• il y a 6 mois
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Jean-Yves Camus, politologue, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès et spécialiste de l’Extrême Droite, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils font le point sur la campagne des élections législatives qui démarre officiellement aujourd'hui, tous les candidats étant désormais connus. Selon les sondages, le Rassemblement national et le Front populaire seraient en tête des intentions de vote.
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Transcription
00:00Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le politologue Jean-Yves Camus.
00:08Bonjour Jean-Yves Camus, bienvenue sur Europe 1, vous êtes chercheur associé à l'IRIS, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès.
00:18On passe en revue avec vous ce matin les événements du week-end, Jean-Yves Camus.
00:22Depuis minuit, la campagne officielle des législatives a donc débuté, on connaît les candidats dans toutes les circonscriptions
00:28et les sondages nous livrent quant à eux une photographie de l'opinion avec un rassemblement national donné,
00:34alors ce sont des chiffres nationaux bien sûr, pas par circonscription, un RN donné en tête avec juste derrière l'Alliance des Gauches emmenée par la France Insoumise,
00:42les deux pesant ensemble entre 55 et 60% des intentions de vote, Jean-Yves Camus, c'est du jamais vu ?
00:49Écoutez, tout est du jamais vu dans la séquence qu'on est en train de vivre, à commencer par la décision du Président de la République de dissoudre.
00:56Il aurait pu en prendre une autre, repousser cette dissolution à l'automne, il a décidé évidemment de, selon ses propres termes,
01:03lancer une grenade dégoupillée dans les jambes de tout le monde, c'est tout de même déjà pas commun.
01:08Ensuite, sur les sondages, moi je mets une petite amédiation, c'est-à-dire que nous avons des sondages qui ont été en fait réalisés
01:15avant le début de la campagne officielle et avant que les Français connaissent la totalité des candidats de leurs circonscriptions.
01:22On va voir comment ça va évoluer, parce qu'en fait, contrairement aux Européennes, ces législatives sont la somme de 577 situations locales.
01:31Tout ce qu'on peut dire pour l'instant, c'est qu'il y a effectivement une dynamique du côté du Rassemblement National,
01:36il y en a une aussi du côté du nouveau Front Populaire, avec évidemment ce problème qui est le poids à l'intérieur de cette alliance de gauche,
01:47de LFI, et même dans un certain cas, de ceux qui à l'intérieur du LFI ont réussi à imposer une ligne qui va jusqu'à désinvestir un certain nombre des candidats,
02:00j'allais dire les plus modérés, les plus compatibles avec la social-démocratie.
02:03Oui, mais y a-t-il vraiment dans ce début de campagne, Jean-Yves Camus, une prime à la radicalité ?
02:09Je vous pose la question parce qu'on voit des électeurs de gauche modérés qui s'effarouchent de devoir voter pour des candidats de la France Insoumise,
02:15et du côté du Rassemblement National, on fait tout ce qu'on peut pour rassurer l'électeur, la fameuse stratégie de la cravate.
02:21Alors il y a effectivement des électeurs qui se font la dissuade de voter pour les radicalités,
02:25mais il y a quand même une inconnue, c'est les marchés financiers.
02:28Parce qu'on peut toujours tenir contre les marchés financiers, mais il n'empêche qu'au bout du compte,
02:32ils ont leur mot à dire et que la radicalité n'est pas vraiment leur tasse de thé.
02:36Est-ce que la radicalité paye ?
02:38Ça dépend de ce qu'on entend par radicalité.
02:40Si effectivement il s'agit de renverser la table,
02:46ce qui semble être quand même le vœu d'une majorité des électeurs du Rassemblement National,
02:53en ce sens où il s'agirait non pas de renverser les institutions, de sortir de la démocratie parlementaire, etc.,
02:59mais de changer totalement le cap des politiques suivies jusqu'ici,
03:04tant par la social-démocratie que par la droite dite traditionnelle,
03:08incontestablement c'est une forme de radicalité.
03:11Il y a aussi une autre forme de radicalité du côté de l'IFI.
