A vos marques - Para Tir

  • il y a 3 mois
Dans ce numéro d’A vos marques, Maxime Brami revient sur la pratique du para tir. En compagnie de ses invités Tanguy de la Forest (5 participations aux Jeux paralympiques) et l’entraineur du Groupe France en Para Tir, Eric Viller, retour sur les règles et les spécificités de ce sport avant de s’intéresser au parcours de Tanguy de la Forest et de sa préparation en vue des Jeux Paralympiques de Paris 2024.

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00:00Ravis de vous retrouver pour ce nouveau numéro d'Avomark, votre rendez-vous 100% parasport
00:20et c'est à suivre tous les mardis à 19h sur notre antenne sport en France.
00:24Nous partons cette semaine à la découverte du paratire sportif avec mes invités Tanguy de Laforêt.
00:30Bonjour Tanguy.
00:31Bonjour.
00:33Merci d'avoir accepté l'invitation de Sport en France.
00:36Tanguy, vous êtes un athlète en paratire sportif et vous avez déjà 5 paralympiades à votre actif.
00:43Merci d'être avec nous.
00:44Nous sommes également accompagnés d'Éric Villers.
00:47Éric, bonjour.
00:48Bonjour à vous.
00:50Vous êtes entraîneur au sein de la Fédération française de tir et nous reviendrons pendant cette émission sur votre discipline.
00:57Vous êtes tous les deux, je crois, à Toulon en ce moment pour un stage de préparation en vue des mondiaux qui se tiendront en novembre.
01:04Partons tout de suite à la découverte de votre discipline, le paratire sportif. C'est parti.
01:09Ce nouveau numéro d'Avomark est donc dédié au paratire sportif avec mes invités Tanguy de Laforêt, Éric Villers.
01:21C'est un sport de précision, c'est un sport d'agilité, c'est un sport de concentration.
01:27C'est un sport paralympique depuis 1976 aux Jeux de Toronto.
01:32Il est sous l'égide de la Fédération française de tir et c'est nouveau depuis 2017.
01:37Il était au préalable sous la direction de la Fédération française en e-sport.
01:43Pour les téléspectateurs qui ne connaissent pas votre discipline, on va commencer avec vous Tanguy de Laforêt.
01:48Quand on parle de paratire sportif, de quoi parle-t-on exactement ?
01:53On parle de deux disciplines, soit le tir à la carabine, soit le tir au pistolet.
01:58Pour ma part, je pratique le tir à la carabine.
02:00Quelles sont les distances ?
02:04Vous avez deux distances de tir à la carabine, le 10 m à l'air comprimé et le 50 m à la 22 l'orifle.
02:12Vous tirez au pistolet à 10 m, 25 m et à 50 m.
02:15Est-ce qu'on tire des plombs ? On tire des vrais balles ? J'imagine que des vrais balles, il peut y avoir des accidents ?
02:21Non, il n'y a pas d'accident, ou très peu en tout cas sur le plan international depuis des années.
02:27On tire des plombs à 10 m à l'air comprimé et des balles à 50 m.
02:33Votre discipline, vous venez de le dire, c'est le tir à la carabine.
02:36Comment se déroule un match ? Comment se déroule une compétition ?
02:40Qu'on comprenne bien, combien vous êtes ? Qu'est-ce que vous faites pendant combien de temps ?
02:46Qu'est-ce qu'on fait pendant une heure ou une heure et quart en fonction de la discipline ?
02:52On va tirer 60 fois, 60 plombs ou 60 balles.
02:57En général, un match commence par 15 minutes de préparation, se poursuit par 15 minutes d'essai.
03:03On peut tirer autant de plombs qu'on veut.
03:05Et ensuite, vous avez 60 plombs ou 60 balles à tirer pour terminer un match.
03:10Et ça, c'est le match de qualification.
03:12Et ensuite, vous avez les 8 premiers du match de qualification qui se qualifient pour la finale.
