• il y a 6 mois
Retrouvez "Lévy sans interdit" avec Élisabeth Lévy tous les matins du lundi au jeudi

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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-05-14##

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Transcription
00:00 - Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Rocher.
00:04 - Il est 8h13, Lévi Sans Interdit. Bonjour Elisabeth Lévy.
00:08 - Bonjour Patrick, bonjour à tous.
00:10 - Alors vous revenez sur la note de Jérôme Fourquet.
00:14 Vous savez, Jérôme Fourquet qui travaille à l'IFOP
00:16 et puis qui a déjà rédigé plusieurs livres sur l'état de la France.
00:19 Il dresse un tableau assez accablant de l'économie française.
00:23 C'était dans le Figaro hier, Elisabeth.
00:26 - Oui, oui, à la fin, on a tendance à se dire que c'est mort mais passant.
00:29 Le titre de cette note, c'est "L'État guichet", un modèle à bout de souffle
00:33 dans une France qui a cessé de produire
00:35 mais ça aurait pu être la France soviétisée.
00:38 Oui Patrick, nous vivons dans une réalité parallèle,
00:41 presque aussi fantasmée que le plan quinquennal de Staline.
00:44 La production de richesse, elle ne dépend pas de capacités individuelles et collectives concrètes
00:50 mais d'une décision d'en haut à la fin.
00:52 Il suffit d'ajouter des zéros à la dette et on est à l'équilibre.
00:56 Tout ça est superbe.
00:57 La différence avec le RSS, bien sûr, c'est que Big Brother est gentil et il peut vivre à crédit.
01:04 Alors ce modèle que Fourquet appelle "Statoconsumériste"
01:07 est assumé par tous les gouvernements.
01:09 Droite, gauche, chante depuis 50 ans.
01:11 Il articule deux tendances.
01:13 La première, c'est une tendance lourde, c'est la croyance séculaire
01:16 dans la toute-puissance de l'État qui, il est vrai, a construit la nation en France.
01:21 Et la deuxième, c'est le choix d'une économie
01:24 fondée plutôt sur la consommation que sur la production.
01:27 Et comme on ne produit pas assez par rapport à ce qu'on consomme,
01:30 on subventionne à tour de bras.
01:32 C'est la logique du chèque du guichet de la subvention
01:36 avec de multiples usines à gaz empilées les unes sur les autres.
01:41 Il y a un enfer bureaucratique pour tous.
01:43 Je renvoie à l'impayable paragraphe sur le bonus de réparation textile.
01:49 Des énarques ont travaillé là-dessus.
01:51 Et donc, si vous faites réparer votre jean,
01:53 vous aurez le droit à 4,32 euros après avoir rempli 10 pages de formulaires, bien sûr.
01:58 Alors donc, cette mécanique est un placard
02:01 puisqu'on consomme plus que ce qu'on produit en empreinte.
02:04 Et à la fin, on vend les bijoux de famille.
02:07 40% du CAC 40 est détenu par des non-résidents.
02:10 Et toute l'arnaque de Choose France est là.
02:13 Parce que l'attractivité dans ce cadre,
02:16 ça veut dire "Venez chez nous, il y a des affaires à faire,
02:20 on est abradé, vous pourrez toujours les délocaliser plus tard".
02:24 Enfin, un certain nombre d'activités.
02:25 - On va reparler avec Eric Revelle dans un instant.
02:27 Mais alors, pourquoi avoir fait ces mauvais choix ?
02:30 - Eh bien, parce que c'était facile, pardi.
02:32 Et surtout, parce que nous le demandions.
02:35 C'est trop simple de mettre tout sur le dos des gouvernants.
02:38 Ils n'ont fait que nous céder en permanence.
02:41 Et maintenant, nous leur présentons en permanence
02:44 une liste interminable de droits acquis.
02:46 Ce ne sont plus seulement les droits fondamentaux,
02:48 la sécurité, la liberté d'aller et de venir, de s'exprimer.
02:51 Mais le droit au logement, au bonheur, au diplôme et au travail.
02:55 Mais pas trop.
02:56 Nous sommes drogués à la dépense publique.
02:58 Comme le dit Fourquet, le métabolisme profond de la société française
03:02 ne s'est plus fonctionné sans cet affort.
03:04 Et évidemment, ça a eu des effets anthropologiques,
03:07 c'est-à-dire sur ce que nous sommes.
03:09 Ça nous a fait perdre collectivement le goût de l'effort.
