Législatives : pour Glucksmann, "la seule manière" de bloquer le RN est "une union de la gauche"

  • il y a 3 mois
L'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann, a affirmé jeudi qu'"une union de la gauche" était "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national aux législatives, validant ainsi le "Nouveau Front Populaire" malgré ses désaccords avec LFI.

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00:00France Inter, Alibadou, Marion Lourds, le 6-9.
00:07Grand entretien d'Inter ce matin avec Marion Lourds.
00:10Nous recevons un eurodéputé, fondateur du mouvement Place Publique.
00:14Il a mené la liste PS, Place Publique aux élections européennes.
00:18C'est lui qui a mené la gauche social-démocrate au succès,
00:21avec près de 14% des voix juste derrière celle de la majorité présidentielle.
00:27Et à l'issue de quatre jours de négociations très tendues
00:30qui ont conduit au nouveau front populaire
00:33et à un programme commun des parties de gauche,
00:36sa parole est très attendue.
00:37Il sort du silence ce matin en exclusivité sur France Inter.
00:41Bonjour Raphaël Glucksmann.
00:42Bonjour.
00:43Et bienvenue.
00:44De très nombreuses questions d'auditeurs déjà au standard au 01.45.24.7000
00:48et sur l'application France Inter.
00:50Des questions, vous vous en doutez.
00:52On va y venir dans un instant sur le sens de ce qui est en train de se produire,
00:57le sens aussi de votre sortie du silence.
01:00Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui, tout simplement,
01:03que vous êtes embarqué avec ce nouveau front populaire ?
01:06Je vais vous répondre, Alibedo.
01:08Mais j'aimerais d'abord, parce que justement je me suis peu exprimé,
01:11revenir sur ce qui s'est passé dimanche soir.
01:14Emmanuel Macron a décidé de cette dissolution
01:19avec trois ou quatre conseillers.
01:22Rien de n'y obligé.
01:24Et il a plongé la France dans le chaos.
01:27La vérité, c'est qu'il a ouvert les voies du pouvoir dans notre pays à l'extrême droite.
01:34Alors j'entends moi tous les politiciens qui viennent sur les plateaux
01:38et qui disent c'est formidable l'appel au peuple.
01:40Qui peut être contre l'appel au peuple ?
01:42Mais ce président joue avec les institutions comme on joue au poker.
01:47La vérité, Alibado, c'est qu'il a commis une faute immense.
01:52Une faute immense dont il devra répondre devant l'histoire.
01:55Et moi je vous le dis, depuis dimanche soir, j'ai une boule dans le ventre.
02:01Et j'ai une colère qui m'habite.
02:03Et je suis sûr que des millions de Français partagent cette colère.
02:09Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi a-t-il fait ça ?
02:14Parce que le RN était très haut.
02:16Parce qu'il n'avait qu'une majorité relative à l'Assemblée Nationale.
02:20Parce qu'il y avait enfin l'émergence d'une opposition qui ne soit pas extrémiste.
02:24Puisque lui, depuis le début de son quinquennat, joue moi ou le chaos.
02:28Et aujourd'hui, ce n'est pas moi ou le chaos, c'est lui le chaos.
02:32Et ça, c'est quelque chose d'extrêmement grave.
02:36Et j'aimerais vous dire qu'aujourd'hui, nous sommes dans une situation de bascule
02:40dans l'histoire de notre démocratie.
02:42Il se peut qu'on ait 300 députés du RN le 7 juillet à Libado.
02:50Le 7 juillet, dans trois semaines.
02:52Et ce président laisse quoi ?
02:54Deux semaines, trois semaines de campagne pour contrer ça.
02:58Sa responsabilité est immense.
03:01Et je pense qu'on a déjà tendance à l'oublier aujourd'hui.
03:04Et sa conférence de presse, lunaire,
03:07dans laquelle il ne semble absolument pas saisir la gravité
03:11de la situation qu'il a lui-même créée.
03:13Donc moi, je vais vous dire, on est dans un moment
03:16où chacune et chacun doit prendre une décision intérieure immense.
