• il y a 6 mois
Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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Transcription
00:00On va vous raconter l'histoire d'une start-up française qui veut lancer des fusées à partir de l'année prochaine.
00:06Alors l'objectif, ce n'est pas la Lune, c'est de lancer des satellites gros comme une boîte de chaussures.
00:12Et on est avec Stanislas Maximin, vous êtes PDG de Latitude, donc la start-up.
00:17Un premier contrat déjà qui va être signé, paraît-il ?
00:20Qui a déjà été signé, absolument. On a remporté un contrat d'achat en fait.
00:24C'est l'Agence Spatiale Française, on l'appelle l'OCNES, le Centre National d'Effet Spatial,
00:28qui nous a contracté notre second lancement, pas le premier, le second lancement qui lui sera en 2026 pour envoyer des satellites
00:40et qui a également pris en réserve en option d'autres lancements.
00:43Donc c'est l'illustration d'une France qui bouge, qui se réindustrialise, qui prend le pari sur l'avenir
00:49et qui va concurrencer un peu aussi les Américains, Elon Musk ou Jeff Bezos, c'est ça ?
00:55On essaye, surtout Elon Musk parce que Jeff Bezos n'a pas encore fait de lancement.
01:01Mais non absolument, c'est l'objectif, on a pris quand même, on ne va pas se le cacher,
01:05on s'est pris une sacrée claque au cours des 10-15 dernières années dans le spatial.
01:10On n'y a pas cru, on n'a pas cru à ce qu'on appelle le new space, c'est-à-dire des nouveaux usages et des nouvelles entreprises.
01:16Mais du coup, on a pourtant Arianespace qui était extraordinaire. Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:20Arianespace, c'est bien l'exemple du fait qu'il ne faut pas se reposer sur nos lauriers.
01:24Quand Arianespace est créé, on a suivi derrière Arianespace, c'est ceux qui vendaient,
01:28puis on avait ceux qui les fabriquaient, qui maintenant s'appellent Ariane Group.
01:31C'était en effet un excellent exemple, c'était l'une des premières, si ce n'est la première sans dire de bêtises,
01:36entreprise spatiale commerciale de l'histoire.
01:39On avait innové, on avait créé le new space de l'époque.
01:41On a laissé passer la vague.
01:43Mais en fait, il nous est arrivé, ce qui arrive souvent dans n'importe quel secteur économique,
01:47c'est que quand on est leader pendant si longtemps, quand on a écrasé le marché pendant si longtemps
01:51avec les lanceurs d'Ariane 1, 2, 3, 4 et 5, qui étaient les meilleurs sur le marché,
01:56en tout cas, on gagnait, on s'est un peu reposé sur nos lauriers.
02:00Et ce qui s'est passé, c'est qu'Elon Musk est arrivé, en fait, ce n'est pas le seul,
02:04dans les années 2000, fin des années 90 et début des années 2000.
02:06Tout le monde s'y est mis, bien sûr.
02:07Tout le monde s'y est mis, notamment avec Bezos, qui a créé Blue Origin.
02:10Parlez-moi de la France. Vous, vous pensez qu'il y a une chance de réussir ?
02:12Vous êtes un petit peu la petite fusée qui monte, c'est ça ?
02:15Oui, on a même un adage dans le spatial, en général, on dit que petite fusée deviendra grande.
02:20Et c'est très vrai. Oui, en tout cas, on essaye de le faire.
02:24Notre vision avec Latitude, c'est de pouvoir créer un leader de demain dans l'infrastructure spatiale.
02:31Alors, ça veut dire aller dans l'espace, mais ça veut dire construire dans l'espace
02:34pour créer de la valeur sur Terre et apporter de la valeur sur Terre.
02:37Bien évidemment, ça veut dire qu'on doit être, on veut recréer un leadership français et européen spatial.
02:43D'accord. Donc vous faites, vous, la fusée, c'est-à-dire elle décolle avec les propulseurs
02:46que vous fabriquez et que vous construisez à Reims, il faut le préciser. Donc en France, c'est bien ça ?
02:51Oui, tout est fabriqué aujourd'hui dans notre usine. On a une première usine de 3000 m².
02:55On a une prochaine l'année prochaine, beaucoup plus grande, pour fabriquer 50 fusées par an.
03:00Donc déjà, une cadence phénoménale. Je rappelle, l'Europe, l'année dernière, c'est zéro fusée.
03:04Et puis avant, c'était moins de 10. Ah oui, donc il rattrape le retard.
03:07Après, c'est sur une catégorie inférieure. Nous, notre fusée, elle peut envoyer 200 kg.
03:11C'est une mini camionnette de livraison, on va dire.
03:13Oui, ce que je disais, c'est même une grosse boîte de chaussures.
03:15Ça va vraiment de la taille d'une boîte de chaussures, des satellites qui vont peser 10 kg,
03:19qui vont prendre des images de la Terre, communiquer ou faire de la géolocalisation.
03:22Donc c'est des mini satellites. Ce n'est plus la peine d'avoir d'énormes satellites avec de grands panneaux.
03:25On va dire que ce n'est pas que ce n'est plus nécessaire. C'est une évolution des usages.
03:29Avant, les satellites, comme vous le dites, ils étaient très gros. Ils faisaient plusieurs tonnes.
03:32On les envoyait très loin. On envoyait des géostationnaires à 36 000 km de la Terre.
03:36Sauf que ce qui s'est passé, c'est qu'on a miniaturisé les composants électroniques.
03:40Et comme les télés, les ordinateurs, les téléphones, tout est devenu beaucoup plus petit.