03:11 Et ça nous a transformés en récriminateurs
03:14 à qui la société doit toujours quelque chose.
03:17 Parce que je vous rappelle quand même que la grande affaire des Français
03:19 depuis 40 ans, qu'est-ce que c'est ?
03:21 Et bien c'est "travaillons moins".
03:23 Nous hurlons à la mort pour 6 mois de travail en plus,
03:25 c'était la loi retraite,
03:27 ou pour 10 euros d'alloc en moins le psychodrame sur les APL.
03:30 Et nous habillons tous ces ressentiments et ces réclamations
03:34 de grande considération sur l'égalité,
03:36 la véritable obsession française.
03:38 Et bien, ce mensonge orwellien
03:41 d'un pays qui peut s'affranchir des règles communes
03:45 a été accepté, encouragé par les électeurs.
03:47 Si nous sortons de l'histoire, Patrick,
03:49 c'est bien parce que depuis 40 ans,
03:51 nous préférons tous nous raconter des histoires.
03:54 - Merci Elisabeth Lévis.
03:55 - Constat accablant, Éric Revel,
04:00 week-end spécialiste en économie.
04:02 - Alors, la très longue tribune de Jean-Luc Fouquet dans le Figaro
04:06 est très intéressante.
04:07 Alors, il faut savoir quand même que le modèle économique français,
04:11 contrairement par exemple à l'Allemagne,
04:12 il n'est pas basé sur les exportations,
04:15 mais sur la consommation.
04:16 C'est historique.
04:16 En France, c'est la consommation des ménages
04:19 qui est le premier moteur de la croissance française.
04:21 Ça veut dire que, oui, les gouvernements se sont endettés
04:25 pour que la consommation ait un niveau élevé,
04:28 puisque c'est ce qui allumait la croissance française.
04:30 Le problème, comme l'a très bien dit Elisabeth,
04:32 c'est qu'on s'est endettés.
04:34 On a dans le même temps délocalisé des industries.
04:36 Et dans la démonstration de Fouquet dans cette tribune,
04:39 il y a un point qui m'a sauté aux yeux.
04:41 Et je me suis dit "mais c'est bien sûr, il a raison".
04:43 C'est qu'au rythme où les industries quittaient les territoires français,
04:47 sont venues s'installer des enseignes de la grande distribution.
04:52 Et Fouquet dit de manière très juste qu'aujourd'hui,
04:54 la grande distribution, et c'est tout le paradoxe,
04:57 puisqu'on est un modèle de consommation,
04:58 donc la grande distribution, c'est elle qui vous vend
05:01 le dentifrice, les patates et les betteraves.
05:03 Eh bien la grande distribution a pris la place,
05:05 dans les territoires,
05:07 de l'industrie qui n'existe plus ou quasiment plus en France.
05:11 Et ce qui est très marrant aussi, c'est qu'il dit,
05:13 parce qu'oubliez pas que la TVA, c'est le premier impôt en France,
05:16 il dit "et la grande distribution est devenue le collecteur en chef de la TVA pour l'État".
05:20 Voyez, donc il y a une espèce de modèle qui est à bout de souffle,
05:23 "Stato consumériste", dit Fouquet,
05:26 qui est très bien décrit dans ce papier.
05:28 Et comme ce modèle est à bout de souffle,
05:30 eh bien avec des finances publiques catastrophiques,
05:33 Fouquet dit en gros,
05:34 alors Elisabeth l'a dit en commençant son papier,
05:37 c'est peut-être fichu,
05:38 on est peut-être à la fin d'un modèle économique
05:40 et la croissance française est en train de s'effondrer.
05:42 - Oui, oui, complètement.
05:43 Amine El Khatami, un commentaire ?
05:45 - Oui, je suis un peu...
05:46 - Et ?
05:47 - Oui, je suis...
05:48 - Et quand même ce mode de la tête, complètement...
05:51 - Non, c'est... - Désolé !
05:52 - C'est clair, mon cher Amine, j'ai pas été clair.
05:54 - La tête complètement désespérée que j'affiche,
05:57 mais c'est vrai que...
06:00 les perspectives qui sont dressées,
06:03 sont désespérantes,
06:06 mais sans doute,
06:08 sommes-nous effectivement à la fin d'un cycle,
06:10 voire à la fin d'un monde,
06:11 mais qu'un cycle nouveau,
06:13 ou un monde nouveau va advenir.