03:21J'aurais voulu, moi, construire un pôle social-démocrate
03:26sur la base de notre succès aux européennes.
03:29Avoir enfin cette gauche humaniste pro-européenne
03:33qui s'affirme, qui s'affirme sans la moindre compromission.
03:37Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ?
03:39Parce qu'il a tout cassé.
03:42Cet homme a tout cassé.
03:44Et donc là, la seule chose qui importe pour moi, à mes yeux,
03:53je ne vais pas arriver vers vous en chantant victoire.
03:57Ce que je vais vous dire, c'est que la seule chose qui importe à mes yeux,
04:01c'est que le rassemblement national ne gagne pas ces élections législatives
04:06et ne gouverne pas ce pays.
04:08C'est ça qui m'importe.
04:10Et la seule manière de faire, la seule manière de faire,
04:13c'est qu'il y ait une union de la gauche.
04:15C'est qu'il y ait un rassemblement.
04:17C'est notre responsabilité historique, historique.
04:21Et c'est ça qui m'a guidé pendant tous ces jours.
04:23Mais moi, ce que je veux, ce que je voulais,
04:25ce que j'ai dit dans ma seule intervention,
04:27c'est que ce rassemblement ne pouvait pas se faire
04:30sans certaines clarifications et certaines lignes rouges.
04:35Et c'est à ça que je me suis attelé pendant ces derniers jours.
04:38Et justement, Raphaël Glucksmann,
04:40ce programme du nouveau Front Populaire,
04:42il doit être dévoilé à la mi-journée.
04:45Le patron du parti communiste, Fabien Roussel,
04:47dit que vous avez co-écrit le programme.
04:50Vous aviez, on se rappelle, posé cinq conditions sur l'Ukraine,
04:54notamment le rejet de la réforme des retraites,
04:56la réforme de l'assurance chômage, de la loi immigration,
04:59l'accélération de la transition écologique,
05:01la fin de la brutalisation de la vie politique.
05:03Est-ce que sur tout ça, vous avez été entendu ?
05:06Est-ce que le programme vous convient ?
05:08Ça a été un rapport de force idéologique.
05:10Et je vais vous le dire sans la moindre tentation
05:14de mettre la poussière sous le tapis,
05:16ça a été dur.
05:18Mais ce que j'ai obtenu,
05:20ce que nous avons obtenu avec nos négociateurs,
05:22avec Orlaluc,
05:23ce que nous avons obtenu,
05:25c'est qu'il y a un engagement extrêmement clair
05:28sur les livraisons d'armes à l'Ukraine,
05:30sur les frontières de l'Ukraine,
05:32sur le soutien indéfectible à la résistance ukrainienne.
05:37Nous avons obtenu aussi le soutien à la construction européenne.
05:41Nous avons obtenu aussi
05:43que les attaques du 7 octobre
05:45soient qualifiées de massacres terroristes,
05:47et clairement terroristes.
05:49Ce qui n'était pas gagné avec LFI.
05:52Regardez toutes les six déclarations depuis le 7 octobre.
05:56Nous avons aussi obtenu un engagement clair
05:58dans la lutte contre l'antisémitisme,
06:00dans la lutte contre la brutalisation du débat public.
06:04Et donc cela, c'était pour moi
06:06les conditions de possibilité.
06:08Vous parlez de ce qui vous est arrivé
06:10pendant cette campagne fratricide
06:12où vous avez été l'objet d'attaques antisémites,
06:15où vos affiches ont été taguées,
06:17vous accusant d'être un soutien
06:19du gouvernement de Benjamin Netanyahou,
06:21avec des croix gammées sur votre visage.
06:24Vous avez tourné la page.
06:29Je ne vais pas vous mentir.
06:31J'espère que non.
06:33C'était difficile.
06:35Je suis devant vous
06:38sans aucun oubli.
06:40Par contre, je pense
06:42qu'à un moment donné,
06:44chaque homme, chaque femme,
06:46doit regarder l'histoire
06:48et prendre conscience de ses responsabilités.
