Toute la matinée, douze têtes de liste ou leurs représentants se succèdent sur le plateau de "Demain l'Europe", à suivre en direct sur le canal 27 de la TNT, sur le site et l'antenne radio de franceinfo. Un événement qui se prolonge dans Le Talk de franceinfo, sur Twitch, avec les candidats qui répondent en direct aux questions posées par les internautes.
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00:00 ...
00:02 -Bonjour.
00:03 Bonjour, F.Xavier Bellamy.
00:04 Je vous en prie, installez-vous.
00:06 -Merci pour votre accueil.
00:08 -C'est à vous, S.Nicolas.
00:10 -Bonjour, F.Xavier Bellamy.
00:11 On a regardé votre programme.
00:13 Dans la plupart des domaines,
00:15 on a eu du mal à voir la différence avec Renaissance,
00:18 sauf sur l'immigration, où vous proposez de construire
00:21 des barrières physiques aux frontières extérieures
00:24 de l'Union européenne.
00:25 Construire des murs comme Donald Trump
00:27 aux Etats-Unis avec le Mexique.
00:29 -Merci pour votre invitation.
00:31 Je voudrais revenir sur ce qui s'est passé sur cette scène
00:34 il y a quelques minutes.
00:36 Il y a une grande différence avec la liste de Renaissance.
00:39 Chez nous, c'est les candidats qui font campagne.
00:42 -Valérie Ayé était à votre place.
00:44 -On a vu le nouveau joker "J'appelle un ami"
00:47 qui semble être de plus en plus utilisé
00:49 par la candidate de la majorité.
00:51 Je ne suis pas sûr que ce soit que des amis.
00:54 Je suis peiné qu'il y ait des gens qui,
00:56 manifestement, autour d'elles,
00:58 ont l'impression qu'ils font mieux campagne qu'elles.
01:01 J'ai du respect pour Valérie Ayé.
01:03 Quand on a une candidate, la moindre des choses,
01:06 c'est de laisser la candidate faire campagne.
01:09 Le Premier ministre dit qu'il veut passer à la radio
01:12 sur le service public.
01:13 -Il était invité du 8h30 France Info,
01:16 de 8h30 à 9h.
01:17 -Il peut s'inviter dans toutes les émissions
01:19 de la maison de la radio.
01:21 Il pousse la porte de France Inter, il va derrière le micro.
01:24 Comme le président de la République,
01:26 il a dit que 24h avant la fin de la campagne officielle,
01:30 il prend les JT.
01:31 -Il ne la soutient pas de cette manière ?
01:33 -Il y a une forme de mépris là-dedans.
01:36 Comme si Valérie Ayé n'était pas capable de faire campagne.
01:39 Il fallait que ce soit le Premier ministre,
01:42 le président de la République.
01:43 Il y a un côté un peu macho dans cette affaire.
01:46 Il débarque en disant qu'il va être plus efficace que lui,
01:50 qu'il va expliquer comment ça se passe.
01:52 Honnêtement, ça s'arrête quand, ce spectacle ?
01:55 -Qu'on soit bien clair.
01:57 -C'est incroyable.
01:58 On est en train de parler d'une réforme
02:00 de l'audiovisuel public.
02:02 -Il ne faut pas applaudir, normalement.
02:04 On est dans un événement politique.
02:06 -Il faut respecter les règles.
02:08 Il y a un sujet.
02:09 Je veux parler aussi à tous les journalistes de ce pays.
02:13 Est-ce normal qu'en pleine campagne,
02:15 on ait une telle confusion des rôles
02:17 que l'exécutif passe son temps à saturer l'espace médiatique ?
02:21 -On lui a posé la question sur la scène de l'auditorium.
02:24 -J'ai remarqué, avec courage, et il a fallu un peu d'insistance.
02:28 -C'est notre fonction.
02:29 -Vous lui avez demandé de respecter le temps de parole
02:32 de sa candidate.
02:33 C'était bien que vous lui disiez.
02:36 J'aimerais bien comprendre comment ça se passe à la porte.
02:39 -Vous prenez du temps de parole sur votre avancée.
02:42 -C'est très important.
02:43 -Que le chef de la majorité et le Premier ministre
02:46 parlent des élections européennes,
02:49 est-ce incohérent ?
02:50 Il prend sur le temps de parole de sa candidate.
02:53 Il a fait son choix.
