LÉGISLATIVES - Analyse du dernier sondage à J-4 du 1er tour
Au lendemain d'un premier débat télévisé, voici le tout dernier sondage de notre partenaire Harris-Toluna. Pour l'analyser, le directeur délégué de Harris Interactive, Jean-Daniel Levy, et nos débatteurs, l'ex ministre d'Emmanuel Macron Jean-Baptiste Djebbari, l'éditrice et éditorialiste RTL Isabelle Saporta, et Carl Meeus, rédacteur en chef du "Figaro Magazine".
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 26 juin 2024.
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00:00Allez RTL bonsoir, les grands débats de la deuxième heure J-4 avant les législatives
00:09et ce soir on va se plonger dans les dynamiques des trois blocs en présence au lendemain
00:15d'un premier débat télévisé à la lumière aussi et surtout d'un sondage absolument tout
00:20neuf, l'encre est encore humide, le tout dernier sondage de notre partenaire Aristolouna tombé
00:24il y a maintenant 1h14, le RN peut envisager, c'est la nouveauté, on en a parlé depuis
00:3018h, la majorité absolue.
00:33Avec nous justement le directeur délégué d'Aris Interactif, bonsoir Jean-Daniel Lévy,
00:37nos débatteurs en studio pour discuter bloc par bloc de l'état des forces, de l'impact
00:42aussi du débat d'hier, l'ex-ministre sous Emmanuel Macron, Jean-Baptiste Djebari, bonsoir,
00:47l'éditrice et désormais éditorialiste RTL Isabelle Saporta, bonsoir Isabelle, bienvenue
00:51chez vous, Karl Meus, rédacteur en chef du Figaro Magazine, bonsoir, Cyprien, ce sondage
00:57on le présente de nouveau à nos auditeurs, ceux qui nous rejoignent à 19h15.
01:00Le Rassemblement National est toujours en tête, 34% plus un point, le RN et ses alliés
01:06siotistes obtiendront entre 250 et 305 sièges, c'est une vraie progression, la majorité
01:12absolue est envisageable désormais puisqu'elle est à 289 sièges.
01:16Et à gauche, stable, 27% perdent des sièges, 125 à 155, et 21% pour la Macronie, plus
01:23un point, mais seulement entre 75 et 125 sièges.
01:25Alors on a trois quarts d'heure maintenant devant nous pour décrypter à tête reposée
01:28ces dynamiques et se demander aussi d'ailleurs si le premier grand débat hier télévisé
01:32peut faire en quelque sorte bouger les lignes, on rappelle que ce débat a opposé Jordan
01:36Bardella du RN, Gabriel Attal le Premier ministre, Emmanuel Bompard du Nouveau Front Populaire.
01:40Mais Jean-Daniel Lévy, tout d'abord revenons sur cette étude parce que pour la première
01:44fois, un de vos sondages, un sondage tout court, place le RN en capacité d'obtenir
01:48la majorité absolue.
01:49Qu'est-ce qui a changé par rapport à votre dernière étude en quelques jours ?
01:53Déjà le premier aspect c'est qu'il faut se concentrer sur le premier tour et on va
01:56voir qu'il y a de manière tendancielle depuis le début de la création de ce baromètre,
02:01une progression de la proportion de Français qui déclarent avoir l'intention de voter
02:06pour le Rassemblement National ou pour ses alliés.
02:08On peut voir également, et ça c'est une forme de surprise, que nous avons un sursaut
02:12de mobilisation et que ce sursaut de mobilisation n'apparaît pas préjudiciable à l'heure
02:16actuelle au Rassemblement National.
02:18Donc tout se passe comme si les électeurs qui se déplacent pour aller voter viennent
02:22encore un peu plus pour accentuer la présence du Rassemblement National.
02:26Donc ça c'est pour la photographie du premier tour.
02:28Et puis dans le cas du deuxième tour, on sait que c'est un exercice qui est difficile,
02:31on y verra évidemment bien plus clair dimanche soir et surtout mardi soir lorsqu'on aura
02:36l'offre électorale réelle.
