• il y a 10 mois
Retrouvez "Lévy sans interdit" avec Élisabeth Lévy tous les matins du lundi au jeudi

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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-02-26##

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Transcription
00:00 - "Minutes Lévis sans interdit" comme chaque matin avec Elisabeth Lévy du lundi au jeudi sur Sud Radio.
00:05 Bonjour Elisabeth !
00:07 - Bonjour Patrick, bonjour à tous !
00:09 - Vous revenez sur la cérémonie des Césars de vendredi marquée par l'intervention de Judith Godrech.
00:17 - Oui, parce qu'en 2020, vous vous rappelez, on avait eu la sanctification d'Adèle Haenel et quatre ans plus tard,
00:23 donc Judith Godrech est à son tour canonisée à l'Olympia devant une assistance qui communiait dans l'adoration en fait de fête du cinéma.
00:32 Les Césars, c'est devenu une messe, donc la grande famille du cinéma était venue pour faire repentance.
00:39 Elle a pieusement écouté un curieux serment où il était question de petites filles qui ont rencontré le loup et reviennent déguisées en hamster.
00:47 Alors bien sûr, la souffrance de Judith Godrech, je ne la mets pas en doute.
00:51 Par exemple, quand elle évoque deux mains dégueulasses sur ces Césars de 15 ans,
00:55 mais tout de même, elle qu'il y a dix ans portait un autre regard, tout autre sur son histoire, juge le passé avec les yeux du présent et de l'idéologie du présent.
01:06 Autoproclamée procureure et juge, Judith Godrech condamne au nom d'une loi rétroactive.
01:12 Et personne ne tique quand elle décrète que le cinéma est utilisé, je cite, comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles,
01:19 ça veut dire prostitution tout de même, ni quand elle affirme que des hommes accusés, le mot accusé est important, de viol,
01:27 ne doivent plus faire l'appui et le botant dans le cinéma.
01:30 Accusé, ça veut dire coupable, ça veut dire condamné et tout ça lui vaut une standing ovation, bien que ce ne soit pas très démocratique.
01:38 - Oui, alors peut-être, mais finalement, est-ce que ce milieu qui est souvent donneur de leçons, soit mis en accusation, ce n'est peut-être qu'un "juste retour" entre guillemets, non ?
01:49 - Oui, ben c'est tout, sauf la justice, je dirais, d'abord parce que comme pour Adrien Quatennens, Miller et d'autres,
01:56 bien sûr, on peut dire avec un zeste de joie mauvaise que les arroseurs sont arrosés et que c'est bien fait pour eux,
02:01 mais primo Patrick, nous devrons tous vivre dans ce monde totalitaire où le piloré remplace le tribunal et l'accusation la preuve.
02:09 Deuxièmement, ce n'est pas un milieu en réalité, on ne traduit pas un milieu en justice, ce n'est pas un milieu qui est banni,
02:16 mais quelques hommes qui sont érigés en monstres, alors Polanski, Deparieu, Benoît Jincot, des affaires très différentes les unes des autres,
02:24 sont passés à la même moulinette, ce sont des salauds de violeurs.
02:28 Alors, je note qu'il y a un amusant consensus médiatique pour dénoncer l'omerta dans le cinéma,
02:34 parce que tout de même, cette omerta est très bruyante Patrick, depuis 4 ans, pas un mois sans qu'il y ait une affaire tonitruante dans le cinéma,
02:41 et convergence inattendue, Judith Gaudrech est donc en une du Figmag, la face cachée du cinéma français,
02:48 dit le titre, elle était en une de l'Ibée, César ouvre-toi, et elle était aussi la semaine dernière en une du Parisien.
02:55 Alors non, ce n'est pas la loi du silence, il n'y a pas beaucoup de silence là-dedans, mais la loi de l'unanimité.
03:00 En privé, beaucoup de gens du cinéma se disent terrifiés par ce qui se passe, en public ils approuvent,
03:06 et à l'Olympia, samedi, il n'y avait pas une voix dissonante, mais désolé, si l'art est bienseéant, moral et compassionnel,
03:14 et bien, ça veut dire que l'art est mort, et pardon, ça va peut-être vous choquer, mais samedi soir,
03:19 je trouve réellement un deux-par-dieu capable de proférer des insanités au milieu des bondieuseries.
03:26 - Bon, Elisabeth Lévy.
03:28 (musique)
03:31 - Arlette Chabot, Éric Revelle. Bon, déjà, je ne sais pas si vous avez regardé cette cérémonie des Césars,
03:38 est-ce que vous pensez ce que ça devient, finalement, comme le disait Elisabeth, une forme de tribune, maintenant ?
03:46 - De messe ? - De messe, oui.
03:48 - Oui, enfin, ça a toujours été le cas, aussi loin que ma mémoire me porte.
03:52 D'ailleurs, il y a la révélation de l'année masculine, ce jeune acteur, pardonnez-moi, dont j'ai oublié le nom,
04:00 qui, vous voyez, par exemple, a fait une déclaration que j'ai trouvé très intéressante, de soutien à nos agriculteurs.