02:54 -Qu'il en parle à la place de sa candidate, c'est un sujet.
02:57 Deuxièmement, que le président de la République
03:00 décide d'intervenir jeudi à 24h de la fin de la campagne,
03:03 je veux dire une chose simple.
03:05 -Dans un contexte particulier,
03:07 c'est les commémorations du débarquement.
03:11 -Mais quelle est l'urgence d'actualité internationale
03:14 qui exige que le président de la République
03:17 mobilise tous les journaux télévisés
03:19 à la veille de la fin de la campagne officielle ?
03:22 -Il n'y a pas un seul pays européen
03:24 où ça se passe comme ça.
03:26 Pas un seul.
03:27 En Italie, le régulateur italien a interdit un débat
03:31 entre Giorgia Meloni et la chef de l'opposition socialiste.
03:36 Dans une élection européenne,
03:38 il y a une pluralité de listes et de candidats.
03:40 -Giorgia Meloni est candidate.
03:42 -Vous en appelez à l'Arcom ?
03:44 -Ce n'est pas Gabriel Attal.
03:45 -Au bout de votre raisonnement, vous en appelez à l'Arcom ?
03:49 -Bien sûr. On a saisi l'Arcom.
03:51 Ce n'est pas seulement la question de l'Arcom,
03:53 mais aussi de tous les journalistes,
03:56 de tous les citoyens de ce pays
03:58 qui doivent se sentir concernés par le fait
04:00 qu'on est à la veille d'une réforme de l'audiovisuel public
04:04 et qu'on a un gouvernement qui se comporte
04:07 comme si on était au temps de l'ORTF.
04:09 -On a vu par le passé d'autres gouvernements,
04:12 d'autres majorités qui s'engagaient
04:14 pour des élections et qui allaient soutenir leurs candidats.
04:18 -Tout le monde est libre de le faire,
04:21 mais que l'exécutif, le chef du gouvernement,
04:23 puisse s'inviter n'importe comment derrière un micro
04:26 dans une radio de service public...
04:29 -On a noté que c'était important de le signaler.
04:31 -Vous avez dit qu'il n'y avait pas de confusion des rôles.
04:35 On est là pour vous poser des questions.
04:37 On s'interrogeait sur votre programme en matière d'immigration.
04:41 Je repose ma question.
04:42 Vous voulez construire des barrières physiques
04:45 aux frontières extérieures de l'UE.
04:47 -Construire des murs.
04:49 -Des murs existent déjà.
04:50 Des centaines de kilomètres de murs ont été construits
04:54 par des Etats européens à leurs frontières extérieures.
04:57 Ces Etats demandent que l'Europe les soutienne
05:00 pour protéger leurs frontières,
05:02 qui ne sont pas seulement leurs frontières,
05:05 mais aussi les nôtres.
05:06 Les frontières extérieures de l'UE, ce sont aussi nos frontières.
05:10 Ce sont les frontières d'un continent entier.
05:13 On a vu à quel point la vulnérabilité de l'Europe
05:16 était instrumentalisée par des gouvernements,
05:19 des Etats autoritaires
05:20 qui veulent déstabiliser les pays européens.
05:23 On l'a vu avec la crise migratoire artificielle
05:26 organisée par Loukachenko et Vladimir Poutine
05:29 à la frontière des Pays-Baltes, de la Pologne, de la Finlande.
05:33 On l'a vu avec la déstabilisation provoquée par Erdogan
05:36 à la frontière de la Grèce et de la Bulgarie.
05:38 Aujourd'hui, ces pays, qui ont des centaines de kilomètres
05:42 de frontières terrestres à garder,
05:44 ont besoin de protéger ces frontières
05:46 et de garantir nos démocraties.
05:49 -Vous vous sentez proche du RN ?
05:51 Lui veut mettre des navires de guerre en Méditerranée
05:54 pour faire rebrousser chemin aux réfugiés.
05:57 -Le RN n'a jamais rien fait
05:59 pour soutenir un vrai travail européen
06:01 sur la protection de nos frontières.
06:04 Le RN n'a cessé de nous expliquer
06:06 que la question migratoire était d'abord et seulement
06:10 le problème de chacun de nos pays,
06:12 et que l'Europe était en réalité un élément de fragilisation.
