Derrière le micro vous fait découvrir la face cachée des journalistes sportifs en collaboration avec les Micros D'or : leur parcours, leur métier, leur histoire, et surtout leur passion pour un métier aussi beau que difficile. rédacteur en chef à l'Indépendant de Perpignan. invitée : Candice Rolland
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00:00Bonjour à tous, on parle beaucoup des micro-doigts en ce moment dans la chaîne
00:15Sport en France. Eh bien nous allons rajouter une couche aujourd'hui avec Derrière le micro.
00:20Derrière le micro c'est une idée toute simple, recevoir sur ce plateau un ou une journaliste
00:27pour partager leur passion, leur histoire, leur parcours, leur quotidien. Et aujourd'hui j'ai le
00:32plaisir d'accueillir Candice Roland. Bonjour Candice. Alors Candice, vous êtes commentatrice
00:38du foot sur la chaîne L'Equipe, mais avant de venir à votre actualité on va parler de votre parcours
00:44quand même. Parce que vous savez c'est la question que tous posent tous les jeunes, comment on peut
00:47devenir journaliste, qu'est ce qui fait que ? Alors on leur dit à chaque fois, vous savez il faut bosser,
00:50bosser, bosser, mais il n'y a pas que ça quand même. Il faut avoir, faire les bonnes rencontres
00:55au bon moment, avoir un petit peu de réussite et puis surtout se former. Alors racontez-moi un peu
00:59Candice, vous qui êtes née en 83, qu'est ce qui s'est passé pour qu'on vous retrouve aujourd'hui
01:04derrière le micro de l'équipe pour commenter le football ? Du travail oui, de l'amour aussi,
01:10l'amour du sport. Moi c'était l'amour du sport et du foot en particulier donc
01:14effectivement le micro c'est tout ce que j'ai toujours voulu faire. Là ça arrive assez très
01:18tôt, assez tôt, je crois que j'avais 11-12 ans, je me suis dit je vais vous commenter,
01:23je ne peux pas faire de sport, je ne peux pas faire de foot puisque j'étais un peu dans la
01:26tranche où il n'y avait pas d'équipe féminine, alors jouer avec des garçons, mes parents n'étaient
01:30pas très chauds, donc je me suis dit je ne peux pas en faire, je vais en parler et je vais commenter,
01:34c'est ça que j'ai envie de faire, c'est de voir les matchs et parler des matchs. Ce n'est même pas
01:38être journaliste de sport, c'est commenter. C'était même pas être journaliste, c'était
01:41journaliste de sport et surtout commenter exactement, c'était vraiment pouvoir regarder un
01:46match et parler de ce match. Ce n'était même pas beaucoup, alors les femmes à l'époque c'est à la
01:51limite des présentatrices, mais moi je ne voulais pas forcément montrer ma tête, c'était vraiment
01:55parler du sport, du foot et commenter les matchs, c'était vraiment ça. D'ailleurs je faisais ma
02:01petite blague à moi toute seule, il y avait Thierry Roland à l'époque, je me suis dit il y aura
02:05Candice Roland peut-être dans le futur, mais c'était vraiment ça qui m'a guidée.
02:09Vous n'êtes pas la fille de Thierry Roland. Pas du tout, aucun rapport, c'est quand même pas pareil,
02:13mais effectivement ça a guidé un peu tout mon parcours. Alors quel a été ce parcours ?
02:20J'ai fait quelques années de droit et puis après je me suis vraiment plongée dans des études de
02:24journalisme à Nice, notamment une école à Nice. Vous êtes originaire de Marseille. Oui, que j'ai
02:28faite pendant deux ans, donc deux ans de Nice et après c'était là le point de départ vraiment
02:33avec mon stage de fin d'études. C'était à Paris, RTL l'équipe, radio sur internet, 100% sport et
02:39c'est là que j'ai touché du doigt ce que je voulais faire et très vite j'ai demandé
02:43à mes responsables, comme c'était vraiment un laboratoire, de pouvoir commenter. On commentait
02:49un peu tout, on était tous très jeunes, on pouvait s'essayer à tout et j'ai commencé
02:55avec un match de Ligue 2, Strasbourg-Nîmes, je m'en souviens, et ça a commencé comme ça.
02:59Et alors après, on n'est pas embauchée tout de suite quand on est stagiaire ?