03:16Éric Véleur, vous êtes entraîneur au sein de la Fédération française de tir.
03:20Dans la continuité de ce qu'on vient de dire, comment est-ce qu'on compte les points ?
03:27Comment se comptent les points ?
03:29Après les Jeux paralympiques de Londres, il y a eu une évolution dans notre règlement.
03:34Avant, quand on touchait le 10, c'était un 10.
03:36Si on faisait un 9, c'était un 9.
03:38Comme le niveau devenait de plus en plus important, les instances internationales ont changé de règlement.
03:44Maintenant, on est passé en dixième de point.
03:46Aujourd'hui, on ne se contente plus de faire un 10, de toucher le 10.
03:50Il faut maintenant aller faire la mouche et plus.
03:52Aujourd'hui, le 10 est divisé en dix dixièmes, du 10-0 au 10.9.
03:57La balle parfaite, ça va être 10.9.
03:59C'est 10 points quelque chose multipliés par 60.
04:03Ce qui nous a amenés à nous requestionner au niveau du travail des munitions et précision des canons.
04:09Il a fallu être encore plus performant de ce côté-là.
04:12Nous allons régulièrement dans les usines faire des tests de canons et des tests de munitions.
04:16On comprend bien que maintenant, pour donner un exemple, 6 mm pour du tir à 10 m à côté d'un 7 mm.
04:25Tout de suite, on va faire des dixièmes, même si le 7 mm va toujours être dans le 10.
04:29Mais nous, on ne se contente plus de ça.
04:30Maintenant, il a fallu vraiment travailler sur le matériel.
04:33Chose que l'on a fait de façon qui a bien marché.
04:39Pour information, Tanguy a fait le record du monde tout récemment à la Coupe du Monde de Tokyo.
04:43Le petit millimètre devient très important.
04:49Vous avez augmenté la taille de la balle pour aller chercher le sous-rond que j'essaye de bien comprendre.
04:55Il y a quand même une réglementation.
04:56J'imagine que si vous mettez une grosse balle et que vous explosez la cible de le 10, forcément vous allez être dans le 10.9.
05:02Juste pour dire, à 10 m, c'est du plan, c'est 4,5 mm de diamètre.
05:07Dans l'idéal, c'est 4,5 mm de diamètre le plan.
05:13Ça ne peut pas être en dessous, ça ne peut pas être plus.
05:15Il y a les carabines de compétition qui acceptent du 4,5 mm.
05:18Je dirais, dans l'idéal, c'est de trouver 60 plans qui font 4,5 mm de diamètre.
05:23Tout ce qui est au-dessus de 1 mm, 6,5 mm, je ne prends pas.
05:26Assez simplement, vous mettez une carabine dans un étau, vous tirez 30 coups avec.
05:31Normalement, si le groupement était parfait, ça vous ferait 4,5 mm.
05:36C'est là où vous pouvez avoir des petits écarts, même à l'étau.
05:40C'est là où l'objectif pour nous est d'aller chercher un groupement sur 30 plans de 6 mm.
05:45Justement, ces plans, il y a quelqu'un qui vous aide, vous, à les mettre dans votre carabine Tanguy,
05:52puisque vous avez une atteinte au membre inférieur, mais également au membre supérieur.
05:58Au-delà du fait qu'ils mettent un plan dans la carabine pour vous aider à tirer,
06:02racontez-moi un petit peu le rôle de cette personne que nous appelons le loader.
06:06Pour revenir sur le paratire, en effet, et notamment la carabine,
06:10vous avez deux disciplines ou deux catégories, le SH1, les SH1 et les SH2.
06:15Pour ma part, je tire en SH2 parce que j'ai une atteinte au niveau des membres supérieurs.
06:19Cette atteinte me fait tirer pour compenser mon handicap avec une potence,
06:24qu'on appelle une potence belge, qui permet de porter le poids de la carabine, mais pas de la maintenir.
