• il y a 4 mois
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Chloé Morin, politologue et experte à la Fondation Jean Jaurès, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils font le point sur les derniers événements politiques depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Ils reviennent notamment sur la situation de crise chez les Républicains et sur la composition du Front populaire de gauche avec la présence des mouvements extrémistes comme le NPA.
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Transcription
00:00Il est 7h12 sur Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la politologue et experte à la Fondation Jean Jaurès, Chloé Morin.
00:07Bonjour Chloé Morin.
00:08Bonjour.
00:09Alors, dissolution J plus 5, dimanche soir à minuit débutera officiellement donc la campagne des élections législatives.
00:15On est dans le dur en ce qui concerne les négociations d'alliances entre partis.
00:19Alors ça a abouti à gauche, c'est incertain pour l'heure à droite, en ce qui concerne aussi le choix des candidats.
00:24Alors j'appelle que le dépôt des candidatures se fait avant 18h ce dimanche.
00:28Point d'étape ce matin avec vous Chloé Morin après des journées agitées.
00:32Je vous propose de passer en revue chacun des trois grands blocs qui structurent notre vie politique.
00:37Pour commencer, peut-être un commentaire un peu général sur la semaine que l'on vient de vivre.
00:41Qu'est-ce qui vous a particulièrement marqué cette semaine Chloé Morin ?
00:44A marqué, hélas, c'est sans doute le sketch pitoyable des Républicains avec la prise en otage en quelque sorte du parti par Éric Ciotti
00:58puis le putsch, puis ensuite les contestations sur le plan pénal
01:06qui donne sans doute, hélas, une piètre image de la politique.
01:12On sait que les Français considèrent déjà que la politique ce sont beaucoup de magouilles
01:18et là je crains qu'ils ne sortent renforcés dans cette idée.
01:25La justice va examiner ce matin à 11h le recours d'Éric Ciotti contre son exclusion des Républicains.
01:32Certains se navrent du spectacle de ces querelles intestines à droite.
01:36Est-ce que ce n'est pas le signe que le moment de clarification sur la droite de l'échiquier politique est venu, Chloé Morin ?
01:43Oui, effectivement. Pour le coup, on voit dans les enquêtes d'opinion depuis un bon moment déjà
01:49qu'une partie des électeurs de droite républicaine souhaite une union avec l'ERN
01:56et donc aujourd'hui on est en quelque sorte dans la concrétisation de cette union
02:02et c'est finalement la clarification dont le président de la République a parlé.
02:08Chacun va devoir trancher et choisir son camp entre les trois grands blocs.
02:14D'un côté vous allez avoir la droite républicaine qui va devoir choisir sans doute entre le bloc d'Emmanuel Macron et le bloc de Marine Le Pen
02:23et puis vous avez la même mécanique à gauche aussi.
02:27Alors on voit que le cœur du débat à droite, l'objet finalement du dissensus sur la question d'est-ce qu'il faut s'allier ou pas avec le RN
02:35ne s'apporte plus du tout sur celui qui a le pouvoir, Emmanuel Macron,
02:40sur ce qui serait le pire, à savoir l'extrême gauche ou bien le RN, Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen ?
02:47Historiquement on n'a jamais renvoyé l'extrême gauche et l'extrême droite dos à dos.
02:53C'est quelque chose finalement de très nouveau et c'est nouveau parce que depuis deux ans
03:01l'image de la France Insoumise s'est énormément dégradée
03:05et qu'autour de Jean-Luc Mélenchon, ce parti incarne désormais aux yeux d'une bonne partie de la population
03:14quelque chose qui relève du bruit et de la fureur, de la violence
03:20et ça rend ce pôle d'extrême gauche finalement aussi répulsif aux yeux d'une partie des électeurs voire plus.
03:31Et donc aujourd'hui on est dans un débat où la majorité des Français considère que
03:38Jean-Luc Mélenchon peut être une menace aussi grande voire plus grande que Marine Le Pen.
03:47Alors je voudrais venir avec vous, Chloé Morin, sur ce sondage OpinionWake,
03:50européen publié ce matin avec CNews et le journal du dimanche sur les intentions de vote.
03:54Alors ce sont des intentions de vote nationales, non pas circonscription par circonscription.
03:58Elles révèlent un rassemblement national à 32%.
04:02Le front populaire à gauche qui vient de signer c'était hier soir est à 25% en hausse de 2 points en quelques jours.
