• il y a 6 mois
Alors que les agences Fitch et Moody's avaient maintenu, en avril, la note souveraine de la France, S&P Global Ratings a décidé ce vendredi 31 mai, au vu de son examen, de baisser la sienne, en la faisant passer de AA à AA- Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, s'est exprimé sur le sujet lors d'une interview à BFMTV.

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Transcription
00:00 Bonjour Bruno Le Maire.
00:01 Bonjour Benjamin Duhamel.
00:02 Merci beaucoup de nous recevoir ici à Bercy dans votre bureau et d'accorder à BFM TV votre première interview,
00:07 première réaction à la télévision après le coup prêt qui est tombé hier soir.
00:12 La principale agence de notation Standard & Poor's qui a décidé de dégrader la note de la France.
00:18 Elle passe de AA à AA moins.
00:21 L'agence qui par ailleurs ne croit pas à l'objectif que vous avez fixé,
00:25 que vous avez rappelé, celui de faire tomber le déficit en dessous des 3% en 2027.
00:30 Quel désaveu Bruno Le Maire, quel désaveu de votre politique économique et de votre bilan ?
00:37 Absolument pas.
00:38 D'abord moi j'y crois, retourner sous les 3%.
00:41 Ensuite je constate, vous avez oublié de le rappeler Benjamin Duhamel,
00:44 que trois agences de notation préalablement, Moody's, Fitch, TBRS,
00:48 avaient maintenu la note française et reconnu la solidité de la stratégie de rétablissement de nos finances publiques.
00:54 On n'est pas obligé de croire une agence plutôt que trois autres.
00:57 Elle est considérée par les spécialistes comme la principale agence de notation ?
01:01 Oui, sans doute les mêmes spécialistes qui nous avaient expliqué qu'on serait en récession en 2023
01:05 et que les objectifs de gouvernement de 1 point de croissance étaient hors d'atteinte.
01:09 L'INSEE vient de dire que nous faisons 1,1 de croissance en 2023 au-dessus des prévisions.
01:14 Les mêmes qui vous avaient dit qu'en 2024, une croissance de 0,5 serait probablement difficile à atteindre.
01:20 L'INSEE vient de dire que nous avions déjà 0,6 points d'acquis de croissance.
01:24 Quelles conclusions y font tirer pour nos compatriotes ?
01:27 1, la France réussit économiquement et notre stratégie économique est solide et donne des résultats.
01:34 Je le dis à tous ceux qui anticipent de la récession alors que nous faisons de la croissance
01:38 et qui doivent réaliser que la France réussit économiquement, crée des emplois ou des usines,
01:44 a de la croissance là où nos voisins, Allemagne en tête, sont passés par la case récession.
01:48 Bruno Le Maire, j'entends votre discours mais vous voyez quand même le paradoxe qu'il y a à rappeler tous ces éléments-là
01:53 alors qu'il y a eu cette dégradation.
01:54 Au fond, je vous écoute là depuis quelques secondes, quelques minutes
01:58 et j'ai le sentiment d'entendre ce que l'on entend de la part des gouvernants quand les notes sont dégradées,
02:02 c'est-à-dire l'économie est robuste, il faut minimiser,
02:05 c'est-à-dire que vous balayez tout à fait d'un verre de main ce qui a été décidé par cette agence de notation.
02:09 C'est une sanction.
02:10 – Je vais à mon tour vous poser une question.
02:12 Est-ce que vous avez lu attentivement l'avis de Sandrin Lempourze ?
02:16 L'avis de Sandrin Lempourze reconnaît la force de la stratégie économique française.
02:20 – Pardon ? Il a un doute effectivement sur la capacité à atteindre les 3% en 2027.
02:25 – Et à baisser la dette autant que vous ne le dites.
02:27 – Bien sûr, mais c'est un autre sujet.
02:30 L'agence Sandrin Lempourze, comme toutes les autres agences,
02:32 comme tous les observateurs avisés,
02:34 reconnaissent la solidité de la stratégie économique française.
02:38 Le doute il est sur la dette.
02:39 Pourquoi ? Parce qu'on a, si je peux dire, un certain passif en France.
02:43 Pas depuis deux ans, pas depuis vingt ans, depuis plusieurs décennies.
02:46 Ça fait depuis 1975 que nous n'avons pas de budget en équilibre.
02:52 Je rappelle, vous parliez de mon passif, vous pourriez aussi parler de mon actif.
02:55 – Milliards de dettes en plus depuis sept ans.
02:58 – Mon actif c'est d'avoir rétabli les comptes publics en 2017, 2018, 2019.