06:28Dans cette discipline SH2, dans cette catégorie classification,
06:34vous avez le droit d'avoir un accompagnateur.
06:36Cet accompagnateur, c'est lui qui va vous mettre en position,
06:39c'est également lui qui va charger l'arme à chaque tir.
06:42Son rôle est plutôt pratique, c'est-à-dire qu'il n'intervient pas sur la stratégie globale
06:49et finalement sur vos performances directes, où quand même il a une influence.
06:55Il pourrait avoir une influence négative sur la performance,
06:59mais il ne peut pas avoir une incidence positive,
07:01dans le sens où ce n'est pas lui qui va tirer, une fois de plus, c'est lui qui va mettre le plomb.
07:05Par contre, s'il fait mal son action, s'il met mal le plomb ou s'il épaule mal,
07:11c'est là où ça pourrait avoir un effet négatif.
07:14Il a un rôle très important puisque sans mon accompagnateur, je ne pourrais pas tirer.
07:18Par contre, il n'a pas un rôle direct sur la performance de l'adepte.
07:21Certains matchs se sont déjà perdus à cause du comportement du loader ?
07:25Bien sûr, c'est des choses qui arrivent pour plusieurs raisons.
07:29La première, c'est si vous mettez le plomb à l'envers.
07:31Si l'accompagnateur met un plomb à l'envers, vous allez passer d'un 10.7 ou 10.8 par exemple à un 8,
07:38ce qui fait qu'automatiquement, vous ne rentrerez pas en finale.
07:41Vous pouvez également avoir, par rapport au rôle de l'accompagnateur, une erreur en finale
07:46et vous vous retrouvez avec un carton jaune ou un carton rouge.
07:49Là encore, vous pouvez avoir une expulsion de l'athlète.
07:53En effet, il y a une vraie incidence, mais plutôt une fois de plus sur le côté négatif.
07:58Eric, revenons ensemble.
08:00Vous êtes l'entraîneur. Quelles sont les qualités requises pour faire un bon tireur ?
08:05Les qualités requises pour faire un bon tireur ? J'ai un exemple à côté de moi.
08:12Décrivez-moi la personnalité de Tanguy.
08:15Ça va être intéressant comme exercice. En plus, vous n'êtes pas loin.
08:18Ça ne va pas être gênant du tout.
08:20Pour définir la qualité de Tanguy, comment il est ?
08:24C'est quelqu'un qui n'est jamais satisfait.
08:26C'est quelqu'un qui ne se contente jamais de ce qu'il a produit à l'entraînement,
08:30même si ça a été très bien.
08:32C'est très bien, mais je veux essayer ça, je veux creuser.
08:36C'est quelqu'un qui rentre vraiment dans le détail, mais vraiment à l'extrême.
08:40Je dirais que c'est vraiment super parce que vous imaginez le travail.
08:44On voit les images entre l'arme, la potence, le travail sur le fauteuil,
08:48le placement du fauteuil, le placement en cible, l'équilibre de l'arme,
08:53le poids de l'arme, les contrepoids, où est-ce qu'on les met, comment on les met.
08:56Il faut fouiller, il faut chercher.
08:58Pour en revenir, comme je vous disais tout à l'heure, c'est d'essayer de trouver le petit dixième.
09:01C'est le petit dixième qui va faire gagner.
09:03Tanguy, c'est quelqu'un qui n'est jamais satisfait,
09:07donc il est toujours en train de creuser, toujours en train de chercher.
09:10Des fois, j'en rigole, je le regarde, je fais Tanguy.
09:13Mais voilà, je dirais que c'est ce qui fait sa force.
09:16C'est quelqu'un qui pousse à l'extrême sa curiosité et qui cherche.
09:21Là, vous êtes en train de me décrire quelqu'un d'insatiable, de perfectionniste.
09:27Mais moi, je m'attendais plutôt à des qualificatifs comme endurant, calme,
09:33avec des capacités de concentration qui sont peut-être un peu plus que la moyenne.
