Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, était l’invité de BFM Politique ce dimanche.
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00:00 cette conférence sociale, elle est bienvenue.
00:03 Elle est particulièrement bienvenue. Pourquoi ?
00:05 Parce que vous avez encore deux problèmes structurels,
00:07 à mon sens, parmi d'autres peut-être,
00:09 c'est aux partenaires sociaux de s'en saisir,
00:11 qui doivent être réglés.
00:12 Le premier problème, c'est le nombre de branches
00:15 dans lesquelles le salaire de référence est sous le SMIC.
00:19 Elles sont, je crois, une soixantaine sur 172.
00:22 C'est inacceptable.
00:23 Je trouve ça profondément injuste.
00:25 - Mais ça fait six mois que vous dites que c'est inacceptable.
00:26 - Concrètement, mais justement, cette conférence sociale,
00:28 elle doit permettre de régler ce problème.
00:30 C'est aux entrepreneurs, c'est aux entreprises,
00:32 aux partenaires sociaux de régler ce problème.
00:33 Mais qu'est-ce qu'il veut dire ce problème ?
00:35 C'est-à-dire que vous êtes embauché,
00:36 si vous êtes dans une branche où le salaire de référence
00:39 est sous le SMIC, pendant des années et des années,
00:42 vous allez stagner au niveau du SMIC.
00:44 - C'est complètement désespérant.
00:45 - C'est six mois qu'on vous entend, que par exemple, la CGT dit
00:48 qu'il faut qu'il y ait une contrepartie avec les branches
00:50 dont les minimas sont en dessous du SMIC,
00:52 il faut arrêter de leur verser un certain nombre d'aides.
00:53 Et à chaque fois, le gouvernement dit
00:54 "non, non, on va voir, il faut laisser les partenaires sociaux".
00:56 - Oui, après, lorsque l'État se saisit du sujet,
00:59 on dit "ben, c'est pas votre sujet, c'est celui des partenaires sociaux".
01:01 Et lorsqu'il s'en saisit pas, on dit "il fait pas son devoir".
01:03 - Donc là, vous prendrez vos responsabilités.
01:04 - Là, au moins, les choses avancent.
01:06 Il y a cette conférence sociale qui est un des résultats
01:08 concrets, attendus et bénéfiques de cette rencontre
01:12 entre le président de la République et les chefs de parti,
01:14 qui, à mon sens, est une véritable opportunité
01:17 et un bon chemin pour avoir plus de dialogue
01:20 et un petit peu moins de conflits dans la vie politique française.
01:23 La deuxième question qui est essentielle,
01:25 c'est celle des trappes à bas salaire ou la smicardisation
01:28 qui résultent des allègements de charges.
01:31 Qu'est-ce que je veux dire par allègements de charges ?
01:32 C'est très positif, c'est très favorable.
01:34 Ça a permis d'embaucher massivement
01:37 des centaines de milliers de salariés en France,
01:39 alors qu'avant, le coût du travail était trop élevé.
01:42 Le fait que nous mettions ces allègements de charges
01:44 de manière définitive et pas sous forme de crédit d'impôt en 2017,
01:47 ça a été une décision structurelle du quinquennat Macron
01:51 et ça nous a permis de développer l'emploi.
01:53 Mais il y a une difficulté,
01:54 c'est que la pente des allègements, pardon d'être un petit peu technique,
01:57 entre le smic et au-dessus du smic, elle est trop raide.
02:00 Au niveau du smic, c'est 0% de charges
02:02 et dès que vous commencez à augmenter les salaires,
02:04 les charges augmentent de manière très forte jusqu'à atteindre 36%.
02:08 Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
02:09 Ça met juste Marion Mourgue le raisonnement parce qu'il est très important.
02:12 Un entrepreneur du bâtiment, des travaux publics,
02:15 de l'hôtellerie, de la restauration,
02:17 qui a 5 ou 10 salariés, qui paye ses salariés au niveau du smic,
02:20 zéro charge, il veut l'augmenter parce qu'il trouve que le gars fait bien son job.
