Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ce soir, il reçoit la sénatrice Les Républicains et vice-présidente du groupe Agnès Evren, pour commenter les choix d'Éric Ciotti de s'allier avec le RN, suivis de son exclusion du groupe. Ils reviennent également sur la position du parti républicain dans la campagne des législatives.
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00:00Et on passe en revue l'actualité dans un instant avec Louis de Ragnel et Catherine Ney mais d'abord je salue Agnès Evren,
00:10bonsoir, sénatrice LR de Paris, vice-présidente des Républicains. Je voudrais d'abord que vous écoutiez Éric Ciotti
00:18qui est en ce moment chez nos confrères de CNews et voilà ce qu'il vient de dire à Christine Kelly.
00:24Par rapport à la situation du pays, je sais que j'ai la confiance des militants, très majoritairement.
00:31J'ai voulu, oui, donner un coup de pied dans la fourmilière, casser les tabous du politiquement correct.
00:38Ce qui m'a décidé c'est quand j'ai vu cette alliance des extrêmes-gauches, de la nuppesse qui a porté des éléments terrifiants,
00:47qui a une complaisance avec l'antisémitisme, qui a introduit des drapeaux étrangers dans l'Assemblée nationale.
00:54Le premier danger pour la République, ce sont aujourd'hui les insoumis.
00:59Tentons peut-être une dernière fois une chance pour que notre pays ne s'efface pas, ne disparaisse pas parce que la France est en danger.
01:09Agnès Evren, sur certains sujets et notamment la lutte contre les insoumis, vous êtes d'accord avec Éric Ciotti ?
01:14Absolument, je confirme. Mais ce n'est pas la bonne raison qui a motivé sa position.
01:19Sa position, elle vient du fait qu'il a tout simplement découvert dimanche qu'il était totalement en minorité dans sa propre circonscription,
01:26où Bardella a écrasé la liste portée par François Abdelhamid.
01:30Pour vous, ce n'est qu'un calcul de circonstance ?
01:32Il a sauvé son siège, c'est-à-dire qu'il a joué contre son camp au lieu d'essayer de sauver la France, comme il le dit, parce qu'il a tout à fait raison sur l'extrême-gauche.
01:39Moi non plus, je ne peux pas supporter de voir aujourd'hui les socialistes qui se sont fondus dans cette alliance contre-nature, là aussi pour le coup.
01:46Et donc, aujourd'hui, le bureau politique, et j'ai rarement vu ça véritablement, a eu une forme d'union sacrée pour décider l'exclusion d'Éric Ciotti.
01:55Pas seulement des LR, mais aussi son exclusion en tant que président du Parti des Républicains. Pourquoi ?
02:00Parce qu'il a décidé, tout seul, en catimini, de changer littéralement la ligne politique des Républicains.
02:08Vous vous rendez compte qu'aujourd'hui, ni Laurent Wauquiez, ni Xavier Bertrand, ni Jean-François Copé, ni François Barouin, personne n'a été mis au parfum de la décision qu'il a prise de façon unilatérale.
02:19Ça n'est pas rien, quand même, un tel changement stratégique dans la ligne idéologique du Parti.
02:24Et donc, dans ces conditions, il a été exclu à l'unanimité.
02:27Mais là, vous me dites deux choses. La première, vous venez de me dire que c'est un calcul électoral pour sa circonscription.
02:32Et d'un autre côté, vous me dites, mais en fait, il a formé une alliance avec le RN en catimini.
02:37Pour laquelle de ces deux raisons a-t-il été exclu de la présidence des Républicains ?
02:41Parce qu'il a changé la ligne politique du Parti politique, sans même consulter, tout simplement, les responsables politiques.
02:47Vous savez d'où vient l'UMP. L'UMP a été créée en 2002, après le premier tour de l'élection présidentielle, pour, comment dire, non pas faire barrage, mais créer un bloc de la droite de gouvernement, façon danger du Front National.
03:00Le Front National a eu une obsession depuis toujours, et c'est historique, de tuer la droite.
03:04Et aujourd'hui, il a permis la dislocation de la droite, il a donné ce cadeau à Marine Le Pen.
03:09Moi, je ne pense pas que Marine Le Pen soit la bonne réponse à la situation chaotique et économique dans laquelle se trouve aujourd'hui la France, et je l'assume parfaitement.
03:17Est-ce que, vu le score des Européennes, qui ont, on l'a tous dit, est un scrutin qui a été nationalisé, et n'a pas été uniquement un scrutin européen, qu'une sorte d'élection de mi-mandat avant 2027,
03:27est-ce que vous pensez, vous, que vous pouvez avancer, seuls, les Républicains, sans passer d'alliance avec la majorité présidentielle, et sans passer d'alliance avec le RN de Jordane Mardela ?