03:03 Nous sommes revenus sous les 3% de déficit en 2019.
03:07 J'ai donc, je crois, une certaine crédibilité pour vous dire
03:09 que nous reviendrons sous les 3% de déficit public en 2027.
03:14 Je maintiens cet objectif.
03:16 Et c'est intéressant aussi de lire l'avis dans le détail.
03:18 Qu'est-ce qui motive le doute des agences ?
03:21 Un, c'est vrai que nous avons un passif depuis 1975,
03:24 il n'y a pas eu de budget en équilibre.
03:26 Je pense que ça vaut le coup de se battre,
03:27 non seulement pour aller sous les 3% en 2027,
03:30 mais se fixer comme objectif de long terme d'avoir un excédent budgétaire
03:35 et de retrouver des comptes à l'équilibre.
03:37 – On est loin alors.
03:37 – Oui bien sûr qu'on est loin, mais il va y avoir des objectifs ambitieux.
03:40 On était loin sur l'industrie.
03:41 – Certains diront irréalistes.
03:42 – Mais Benjamin Duhamel croyait dans la France.
03:45 On était loin sur la réindustrialisation,
03:48 on rouvre des usines, on crée des emplois ouvriers.
03:51 On était loin sur le plein emploi, on se rapproche du plein emploi.
03:54 Eh bien nous sommes loin de l'équilibre budgétaire,
03:56 il faut atteindre cet objectif en passant sous les 3% de déficit en 2027.
04:01 C'est l'objectif que nous nous sommes fixés avec le président de la République.
04:04 La deuxième remarque est intéressante dans les avis qui ont été rendus.
04:08 C'est que dans le fond, l'une des raisons du doute des agences,
04:11 ce n'est pas, je le redis, la stratégie économique du gouvernement
04:13 qui est validée et saluée, c'est la fragmentation de la vie politique.
04:18 Autrement dit, le fait que le gouvernement a assez peu de soutien.
04:22 – Ah donc c'est de la faute des autres ?
04:23 – Non, pas du tout.
04:24 – Si vous êtes dégradé.
04:25 – Je lis l'avis, moi je prends toutes mes responsabilités.
04:28 Si aujourd'hui nous avons un niveau de dette élevé, c'est pourquoi ?
04:31 C'est parce que j'ai sauvé l'économie française Benjamin Duhamel.
04:34 Vous pourriez mettre ça aussi à mon actif.
04:35 – Pendant le Covid, c'est vrai que l'économie a tenu.
04:37 D'autres pays, par exemple comme l'Allemagne,
04:40 qui a soutenu aussi son économie, a 64% de dette, un déficit de moins de 2%,
04:45 ils sont restés AAA.
04:46 – Bien sûr Benjamin Duhamel.
04:47 – Il n'y a pas de fatalité à faire un lien direct entre la pandémie
04:50 et la gestion des finances publiques.
04:51 – Vous pouvez me donner le niveau de croissance de l'Allemagne en 2023 ?
04:54 – C'est vrai, récession, là où la France a tenu.
04:56 – Dont acte, voilà c'est le choix que nous avons fait.
04:58 J'insiste là-dessus, c'est le choix que nous avons fait.
05:01 Éviter à la France la récession, éviter la casse sociale,
05:05 éviter l'inquiétude de nos compatriotes
05:06 qui ont eu à subir une augmentation de l'électricité et du gaz,
05:09 je les ai protégés, j'ai sauvé les usines, j'ai sauvé les restaurateurs,
05:13 j'ai sauvé les hôteliers, j'ai sauvé le monde de l'événementiel,
05:16 j'ai sauvé des emplois, des compétences, la filière aéronautique.
05:19 Moi je suis fier d'avoir sauvé Renault,
05:21 5 milliards d'euros de prêts qui ont été avancés.
05:22 Je suis fier d'avoir sauvé Air France,
05:24 des milliards d'euros de prêts garantis par l'État qui ont été avancés.
05:27 Mais évidemment, comme on dit en bon anglo-saxon,
05:29 "there is no free lunch", il n'y a rien de gratuit.
05:32 Quand on sauve, on paye, quand on paye, il y a plus de dette.
05:35 Et quand il y a une dette, il faut engager le remboursement,
05:37 c'est ce que nous faisons maintenant avec une stratégie qui est claire,
05:41 cohérente, lisible, des réformes de structure,
05:44 des économies sur les dépenses et bien entendu de la croissance et des emplois.
05:48 On va revenir sur la stratégie à venir et les conséquences concrètes pour les Français
05:51 juste avant que vous parliez de la fragmentation de la vie politique.