06:15 Et je renvoie aussi à un papier,
06:20 pardon, j'ai oublié son nom,
06:21 sur l'intelligence artificielle,
06:23 qui a été publiée dans l'Express cette semaine,
06:26 qui est un papier absolument remarquable.
06:28 Sans doute qu'avec l'intelligence artificielle,
06:31 on a l'esquisse de ce que pourrait être
06:34 un modèle alternatif.
06:38 - Oui, ça alors...
06:39 - Pardon, je peux...
06:41 - Oui, oui, Elisabeth, et puis ensuite Éric, oui.
06:43 - Oui, Elisabeth ?
06:44 - J'adore vos illusions progressistes,
06:46 c'est-à-dire que vous ne voulez pas reconnaître
06:48 que la situation est désespérée...
06:50 Pardon, je vais finir,
06:51 comme vous ne voulez pas reconnaître
06:52 que la situation est désespérée,
06:55 si vous voulez, vous dites, il va devenir quelque chose.
06:57 Le problème,
06:58 que vous n'avez pas tellement commenté dans ce que j'ai dit,
07:01 c'est qu'est-ce que tout ça a fait de nous ?
07:03 C'est-à-dire, enfin, je ne sais pas si vous vous rendez compte,
07:05 on supprime la culture générale dans les concours,
07:08 on supprime les notes dès qu'on le peut.
07:11 Vous arrivez, moi j'ai une cousine qui a une boîte en Suisse,
07:14 quand des Français arrivent pour être recrutés,
07:17 la première chose qu'ils disent, c'est
07:18 "on a combien de vacances ?
07:19 Et si je me barre, j'ai le droit à quoi ?"
07:21 Si vous voulez, ça nous a transformés.
07:24 Il y a véritablement un...
07:25 On méprise l'effort en France.
07:27 On considère que l'État, si vous voulez,
07:29 il a un rapport à l'État qui est psychanalytique.
07:32 - Qu'est-ce que vous vouliez dire sur l'intelligence artificielle ?
07:35 Par rapport à ce que disait Abinède Karmine.
07:37 - Parmi les 15 milliards d'euros qui ont été annoncés hier
07:40 par le Mozart de l'investissement, par Emmanuel Macron,
07:42 dans le cadre de Choose France,
07:44 j'ai vu qu'il y a beaucoup d'investissements
07:47 de la part des GAFAM, Microsoft, Amazon, et autres.
07:52 Ce que je veux dire, c'est que dans le papier de Fourquet,
07:54 il démontre aussi un point fondamental,
07:55 c'est que pourquoi notre balance commerciale est tellement déficitaire ?
07:58 Parce que nous n'exportons plus.
08:00 Et pourquoi nous n'exportons plus ?
08:01 Parce que la production industrielle dans ce pays a stagné,
08:04 ou même s'est effondrée pendant des décennies.
08:07 Et la question qu'on peut se poser,
08:08 c'est que l'arrivée massive de Microsoft, 4 milliards,
08:12 et des autres GAFAM,
08:14 c'est pas ça qui va produire directement de l'industrie.
08:18 Donc ça veut dire que la balance commerciale française,
08:21 c'est le symbole même de ce qui nous est arrivé.
08:24 Il dresse la liste de toutes ces grandes marques françaises qui ont disparu.
08:28 Vous savez, les Péchinets, les Arcelor...
08:32 - Enfin non, ça a été refondé.
08:34 - Tout ça a disparu, ces grandes marques.
08:36 - Thompson à l'époque, Alcatel.
08:37 - Oui, tout ça a été vendu, Club Med, étrangères.
08:40 - Tout a été vendu.
08:41 - Voilà, en fait c'est ça.
08:42 On est dans une situation économique très compliquée.
08:46 - Oui, c'est vrai.
08:47 C'est de la distribution d'une façon générale
08:50 qui remplace l'industrie, vous parlez de l'industrie,
08:52 mais c'est exactement la même chose avec l'agriculture.
08:54 Allez, dans un instant nous revenons.
08:56 Les émeutes là-bas, du côté de la Nouvelle-Calédonie,
09:00 on en a parlé dans le journal, on va l'évoquer dans un instant.
09:03 Et puis on va aussi en revenir sur la conduite.
09:06 Conduiser comme des hommes.
09:08 - Ça c'est pour Elisabeth.
09:09 - Ah bah oui, c'est pour Elisabeth, dans un instant.

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