06:16 C'est la raison pour laquelle le RN a attaqué avec détermination
06:20 pendant ces dernières années l'agence Frontex,
06:23 l'agence européenne de garde-côte et de garde-frontière.
06:26 Aujourd'hui, sur ce sujet, comme sur tant d'autres,
06:30 il change de pied complètement.
06:32 Je ne sais pas sa ligne en réalité,
06:34 mais nous nous disons, et nous sommes constants là-dessus,
06:38 que nous voulons une coopération européenne
06:41 et que chaque pays, contrairement à ce que pense Macron,
06:44 garde sa souveraineté en matière de politique migratoire.
06:48 Nous sommes opposés avec détermination
06:50 au projet porté par le gouvernement français
06:53 de relocaliser de manière obligatoire
06:56 les migrants arrivés sur le sol européen.
06:59 -C'est le pacte asile-immigration que votre groupe a voté.
07:02 -Non, parce que nous avons réussi à faire sortir
07:05 cette obligation de relocaliser les migrants illégaux
07:09 dans les pays européens.
07:10 Ce pacte asile-immigration n'est pas une réponse efficace
07:14 à la question migratoire.
07:16 Avec d'autres délégations de notre groupe politique,
07:19 nous ne l'avons pas voté.
07:21 -Sur la question de l'immigration,
07:24 pendant le débat sur la loi immigration en France,
07:27 vous voulez instaurer des quotas pour l'immigration étudiante
07:31 et même des cautions.
07:32 Ca les intéresse, cette question des étudiants immigrés.
07:36 Pour vous, l'immigration étudiante est un problème ?
07:39 -Non, mais en revanche, il faut que nous soyons capables
07:43 d'une part de garantir les chiffres de cette immigration,
07:47 c'est ce que font tous les grands pays occidentaux.
07:50 Si vous êtes étudiant, si vous voulez aller étudier
07:53 au Canada ou aux Etats-Unis, il y a une procédure
07:56 et il n'y a pas de droit à vous installer dans ces pays
08:00 pour y passer une partie de vos études.
08:02 Il n'y a pas de raison que la France ne puisse pas avoir
08:06 des quotas sur ce sujet.
08:07 Deuxièmement, il faut aussi qu'on ait une garantie
08:10 de cette immigration étudiante, pour qu'elle ne soit pas
08:14 instrumentalisée comme une forme d'immigration clandestine
08:17 de long terme.
08:18 -Sur quels chiffres vous vous appuyez ?
08:21 -Il y a une partie de titres qui sont délivrés
08:24 au titre de l'immigration étudiante,
08:26 qui en réalité sont utilisés pour rester durablement
08:29 au-delà de leur durée légale sur le sol de nos pays.
08:32 -Ca reste une minorité ?
08:34 -J'ai pas les chiffres en tête.
08:36 Je ne suis pas sûr qu'on ait des chiffres consolidés.
08:39 -Il n'y a pas de chiffres ?
08:41 -C'est logique, parce qu'on parle d'une immigration illégale.
08:44 C'est logique qu'on ne puisse pas documenter précisément
08:48 le nombre de personnes qui utilisent ces titres
08:51 de séjour étudiant.
08:52 C'est certainement pas une majorité,
08:54 mais ça existe vraiment.
08:55 Le vrai sujet, c'est de garantir qu'on puisse faire en sorte
08:59 que cette immigration étudiante, que ces titres de séjour étudiant
09:03 puissent être garantis.
09:04 -Les LR, toujours votre famille politique,
09:07 se présentent en champion du sérieux budgétaire.
09:10 Votre programme prévoit une quantité impressionnante
09:13 de dépenses, hausse des dépenses militaires,
09:16 hausse de la PAC, grand programme nucléaire européen,
09:19 grand plan de recherche en santé contre le cancer, le diabète,
09:23 infrastructures ferroviaires.
09:25 Qui va financer tout ça si on doit faire des économies ?
09:28 -En réalité, ces dépenses, beaucoup d'entre elles,
09:32 elles sont très importantes.
09:33 Le vrai sujet, c'est comment les mobiliser
09:36 pour qu'elles soient réellement efficaces
09:39 dans le but qui est le leur.
09:40 La politique agricole commune est de plus en plus conditionnée
09:44 pour les agriculteurs, a des règles de plus en plus exigeantes
09:48 et surtout a un projet qui a été au cours des dernières années
09:52 un projet de décroissance agricole.