05:53 Vos opposants s'en donnent à cœur joie depuis hier,
05:56 je vous lis quelques réactions.
05:57 Éric Ciotti, patron des Républicains,
05:59 voilà où nous mène la piteuse gestion des finances publiques du duo Macron-Le Maire,
06:02 Marine Le Pen, la gestion catastrophique des finances publiques
06:04 par des gouvernements aussi incompétents qu'arrogants
06:07 a mis notre pays dans de très graves difficultés.
06:10 Face à ces oppositions, Baudelaire-Le Maire,
06:12 vous allez avoir du mal à continuer à jouer la carte de l'expertise,
06:16 de la crédibilité économique puisque c'est précisément
06:19 ce que vient sanctionner cette agence de notation.
06:21 Le manque de crédibilité des oppositions, il est total.
06:24 Et le contraire m'aurait surpris de leur part.
06:26 Moi, j'ai fait des comptes avant de venir vous voir,
06:28 parce que c'est intéressant de se rappeler les propositions de ces fameuses oppositions.
06:34 Les Républicains, soit disant bons gestionnaires,
06:37 ont proposé pour le budget 2024 125 milliards d'euros de dépenses supplémentaires.
06:43 Et ils ne se sont pas trouvés d'accord, il me semble, si j'ai bonne mémoire,
06:48 sur la réforme des retraites dont toutes les agences disent que c'est la clé
06:52 du rétablissement du financement.
06:53 Oui, une partie, mais enfin c'est assez compliqué.
06:55 – Les dirigeants.
06:56 – C'est assez compliqué de savoir qui vote quoi, qui défend quoi dans ce parti.
07:00 En tout cas, sur la réforme des retraites, ils ont été divisés
07:02 et ils ont proposé 125 milliards d'euros de dépenses supplémentaires.
07:05 Vous pensez que c'est comme ça qu'on rétablit les comptes publics ?
07:08 Après, je regarde la France insoumise, alors là c'est open bar pour tout le monde,
07:12 250 milliards d'euros de dépenses supplémentaires.
07:15 Quant au programme de Marine Le Pen, il me fait furieusement penser
07:19 à la politique marxiste qui a été menée en 1981 dans notre pays
07:23 et qui a plongé notre pays dans une récession économique épouvantable.
07:27 – Mais le RND, on nous avait vendu les Mozart de la finance
07:30 et à la fin on a ces chiffres de finances publiques et cette dégradation des juges.
07:34 – Ah ben eux c'est la cacophonie, la dette en tout cas, le RND,
07:37 le retour à la retraite à 60 ans, la nationalisation des routes.
07:40 – Pas tout à fait, je ne parle pas de 60 ans.
07:41 – Oui enfin on ne sait jamais parce que ça change en général tout le temps,
07:44 les positions du RND, la nationalisation des autoroutes,
07:47 ça je crois que ça n'a pas changé, la suppression de l'impôt sur le revenu
07:50 sur les moins de 30 ans, je crois que ça n'a pas changé,
07:52 des baisses de taux de TDEV à massif, je crois que ça n'a pas changé.
07:54 Tout ça c'est quoi Benjamin Duhamel ?
07:56 – C'est des dizaines et des dizaines de milliards d'euros de dépenses supplémentaires.
08:01 Quand j'ai engagé depuis la fin 23, des économies,
08:04 moi j'ai cherché des soutiens partout autour de moi,
08:07 alors autant j'avais beaucoup de personnes qui me soutenaient
08:10 quand je protégeais l'économie face au Covid,
08:13 ils demandaient d'ailleurs toujours plus et toujours plus de dépenses,
08:16 autant lorsque j'ai engagé des économies sur l'État, 20 milliards d'euros en 2024,
08:21 quand j'ai mis fin au bouclier tarifaire sur l'électricité,
08:24 parce que c'est normal de sortir des dispositifs exceptionnels.
08:28 – Vous dites "j'étais un peu seul".
08:29 – Quand on revient à la normale, ce n'est pas que j'étais seul,
08:31 c'est qu'ils ont cogné comme des malades.
08:32 Alors ceux qui ont cogné comme des malades quand on fait des économies
08:35 n'ont pas des leçons de bonne gestion à nous donner.
08:37 – Un mot encore sur les conséquences de cette dégradation,
08:40 une note qui diminue, ça veut dire potentiellement des créanciers
08:43 qui ont moins confiance en la marque France
08:47 quand il s'agit d'émettre des titres de dette,
08:49 est-ce qu'il y a un risque de dérapage incontrôlé de la dette,
08:53 d'un renchérissement du coût des emprunts, voire d'un scénario à la grecque,
08:58 que la dette française devienne totalement incontrôlable
09:00 et qu'il soit plus difficile de se financer sur les marchés financiers ?