09:38Tanguy, est-ce que vous vous reconnaissez quand même dans ces qualificatifs ?
09:41Oui, bien sûr.
09:43Le tir ou la partie technique ou la partie matérielle, pour moi,
09:47va représenter peut-être 20% de la performance,
09:51le reste étant lié au mental, à la concentration, à la gestion du stress.
09:56Pour moi, c'est la différence qui se fait entre deux très bons athlètes sur le plan international.
10:03Quand vous arrivez à bien gérer le mental, quand vous arrivez à enchaîner des victoires
10:08et donc à acquérir un peu de confiance, c'est à ce moment-là que vous êtes très fort.
10:12Ça veut dire quoi, bien gérer le mental ?
10:14Déjà, est-ce que ça veut dire que vous ne buvez pas du tout de café ?
10:16Si, je bois très souvent du café et très souvent à l'entraînement
10:20parce que c'est un bon moyen pour moi de m'entraîner dans une difficulté quelque part.
10:26Par contre, avant un match, jamais je ne bois de café, évidemment.
10:31Mais c'est un excellent entraînement.
10:33Vous sursollicitez votre organisme pour pouvoir le réguler, finalement.
10:37C'est un peu ça, à l'entraînement.
10:39C'est de me mettre dans des situations assez délicates.
10:41C'est important pour moi de me mettre en situation difficile comme on peut le faire.
10:45Exactement comme on peut le faire, par exemple, comme un biathlète.
10:48C'est de se retrouver à un moment donné sur une situation d'hyperventilation
10:51pour pouvoir avoir un peu de stress qui va monter et la tête qui va un peu tourner.
10:56Cette hyperventilation, vous essayez de la gérer après en match.
10:59C'est un peu la situation que vous retrouvez de temps en temps en finale au jeu, par exemple.
11:04Le tir, c'est quelque chose qui s'effectue en mouvement.
11:08L'arme n'est jamais immobile.
11:10Comment est-ce qu'on fait pour dompter le mouvement ?
11:13Et surtout, comment est-ce qu'on fait pour savoir à quel moment il faut tirer ?
11:20Pour dompter le mouvement, c'est une question d'entraînement et de travail pour la position.
11:27Tout le travail de position est extrêmement important.
11:30Et ce travail de position, je le fais également sur un match ou en finale.
11:34Toute la phase de 10 secondes, 15 secondes avant où je me mets en position,
11:39c'est un élément qui est extrêmement important.
11:41À ce moment où je suis stabilisé, je sens que je suis stabilisé, je vais en cible.
11:47Et quand je suis en cible, en effet, tout se fait de manière très automatisée.
11:52Une fois de plus, tout ce que je travaille à l'entraînement,
11:55me sert qu'à une seule chose pour moi, c'est d'automatiser mes gestes
11:58pour les réussir en compétition et en situation de stress.
12:01Eric, faut-il avoir une acuité visuelle irréprochable pour faire du tir
12:06ou les lunettes sont autorisées ?
12:08Dans notre discipline, il n'y a pas besoin d'avoir une acuité visuelle extraordinaire.
12:13Si on a des problèmes, il suffit d'avoir ce qu'on appelle un vert correcteur
12:17adapté à la vue de chacun qu'on vient placer devant l'œil
12:20ou sur le diop où un pistolier s'est placé devant l'œil.
12:25Il n'y a pas besoin, il suffit simplement d'avoir le bon vert correcteur
12:29pour pouvoir bien voir notre cible.
12:31Il faut juste comprendre que c'est un système de visée concentrique.
12:35On a un rond noir à 10 m, à 50 m, voire à 300 m dans le discipline.
12:40C'est un rond noir.
12:41Au bout du canon, vous avez un guidon d'un certain diamètre
12:43en fonction de la vue de chacun.
12:45Vous avez donc un cercle.
12:47Et vous avez sur le diop, c'est un cercle aussi par lequel on vise.