09:54 Nous, nous nous sommes battus au Parlement européen
09:57 avec Anne Sander.
09:58 Demain, nous continuerons de nous battre
10:01 avec les agricultrices dans le Tarn
10:03 pour que la PAC garde sa vocation première,
10:06 qui est d'être une politique de soutien
10:08 à la production agricole, de soutien au monde agricole.
10:12 C'est ça qui fait l'ambition que nous portons.
10:15 -Vous êtes pour que la France augmente
10:17 sa participation au budget européen ?
10:19 -Non. Nous avons voté contre l'augmentation
10:22 des participations des Etats membres au budget européen.
10:26 On peut faire beaucoup mieux avec le budget européen
10:29 et le budget européen.
10:31 Mais nous refusons la fuite en avant
10:33 qu'Emmanuel Macron voudrait imposer à l'échelle européenne,
10:37 celle d'une dette européenne supplémentaire
10:40 et celle de la création d'impôts européens.
10:43 Créer des impôts européens, alors que la France
10:46 a déjà les prélèvements obligatoires
10:49 les plus élevés du monde, ce serait créer
10:51 une difficulté supplémentaire pour la France et pour les Français.
10:56 -Vous avez beaucoup de plans d'investissement,
10:59 mais la France en Europe, on la respecte ou pas ?
11:02 -Il faudrait la respecter.
11:04 La règle des 3 % s'applique au budget des Etats membres.
11:07 C'est une question différente.
11:10 Mais le budget des Etats membres,
11:12 aujourd'hui, en France, nous sommes loin
11:15 de respecter les engagements que nous avons pris
11:18 à l'égard de nos partenaires.
11:20 La dégradation de la note de la France,
11:22 de notre dette, est le signe de l'injustice
11:25 que nous avons à l'égard de nos voisins européens.
11:29 C'est le signe de l'injustice générale
11:31 de l'Europe, de l'Europe en Europe,
11:34 à travers notre comportement budgétaire,
11:37 mais aussi de cette injustice générationnelle.
11:40 Je suis prof, je me suis engagé pour transmettre.
11:44 Aujourd'hui, nous offrons aux générations futures,
11:47 parmi les difficultés que nous allons leur demander
11:50 de gérer à notre place, cette dette.
11:53 -Comment on finance vos investissements ?
11:56 -Sur le sujet du budget européen,
11:59 on a proposé dans notre projet
12:01 des pistes d'économie importantes.
12:03 On a aujourd'hui la proposition
12:06 de faire baisser le nombre de fonctionnaires européens
12:09 qui sont attachés à la production normative.
12:12 L'Europe ne doit pas d'abord passer par plus de normes,
12:16 mais elle doit s'attacher à construire des stratégies.
12:19 Sur les investissements de demain,
12:22 on a un premier levier fondamental à mobiliser,
12:25 c'est la situation de l'épargne européenne.
12:28 En Europe, on a beaucoup d'épargne,
12:31 mais 45 % de l'épargne des Américains
12:33 est investie dans l'économie.
12:35 En France, c'est seulement 15 %.
12:38 On a un gisement très important
12:40 si on incite les Français, les Européens,
12:43 à s'engager dans les grands chantiers de l'économie de demain,
12:47 qui sont des chantiers rentables.
12:49 On a des perspectives de prospérité à trouver.
12:52 On a la nécessité de créer dans notre pays
12:55 une retraite par capitalisation qui correspond aussi à ça,
12:59 c'est-à-dire que les fonds de pension aux Etats-Unis
13:02 ont la puissance requise pour développer l'économie américaine,
13:07 pour financer les startups, le développement de l'économie.
13:11 -C'est la redistribution,
13:12 c'est notre système de retraite actuel
13:15 auquel les Français sont attachés.
13:18 -Il faut garder une part de retraite
13:20 pour assurer la solidarité nationale,
13:23 mais il faut aussi, et si on l'avait fait depuis longtemps,
13:26 faire évoluer notre méthode de retraite par capitalisation.
13:30 Comme la proposition que nous portons
13:33 de créer un livret d'épargne européen
13:35 peut permettre, là encore, c'est du gagnant-gagnant,
13:39 de rendre les Français plus prospères
13:41 en leur permettant d'investir dans l'économie.
13:45 Ce livret d'épargne correspond à une forme de renouvellement
13:49 de la société.