06:50Le sujet aujourd'hui,
06:52je vous le dis parce que je vois le récit médiatique
06:54qui est en train de se produire du côté du gouvernement,
06:56le sujet aujourd'hui,
06:58ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon.
07:00Le sujet aujourd'hui,
07:02c'est Jordan Bardet.
07:04C'est vous qui prononcez le nom
07:06de Jean-Luc Mélenchon.
07:08En l'occurrence, lui parle d'un événement politique considérable.
07:10Et on voit qu'aujourd'hui,
07:12c'est LFI qui prend la main
07:14et qui distribue les circonscriptions,
07:16le nombre de circonscriptions.
07:18Il y a eu une inversion des rapports de force.
07:20Ce n'est pas la NUPES 2 à laquelle on assiste.
07:22Il y a eu une inversion des rapports de force
07:24parce que nous avons fait,
07:26parce que la liste que j'ai conduite
07:28a fait 14% aux européennes.
07:30Et donc, il y a une inversion des rapports de force.
07:32Et c'est bien pour cela que le projet
07:34a complètement évolué
07:36sur des lignes qui sont
07:38très éloignées de ce que
07:40LFI défendait jusqu'ici.
07:42Maintenant, je vais vous dire.
07:44Moi, je comprends.
07:46Je comprends que beaucoup de gens
07:48qui ont voté pour notre liste,
07:50qui ont...
07:52qui ont vu
07:54dans notre émergence
07:56une promesse d'une gauche
07:58sans la moindre compromission,
08:00fermement pro-européenne,
08:02fermement démocrate.
08:04Je comprends qu'aujourd'hui, ils puissent être
08:06stupéfaits ou même déçus.
08:08Ou même qu'ils puissent se sentir trahis.
08:10Alors j'aimerais juste leur dire une chose.
08:12Juste leur dire une chose.
08:14Fermez les yeux.
08:16Fermez les yeux.
08:18Et imaginez, imaginez
08:20le 7 juillet.
08:22Le 7 juillet, c'est-à-dire dans 3 semaines.
08:24300 députés du Rassemblement
08:26national à l'Assemblée.
08:28Imaginez Jordan Bardella,
08:30Premier ministre. Imaginez Thierry
08:32Mariani, ministre des Affaires étrangères.
08:34Imaginez Marion Maréchal,
08:36en charge de la culture ou de la famille.
08:38Imaginez Éric Ciotti
08:40au ministère de l'Intérieur.
08:42Fermez les yeux et comprenez
08:44ce que ça signifie, ça.
08:46Ça signifie la fin immédiate du soutien à l'Ukraine.
08:48Les télégraphistes du Kremlin
08:50qui sont au pouvoir. Ça signifie
08:52la destruction de l'Union Européenne.
08:54Ça signifie de marcher sur l'état de droit.
08:56Et si c'est le choix des Français ?
08:58Ils l'ont déjà annoncé.
09:00Ils l'ont déjà annoncé.
09:02On va marcher sur le Conseil constitutionnel.
09:04Ça signifie le tri
09:06des malades à l'hôpital
09:08où les malades étrangers
09:10ne seront plus soignés.
09:12Ça signifie aussi, même pour ce bureau là,
09:14pour ce bureau là où on se trouve,
09:16ils ont annoncé, Radio France
09:18ou France Télévisions, France Inter,
09:20ils ont annoncé quoi ?
09:22Que leur première mesure serait la privatisation
09:24du service public. Et ça veut dire quoi ça ?
09:26Ça veut dire que c'est Bolloré qui va contrôler
09:28France Inter ? C'est ça ce qu'il faut
09:30penser. Et donc, face à cela,
09:32il faut une unité d'action
09:34contre le rassemblement national.
09:36C'est fondamental.
09:38C'est vraiment fondamental.
09:40Qu'est-ce que vous dites aux électeurs ?