02:25 Tout de suite il va payer plus de...
02:26 Traduisons pour ceux qui nous regardent.
02:27 Tout de suite, s'il augmente de 200 euros son salarié,
02:30 il va payer près de 400 euros, 376.
02:32 Traduisons pour ceux qui nous regardent, les baisses de charges.
02:34 Il ne peut pas se le permettre, il ne le fait pas.
02:36 Du coup, l'entrepreneur n'arrive pas à donner ce qu'il voudrait donner
02:39 et le salarié est déçu parce qu'il n'a pas d'augmentation salariale.
02:42 Justement Bruno Le Maire, vous êtes bien en train d'expliquer
02:44 que tous les salaires sont liés, c'est une question générale.
02:46 Alors pourquoi ne pas élargir la conférence sociale
02:49 à l'ensemble des salaires ?
02:50 Parce que ce serait une erreur économique.
02:52 Et je pense qu'il faut l'expliquer avec beaucoup de clarté.
02:56 Pourquoi ce serait une erreur ?
02:57 Parce que si vous décidez d'augmenter tous les salaires,
03:01 il y avait une proposition qui est d'indexer les salaires sur l'inflation.
03:04 Quand on regarde salaire juste, on se dit tiens, c'est peut-être la bonne idée.
03:08 Moi je comprends parfaitement ceux qui disent,
03:09 les salaires aujourd'hui il faudrait qu'ils soient tous indexés sur l'inflation.
03:13 Mais qu'est-ce qui va se passer ?
03:15 1) ça va renchérir le coût du travail pour des entreprises qui vont dire
03:18 désolé, moi je ne peux pas suivre, je n'ai pas les moyens, je licencie.
03:21 On va perdre des emplois et on va s'éloigner de notre objectif
03:24 qui est que chaque Français puisse trouver facilement un travail.
03:27 2) on l'a connu pendant les années 70,
03:30 les salaires étaient indexés sur l'inflation.
03:32 Qu'est-ce qui se passe ?
03:33 Les entreprises qui ne peuvent pas amortir ce coût supplémentaire
03:36 augmentent le prix de vente de leurs produits,
03:38 on ne se sort pas de l'inflation et on se paye 10 années d'inflation.
03:42 Nous avons deux objectifs économiques,
03:44 sortir de l'inflation, objectif économique immédiat,
03:47 atteindre le plein emploi, objectif d'ici l'année 2027.
03:50 Pour tenir ces objectifs et nos promesses, on ne peut pas faire cet exercice.
03:54 Pour être très clair avant une question d'Amandine sur cette initiative du Président,
03:57 la conférence sociale c'est les bas salaires, rien que les bas salaires, rien d'autre.
04:02 C'est les bas salaires, c'est la question de cette smicardisation de la société française
04:06 qui est déprimante, c'est comment dans le fond,
04:09 on recrée de la dynamique salariale dans le pays.
04:11 Seulement pour les bas salaires, donc à tous les autres vous dites
04:13 ça c'est en entreprise mais non on ne s'en occupera pas.
04:15 Ces fameuses classes moyennes qui sont au-dessus,
04:18 qui considèrent qu'elles sont trop pauvres pour vivre bien
04:21 mais trop riches pour bénéficier des aides sociales,
04:23 il n'y aura pas de sujet pour elles à la conférence sociale.
04:25 Ce sera la conférence sociale de regarder si elle veut élargir le sujet,
04:28 si cette question des allègements...
04:30 Donc ce n'est pas fermé.
04:31 Si vous ne commencez pas une conférence en étant fermé,
04:34 il faut commencer une conférence en étant ouvert.
04:36 De manière générale en politique, il vaut mieux être ouvert.
04:38 Si vous êtes fermé, il faut changer de métier.