Dans ce numéro d’A vos marques, Maxime Brami s’intéresse aux para sports d’hiver. L’occasion de dresser le bilan des jeux Paralympiques de Pékin en compagnie de Marie-Amélie Le Fur et Jean Minier avant de revenir sur le parcours de la championne paralympique de Para snowboard, Cécile Hernandez.
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00:00...
00:15Bonjour à toutes et à tous.
00:16Ravis de vous retrouver pour ce nouveau numéro
00:19d'Avomark, l'émission 100 % endisport et sport adapté.
00:22C'est à suivre tous les mardis à 19h
00:24sur notre antenne.
00:25Émission spéciale, bilan des Jeux paralympiques d'hiver
00:28de Pékin, avec mes invités pour la 1re partie de l'émission.
00:31J'ai le plaisir de recevoir Marie-Amélie Le Fur.
00:34Bonjour, Marie-Amélie.
00:35Merci d'être avec nous.
00:36Vous êtes présidente du Comité paralympique
00:39et sportif français.
00:40Vous êtes accompagnée de Jean Minier,
00:42chef de mission de la délégation française à Pékin.
00:47Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:49Dans la 2e partie de l'émission,
00:51nous recevrons une grande athlète et héroïne de ces Jeux,
00:54Cécile Hernández.
00:55Cécile Hernández sera avec nous.
00:57Parvisio, Avomark, spécial bilan des Jeux paralympiques de Pékin.
01:02C'est maintenant.
01:08C'est l'heure de faire le bilan dans Avomark
01:10avec mes invités, Marie-Amélie Le Fur,
01:13que j'ai le plaisir de recevoir.
01:15Avant de commencer, on va donner quelques informations.
01:18La France a fini 4e au tableau des médailles
01:21de ces Jeux paralympiques.
01:24Mais ce n'est pas sans cacher quelques difficultés.
01:27J'aimerais qu'on en parle.
01:30Quel est le bilan, pour vous, de ces Jeux paralympiques
01:33de la délégation française ?
01:35Le bilan est quand même positif, vous l'avez dit.
01:38La France termine 4e au classement des nations.
01:41C'était un objectif qui était annoncé.
01:437 médailles d'or, un résultat qui est équivalent
01:46à ce qu'avait connu l'équipe de France
01:484 ans plus tôt lors des Jeux de Pyeongchang.
01:50Là où on peut avoir quelques regrets,
01:53si on peut le dire comme ça,
01:55c'est sur la volumétrie globale des médailles.
01:57L'équipe de France rentre avec 12 médailles.
02:00A Pyeongchang, c'était 20 médailles.
02:02Il y en a plus en or, car c'est celle en or qui compte.
02:05Il y en a autant en or.
02:06Mais effectivement, il y a comme ça quelques frustrations
02:09sur certaines compétitions, sur certains moments,
02:12sur certains sportifs.
02:14Mais surtout, il y a aussi du positif
02:16dans la mesure où la répartition de ces médailles
02:18est plus équivalente en termes de sport
02:21et répartie sur plus de sportifs,
02:23ce qui démontre que la France a la capacité
02:25de préparer et d'accompagner la réussite des athlètes
02:28sur différents sports.
02:30Marie-Amélie, nous ne sommes pas
02:31bochet-dépendants au niveau des médailles.
02:34Marie Bochet et Arthur Bochet
02:36n'ont pas la même orthographe,
02:37je tiens à le préciser.
02:39Effectivement.
02:40Le patronyme Bochet rapporte énormément de médailles
02:43à la délégation française,
02:45mais on ne peut pas oublier les autres Français
02:47qui ont concouru à ce bilan.
02:49Et encore une fois, à la différence de Pyeongchang,
02:52il y a vraiment eu plus d'athlètes
02:54qui ont été médaillés.
02:55Et moi, parce que j'ai eu la chance
02:57de partir à Pékin, aux côtés de l'équipe de France,
03:00ce qui m'a marquée aussi, c'est l'état d'esprit
03:03de cette équipe de France.
03:04Une équipe de France, bien évidemment,
03:07composée d'athlètes expérimentés,
03:09Benjamin Davier, Arthur, Marie...
03:11Sur lesquels on compte pour ramener les médailles.
