• il y a 11 heures
Après des années de déficits records, une dette abyssale et une vague de faillites, le vote du budget est en passe de faire tomber le jeune gouvernement de Michel Barnier avec une motion de censure pour contrer un possible 49-3.
L’économie française semble à un tournant critique avec un dilemme agité par les médias : poursuivre la chute avec les mêmes au pouvoir ou prendre le risque du "dégagisme" qui inquiète tant les marchés financiers.

Dans ce nouveau numéro du Samedi Politique, nous analysons les choix économiques des dirigeants politiques leurs conséquences : récession imminente, chômage en hausse, accords controversés avec le MERCOSUR, et dettes qui explosent.

Mais les défis ne s’arrêtent pas aux frontières nationales. À l’international, le retour de Donald Trump et l’essor des BRICS reconfigurent le paysage économique mondial. La France et l’Europe sont-elles prêtes à affronter ces bouleversements ?

Pour y voir plus clair, nous recevons Marc Touati, économiste, auteur notamment de "Reset : quel nouveau monde pour demain ?" et "Reset Tome II : bienvenue dans le monde d’après", et président du cabinet de conseils ACDEFI, qui nous livre son analyse pointue sur :

Les finances publiques françaises : déficit, dette et coût des intérêts
Les mensonges autour des vrais coûts de l’État
L'inflation, la hausse des taux et l’avenir de l’euro
Les conséquences du retour de Trump pour l’Europe et la France
Les ambitions des BRICS et leurs impacts sur le dollar et l’économie mondiale

💬 Une analyse indispensable pour comprendre les défis économiques d’aujourd’hui et de demain.
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Transcription
00:00TVL lance sa campagne de dons pour l'année 2025. Participez maintenant.
00:06TVL, la liberté à tout prix.
00:30Générique
00:40Générique
00:52Bonjour à tous. Je suis ravie de vous retrouver pour ce nouveau numéro du samedi politique.
00:58Ces dernières semaines, nous avons beaucoup parlé des guerres qui secouent notre monde.
01:02Aujourd'hui, nous allons parler d'un autre terrain en crise, l'économie.
01:05Alors, entre les finances françaises marquées par le déficit, la dette et la récession,
01:10et l'économie mondiale en mutation, à quoi s'attendre ?
01:14Beaucoup de questions sont soulevées. Nous allons tenter d'y répondre et d'y voir plus clair.
01:17Mais avant toute chose, comme chaque semaine, je compte sur vous pour le succès de cette émission.
01:21Pensez donc à la relayer, bien entendu. Pensez surtout à cliquer sur le petit pouce en l'air.
01:26C'est très important pour moi. Et puis, je vous retrouve tout de suite dans les commentaires. On est partis.
01:31Générique
01:42Et à mes côtés aujourd'hui, Marc Twaty. Bonjour, monsieur.
01:45Bonjour, Élise. Bonjour à toutes et à tous.
01:46Merci beaucoup d'être avec nous. Vous êtes économiste, président et fondateur du cabinet de conseil à ces défis.
01:51Ça veut dire aux commandes de l'économie et de la finance.
01:54Tout à fait.
01:55On peut vous retrouver tout de suite, d'ailleurs, sur YouTube, sur votre chaîne qui atteint les 200 000 abonnés.
02:00C'est une chaîne éponyme, Marc Twaty, tout simplement.
02:02Vous avez publié aussi de très nombreux ouvrages. Et je ne citerai, vous me pardonnerez, que les deux derniers.
02:06Oui, ça suffit.
02:07Les deux derniers. Reset, quel nouveau monde pour demain. Et le tome 2, Reset, bienvenue dans le monde d'après.
02:13Alors, Marc Twaty, pour commencer, on voit que la situation française est extrêmement précaire, avec un gouvernement menacé d'être renversé.
02:21Les médias insistent sur les conséquences économiques d'un tel choix politique.
02:26Comment observez-vous, justement, cette situation française ?
02:29C'est tout simplement dramatique. Je pense qu'il faut dire les choses.
02:32Alors, ce n'est pas simplement lié à la motion de censure ou autre.
02:36C'est que la tempête économique et financière a déjà commencé depuis plusieurs mois, malheureusement.
02:40Alors, on a un petit peu masqué la réalité.
02:42Encore quelques semaines, M. Bruno Le Maire nous disait que c'était les 30 glorieuses, que c'était le retour du plein emploi, etc.
02:48On voit bien que nous en sommes très très loin.
02:50Donc, c'est tout le problème, c'est que nous avons une situation où la France, depuis deux ans déjà,
02:54c'est le seul pays de la zone euro qui augmente son déficit public.