03:02Non, on est stagiaire, puis pigiste pendant de nombreuses années, donc j'avais un pied dans
03:07l'équipe, un pied dans RTL, j'ai fait aussi un peu d'Orange Sport. J'ai fait plusieurs...
03:11Chaque fois que je rencontre, il y a quand même une chose, on va juste faire une petite parenthèse,
03:16chaque fois que je rencontre une femme qui travaille dans le sport, qui commente ou qui
03:20présente, elles sont toutes passées par chez nous puisque c'est cette société que j'ai eu le
03:25bonheur de créer en 2000 qui avait lancé Orange Sport ou 365. Avec beaucoup de plaisir pour commenter
03:32les matchs allemands notamment, donc voilà un peu touche à tout, mais pigiste pendant plusieurs années
03:37avant de signer effectivement mon contrat à l'équipe 21 à l'époque en 2013 et donc à faire
03:43plein de choses, un peu d'édition, un peu de plateau. Alors l'édition, expliquez pour
03:49nos téléspectateurs, j'y arrive, l'éditeur c'est un journaliste mais qui va
03:55prendre en main la structure de l'émission, qui va guider le présentateur et qui va préparer. Moi j'ai
04:00la chance d'avoir des chefs d'édition ici qui font tout à ma place d'ailleurs, c'est formidable.
04:03Alors de l'édition et puis surtout cette idée toujours de revenir au commentaire. Toujours,
04:07effectivement. Alors à l'époque on avait le championnat de Russie figurez-vous à l'équipe,
04:12et de commenter. Voilà moi je m'éclatais et ça m'a permis aussi de me faire une voix,
04:16voilà me faire tracer ma voix et faire ma voix justement sur ces matchs-là. Et puis le bonheur
04:22aussi d'après d'avoir la Ligue des Nations et maintenant d'avoir des coupes nationales. Et puis
04:29même maintenant on fait aussi notre programme sans images, donc Ligue des champions et la
04:33Coupe du Monde à venir. Donc plein de beaux matchs, de belles compétitions à suivre.
04:37Alors l'image qu'on a généralement aujourd'hui, et peut-être est-ce malheureux d'ailleurs,
04:42c'est la présence plateau et les bords de terrain. Et vous, vous avez été la première à commenter
04:49réellement des matchs de garçons en tant que femme. Alors si on remonte, oui, j'ai senti qu'Isabelle
04:54Lemouni avait aussi un petit peu commenté. Je n'ai pas l'historique, mais en tout cas je ne me vois
04:59pas comme une pionnière, comme une première non plus. Mais je l'ai un peu fait ce parcours un peu
05:04égoïstement. Voilà, je pensais à moi, à ce que je voulais faire, à mon plaisir. Je n'ai pas
05:08réfléchi aux conséquences et du coup à tout ce que ça pouvait engendrer derrière. Et tant mieux pour,
05:12voilà, si ça peut donner des idées, si ça peut encourager, il n'y a pas de... Enfin tant mieux,
05:17tant mieux. Voilà, donc c'est que du bonus sur ça. Mais c'est vrai que, heureusement que je n'ai pas
05:23pensé à tout ça, parce que je pense que ça aurait été trop lourd à porter du coup. Aujourd'hui,
05:27de plus en plus souvent, de par les moyens des sociétés d'édition de sport, on commente en
05:33cabine, pour expliquer aussi aux téléspectateurs, ou on va sur le match et là on est au bord du
05:40terrain dans une cabine ou pas dans une cabine et on commente le match, ou alors on reste en cabine
05:44et on a le signal, le même que vous avez chez vous, et on commente, ce qui est beaucoup plus
05:49difficile puisqu'on n'a pas le regard de terrain. Vous êtes très souvent en cabine ? Oui, 98% du
05:54temps. Oui, mais complètement. Ce n'est pas frustrant ? Complètement. Et je n'arrête pas,
05:58je ne vous cache pas, je n'arrête pas à chaque fois de gratter à mes supérieurs. C'est un match
06:01quand même, c'est un gros match. Franchement, ça se fait sur place. Mais voilà, il y a une économie,
06:07des conditions qui font qu'effectivement, maintenant, si on veut faire un match, il faut
06:12le faire en cabine. Sinon, on ne le fait pas du tout, parce qu'il y a aussi un peu les droits
06:14à payer. Et puis, ça a un coût aussi, il faut l'anticiper. Mais oui, c'est frustrant, ça c'est
06:21sûr. En plus, vous voyez moins de choses que commentateurs. Mais complètement. Des fois,
06:24on s'aperçoit. On ne sait même pas ce qui se passe. Mais en fait, c'est juste l'écran. Donc,
06:29je trouve que l'apport est différent et parfois moindre que si on est sur le terrain pour le
06:35téléspectateur. Parce que finalement, c'est vrai qu'on voit les mêmes choses. Donc, il faut apporter
06:38autre chose. Il faut apporter encore... Alors, qu'est-ce qu'on apporte ? Déjà, l'analyse. Alors,
06:43effectivement, on est un duo. Nous, on est beaucoup un duo de journalistes, d'ailleurs,
06:48à l'équipe, ou consultants. Il y a de l'analyse. Il faut apporter peut-être ce qu'on apporterait
06:54quand même sur place. Mais là, il faut encore plus, si on a trouvé la petite histoire,
06:59le petit pas de côté. Voilà pourquoi ces deux joueurs, peut-être, s'aiment, s'aiment pas.