03:14Voilà, mais aussi des athlètes en devenir
03:16qui ont su, sur ces pistes, malheureusement,
03:19ne pas aller chercher des médailles,
03:21mais vraiment exposer le meilleur ski,
03:23découvrir les Jeux paralympiques,
03:25démontrer qu'ils avaient su se préparer
03:27pour ces Jeux, qu'ils ne s'étaient pas démontés
03:29quand ils étaient dans le portillon de départ.
03:32C'est aussi une très belle capitalisation
03:34sur l'avenir et sur ces jeunes.
03:36Vous êtes satisfaite ?
03:37Oui, très satisfaite.
03:39Jean Minier, vous, vous étiez chef de mission
03:41pour la délégation française à Pékin.
03:44Pareil, quel bilan faites-vous ?
03:47Quel est votre sentiment après ces Jeux ?
03:51Moi, je partage
03:53l'avis de Marie-Amélie.
03:55Je crois qu'il faut féliciter
03:58la Fédération française en e-sport,
04:00qui est la seule fédération qui a été représentée
04:03sur ces Jeux et qui a su amener
04:07les athlètes à ce niveau de performance,
04:11alors que les conditions de préparation
04:13étaient complexes.
04:15Compte tenu de la crise sanitaire.
04:17C'était un peu pour tout le monde, non ?
04:20Bien sûr, c'est sûr que c'était pour tout le monde,
04:23mais il faut quand même réussir à maintenir
04:25un niveau de motivation suffisant,
04:27un manque d'adversité criant, aussi,
04:30de rencontres criantes.
04:32Et puis, après,
04:33les Jeux, les championnats du monde
04:37de l'Ile-aux-Hameurs qui se sont déroulés
04:39deux mois plus tôt ont été particulièrement réussis,
04:42puisque l'équipe de France avait rapporté 20 médailles.
04:46Ca les a mis en confiance ?
04:48Ca les a mis en confiance.
04:49Ca veut bien dire qu'il y avait
04:51un potentiel supérieur, je pense,
04:53et qu'avec les moyens du bord,
04:57les aléas des grandes compétitions
04:59que sont les Jeux paralympiques,
05:01la montée en force,
05:04l'arrivée en force de la Chine,
05:06inattendue et impossible à prévoir à ce niveau-là,
05:09eh bien, l'équipe de France s'en est, je trouve,
05:12très bien tirée.
05:13Je crois que c'était vraiment...
05:15C'était si inattendu que la Chine soit à ce niveau-là,
05:18sachant que pour les Jeux olympiques,
05:20ils sont plutôt pas mauvais,
05:22que aux Jeux paralympiques, d'un coup, ils arrivent et...
05:25C'était inattendu parce que, notamment,
05:29ils ont réussi ce qu'ils n'ont pas forcément réussi
05:32au niveau olympique, c'est-à-dire être performants
05:35dans l'ensemble des disciplines,
05:36des disciplines qui sont presque les disciplines traditionnelles
05:40des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques,
05:43que sont le ski alpin,
05:45les disciplines traditionnelles du ski alpin,
05:47pas les disciplines du type half-pipe,
05:50disciplines un peu artistiques où on peut capitaliser
05:53sur des compétences gymniques qu'ont beaucoup les Chinois.
05:57Donc, ils ont réussi à former, en quelques années seulement,
06:01de bons skieurs alpins, de bons skieurs nordiques,
06:04de bons biathlètes, de bons snowboardeurs
06:07et snowboardeuses, bien sûr.
06:08Et je crois que ça, c'était quand même inattendu.
06:11On ne pensait pas que dans ces disciplines
06:13réputées comme quand même...
06:14Traditionnelles.
06:15Un peu traditionnelles, ils seraient capables
06:17de monter en performance aussi vite.
06:19Marie-Amélie Le Fur, il va falloir compter avec les Chinois
06:22pour les 30 prochaines années ?
06:24Oui, je pense que le cap qu'ils viennent de franchir
06:27sur les sports d'hiver restera,
06:29dans l'histoire des Jeux paralympiques,
06:31ça avait déjà été le cas en 2008.
06:33Mais pour rebondir sur ce que disait Jean,
06:36je pense qu'on peut aussi mitiger ce bilan de la France,
06:40tout simplement par la densité de pratiques des Français.
06:43On a trop peu de féminines qui participent
06:46aux Jeux paralympiques.
06:47On est absent de quasiment toutes les disciplines fauteuil.
06:51Et ça, c'est aussi un constat qu'on doit adresser,
06:54sur lequel on doit véritablement agir.
06:56Comment on fait pour agir ?
