• il y a 9 mois
Mercredi, Emmanuel Macron a consulté ses ministres et sa majorité pour évoquer le dérapage des finances publiques qui menace la crédibilité de la France à quelques semaines du verdict des agences de notation. Bruno Le Maire s'exprime sur ce sujet sur notre antenne.

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Transcription
00:00 -Il est l'invité du "Déj'info". Bonjour, Bruno Le Maire.
00:03 Merci d'avoir accepté de répondre.
00:05 Vous êtes actuellement au Pays basque.
00:08 C'est l'endroit où, me semble-t-il,
00:10 vous avez écrit votre livre "La voix française"
00:14 aux éditions Flammarion. On y reviendra.
00:17 Mais d'abord, vous cherchez à faire 30 milliards d'économies
00:21 en 2 ans, 50 milliards d'ici 2027.
00:24 On cherche donc une somme considérable.
00:27 Et nous, Français, on est tentés de se dire
00:30 que forcément, les impôts vont augmenter.
00:32 -Les impôts n'augmenteront pas.
00:35 C'est un engagement que nous avons pris
00:37 avec le président de la République.
00:39 Les impôts n'augmenteront pas, parce qu'ils sont très élevés.
00:43 Nous avons fait baisser depuis 2017.
00:45 Il serait incohérent, un tétac complet,
00:48 que nous avons baissé les impôts pendant 7 ans
00:50 et maintenant, nous les augmenterons.
00:53 Les impôts n'augmenteront pas. C'est une solution de facilité.
00:57 -Et une 2e chose, nous avons un cap très clair.
00:59 Revenir sous les 3 % de déficit public en 2027.
01:03 Il faut le faire avec méthode, il faut le faire sérieusement,
01:06 il faut le faire avec détermination,
01:08 mais il faut pas céder à je ne sais quelle précipitation
01:12 ou à je ne sais quelle inquiétude.
01:14 Il y a eu des recettes moins bonnes en 2023 que prévues.
01:18 Ca nous a amenés à prendre des décisions difficiles.
01:21 Trouver 10 milliards d'euros d'économies sur l'Etat,
01:25 ça demande des efforts aux administrations,
01:27 aux ministères, mais avec méthode, avec constance,
01:30 avec détermination, nous tiendrons cet objectif
01:33 de revenir sous les 3 % de déficit public,
01:36 de réduire la dépense publique et de la maintenir
01:39 là où elle est utile et efficace.
01:41 -Vous dites "les impôts n'augmenteront pas".
01:43 Permettez-moi de vous dire que ce tabou
01:46 est en train d'être levé peu à peu dans l'opposition,
01:49 mais aussi au sein de la majorité lienne.
01:51 Yelbronne Pivet, ce matin, disait pourquoi pas
01:54 instaurer des impôts sur les super-profits
01:57 dans les grandes entreprises ?
01:59 Qu'en dites-vous ?
02:00 -Mais nous l'avons fait.
02:03 Yelbronne Pivet a raison de rappeler
02:05 que nous avons mis en place, effectivement,
02:08 un prélèvement sur les rentes inframarginales,
02:11 c'est-à-dire les rentes des énergéticiens.
02:13 Nous n'avons jamais hésité.
02:15 De grandes multinationales faisaient des profits
02:18 très importants, pas parce qu'elles avaient investi,
02:21 modernisent leurs outils de production,
02:23 mais parce que les prix flambaient,
02:25 les prix de l'énergie, de l'électricité, du gaz.
02:28 Elles pouvaient se constituer des rentes.
02:31 Nous avons récupéré l'argent de ces rentes
02:33 pour le redistribuer aux Français
02:35 et financer le bouclier tarifaire sur l'électricité et le gaz.
02:39 Ca, ce n'est pas une augmentation d'impôts,
02:42 c'est rétablir de la justice sur les entreprises
02:44 qui ont des rentes, tout simplement,
02:47 parce que les prix flambent.
02:48 -Thomas, une question ?
