• il y a 6 mois

Tous les soirs à 20h15, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, David Cormand, 2ème tête de liste Europe Écologie les Verts aux élections européennes.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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Transcription
00:00 - David Cormand, bonsoir. - Bonsoir.
00:03 Deuxième tête de liste, Europe Écologie Les Verts, on ne dit plus Europe Écologie Les Verts, on dit les écologistes.
00:08 Aux élections européennes d'abord, David Cormand, cette journée de commémoration, ça vous a fait quoi personnellement ?
00:13 C'est évidemment un moment d'émotion, de mémoire.
00:18 Je pense que comme beaucoup de Françaises et de Français, j'ai écouté soit la radio, soit regardé ces images.
00:25 En plus, moi, je suis normand, donc c'est quelque chose de particulier. Oui, il y a 80 ans, c'est en Normandie qu'a commencé la libération de l'Europe du jour nazi.
00:37 Et c'est quelque chose qu'on doit garder en mémoire. On pense que cette mémoire doit éclairer notre lucidité sur les nouveaux périls qui menacent notre continent,
00:47 y compris des périls idéologiques qui sont dans la continuité de ceux que les Américains, les Canadiens, les Anglais et les Français ont affronté il y a 80 ans sur la plage d'Omaha Beach et l'Utah Beach.
00:59 Donc c'est le patriotisme contre le totalitarisme ?
01:03 C'est les libertés, c'est la démocratie, c'est notre République. Oui, c'est la lumière contre les ténèbres.
01:10 C'est ça que ça nous raconte et que cela nous rappelle, y compris avec les parts d'ombre dans notre pays, puisqu'il a fallu être libéré.
01:20 On sait bien que sous l'occupation, une partie des Françaises et des Français s'étaient accommodés de cette idéologie et de ces pensées politiques d'extrême droite, fasciste, nazi, etc.
01:35 Donc oui, bien sûr, c'est pour ça que c'est important de regarder l'histoire, parce qu'elle permet, encore une fois, de regarder le présent.
01:42 Et quand on est en plus député européen, on est particulièrement sensible à ça.
01:46 Vous savez, la construction de l'Europe, quelques années après ce débarquement, ça a été le rêve du Rhin, c'est-à-dire le rêve d'une réconciliation entre la France et l'Allemagne,
01:56 et puis le rêve du fleuve Oder avec la libération des pays de l'Est, et puis aujourd'hui le rêve du Dnieper.
02:02 On sait toujours se dire que face à l'intentation du pire, du rejet de l'autre, il y a un espoir qui est possible.
02:09 Et l'Union Européenne, elle nous raconte aussi cette histoire-là.
02:12 On va en venir justement à l'Union Européenne, puisqu'on est dans la dernière ligne droite face à ces élections européennes.
02:16 Juste une question peut-être un peu candide de ma part, mais est-ce que l'écologiste que vous êtes ne s'insurge pas contre, j'imagine, le nombre d'avions qui ont été utilisés pour faire venir les chefs d'État et de gouvernement, et également la parade militaire aérienne ?
02:30 Non, parce que je pense qu'il ne faut pas tout mélanger.
02:34 La commémoration et des événements exceptionnels comme celui-ci, oui, ça nécessite de transporter des gens.
02:42 Moi, je suis fier que la Normandie, la France, ait accueilli les chefs d'État du monde entier autour de cette symbolique puissante.
02:49 Le problème, c'est un modèle de développement qui multiplie l'usage des trajets en avion.
02:54 Mais convenons que si les trajets en avion étaient réservés que pour des événements exceptionnels, y compris pour chacun d'entre nous, un voyage ou deux voyages dans une vie, ce n'est pas scandaleux.
03:05 Le problème, c'est la massification de ces déplacements.
03:09 Je note le "un ou deux dans une vie" quand même, David Cormand.
03:12 Un ou deux, pas plus.
03:14 Oui, mais ça me paraît...
03:16 Non, mais très bien.
03:17 Si tout le monde y accède.
03:18 Non, mais je ne commente pas.
