Derrière le micro - Pierre-Étienne Léonard, réalisateur indépendant

  • il y a 3 mois
Derrière le micro vous fait découvrir la face cachée des journalistes sportifs en collaboration avec les Micros D'or : leur parcours, leur métier, leur histoire, et surtout leur passion pour un métier aussi beau que difficile. Invité : Pierre-Étienne Léonard.

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Sports
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00:00Générique
00:02...
00:10Salut à tous et bienvenue sur Sport en France
00:13pour votre émission Derrière le micro,
00:15qui vous présente régulièrement les journalistes
00:18qui font le journalisme dans le sport.
00:20Pierre-Etienne et Léonard, bienvenue.
00:22Vous avez été récompensé au micro d'or 2022
00:25pour votre magazine sur Fabrice Huret,
00:28ce dialysé qui fait le GR20 et qui est dialysé la nuit,
00:31et qui court et qui marche, en tout cas, dans la journée.
00:35On va parler de votre métier.
00:37Vous nous racontez d'où vous venez, ce que vous avez fait,
00:40la passion, ce qui vous anime pour faire ce métier.
00:42Première question, Pierre-Etienne.
00:45Qu'est-ce qui est pour vous un journaliste ?
00:48Un journaliste, c'est une personne qui fait un métier à part,
00:53qui rencontre beaucoup de personnes
00:56et qui voyage aussi beaucoup
00:59et qui est passionné par ce qu'il fait.
01:01Quand je parle de métier à part,
01:03c'est que j'ai de temps en temps pas l'impression de travailler comme les autres.
01:06Justement, on va dire que votre voix, votre visage
01:09peuvent parler aux gens qui nous regardent.
01:11Vous avez été journaliste à France Télévisions ?
01:14Pendant une grosse dizaine d'années.
01:17Journaliste dans le sport, vous avez couvert des événements.
01:20C'était quoi votre métier à l'époque ?
01:22Je me suis spécialisé dans les reportages longs formats,
01:27ce qu'on appelait à l'époque les longs formats.
01:29J'étais spécialisé dans l'outdoor, dans les sports nature,
01:32mais j'ai eu la chance de collaborer sur le monde d'athlétisme,
01:36sur les Jeux olympiques, notamment du côté de Rio.
01:39J'ai vécu des grands moments de sport devant ma télé en tant que téléspectateur
01:43et j'ai eu la chance, par la suite, de les vivre en direct.
01:47Qu'est-ce qui vous amène au journalisme et au journalisme dans le sport ?
01:51Qu'est-ce qui m'amène au journalisme ? J'en sais rien.
01:54Concrètement, j'étais responsable juridique à France Télévisions
01:58dans un premier temps et je collaborais avec le service des sports
02:02et je voyais des journalistes qui passaient leur temps à voyager,
02:05à vivre des moments de sport intense.
02:07Moi, j'étais déjà très sportif.
02:08J'étais en sport études plus jeune en athlétisme.
02:12Ensuite, je me suis entraîné à l'INSEP.
02:14Donc, j'avais envie de vivre aussi les mêmes événements
02:20que mes amis journalistes et donc j'ai démissionné.
02:23Et je suis allé faire une école de journalisme, rue du Louvre, à Paris.
02:27Et j'ai commencé en tant que pigiste.
02:30J'ai bossé en presse écrite, sur Internet.
02:33C'était les balbutiements d'Internet à l'époque,
02:35beaucoup aussi en radio et en télévision.
02:38Et donc, voilà, j'ai eu la chance de pouvoir faire des choses très différentes.
02:42Et c'est aussi ça.
02:43On parlait du métier de journaliste, mais juste avant, c'est aussi ça.
02:45C'est aussi cette variété qui, pour moi, m'excite au quotidien.
02:50Comment vous arrivez à France Télévisions ?
02:51C'est parce que vous y aviez travaillé dans un autre métier ?
02:56Il y a une certaine accointance.
02:57En fait, j'étais salarié en tant que responsable juridique au service des sports
03:00et donc, j'ai fait mon stage là-bas.
03:02Et tout de suite, j'ai...
03:05Justement, le regard de vos nouveaux collègues et anciens,
03:09on va dire, même si c'était la même maison ?
03:11J'étais devenu un concurrent.
03:13Et c'est vrai que c'est un métier très concurrentiel.
03:14Ça fait partie aussi des dérives de ce métier.
03:16Non, non, les concurrents, il y en a beaucoup qui m'ont accompagné,
03:19qui m'ont conseillé.