02:50 La présidente de l'Assemblée, M. Le Maire,
02:52 s'est allée plus loin que ça, au-delà de l'énergie,
02:55 taxer les superdividendes.
02:57 Chaque année, vos copains du MoDem disent
03:00 qu'ils veulent intégrer ça dans le budget.
03:03 Dites-vous que pour le budget de 2025,
03:05 il n'y aura pas, c'est sûr, une taxation,
03:08 ce qu'on appelle, et je sais que vous n'aimez pas le mot,
03:11 de superdividende ?
03:13 -Il y aura, dans ce budget, comme il y en a eu en 2023,
03:19 une récupération des rentes
03:22 qui ont pu être faite par les énergéticiens.
03:24 -Donc pas plus que ça ?
03:26 -Je suis prêt à travailler aussi.
03:28 Non, pas plus que ça,
03:29 parce qu'il ne s'agit pas de dévier
03:31 de notre ligne de politique économique,
03:34 qui a donné des résultats de très bons résultats.
03:36 On parle de finances publiques.
03:38 C'est nécessaire et je pense qu'il est important
03:41 de rappeler la nécessité de revenir
03:43 sous les 3 % de déficit en 2027.
03:45 Je veux aussi rappeler que notre politique économique
03:48 est un pion d'emploi, elle permet d'ouvrir des usines,
03:51 de recréer des filières industrielles.
03:54 Il ne s'agit pas de changer de direction
03:56 de politique économique qui donne des résultats tangibles
03:59 que voient nos compatriotes, il s'agit simplement
04:02 de prendre acte que les recettes ont été moins bonnes
04:05 que prévues en 2023, de corriger cette moindre recette
04:09 que nous avons eue en 2023 pour pouvoir tenir l'objectif
04:12 qui est le nôtre en 2027.
04:14 Je le redis avec du calme, avec du sang-froid
04:17 et sans multiplier des propositions
04:19 qui nous feraient dévier de notre ligne de politique économique.
04:23 -Pour tenir cet objectif, Bruno Le Maire, de 2027,
04:27 il va donc falloir réduire les dépenses.
04:29 Lesquelles ?
04:30 -Il faut réduire les dépenses publiques.
04:35 Nous avons beaucoup dépensé face au Covid.
04:38 Je pense que... Je veux juste rappeler,
04:41 parce que c'est les mêmes qui vous disent
04:43 qu'on dépense trop, qui nous disent qu'on n'a pas dépensé
04:47 face au Covid et face à l'inflation.
04:49 Exactement les mêmes, sans cohérence.
04:51 Nous sommes, avec le président de la République,
04:54 cohérents et efficaces.
04:55 Nous avons protégé pendant le Covid.
04:57 Ca a coûté de l'argent, c'est de l'argent bien dépensé.
05:01 Nous avons protégé pendant la crise inflationniste
05:03 sur les facteurs d'électricité et de gaz.
05:06 C'était juste, c'était nécessaire, c'est de l'argent bien employé.
05:10 Maintenant, il faut réduire la dépense
05:12 pour reconstituer des réserves pour protéger les Français.
05:15 Il y a eu un gros déficit de dépenses
05:17 sur MaPrimeRénov', par exemple.
05:19 Nous avions prévu des montants très élevés pour 2024.
05:22 Nous maintenons des montants élevés,
05:24 mais nous disons qu'on va dépenser un peu moins.
05:27 On va se dire que l'objectif sera un peu moins ambitieux,
05:30 on va faire 800 millions d'euros de moins,
05:33 parce que les circonstances exigent
05:35 que nous puissions réduire la voilure.
05:37 On garde la même ambition climatique,
05:39 on garde des dispositifs de soutien,
05:42 mais on réduit la voilure pour tenir compte
05:44 de ce que prévue.
05:45 Ca s'appelle la responsabilité.
05:47 La responsabilité, ça n'est ni l'austérité,
05:51 ni le laisser aller.
05:52 C'est tenir nos objectifs de finances publiques
05:55 dans des circonstances qui sont plus difficiles.