03:19 Je note, David Cormand, je parlais de cette dernière ligne droite pour les européennes, vous êtes crédité de 5 à 6 % dans les sondages.
03:25 J'entends chez vos porte-parole qu'il n'y a pas de vote utile.
03:27 Mais alors, en quoi voter écologiste serait utile ?
03:30 Je crois que le vote de dimanche, pour dire les choses de façon très claire, c'est une forme de référendum pour ou contre l'écologie en réalité.
03:38 Puisqu'il y a cinq ans, on s'en rappelle, en 2019, il y avait eu un essor du vote écolo, de la mobilisation écologiste.
03:45 Et ça a permis à l'Europe, y compris, de redessiner un espoir et une vision politique, une perspective politique autour de la transition écologique.
03:54 Puis on voit bien qu'aujourd'hui, cinq ans après, il y a une tentation de régression sur l'écologie, une sorte de tentation de retour en arrière et de retour aux vieilles lunes.
04:02 Et c'est quelque chose, à mon avis, qui est une grave menace.
04:05 Et donc, pour envoyer un signal qui est clair, pour défendre l'écologie, pour continuer à ce que l'Europe porte cette question écologique, le vote qui compte...
04:13 Donc c'est vous ou rien ? C'est vous ou rien ? La liste Glucksmann, par exemple, qui est très axée sur l'écologie, celle de Manon Aubry également, pour vous...
04:22 Vous savez, je ne suis pas là pour bitcher sur les autres listes, chacune et chaque liste a une spécificité.
04:28 Celle de Raphaël Glucksmann, c'est celle de la social-démocratie, mais la social-démocratie, elle est déjà très représentée au Parlement européen.
04:35 La ligne de Mme Aubry, on a vu que sur la campagne qui a été menée, et je n'ai pas de problème avec ça, mais ce n'était pas tellement l'écologie qui était mise en avant.
04:42 Pour nous, c'est clair, l'écologie, ce n'est pas une mode, ce n'est pas une passade, ce n'est pas quelque chose qui ne va pas bien, c'est une nécessité, c'est au cœur de notre projet.
04:50 D'ailleurs, en termes de lecture politique, si on voit que les écologistes ont des bons scores, ça envoie un signal en faveur de l'écologie.
04:59 Pour les autres, ça envoie d'autres signales. Nous, notre signal qu'on veut envoyer, c'est vraiment l'écologie.
05:03 Donc toutes celles et tous ceux qui ont voté une fois dans leur vie pour l'écologie, en disant que c'était important d'envoyer un signal pour l'écologie, c'est vraiment le moment de le faire dimanche.
05:11 - En tout cas, vous ne bitchez pas en bon français sur les listes des autres.
05:15 Certains ne s'en privent pas.
05:16 Emmanuel Aubry a appelé plusieurs fois à voter, a appelé vos électeurs à voter pour sa liste à elle.
05:23 Mais il se trouve que vous avez la côte puisque Pierre Larouto, qui est tête de liste Nouvelle Donne, jette l'éponge et il appelle justement à voter Marie Toussaint.
05:31 C'est ces quelques 0,5 ou 0,7% qui vont faire la différence ?
05:35 - Oui, vous savez, en bon écologiste, les petits rivières, les petits cours d'eau, les petits ruisseaux font les grandes rivières.
05:42 Et je remercie vraiment Pierre Larouto pour ce geste parce qu'il n'était pas obligé de le faire.
05:47 Et je pense que c'est lui qui a la bonne lecture de l'analyse qu'il faut avoir pour dimanche.
05:52 Des voix en plus pour l'écologie.
05:55 Soit ça nous aide, si les sondages ont raison, à assurer les 5%, donc ces cinq députés écologistes de plus.
06:02 Sinon ces députés-là, ils sont perdus et redistribués aux autres et plutôt aux grossistes, donc plutôt à l'extrême droite.
06:07 Et si jamais les sondages se trompent et qu'on est haut, ça ne fait jamais que des députés écologistes en plus.
