Retrouvez "Lévy sans interdit" avec Élisabeth Lévy tous les matins du lundi au jeudi
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-06-10##
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00:00 Il est 8h14, Lévis sans interdit. Bonjour Elisabeth Lévy.
00:05 Allô ?
00:05 Oui, Elisabeth Lévy, vous êtes là.
00:08 Elisabeth, vous revenez sur ce coup de théâtre, en quelque sorte,
00:13 dit hier soir, après les résultats de ces élections européennes,
00:19 eh bien l'annonce d'Emmanuel Macron, hein, Elisabeth.
00:21 Oui, coup de théâtre, coup de poker.
00:24 Alors, on peut avoir plusieurs interprétations.
00:26 D'abord, on peut penser que c'est conforme, comme l'a dit Arlette Gaullien,
00:30 conforme à l'esprit des institutions qui a été mis à mal par l'omniprésence du président,
00:35 deux jours avant le scrutin.
00:38 Ça, c'était pas très républicain, me semble-t-il.
00:41 En tous les cas, face au désaveu, il est légitime de revenir au peuple,
00:45 même si le président fait un pari avec le siège des autres.
00:49 Alors, on peut aussi penser qu'il joue l'avenir du pays sur un coup de dé,
00:53 après moi, le déluge, Nicolas Béthoud le compare même à Néron,
00:58 qui regardait Brûlerum.
00:59 Mais, en tout cas, ce qui m'a semblé hier, c'est que Emmanuel Macron,
01:03 lui-même, dressait l'acte de décès du macronisme,
01:07 parce qu'en réalité, il s'agit d'un échec magistral.
01:10 Il promettait une révolution, c'était le titre de son livre,
01:13 "Une nouvelle façon de faire de la politique".
01:16 Eh bien, le clivage droite-gauche qu'il prétendait dynamité est toujours là,
01:20 sinon, les électeurs de Raphaël Glucksmann auraient voté pour Emmanuel Macron,
01:24 au moins pour l'Ukraine et l'international.
01:27 Le "en même temps" consiste à dire à chacun ce qu'il veut entendre,
01:30 et plus personne n'est dupe.
01:32 Et surtout, le président devait être celui qui arrêterait ce qu'il appelle l'extrême droite,
01:37 et il a joué et rejoué l'ère de moi ou le nazisme,
01:41 sauf que, on l'a vu à plusieurs reprises, ce préchipréchat tourne à vide.
01:46 Et maintenant, voilà, il semble qu'il espère encore que les français vont l'écouter.
01:50 Emmanuel Macron veut changer le peuple, comme le recommandait ironiquement Brest.
01:56 Et en fait, il ne comprend pas que pour répondre aux attentes,
02:00 pour combattre le Rassemblement National, comme il veut le faire,
02:04 eh bien, il faut répondre aux attentes et aux inquiétudes de ces électeurs
02:08 qui veulent moins d'immigration, moins d'islamisme et plus de France.
02:12 Et voilà, qu'il recommence la moralie, en prétendant séparer les fréquentables des infréquentables.
02:18 Alors, je ne sais pas si c'est confirmé, mais il se disait hier
02:21 qu'il n'y aurait pas de candidat Renaissance face aux sortants appartenant au champs républicain.
02:27 Oui, ben alors, on est reparti pour l'exégèse.
02:30 Bref, on va avoir trois semaines, Patrick, de République en danger,
02:34 mais la seule révolution macroniste, ça aura été d'amener au Marché du Pouvoir,
02:40 le parti fondé par Jean-Marie Le Pen.
02:42 - Oui, ben ça, on le saura, donc, fin juin, début juillet, avec ces deux tours des élections législatives.
02:49 - Oui, ben, au Marché, ils y sont déjà, tout de même.
02:52 L'espoir de créer une majorité fasciste me semble totalement hors sol.
02:57 Elle traduit encore l'ignorance et peut-être même le mépris de l'humeur du pays.
03:02 Certains murmurent, d'ailleurs, Arlette l'a mentionné comme hypothèse,
03:08 que le président voudrait une assemblée encore plus ingouvernable que maintenant.
03:12 Je ne peux pas croire qu'il joue cyniquement une crise de régime.
03:16 Mais en attendant, il y a tout de même, tout de suite, un autre enjeu qui se dessine pour l'avenir du pays,
03:21 qui est l'avenir de la gauche.
03:23 Après l'expérience calamiteuse de la Nupes, où on a vu, donc, le Parti Socialiste,
03:28 les communistes et les écologistes compromis par la stratégie, pardon,
03:33 de bordélisation et de flirt avec l'islam radical des Insoumis,
03:36 on pensait que c'était terminé, enfin on espérait, enfin moi j'espérais.
03:40 Mais dès hier soir, Olivier Fortout, honte, but, courtisé, Mathilde Panot qui lui battait froid.
03:46 Et la petite musique qu'on entendait, malgré les huées des militants de place publique,
03:53 c'est "il faut s'unir contre le fascisme".
03:55 Donc tout est pardonné, la haine de la police, l'encouragement aux émeutiers, le déni de l'antisémitisme.
04:01 Alors bien sûr, sans union, la gauche raisonnable perdrait moulte plume,
04:06 mais elle sauverait son honneur. Voilà Patrick.
04:08 Et pour conclure tout de même, pardon de vous énerver, une très bonne nouvelle,
04:13 eh bien nous allons avoir trois semaines sans JO.
04:16 (musique)
04:21 - Pourquoi trois semaines sans JO, Elisabeth Levin ?