02:58Alors que tous les pays font des efforts pour réduire le déficit,
03:00parce que, bon, bien sûr, pendant le coronavirus, tout le monde a fait plus ou moins la même chose.
03:04On a laissé les comptes déraper.
03:06Et ensuite, on s'est dit, bon, il faut stopper la machine, il faut un petit peu calmer le jeu.
03:10Sauf nous. Nous, on a continué ce dérapage.
03:12Et il s'est même aggravé ces deux dernières années.
03:15Et sur ce, évidemment, est venue cette récession qui est en train d'arriver.
03:19On voit des plans de licenciement.
03:20Donc là aussi, ça ne tombe pas du ciel.
03:22Ce ne sont que les conséquences des erreurs de la gestion politique du pays depuis déjà plusieurs années.
03:27Bon, ça fait plusieurs décennies que ça dure, mais ces dernières années, ça a été aggravé, bien entendu.
03:31Et donc, c'est là qu'est le drame.
03:33C'est que depuis 2020, on a une dette publique qui a augmenté de 850 milliards d'euros.
03:38Nous sommes complètement folles.
03:40Et sur la même période, le PIB en valeur, ça veut dire la richesse qu'on crée en France,
03:44n'a augmenté que de 450 milliards.
03:47Donc, on a mis 850 de dette pour récupérer 450 de création de richesse.
03:51Il manque 400 milliards.
03:53On dirait les pré-Covid.
03:54Voilà, c'est exact.
03:55Mais c'est complètement fou.
03:56C'est-à-dire que si vous prenez un de nos voisins, l'Allemagne,
03:58qui a fait sur cette même période, effectivement,
04:00elle a réussi à augmenter son PIB autant que la dette.
04:04Là, ça passe.
04:05Mais là, aujourd'hui, autant d'écarts, ça ne s'est jamais vu.
04:08Et donc, bien sûr, on a aggravé la situation.
04:10On a laissé croire que tout allait bien.
04:12Plus l'inflation, plus les taux d'intérêt qui sont élevés.
04:14Je pense qu'on va en reparler.
04:16Et donc, ce qui fait que la France, malheureusement, aujourd'hui,
04:18est déjà menacée par une récession.
04:20Sur ce arrive le débat budgétaire.
04:22Et là, ça devient un vrai cafarnaum, si vous voulez,
04:25puisqu'on se rend compte que le budget annoncé, déjà,
04:28on annonce des hausses d'impôts.
04:30C'est quand même surprenant pour un gouvernement, entre guillemets,
04:32de centre droit, va-t-on dire.
04:34La hausse d'impôts, c'est plutôt NFP ou des trucs comme ça.
04:37Donc, je vous rappelle que la France est numéro 1
04:39en termes de pression, prélève obligatoire,
04:42par rapport à notre PIB, numéro 1 du monde.
04:44Et c'est également au niveau historique pour nous.
04:46Et certains voudraient encore augmenter les impôts.
04:48Ça n'a évidemment aucun sens.
04:50Ça va casser l'activité économique, qui n'est déjà pas très bonne.
04:52Et donc, à partir de là, ça va générer une baisse
04:55de ce qu'on appelle la fiat fiscale.
04:57Donc, on va ponctionner plus, mais sur un gâteau plus petit.
04:59Donc, à l'arrivée, on aura moindre fiat fiscale,
05:01donc plus de déficit.
05:03Évidemment, c'est une erreur dramatique de faire ça.
05:05Par contre, on ne veut toujours pas baisser la dépense publique,
05:07notamment les dépenses de fonctionnement qui ne cessent d'augmenter.
05:10Donc, c'est l'aérolendéposte qui augmente le plus.
05:12– Mais comment ça s'explique ça ?
05:14Parce que ce que les Français voient au quotidien,
05:16évidemment, c'est qu'ils payent plus d'impôts.
05:18– Tout à fait.
05:19– La dépense de l'État ne baisse pas,
05:21mais en revanche, la qualité des services publics français, eux, baisse.
05:24– C'est ça le drame.
05:25C'est qu'en fait, ce n'est pas un problème de quantité de dépenses publiques.
05:28La quantité, elle est là, elle est même énorme.
05:30Nous sommes numéro 1 du monde en termes de dépenses publiques
05:33par rapport à notre PIB, à notre richesse.
05:35C'est plus de 57%.
05:37Aujourd'hui, on parle beaucoup de l'Argentine ou des Etats-Unis
05:39qui veulent réduire leurs dépenses publiques,
05:43avec la fameuse tronçonneuse, vous savez.
05:45– De milliers.
05:46– Tout à fait.
05:47Sauf qu'en Argentine ou aux Etats-Unis,
05:49le poids des dépenses publiques dans le PIB, c'est que 37%.
05:52Donc, presque.
05:53Alors, regardez, c'est pas assez.