13:50 Ce n'est pas des produits d'épargne
13:52 que tous les Français connaissent,
13:54 mais des produits d'épargne du XXe siècle.
13:57 -François-Xavier Bellamy,
13:59 on a un peu de mal à savoir où vous habitez politiquement.
14:03 Le groupe PPE, dans lequel vous siégez à Strasbourg,
14:06 coopère avec les eurodéputés macronistes,
14:09 comme Valérie Ayé,
14:11 mais avec les LR, vous êtes en opposition frottale
14:14 au président de la République.
14:16 -Je vous invite au Parlement européen.
14:19 Quand vous voudrez, on ira faire un tour.
14:22 Les grands sujets politiques du mandat qui vient de s'achever
14:26 ont été l'occasion d'un clivage parfaitement clair.
14:29 Valérie Ayé le disait au début de cette campagne.
14:32 Elle disait qu'elle ne comprenait pas
14:35 pourquoi Raphaël Glucksmann s'engage.
14:37 "Au Parlement européen, nous votons 90 % avec les socialistes."
14:41 Nous nous sommes opposés à cette coalition
14:44 entre les socialistes et les verts.
14:47 Sur la question de la fragilisation du nucléaire,
14:50 nous avons défendu le nucléaire.
14:52 Sur la fragilisation de nos frontières,
14:55 nous avons défendu ces infrastructures physiques.
14:59 Sur la question de la décroissance agricole,
15:02 nous nous sommes opposés à Farm to Fork.
15:05 Sur le sujet du moteur thermique,
15:07 l'interdiction du moteur thermique,
15:09 c'est la gauche, l'extrême gauche, les verts et les macronistes.
15:14 En fait, nous sommes en opposition
15:16 aux sujets politiques majeurs.
15:18 Le vrai sujet dans cette élection européenne,
15:21 c'est pas la répétition du débat
15:24 entre M. Attal et M. Bardella,
15:26 qui est le nouvel avatar du débat
15:28 entre M. Macron et Mme Le Pen,
15:31 cette espèce de deuxième tour infernale.
15:34 Ça n'existe pas en Europe.
15:36 Je sais où j'habite.
15:38 Je suis dans le groupe PPE,
15:40 qui sera demain la première force politique en Europe.
15:44 M. Bardella ne sait pas dans quel groupe il va siéger.
15:48 Valérie Haillet ira dans le groupe Renew,
15:51 qui va être très fragilisé par l'élection.
15:54 Notre défi, c'est de faire en sorte
15:56 de représenter tous les électeurs de France
15:59 qui veulent que l'Europe change de cap
16:02 pour renforcer nos pays.
16:04 Notre défi, c'est de le faire contre la gauche,
16:07 la deuxième grande force politique en Europe,
16:10 qui avait jusque-là une majorité avec ses alliés,
16:14 qui a imposé ce nouveau cap dont nous avons besoin.
16:17 Le vrai clivage en Europe est entre la droite et la gauche.
16:21 -Demain, au Parlement européen,
16:24 vous allez nouer des alliances
16:26 avec les groupes de droite radicales nationalistes ?
16:29 -Au Parlement européen, il n'y a pas de coalition.
16:33 On ne signe pas d'accord de coalition
16:35 où on s'engagerait à gérer ensemble
16:38 la politique des années qui suivent.
16:41 En fait, les majorités se font texte par texte,
16:44 vote par vote, amendement par amendement.
16:47 C'est pour ça que le coeur du travail d'un député européen,
16:50 c'est d'être au combat tous les jours.
16:53 Quand j'ai déposé un amendement pour inclure le nucléaire
16:57 dans les politiques européennes,
16:59 dans les fonds Repower EU, 210 milliards d'euros,
17:02 c'est un enjeu majeur pour notre pays,
17:05 il a fallu que je réunisse une majorité pour y parvenir.
17:09 Avec tous ceux qui pouvaient nous soutenir.
17:12 Il y a des gens à gauche dans l'Europe centrale ou orientale
17:15 qui soutiennent le nucléaire.
17:18 Il y a des écologistes au nord de l'Europe
17:21 qui soutiennent le nucléaire.
17:23 Il y a des gens au sud de l'Europe
17:25 qui sont libéraux et qui soutiennent le nucléaire.
17:28 Le vrai sujet, c'est de construire des majorités
17:32 texte par texte, vote par vote.