04:23 - On va un peu moins parler des JO, si vous voulez, cette propagande éprouvante
04:27 que nous sommes d'être contents, si vous voulez, va s'arrêter un peu.
04:31 Là on va parler un peu de politique.
04:32 - Oui, bien sûr, on continuera aussi d'en parler sur l'organisation, sur ce qui va et ce qui ne va pas.
04:38 Il y aura toute sa place pour ça.
04:41 - Ce qui va, ça va aller vite.
04:43 - Oh, je vous sens toujours rabat-joueur, Elisabeth.
04:46 Tout de même, revenons quand même sur ce que vous avez dit,
04:49 et notamment dans votre premier passage avec vous, Elisabeth, mais Arlette Chabot.
04:53 C'est vrai qu'Emmanuel Macron, il avait écrit "révolution".
04:58 Et là, dans tout ce qui se produit, alors évidemment il y a eu des circonstances,
05:03 mais on arrive à une forme de révolution politique, ce qui est en train de se passer, non ?
05:08 Arlette Chabot ?
05:10 - Arriver possible au pouvoir du Rassemblement National, c'est vrai que ce sera une révolution.
05:16 En tout cas, effectivement, l'inimaginable finira peut-être par arriver.
05:21 Mais c'est vrai que le projet d'Emmanuel Macron,
05:24 il a beau dire que cette espèce peut-être de rassemblement des raisonnables,
05:28 ce sera un nouvel élargissement, un nouveau dépassement, c'est-à-dire son projet initial.
05:33 Hier, il faut quand même dire qu'il a subi son premier échec politique
05:38 depuis le lancement, justement, de la République en marche, c'est-à-dire 2016.
05:42 - C'est son premier véritable échec.
05:43 - C'est le premier échec majeur. C'est un échec cinglant.
05:47 Et sur le sujet qui lui tient le plus à cœur, c'est-à-dire l'Europe,
05:51 il a perdu gravement les élections européennes.
05:55 Donc je pense qu'il est, j'allais dire doublement marié,
05:58 pour ne pas employer un mot qui pourrait être désagréable,
06:00 mais sûrement extrêmement vexé de cet échec sur des élections européennes,
06:06 alors qu'il s'est engagé à fond dans cette campagne en espérant, évidemment, rétablir la situation.
06:12 - Et il veut s'engager encore plus à fond, c'est-à-dire que, évidemment, il veut occuper le devant de la scène.
06:17 Je pense qu'il devait piaffer pendant cette campagne.
06:21 - Oui, ça n'a pas marché.
06:23 - Oui, ça n'a pas marché, Elisabeth.
06:24 - Ça n'a pas marché jusque-là, donc on n'a qu'à en faire un peu plus, si vous voulez.
06:29 Non mais, je ne sais pas si on peut tout expliquer par une de cette forme de narcissisme ou de croyance,
06:35 disons que dans sa personne, dans le pouvoir performatif de sa personne.
06:43 Mais quand vous dites que c'est son premier échec politique, excusez-moi,
06:46 dans la réalité, il n'a pas pu dire grand-chose.
06:48 Les élections législatives, même s'il ne les a pas perdues au sens strict,
06:54 non mais tout de suite après des présidentielles,
06:56 ne pas réussir après avoir une majorité, ce n'était pas extraordinaire.
07:00 Par ailleurs, on ne peut pas dire qu'il a découvert hier ce qui était en train de se passer.
07:04 Mais moi, ce qui me frappe, si vous voulez, c'est que c'est extraordinaire.
07:08 On vient de vivre une séquence où on voit bien qu'il y a un parti révolutionnaire
07:12 et je le dis de mon point de vue bien sûr, dangereux pour la démocratie,
07:17 ça n'est pas le Rassemblement National.
07:18 Continuer à le qualifier d'extrême droite est à mon avis absurde.
07:23 Ça n'a pas de sens.
07:25 Les marqueurs de l'extrême droite, ils ne sont plus là.
07:28 Donc, si vous voulez, on va encore avoir le droit à un faux débat
07:32 sur le thème "moi ou le nazisme, moi ou le fascisme" etc.
07:36 qui ne marche pas, cette ritournelle morale, il l'a dit lui-même d'ailleurs.
07:41 - Ça a été évoqué hier soir par Manon Aubry, bien sûr,
07:45 qu'il a évoqué, et la France Insoumise qui fait quand même,
07:49 quoi qu'on en dise, parce que c'est vrai qu'il y a le bon score de Glucksmann,
07:52 qui fait plus de 10% tout de même, alors qu'on l'annonçait comme s'effondrer,
07:57 un effondrement total, ce qui n'est pas le cas, Arlette Chabot.
08:01 - Non, ce sont les derniers jours de campagne,
08:04 une campagne très forte sur le terrain des Insoumis qui finalement a fonctionné.
08:08 C'est la mobilisation sur Gaza, il faut le dire, c'est un choix...
08:11 Evidemment, ils ont très peu parlé d'Europe, ils ont beaucoup parlé de Gaza, de la Palestine,
08:16 surtout, et de la nécessaire reconnaissance de l'État palestinien,
08:21 cette mobilisation, elle a fonctionné, il y a eu un effet.
08:24 - Allez, on continue dans un instant, il est 8h23,
08:28 je rappelle aussi que les deux premiers invités politiques de Jean-Jacques Bourdin,
08:31 dans une dizaine de minutes, Laure Lavallette, députée RN du Var,
08:34 porte-parole du RN, et Adrien Quatennens, on parlait de LFI,
08:38 député LFI justement du Nord.