05:54Nous, on est à 57%.
05:5620 points au-dessus et on ne fait rien.
05:58On va même encore augmenter alors que, effectivement,
06:00dans certains pays, ils ont pris conscience
06:02qu'on ne peut pas continuer d'augmenter comme ça
06:04la dépense publique sans conséquences, je dirais.
06:06Et c'est ça le drame pour nous,
06:08puisqu'on n'arrête pas d'augmenter cette dépense publique.
06:10Vous savez, depuis les années 80,
06:12la dépense publique n'a jamais baissé en France.
06:16Jamais.
06:17Quand on vous dit, par exemple, dans le budget 2025,
06:19on vous dit, oui, elle va baisser.
06:20C'est complètement faux.
06:21Elle va moins augmenter que ce qui était prévu.
06:23– Bien sûr.
06:24– Elle augmente quand même de 2,5%.
06:25Donc, c'est ça le drame, c'est qu'on a cette augmentation
06:27de la dépense publique, de la dette publique.
06:29Par contre, les services publics se détériorent.
06:31Donc, ça veut dire que les moyens que nous mettons
06:33ne vont pas là où il faut.
06:34Donc, c'est tout le problème.
06:36Je dirais qu'il faut repenser complètement
06:38la dépense publique française.
06:39Je vous garde un exemple très simple.
06:40Qu'est-ce qui augmente le plus aujourd'hui
06:42dans la dépense publique en France, depuis 3 ans ?
06:44Les dépenses de fonctionnement.
06:46Vous vous rendez compte ? C'est incroyable.
06:48Sur les 3 dernières années, on a quasiment 16% d'augmentation
06:51des dépenses de fonctionnement,
06:52alors que la dépense publique au total a augmenté de 12%.
06:55Donc là, il y a un problème de bon sens.
06:57Quand une entreprise va mal,
06:59elle commence par réduire la voilure,
07:01c'est-à-dire réduire un petit peu les frais de fonctionnement
07:02pour sauver l'entreprise.
07:03Donc, que fait-on ?
07:04Enfin, que fait l'État ?
07:05Il augmente encore plus ses dépenses de fonctionnement.
07:08Donc, ce n'est pas sérieux.
07:09Ça, ce n'est pas du social.
07:10Vous voyez ce que je veux dire ?
07:11Ce n'est pas des services.
07:12– Autant ce qu'on nous a expliqué, par exemple,
07:13c'était que la grosse charge de la dépense publique,
07:15c'était essentiellement les retraites.
07:17– Alors non, ça, c'est complètement faux.
07:18C'est vrai qu'on veut nous laisser croire ça,
07:21mais en fait, si on regarde les chiffres de l'INSEE,
07:24j'inventerai, aujourd'hui, quand effectivement,
07:26on prend l'ensemble de la dépense publique,
07:28vous avez 33% de cette dépense publique
07:30qui sont des prestations sociales.
07:32Donc, c'est vrai que c'est beaucoup.
07:33Un tiers, 33%.
07:34Sauf que le deuxième poste, c'est quoi ?
07:36Et ça, personne n'en parle.
07:37Le deuxième poste, 32%, ce sont des dépenses de fonctionnement.
07:41Donc, vous voyez bien que ce n'est pas uniquement un problème de retraite.
07:44Et encore une fois, c'est vrai qu'on a un déficit structurel
07:46des retraites, notamment des fonctionnaires,
07:48puisque chaque année, l'État doit débourser 30 milliards d'euros
07:52pour combler le trou des retraites des fonctionnaires.
07:54Donc, quand on vous dit qu'il n'y a pas de déficit,
07:56c'est complètement faux.
07:57Il y a un déficit qui est énorme sur les retraites,
07:59notamment des fonctionnaires,
08:00parce que les retraites du privé, jusqu'à présent,
08:02c'est plutôt à l'équilibre.
08:03Mais il y a ce problème-là des retraites des fonctionnaires,
08:05puisqu'on a plus de retraités que d'actifs dans la fonction publique.
08:10Donc, on a un problème de financement.
08:12Et ça, c'est tout le problème global de la retraite par répartition.
08:16C'est-à-dire qu'en gros, ce que je dis souvent,
08:18c'est que notre système de modèle de retraite par répartition,
08:20il est formidable.
08:21Mais c'est du Madoff, si vous voulez.
08:23C'est-à-dire qu'en fait, que fait-on quand nous,
08:25nous cotisons chaque mois pour notre retraite ?
08:27En fait, ce n'est pas pour notre retraite,
08:29c'est pour payer les actuels retraités,
08:31en espérant que quand nous, nous serons à la retraite,
08:33il y aura au moins assez d'actifs pour payer notre retraite.