17:34 -François-Xavier Bédami, je vous propose de parler
17:37 à une ambassadrice, Eléonore Erasmus.
17:40 Elle est partie étudier en Grèce et en Pologne.
17:43 Elle se présente comme une militante
17:46 autour des sujets européens.
17:48 -Bonjour.
17:49 Dans un récent sondage publié le 16 mai,
17:51 un sondage de l'IFOP en partenariat
17:54 avec l'Anastasie et les jeunes européens France,
17:57 58 % des jeunes se sont mal informés
17:59 sur l'Europe et son fonctionnement par les partis politiques.
18:03 Vous êtes tête de liste d'un parti pour les élections européennes.
18:07 -C'est un vrai grand défi pour nous.
18:10 J'avais été très marqué il y a 5 ans,
18:12 j'étais prof et je faisais campagne
18:14 en étant dans ma classe tous les jours.
18:17 J'avais été très marqué de voir à quel point cette distance
18:21 est immense, pas seulement entre les jeunes,
18:24 mais entre les Français et l'Europe.
18:26 Beaucoup de Français me disaient
18:28 que je ne comprenais pas comment ça marche.
18:31 Ce que je viens de partager avec vous,
18:33 c'est des choses que les gens ne savent pas.
18:36 Le 1er, c'était d'aller sur le terrain.
18:39 Toutes les semaines, pendant 5 ans,
18:41 j'ai été partout en France pour rencontrer les Français,
18:45 pour les écouter, car c'est le plus important.
18:47 Pour porter leur voix, il faut les entendre.
18:50 La 2e chose que j'ai faite,
18:52 c'est que chaque semaine,
18:54 pour les jeunes, les plus connectés à ces canaux d'information,
18:58 depuis le Parlement européen,
19:00 j'ai tourné une vidéo pour expliquer un sujet,
19:03 un combat, un engagement que je prenais,
19:06 qui se présentait dans le débat parlementaire.
19:09 C'est peu de choses.
19:11 -Ca a marché ?
19:12 -Oui. Je suis devenu YouTubeur.
19:14 Vous pourrez retrouver ces vidéos.
19:16 J'ai essayé de faire le travail que je pouvais
19:19 pour faire la pédagogie de ce travail européen.
19:22 -C'est intéressant, la question des réseaux sociaux,
19:25 qui est soulevée par l'information
19:28 sur ces élections européennes.
19:30 Jordan Bardella cartonne sur TikTok,
19:32 qui est tête de liste Rassemblement national.
19:36 Vous vous dites quoi ?
19:37 -C'est sans doute pas en expliquant son travail européen.
19:40 -Vous vous dites qu'on est trop en retard
19:43 chez Les Républicains au niveau des réseaux sociaux,
19:46 on a raté cette guerre-là,
19:48 et le RN, c'est là-dessus qu'il a réussi à faire campagne ?
19:52 -C'est certain.
19:53 Pour moi, ça a toujours été une question
19:56 où je partage avec vous cette réflexion difficile.
19:59 J'ai publié ces vidéos, qui sont toujours un peu longues,
20:02 car il faut expliquer les choses,
20:05 sur Youtube, sur Facebook, sur Twitter.
20:07 TikTok a toujours été un vrai dilemme,
20:10 car c'est une plateforme qui est détenue
20:12 par une entreprise chinoise liée au régime de Pékin.
20:16 -Vous n'y êtes pas ?
20:17 -J'ai fini par y aller car je me disais qu'il faut être partout.
20:21 Je partage ce doute avec vous.
20:23 Je ne sais pas si j'ai bien tenté l'expérience sur TikTok,
20:26 car ça me pose un problème profond de coopérer
20:29 avec une plateforme dont je sais qu'elle ne soutient pas
20:33 la démocratie.
20:34 Le deuxième élément qui me pose problème,
20:37 c'est que ce sont des vidéos très courtes.
20:39 Quand je regarde ce qui est publié par d'autres formations politiques,
20:44 je vois que la plupart de ces vidéos,
20:46 il n'y a pas un mot dedans.
20:48 -C'est de l'ambiance.
20:50 -Exactement.
20:51 Je crois que la politique,
20:53 et peut-être que c'est un peu old school de dire ça,
20:56 c'est du sérieux.
20:57 C'est des enjeux sérieux, nos vies se dessinent.