09:04 – Absolument pas.
09:06 Et ceux qui jouent avec cette peur tirent dans le dos de la France,
09:10 je le dis très simplement.
09:11 Quand la Grèce a été dans une situation financière difficile,
09:15 elle était au bord de la cessation de paiement.
09:18 Je rappelle qu'il y a, suivant les agences, de 20 à 24 crans de notation.
09:22 La France garde une notation de l'ordre de 17 sur 20,
09:25 elle était à 18, elle est passée à 17 sur 20.
09:28 Elle reste dans la catégorie des AA pour être technique,
09:31 c'est-à-dire parmi les pays les mieux notés de la planète sur la solidité de sa dette.
09:37 – Donc pas de risque de dérapage ?
09:38 – Non, il n'y a pas de risque de dérapage.
09:41 La dette française se finance bien
09:43 et la qualité de la dette française, c'est une dette de haute qualité.
09:48 – Sur les conséquences et notamment les économies à venir,
09:51 votre ministre du budget Thomas Cazenave a évoqué le chiffre de 20 milliards d'euros
09:55 d'économies à trouver pour l'année 2025.
09:57 Et certains se demandent si, notamment après les élections européennes,
10:01 vous n'allez pas annoncer un plan d'austérité,
10:04 que, notamment compte tenu de cette dégradation,
10:06 vous n'allez pas être obligé de faire encore plus d'économies.
10:10 Est-ce qu'il va falloir en faire davantage ?
10:11 Est-ce qu'il y a une sorte de, Marine Le Pen dit,
10:13 une purge à venir après les élections européennes,
10:16 encore plus d'économies à trouver compte tenu de cette dégradation ?
10:18 – C'est comme le Fonds de commerce de Marine Le Pen, elle a compris.
10:21 C'est de jouer avec les peurs des Français matin, midi et soir.
10:24 Tremblez bonnes gens, ils vont vous faire la peau.
10:27 Parce qu'on vous dit Marine Le Pen matin, midi et soir.
10:30 Elle alerte sur la dette…
10:31 – Les 20 milliards d'économies à faire sont là, Bruno Le Maire.
10:33 – Elle alerte sur la dette et elle propose des dépenses supplémentaires.
10:36 Enfin, c'est toute l'incohérence totale du rassemblement national.
10:40 Si nous avions un plan caché, le Premier ministre n'aurait pas annoncé
10:44 que nous engagions une réforme de l'indemnisation du chômage
10:47 15 jours avant les élections européennes.
10:50 Nous on a du courage, on dit des choses vraies,
10:53 on dit ce qui est bon pour la France, c'est la différence
10:56 par rapport aux oppositions et aux extrêmes.
10:58 Si j'avais un plan caché, je n'aurais pas fait le 20h de TF1,
11:02 pardon de citer un de vos concurrents, pour démarrer mon année 2024 en fanfare
11:05 en disant "on va devoir supprimer les boucliers tarifaires sur le gaz
11:11 et sur l'électricité parce que c'est raisonnable et que c'est nécessaire
11:14 et que l'État ne peut pas tout le temps payer la facture d'électricité des Français".
11:17 Est-ce qu'il y aura davantage d'économies à faire compte tenu de cette dégradation ?
11:23 Il n'y a pas plus d'économies à faire, il y a juste un plan de rétablissement
11:28 des finances publiques que je tiendrai avec fermeté.
11:31 J'ai annoncé la sortie des boucliers tarifaires,
11:33 je tiens à cette sortie des boucliers tarifaires.
11:35 20 milliards d'euros en 2025, c'est à peu près cet ordre de grandeur ?
11:39 C'est l'ordre de grandeur et maintenant ce qu'il faut c'est l'appliquer,
11:41 le plus dur ce n'est pas simplement les belles paroles,
11:44 d'appliquer ces décisions, sortie des boucliers tarifaires,
11:47 10 milliards d'euros d'économies sur l'État,
11:49 10 milliards d'euros d'économies supplémentaires que j'ai annoncées
11:52 et puis ensuite on va engager la préparation du projet de loi de finances pour 2025.