09:42Pour qu'ils ne se sentent pas trahis, même ceux qui ont voté pour vous,
09:44en pensant voter uniquement pour un camp modéré
09:46et qui voient que vous faites une alliance
09:48avec LFI. Qu'est-ce que vous dites
09:50aux décideurs économiques ? Parce qu'on voit
09:52que le CAC 40, il est secoué depuis dimanche
09:54et l'annonce de la dissolution. On voit les banques
09:56aussi qui sont secouées en bourse.
09:58Et hier, dans un entretien à la Croix,
10:00le patron de la CPME, Jean-François Asselin,
10:02renvoyait quasiment dos à dos
10:04le programme économique de LFI
10:06et du RN. Il disait
10:08que le programme d'LFI est tout aussi effrayant
10:10pour les entreprises que celui du RN.
10:12Comment est-ce que vous pouvez rassurer
10:14les milieux économiques et éviter une crise potentielle
10:16au cas où le Front Populaire
10:18arriverait à avoir une majorité ?
10:20Je veux leur dire que déjà,
10:22ce n'est pas le programme de LFI.
10:24C'est une coalition
10:26dans laquelle il y a différents
10:28partis et que
10:30je veux surtout leur dire
10:32que
10:34le spectre-là, la menace
10:36qui pèse sur nous, c'est en fait
10:38la destruction
10:40de l'Europe. Ce que ce n'arrivera
10:42pas à ça avec le Front Populaire.
10:44Je veux surtout leur dire que
10:46beaucoup d'entre eux, pas les PME,
10:48mais les grands groupes, sont très
10:50proches d'Emmanuel Macron. Ils ont son numéro de téléphone.
10:52Ils n'ont qu'à aller se plaindre maintenant
10:54auprès de ce Président
10:56qui a servi leurs
10:58intérêts pendant de longues années
11:00et qui aujourd'hui plonge la France
11:02dans ce chaos. Il faut
11:04aujourd'hui prendre conscience de la gravité
11:06du moment. On l'a entendu, Raphaël Glucksmann,
11:08quel chef de file qui doit
11:10mener le combat pour le
11:12nouveau Front Populaire ?
11:14Il n'y aura pas un chef de file.
11:16Il y a un problème d'incarnation ? Non, il n'y a pas
11:18un problème d'incarnation. Comment ça, non ?
11:20Il y a différentes incarnations. Et la
11:22vérité, c'est qu'à la fin,
11:24ce ne sera pas Jean-Luc Mélenchon.
11:26Pour une raison très simple, c'est qu'il
11:28faut une personne qui fasse consensus
11:30au sein des formations qui sont là.
11:32Et quand vous regardez la répartition,
11:34eh bien, il n'y a pas
11:36de domination écrasante de l'AFI
11:38comme ça avait été le cas pendant la Nupes.
11:40Donc, en fait, la vérité, c'est qu'il
11:42émergera une figure qui
11:44pourra rassembler même au-delà
11:46du Front Populaire. Vous aviez parlé de Laurent Berger.
11:48Moi, j'ai parlé de cette figure-là parce que
11:50je pense aussi que les politiques ont échoué
11:52et qu'à un moment, il faut une figure
11:54apaisante pour réconcilier
11:56les Français dans un moment qui a horreur de portée. Vous êtes candidat ?
11:58Vous êtes candidat pour jouer ce rôle-là, Raphaël Glucksmann ?
12:00Moi, je ne suis candidat à rien.
12:02Je ne vais pas, là, être Premier
12:04Ministre ou je ne vais pas gouverner la France.
12:06Ce que je vais faire, par contre, à Libadou,
12:08je vais mouiller ma chemise, là,
12:10pendant les trois prochaines semaines. Je vais mouiller
12:12ma chemise et aller soutenir les candidats
12:14écologistes, socialistes,
12:16de place publique, communistes
12:18qui vont
12:20avoir une responsabilité décisive qui est celle de
12:22gagner, de gagner. Et maintenant,
12:24moi, je vais vous dire une chose. J'aurais pu,
12:26j'aurais pu, parce que ma vie,
12:28c'est le combat européen, j'aurais pu prendre mon
12:30thalys et partir à Bruxelles.