05:57 Circonstances de finances publiques,
06:00 et chacun le voit bien, circonstances géopolitiques.
06:02 -Il va falloir tailler dans les dépenses sociales ?
06:05 Je pense à la santé, à l'assurance chômage,
06:08 à l'assurance retraite.
06:09 -Il ne s'agit pas de tailler,
06:14 il s'agit de faire des choses qui sont justes
06:16 et qui sont efficaces.
06:18 Prenez l'assurance chômage.
06:20 J'ai eu l'occasion de m'exprimer à plusieurs reprises.
06:23 Le Premier ministre a pris une position claire sur ce sujet.
06:26 Nous avons fait une 1re réforme de l'assurance chômage.
06:29 Nous avons réussi à faire baisser le taux de chômage
06:32 et augmenter le taux d'emploi.
06:33 Est-ce qu'il faut aller plus loin,
06:35 considérant qu'aujourd'hui,
06:37 vous pouvez avoir accès à 18 mois d'indemnisation
06:40 après seulement 2 ans de cotisation ?
06:42 La réponse est oui. Il ne s'agit pas de tailler,
06:44 il s'agit d'inciter au retour à l'emploi,
06:47 au travail, parce que le travail
06:49 est l'une des réponses les plus efficaces
06:51 à la question des déficits et de la dette.
06:54 Si nous avions le plein emploi, 5 % de taux de chômage,
06:57 que le plus grand nombre de Français travaillait,
06:59 nos problèmes de finances publiques seraient derrière nous.
07:03 Faire une nouvelle réforme de l'assurance chômage,
07:05 inciter à reprendre plus vite un emploi,
07:08 voilà une réponse structurelle à la question des finances publiques.
07:12 Elle est nécessaire, elle est défendue par le Premier ministre.
07:15 -Avec ça, on trouve 30 milliards ?
07:17 -Je ne vais pas donner des chiffres,
07:21 je vous vois des chiffres complètement fantaisistes
07:24 qui peuvent circuler ici ou là.
07:26 Nous verrons au moment où nous examinerons le budget 2025
07:29 quelles sont les économies qu'il faut faire,
07:32 quel est le montant exact.
07:33 Je ne peux donner aucun chiffre précis.
07:36 Je vais voir la semaine prochaine
07:37 l'ensemble des présidents de groupes à l'Assemblée nationale,
07:41 on va discuter avec eux,
07:42 on a déjà fait 10 milliards d'euros d'économies,
07:45 nous sommes sortis du bouclier tarifaire sur l'électricité,
07:48 du bouclier tarifaire sur le gaz.
07:50 Personne ne nous a soutenus.
07:52 Les mêmes qui nous disent qu'il faut réduire plus vite les déficits,
07:56 pourquoi ne pas tailler la dépense,
07:58 sont exactement les mêmes qui ont refusé de faire des économies
08:01 et refusé de soutenir les économies
08:03 que le président, le Premier ministre et moi-même avons mises en oeuvre.
08:08 Que chacun vienne avec des propositions d'économies
08:11 et ensuite, celles les plus efficaces.
08:13 -On a du mal à voir où vous allez trouver ces 30 milliards.
08:16 Vous avez tellement de tabous.
08:18 Vous ne voulez pas taxer les riches,
08:20 le superdividende,
08:22 vous ne voulez pas toucher, vous avez peut-être le confirmé,
08:25 aux aides aux logements.
08:27 Est-ce que vous n'avez pas trop de tabous, de dogmes ?
08:30 -Ce ne sont pas des tabous,
08:34 ce sont des lignes directrices de politique.
08:38 Si vous commencez à changer votre politique économique,
08:41 vous allez aller dans le mur.
08:43 On ne va pas augmenter les impôts dans un pays
08:45 qui a les impôts les plus élevés de tous les pays développés.
08:49 C'est une solution de facilité,
08:50 comme s'il n'y avait pas des économies
08:53 qui pouvaient être faites sur certaines dépenses.