11:57 Et je rappelle ce que c'est très important,
11:59 que ce n'est qu'un volet de notre stratégie de rétablissement des finances publiques
12:02 pour retrouver sous les 3% en 2027, il y a les économies,
12:07 mais il y a la croissance et sur la croissance on gagne,
12:09 là où d'autres pays de la zone euro ne gagnent pas
12:11 et il y a les réformes de structures, j'ai parlé de l'indemnisation du chômage,
12:15 il y a aussi la grande loi simplification que je vais présenter bientôt
12:18 pour supprimer toute la paperasse qui pèse sur nos PME, nos TPE,
12:21 nos indépendants, nos commerçants qui n'en peuvent plus de la complexité administrative.
12:24 – Je pense à ceux qui nous regardent et qui se disent ces 20 milliards-là,
12:26 à un moment donné il va falloir les trouver très concrètement.
12:28 Je prends deux exemples qui ont agité l'actualité ces derniers jours.
12:31 Premier exemple, ce que propose la Cour des comptes,
12:34 qui est de dire il faut arrêter de rembourser les arrêts de travail de moins de 8 jours.
12:38 Est-ce que ça, ça fait partie des pistes pour trouver des économies ?
12:40 – Pas du tout sur les 20 milliards, non, je le dis tout de suite.
12:42 – D'accord, donc ça, on écarte.
12:44 – On écarte ça pour l'immédiat, ça ne fait pas partie des options du gouvernement pour 2024.
12:51 Regardez les décisions que j'ai prises, elles sont très concrètes.
12:54 L'aide publique au développement, on aide beaucoup des pays qui sont en développement,
12:57 qui sont les plus pauvres de la planète, c'est légitime.
12:59 Quand c'est difficile pour les Français,
13:01 c'est normal qu'on réduise l'aide publique au développement,
13:03 on l'a réduite de près d'un milliard d'euros.
13:05 Ça n'affecte pas le quotidien des Français
13:07 et ça permet de retrouver de la marge de manœuvre budgétaire.
13:09 – Deuxième exemple, est-ce que vous pourriez décider de désindexer
13:12 les prestations de retraite et les prestations sociales,
13:15 c'est-à-dire qu'elles soient, techniquement,
13:17 moins indexées que l'inflation pour faire des économies ?
13:21 Est-ce que ça c'est une possibilité ?
13:22 – Je rappelle, Benjamin Duhamel, que je viens de les réévaluer de 5% au-dessus de l'inflation.
13:26 – Et vous pourriez pour faire des économies, certains dans votre majorité le proposent.
13:29 Est-ce que ça, ça fait partie des pistes ?
13:30 – Vous savez, je suis quelqu'un de méthodique et de très déterminé.
13:36 La bonne méthode, ce n'est pas de commencer à lancer des ballons dans tous les sens
13:40 qui vont faire peur aux Français.
13:41 – Les ballons viennent de votre camp, vous avez raison.
13:43 – C'est d'appliquer, là c'est la Cour des comptes qui fait des propositions,
13:45 c'est utile que la Cour des comptes fasse des propositions.
13:48 Mais en 2024, j'ai des boucliers tarifaires dont il faut sortir,
13:52 c'est des premières décisions, elles ne sont pas faciles
13:54 parce que pour tous nos compatriotes dont on a payé une partie de la facture d'électricité,
13:58 ce n'est pas évident de voir qu'on paye un peu moins la facture d'électricité
14:01 avec la dépense publique.
14:02 Ensuite j'ai 10 milliards d'euros qui ont déjà été décidés et qui sont engagés,
14:06 c'est des efforts pour tous les ministères, ce n'est pas simple.
14:09 Il y a 10 milliards d'euros supplémentaires sur lesquels nous travaillons
14:12 et après il y aura le projet de loi du 2025.
14:14 – Mais j'insiste pour 2025, est-ce que les retraités pourraient voir leur retraite,
14:17 leur pension de retraite sous-indexée par rapport à l'augmentation du coût de la vie ?
14:21 – Pour 2025, aucune décision n'a même encore été préparée
14:25 puisque je les préparerais avec les oppositions.
14:27 – Mais donc cette interaction monologue, vous n'excluez pas la possibilité
14:31 de sous-indexer les pensions de retraite pour 2025 ?
14:33 – Mais je vais vous dire, 2025 c'est 2025.
14:37 – Les discussions ce sera à l'automne sur le budget.
14:39 – Mais qu'est-ce que je vais faire concrètement ?
14:41 Je vais rassembler toutes les oppositions et j'espère que la décision qui a été prise
14:45 par Stendhal-Hannepourge leur ouvrira les yeux sur la nécessité de me faire
14:48 des propositions d'économie plutôt que des propositions de dépenses
14:52 comprises entre 100 et 300 milliards d'euros
14:54 suivant la famille politique à laquelle vous appartenez.