12:50Il faut aligner au mieux ces trois cercles pour la lâcher bien dedans.
12:56Après, il y a tout un travail derrière.
12:58Il y a un travail de lâcher, il y a un travail de coordination.
13:00Mais il n'y a pas besoin, on ne voit pas le 10.
13:03On se contente d'aligner des cercles et de faire en sorte que la baille aille bien au bout.
13:08Dans Avomark, nous adressons aux personnes en situation de handicap,
13:11mais également aux parents qui ont des enfants en situation de handicap.
13:15Si un enfant veut pratiquer du paratire, comment est-ce qu'il faut s'y prendre ?
13:21Quel est le maillage territorial ?
13:23Où est-ce qu'il doit s'adresser pour devenir tanguy de la forêt ?
13:26Où est-ce qu'il doit s'adresser ?
13:27Aujourd'hui, juste pour refaire un petit peu l'histoire,
13:31la Fédé a en charge le paratire depuis le 1er janvier 2017.
13:37C'est tout récent.
13:39Moi, je suis arrivé aussi mi-2017.
13:42Avant, il faut savoir qu'ils étaient gérés par la Fédération française d'handisport.
13:46Et la Fédération a pris la délégation du tir.
13:50Donc, il a fallu faire un gros travail,
13:53former le staff, moi y compris,
13:56du travail sur les arbitrages, sur les classificateurs,
13:59pour savoir dans quelle catégorie on peut tirer,
14:01en fonction du handicap, comment on peut tirer.
14:04Il a fallu passer l'information dans les régions,
14:08former des bénévoles,
14:10aussi des formations pour apprendre ce que c'est d'accueillir une personne en situation de handicap
14:15dans le champ du loisir, dans n'importe quel club.
14:18Et après aussi, il y a d'autres formations.
14:20Donc, la Fédé a mis en place beaucoup de choses concernant toutes les formations.
14:24Au niveau territorial, aujourd'hui,
14:26tous les clubs doivent être en capacité, je dis bien tous les clubs,
14:30de recevoir une personne qui franchit la porte d'un stand de tir.
14:34Bonjour, je suis en fauteuil, j'aimerais faire du tir.
14:38Aujourd'hui, nous sommes en capacité de les accueillir.
14:41Bien sûr, il faut que ce soit accessible,
14:43mais de plus en plus, les stands aussi font l'effort,
14:45parce que ça fait partie des politiques publiques aussi,
14:49faire en sorte que tout soit accessible aujourd'hui pour les handicaps.
14:52Donc, on peut les faire tirer, mais vraiment, quel que soit le handicap.
14:57Dans le côté loisir, vraiment, j'invite les personnes qui veulent essayer de tirer
15:02à regarder sur Internet, taper sur Internet le stand de tir le plus proche de chez eux,
15:07qui doit être capable de leur faire une initiation.
15:09Alors justement, Tanguy Delaforêt, un jour a franchi la porte d'un stand de tir,
15:14et c'est l'heure maintenant de revenir sur ses performances,
15:17c'est l'heure de Parcours Perf.
15:23De retour dans vos marques pour la seconde partie de votre émission,
15:26dédiée aux paratirs sportifs avec Tanguy Delaforêt et Eric Villers.
15:30Tanguy, vous avez cinq paralympiades à votre actif.
15:34Vous êtes né le 21 avril 1978 à Rennes, en Bretagne.
15:39Vous êtes atteint d'une amyotrophie spinale infantile.
15:43Ça veut dire que vous avez pu marcher jusqu'à l'âge de dix ans,
15:47et depuis, vous vous déplacez en fauteuil électrique.
15:50Vous ne pouvez également pas porter une charge supérieure à 500 grammes.
15:55La première question, comment et quand avez-vous découvert le tir ?
16:01J'ai découvert le tir assez jeune, à l'âge de huit ans,
16:05en remportant un concours de tir à la carabine dans une kermesse.