06:57C'est le moment de nous dire quelles seraient les solutions.
07:01Il y a peut-être des gens qui vous écoutent,
07:02qui peuvent vous aider dans ces solutions-là.
07:04Quel message voulez-vous faire passer ?
07:06Le message, il est très simple,
07:07c'est de voir comment on peut agir collectivement
07:09pour faire en sorte que demain,
07:11le sport pour toutes les personnes en situation de handicap
07:13devienne une réalité.
07:14Une réalité à proximité de leur bassin de vie.
07:17Et ça nécessite l'engagement de nombreux acteurs.
07:20Parce qu'encore actuellement, le mouvement sportif
07:23n'est pas suffisamment mature
07:25pour que tous les clubs soient para-accueillants.
07:27Parce que l'impulsion politique est encore trop faible
07:29pour avoir une évolution des politiques publiques
07:32qui permettent à la pratique sportive
07:34des personnes en situation de handicap
07:35de devenir effective.
07:37Et on oppose encore trop souvent médicalement
07:40la pratique du sport et la situation de handicap.
07:43Donc voilà, c'est tous ces enjeux d'évolution du système,
07:46mais aussi d'évolution des mentalités
07:48que l'on doit obtenir si on veut améliorer
07:51le nombre de pratiquants,
07:52si on veut améliorer le nombre de représentants français
07:56aux Jeux paralympiques,
07:58et donc indirectement, notre nombre de médailles.
08:00Et là, on parle des Jeux d'hiver.
08:03La situation que vous décrivez, elle est encore pire à la montagne.
08:06C'est certain que les problèmes d'accessibilité
08:10du front de neige sont particulièrement...
08:14C'est juste ça.
08:15Des courages particulièrement.
08:18C'est-à-dire que si on a un accident
08:20et qu'on doit se déplacer en fauteuil roulant,
08:24le premier univers qu'on quitte, si on peut,
08:27c'est l'univers de la montagne,
08:28parce qu'il est trop inhospitalier.
08:32Et on va plutôt vivre dans une ville
08:34qui sera sans doute plus adaptée.
08:37Et donc, c'est vrai qu'il y a des complexités accrues
08:41pour pouvoir accéder à ces disciplines-là,
08:44notamment quand on est non voyant
08:48ou quand on a une perte d'autonomie à la marche, par exemple.
08:53Donc, ça, c'est difficile.
08:54Et il y a d'autres réalités qui sont...
08:58qui peuvent expliquer le fait qu'on n'est pas beaucoup de féminines.
09:01Le ski alpin, c'est aussi une discipline
09:05où on n'a pas facilement accès à des toilettes, par exemple.
09:09Et c'est plus complexe,
09:10quand on est une femme assise dans un fauteuil ou dans une luge,
09:13de pouvoir passer une journée à la montagne,
09:16qui explique aussi que même au plan international,
09:18il y a très peu de femmes
09:20dans le concert international du ski assis.
09:23Il y a très peu de femmes qui pratiquent.
09:25Comment ça se passe à l'étranger ?
09:27On n'est pas les seuls.
09:28Je pense que les Chinois ont une autre logique que nous.
09:30C'est-à-dire que nous, on part du principe
09:32qu'on incite les personnes à aller dans les stations
09:35parce que dans les stations, il y a du matériel adapté,
09:37il y a des moniteurs formés.
09:40Donc, on peut faire du...
09:41Et c'est le message qu'il faut passer aujourd'hui.
09:43C'est que la montagne et les sports de neige
09:46peuvent paraître des sports inaccessibles.
09:48Ils ne le sont plus
09:50parce que les stations se sont équipées
09:53et que les moniteurs ont été formés.
09:55Mais malgré tout, nous, on incite les gens
09:57à découvrir ces activités,
09:59puis ensuite à s'inscrire dans des clubs.
10:01Et puis, quand ils ont acquis un certain niveau de performance,
10:05à rentrer dans des programmes collectifs,
10:07alors que je pense que les Chinois
10:08prennent la chose par l'inverse.
10:12Ils regroupent des gens et...
10:13Et ils les...
10:15Voilà, ils les forment de A à Z
10:18sur une unité de lieu.
10:20C'est pas la même logique, je pense.
10:22Paris et Amélie Luffer, j'aimerais revenir sur les féminines.
10:25Pourquoi on a toujours l'impression
10:28que les femmes, peut-être, n'osent pas ?