04:10Il y a une dynamique politique autour de ce prétendu nouveau front populaire, Chloé Morin ?
04:16Bien sûr, alors ça met quand même le total de la gauche à un quart de l'électorat, c'est quand même extrêmement bas.
04:23Parce que là on parle du regroupement de la France Insoumise, du Parti Socialiste et des écologistes et du PC, etc.
04:31Donc c'est quand même un niveau, il faut le remarquer, qui n'est pas énorme.
04:36Ensuite, eh bien aujourd'hui, l'électeur de gauche, il se retrouve à choisir entre l'électeur social-démocrate,
04:43il se retrouve à devoir choisir entre une alliance avec un parti, les Insoumis,
04:49qu'il peut considérer comme trop brutal, voire comme antisémite d'ailleurs.
04:59C'est des idées qui sont assez répandues dans l'électorat social-démocrate.
05:03Mais face à cela, il faut quand même rappeler qu'il y a l'ennemi historique de la gauche.
05:10Le parti qui a souvent été le moteur de l'engagement politique de pas mal de cadres de la gauche.
05:20Et donc, face à cet ennemi-là, on voit un réflexe finalement de regroupement.
05:27L'idée de front populaire, c'est aussi ça, pour faire barrage à la possibilité de l'accession au pouvoir du RN.
05:37Mais c'est quoi le moteur de l'alliance de la gauche selon vous, Chloé Morin ?
05:41Est-ce que c'est la détestation de la droite ?
05:43Est-ce que les électeurs de gauche acceptent, par exemple quand Mathilde Panot, hier soir à la télévision,
05:49dit que le Hamas n'est pas un mouvement terroriste ?
05:51Alors, les cadres de la gauche, oui.
05:55On voit bien qu'en dehors de Bernard Cazeneuve pour l'instant,
06:01aucun responsable politique de gauche de premier plan ne s'est opposé à cette alliance.
06:08Mais en revanche, l'électorat, ça n'est pas sûr du tout.
06:12Parce que quand on regarde les études, on voit que par exemple,
06:15un sympathisant PS sur 2 et un sympathisant écolo sur 2
06:21considèrent que la possibilité d'une alliance avec LFI les ferait réfléchir et pourrait les faire changer de vote.
06:30Et donc ne pas faire voter à gauche.
06:32Donc c'est une question qui n'est pas tranchée dans l'électorat.
06:35Et c'est l'une des grandes inconnues pour la campagne à venir.
06:39Avec évidemment un camp macroniste qui espère que tous ces électeurs-là
06:45préféreront se rabattre sur la candidature des candidats d'Emmanuel Macron
06:53plutôt que de devoir s'allier avec la France insoumise.
06:59Alors du côté d'Emmanuel Macron, justement, on voit que les sondages ne sont pas très bons.
07:03Il est personnellement en assez forte baisse.
07:05Il a 24% ce matin le président dans un sondage Elabe pour Les Echos.
07:09Catherine Ney rappelait dans Le Figaro hier matin, Chloé Morin,
07:13que depuis le général de Gaulle, aucune dissolution n'a permis au président de renforcer son assise au Parlement.
07:20Est-ce que vous pensez qu'Emmanuel Macron pense pouvoir faire mentir l'histoire ?
07:25Je pense qu'il ne va forcément pas aux élections pour les perdre.
07:32Mais son raisonnement, à mon avis, n'est pas celui-là.
07:35Ce n'est pas « je dissous parce que je suis sûre de gagner »,
07:40c'est plutôt « je dissous parce que, de fait, dans la population,
07:45je n'ai plus la majorité qui me permet de gouverner ».
07:49Pour le coup, c'est quelque chose qui est très conforme à la pratique de nos institutions depuis De Gaulle.
07:54Quand il y a un nœud, quand il y a un problème, on retourne aux urnes,
07:59on rend la parole au peuple et on lui demande de trancher.
08:03Je pense que c'est ça, avant tout, la logique qui est la sienne.
08:07Et derrière, oui, la possibilité qu'il perde les élections existe.
08:12Je pense qu'il en est bien conscient.
08:15Mais on ne peut pas envisager, comme ça a trop souvent été le cas par le passé,
08:21de gouverner durablement contre le peuple.
08:24Merci beaucoup Chloé Morin, politologue, experte à la Fondation Jean Jaurès.
08:28Merci de vos lumières sur la situation politique du jour.
08:32Merci à vous.

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