03:19Moi, quand je vois le journaliste que j'étais à l'époque,
03:21quand j'étais jeune et le journaliste que je suis devenu,
03:24j'ai évidemment beaucoup progressé.
03:25J'étais nul au tout début, vraiment.
03:27Alors peut-être que certains le trouvent nul aujourd'hui.
03:29Ça, c'est science à l'appréciation de chacun.
03:31Non, non, mais j'ai beaucoup, beaucoup travaillé
03:33parce que je pensais que c'était facile.
03:35J'ai fait beaucoup de raccourcis dans ma tête.
03:38J'avais porté mon jugement sur beaucoup de reportages
03:42que je trouvais mal faits sur différents médias.
03:45Et en fait, quand je me suis mis à produire,
03:47je me suis rendu compte qu'il y avait un vrai travail en amont à faire,
03:52un travail d'écriture aussi,
03:53puisqu'on n'écrit pas forcément comme on parle.
03:56Voilà, et j'avais pas forcément imaginé tout ce que je devais faire.
04:01Et donc, j'ai énormément travaillé.
04:03C'est pour ça que j'ai voulu collaborer avec plein de médias différents.
04:05Je suis resté presque huit ans pigiste.
04:08Et je bossais franchement jour et nuit.
04:11Je crois que ça m'est déjà arrivé d'enchaîner trois piges par jour
04:13pour différents médias.
04:15Et voilà, par ce biais-là,
04:17j'ai pris de l'expérience et de la maturité
04:22dans ce que je voulais faire et ce que je savais faire.
04:25Et par la suite, je me suis vraiment spécialisé dans les longs formats.
04:29Donc, vous avez fait des longs formats.
04:30Vous avez fait aussi du commentaire.
04:31Oui, en direct.
04:33Si vous pouvez nous raconter un peu cette expérience,
04:35c'est quoi être journaliste, commentateur,
04:37pour les gens qui nous regardent,
04:38alors qu'on entend régulièrement les commentateurs
04:39sur les compétitions de sport ?
04:40J'ai deux métiers assez différents.
04:43C'est un métier très différent.
04:44Il y en a qui sont doués que pour un et d'autres que pour l'autre.
04:47Moi, j'ai eu la chance de pouvoir collaborer,
04:50notamment à Roland-Garros sur Internet.
04:52J'ai fait ça pendant 4-5 ans.
04:54J'étais tout seul sur un cours.
04:56J'avais l'impression que personne ne m'écoutait
04:57parce que c'était vraiment le tout début d'Internet.
05:00Ça m'est arrivé de donner mon numéro de téléphone,
05:02de faire des faux jeux concours.
05:02Vous étiez dans l'époque radio libre sur Internet.
05:05Exactement.
05:06En fait, je faisais gagner des choses
05:08et personne ne me répondait sur mon téléphone.
05:10Je n'avais pas de message, donc je me dis
05:11que vraiment personne ne m'écoute.
05:12Et d'année en année, la rédaction en chef de France Télévisions
05:15me rappelait « Pierre-Etienne, on compte sur toi pour Roland-Garros ».
05:18Et j'avais l'impression de bien faire mon travail.
05:20C'est vrai que j'avais un ton assez atypique et assez humoristique,
05:26mais vu qu'ils me rappelaient, ça veut dire que je convenais.
05:28C'est vrai qu'après, j'ai continué.
05:30Je sais que je me rappelle.
05:31Moi, j'étais très jeune, avant mon sport d'athlète,
05:33j'étais en sport d'études de tennis avec Fabrice Héboué,
05:35un grand humoriste.
05:37Et on s'est retrouvés sur le plateau de Cyril Hanouna,
05:39qui lui présentait l'émission le matin à Roland-Garros.
05:44Et donc, je lui ai demandé de venir commenter avec moi.
05:47J'ai vécu des bons moments de partage.
05:49Moi, je pars du principe que sur Internet,
05:52on ne commande pas comme à la télévision,
05:54parce que le public n'est pas le même et qu'on doit aussi.
05:56Et puis surtout, moi, ce n'étaient pas forcément les meilleurs cours.
05:58J'avais des gens qui étaient quasiment inconnus.
06:01Et donc, je faisais vivre le match différemment.
06:03Et puis bon, c'est vrai que je crois que le petit journal avait sorti.
06:07Vous avez surnommé le commentateur fou.
06:08Exactement.
06:09Ça a été dur de rebondir derrière, parce que j'ai beaucoup travaillé.
06:13Je ne suis pas le seul à travailler en même temps.
06:15Je vois qu'il y a des...
06:16Mais j'ai beaucoup...