12:32Et croyez-moi que des fois, quand vous discutez avec des
12:34apparatchiks, vous avez vraiment envie de
12:36prendre le thalys. Mais là, il y a quelque chose qui se
12:38joue dans notre pays qui
12:40est incroyablement
12:42important et j'aimerais vraiment
12:44que chacun fasse l'effort de le sentir.
12:46On ne peut pas laisser
12:48la France à la famille Le Pen. Mais c'est ça qui
12:50nous menace, là. C'est plus
12:52du tout
12:54le 2002 et les manifs
12:56où il était important de montrer
12:58qu'on était contre, mais où en réalité,
13:00il y avait très peu de chances que Jean-Marie Le Pen batte Jacques Chirac
13:02au deuxième tour. Là, ça y est.
13:04Là, ça y est, là.
13:05Ni Laurent Berger, ni Jean-Luc Mélenchon.
13:07Moi, je me battrais pour Laurent Berger.
13:09Moi, je pousserais et je montrerais
13:11qu'il y a une
13:13voix humaniste
13:15qui va s'exprimer et je ne laisserai
13:17pas, moi, la gauche.
13:19C'était ça l'enjeu aussi. Je ne laisserai pas la gauche,
13:21moi, finalement, être
13:23récupérée et être captée.
13:25Et ce sentiment d'antifascisme
13:27qui est fondamental, être captée par une aile
13:29plus radicale. Non.
13:31Moi, ce que je veux, c'est construire cette social-démocratie
13:33en France et en Europe.
13:35Vous n'avez pas répondu à propos de Laurent Berger d'un mot
13:37avant de filer au Standard et de retrouver Valéry.
13:39Est-ce qu'il a dit oui ?
13:41Je ne sais pas s'il a dit oui. Parce que
13:43personne, là, va être le comité officiel
13:45du Front Populaire.
13:47Par contre, il faut
13:49que des figures comme Laurent Berger et d'autres
13:51s'impliquent dans cette campagne.
13:53Aille sur le terrain
13:55pour vraiment tout faire.
13:57Vraiment tout faire
13:59pour éviter ce scénario catastrophe
14:01qui serait la bascule de la France à l'extrême droite.
14:03Bonjour Valéry et bienvenue
14:05sur France Inter.
14:07Bonjour, merci.
14:09Alors, monsieur Glucksmann,
14:11moi, j'ai voté comme vous
14:13pour l'UE.
14:15Alors, l'union de la gauche, très bien.
14:17Mais moi, je ne veux pas de
14:19M. Mélenchon en premier ministre.
14:21Ce monsieur est clivant.
14:23Ce monsieur n'a pas la ceinture
14:25d'être un premier ministre.
14:27J'ai entendu dire que
14:29c'était la formation qui aurait
14:31le plus de députés qui pourraient
14:33entre guillemets, choisir
14:35la personne pour être premier ministre.
14:37Mais moi, je ne veux pas de M. Mélenchon.
14:39Je ne veux pas de M. Mélenchon.
14:41On l'a entendu Valéry.
14:43Pour l'élection,
14:45pour mon vote en tout cas, je vais encore écouter
14:47ce qui va être proposé. Merci.
14:49M. Glucksmann, merci à vous Valéry.
14:51Et je vous comprends.
14:53Je vous comprends et je vous le dis.
14:55Ce ne sera pas Jean-Luc Mélenchon.
14:57Mais s'ils ont le plus grand nombre de circonscriptions...
14:59Parce que ça va fonctionner avec
15:01le consensus de l'ensemble
15:03du groupe.
15:05En réalité,
15:07ça va nécessairement
15:09être la figure la plus consensuelle
15:11et la moins clivante.
15:13Mais quel consensus quand on voit les querelles fratricides,
15:15quand on voit l'acte de décès de la
15:17SNCF qui a été prononcé je ne sais
15:19combien de fois ces derniers mois...
15:21Mais déjà, première chose.
15:23Qu'est-ce qui fait le consensus entre vous ?
15:25C'est un accord électoral ou véritablement une union ?
15:27C'est d'abord
15:29un accord d'unité d'action
15:31qui supposait des lignes rouges.