03:14Parce que dans la manifestation que j'ai vue hier contre l'arrivée possible du Réunion pouvoir,
03:22il y avait franchement des slogans qui d'abord n'avaient rien à voir avec les élections législatives,
03:27notamment sur le centpéternel problème de Gaza et du soutien à la résistance armée palestinienne.
03:33Et oui, il y avait des gens dans ce cortège qui effectivement étaient à un degré de radicalité assez incandescente.
03:42Alors le week-end a été marqué aussi Jean-Yves Camus par des manifestations contre l'extrême droite,
03:47des appels aux barrages contre l'extrême droite, du monde de la culture, du sport.
03:52Il y a eu notamment ces sorties hier remarquées en conférence de presse de l'équipe de France de football
03:56de Marcus Thuram et de Kylian Mbappé.
03:58Est-ce que ça profite dans les urnes, à la gauche, tous ces appels contre l'extrême droite ?
04:03Est-ce que ça marche encore Jean-Yves Camus ?
04:06Est-ce que ça marche encore ? Il y a peut-être une frange de la jeunesse qui est sensible à ce type d'appel.
04:15Une frange de ceux, je pense, aux acteurs du monde de la culture qui peut-être se sont désintéressés des européennes
04:21parce qu'ils ne voyaient pas véritablement quelle était la meilleure option pour eux.
04:28Et je sais qu'effectivement l'idée du barrage va encore marcher.
04:31Mais le différentiel pour l'instant, selon les sondages, il est de 10 points.
04:3610 points, c'est absolument énorme.
04:37Je sais bien qu'il y a à priori une participation supérieure aux législatives
04:41par rapport à la participation aux européennes,
04:44mais je ne suis pas assuré que ça fasse la différence.
04:46La semaine dernière a aussi été rythmée par le débat sur l'union des droites
04:51qui n'a donc pas eu lieu, ou très partiellement.
04:53Comment vous analysez cet échec Jean-Yves Camus ? Est-ce que c'était prévisible ?
04:57La campagne avait déjà donné le ton pour ce qui concerne les relations
05:02entre Rassemblement National et Reconquête.
05:04Les pics n'ont pas manqué, y compris venant de Jordan Bardella, d'Éric Zemmour.
05:11Il y avait quelqu'un qui essayait de jouer la conciliation des contraires dans ces affaires,
05:15c'est Marion Maréchal.
05:16Ensuite, il y a évidemment cet événement absolument considérable,
05:20lequel est la décision d'Éric Ciotti de passer des accords
05:25avec le Rassemblement National au nom de l'union des droites
05:28face au nouveau front populaire.
05:31Là aussi, ça a été sans doute une décision qui méconnaissait
05:36le fait que LR reste encore un parti de barons.
05:40Un parti de barons régionaux, départementaux, locaux, maires de grandes villes.
05:44Un appareil presque plus qu'un parti.
05:47Et naturellement, il a trouvé en face de lui une force de barrage
05:50qui le met aujourd'hui en minorité.
05:52Pourquoi l'union, ça fonctionne à gauche mais pas à droite ?
05:56Pourquoi ça marche à gauche et pas à droite ?
05:58Parce que le thème du barrage continue à marcher à gauche.
06:02Sans doute mieux qu'à droite.
06:05C'est-à-dire qu'on pressent bien quand même qu'entre les mélangeonistes
06:09les plus ardents et les plus à gauche et la social-démocratie,
06:16il y a un gouffre.
06:17Mais il se trouve que lorsqu'il s'agit de faire corps
06:20et lorsqu'il s'agit de se réunir,
06:22alors finalement, mais comme à l'époque du programme commun de la gauche,
06:25ça date quand même de 1978,
06:27il y a une possibilité de faire s'entendre les contraires.
06:31Merci beaucoup Jean-Yves Camus d'avoir été ce matin l'invité d'Europe un Matin.
06:34J'rappelle que vous êtes le directeur de l'Observatoire des radicalités
06:39pour la Fondation Jean Jaurès.
06:41Bonne journée à vous.

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