06:17Parce qu'à partir du moment où France Télévisions
06:19m'avait étiqueté aussi commentateur fou,
06:21ils ont eu du mal à me refaire confiance par la suite.
06:25Et justement, sur...
06:26Donc, vous êtes à France Télévisions.
06:27Vous avez couvert aussi les Jeux olympiques.
06:29C'est une expérience incroyable pour un journaliste sportif
06:33de couvrir les JO.
06:35C'était votre graal, c'était votre souhait plus jeune
06:38ou c'est un peu arrivé comme ça ?
06:39Oui, c'était mon graal.
06:40Et puis en plus, moi, j'étais intéressé par des sports
06:43qui n'intéressaient pas forcément les autres.
06:45Et j'avais des amis qui participaient aux Jeux olympiques.
06:47Moi, je voulais faire notamment le VTT,
06:52parce que j'étais ami avec beaucoup d'athlètes de l'équipe de France
06:55et j'avais vécu leur travail en amont, tous leurs sacrifices.
06:59Et voilà, donc, j'étais au cœur de leur course
07:04et j'ai échoué autant qu'eux,
07:06parce que j'ai eu du mal à cacher mes émotions
07:09en commentant la course féminine et la course masculine,
07:12parce que les athlètes français qui étaient si performants
07:15pendant la saison avaient échoué.
07:17Avaient échoué.
07:18Vous êtes sur un petit nuage à ce moment-là,
07:19mais patatras, dans votre carrière,
07:21se passe un événement que vous n'aviez pas vu venir.
07:23Du tout.
07:25Alors, je vais essayer de le résumer très rapidement.
07:27Vous faites partie des trois journalistes licenciés par France Télévisions,
07:29suite à une enquête interne menée par le cabinet interstice,
07:34suite à des accusations de harcèlement de Clémentine Sarlat
07:36au sein de la rédaction des sports de France Télévisions.
07:40Vous avez clamé votre innocence,
07:42vous avez gagné votre procès au prud'homme,
07:43elle a même témoigné pour vous.
07:45Enfin voilà, vous avez été en tout cas lavé de tout soupçon ou pas,
07:49mais en tout cas, qu'est-ce que…
07:50On n'est jamais vraiment lavé de tout soupçon,
07:52parce qu'en fait, il y a toujours quelque chose qui reste.
07:53Aujourd'hui, moi, quand j'étais journaliste à France Télévisions,
07:57on avait tenté de me débaucher,
07:58plusieurs médias voulaient que je collabore avec eux.
08:00J'ai eu plus de son, plus de lumière après cette histoire-là.
08:05Moi, il se trouve que France Télévisions a apporté 56 témoignages à mon procès
08:08et que sur les 56, il n'y avait pas mon nom de cité.
08:10Et donc, je ne sais toujours pas pourquoi
08:12je faisais partie des trois journalistes licenciés.
08:15Je sais que les deux autres, leur procès est incessamment sous peu.
08:18Normalement, ça devrait être fixé à la fin de l'année.
08:21Je pense qu'eux aussi vont gagner leur procès.
08:23Voilà, je ne comprends pas, moi, ce que je fais dans cette affaire.
08:26Je sais que Clémentine Sarlat était mon amie,
08:29elle venait manger à la maison, elle connaît très bien ma femme.
08:32Elle a témoigné en ma faveur.
08:34J'ai évidemment eu accès au dossier,
08:36donc j'ai vu le témoignage qu'elle a fait auprès de l'enquête.
08:39Et moi, je ne peux pas dire exactement ce qu'elle a écrit,
08:43mais en tout cas, elle n'a cité aucun nom de journaliste
08:47et elle ne s'est plaint que de la direction.
08:49– Suite à ça, vous partez, donc, vous n'êtes plus à France Télévisions.
08:52Vous n'êtes plus à France Télévisions aujourd'hui.
08:53Vous êtes évidemment toujours journaliste, on l'a dit pour ce magazine
08:57dont on a parlé tout à l'heure, qui a été diffusé sur TV5 Monde.
08:59Vous êtes journaliste indépendant aujourd'hui.
09:01Qu'est-ce que cette histoire et finalement ce changement de direction
09:05a créé dans votre façon d'appréhender le métier
09:08et finalement des choses que vous faites aujourd'hui
09:09que vous n'auriez peut-être pas fait en restant à France Télévisions ?
09:11– Oui, alors, aujourd'hui, je suis heureux.
09:15J'ai pu rebondir d'un point de vue professionnel, mais aussi personnel.
09:18Ce qu'il a fallu, c'est surmonter cette affaire en famille.
