Standard & Poor's, la plus influente des agences de notation, doit rendre son verdict ce vendredi sur la dette française. Après une première dégradation de note de l'agence Fitch, la France craint une nouvelle dégradation.
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00:00 Nicolas Dose, l'agence américaine Standard & Poor's va livrer ce soir son verdict sur la note de la France.
00:05 Toute première question, c'est quoi cette note ?
00:07 Cette note, c'est une note qui traduit la solvabilité du pays,
00:10 c'est-à-dire la capacité de la France à rembourser sa dette publique dans les temps.
00:15 Là, on va payer ce mois-ci des titres émis à peu près il y a 8 ans,
00:18 qui arrivent à échéance juillet 2023.
00:21 Cette note, elle va en fait marquer la confiance que l'on peut accorder à un pays
00:26 comme la France pour décider de lui prêter ou de ne pas lui prêter d'argent.
00:29 Il y a trois grandes agences de notation dans le monde,
00:32 Standard & Poor's, la plus connue, Fitch et Moody's.
00:35 Elles disposent toutes les trois d'une grille de notation d'une vingtaine de notes
00:38 qui vont de triple A, le fameux triple A, à la note D.
00:43 Et avec ces notes-là, à côté de ces notes, s'ajoute un qualificatif.
00:47 Perspective stable, perspective négative, perspective positive
00:51 sur la note de dette souveraine d'un État.
00:54 Et actuellement, chez Standard & Poor's, on est noté double A.
00:58 C'est comme à la fin de l'année scolaire, on n'aime pas trop
01:00 quand le dernier bulletin de l'année n'est pas bon et que la note se dégrade.
01:03 L'agence Fitch avait dégradé la note de la France fin avril.
01:06 Qu'est-ce qui va se passer ce soir si Standard & Poor's nous dégrade à son tour ?
01:10 Ce soir, rien. Ce soir, absolument rien.
01:13 Quand Fitch nous a dégradé, on n'a pas vu le taux d'emprunt de la France s'envoler.
01:17 Absolument pas. Il n'a d'ailleurs quasiment pas bougé.
01:19 On n'a pas non plus vu l'écart de taux entre le prix auquel la France s'endette
01:24 et le prix auquel l'Allemagne s'endette. On n'a pas vu cet écart se creuser.
01:27 Donc on s'en fitche ?
01:29 On s'en fitche aujourd'hui.
01:31 Si Standard & Poor's nous dégrade de double A à double A moins,
01:34 on passe de 17 sur 20 à 16 sur 20.
01:36 On reste quand même un restaurant deux étoiles, même si la carte est un peu dégueulasse.
01:40 Mais on s'en fitche à court terme.
01:43 Après, le problème évidemment, c'est le prix auquel la France s'endette.
01:48 Plus le taux monte, plus les intérêts que nous remboursons sont importants.
01:53 Et nous ne sommes pas loin du moment où les intérêts que nous remboursons tous les ans
01:57 deviendront la première dépense de l'État français devant l'éducation nationale, 60 milliards d'euros.
02:02 À long terme, évidemment, c'est un signe de la dégradation de nos finances publiques.
02:05 On n'a pas eu un budget équilibré depuis 49 ans.
02:08 Maintenant, l'impact, il est politique.
02:10 Ça veut dire quoi si on dégrade ?
02:11 Ça veut dire que la confiance dans la capacité démoniale que Macron a à réformer le pays s'en va.
02:16 Ça veut dire que le climat social dégradé de la France inquiète.
02:20 Ceux qui nous prêtent de l'argent, ils veulent être remboursés.
02:23 Ils détestent au plus haut point l'instabilité sociale et l'instabilité politique.
02:27 Et objectivement, l'absence de majorité fait que nous sommes dans une impasse politique.
02:31 Et le deuxième risque politique, c'est que là, on risque de s'éloigner de l'Allemagne,
02:34 des pays du Nord, des pays vertueux de la zone euro.
02:36 Et on partage la même monnaie.
02:37 Donc le risque, il est plutôt à moyen-long terme et plutôt politique.
02:41 Ce soir, il ne se passera rien si on passe de double A à double A.
02:44 Même 16 sur 20, c'est une bonne note, Nicolas, vous le disiez.
02:46 Et pourtant, la France a des comptes publics qui sont très dégradés.
02:49 Comment ça se fait ?
02:50 Alors, on continue à remplacer notre dette sans aucun problème, pour trois raisons principales.
02:55 Notre pays est celui qui a une réputation mondialement reconnue pour lever l'impôt.
02:59 On lève l'impôt mieux que personne.
03:01 On envoie des agents du fisc à l'étranger pour donner des cours aux services fiscaux
03:05 des autres pays pour savoir comment on lève l'impôt.
03:07 Ensuite, on a une épargne financière des ménages très importante, 4 700 milliards d'euros.
03:12 Un pays qui a 4 700 milliards d'euros d'épargne liquide ne fait pas défaut.
03:16 Et puis, on a parti à l'euro.
03:17 Évidemment qu'on a la signature de l'Allemagne.
03:19 Évidemment qu'on bénéficie de la crédibilité de la BCE.
03:22 Je peux vous assurer que si on était en franc et pas en euro, il n'y aurait pas eu de quoi qu'il en coûte.
03:25 Et ça fait belle l'heurette qu'on aurait été très sérieusement dégradés.
03:28 Et par ailleurs, est-ce qu'on peut vraiment se fier à ces agences de notation qui, on le rappelle,
03:32 ont un peu été accusées d'avoir contribué à la crise financière de 2008 ?
03:35 C'est très, très différent.
03:36 Là, elles ne gagnent pas d'argent pour noter les États.
03:38 Et il ne faut pas comparer la notation souveraine qui est fiable avec ce qui s'est passé en 2008.
03:42 Oui, à l'époque, elles ont totalement failli en notant aveuglément, triple A,
03:46 des produits financiers complètement toxiques venant des États-Unis
03:49 qui allaient gangréner la finance mondiale.
03:51 Là, un procès vaut le coup.
03:52 Mais sur les notes de dette souveraine, les avis des agences sont plutôt crédibles.