02:38Mais en tout cas, ce que l'on identifie, c'est cette forme de bloc républicain qui
02:43a tendance à s'effriter et qu'on voit que dans le cadre de configurations de second
02:47tour, quelles que soient les configurations, qu'on soit dans le cadre d'une triangulaire
02:50ou dans le cadre d'un duel, l'idée de se dire qu'il faut absolument se mobiliser contre
02:55le Rassemblement National fonctionne moins et fonctionne moins, je serais tenté de dire,
02:59jour après jour.
03:00Vous arrivez à comprendre pourquoi ça fonctionne moins ?
03:01On arrive à le comprendre autour de deux aspects.
03:03On a un Rassemblement National qui a modifié quelque peu ses orientations politiques depuis
03:10deux semaines.
03:11C'est-à-dire que quand vous l'écoutez, ce n'est plus exactement le même projet
03:13que celui qu'il tenait au début de la campagne.
03:15On a pu le voir pour partie sur le rapport à la retraite, sur l'étalonnement même
03:20des différentes mesures qu'il pourrait être encapacité de prendre en 10 ans.
03:23On a vu Jordan Bardella, on va faire un audit, on va regarder, on ne pourra pas faire ça
03:28tout de suite.
03:29D'ailleurs, il y a un certain nombre de mesures qu'on avait indiquées qu'on effectuerait
03:31dans le premier temps, mais qui vont être prolongées à 2027, lorsque Marine Le Pen
03:36gagnera la présidentielle.
03:37En tout cas, je reprends les propos de Jordan Bardella, et donc qui fait qu'on a des électeurs,
03:41on va dire, de droite classique, qui ne pensaient pas forcément voter pour le Rassemblement
03:45National et qui la trouvent écho à travers un certain nombre de propos.
03:48Et même ce qui peut apparaître comme étant une forme de maladresse à l'égard de la
03:51réforme des retraites, n'en est pas forcément à l'égard de cette population qui est plutôt
03:54à droite sur l'échec et politique.
03:56Et au regard de cela, il y a également un front populaire qui est aujourd'hui incarné
03:59par Jean-Luc Mélenchon, qu'on le veuille ou non, et avec un effet qui est un effet
04:04repoussoir quand on regarde des électeurs.
04:06On va avoir l'occasion de en discuter.
04:07Effectivement.
04:08Karl Meus, on reste sur le RN, on s'attardera ensuite sur les dynamiques effectivement à
04:12gauche et de la Macronie.
04:14Mais sur cette dynamique très forte du RN, Karl Meus, là on parle d'une fourchette
04:18haute à 305 députés.
04:20Jordan Bardella aurait les mains totalement libres pour gouverner avec une équipe de son
04:25choix.
04:26C'est un fait marquant ce sondage.
04:27Oui, complètement.
04:28En fond, on peut se dire qu'il n'y a plus de plafond de verre, mais qu'il y aura peut-être
04:32un mur de réalité auquel le RN va se heurter et qu'il a anticipé, puisque comme le dit
04:37Jean-Daniel Devy, il a commencé déjà à déblayer un petit peu tout ce qui pouvait
04:42gêner dans son programme et notamment tout ce qui pouvait gêner un électorat de droite
04:47très énervé contre Emmanuel Macron de l'avoir mis dans cette situation-là.
04:50Et au fond, qui se dit peut-être à tort, mais le RN, c'est quoi ? C'est le RPR des
04:56années 90.
04:57Finalement, on a vu hier dans le débat, il dit que quelqu'un qui a 24 ans partira à
05:04la retraite à 66 ans.
05:05Ce n'est pas si éloigné qu'un projet de DLR qui était sur 65 ans à l'époque, avec
05:11cette idée qu'en revanche sur les carrières longues, là on part à 60 ans, c'est quelque
05:16chose d'une mesure de justice.
05:17Donc au fond, on voit bien ce que cherche à faire Jordan Bardella qui est de se montrer
05:23beaucoup plus présentable que ça n'a pu être le cas à une époque.
05:27Jean-Baptiste Djébaré, on sait qu'Emmanuel Macron veut, c'est partagé d'ailleurs par
05:32l'ensemble de sa majorité, adopter une position de nini entre RN et insoumis lors du second
05:37tour des législatives.
05:38Et ce sont des cas de figure qui vont se présenter dans de nombreuses circonscriptions quand
05:43la Macronie sera battue.