16:09Ce n'est pas un sport que j'aurais choisi directement,
16:13mais en tout cas, c'est ce sport qui m'a choisi par rapport à mon handicap.
16:17Donc, c'était dans une kermesse en Bretagne, il y avait un petit canard,
16:21et puis vous vous êtes dit, je vais tirer sur le canard, et ça, ça me plaît.
16:24Ce n'était pas un canard, c'était des spaghettis non cuites,
16:28et il fallait en effet les couper en deux,
16:31et en reportant ce concours-là, c'est là où je me suis dit,
16:34j'ai toujours eu une âme de sportif et passionné par le sport,
16:37et je voulais absolument en faire malgré mon handicap,
16:40et c'est comme ça que je me suis mis à ce sport-là qui est très accessible,
16:43peu importe le handicap comme lui, je vous expliquais Eric tout à l'heure.
16:46Mais c'est à ce moment-là, quand vous avez huit ans,
16:48et que vous tirez sur cette spaghetti que vous coupez en deux,
16:50que vous vous dites, tiens, ça peut être ma vie, déjà.
16:53Il y a une maturité intellectuelle à l'âge de huit ans,
16:56comment c'est venu après ?
16:58Racontez-moi un petit peu ce chemin intérieur
17:02qui vous amène aujourd'hui à être l'athlète que vous êtes.
17:04Non, je pense que la maturité intellectuelle,
17:06je ne suis même pas sûr de l'avoir aujourd'hui.
17:09Non, vous gravissez les échelons au fur et à mesure,
17:13et en effet, à 12-13 ans,
17:16vous commencez à faire quelques résultats sur le plan national.
17:20Je faisais un peu de tennis de table à l'époque,
17:22il a fallu que je choisisse entre les deux sports.
17:24De plus, mon handicap m'a orienté vers le tir,
17:27et puis vous rentrez en équipe de France,
17:29ça m'est arrivé à l'âge de 19 ans pour la première fois,
17:33et c'est en effet à ce moment-là que vous vous rendez compte
17:35que ça peut devenir un sport de haut niveau,
17:39que ça peut être quasiment de la professionnalisation
17:42ou semi-professionnalisation.
17:44C'est le cas aujourd'hui,
17:45depuis que la Fédération française de tir a obtenu la délégation.
17:48Donc voilà, ça se fait étape par étape,
17:51mais je suis très content justement de tout ce parcours-là
17:54depuis maintenant pratiquement 35 ans dans le tir.
17:58Alors justement, j'aimerais qu'on parle de votre position de tir,
18:02de la technique, parce qu'en regardant les vidéos,
18:05en préparant cette émission,
18:06je vois qu'en fait vous penchez un petit peu la carabine.
18:11Alors j'ai envie de comprendre,
18:13est-ce que tous les athlètes, les para-athlètes,
18:15font la même chose que vous,
18:17ou est-ce que c'est une technique qui vous est propre,
18:20et est-ce que c'est une technique surtout qui est liée à votre handicap ?
18:23Alors je pense que c'est une technique qui peut être un peu liée à mon handicap.
18:27C'est une technique qui m'est propre, oui,
18:29parce que je pense que je suis sur le plateau des tireurs,
18:31celui qui penche le plus sa carabine sur le côté avec la potence.
18:37C'est un choix technique de ma part.
18:40On s'est posé la question avec mes entraîneurs
18:42de mettre la potence droite ou pas.
18:44Mes performances sont meilleures comme ça.
18:47Ça ne veut pas dire que ce sera mieux pour tous les tireurs
18:49de tirer avec la carabine sur le côté.
18:51En tout cas, moi, c'est une position qui me convient très très bien
18:54et qui me permet d'être performant.
18:56Il y a quelque chose qui m'a surpris.
18:58Vous touchez à peine la détente,
19:01comme si vous l'effleuriez pour pouvoir faire partir le coup.
19:04Racontez-moi un peu comment ça se travaille,
19:06et peut-être qu'après on donnera la parole à Eric
19:10pour savoir comment il vous fait travailler.