08:55 C'est la bonne solution ? Je ne crois pas.
08:58 Quand on ralentit certaines dépenses,
09:00 quand on dit que ce compte personnel de formation,
09:03 il y aura un reste à charge,
09:05 pas pour ceux qui sont au chômage,
09:07 mais qui ont déjà un emploi,
09:08 on leur dit de prendre une formation,
09:11 c'est très bien, mais il faudra en payer une partie.
09:13 C'est une économie juste et responsable.
09:16 Quand on voit que vous avez sur le compte personnel
09:19 des permis moto qui sont financés,
09:21 c'est très bien, mais demander un reste à charge
09:23 à la personne qui se forme, qui a un emploi,
09:26 pour passer son permis moto,
09:28 ça ne me paraît pas d'une brutalité extrême,
09:30 ça me paraît juste, nécessaire,
09:32 et ça construit des économies
09:34 pour rétablir nos comptes publics.
09:36 -Guillaume Pallet, une question ?
09:38 -Bonjour. Est-ce que vous n'allez pas être contraints
09:41 de faire de mauvaises annonces dans les prochains jours ?
09:44 On en a déjà parlé hier.
09:45 Ce sont les agences de notation
09:47 qui vont se prononcer sur la note de la France
09:50 fin avril et fin mai.
09:52 C'est demain. Est-ce que les mauvaises nouvelles
09:55 ne vont pas arriver plus vite que prévu ?
09:57 On commence à entendre dire
09:58 que la réduction de la durée de l'indemnisation chômage
10:02 est une piste qui tient la corde.
10:04 On a une presse de 18 à 14, voire 14,5 mois.
10:06 Est-ce que ça pourrait être annoncé très vite ?
10:09 -Je veux rétablir un certain nombre de choses.
10:12 Nous ne prenons pas ces décisions
10:14 pour les agences de notation.
10:16 Je les prends pour les Français.
10:18 Toutes celles et tous ceux qui nous écoutent
10:20 savent pertinemment que lorsqu'il y a moins d'argent qui rentre,
10:23 il faut dépenser moins.
10:25 Ca s'appelle le bon sens et la responsabilité.
10:28 Donc oui, nous avons, avec le président de la République,
10:31 décidé 10 milliards d'euros d'éco-debits.
10:33 Sur cette politique publique,
10:35 sur cette autre politique publique,
10:37 par exemple sur la formation,
10:38 on va dépenser un peu moins que prévu.
10:41 Au total, on fait 10 milliards d'euros d'éco-debits.
10:44 C'est la responsabilité.
10:45 Deuxième chose, la réforme de l'indemnisation du chômage.
10:48 Là aussi, nous ne la faisons pas pour plaire à qui que ce soit,
10:52 aux agences de notation.
10:53 Ca fait des mois que je dis qu'il faut aller plus loin
10:56 sur l'indemnisation du chômage.
10:58 Il faut inciter le plus grand nombre de nos compatriotes
11:01 à se faire un peu plus loin.
11:03 Si vous avez une durée d'indemnisation trop longue,
11:06 ce n'est pas une incitation à reprendre un travail.
11:09 Tous ceux qui travaillent aujourd'hui
11:11 savent que c'est eux qui créent la prospérité du pays,
11:14 qui financent notre modèle social
11:16 et qui nous permettent d'avoir un Etat qui protège.
11:19 Travailler sur l'indemnisation du chômage,
11:21 c'est renforcer un Etat qui protège,
11:23 financer nos services publics
11:25 et rétablir l'équilibre de nos comptes.
11:28 -Vous êtes prêt à assumer le coût politique
11:30 de la note de la France par une agence souveraine
11:33 pour préserver les Français ?
11:35 Est-ce que c'est ça, l'idée ?