05:45Ce sera a priori la consigne de vote ce nini.
05:48Le représentant du Nouveau Front Populaire, Yann Brossat, qui était avec nous il y a
05:51une heure, il dit ça c'est un coup de pouce pour le Rassemblement National.
05:55Ça se matérialise visiblement dans les sondages en termes de sièges.
05:57Oui, et je ne suis pas sûr que ce soit particulièrement efficace.
06:01Il y a un autre sondage en complément du vote qui est sorti aujourd'hui qui s'intéressait
06:04au vote barrage.
06:05Et on voit bien que le vote barrage aujourd'hui, il s'exerce en priorité contre le Front
06:11Populaire, l'incarnation de Joliette Mélechon, les soupçons d'antisémitisme.
06:14Il s'exerce ensuite contre la majorité présidentielle, contre nous, et enfin contre le FN.
06:18C'est aussi un enseignement, il faudra voir évidemment comment tout ça se traduit en
06:22réalité.
06:23Mais ça participe de la dynamique du RN, puisque le vote barrage, le Front Républicain,
06:27s'exerce à priori moins contre lui que contre les autres parties qui sont en lice.
06:31Et puis après, je pense qu'il y a l'effet un peu, pour le coup, football, Coupe du
06:35Monde.
06:36Quand on n'a jamais vraiment été qualifié en position de gagner et qu'on est en finale,
06:39on mobilise ses électeurs.
06:41Les électeurs ont envie de gagner.
06:42Donc ça, il faudra regarder sur le million de procurations les effets un peu finaux.
06:46Mais effectivement, je ne pense pas à ce stade que les choses vont beaucoup bouger
06:51à partir d'aujourd'hui.
06:52Ça me semble maintenant assez cristallisé.
06:53Isabelle Saporta, sur ces consignes de vote qui peuvent jouer en faveur peut-être du
06:57RN en cas de duel au second tour, est-ce que vous, vous aimeriez qu'Emmanuel Macron
07:03ait une ligne plus claire ?
07:06Je pense que de toute façon, Emmanuel Macron a tout fait depuis quelques semaines pour
07:11que le RN passe.
07:13Donc je pense que c'est son plus cher désir.
07:15Parce que cette dissolution qui intervient comme elle intervient le jour même d'un
07:20succès électoral du RN, moi, je ne vois pas quoi d'autre qu'un prochain succès
07:26du RN.
07:27Donc il a fait ça, après il n'a pas arrêté de jeter de l'huile sur le feu en disant
07:35que le programme du RN était immigrationniste, donc en reprenant les paroles mêmes du RN.
07:46Je pense que c'est le désir profond du président de la République de faire élire
07:51le RN et je pense qu'il va y arriver.
07:53Donc qu'il dise ou qu'il ne dise pas finalement de faire barrage, alors même qu'on a tous
08:01quand même voté, enfin ceux qui n'ont pas voté RN, ont tous voté Macron deux fois
08:06de suite pour faire barrage au RN.
08:09Donc qu'aujourd'hui il ne soit même pas à la hauteur des votes passés qui ont été
08:12les nôtres pour faire barrage au RN me paraît ahurissant.
08:15Donc on a un président de la République qui est soi-disant beaucoup plus brillant
08:18que nous tous, qui a décidé de faire une dissolution qui va faire élire le RN, de
08:23faire une campagne qui reprend toute la rhétorique du RN et qui dit en plus qu'il ne donnera
08:30pas de consigne de vote.
08:31Donc je pense que c'est clair, il veut le RN et nous allons collectivement avoir le
08:34RN.
08:35Jean-Daniel Lévy, est-ce que ce sondage a été réalisé avant ou après le débat
08:40ou un peu avant et après ce premier débat télévisé, puisqu'on va aussi se demander
08:44s'il peut y avoir un effet débat sur les courbes ?
08:46Alors un peu avant et un peu après.
08:47Il a commencé hier en début de soirée et puis il s'est terminé en fin de matinée
08:53aujourd'hui.
08:54Ce que l'on sait, c'est que c'est un débat qui a été relativement suivi, plus
08:57de 5 millions de téléspectateurs qui l'ont regardé au moins dans sa première partie.