14:57 Ensuite on va discuter avec elles et j'espère que nous arriverons à construire
15:01 notamment avec les Républicains mais peut-être avec d'autres, des compromis.
15:04 S'il y a des bonnes options, moi je vais regarder toutes les options
15:07 qui permettent de rétablir les finances publiques d'ici 2027.
15:10 Je ne vais pas le faire tout seul, je vais le faire en tendant la main
15:13 aux oppositions responsables qui comprennent sur la base de cette décision
15:17 que oui c'est important pour que la France garde sa souveraineté et sa liberté
15:21 que nous rétablissions nos finances publiques.
15:22 – Mais c'est intéressant puisque sur cette piste vous dites
15:24 "aucune décision n'est prise pour 2025".
15:26 – Vous pourriez me donner mille autres pistes Benjamin Duhamet,
15:28 je vous ferai exactement la même réponse.
15:29 – Monsieur le maire, si je vous demande si les impôts vont augmenter en 2025,
15:32 là vous me répondez…
15:33 – Mais parce que la réduction de la dépense et l'augmentation des impôts
15:36 c'est deux choses différentes, ça ne vous a pas échappé.
15:38 – Donc il n'y aura pas d'augmentation d'impôt en 2025 ?
15:39 – Il n'y aura pas d'augmentation d'impôt,
15:40 l'augmentation des impôts ne fait pas partie de la palette des options.
15:43 Nous, nous avons un cadre de référence qui a le mérite d'être clair, simple et lisible.
15:48 Nous voulons réduire la dépense publique,
15:50 la réduire là où elle est la moins efficace, là où elle est la moins juste
15:54 et la réduire, je le redis, en tendant la main aux oppositions
15:57 pour qu'on fasse un travail cette fois-ci beaucoup plus approfondi,
16:00 beaucoup plus en détail pour voir avec elle où sont les marges de manœuvre
16:04 dans la dépense publique.
16:05 En revanche, sur les augmentations d'impôts, je l'ai toujours dit,
16:09 quand on dit on va augmenter les impôts des plus riches,
16:11 en réalité on finit toujours par augmenter les impôts des classes moyennes
16:14 et ça je m'y refuse catégoriquement.
16:16 – Sur ces classes moyennes, la baisse d'impôt de 2 milliards d'euros
16:18 elle est toujours sur la table, qui peut croire,
16:22 compte tenu encore une fois de cette dégradation de note,
16:24 qu'il serait sérieux en termes de finances publiques de dire oui, oui,
16:27 non seulement on ne va pas augmenter les impôts
16:28 mais en plus on va les baisser de 2 milliards d'euros.
16:29 Est-ce que vous avez cette capacité-là ?
16:31 – Oui parce que ce qui est très sérieux Benjamin Duhamel,
16:33 c'est que ceux qui y bossent gagnent plus, ça c'est très sérieux
16:38 et ça c'est au cœur de ma stratégie économique
16:40 parce que je considère que s'il y a un truc qui ne va pas dans notre pays
16:43 et que nous avons commencé à corriger avec le président de la République,
16:45 avec le Premier ministre, c'est que ceux qui travaillent
16:48 doivent pouvoir gagner davantage,
16:50 doivent pouvoir payer des vacances à leurs enfants,
16:53 doivent pouvoir se payer des sorties au cinéma ou au restaurant,
16:55 doivent pouvoir s'acheter un logement.
16:56 – Donc vous maintenez…
16:57 – Et ça devient de plus en plus difficile et tout ce que je pourrais faire,
16:59 comme je l'ai déjà fait, avec la prime défiscalisée,
17:02 avec les exonérations de charges sur les heures supplémentaires,
17:05 avec l'augmentation de la prime d'activité,
17:08 tout ce qui me permettra, l'intéressement ou la participation.
17:10 – Donc il y aura une baisse de 2 milliards d'euros d'impôts en 2025 pour les 80e ?
17:14 – Il y aura plus d'argent pour ceux qui travaillent,
17:16 sous une forme ou sous une autre, baisse d'impôts, moins de charges,
17:19 on regardera ça avec le Premier ministre Gabriel Attal
17:22 mais c'est le cœur du cœur de ma politique économique,
17:25 ceux qui travaillent doivent vivre mieux.
17:28 – Bruno Le Maire, cette décision de Standard & Poor's
17:29 arrive un peu plus d'une semaine avant les élections européennes,
17:32 alors que la campagne de Valérie Hayé, la candidate de la majorité, patine,
17:35 à seulement quelques points du candidat socialiste Raphaël Glucksmann,
17:38 comme disait Jacques Chirac, je vais rester poli,
17:40 les ennuis ça vole en escadrille, ça tombe mal.