11:36 -Non, l'idée, c'est de tenir nos objectifs,
11:39 revenir sur les 3 % de déficit en 2027,
11:42 baisser la dette publique,
11:44 parce que la charge de la dette,
11:46 quand les taux d'intérêt sont plus élevés,
11:48 augmente et c'est de l'argent jeté par les fenêtres,
11:51 et préserver un Etat qui protège,
11:54 un Etat qui vous permet d'avoir des services publics
11:57 qui fonctionnent bien,
11:58 en étant capable de dépenser mieux.
12:00 C'est un Etat capable qui est le nôtre.
12:02 Je trouve étonnant de voir à quel point
12:05 le sujet des finances publiques,
12:07 qui a été ignoré par beaucoup de monde,
12:09 en particulier dans les oppositions,
12:11 qui n'ont cessé de proposer des dépenses,
12:14 tout d'un coup, quand il y a un problème de parcours,
12:17 parce que les recettes sont moins bonnes,
12:19 tout le monde se jette dessus,
12:21 en se disant qu'on va semer la panique
12:23 auprès de nos compatriotes.
12:25 C'est totalement irresponsable.
12:27 Gardons notre sang-froid, il y a moins de recettes,
12:30 plus d'économies qu'a été prévu,
12:32 discutons-en avec toutes les oppositions,
12:34 on le fera la semaine prochaine,
12:36 définissons le montant d'économies que nous voulons faire,
12:39 définissons où nous faisons les économies,
12:42 quand et comment,
12:43 et prenons les décisions nécessaires.
12:45 Faisons les choses en bon ordre.
12:47 -Le maire, vous parlez des oppositions.
12:50 Elles vont vous dire
12:51 qu'il faut réduire l'aide médicale pour les étrangers,
12:54 qu'il faut rétablir l'ISF.
12:56 Est-ce que ce sont des options sur la table ?
13:00 -C'est pas du tout à la hauteur des enjeux.
13:02 Ca n'est pas du tout à la hauteur des enjeux.
13:05 L'aide médicale d'Etat, qu'il fallait mieux la contrôler,
13:08 s'assurer qu'elle va à ceux qui en ont besoin,
13:11 nous le faisons, et c'est nécessaire.
13:13 Mais l'aide médicale d'Etat, je le rappelle,
13:16 c'est à peine un peu plus d'un milliard d'euros.
13:19 Les dépenses de santé, c'est 240 milliards d'euros.
13:22 Nous avons le courage, dans la majorité,
13:24 et je salue le soutien de la majorité,
13:26 de prendre des décisions
13:28 plus efficaces et qui concernent notre esprit de responsabilité.
13:33 Quand nous décidons, par exemple,
13:35 que nous allons augmenter la franchise de 50 centimes
13:38 à 1 euro pour les boîtes de médicaments,
13:40 sans toucher aux personnes en affection de longue durée,
13:44 qui ont besoin de médicaments, on maintient le plafond à 50 euros.
13:47 Pour que chacun se sente responsable,
13:49 consomme moins de médicaments,
13:51 qui traînent dans les armoires pharmacie,
13:54 ce sont des décisions responsables
13:56 qui permettent de construire un modèle de santé
13:58 plus responsable, qui protège ceux qui sont les plus malades,
14:01 mais qui responsabilise ceux qui le sont moins
14:04 et qui ont moins besoin du soutien.
14:06 C'est mieux que de prendre des boucs émissaires.
14:09 -Les oppositions ont des mots très durs.
14:11 Marine Le Pen, "Les erreurs économiques de la Macronie
14:14 "mènent notre pays directement à la ruine."
14:16 Le patron des Républicains, votre ancien parti,
14:19 pense que la France va être bientôt
14:21 comme la Grèce, il y a quelques années.
14:23 Ils disent la même chose, que vous avez menti,
14:26 que ce budget est insincère, et la preuve,
14:28 le déficit public, qui était à 4,9 %,
14:31 pourrait atteindre, vous me direz oui ou non,
14:34 5,6 ou 5,7 %.
14:37 Est-ce que vous avez été trop optimiste ?
14:39 Est-ce que vous avez minimisé la crise économique ?