19:12Ça aussi, c'est quelque chose qui m'est propre.
19:15On a cherché, avec mes entraîneurs,
19:17à avoir un coup très direct.
19:20Déjà, je n'ai pas de force au niveau des membres supérieurs.
19:23En effet, juste en posant mon doigt sur la queue de détente,
19:26on va faire partir le coup.
19:29Vous avez la possibilité de régler le poids de la queue de détente.
19:33Pour ma part, j'ai un poids extrêmement faible.
19:36Vous pouvez également régler la course.
19:38Je suis quasiment en détente directe.
19:41Ça me permet de faire partir le coup très rapidement.
19:44C'est également quelque chose qu'on a travaillé,
19:46et qu'on travaille depuis maintenant trois ou quatre ans,
19:49notamment avec Eric,
19:50et quelque chose qui paye en tout cas en ce moment.
19:52Eric, parlez-moi de ce réglage de poids, qu'on ne comprenne rien.
19:56Vous réglez la sensibilité de la détente, c'est bien ça ?
19:59Sur nos carabines, on a la possibilité de régler la détente.
20:03Aujourd'hui, comme on a des détentes électroniques,
20:05on peut passer de 30 à 150 grammes.
20:09L'objectif, c'était de travailler avec différents niveaux de poids de détente.
20:15Avec Tanguy, effectivement, on a réduit.
20:18Aujourd'hui, on doit être sur du 35 grammes, quelque chose comme ça.
20:22Mais pour bien comprendre le 35 grammes,
20:24ce n'est pas parce qu'il y a 35 grammes que Tanguy pose le doigt
20:27et que ça part tout seul.
20:28Il y a quand même une sensibilité dans le doigt qui permet de gérer les 35 grammes.
20:3380 grammes, c'est déjà léger.
20:35À mon époque, on tirait à 80 grammes.
20:37Mais on apprend à gérer ces 80 grammes et le doigt doit travailler sur la détente.
20:43C'est l'action du doigt qui se fait.
20:45J'appuie, j'appuie, j'appuie.
20:46On dit ça, ça écrase sur la pulpe du doigt.
20:49Mais Tanguy, il est parfaitement conscient.
20:54Il sait où il en est de son lâcher.
20:56Il reste focus sur la visée et le doigt doit travailler.
20:59Après, c'est un travail de coordination qui va se faire entre la visée,
21:02je vois, je vois, je suis centré, je vois, je vois.
21:05Le doigt, il se fait, il se fait, il se fait.
21:07Et le coup, il est parti.
21:08Mais le coup n'est jamais commandé.
21:10Mais Tanguy, OK, il a 35 grammes.
21:12Mais il sait quand il est sur du 30 et il sait quand il va passer à 25.
21:15Et il sait quand, enfin, il sait.
21:17Il y a des milliers de répétitions, bien sûr,
21:19des années de répétition et du travail de répétition
21:22de façon à ne faire jamais dépointer l'arme.
21:25Jamais le coup de doigt ne doit exister chez nous.
21:27Donc, 30 grammes, on peut se dire, je pèse, je mets à peine le doigt dessus.
21:32Non, il y a un gros travail derrière.
21:35Rapidement, une question sur votre rôle.
21:38Tanguy, il a intégré, vous l'avez dit, l'équipe de France à 19 ans.
21:42Aujourd'hui, vous avez 44 ans.
21:44Qu'est-ce que vous pouvez encore apporter à un sportif
21:48qui a cinq paralympiades ?
21:50Quelles sont les marges de progression ?
21:53Quel est finalement le rôle de l'entraîneur ?
21:55Le rôle de l'entraîneur, c'est surtout de beaucoup partager
21:58et d'écouter son athlète.
22:01Tanguy, après chaque olympiade, réussit par ici.
22:05C'est lui qui peut juger, on va dire.
22:07Mais tant qu'il n'a pas eu la médaille, il n'est pas content.