10:32Et pourquoi on a un déficit d'athlètes féminins
10:35dans ces disciplines ?
10:37Comment on explique ça ?
10:38Et peut-être, j'ai pas peur de le dire,
10:40peut-être par une psychologie féminine
10:42qui est peut-être différente de la psychologie masculine ?
10:44En fait, il y a une réalité,
10:45c'est que ce qui s'expose au sport valide
10:49est aussi vrai, en fait, dans le parasport.
10:51C'est pareil, c'est valide.
10:52Voilà, parce que dans toutes les fédérations,
10:54on voit des plans de féminisation
10:56qui visent à obtenir un petit peu plus de licenciés féminines,
11:00à capter un petit peu plus.
11:01Comment on fait pour attirer...
11:03C'est bizarre de dire ça, des plans de féminisation.
11:05Le ski, le snowboard...
11:08En fait, j'ai du mal à voir pourquoi il y a plus d'hommes
11:11que de femmes qui pratiquent le ski ou le snowboard.
11:14Après, c'est pas propre à ces disciplines-là,
11:17mais il y a une logique culturelle.
11:19Je pense que quand on est parent, on va beaucoup plus inciter,
11:22quand on a un petit garçon, à le mettre au sport
11:24que quand on a une jeune fille.
11:25Je pense que c'est majoré
11:27quand on a une situation de handicap,
11:29où malheureusement,
11:30et c'est pas du tout un procès d'intention que je fais,
11:32mais quand on a un enfant en situation de handicap,
11:35on a toujours l'impression qu'il est plus fragile,
11:37donc on a une volonté plus forte de le protéger.
11:39Et finalement, on ne voit pas le sport
11:42comme un élément formateur qui va renforcer ce jeune
11:45malgré la situation de handicap.
11:47Donc voilà, en fait, c'est un ajout de différents facteurs,
11:50mais sur lesquels je pense qu'on a la capacité d'agir.
11:53Tout simplement, déjà, en médiatisant beaucoup plus
11:55les parasports, en parlant beaucoup plus
11:58du parcours de vie de Marie, de Cécile,
12:00qui sont pas des parcours de vie de sportives extraordinaires.
12:04Par leurs performances, oui,
12:06mais un jour, elles ont pris conscience
12:08qu'elles pouvaient faire du sport, elles se sont engagées,
12:10et derrière, elles ont fait le choix du sport de haut niveau.
12:13Et ce choix du sport de haut niveau,
12:14on ne l'imposera pas à tout le monde.
12:16Pour autant, mettre plus de jeunes filles dans le sport,
12:19c'est absolument nécessaire, c'est quelque chose
12:21qu'on doit aussi inciter pour des enjeux de santé,
12:25tout simplement.
12:26Je ne sais pas si on en parlerait,
12:28si la situation n'était pas scalée,
12:31mais l'Ukraine a terminé 2e de ses paralympiades.
12:35Est-ce que, Jean, vous voyez un lien
12:38entre la situation actuelle et le fait
12:40que l'Ukraine est particulièrement performée ?
12:42Ils avaient fini 6e aux dernières paralympiades,
12:44et là, d'un coup, 2e. Je pose la question.
12:47Alors, moi, j'ai plusieurs facteurs explicatifs.
12:52Oui, je pense qu'il y a un lien
12:55parce que nous, nous avons vécu avec eux, nous, au village,
12:59parce qu'ils ont particulièrement brillé
13:01sur les disciplines nordiques, le ski de fond et le biathlon.
13:04C'était le village sur lequel, moi, je résidais.
13:07On était sur deux villages,
13:09et ils avaient d'évidence un regain de motivation
13:14et de volonté de montrer au monde
13:18que l'Ukraine existait
13:20et de faire résonner l'hymne ukrainien.
13:24Donc ça, je pense que ça a été un surcroît de motivation,
13:27peut-être dans un...
13:28Ça explique leur performance.
13:29Dans une toute autre réalité,
13:32peut-être ce qu'on espère des Français
13:34aux Jeux de Paris, pour d'autres raisons.
13:36Et ensuite, les Ukrainiens ont particulièrement brillé
13:41dans les disciplines de ski de fond et de biathlon,
13:44dans lesquelles étaient aussi particulièrement dominateurs
13:47les Russes.
13:48Et comme les Russes ont été exclus,
13:50je pense que les Ukrainiens ont quelque part bénéficié
13:53de l'absence des Russes pour pouvoir franchir
13:55une marche supplémentaire vers les médailles d'or,
13:59quand avant, ils étaient bloqués
14:00par l'hégémonie russe dans ces disciplines.