14:42 -Absolument pas. Je rappelle que sur nos évaluations de croissance,
14:49 en janvier 2024, ça ne remonte pas assez longtemps,
14:53 parce que la CEDE et la Commission européenne disaient
14:55 que la France ferait 1,2 ou 1,3 de croissance.
14:58 Nous, nous avions prévu 1,4.
15:00 Ca, on l'a révisé en février,
15:02 parce que le contexte géopolitique était plus tendu
15:05 et qu'il y a eu un ralentissement de la croissance.
15:07 Mais nos évaluations étaient très proches
15:10 des des grands organismes internationaux,
15:12 début 2024. L'Allemagne,
15:14 on ne peut pas soupçonner d'être laxiste en la matière,
15:17 a révisé sa croissance en février,
15:20 de 1,1 point en moins, de 1,3 à 0,2.
15:23 Est-ce qu'on va reprocher aux Allemands d'avoir menti
15:26 ou d'avoir fait preuve de laxisme ? Non.
15:29 Il n'y a aucun laxisme chez nous, mais le sens des responsabilités.
15:32 Quand on voit que la croissance ralentit
15:35 à cause du contexte géopolitique, nous en tirons les conséquences.
15:38 Quant aux oppositions que vous citez,
15:40 de qui se moque-t-on ? De qui se moque-t-elle ?
15:43 M. Chioti et le groupe Les Républicains
15:45 ont déposé, dans le budget 2024,
15:47 1740 amendements représentant
15:50 124 milliards d'euros de dépenses supplémentaires.
15:53 Il a refusé de soutenir
15:55 la sortie du bouclier tarifaire sur l'électricité,
15:58 qui représente 16 milliards d'euros d'économie.
16:01 De qui se moque-t-on ?
16:02 Madame Le Pen, qui veut jouer sur tous les tableaux,
16:05 n'a cessé de proposer un programme gauchiste,
16:09 où il n'y a que de la dépense supplémentaire,
16:11 et aucune économie crédible, sauf sur les étrangers.
16:14 Elle propose d'exonérer les moins de 30 ans
16:17 de tout impôt sur le revenu.
16:18 Elle propose des baisses de TVR,
16:20 la nationalisation des autoroutes.
16:22 Ca représente plus de 100 milliards d'euros
16:25 de dépenses supplémentaires par an.
16:27 De qui se moque-t-on ?
16:28 C'est pas ma conception.
16:30 -M. le ministre, il sera combien, le déficit public ?
16:32 -En fonction des circonstances. -Il sera combien, le déficit public ?
16:36 On a vu hier, un sénateur républicain,
16:38 M. Huisson, qui est venu dans vos bureaux,
16:40 qui est venu à Bercy, pour dire
16:42 "C'est pire que ce que je pensais."
16:43 Le déficit sera peut-être à 5,7 %.
16:46 Est-ce qu'il a raison ?
16:47 -Bien, nous verrons qui aura raison mardi prochain.
16:51 Je pense très sincèrement
16:54 que la responsabilité du ministre de l'Economie et des Finances,
16:57 c'est de fixer une direction,
17:00 la réduction des déficits et de la dette,
17:02 de tenir cette direction,
17:04 de ne pas céder à la facilité de l'augmentation des impôts,
17:09 et de dénoncer les incohérences
17:11 de toutes celles et de tous ceux qui, depuis des années,
17:14 pendant la crise du Covid, pendant la crise de l'inflation,
17:16 n'ont eu de cesse de me demander des dépenses supplémentaires,
17:20 et qui, aujourd'hui, trois semaines plus tard,
17:22 après avoir proposé ces dépenses supplémentaires,
17:24 nous disent "Il faut faire des économies."
17:26 Où est la cohérence et où est la vérité ?
17:29 Nous, avec le président de la République,
17:31 avec la majorité, depuis 2017,
17:33 nous avons une direction et nous nous y tenons.
17:37 Créer du travail, du travail, du travail, du travail,
17:40 pour tout le monde.