04:05 Donc, en fait, souvent, les Césars, oui, ont été utilisés comme une tribune politique.
04:11 Vous avez aussi cette documentariste tunisienne qui a oublié de parler du pogrom du 7 octobre,
04:18 mais qui a essayé de montrer la souffrance légitime des Gazaouis, enfin, légitime, ils souffrent, les Gazaouis.
04:26 Vous voyez, donc, c'est toujours une tribune des Césars. Mais sur l'affaire Judith Godrech,
04:31 bon, moi, je voudrais dire deux choses, voilà, je ne sais pas si Arlette Chabot sera d'accord avec moi,
04:36 mais, bon, la première, quand même, quand vous avez une gamine de 15 ans, ce qui était le cas de Judith Godrech il y a 40 ans,
04:44 où sont les parents ? Où sont les parents ? Que font les parents ? Ils laissent une gamine de 15 ans dans les pattes d'un 9 ans.
04:51 Deuxièmement, pardon, je vais peut-être vous choquer, mon cher Patrick, mais, cette affaire dont elle souffre depuis des décennies,
04:59 pourquoi est-ce qu'elle en parle seulement maintenant, alors qu'on a l'impression que, voilà, les choses ne sont plus juridiquement qualifiables ?
05:09 Et puis, alors, si je suis un peu plus sévère et un peu plus cynique, tout ça 15 jours, 3 semaines avant les Césars.
05:14 Oui. 15 semaines, oui. Mais si, parce qu'en fait, quand vous avez...
05:19 Et au moment où elle a quand même une série à promouvoir, pardon !
05:22 Ah, ben alors, voilà, dites encore mieux plus les choses que moi, ma chère Elisabeth.
05:26 Mais moi, c'est ça qui m'interpelle beaucoup. Pas sa souffrance, pas ce qui s'est sans doute passé,
05:30 mais les deux questions que je pose, c'est pourquoi maintenant et que faisaient les parents il y a 40 ans ?
05:34 Oui. Herlède Chabot ?
05:35 Moi, je vais vous dire franchement, je pense que ça aurait pu être pire, et moi, je suis beaucoup plus choquée à la cérémonie des Césars
05:41 par des interpellations il y a un an sur la réforme des retraites, sur la loi immigration,
05:46 cette fois encore sur Gaza, et effectivement, sans un mot, sur Israël.
05:51 Moi, ça me choque beaucoup plus que Judith Godrej, qui au-delà de son histoire personnelle,
05:57 a quand même mis en lumière un peu ce qu'étaient les pratiques du cinéma à une certaine époque.
06:02 Je ne parle pas de la culpabilité, parce qu'il y a présomption d'innocence,
06:06 et il faut aller plus loin, mais ce qu'était une époque où on considérait quand même que la jeune fille
06:11 de 15 ans était quand même un produit, si j'ose dire, qu'on pouvait utiliser pour faire des films.
06:19 Et ça, sans aucun état d'âme de la part de personne.
06:22 Oui, oui.
06:23 Enfin, quand même, ça pose tout de même un problème, me semble-t-il, de juger en permanence,
06:28 on le fait aussi en politique, quand on parle du colonialisme, on juge en permanence le présent,
06:35 le passé, pardon, avec les yeux du présent. Il y a 40 ans, personne ne pensait comme ça,
06:41 peut-être que le monde était terrible avant, mais si vous voulez, en tous les cas,
06:44 il y a quelque chose d'un peu bizarre. Et deuxièmement, quand même, pardon,
06:49 Judith Gaudrech, il y a 10 ans, elle n'avait pas 12 ans, elle avait 40 ans.
06:53 Il y a 10 ans, elle disait que ça avait été une histoire inspirante.
06:56 Moi, j'ai du mal à penser qu'elle n'est pas aussi un peu influencée, portée par l'idéologie.
07:01 Maintenant, ce que je trouve, si vous voulez, c'est que ce n'est pas scandaleux,
07:04 ce que je trouve, c'est que le cinéma, l'art en général, il doit quand même y avoir quelque chose d'autre,
07:10 si vous voulez, que cette communion bien séante, tout le monde pense la même chose,
07:15 tout le monde est convenable, ce n'est pas ça l'art.
07:18 Excusez-moi, mais moi, je ne vois pas où est l'art là-dedans.
07:21 - C'est autre chose, oui. - Pardon, excusez-moi, le cinéma...
07:27 Les Césars, ce n'est pas supposé être une fête de la compassion,
07:30 c'est supposé être une fête du cinéma. Donc moi, c'est ça qui me frappe tout de même.
07:36 - Bon, merci Elisabeth Lévy, Arlene Chabot, Éric Revelle.
07:41 Dans un instant, on va poursuivre et on va poursuivre autour de ce cirque.
07:46 Est-ce que c'est un cirque politique, médiatique, qui est devenu le salon de l'agriculture ?
07:52 Ou est-ce que ça doit rester une fête également ?
07:54 Nous en parlerons ensemble, bien sûr, et vous pourrez réagir tout à l'heure avec Jean-Jacques Bordas.
07:59 À 9h, vous aurez la parole au 0826 300 300,
08:02 et puis je prendrai le gagnant ou la gagnante aussi de notre jeu n'appelé plus.
08:07 Il y a eu des dizaines et des dizaines d'appels, le 19e a été sélectionné, 8h19.

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