15:33Mais vous connaissez votre histoire.
15:35Un nouveau front populaire, quel rapport
15:37avec le front populaire ?
15:39Déjà, le premier rapport, c'est que
15:41vous avez une menace
15:43qui est une menace d'extrême droite immédiate.
15:45C'était ça qui a conduit
15:47à la création du Front Populaire.
15:49Et il y avait dans le Front Populaire des gens comme
15:51Léon Blum et des staliniens
15:53absolus comme Maurice Torres.
15:55Des gens qui avaient
15:57insulté, traîné dans la boue,
15:59martyrisé Léon Blum.
16:01Eh bien, face à l'histoire,
16:03il y a eu une responsabilité qui a été prise
16:05qui allait depuis les radicaux
16:07du centre droit jusqu'aux
16:09staliniens pour contrer
16:11le fascisme.
16:13Et donc là, on est dans un moment
16:15où il y a une unité d'action qui est nécessaire.
16:17Mais moi, j'aimerais vraiment que les gens se disent une chose.
16:191. Ce ne sera pas lui.
16:212. Ce n'est pas aujourd'hui le problème.
16:23Le problème, c'est
16:25Jordan Bardella. Le problème, c'est
16:27Marine Le Pen. C'est ça le problème.
16:29Est-ce qu'on va pouvoir imaginer qui on va mettre au pouvoir ?
16:31Est-ce que François Ruffin est plus consensuel aujourd'hui
16:33que Jean-Luc Mélenchon ?
16:35Je suis convaincu qu'il y a d'autres figures qui sont infiniment
16:37plus consensuelles.
16:39Lesquelles ?
16:41Par exemple, François Ruffin. Par exemple, Laurent Berger.
16:43Par exemple, Boris Vallaud. Par exemple, Valérie Rabault.
16:45Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens.
16:47Moi, je ne suis pas candidat.
16:49Moi, je suis juste garant
16:51que ces lignes qui ont été posées seront
16:53respectées au moment
16:55où elles sont violées.
16:57Je le dirai. Je garderai toujours ma liberté
16:59de parole. Je ne me tairai pas.
17:01Et je ferai en sorte que cette
17:03union-là
17:05d'action électorale,
17:07respecte tous les codes qui ont été dictés.
17:09C'est une gauche qu'on disait pourtant
17:11irréconciliable. Bonjour, Gabriel.
17:13Oui, bonjour, Raphaël Luxman.
17:15En fait, si je comprends bien, quand on est
17:17juif de gauche ou estampillé comme tel
17:19par son nom, par exemple, on choisit
17:21le moindre mal. Donc, on choisit soit le camp de
17:23l'antisémitisme résiduel, de Corbyn,
17:25du complot de Osara Tora à Toulouse,
17:27soit l'antisémitisme systémique du RN
17:29et ses ratonnades qui ont déjà repris
17:31homophobe, elles seront antisémites bientôt,
17:33soit le boulevard pour le RN offert par
17:35Macron. Donc, comprenez la douleur
17:37que ça présente de faire barrage au
17:39Rassemblement National en votant
17:41pour certains députés
17:43LFI qui seront dans le Front Populaire.
17:45Et c'est un crève-cœur, en fait.
17:47Qu'on le veuille ou non,
17:49cette alliance, elle est entendable
17:51parce qu'il faut évidemment faire barrage au RN,
17:53mais elle fait extrêmement mal. Et j'aimerais
17:55avoir votre position sur cette question.
17:57Comment on fait quand on est juif de gauche aujourd'hui
17:59en France pour se sentir représenté ?
18:01Parce que, qu'on le veuille ou non, on est
18:03renvoyé à ça. Qu'on s'identifie ou pas,
18:05c'est plus comme tel. Merci Gabriel.
18:07Réponse Raphaël Glucksmann.
18:09Je vais pour la
18:11première fois faire une réponse personnelle.
18:13Parce que je parle jamais de ça.
18:15Vous m'avez demandé,
18:17en tant que juif de gauche, comment on fait
18:19pour se sentir représenté.
