parce que nous avons été tellement passionnés
51:43que le temps est passé.
51:45– Et passionnant !
51:47– Vraiment Aurélie, ce sont les téléspectateurs qui diront ça.
51:51– Je suis sûre qu'au niveau du comité régional olympique et sportif de Normandie
51:57on a signé une des premières chartes, alors même si charte n'est peut-être pas le mot
52:03mais avec Friendly Normandie, donc en 2019
52:07et c'est quelque chose que l'on va déployer au niveau des structures normandes
52:12donc sur la discrimination, sur la sensibilisation
52:18mais aussi sur la formation des structures
52:20et bon là la Covid nous a un peu empêchés de mettre tout ça en place
52:24mais c'est quelque chose qu'on va redémarrer là et auquel je voulais…
52:28– Avec l'appui, je pense, de la nouvelle présidente du comité olympique sportif français
52:32que nous saluons.
52:34Merci Aboukart vraiment, on peut dire que c'était passionnant.
52:38Et on se retrouve à très bientôt pour d'autres questions du sport.
52:42Merci beaucoup.
52:44Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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