07:04Pourquoi il y a une histoire dans le match, en fait. Mais ça, il faut justement se forcer à
07:08le trouver. Parce que quand on est dans le stade, on peut être pris par l'ambiance, par le match. Et
07:12à ce moment-là, tout ce qui a été préparé, on le met de côté. Et c'est l'instant. Là, l'instant,
07:16il est important aussi. Mais il va falloir apporter quelque chose en plus du fait de ne pas être sur
07:20le stade. D'accord. La connaissance des joueurs aussi sur un petit écran. Ah oui, mais ça,
07:24que ce soit sur le stade ou en cabine, elle est la même finalement. Le travail sur ça,
07:28me semble-t-il, doit être le même. C'est-à-dire qu'on doit connaître parfaitement les joueurs,
07:32leur histoire, leur parcours, leurs formes ou méformes d'ailleurs. Vous consommez beaucoup de
07:38matchs à la télévision alors ? Oui, alors pas forcément dans l'optique du travail. C'est
07:42vraiment parfois pour le plaisir. Mais c'est vrai que ça va nourrir forcément une analyse,
07:46un match à commenter à venir. Donc forcément, voilà, si le week-end, je suis chez moi,
07:50je sais que trois jours plus tard en Ligue des champions, je vais commenter le Bayern. Si j'ai
07:55la possibilité, oui, je vais regarder forcément le Bayern pour voir un petit peu comment ça joue,
07:58comment ça se passe. Mais c'est toujours le plaisir d'abord. Comment avez-vous été en contact avec
08:04les micro-d'or la première fois ? Vous avez connu ça comment ? J'en entends beaucoup parler. Je
08:10vois, je consomme aussi, je vois à chaque fois qu'on doit voter. J'aime bien aussi aller voter.
08:14Donc je regarde, je regarde beaucoup. Et puis je ne commande pas de citer Christophe Paco,
08:18sinon il m'engueulerait de ne pas le citer. Mais avec qui, effectivement, j'ai pu travailler,
08:23notamment RTL l'équipe et RTL du coup. Donc voilà, j'aime bien suivre justement cette cérémonie,
08:30tout ça, pour voir un peu ce qui s'est fait, ce qui s'est dit. Alors vous aurez la chance,
08:34si vous n'êtes pas là-bas, de voir la cérémonie sur Sport en France, puisque le 15 décembre à 20
08:40heures, vous notez bien, en direct et en exclusivité, la cérémonie des micro-d'or sera
08:44diffusée donc sur Sport en France. Est-ce que vous avez fait des rencontres qui vous ont,
08:49même si vous me dites qu'il y a 11 ans déjà, vous aviez l'idée de commenter du foot,
08:53mais est-ce qu'il y a eu de rencontres de gens de ce métier qui vous ont influencé ?
