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Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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Transcription
00:00On va parler investissement en cette période compliquée sur le plan économique.
00:04Nous sommes avec Serge Wimber, le patron d'une société de gestion, Wimber Capital Partners.
00:10Vous gérez 1,6 milliard d'actifs.
00:13Alors on est heureux de vous recevoir, vous êtes un ancien grand patron de plusieurs grandes entreprises,
00:18Kering, Sanofi, vous avez été aussi le chef de cabinet de Laurent Fabius.
00:22Aujourd'hui on se pose tous la question sur la situation de la France, les investissements étrangers.
00:26On va en parler dans une seconde, mais juste avant de commencer, un mot sur Michel Barnier, nouveau Premier ministre.
00:32Qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:33D'abord c'est bien qu'il y ait un nouveau Premier ministre, c'est la première remarque.
00:37Deuxièmement, Michel Barnier a une grande expérience politique française et internationale,
00:44donc c'est important parce que le débat politique a été souvent contenu à l'intérieur de nos frontières,
00:50alors que la France n'est pas une île, elle n'est pas isolée du reste du monde,
00:54elle a besoin d'investisseurs extérieurs, ne serait-ce que pour financer sa dette,
00:58et donc le fait d'avoir quelqu'un à la tête du gouvernement qui ait une vision large
01:05et qui connaisse les réalités économiques et ne soit pas enfermé dans cette vision pluri-antagonale devrait aider.
01:12Mais les investisseurs que vous côtoyez au quotidien, que vous disent-ils sur l'état de la France aujourd'hui ?
01:19Il y a un tel travail, le mur de la dette, les déficits qui seront plus importants que prévus ?
01:23Oui, il y a une grande inquiétude, c'est clair.
01:26Inquiétude qui était liée d'abord à l'incertitude, vous savez que les investisseurs détestent l'incertitude.
01:34Je parle d'investisseurs industriels, là je ne parle pas des investisseurs financiers.
01:38Quelle entreprise peut prévoir des investissements dans un halo d'incertitude important, très difficile ?
01:48Donc on sait qu'il y a un petit coup de frein sur les investissements.
01:51Vous le ressentez vraiment ?
01:53Oui, notamment les investisseurs étrangers.
01:56Nous en France, on a une assez bonne compréhension de la situation politique, des équilibres, des centres de gravité du pays.
02:03Par contre, pour les étrangers qui ne voient que les grandes lignes dans les journaux, c'est beaucoup plus difficile.
02:09La France reste attractive malgré tout ?
02:11Alors je pense qu'elle a des fondamentaux qui sont très bons, elle a des infrastructures, elle a des services publics,
02:16elle a une main d'oeuvre qui est de grande qualité.
02:20Donc ce n'est pas par hasard, si vous voulez, que l'attractivité de la France a été considérablement améliorée.
02:27Il y a eu des efforts qui ont été faits.
02:30Simplement, il ne faut pas casser ces efforts.
02:32Oui, c'est 7 ans de travail.
02:347 ans de travail, la contribution des investissements étrangers à la création d'emplois,
02:39plus de 2 millions d'emplois depuis 2017, a été importante.
02:43Donc il faut le préserver, c'est un petit trésor.
02:47Mais je dois dire que ces événements récents ont sans doute écorné cette attractivité.
02:52Donc il faut tout faire pour la maintenir.
02:54Vous pensez qu'on échappera à l'instabilité fiscale ?
02:59C'est quand même la menace qui pèse sur la France ?
03:02Pour moi, l'essentiel, c'est quand même la dépense publique.
03:08La fiscalité, c'est plutôt les recettes.
03:11Donc je pense qu'il y a un effort important à faire dans la dépense publique.
03:17Et sans doute un changement de méthode pour améliorer la gestion publique.
03:24Une des particularités de cette période, c'est que nous avons vu la dépense publique augmenter.
03:32Et en même temps, la qualité des services publics.
03:34Je prends l'exemple des deux grands services publics que sont la santé et l'éducation.
03:40Ce sont dégradés.
03:43Donc nous avons un problème de méthode.
03:45Nous avons un problème de gestion de la chose publique.
03:48Et pour le domaine de la santé que je connais un peu, par exemple,
03:51nous sommes très en retard dans l'utilisation des données
03:55qui donnerait à tous les responsables,
03:59qu'ils soient au niveau ministériel ou au niveau du terrain,
04:02une véritable connaissance de la réalité des soins.
04:06On n'est pas vraiment au fait de la réalité du terrain, vous dites ?
04:09Je pense qu'on est assez loin.
04:12Mais qu'est-ce qu'il faudrait, si je vous comprends bien,
04:15parce qu'on dépense beaucoup d'argent pour le social,
04:18c'est un tiers de la richesse créée, c'est un tiers du PIB,
04:21qu'est-ce qu'on peut faire aujourd'hui ?
04:23Revenir en arrière, ça paraît impossible.
04:26On parle de gestion.
04:28Il y a évidemment tout ce qui sont les transferts.
04:32Mais si je prends la santé, on n'est pas uniquement dans les transferts,
04:36on est dans la gestion de l'hôpital public,
04:39on est dans la gestion de l'équilibre public-privé.
04:42Là, il y a beaucoup de choses à faire.
04:44Et on peut s'étonner que la France,
04:47alors qu'elle a lancé, par exemple,
04:49le dossier médical personnalisé en 2005,
04:52c'est-à-dire il y a très longtemps,
04:54n'a toujours pas abouti,
04:56alors que nous avons un payeur unique,
04:58qui est la sécurité sociale.
05:00Vous-même, votre société de gestion a été créée en 2005.
05:04Vous êtes très impliqué dans la santé.
05:07Nous avons fait quelques investissements dans la santé,
05:09mais ça n'a pas été le centre de gravité.
05:12On est des investisseurs dans les entreprises moyennes françaises.
05:16Nous sommes vraiment investisseurs en France.
05:19Depuis que nous existons, on a fait à peu près 90 investissements
05:22dans des sociétés françaises,
05:24essentiellement LBO, mais également minoritaires.
05:28Et nous essayons de développer ces entreprises,
05:30parce que ce qui fait la richesse d'une entreprise,
05:33c'est la croissance.
05:35Plus l'immobilier aussi.
05:37Nous avons à peu près 35% de notre activité en immobilier.
05:40Et pourtant, en ce moment, c'est quand même difficile,
05:42notamment l'immobilier de bureau, qui peine.
05:44Alors, nous avons la chance d'avoir choisi
05:47d'investir exclusivement dans Paris Intramuros,
05:50parce que c'est le marché le plus stable, le plus liquide.
05:53Alors, vous avez dit au Figaro, il y a quelque temps,
05:56qu'il fallait libérer la croissance.
05:58Ça veut dire produire, travailler plus.
06:00Les Français ne travaillent pas suffisamment.
06:02Je crois que tous les chiffres montrent
06:05qu'il y a des réserves de croissance et de productivité.
06:10Et surtout, ne pas toucher à la réforme des retraites.
06:12Je crois qu'on a compris votre message à travers vos éditoriaux.
06:15Tous les pays européens sont à 65 ans et plus.
06:20Et le centre de gravité est plutôt entre 66 et 67 ans.
06:24Le centre de gravité, c'est 66-67.
06:27Au nom de quelle logique est-ce que nous aurions une démographie
06:32qui justifierait que nous revenions en arrière ?
06:36Absolument pas. Ou au contraire.
06:38Serge Wimbert, merci beaucoup d'être venu sur CNews.
06:41L'actualité continue. Merci d'être avec nous.

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