03:39Écoutez, moi je pense que, oui, il faut, en France, une droite républicaine qui soit libre, autonome et indépendante.
03:46Même si vous êtes très minoritaire sur l'échiquier politique ?
03:48Mais attendez, regardez la position d'Emexi Oti, qu'est-ce que ça a donné dans les sondages ?
03:50Ce soir, on voit que le Rassemblement National est encore plus haut, et que nous, on tombe à combien ? À 30 ou 40 députés.
03:55Est-ce que son positionnement a permis à la droite de progresser ?
03:57Donc c'est un mauvais calcul ?
03:59C'est un très mauvais calcul, y compris pour lui d'ailleurs, parce qu'il a complètement brouillé son image.
04:04Et vous savez, moi je pense qu'il y a un vrai sujet, et j'espère que la droite tirera des conséquences de ce qui s'est passé, tirera les leçons.
04:10Parce que c'est vrai que depuis des années, on perd, ça fait 10 ans, on n'est pas dans une situation très brillante, et que malheureusement, on a toujours mis la poussière sous le tapis, on n'a pas de projet identifié.
04:19Et donc il est important aujourd'hui, et j'ai senti cette unanimité...
04:21Mais ça fait quelques années que vous dites ça !
04:23Eh bien il est temps aujourd'hui de retrouver une colonne vertébrale, et d'offrir, parce que vous savez, c'est pas parce qu'aujourd'hui on fait 4,5%, 8% ou 6% à chaque élection, que pour autant la droite, la droite électorale, c'est-à-dire ceux qui veulent voter à droite, se sont évaporés, les idées de droite ne se sont pas évaporées.
04:39Il y a aujourd'hui encore des électeurs qui veulent voter à droite.
04:41Pourquoi est-ce qu'on priverait les électeurs d'un choix ? En gros vous avez le choix ou entre la France insoumise, ou entre le Rassemblement National.
04:48Eh bien moi je persiste à penser qu'il faut, dans le paysage politique, une droite républicaine.
04:52Est-ce que vous, dans ce cas-là, vous acceptez la main tendue d'Edouard Philippe, qui est dans la majorité du Bloc Central ?
04:58Non, ça n'est pas la position des Républicains. Aujourd'hui, encore une fois, je le redis, la situation en France qui est une crise sociale, budgétaire...
05:06Vous êtes tout seul dans votre couloir de nage ? Oui ou non, Agnès Hervé ?
05:09Attendez, est-ce que les combinaisons partisanes intéressent les électeurs ? Je ne crois pas.
05:13Et la réponse d'Éric Ciotti à la situation aujourd'hui dramatique de la France a été, on va faire des combinaisons, des alliances, eh bien moi je ne pense pas.
05:19Et d'ailleurs, c'est ça qui fait que les Français s'éloignent de la politique. C'est ce que vous dites.
05:23Les électeurs suivent des idées, mais ils suivent aussi un parti qui est fort et qui peut peser au Parlement.
05:32Ils ne vont pas suivre un parti qui est minoritaire au Parlement et qui se retrouve, comme vous l'avez fait, pardonnez-moi, avec 60 députés dans la dernière mandature,
05:41à faire des accords par-ci, par-là, sur ce texte oui, sur ce texte non, sur ce texte sur les 64 ans de la retraite.
05:49Vous avez dit, ben non, finalement on ne va pas le faire alors que vous vouliez 65 ans. Enfin, c'est illisible le programme des Républicains.
05:54Mais vous avez raison, c'est ce que je dis, il n'y a pas de projet politique identifié.
05:58D'ailleurs, en quelque sorte, je l'ai remarqué dans toutes les réunions des comités stratégiques des Républicains, il y a un vrai sujet.
06:04Il y a une absence de leadership, ça c'est certain, parce que c'est injuste, mais la politique c'est d'abord et avant tout de l'incarnation.
06:09Et nous n'avons pas d'incarnation. Et deuxièmement, nous avons un problème de positionnement idéologique.
06:13Depuis 2017, personne n'a tranché le fait de savoir s'il fallait parler plutôt à l'électorat macroniste ou plutôt à l'électorat du RN.
06:19Eh bien, en quelque sorte, aujourd'hui, Eric Ciotti a apporté une clarification en disant,
06:22moi je considère que c'est l'électorat du RN à qui on doit parler.
06:27Alors, la difficulté, si vous voulez, c'est qu'aujourd'hui, malheureusement, pour Eric Ciotti,
06:34c'est qu'on ne partage en rien le projet et la vision du Rassemblement National.
06:37Nous, chez LR, on n'a jamais défendu la Russie de Poutine, on n'a jamais défendu la réforme de la retraite à 60 ans,
06:43on n'a jamais défendu la sortie de l'Union Européenne, donc il s'assied sur ses convictions.