14:03Marie-Hermine Dufour, on le disait en début de l'émission,
14:06il y a une nouvelle génération qui arrive,
14:09mais force à être constaté que pour l'instant,
14:11on est toujours un peu accroché aux anciens
14:13pour avoir des résultats.
14:15Parlez-moi un petit peu de ce qu'on appelle la Relève chez vous.
14:20Donc la Relève, c'est un programme qui vise à détecter
14:23les talents de paralympique,
14:25un projet qui a été créé dans le cadre
14:28de l'obtention des Jeux de Paris 2024.
14:31Et vraiment, l'objectif, c'est d'accompagner,
14:33dans le choix d'un sport, après avoir passé
14:36un entretien et des tests physiques,
14:39des personnes qui présentent des capacités,
14:41des compétences pour devenir des athlètes de haut niveau
14:44paralympique.
14:45Des nouveaux.
14:46L'objectif, c'était vraiment de cibler des personnes
14:49soit qui ne faisaient pas de sport, soit qui en faisaient,
14:52mais en milieu ordinaire, sur des sports
14:53qui ne sont pas optimisés au regard...
14:55La détection.
14:56C'est de la détection.
14:57Comment on va aller chercher ces gens-là ?
14:59En tout cas, sur le programme La Relève,
15:01on va aller chercher en ouvrant une plateforme
15:03qui s'appelle La Plateforme La Relève,
15:04sur laquelle toutes les personnes en situation de handicap
15:07qui ont une envie de faire du sport de haut niveau,
15:09qui semblent avoir des compétences...
15:11Il y a un site Internet, vous faites de la pub.
15:13Voilà, donc inscrivez-vous,
15:14loguez-vous sur la plateforme.
15:16Après, il y a une première étape d'échange, d'entretien,
15:19où on va, en fait, échanger avec le sportif,
15:22comprendre quel est son profil,
15:23comprendre quel est son handicap,
15:25voir si, véritablement, c'est un profil de haut niveau.
15:27Si c'est le cas, on passe à la deuxième phase,
15:29c'est-à-dire que ce jeune va venir pratiquer des tests
15:33sous le regard des fédérations et derrière,
15:35pour être orienté en fonction de son profil et de son handicap.
15:38Et quand bien même ce jeune,
15:39il ne répond pas aux critères de la haute perf,
15:41parce que tout le monde n'est pas fait
15:42pour devenir champion paralympique,
15:44eh bien, on ne le laisse pas tout seul au milieu du guet.
15:46Et notre objectif, c'est de faire en sorte que ce jeune,
15:48eh bien, il puisse trouver un club à proximité de chez lui,
15:51parce qu'il y a aussi cet enjeu, encore une fois,
15:54de faire en sorte qu'on ait plus de gens
15:56en situation de handicap qui pratiquent,
15:58qui pratiquent, qui pratiquent de la compétition
16:00et, dans un dernier temps, qui puissent pratiquer du haut niveau.
16:02C'est la fin de la première partie de cette émission.
16:04On a fait le bilan de ces Jeux paralympiques.
16:07Bravo à toute la délégation française.
16:09Et maintenant, on va recevoir l'une des héroïnes de ces Jeux.
16:13Cécile Hernández est avec nous pour la seconde partie de l'émission.
16:21De retour dans la Vaux-Marcs pour la seconde partie de l'émission.
16:24Et Cécile Hernández nous a rejoint.
16:25Bonjour, Cécile. Merci d'être avec nous.
16:28Bonjour.
16:29Cécile, vous avez été médaillée d'or aux Jeux paralympiques de Pékin.
16:32Tout d'abord, bravo pour votre performance.
16:35Nous sommes heureux de vous accueillir dans cette émission.
16:38On va revenir un petit peu sur votre parcours.
16:40Vous êtes licenciée au Club des Angles dans les Pyrénées-Orientales.
16:44Vous êtes née en juin 1974
16:46et vous êtes une championne de parasnowboard de catégorie debout.
16:51Vous êtes journaliste de formation,
16:53ce que je ne peux que saluer, bien entendu.
16:56Vous avez toujours apprécié le sport,
16:58puisque vous avez commencé par le BMX
17:01avant de vous diriger vers le parasnowboard.
17:03Comment est-ce que vous avez découvert cette discipline ?
