• il y a 4 mois
Après plusieurs heures de négociations, les différents partis de gauche ont lancé lundi soir un appel commun à la "constitution d'un nouveau front populaire", dans le cadre duquel ils souhaitent "soutenir des candidatures uniques dès le premier tour" des prochaines élections législatives. "Cela peut être le salut de la France", assure sur France Inter Yannick Jadot, sénateur écologiste de Paris.
"Il y a des rendez-vous dans l'Histoire qu'il ne faut pas rater, quand l'extrême droite est à portée de canons de l'Assemblée nationale, il faut un sursaut, un électrochoc", dit-il. "C'est union, c'est une coalition, on a des divergences mais ce qui construit une coalition, c'est que l'on a en commun", assure Yannick Jadot qui parle ici de "phase 1".

Retrouvez les entretiens de 7h50 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00Sonia Devillers, il est 7h48, votre invité ce matin est sénateur Europe Écologie-Les Verts de Paris,
00:06ancien candidat à la présidentielle, ancienne tête de liste aux européennes.
00:11Bonjour Yannick Jadot.
00:12Bonjour.
00:1224h, il aura fallu 24h pour que 4 formations de gauche, le PS, les Insoumis, les Verts, les Communistes,
00:17trouvent un accord pour des candidats uniques au premier tour de ces législatives express
00:23et s'affichent ensemble pour la première fois depuis 10 mois.
00:25C'est le salut de la gauche ?
00:28Ça peut être le salut de la France, il y a des rendez-vous dans l'histoire qu'il ne faut pas rater,
00:34et je parle de l'histoire avec un grand H, quand effectivement l'extrême droite est à portée de canon de l'Assemblée Nationale,
00:41qu'elle a été tellement mise en valeur malheureusement par le Président de la République,
00:46il faut un sursaut, il faut un électrochoc.
00:49La première phase, c'est cette union.
00:52Cette union, c'est une coalition, par principe dans une coalition on n'est pas les mêmes,
00:57on a des différences, parfois des divergences, et elles peuvent être lourdes,
01:01mais ce qui construit une coalition, c'est ce qu'on a en commun.
01:05C'est le retour de la NUPES Yannick ?
01:07Non, c'est une autre coalition, et puis je l'ai dit, c'est la phase 1.
01:14Si cet accord, qui n'est pas finalisé, mais qui rassemble 4 formations politiques,
01:22si ça s'arrête là, ce sera une bonne stratégie de défense comme en 2022.
01:27Pour que ça gagne, pour que l'extrême droite, potentiellement avec des alliés à droite,
01:32ne prenne pas l'Assemblée Nationale, ne soit pas majoritaire,
01:35il faut que le peuple de gauche se réveille, s'inscrive, se lance dans cette campagne.
01:41On a les appels des intellectuels, vous avez les appels de l'intersyndicale pour manifester,
01:49mais ça ne va pas suffire.
01:50Il va falloir que l'intersyndicale, la société civile organisée, le pouvoir de vivre,
01:57que l'ensemble des acteurs de la société s'emparent de cette campagne.
02:04Pas simplement disent « soyez ensemble, offrez-nous un débouché politique »,
02:08mais que nous soyons collectivement un débouché politique.
02:12Et il va falloir que, évidemment…
02:14Mais ça c'est faisable en si peu de temps ?
02:16C'est tout le défi que nous avons devant nous.
02:20Est-ce que la stratégie d'Emmanuel Macron…
02:23On le sait, elle est immature, elle est funeste.
02:26Le président de la République qui passe son temps à commémorer,
02:30qui passe son temps à manipuler les symboles du débarquement d'Oradour-sur-Glane,
02:35au fond, n'a tiré aucune leçon de l'histoire.
02:37C'est là la grande immaturité, la grande désinvolture et le caractère funeste de cette dissolution.
02:43Mais s'il y a électrochoc, puisque nous allons aux élections,
02:47puisque le Rassemblement National est en capacité de prendre le pouvoir dans notre pays
02:52avec tout ce que ça veut dire,
02:54et bien il va falloir qu'on se mobilise.
02:56Il va falloir que tout le monde prenne sa part.
02:58Et pas simplement dans une campagne qui disqualifie l'extrême droite.
03:02On voit bien toutes les limites de la disqualification de l'extrême droite.