09:00Ce que l'on sait également, c'est que jusqu'à présent, les effets des débats
09:04n'ont pas forcément été manifestes, en tout cas on l'a vu dans le cadre des élections
09:08européennes.
09:09Quelle qu'ait été la nature des débats, les intentions de vote par exemple en faveur
09:12du Rassemblement National ont été quasiment assez étales.
09:14Quel qu'ait été le jugement qui a pu être réalisé, on peut penser notamment à la confrontation
09:19entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, qui d'ailleurs de la part d'un sondage éditorialiste
09:24avait été considéré comme étant plutôt remporté par Gabriel Attal, parce qu'il
09:28y avait eu des imprécisions qui avaient été faites de la part de Jordan Bardella et s'il
09:32y avait eu un effet entre guillemets, il avait plutôt au final été favorable au Rassemblement
09:36National.
09:37Donc on peut voir que jusqu'à présent, cet effet apparaît comme étant relativement
09:40faible.
09:41On sort quand même d'une période qui est une période de très grands débats autour
09:46des élections européennes.
09:47Nous sortons d'une période où l'extrême droite a largement dépassé les 30% au cours
09:54du dernier scrutin.
09:55Et nous ne sommes pas dans une logique législative, mais nous sommes dans une logique européenne.
09:59Et donc nous sommes dans la droite ligne de ce qui s'est effectué avec des électeurs
10:03qui reconduisent leurs comportements électoraux et qui jusqu'à présent, on va dire, sont
10:07relativement attentifs, mais pas totalement, à ce que peut être la nature des débats.
10:11En tout cas, cette incidence jusqu'à l'heure actuelle a l'air relativement faible.
10:13Avant de vous demander autour de la table si ces débats peuvent changer les dynamiques
10:17et les courbes, puisqu'on parle là du Rassemblement National, vous avez 15 secondes chacun pour
10:23nous donner votre avis sur la prestation hier de Jordan Bardella, Karl Meus.
10:28Jordan Bardella, il a été fidèle à ce qu'il est, c'est-à-dire très mécanique et très
10:33dans son rôle de « je vais gouverner donc je fais attention », et ensuite totalement
10:38en phase avec son électorat.
10:41Jean-Baptiste ?
10:42Il a essayé d'incarner l'autorité et il a montré des fragilités sur le fond.
10:46Isabelle ?
10:47Je pense qu'on s'en fout des fragilités sur le fond, c'est ça le problème, ce que
10:50disait très bien Jean-Daniel Lévy tout à l'heure.
10:52Non, le problème, si vous voulez, c'est que comme on a été que sur des questions
10:55techniques et techniciennes, sur lesquelles finalement, bon, comme il n'y a plus d'argent
10:59en France, on est un peu dans bonnet blanc et blanc bonnet, on n'a pas fait le débat
11:04qui aurait dû se faire, pour moi, qui est qu'on est à la veille d'un basculement
11:07civilisationnel et on fait comme si tout allait bien.
11:09Donc je pense que financièrement, il ne va pas changer grand-chose avec le Rassemblement
11:13National qui veut effectivement rassurer tous les grands patrons, toutes les élites financières,
11:18les marchés.
11:19Donc à chaque fois que Gabriel Attal dit « il recule », je pense qu'il rassure encore
11:22plus les élites financières.
11:23En revanche, qu'on ne dise rien sur, au fond, la fin du droit du sol, ses problématiques,
11:28heureusement il l'a fait un petit peu Gabriel Attal, sur les biais nationaux, sur ce que
11:31va être la vie de nos concitoyens musulmans à partir du moment où le Rassemblement National
11:37sera élu.
11:38Ça, vous voyez, moi, c'est ce grand débat-là que j'aurais voulu avoir et je ne l'ai pas eu.
11:41Isabelle Saporta, Carl-Mélius Jean-Baptiste Djebari, Jean-Daniel Lévy, Larissa Interactive,
11:46vous restez tous autour de la table.
11:47Les grands débats de RTL, bonsoir.
11:49On va continuer d'analyser ce sondage-choc en quelque sorte ce soir.
11:54L'autre enseignement, c'est que la Macronie est en grand danger et peut-être en voie de
11:57disparition.
11:58On va s'y attarder juste après ça.