08:57Non, enfin, je l'ai rencontré après. Je parle toujours de lui, mais c'est vrai que c'est une
09:02référence. Pour moi, c'est Abiy Hassouli, le journaliste de France Bleu à l'époque,
09:05que j'écoutais beaucoup à la radio. Et c'est vrai que je ne l'ai pas rencontré à l'époque,
09:09je l'ai rencontré en fait pendant mes études, justement, sur un match que j'ai pu aller
09:12suivre et je l'ai écouté, j'étais à côté de lui, j'étais fascinée. Et c'est vrai qu'on en a
09:16beaucoup parlé, je lui ai dit, tu sais, tu étais un peu quand même, moi je t'écoutais quoi,
09:21et c'était hallucinant parce que quand il y a un but, qu'il y avait un but de l'OM notamment,
09:26il n'avait plus de voix. Et qu'est-ce qu'on a pu m'embêter avec la voix, la voix des filles,
09:31la voix dès qu'il y a une action, dès qu'il y a un but. Vous ne vous rendez pas compte qu'à quel
09:34point j'ai adoré écouter Abiy Hassouli, ne plus l'entendre en fait parce qu'il y avait des buts
09:38par exemple. Et voilà, c'est hallucinant. Mais sur le parcours, non, je n'ai pas eu de
09:42rencontres particulières pour m'amener en tout cas au moins jusqu'à la fin de mes études.
09:47Et Marseille, le fait d'être marseillaise, ça vous est arrivé de commenter Marseille ?
09:51Oui, oui, bien sûr, bien sûr, en Ligue des Champions notamment parce qu'on a nos soirées
09:55sans images sur la chaîne. Et vous arrivez à rester objective ou vous êtes supportrice ?
10:00Non, je pense, de toute façon, je pense que peu importe l'équipe, c'est pas trop...
10:05Si c'est en Ligue des Champions et qu'il y a une équipe française, vous allez bien quand même être un peu...
10:08Bien sûr, bien sûr, voilà. Mais ça reste objectif. Après, on peut être un peu plus chauvin,
10:12voilà, chauvin, chauvine, mais je penserais que c'est objectif en tout cas.
10:17Alors, il y a une question qui est vraiment bateau, qui est un cliché épouvantable,
10:20mais tous les jeunes nous la posent. Donc, je vous la pose. Qu'est-ce que faut-il faire ?
10:25Alors, moi, j'ai eu pire. C'est des gens qui avaient des boulots vraiment très valorisants,
10:29ils gagnaient beaucoup d'argent. Ils disaient, je veux tout plaquer pour être journaliste sportif.
10:32Ceux-là, je les calmais un peu, je leur disais, attendez, restons calmes.
10:35En revanche, pour les jeunes qui rêvent de ce métier, qu'est-ce qu'on leur dit, alors ?
10:40Travaille, croire et, je vous dis, passion, voilà, aimer et puis ne pas hésiter à taper aussi aux portes.
10:48Il y a plein, plein de façons de le devenir. Chacun aura un parcours différent.
10:51Moi, j'ai fait beaucoup d'études. Et puis, en fait, il y a maintenant des parcours plus courts.
10:58En tout cas, l'idée, c'est de ne pas hésiter à aller taper aux portes et surtout,
11:04pardon pour l'expression un peu bateau, mais c'est un métier passion.
11:08Donc, si vous aimez, il faut garder cette envie, ce plaisir et cette passion du sport, du foot.
11:13Il y a beaucoup, beaucoup de médias maintenant. Alors, le côté plus sombre, on l'a dit,
11:17c'est qu'on va plus commenter en cabine qu'auparavant,
11:19où on allait sur tous les stades et les Jeux olympiques et les Coupes du monde, etc.
11:23En revanche, il y a plus de possibilités puisqu'il y a beaucoup de sites internet,
11:26beaucoup de médias dans lesquels on peut s'exprimer si on a envie de faire ce très joli métier.
11:31Eh bien, moi, on parlait d'édition tout à l'heure. Je veux remercier Anthony Drevin.
11:34C'est lui qui a préparé cette émission. Alors, vous voyez, le chef d'édition, il fait ça.
11:38C'est-à-dire qu'il prépare tout, voilà. Et puis, moi, je suis un perroquet.
11:41Je lis ce qu'on me dit. Non, pas tout à fait quand même, soyons honnêtes.
11:43Et puis, merci à Nicolas Bayer à la réalisation, Alban de Berghauson,
11:47Alexandra Peté à la vision et Sandrine David au maquillage.
11:50Voilà, c'était Derrière le micro dans le cadre des micros d'or.
11:54On se retrouve très bientôt pour une autre édition. Merci.