03:06Mais nous devons nous-mêmes nous requalifier auprès des électrices et des électeurs.
03:11Yannick Jadot, en octobre, après l'éclatement de la NUPES,
03:14vous déclariez au journal Le Point,
03:15la NUPES c'est Jean-Luc Mélenchon qui est un stalinien.
03:18Il a mené la purge en interne et maintenant il fait la purge en externe.
03:22pour se préparer pour 2027.
03:24Ce ne sont en aucun cas les conditions d'une victoire,
03:27y compris face à Marine Le Pen.
03:29Je veux le dire à gauche qu'il existe un chemin
03:32qui n'est pas un chemin de soumission à Jean-Luc Mélenchon.
03:35Vous maintenez ?
03:36Mais la question n'est pas Jean-Luc Mélenchon.
03:38Et vous savez si !
03:39Non, mais là, regardez.
03:41Hier soir, il n'y avait pas Jean-Luc Mélenchon.
03:43Et je l'ai dit, je l'ai toujours dit.
03:45Hier soir, il y avait Manuel Jompar, coordinateur de la France Insoumise.
03:48Je l'ai toujours dit, les électorats à gauche ne sont pas irréconciliables.
03:52Est-ce que Blum et Torres prenaient tous les matins le petit-déjeuner ensemble ?
03:57Non.
03:58Est-ce que Mitterrand et Marché couchaient ensemble ?
04:00Non.
04:01Est-ce que Jospin, Voinet et Hu, encore une fois, partaient en vacances ensemble ?
04:07Non.
04:08Maurice Torres, qui nous parle du Front Populaire,
04:11Maurice Torres n'a pas participé au gouvernement de Front Populaire.
04:15Il s'est mis avec Daladier, il s'est mis avec Blum.
04:17Il s'est mis avec Blum pour un programme commun, mais il n'y a pas participé.
04:20Parce que c'était la gauche révolutionnaire.
04:22Ce que je veux dire, Madame de Villers, c'est que si, dans les 10 jours, les 15 jours qui viennent,
04:27nous regardons ce qui nous sépare, on n'y arrivera pas.
04:31Et encore une fois, une coalition, ce ne sont pas les mêmes logiciels.
04:35Si chacun d'entre nous, chacune, on n'abandonne pas une partie de notre idéal politique,
04:41le logiciel écolo, le logiciel insoumis, le logiciel socialiste, le logiciel communiste.
04:46Si on n'abandonne pas une partie de ce qui fait nos convictions, nos combats, une partie de nos mesures,
04:53et bien évidemment, il n'y a pas de perspective commune.
04:56Mais si nous avons l'intelligence, encore une fois, nous sommes face à l'histoire.
05:00Pas la petite histoire d'Emmanuel Macron, la grande histoire de notre pays.
05:04Si nous ne sommes pas capables de faire ça, si nous ne mobilisons pas la société,
05:08et bien ce sera l'extrême droite qui gagnera.
05:11Et ça c'est trop grave.
05:12Manuel Bompard, qui est coordinateur de la France Insoumise, expliquait très sûr de lui hier soir à BFM TV
05:16que traditionnellement dans la Ve République, le Premier Ministre est issu de la formation politique qui a le plus de députés.
05:23Donc si d'aventure il fallait en choisir un à gauche, ce serait un insoumis ?
05:28Toute cette campagne, ça va être de répondre à ces questions-là.
05:34Je l'entends, vous faites votre boulot.
05:36Mais il y a quelque chose de plus grave qui se passe dans notre pays.
05:40Vous savez, je discutais avec des électeurs qui soit n'ont pas été votés, d'ailleurs une grosse abstention dans l'électorat écolo pour les européennes,
05:49ou des électeurs qui votent maintenant Rassemblement National.
05:53Ils ont souvent, beaucoup, moins de 40 ans.
05:56Depuis 2002, on leur explique qu'il faut voter contre l'extrême droite.
06:00Depuis 2002, on leur explique qu'il faut voter contre l'extrême droite.
06:03Et ceux qui ont gouverné, présidé ce pays, ont continué au fond à les plonger dans une forme d'insécurité personnelle et un sentiment d'insécurité collective.
06:13D'insécurité locale et d'insécurité globale.
06:16Et donc au fond, aujourd'hui, ils se disent, mais attendez, tous ces gens qui me font des leçons de morale sur le Rassemblement National,
06:22qu'est-ce qu'ils ont fait pour moi ? Qu'est-ce qu'ils ont fait pour mon boulot ?