21:00 L'avenir de notre continent, c'est l'avenir de nos libertés.
21:04 Je voudrais dire à tous les jeunes qui sont ici,
21:07 si vous comptez seulement sur TikTok et sur Insta
21:10 pour vous informer, on va se trouver dans une situation
21:14 tous ensemble qui sera probablement inquiétante
21:17 pour notre capacité de rester des citoyens
21:20 dans ce qui devrait rester des démocraties libres.
21:23 Si vous voulez être libre, il ne suffit pas d'aller voter.
21:27 Il faut aller voter.
21:28 Il y a des pays où on vote et qui ne sont pas des démocraties.
21:32 Pour qu'une démocratie soit digne de ce nom,
21:35 il faut que les citoyens qui participent à la vie civique
21:38 soient informés pour être libres.
21:41 Il faut aller voter, bien sûr,
21:43 mais ne comptez pas seulement sur des vidéos de 10 secondes
21:47 pour vous donner les enjeux.
21:49 Si vous êtes ici, vous en êtes tous conscients.
21:52 -Il y a peut-être une question de plus de 10 secondes.
21:55 La question est de Bélamy Lyssen.
21:57 -Ah oui, Ysoigni, il faut un micro.
22:00 Sans micro, ça va être compliqué. Allez-y.
22:05 -Bonjour, M. Bélamy.
22:06 En Europe, la protection des océans est un débat grandissant,
22:10 notamment sur le chalutage de fonds
22:12 dans les aires marines protégées.
22:14 Le 17 mai, vous manifestiez en faveur
22:16 de la compagnie de pêche de Saint-Malo
22:19 qui pratique ce chalutage de fonds en Bretagne.
22:22 Or, la lutte contre le réchauffement climatique
22:25 et, en particulier, des océans.
22:27 Comment comptez-vous protéger l'environnement
22:30 et les océans dans les territoires européens ?
22:33 -D'abord, en faisant en sorte
22:35 que l'Europe assume en effet sa responsabilité.
22:38 Notre 1re responsabilité, collectivement,
22:40 c'est de ne pas dépendre de modèles de production
22:43 qui détruisent l'environnement.
22:45 Aujourd'hui, les pêcheurs en Europe
22:47 sont ceux qui respectent les règles environnementales
22:51 les plus exigeantes au monde.
22:53 Ce que vous évoquez, c'est des pêcheurs européens
22:56 qui pêchent en respectant des quotas de pêche
22:58 pour qu'il n'y ait pas de surpêche dans les eaux européennes,
23:02 qui pêchent en respectant des règles de protection
23:05 de l'environnement, qui pêchent en respectant des éléments
23:09 qui sont extrêmement exigeants
23:11 du point de vue de la protection de la nature.
23:14 Mais le grand problème, pour nous, citoyens,
23:17 c'est qu'on se rend complice de modèles de production
23:20 qui sont bien plus dévastateurs.
23:22 On pêche 80 poissons par an,
23:24 et sur ce total, 84 % est importé dans dehors de l'Europe.
23:28 84 %.
23:29 Qu'est-ce que ça veut dire ?
23:31 Ca veut dire, en réalité, que quand nous mangeons,
23:34 nous mangeons souvent du poisson qui est pêché,
23:37 par exemple, sur les côtes africaines,
23:39 par des bateaux chinois qui utilisent du travail forcé
23:42 et qui dévastent les océans sans respecter nos règles.
23:46 Le vrai défi, pour nous,
23:47 c'est pas de rendre la vie impossible à nos pêcheurs,
23:51 mais à nos industriels et à nos artisans,
23:53 qui sont ceux qui respectent les règles les plus exigeantes
23:57 pour protéger l'environnement.
23:59 Le défi, c'est de leur permettre de produire
24:02 pour ne pas être dépendants de ces modèles de production
24:06 qui détruisent la planète.
24:08 C'est pour ça que je m'engage aux côtés des pêcheurs européens
24:11 pour les soutenir.
24:13 J'ai travaillé pendant 5 ans en commission de la pêche.
24:16 Il faut qu'on puisse faire mieux dans nos pays,
24:19 et on deviendra dépendants de ces pays tiers
24:22 qui, malheureusement, n'ont pas nos scrupules
24:25 sur la protection des océans.
24:27 -Merci, François-Xavier Bellamy.
24:30 à toutes ces questions.