17:41 Créer de nouvelles filières industrielles,
17:43 réduire la dépense publique là où elle n'est pas efficace,
17:46 pour revenir sous les 3% de déficit en 2027.
17:50 Nous tiendrons cette ligne coûte que coûte.
17:53 Bruno Le Maire, est-ce que certains secteurs seront protégés ?
17:56 Oui, il y a des secteurs qui seront protégés.
18:01 Lesquels ?
18:01 Prenez la défense.
18:03 Chacun voit bien le nouveau contexte géopolitique actuel,
18:06 le retour de la guerre en Ukraine,
18:08 les menaces qui peuvent peser aujourd'hui sur l'Europe.
18:12 Je serais irresponsable de dire que nous allons renoncer
18:16 à des équipements militaires qui sont indispensables
18:18 pour nous protéger.
18:20 Mais si vous trouvez un seul Français
18:24 qui estime qu'on ne peut pas faire d'économie
18:26 sur la dépense publique,
18:28 qu'on ne peut pas faire mieux en dépensant moins,
18:30 vous me le présentez.
18:31 Parce que tous nos compatriotes sont parfaitement lucides
18:34 sur le fait que l'on peut réduire la dépense publique
18:37 de manière volontariste
18:39 et offrir un même service de qualité à nos compatriotes.
18:43 Ils sont parfaitement lucides sur le fait que parfois,
18:46 on dépense trop, trop facilement,
18:47 et qu'il faut savoir réduire la voilure
18:50 quand le temps est plus difficile.
18:52 Je pense que ce que nous proposons,
18:53 y compris par une immense majorité de Français
18:56 qui sont attachés à leur service public,
18:57 ils ont raison.
18:58 Attachés à la protection de notre modèle social,
19:01 ils ont raison.
19:02 Attachés à leur sécurité, c'est fondamental.
19:04 Mais qui savent parfaitement qu'on peut réduire cette dépense
19:09 sans que ça les touche au quotidien
19:10 et sans que ça rende leur vie plus difficile.
19:12 -Bruno Le Maire, j'ai une dernière question.
19:14 Dans votre livre "La voie française"
19:16 aux éditions Flammarion,
19:18 vous parlez d'un Big Bang social.
19:19 Vous en profitez également pour vous positionner
19:21 sur la place de l'Europe face à la Chine, aux Etats-Unis.
19:24 Est-ce que c'est un livre-programme
19:26 en vue d'une échéance électorale,
19:29 je pense, au hasard, à 2027 ?
19:31 -Vous voyez bien que la circonstance actuelle,
19:36 ce serait tout à fait indécent de se projeter en 27,
19:38 alors que nous avons beaucoup de sujets à régler en 24.
19:40 En revanche, "La voie française",
19:43 c'est un livre d'optimisme.
19:45 On entend un avion qui décolle juste derrière nous,
19:50 qui peut être le symbole de cet optimisme et de cette volonté,
19:53 je crois profondément dans notre pays.
19:54 Je pense qu'il a absolument tout pour réussir au XXIe siècle.
19:58 Il peut être une grande nation industrielle,
20:01 il peut être le champion de l'intelligence artificielle
20:03 au niveau européen,
20:05 il peut offrir un modèle aussi de protection
20:07 des plus fragiles et de ceux qui sont le plus en difficulté,
20:10 pourvu que nous ayons le courage de prendre un certain nombre
20:12 de décisions qui sont nécessaires.
20:15 Je les présente dans "La voie française"
20:17 avec beaucoup d'optimisme, beaucoup d'enthousiasme,
20:20 parce que moi, je connais peu de pays comme la France
20:22 et peu de peuples comme les Français
20:24 qui ont autant d'atouts entre leurs mains et autant de qualités
20:26 pour réussir dans les années qui viennent.
20:28 -Merci, Bruno Le Maire, d'avoir répondu à nos questions
20:30 dans le "Déj'info". Je rappelle, votre engagement
20:33 il n'y aura pas de hausse d'impôt. Merci.

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