06:13 Donc c'est un vote à peu près sûr, si vous voulez donner de la force à l'écologie et globalement au rapport de force entre les forces progressistes et les forces d'extrême droite.
06:22 Donc je leur remercie de l'avoir fait.
06:24 J'y suis très sensible, encore une fois, il le fait de façon complètement désintéressée et j'espère que ça va donner des idées à beaucoup de citoyens.
06:33 Et il aurait pu apporter son soutien à quelqu'un d'autre surtout.
06:36 Un sondage CSA pour Europe 1, CNews, JD, démontre que 52% des Français, David Cormand, veulent une dissolution de l'Assemblée Nationale en cas de défaite de la liste de la majorité présidentielle. Et vous ?
06:47 Alors, moi je pense que l'élection européenne, c'est une élection européenne.
06:53 Donc je ne veux pas donner une signification nationale à une élection européenne.
06:57 Le scrutin c'est beaucoup nationalisé.
06:58 Donc je ne veux pas de surinterprétation par rapport à ça.
07:01 Par contre, on a un problème, c'est que depuis 2022, le camp présidentiel n'a pas de majorité claire à l'Assemblée Nationale.
07:09 Et donc il navigue un petit peu à vue.
07:12 Et ça c'est une anomalie.
07:13 Dans toutes les démocraties européennes, pour qu'un gouvernement gouverne, il faut qu'il ait un vote de confiance d'une majorité de l'Assemblée Nationale.
07:20 Et si ce n'est pas le cas, on revote.
07:22 Et je pense que ce que le parti de Macron aurait dû faire en 2022, c'est assumer de faire une majorité parlementaire formelle pour que le pays soit gouvernable.
07:34 Mais là on n'est plus en 2022, on est en 2024.
07:36 M. Bardella par exemple réclame cette dissolution.
07:41 Est-ce qu'il a la légitimité d'ailleurs ?
07:43 Qu'est-ce que vous en pensez, tête de liste aux européennes RN ?
07:47 Est-ce qu'il a la légitimité de demander cette dissolution ?
07:49 On a compris que M. Bardella était candidat à être Premier ministre de la France.
07:52 Il l'a dit il y a quelques mois.
07:54 C'est un peu le ticket qu'il vende avec Marine Le Pen.
07:58 Donc cette élection européenne, quelque part, il s'en fout.
08:00 Lui ce qui l'intéresse, c'est de devenir Premier ministre.
08:03 Il en a le droit.
08:04 Et moi je suis pro-européen.
08:05 Je ne veux pas détourner une campagne européenne sous prétexte de calculs nationaux.
08:12 Après, si la liste de Mme Ayyé fait un score vraiment pas haut, moins de 20%,
08:18 ça pose une question politique.
08:21 Mais plus au Premier ministre Gabriel Attal qui s'est en plus beaucoup investi dans cette campagne.
08:26 Donc la logique, ça serait, je ne sais pas s'il faut dissoudre,
08:29 mais à minima interroger la légitimité du Premier ministre
08:32 qui a voulu quasiment mener lui-même cette campagne européenne
08:36 d'une façon d'ailleurs assez peu, je trouve, correcte par rapport à Mme Ayyé
08:40 que je connais bien, avec qui je travaille,
08:42 et qui est une femme tout à fait estimable et compétente
08:44 et qui n'avait pas besoin de quelques béquilles que ce soit dans cette campagne.
08:47 Donc là, il y a une question personnelle sur le Premier ministre qui a choisi de s'engager
08:52 et qui serait lui-même déjugé par un mauvais score.
08:55 Mais je ne sais pas si c'est ça qui doit entraîner une dissolution, je vous le dis.
08:58 L'anomalie démocratique française d'un gouvernement qui gouverne sans majorité devant son Parlement,
09:04 c'est une anomalie qui continue depuis 2022 et qui moi me choque depuis 2022.
09:09 Donc je ne veux pas utiliser une campagne européenne pour découvrir que cette anomalie existe.
09:15 Merci beaucoup David Cormand d'avoir été avec nous sur Europe.

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