17:44 – C'est deux choses qui sont différentes,
17:45 d'abord il reste 9 jours pour convaincre, donc il faut les utiliser,
17:48 je serai ce soir au DOC pour soutenir Valérie Hayé,
17:51 je serai lundi à Toulouse, je serai mardi à Orléans,
17:55 vous savez, ceux qui disent ça c'est les commentateurs,
17:58 c'est normal c'est votre rôle, moi je suis acteur,
18:01 donc je vais me battre jusqu'au dernier moment de cette campagne
18:05 pour montrer tout simplement qu'il faut savoir ce qu'on veut pour la France,
18:10 ce qu'on veut être le pays qu'envoie le plus grand bataillon de députés
18:13 de l'extrême droite au Parlement, c'est ça qu'on veut,
18:15 c'est vraiment ça qu'on veut,
18:16 c'est-à-dire des gens qui n'ont jamais soutenu l'Europe,
18:19 et c'est une élection européenne, c'est pas une élection nationale,
18:22 c'est vraiment ça qu'on veut,
18:24 moi je m'adresse à tous ceux qui sont abstentionnistes aujourd'hui,
18:27 tous ceux qui dans notre camp disent écoutez,
18:29 là vraiment on en a ras-le-bol, on n'est pas content,
18:31 on a une mauvaise humeur, on est en juin, il fait mauvais, il pleut,
18:33 on ne va pas aller voter, je leur dis le 9 juin,
18:37 il y aura le matin et il y aura le soir,
18:40 c'est comme ça que ça se passe dans une élection,
18:42 le soir peut être très différent du matin, on peut se réveiller…
18:44 – Vous leur dites "attention" là à quoi ?
18:46 On se réveille avec une forme de gueule de bois ?
18:48 – On se réveille exactement avec la gueule de bois,
18:50 avec la France qui a envoyé le bataillon de députés
18:53 d'extrême droite le plus important au Parlement européen,
18:55 qui va donc bloquer la construction européenne,
18:58 là où face à la puissance de la Chine et la puissance des États-Unis,
19:01 face à la nécessité de se réindustrialiser,
19:03 de protéger nos frontières, de protéger notre industrie
19:06 avec des mesures de protection forte,
19:08 on a besoin d'avoir des députés de la majorité
19:11 qui renforcent l'Europe et pas des députés qui vont affaiblir l'Europe.
19:15 – Il y a quelque chose de singulier dans le discours du gouvernement
19:17 qui consiste à dire de toute façon il ne faudra pas tirer
19:18 de conséquences nationales de ce scrutin européen,
19:21 il y a certaines voix légèrement discordantes,
19:23 la présidente de l'Assemblée nationale Yael Brune-Pivet,
19:25 il faudra que l'on s'interroge collectivement,
19:27 on ne pourra pas faire comme si de rien n'était.
19:29 Si le Rassemblement national, la liste de Jordan Bardella
19:31 est au-dessus des 30%, est-ce que vous pourrez dire
19:34 "circuler il n'y a rien à voir, on continue exactement comme avant" ?
19:37 – On ne fait jamais comme si de rien n'était lorsque le peuple s'est exprimé.
19:41 Le peuple français va s'exprimer le dimanche 9 juin,
19:45 il va s'exprimer en un seul tour,
19:47 il va s'exprimer pour une question européenne.
19:50 J'invite dans les deux jours qui viennent,
19:52 toutes celles et tous ceux qui s'apprêtent à voter,
19:54 d'abord à se dire l'abstention c'est se priver d'un pouvoir dont on dispose,
19:58 et en deuxième l'enjeu est européen.
20:00 – Mais quelles conséquences faudra-t-il tirer si la liste du Rassemblement national
20:04 arrive très nettement en tête, que la liste de la majorité est distancée,
20:07 est-ce qu'il faudra tirer des conséquences sur le plan politique ?
20:11 – Battons-nous d'abord pour que notre majorité fasse le score le plus élevé.
20:14 Je répondrai à votre question le 10 juin au matin, pas avant.
20:17 L'esprit de défaite, ça n'a jamais été mon truc.
20:20 – Donc là j'ai mon clivet qui dit on ne pourra pas faire considérémentité,
20:22 on a du mal à parler au français.
20:23 – Non mais, pardon, mais quand on est dans la majorité on se bat,
20:24 on se retrousse les manches, on va aller voir les électeurs,
20:26 on va aller voir les abstentionnistes, on va leur expliquer l'enjeu.