17:07Alors, j'ai découvert le parasnowboard par hasard un peu,
17:11parce que quand j'étais journaliste,
17:13j'avais déjà fait du snowboard en valide
17:16avant qu'on diagnostique ma sclérose en plaques.
17:18Et j'ai été invitée à un événement de journalistes
17:21qui s'appelle les micro-d'or en 2013.
17:24Et à ces micro-d'or, il y avait un athlète
17:26qui préparait les Jeux de Sotchi, qui s'appelle Patrice Baratero,
17:31et qui, du coup, je suis allée le rencontrer
17:34pour lui faire une interview en lui disant,
17:36« Tu as un handicap, tu as la jambe enflutée.
17:40Moi aussi, je suis handicapée, j'ai fait du snowboard en valide,
17:42mais mon handicap se voit beaucoup moins que le tien. »
17:45Et la réponse qu'il a eue, ça a été de me dire,
17:47« Ah, mais c'est cool d'être handicapée. »
17:49J'ai dit, bon, je n'avais pas vraiment la perception de ça
17:53jusqu'à ce que je le rencontre,
17:54même si j'avais fait des choses extraordinaires,
17:56mais en tout cas, j'avais fait le deuil du sport.
17:58Et du coup, j'ai passé trois jours au micro-d'or à Valmorel avec lui
18:02à faire du snowboard non-stop.
18:05Et après, 15 jours après,
18:07j'ai été contactée par l'entraîneur de l'équipe de France.
18:10Et quelques mois plus tard, j'étais à Sotchi
18:13pour la première édition du snowboard en endosport, en Paralympique.
18:17C'était ça le sens de sa phrase ?
18:19C'est cool d'être handicapée, c'est que ça peut finalement
18:21ouvrir des perspectives qu'on n'avait pas trop imaginées en valide ?
18:25Complètement, parce que moi, pendant 11 ans,
18:28après le diagnostic de ma scole hors emploi,
18:30on m'a très rapidement dit qu'il fallait faire le deuil du sport,
18:33parce que c'est vrai que je pense qu'on m'a dit ça
18:38parce qu'on concevait le sport d'un côté très extrême.
18:43En tout cas, moi, je le concevais d'une manière très extrême.
18:46Et du coup, pour moi, il était compliqué de pouvoir faire du snowboard,
18:49du BMX, beaucoup de sports extrêmes avec un handicap,
18:53avec une scole hors emploi, en tout cas.
18:54Et pour le coup, Patrice, il a complètement fait sauter
18:58tous les a priori et les auto-stéréotypes
19:01que je m'étais fait de l'endosport.
19:03Et du coup, c'était effectivement cool d'avoir un handicap
19:07et parce qu'on pouvait faire du snowboard avec.
19:09Parce que vos premiers Jeux Paralympiques, en fait, en 2012,
19:12à Londres, c'était en tant que journaliste.
19:14C'est ça, oui.
19:16J'étais là-bas, j'avais tapé à la porte du Figaro pour leur dire
19:22écoutez, vous comptez couvrir les Jeux de Londres en valide,
19:26mais pourtant, Londres, c'est à une heure de Paris,
19:28il faut que vous couvriez les Jeux Paralympiques
19:30parce qu'il y a une belle délégation qui va partir,
19:32il y a des chances de médailles.
19:33Et ils m'ont rapidement dit, on a besoin de réfléchir
19:38parce que c'était vraiment arrivé avec un dossier hyper ficelé.
19:41Ils m'ont dit, on a besoin d'une semaine de réflexion.
19:43Et le lendemain, ils m'ont rappelé pour me dire,
19:46on a pris notre décision, il faut que vous veniez à notre bureau.
19:49Donc je suis allée au bureau du Figaro.
19:51Et ça a été…
19:53On a deux nouvelles, une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle.
19:56Alors, je vais demander à ce qu'on commence par la mauvaise,
19:58mais la mauvaise dépendait de la bonne.
20:00Et du coup, ils acceptaient de m'offrir cette opportunité
20:04de courir les Jeux Paralympiques de Londres,
20:05mais je devais rester à Paris.
20:07Donc j'ai puisé dans mes petits économies
20:10et je suis partie à Londres à mes frais
20:11et découvrir cette magnifique aventure.
20:14En plus, je pense que j'ai eu beaucoup de chance d'être à Londres
20:17parce que pour moi, Londres a été quelque chose,
20:19une aventure extraordinaire tant au niveau sportif qu'au niveau humain
20:23parce que j'étais logée dans le centre de Londres.