18:21Vous me l'avez demandé à moi.
18:23Alors, je vais vous répondre
18:25très personnellement. Moi, je suis
18:27là pour vous représenter.
18:29Moi, je suis là pour être le garant
18:31de cela. C'est pour ça que j'ai passé là quatre jours
18:33sans dormir. Pour poser
18:35des lignes extrêmement
18:37claires. Parce que
18:39il ne pouvait pas y avoir unité d'action
18:41s'il n'y avait pas une
18:43clarification. Et par ailleurs,
18:45je vous le dis, je serai
18:47intraitable.
18:49Intraitable. Il n'y aura
18:51aucune minoration
18:53sur l'antisémitisme. Et c'est
18:55précisément ce qu'on a inscrit dans le
18:57texte sur l'explosion
18:59des actes antisémites et
19:01des attaques antisémites ces derniers mois.
19:03Et je veux
19:05vraiment le dire. Je
19:07serai là. Nous
19:09serons là. Et ce n'est pas
19:11un face-à-face
19:13entre El-Effi et
19:15le Rassemblement National. C'est une
19:17union avec
19:19notre poids
19:21qu'on a acquis ensemble, vous et moi
19:23d'ailleurs. Notre poids, c'est 14%
19:25qu'on a construit
19:27ensemble. Sur une ligne extrêmement claire,
19:29il y a eu une inversion des rapports de force.
19:31Et ça, ça doit se traduire
19:33dans les marqueurs
19:35idéologiques. Ça doit se traduire dans la manière
19:37de faire de la politique. Cela doit aussi
19:39se traduire à l'Assemblée Nationale.
19:41Donc moi, je vous le dis,
19:43vous avez face à vous
19:45un choix qui est extrêmement
19:47difficile, je l'entends. Mais
19:49là, la menace,
19:51la menace qui
19:53pèse sur nous est infiniment
19:55trop grande. Et j'ai expérimenté moi
19:57personnellement ce que ça voulait dire, ce que
19:59vous avez prononcé. Et donc, je vous le dis,
20:01je vous le dis, je suis là et je
20:03ne partirai pas. Je ne prendrai pas le
20:05thalys. Je vais faire campagne et je vais être
20:07le garant de ce qui a été écrit. Alors, il y a
20:09évidemment ce qui se passe aussi
20:11du côté du gouvernement
20:13et on vient d'apprendre que pour le ministre
20:15de l'Economie, Bruno Le Maire, le programme
20:17proposé par l'Union de Gauche
20:19est, je le cite, l'assurance
20:21de la sortie de l'Union Européenne.
20:23Qu'est-ce que vous lui répondez ? Que précisément
20:25non. Précisément non.
20:27Et que c'était aussi l'objet des discussions.
20:29Que c'était aussi l'objet des discussions.
20:31Il n'y aura rien qui
20:33met en danger l'Union Européenne
20:35et la sortie
20:37de l'Union Européenne, c'est
20:39l'arrivée au pouvoir du Rassemblement
20:41National. Et moi, je vais vous le dire,
20:43j'en ai marre. J'en ai marre.
20:45C'est-à-dire que là, la petite musique qui est en train
20:47de s'installer par
20:49le gouvernement, par le président
20:51de la République, c'est cette équivalence.
20:53Cette équivalence entre le Rassemblement
20:55National et le Front Populaire. Mais
20:57arrêtez de jouer avec
20:59le feu. Arrêtez de jouer avec les mots.
21:01Vous avez ouvert
21:03le pouvoir au Rassemblement
21:05National. Vous avez,
21:07depuis le début, servi de
21:09marchepied alors que vous étiez censé être
21:11un barrage. M.
21:13Macron est responsable d'un
21:15RN aussi haut aujourd'hui.
21:17Mais en plus, j'entends hier
21:19Gabriel Attal, à deux semaines d'une
21:21élection où peut basculer le destin de notre
21:23nation, j'entends Gabriel Attal
21:25annoncer que par décret, ils vont
21:27faire la réforme de l'assurance chômage.