20:28 – Plutôt que de faire ce type de commentaire.
20:30 – Très franchement, faire ce type de commentaire c'est quoi ?
20:32 C'est acter que l'élection du 9 juin est déjà jouée.
20:36 Pour moi une élection n'est jamais jouée quand elle n'est pas passée.
20:38 L'enjeu il est d'abord européen, il faut juste qu'on se demande
20:41 si on veut que la France soit acteur de l'Europe ou spectateur de l'Europe.
20:45 – Quelques questions politiques pour terminer.
20:48 Ces derniers jours, dans les perspectives qui pourraient être ouvertes
20:50 à l'issue du 9 juin, bruisent l'idée d'une coalition avec la droite,
20:55 votre ancien parti Les Républicains,
20:57 pour enfin conjurer cette difficulté de gouverner avec une majorité relative.
21:00 On parle par exemple de Gérard Larcher, président du Sénat à Matignon.
21:03 Est-ce que ça, l'idée d'aller enfin trouver un accord avec la droite,
21:07 ça vous falciterait la vie pour précisément ce qu'on a évoqué
21:10 tout au long de cet entretien, trouver des économies,
21:12 faire passer des budgets 149-3 ?
21:13 Est-ce que c'est une piste intéressante ?
21:15 – Tout ce qui permet de dégager des majorités est une piste intéressante,
21:18 notamment sur la question budgétaire.
21:20 Moi je tends la main pour, nouvelle fois, à tous ces députés Les Républicains,
21:24 il peut y en avoir d'autres sur d'autres bancs de l'Assemblée,
21:28 pour que sur le budget on puisse trouver ensemble des économies,
21:32 parce que l'intérêt supérieur de la nation française,
21:34 c'est le rétablissement de nos finances publiques.
21:35 – Mais gouverner avec eux Bruno Le Maire ?
21:36 – Après, gouverner avec un accord de coalition, je vais vous dire,
21:40 ce n'est pas mon job, je ne suis pas Premier ministre
21:42 et je ne suis pas Président de la République,
21:43 donc c'est le Président de la République et le Premier ministre qui décident.
21:45 Seule chose que je peux vous dire, c'est qu'on a un très bon Premier ministre,
21:48 il s'appelle Gabriel Attal, et pour vous dire un souhait qui est très personnel,
21:51 moi je préfère continuer à travailler avec Gabriel Attal.
21:53 – Plutôt que Gérard Larcher ou Eric Soti ?
21:56 – Oui, je pense être très clair, je pense que quand on a un très bon Premier ministre,
21:59 il vaut mieux garder le Premier ministre et travailler avec lui,
22:01 mais ce n'est pas de mon ressort, c'est du ressort du seul Président de la République.
22:06 – Et toute dernière question Bruno Le Maire,
22:08 il y a deux motions de censure qui vont être discutées lundi,
22:11 déposées par la France Insoumise et l'ORN,
22:12 elles n'ont pas beaucoup de chances d'être adoptées,
22:14 par contre plus sérieusement là pour le coup,
22:16 à l'automne il pourrait y en avoir une des Républicains,
22:19 qui là pourrait aboutir à ce que le gouvernement tombe,
22:21 vous êtes un ministre de l'économie et des finances en sursis,
22:23 vous profitez de ce bureau avant d'être obligé de le quitter ?
22:27 – Un sursis de 7 ans c'est long, ça fait 7 ans que je suis en fonction,
22:31 donc ça fait un long sursis, pour le reste,
22:34 on peut toujours jouer à la politique du pire,
22:36 moi j'ai toujours joué à la politique du meilleur pour mon pays,
22:38 c'est quoi la politique du meilleur pour les Républicains ?
22:41 C'est d'aller voir le ministre de l'économie et des finances,
22:42 qui leur tend la main, dire voilà les économies que nous sommes prêts à faire,
22:45 voilà celles que nous vous proposons,
22:47 et si vous les faites, on vote avec vous,
22:48 ça c'est constructif, c'est le meilleur pour le pays.
22:51 Jouer la politique de la motion de censure, la chute du gouvernement,
22:55 ça va vraiment améliorer la vie de nos compatriotes ?
22:58 Moi tous les matins quand je rentre dans ce bureau,
23:00 ou quand je me déplace, je pense à nos compatriotes et à leur intérêt,
23:03 pas à dégagner le voisin.
23:04 Merci beaucoup Bruno Le Maire d'avoir réservé cette première réaction à la télévision,
23:07 à donc la dégradation de la note par Standard & Poor's.

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