20:25Et puis découvrir cette délégation, découvrir des athlètes aussi
20:28qui avaient des handicaps différents.
20:30Mais à aucun moment à Londres, en 2012, je me suis dit,
20:32je vais reprendre le sport.
20:34Je me suis plutôt dit, je vais vivre le sport par procuration.
20:37D'accord. Et finalement, ce n'est pas du tout ce que vous avez fait.
20:39C'est un peu la leçon de votre parcours,
20:41c'est-à-dire qu'on peut devenir une athlète de haut niveau
20:43en étant atteinte ou atteinte de ce qu'on appelle la sclérose en plaques.
20:48C'est ça.
20:51C'est compliqué, c'est toujours compliqué d'être…
20:53Alors, je n'aime absolument pas comparer les handicaps
20:56parce que chacun a son propre parcours,
20:59sa propre vie avec le handicap, sa propre perception du handicap.
21:03Mais par contre, c'est vrai que d'avoir une sclérose en plaques
21:06et d'avoir un handicap qui est moins visible,
21:08même dans le monde du handisport où c'est un monde d'initiés en fait,
21:12où tout le monde sait ce qu'est le handicap,
21:14quand on parle de handicap invisible, c'est beaucoup plus compliqué.
21:17Mais en tout cas, c'est possible et c'est bien le plus important.
21:20C'est bien la seule chose qu'il faut retenir, c'est que c'est possible.
21:22Alors, en 2018, vous participez à votre deuxième Paralympiade
21:27avec l'envie de décrocher l'or, mais ça ne se passe pas comme prévu.
21:30Et finalement, vous décrochez l'or à Pékin.
21:33Qu'est-ce qui s'est passé entre 2018 et 2022 ?
21:36Et surtout, peut-être donner des clés de réussite aux autres athlètes,
21:39comme on fait pour arriver jusqu'à la médaille d'or.
21:42Il s'est passé plein de choses en fait.
21:44Sochi, ça a été une aventure qui a été faite un peu au dernier moment.
21:52Avec l'arrivée du snowboard, où c'était encore pas vraiment structuré,
21:57donc c'est peut-être aussi ça qui a permis
22:00que les choses se fassent un peu plus rapidement et que j'aille à Sochi.
22:03Ensuite, Pyeongchang, il n'y a pas eu l'or
22:06parce que la porte de départ est tombée en panne,
22:08mais on ne va pas revenir sur l'histoire,
22:10mais la porte de départ est tombée en panne.
22:14Du coup, c'était des beaux jeux
22:16parce que je savais vraiment ce que c'était de préparer une paralympiade.
22:20Et après, dès le lendemain de Sochi,
22:22ou non, pas le lendemain, parce qu'en zone mixte,
22:27donc genre trois ou quatre minutes après la fin de ma course,
22:30comme je n'avais pas obtenu la médaille que je souhaitais,
22:34un journaliste, David Sandona de France Télé, m'a dit
22:37que l'or n'est pas au rendez-vous de Pyeongchang,
22:41donc on se redonne rendez-vous à Pékin.
22:43Et là, j'ai dit oui, alors que je suis maman
22:46et j'avais promis à ma fille d'arrêter le sport
22:48pour me concentrer un peu sur ma vie de maman.
22:51Et finalement, il y a eu Pékin, dans l'adversité, dans le combat,
22:55mais la victoire n'en est que plus belle.
22:59Et il y a eu quatre ans d'entraînement
23:00avec un vrai programme beaucoup plus adapté,
23:04avec des coachs, avec un entourage que ce soit personnel aussi,
23:10parce que j'ai fait des choix personnels,
23:11mais aussi dans l'entourage technique, mental, médical,
23:16ça a été beaucoup mieux choisi,
23:19c'est une vraie démarche qui venait de moi.
23:22Et du coup, ça a apporté ses fruits
23:25pour aller chercher cette médaille d'or à Pékin.
23:28Du coup, ce que j'ai compris,
23:30c'est qu'il n'y aura pas de Milan 2026.
23:34Si vous aviez promis d'arrêter en 2018,
23:37huit ans plus tard...
23:38Non, mais avec...
23:40Peut-être que votre fille a grandi, que du coup, c'est plus simple.
23:43Elle aussi, elle a grandi, mais...
23:45Non, mais on ne sait pas ce que nous réserve l'avenir.