06:25Mon usine, mon logement, ma facture d'électricité, le chaos climatique,
06:29la proportionnelle, enfin, pour avoir une vraie démocratie dans notre pays.
06:33Et bien, c'est à nous, maintenant, de redonner cet espoir.
06:37De dire, on va avoir un programme qui ne va pas tout couvrir.
06:40Parce qu'on n'a pas le temps.
06:42Mais le logement, le pouvoir d'achat, la transition écologique, l'agriculture, on va avoir des mesures.
06:48Et la question, c'est une question d'équipe, c'est une question de projet.
06:52On ne va pas définir, choisir le capitaine alors qu'on n'a même pas l'équipe.
06:56Raphaël Guzman, tête de liste PS Place Publique, hier soir au Journal de 20h,
07:02lui, il a désigné, tout seul dans son coin, un capitaine qui s'appelle Laurent Berger,
07:07ex-patron de la CFDT. Ça vous a fait quoi ?
07:10Mais je trouve que ce serait une très bonne idée.
07:12Il y a d'autres candidatures possibles, des femmes, des hommes.
07:15Mais franchement, si on joue dans ces 15 jours à régler nos différends,
07:21si on joue sur les questions des personnes, c'est mort.
07:25Alors ok, les écologistes garderont un groupe, les socialistes garderont un groupe,
07:28les insoumis aussi, les communistes aussi. Très bien, la belle affaire.
07:32Mais ce sera l'extrême-droite qui gouvernera ce pays.
07:34Donc si on n'est pas capable de surmonter ça,
07:37et on ne peut pas dire que je suis un mélenchoniste,
07:40reconnaissez que là-dessus je suis à peu près clair,
07:42mais je surmonte ça, je surmonte les différences.
07:46En démocratie, le principe de la démocratie, c'est d'accepter des choses qui ne sont pas soi.
07:51Là, on va essayer d'avoir un arc politique.
07:54Il va falloir qu'au-delà de ceux qui pensent la gauche ou les écologistes,
08:00tous ceux qui se pensent humanistes et qui voient la dérive de notre pays,
08:04qui voient tous les dangers, se disent
08:06« Ce souffle-là, il n'est pas totalement moi. Il y a des gens que je déteste,
08:11et il y a des gens que j'apprécie. Ce souffle-là peut emmener mon pays
08:14vers autre chose, vers une espérance, vers une réconciliation du pays avec lui-même. »
08:19Les écologistes, Yannick Jadot, qui n'ont engrangé que 5,5% des suffrages aux européennes,
08:25après votre défaite à l'élection présidentielle, 4,5%,
08:31est-ce que les écologistes constituent encore une force politique qui pèse ?
08:35Oui. Oui. D'ailleurs, voyez, le rassemblement hier s'est construit au siège des écologistes.
08:41Bien sûr que nous pesons.
08:43Est-ce qu'on s'est planté pour les européennes de dimanche ?
08:48Oui. C'est un échec. Oui, il va falloir retrouver le chemin de nos électrices et de nos électeurs.
08:54On a perdu le fil, au fond, de ce qui faisait notre succès.
08:58Mais c'est un échec pour l'écologie, et je l'ai dit aussi,
09:01c'est un échec vis-à-vis de l'extrême droite, et on doit tous en prendre notre part.
09:05Évidemment, quand le président de la République fait une loi immigration
09:09qui s'inspire totalement des idées du Rassemblement National,
09:12il lui fait la courte échelle. Mais on a aussi notre part face au Rassemblement National.
09:16Et donc, je l'ai dit, on ne peut pas simplement disqualifier. Il est disqualifiable.
09:21Mais il va falloir nous requalifier vis-à-vis des électeurs.
09:25Vous n'avez aucun regret ? Il n'aurait pas fallu s'allier avant ?
09:27On ne va pas refaire l'histoire. Moi, ce que j'aime, c'est la proportionnelle.
09:30J'aime la proportionnelle, et s'il y avait une mesure qu'aurait dû prendre le président de la République
09:34avant de dissoudre, c'est de mettre la proportionnelle pour qu'on ait un débat politique digne de ce nom dans ce pays.
09:39Merci Yannick Jadot.
09:40Et merci Sonia De Villers.

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