09:21Et aujourd'hui, ça m'a offert du temps.
09:24Et je n'en avais pas, parce que c'est vrai que je travaillais énormément.
09:28Vraiment, j'ai été pris quasiment tous les week-ends de l'année.
09:31J'ai été pris en soirée. – L'été.
09:33– Tout l'été, évidemment.
09:35Donc là, j'ai du temps et je donne mon temps.
09:38Je suis bénévole dans un club de triathlon où je suis entraîneur
09:43et je collabore beaucoup avec une section sportive.
09:46Voilà, donc je donne beaucoup de mon temps.
09:49Évidemment, je travaille en tant que journaliste, je produis et réalise des films.
09:53– Par exemple, vous travaillez sur quoi, en ce moment ?
09:56– Actuellement, je viens de terminer le tournée des 6 nations avec TV5MONDE.
10:00Je pars sur le Marathon des Sables dans quelques jours, toujours pour TV5MONDE.
10:05Et j'ai un projet de docu sur le dopage pour montrer que…
10:12il y a bientôt les Jeux Olympiques à Paris,
10:14pour montrer qu'évidemment, il y a beaucoup d'athlètes qui s'entraînent
10:16et qui sont sains d'esprit et aussi de corps,
10:19mais qu'on peut tricher et qu'aujourd'hui, les tricheurs ne sont pas arrêtés.
10:22Et donc, voilà, j'ai un gros projet que j'ai rédigé, qui est prêt à tourner.
10:28– Qui sera sur TV5MONDE ou c'est pas encore…
10:31Aujourd'hui, vous travaillez comment ?
10:32Aujourd'hui, vous trouvez d'abord un diffuseur, vous autoproduisez
10:38et ensuite, vous allez avec le produit fini.
10:39Comment ça fonctionne pour les gens qui le regardent ?
10:41– Pour l'instant, sur les différents films que j'ai pu réaliser,
10:43je les autoproduis.
10:45Là, pour ce projet qui est un projet majeur,
10:48il va falloir que je me fasse aider parce que ça coûte beaucoup d'argent.
10:53Et donc, voilà, on verra.
10:56L'avenir nous dira qui voudra bien prendre le risque de diffuser un tel OVNI
11:02puisqu'on va se doper nous-mêmes,
11:05on va utiliser un protocole de recherche
11:09pour montrer aussi que la lutte doit progresser.
11:12Et que parfois, l'Agence mondiale antidopage laisse des portes ouvertes
11:18qui devraient être fermées.
11:19– Merci beaucoup Pierre-Etienne.
11:21Un dernier mot pour les jeunes qui nous regardent,
11:22qui ont envie de faire ce métier, si vous aviez un conseil à leur donner.
11:25– Un conseil, vous devez faire un métier où vous êtes avec le sourire au quotidien.
11:33Moi, je suis passionné par ce que je fais, j'ai découvert des endroits magiques.
11:37C'est vrai que quand on va au Stade de France commenter un match,
11:40on est au cœur d'un événement.
11:42Quand on va aux Jeux olympiques, on vit l'aventure.
11:46Parce qu'on tisse des liens, il ne faut pas se leurrer.
11:48Moi, j'ai fait beaucoup de reportages,
11:49donc j'ai passé beaucoup de temps en amont des compétitions.
11:52J'ai vu un peu le off des athlètes, les moments de doute,
11:56et aussi de partage parce que j'ai pris du temps aussi sur mon temps libre
12:02pour aller voir des sportifs, même sans travailler.
12:04Et c'est vrai que c'est un métier à part parce que ce métier de rencontre…
12:11Quand je vois mes enfants, ils n'ont pas l'impression que je travaille
12:15parce qu'ils me voient m'amuser quand je travaille,
12:17quand je suis en tournage, je rigole.
12:20Là, sur le GR20, par exemple, six jours, j'ai marché.
12:23Bon, super, tu étais en vacances.
12:25Oui, quelque part, ils ont raison parce que je suis conscient
12:30que le métier de journalisme nous offre des opportunités de vie incroyables.
12:34Merci beaucoup, Pierre-Etienne, d'avoir été avec nous.
12:37On retrouve le sujet qui a gagné les micros d'or
12:39toujours sur le Ripley de TV5MONDES.
12:41Rappelez-moi le titre ?
12:42« Plus belle la nuit ».
12:44« Plus belle la nuit », formidable titre.
12:45Merci à vous d'avoir été avec nous et on se retrouve très bientôt
12:48sur Sport en France pour une nouvelle émission Derrière le micro.
12:50Salut !
13:09Sous-titrage ST' 501

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