23:49Après, Marie-Amélie, elle sait qu'on a eu des petites discussions
23:52dans les couloirs du village olympique.
23:55Elle a besoin de vous.
23:58Je ne sais pas, moi...
24:00Elle a besoin de vous.
24:01Mais je pense que Marie-Amélie, elle sait de quoi on parle.
24:04Et du coup, on s'est lancé des petits défis
24:06et du coup, on a fait ça sur le ton de la blague.
24:09Mais il s'avère que j'ai pris ça un peu moins sur le ton de la blague, en fait.
24:15Et du coup, je ne sais pas.
24:16Pour l'instant, la médaille, elle a un mois.
24:19J'ai vraiment envie de profiter.
24:20Elle a été tellement dure à avoir,
24:22à la fois dans la sélection que dans l'entraînement,
24:24parce que c'est un vrai travail.
24:26C'est une médaille qui conclut vraiment quatre ans de travail.
24:28Donc, j'ai vraiment envie de savourer et de ne pas trop me projeter encore.
24:32Marie-Amélie, parmi les défis que nous évoque Cécile,
24:37est-ce qu'on peut peut-être en avoir un ?
24:39Est-ce que Cécile veut devenir championne paralympique de surf à Paris 2024 ?
24:44Heureusement, le surf n'étant pas paralympique.
24:46Ah, pardon.
24:47Et puis, on l'a dit, on a assez peu de femmes en équipe de France d'hiver.
24:50Si Cécile veut rempiler après une période où elle va savourer sa médaille,
24:54où elle va se reposer un petit peu, on sera ravies de l'accueillir.
24:58Moi, je voulais juste rebondir.
24:59C'est quelque chose... Enfin, voilà, dans le témoignage de Cécile,
25:02parce qu'elle était en situation d'handicap,
25:04elle s'est dit, je dois faire le deuil du sport.
25:06Il faut impérativement que demain,
25:08on n'ait plus ces façons de penser des personnes en situation d'handicap
25:11et que la reconstruction par le sport soit une vérité,
25:14la construction par le sport soit une vérité
25:17pour toutes les personnes en situation d'handicap.
25:19Cécile, est-ce que vous voulez conclure ?
25:23On a beaucoup de chance de pouvoir aussi mener des doubles projets.
25:26Marie-Amélie le sait.
25:28Moi, j'ai un projet, j'ai besoin d'entraîner mon corps,
25:31mais j'ai aussi besoin d'entraîner ma tête.
25:32J'ai eu la chance d'avoir des doubles projets,
25:34et ça, c'est hyper important dans la construction personnelle,
25:37dans la construction humaine.
25:38Je rebondis aussi sur ce que Marie-Amélie a dit.
25:40Les deuils, je les ai faits,
25:42parce que certains médecins m'ont demandé de les faire aussi.
25:44Aujourd'hui, moi, je suis ravie
25:47de pouvoir aller dans des centres de réhabilitation,
25:51de pouvoir parler dans des conférences, de pouvoir parler aux petits,
25:53parce qu'on le voit, le handicap acquis...
25:56Le handicap, dans les chiffres,
25:58il est beaucoup plus acquis au cours de la vie
26:00que du handicap de naissance.
26:01Quand on regarde les chiffres, c'est à peu près 90 %
26:03du handicap acquis au cours de la vie.
26:05Donc nous aussi, à travers cette médiatisation par rapport au jeu,
26:08il n'y a pas que le haut niveau,
26:10mais on a besoin de servir un peu de petites lumières,
26:12de petits relais et d'exemples
26:15pour montrer qu'il y a plein de choses qui sont possibles
26:17et que la vie est merveilleuse avec un handicap.
26:19Merci en tout cas à tous les trois
26:21d'avoir accepté l'invitation de Sport en France
26:23et d'être venus pour vous deux sur le plateau.
26:26Bravo, Cécile, pour votre médaille.
26:29On vous souhaite tout le meilleur.
26:30Et j'imagine qu'on va vous revoir quand même,
26:33parce que j'ai compris qu'il y a des petits défis.
26:36Et puis, je ne sais pas, à votre sourire, à votre état d'esprit,
26:39je sens que vous ne nous avez pas encore tout dit.
26:41Merci encore à tous les trois.
26:43Merci à vous de nous avoir suivis.
26:44On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Avant-Marque.
26:47Salut à tous.
26:53Sous-titrage ST' 501