03:43On a eu beaucoup plus de puissance.
03:45Et donc, il faut des petites fusées.
03:46Non seulement. Il faut des petits satellites. Et du coup, il faut des petites fusées pour les envoyer, ces petits satellites-là.
03:49Et ça a permis surtout, la baisse des coûts, de faire en sorte que ce n'était plus des États
03:53ou des très, très grandes corporations qui pouvaient aller dans l'espace, mais n'importe qui, vous et moi.
03:57Mais là, ça va coûter moins cher. J'imagine que là, le low cost, c'est prioritaire, non ?
04:01Alors, le low cost est prioritaire. Maintenant, dans l'espace, ce qui va être important,
04:04c'est qu'en fait, il faut imaginer les satellites comme des machines à sous.
04:07Une machine à sous, vous l'achetez. C'est de l'investissement. Vous la déployez.
04:11Et puis, ça rapporte de l'argent en vendant de la donnée. C'est globalement comme ça que ça fonctionne.
04:15Donc, en réalité, ce qui est important, c'est de l'avoir là-haut, de manière opérationnelle, le plus tôt possible.
04:20Parce que chaque jour, c'est de l'argent en plus pour l'opérateur de satellite.
04:23Et nous, c'est ça qu'on lui fait gagner. C'est qu'aujourd'hui, ça va lui prendre un opérateur
04:27quasiment deux ans à déployer sa constellation dans l'espace.
04:30Nous, ce qu'on lui propose, c'est grâce à notre très forte cadence de lancement,
04:33il va pouvoir réserver dix lancements d'affilée. Et en dix lancements, c'est-à-dire dix semaines,
04:37tous ses satellites sont dans l'espace. Et donc, il a gagné plus d'un an et demi.
04:41Et on les récupère comment, après, quand ils sont out ?
04:43Les satellites ? Alors, les satellites ont une durée de vie limitée.
04:47Ça va aussi entre trois à dix ans pour les plus résistants, pour les petits satellites.
04:51Vous engagez à les récupérer ?
04:52Alors non, il n'y a pas de récupération des satellites à l'heure où on parle.
04:55Puis, intervient le même sujet, c'est qu'ils payent. Par contre, tous les satellites, à partir de maintenant,
05:00ne sont pas encore obligés, mais ça va le devenir dans l'évolution de la loi sur les opérations spatiales,
05:06ils vont être obligés de se désorbiter dans une période comprise entre cinq et dix ans,
05:09ce qui fait qu'on ne laisse plus de débris dans l'espace.
05:11Vous pensez vendre aux Américains ?
05:13Il faut qu'on vende aux Américains. C'est une nécessité.
05:15On ne peut pas être un leader français sans être un leader européen,
05:18on ne peut pas être un leader mondial sans vendre aux États-Unis.
05:20Donc, c'est 40% du marché commercial, les États-Unis.
05:23On va y être, et on ne va pas y être juste avec un petit bureau, on va y être massivement.
05:26Et Ariane Group, vous pensez, ne va pas s'y mettre à un moment donné ?
05:29On parle du lancement prochain de la grande fusée Ariane.
05:32Oui, absolument. En effet, ils ont leur grande fusée qui s'appelle Ariane 6,
05:35dont on a besoin en Europe pour garder notre indépendance et notre souveraineté.
05:38Est-ce qu'ils vont s'y mettre ? Ils ont lancé un projet, le plus petit lanceur.
05:42Alors, je dis plus petit, c'est plus d'une tonne de capacité dans l'espace,
05:45donc c'est un autre marché commercial. Pourquoi pas ?
05:47Et moi, je les encourage, je trouve ça extrêmement bien qu'on ait des grands groupes
05:50qui se disent on change les méthodes, on crée des startups.
05:53Et vous pensez que l'État, le gouvernement, les futurs gouvernements qui vont arriver
05:56vont vous aider, vont vous croire, vont vous écouter, vous leur demander de l'aide ?
05:59Ce premier contrat est une belle preuve.
06:01Donc, ça veut dire que ça prend.
06:03Je pense que ça prend. Quand j'ai créé l'entreprise en 2018,
06:07mais créé l'entreprise en 2019, il nous a fallu quand même quasiment deux ans
06:10pour qu'on nous croie. Et je peux le comprendre d'une certaine manière.
06:13On vient de nulle part, on n'est pas historiquement dans le spatial,
06:16on est des jeunes, personne ne nous croyait.
06:18On a prouvé au fur et à mesure qu'il fallait nous croire et qu'il fallait faire avec nous.
06:21Mais qu'il y a derrière vous ?
06:23Alors, qu'il y a derrière nous, on est une boîte privée, déjà indépendante.
06:26On est financé majoritairement par des investisseurs privés.
06:30Je peux citer certains, Crédit Mutuel, Expansion.
06:33Il n'y a pas l'État, il n'y a pas BPI.
06:35On a BPI, pardon. BPI est un investisseur,
06:37ce n'est pas du tout l'investisseur majeur, mais c'est un investisseur quand même important.
06:40Donc, prochain lancement ?
06:42Prochain lancement fin 2025.
06:43Et bien, donc on regardera dans le ciel, alors ça partira d'où ?
06:45Absolument. On partira depuis le centre spatial Guyanais.
06:48Ah oui, c'est ça.
06:49Spécialement adapté pour notre lanceur.
06:50Très bien, merci beaucoup Stanislas Maximin, PDG de Latitude.
06:54Restez avec nous sur CNews.
07:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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