22:09C'est pour ça qu'il continue.
22:10Il veut aller chercher cette médaille.
22:12C'est apprendre à se réinventer et pas rester toujours
22:14sur un même schéma depuis 20-30 ans.
22:16Beaucoup de choses évoluent.
22:17Le matériel évoluait.
22:18Nous, on a fait évoluer aussi le travail sur les fauteuils,
22:20travailler sur la stabilité des fauteuils.
22:22Comme je vous ai dit tout à l'heure, on a travaillé aussi sur la balistique.
22:25Tanguy aussi fait des recherches de son côté.
22:28On a beaucoup travaillé aussi sur la planification des entraînements.
22:32Quel est l'objectif ?
22:33Qu'est-ce qu'on travaille ?
22:34Comment on va se mettre en place ?
22:35Je vais donner juste un petit exemple.
22:37Récemment, avec Tanguy, on en apprend tous les jours.
22:39Quand l'athlète se livre au dernier Chopin d'Europe,
22:42Tanguy n'était pas content.
22:44En discutant, en débriefant, il me dit
22:46« Je calcule tout, j'entends ce que dit l'arbitre
22:48et je calcule tout dans la finale. »
22:50On avait dit que la finale, c'est les 8.
22:52Comme je vous dis, c'est au dixième de point.
22:54Tanguy calcule, il entend.
22:56Je dois faire X dixième de point pour aller chercher la médaille
22:59ou il faut que je rattrape X dixième de point pour revenir.
23:03Ce sont des petites choses qu'on a discutées.
23:05On a mis en place une autre stratégie
23:07qui lui a permis, quelques jours après, d'aller chercher la médaille.
23:10Tu n'écoutes plus l'arbitre, tu restes focus sur ce que tu dois faire.
23:14Tu ne regardes pas les écrans,
23:15parce que les écrans montrent à chaque coup le classement au fur et à mesure.
23:20Sur des petites choses comme ça, on travaille.
23:23On a envie de changer la carabine,
23:24de faire évoluer la crosse,
23:26de faire évoluer le matériel en permanence,
23:29parce que le niveau augmente partout, chez tout le monde.
23:34Nous, il ne faut pas qu'on reste à la traîne.
23:36Donc, il faut écouter, écouter, essayer.
23:38Ok, on essaye. On y va, on essaye.
23:40Et on valide avec l'athlète.
23:42Messieurs, je le disais en introduction de cette émission,
23:44vous êtes actuellement à Toulon
23:46pour préparer les championnats du monde qui auront lieu en novembre.
23:49Tanguy, on va conclure cette émission avec vous.
23:51Les championnats du monde en novembre,
23:53est-ce une répétition, l'ultime répétition importante avant Paris 2024,
23:58que j'imagine être un objectif majeur pour vous ?
24:02Non, quand je pars en compétition,
24:05que ce soit sur une compétition nationale ou internationale,
24:07ce n'est jamais une répétition, évidemment.
24:10Je vais répéter ce que j'ai pu travailler à l'entraînement,
24:14mais chaque compétition est importante.
24:16Les championnats du monde, c'est une compétition extrêmement importante
24:19avec tous les meilleurs tireurs du monde.
24:21Je pense même que c'est un niveau encore au-dessus des Jeux,
24:24puisque c'est vraiment tous les meilleurs tireurs du moment
24:26qui sont présents sur ces championnats du monde.
24:28C'est une très belle compétition.
24:31L'objectif sera clairement d'aller chercher plus qu'un podium,
24:34une victoire sur les championnats du monde dans un mois.
24:36Merci Tanguy. En tout cas, nous allons suivre vos performances
24:39avec une grande attention.
24:41Merci Eric d'avoir répondu à nos questions.
24:44Merci à vous de nous avoir suivis.
24:46Merci aux équipes pour la préparation de cette émission.
24:49Passez une très belle semaine sur SPORT EN FRANCE.

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