L'agence S&P Global Ratings a décidé ce vendredi 31 mai, au vu de son examen, de baisser la note souveraine de la France, en la faisant passer de AA à AA-. Troisième dette publique de la zone euro, record du monde des dépenses publiques...cette note attribuée à la France est un avertissement. Bruno Le Maire a cependant exclu toute "hausse d'impôts" en 2025.
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00:00 Nicolas, la France a donc été dégradée vendredi soir par l'agence de notation américaine Standard & Poor's.
00:05 48 heures plus tard, c'est grave docteur ?
00:07 Je peux trouver des éléments pour vous répondre non c'est pas grave.
00:09 Regardez on est passé de 18 à 17 sur 20, tranquille ça va.
00:13 Il n'y aura pas de réaction de marché incroyable, on ne va pas voir tout d'un coup le taux d'emprunt exploser, c'est sûr.
00:18 L'économie française résiste, l'INSEE a confirmé vendredi que la croissance 2020-2021 était même revue à la hausse de 0,9, 1,1%.
00:28 C'est pas mal tout ça. Et puis on nous a dégradé mais enfin finalement les autres agences ne nous ont pas dégradé, tranquille.
00:33 À part que tous ces arguments que je peux utiliser pour vous dire que tout va bien se passer, c'est juste pas sérieux.
00:37 Une dégradation de la note souveraine de la France, évidemment que c'est quelque chose de sérieux.
00:41 50 ans du budget dans le rouge, de suite. Troisième dette publique de la zone euro aujourd'hui.
00:47 Record du monde des dépenses publiques, record du monde des prélèvements obligatoires, des comptes sociaux dans le rouge.
00:52 Ce qui est une anomalie par nature. La dépense sociale est une dépense courante qui n'a jamais, en aucun cas, vocation à être financée par de l'emprunt, contrairement à l'État.
01:02 Et en 2023, on a signé le deuxième plus gros déficit public de notre histoire. Oui, évidemment que c'est sérieux et oui, c'est un avertissement.
01:10 Alors Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, a beaucoup parlé ce week-end, beaucoup fait de communication comme s'il voulait éteindre l'incendie.
01:16 Il a pris les arguments du début de la chronique, lui.
01:18 Est-ce qu'il n'y aura pas de hausse d'impôts ? Il le maintient ?
01:21 Qu'est-ce que vous voulez qu'il dise d'autre ? Il répète qu'il n'y aura pas de hausse d'impôts depuis des années.
01:25 Il ne va pas vous dire soudainement ce matin "Ah, il va y avoir des hausses d'impôts, il y a vaguement un scrutin en plus dans une semaine".
01:30 Évidemment qu'il dit ça. Maintenant, vous savez, monter les impôts sans que ça se voit, on est super bon en France.
01:34 C'est quoi la réforme des retraites ? Un durcissement des droits sans baisse des cotisations.
01:38 Les cotisations vont rester les mêmes, vous paierez la même chose, mais vous n'aurez pas les mêmes droits.
01:42 Moi, j'appelle ça une hausse d'impôts qui ne dit pas son nom.
01:45 Si on veut réduire les déficits publics, il n'y a pas 10 000 solutions.
01:48 Réforme structurelle, alors c'est réforme des retraites, réforme de l'assurance chômage, décentralisation, réduction du nombre d'agents publics,
01:55 réforme de l'État-providence conformément à ce que la Cour des comptes a écrit dans sa récente note,
02:00 ou même réforme du droit du travail pour fabriquer plus d'activités. Première solution.
02:04 Deuxième solution, je dépense moins. Il faut 50 milliards d'euros d'ici à 2027.
02:10 C'est juste monumental comme montant. Ou alors la troisième solution, que je taxe plus.
02:14 Il y a les pays qui l'utilisent quand le temps se gâte. Les États-Unis, par exemple.
02:18 Oui, mais eux, ils partent d'un niveau de prélèvement qu'ils laissent de la marge. Et nous, on n'a plus cette marge de manœuvre.
02:22 Voilà les solutions pour établir des comptes publics.
02:25 Bruno Le Maire, il dit aussi qu'en gros, on est puni à cause du quoi qu'il en coûte.
02:28 Oui, alors effectivement, je crois qu'on a eu la même crise que tous les autres pays qui ont la même monnaie que nous.
02:32 Et pas mal d'entre eux sont en train de reprendre en main leurs finances publiques, tout mettre sur le dos de Covid et de la guerre en Ukraine, c'est un peu court.
02:40 On a des comptes dégradés. Alors on a deux solutions. Soit on continue à ne rien faire et puis ça va tenir pendant quelques années dans un joli déni généralisé.
02:47 Soit on se dit que cette fois-ci, il faut y aller. Il faut les faire, les fameuses réformes, les fameux trois points à l'agilité.
02:52 Alors il faut un remède de cheval et un remède de cheval, ça fait forcément des dégâts.
02:55 On ne peut pas dire que personne ne paiera. Je vous dis souvent, il n'y a pas de repas gratuit.
03:00 Et l'économie se venge toujours, comme disait Raymond Barr.
03:03 Alors s'il faut trouver 50 milliards d'ici à 2027, je peux vous assurer que ça se verra dans notre vie quotidienne.
03:07 Bruno Le Maire n'a pas vraiment répondu sur les pensions de retraite par rapport au coût de la vie.
03:12 C'est-à-dire ?
03:13 Pendant l'interview, elle n'allait pas ou plus au montant des indexations.
03:16 Ah, savoir si on allait les indexer en 2025. C'est un arbitrage à prendre, il n'a pas été pris, on verra.
03:22 Après les européennes ?
03:23 De toute façon, c'est pour le budget de 2025. Les arbitrages sont reconnus aux alentours du mois de septembre.
03:27 Voilà encore une façon de monter les impôts sans que ça se voit. Mais ça n'a pas été décidé.
03:31 Pour l'instant, les pensions en 2025 doivent être indexées.
03:33 Merci Nicolas.