21:29Sérieusement, maintenant,
21:31maintenant, dans cette situation,
21:33c'est jeter de l'huile
21:35sur le feu. Ils veulent servir de
21:37carburant au Rassemblement National
21:39ou pas ? Ils veulent envoyer
21:41le message que les institutions
21:43sont dirigées par des gens qui ont un mépris
21:45souverain pour
21:47les familles modestes de notre
21:49pays. Ils veulent les pousser.
21:51Mais je n'y vais absolument
21:53pas à reculons. Je vais partir dans la
21:55lutte à mort
21:57contre l'extrême droite
21:59et je vais aller soutenir les députés
22:01qui correspondent à mes principes et à mes valeurs.
22:03Je n'y vais pas à reculons. Mais moi, je partage
22:05parce que je ne suis pas un politique comme les autres
22:07qui fait semblant, là, en souriant
22:09que la situation est magnifique. Non, la situation
22:11est grave et je partage mes
22:13tiraillements et je partage aussi
22:15eh bien... Est-ce que c'est suffisamment
22:17grave pour dire que, par exemple, au deuxième
22:19tour, en cas triangulaire,
22:21le Front Populaire, le candidat
22:23du Front Populaire se désisterait
22:25au profit du candidat Renaissance
22:27s'il y en a un qui est mieux placé ?
22:29Ce à quoi j'appelle, mais là c'est en mon nom
22:31personnel, parce que je suis un démocrate
22:33de combat. Ce que
22:35j'appelle, c'est à se ranger
22:37derrière le candidat
22:39qui est démocrate et qui
22:41sera le mieux placé pour faire
22:43face au Rassemblement National et lui
22:45arrêter la route. L'objectif principal
22:47qui doit habiter les consciences de chacune
22:49et chacun, c'est de faire que la France ne soit pas dirigée par l'extrême droite.
22:51Donc moi, je suis pour
22:53un désistement républicain et je suis
22:55pour aussi qu'on ne tergiverse pas au second
22:57tour quand on n'y est pas pour appeler à voter
22:59contre l'opposant au Rassemblement
23:01National. A chaque fois.
23:03Vous savez... Et vous êtes seul sur cette position
23:05rapidement ou est-ce que ce sera
23:07la ligne de tout le monde comme le
23:09recommandait François Hollande hier soir ?
23:11Je ne sais pas si je suis seul, ce n'est
23:13pas encore dans les discussions, si je donne
23:15mon point de vue. Et mon point de vue, je l'appliquerai
23:17quoi qu'il en soit. C'est ma marque
23:19de fabrique. Je ne dépends d'aucun
23:21appareil et je dirai toujours ce que je pense.
23:23Et maintenant, je vais vous dire une autre chose. D'un mot ?
23:25Oui, c'est que ça doit être réciproque.
23:27D'accord ? C'est-à-dire que
23:29il ne faut pas, il ne faut pas
23:31jouer avec le feu et quand j'entends des
23:33déclarations des macronistes,
23:35quand j'entends des macronistes qui nous ont mis dans cette
23:37situation, dire
23:39mais moi je ne peux pas, entre un candidat du Front
23:41Populaire et le Rassemblement National choisir,
23:43mais qu'est-ce que vous avez dans la tête ?
23:45Il faut comprendre là, la menace
23:47qui pèse sur nous. J'aimerais vraiment que chacun
23:49comprenne la gravité de la situation. Je sais qu'on n'est
23:51pas habitué au tragique, mais demain,
23:53tout peut être profondément
23:55différent. On peut se retrouver dans une France
23:57qui ne sera plus la France
23:59dont nous avons hérité et que
24:01collectivement, nous sommes en train de gâcher,
24:03de faire tomber dans l'abîme
24:05collectivement, avec un responsable
24:07principal, un responsable principal,
24:09le Président de la République qui a été élu pour la réparer
24:11et qui l'abîme.
24:13Merci Raphaël Glucksmann d'avoir été l'invité de
24:15France Inter ce matin,
24:17merci d'avoir été l'invité du Grand Entretien,
24:19à suivre la Revue de Presse.

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