06:47Et c'est ça qui est un vrai problème.
06:48Dans moins de trois semaines, on va se retrouver, les électeurs vont se retrouver avec un candidat LR,
06:54un candidat LR plus RN, un candidat peut-être RN tout seul, un candidat, on ne sait pas, reconquête, etc., divers droite, là.
07:02Et face à eux, il va y avoir un candidat unique, vous m'entendez bien, unique, de la gauche, unique, et elle réussit un accord.
07:10Qu'est-ce que vous faites face à eux ?
07:11Écoutez, la gauche, elle s'est unie, mais là encore, c'est un contresens total.
07:17C'est peut-être un contresens, mais en attendant, ça fonctionne.
07:19Ce qu'a fait la gauche, elle est alliée avec la France Insoumise, qui caillasse les policiers, qui accepte l'islamisme rampant,
07:27c'est même inacceptable, et à mon avis, les Français ne sont pas dus de ces accords électoraux.
07:33Est-ce que vous avez la bonne réponse face à cette gauche unie, et qui est, comme vous le dites, inacceptable ?
07:37Eh bien, nous allons, nous, encore une fois, je le redis, nous avons besoin dans le paysage politique,
07:41c'est tellement facile de dire qu'en fait, voilà, il faut faire des accords et ça va tout régler.
07:45Nous, le parti Les Républicains, a dominé la Vème République, a donné cinq présidents à la France,
07:51on a aujourd'hui un vrai sujet d'incarnation, et on doit tous se rassembler derrière un projet qui soit clair sur le régalien,
07:59donc sur la sécurité, sur l'immigration, sur la maîtrise des comptes publics,
08:02sur le développement équilibré des territoires, sur le pouvoir d'achat,
08:05sur le fait que le travail doit être plus rémunérateur que l'assistanat, voilà, sur tous ces sujets-là, on doit tous se mettre d'accord.
08:10Ça veut dire qu'on va entendre parler encore de vous, avec peut-être des propositions qui vont tomber dans les jours prochains.
08:16Merci beaucoup, Agnès Évrenne, d'avoir été ce soir sur Europe 1.
08:24On va laisser partir Agnès Évrenne, et on va quand même se poser la question de savoir où en sont, justement, les Républicains, Louis Dragnel ?
08:34Écoutez, c'est une bonne question, parce que c'est assez évolutif.
08:38Où en sont les Républicains ? Je pense qu'on aura la réponse surtout au moment où il y aura les investitures,
08:44au moment où il y aura des députés qui seront investis, est-ce qu'il y aura des doubles investitures, est-ce qu'il y aura...
08:50C'est probable, c'est probable.
08:52On va tomber dans un débat juridique, vous allez voir, ça ne va pas être passionnant, cette partie du débat,
08:55vous allez avoir sans doute les candidats investis par Éric Ciotti qui revendiqueront aussi le logo et le parti Les Républicains,
09:02puisque Éric Ciotti ce soir dit qu'il est encore président du Républicain, et que ce qu'il s'est passé tout à l'heure est illégal.
09:10Bref, on va tomber dans une bataille juridique qui n'est pas passionnante, mais qui est l'illustration d'un problème de ligne
09:16qui a été un peu évoqué, notamment par Agnès Évrenne.
09:19C'est-à-dire que les LR qui ont fait 4% à la dernière présidentielle, et là 7,20% est un parti qui n'est pas en expansion.
09:31Et là, combien vont-ils se retrouver ? Ils veulent rester entre eux.
09:35J'avais un professeur de philosophie qui disait que son verre n'est pas grand mais qu'il boit dans son verre.
09:41A partir de ce socle si petit, est-ce qu'on peut reconstruire ? La marche sera longue.
09:49Est-ce qu'on a vu ça par le passé ?
09:51De repartir vraiment de si bas ?
09:54Oui, François Mitterrand a mis 23 ans pour arriver et grimper les choses.
10:00C'est ce qu'on appelle des processus longs.
10:02Comme le référendum en Nouvelle-Calédonie.
10:04C'est un parti qui n'a pas de leadership, alors Laurent Wauquiez quitte la région pour se présenter à la députation.
10:12Là, il va peut-être commencer à s'investir dans le leadership, mais la route est longue quand même.
10:20C'est vrai, l'histoire des alliances pose la question du devenir, parce que c'est extraordinaire.
10:28C'est qu'au moment où les idées de droite sont les plus répandues, que l'incarnation partisane est la plus réduite pour les LR.
10:37Alors que leurs idées, c'est eux qui font au Sénat les meilleurs rapports, à la fois sur l'économie, sur l'immigration.
10:47Il y a quelque chose de paradoxal.