08:35Ce qui, évidemment, malheureusement, n'est pas le cas,
08:37puisqu'on voit la natalité qui est en train de s'effondrer.
08:39Et donc, ça, ça marchait tant qu'on avait assez d'actifs
08:42par rapport aux retraités.
08:43Donc, jusqu'aux années 80, il y avait à peu près 3,4 actifs
08:46pour un retraité.
08:47Ça fonctionnait.
08:48Maintenant, on a 1,4 actifs pour un retraité.
08:50Dans la fonction publique, même, c'est l'inverse.
08:52On a plus de retraités que d'actifs.
08:54Donc, vous voyez, il n'y a pas besoin d'être
08:56grand mathématicien ou grand financier
08:58pour comprendre que ça ne marche pas.
09:00Ça ne peut pas continuer comme ça.
09:01Donc, il faut évidemment…
09:02Moi, je suis pour sauver notre système.
09:04Je ne suis pas du tout…
09:05Moi, je suis un constructeur.
09:06Je sais que beaucoup veulent détruire.
09:07Je pense qu'il faut construire.
09:08Mais, encore une fois, il faut améliorer.
09:10Si on continue comme ça, on va dans le mur.
09:12Et là, ça y est.
09:13Nous sommes dans le mur, malheureusement,
09:15puisque, on l'a vu cette semaine,
09:17le taux d'intérêt de la dette publique française,
09:19le taux d'intérêt que l'État français doit payer
09:22pour financer sa dette,
09:24est devenu supérieur au taux d'intérêt de la Grèce.
09:27– On va y revenir un tout petit peu plus tard.
09:29– Oui, bien sûr.
09:30– Vous avez évoqué le nom de Bruno Le Maire, effectivement,
09:32puisqu'il est resté 7 ans à Bercy.
09:34J'aimerais qu'on revoie très rapidement
09:36une partie de son message qu'il a adressé aux Français
09:39en partant de Bercy.
09:40– Bonjour à toutes et à tous.
09:41Dans quelques jours, je vais quitter
09:43le ministère de l'Économie et des Finances
09:45que j'aurais donc occupé pendant plus de 7 ans.
09:487 ans, ça fait un sacré bail.
09:50Je veux juste vous dire que ça a été ma fierté
09:53de vous servir le mieux possible pendant ces 7 années.
09:55Nous avons donné le maximum
09:57pour créer du travail partout sur le territoire français.
10:00Nous avons donné le maximum pour faire venir des investisseurs,
10:03pour ouvrir des usines,
10:04pour relancer la production industrielle dans notre pays.
10:06Et puis, nous avons fait le maximum face aux crises
10:09qui ne nous ont pas épargnés.
10:10La crise du Covid, la plus grave depuis 1929,
10:13et la crise inflationniste qui, je le sais,
10:15vous a tous profondément touchés dans votre vie quotidienne
10:18et qui a touché votre pouvoir d'achat.
10:26– Quand vous entendez ça, un discours d'empathie, de satisfaiscite,
10:30qu'est-ce que vous pensez ?
10:31– Ça ne fait pas sérieux.
10:32Très honnêtement, moi je l'ai vu plusieurs fois Bruno Le Maire
10:34pendant justement cette crise, etc.
10:36Je pense que ce n'est pas un mauvais bougre,
10:37ce n'est pas quelqu'un de méchant fondamentalement.
10:39Simplement, il n'a pas écouté les bonnes personnes.
10:43Je me souviens d'une réunion à Bercy comme ça,
10:45il y avait des économistes,
10:46et évidemment les hauts fonctionnaires de Bercy,
10:48et Bruno Le Maire.
10:49Et donc moi, tout simplement, je me suis dit,
10:50il faut peut-être arrêter d'augmenter cette dette publique.
10:51C'était après le coronavirus, parce qu'effectivement,
10:53en mars 2020, on croyait que c'était la fin du monde.
10:56Donc là, à l'arrière, on s'est dit, peu importe.
10:58Et encore, je pense qu'on aurait pu gérer différemment,
11:00parce que moi j'étais contre enfermer tout le monde, etc.
11:02Mais bon, ça n'a pas été le choix qui a été fait, malheureusement.
11:04Admettons.
11:05Après, fin 2020, début 2021,
11:08il fallait évidemment arrêter d'augmenter cette dette publique.
11:10Et moi, lorsque je disais ça, on me sautait dessus.
11:13Pas physiquement, bien sûr, mais par les mots.
11:15Je ne vais pas donner de noms,
11:17mais il y avait des économistes, des hauts fonctionnaires,
11:19des dirigeants de Bercy qui me disaient,
11:20mais non, la dette publique, on s'en fiche complètement.
11:22On peut continuer d'augmenter cette dette indéfiniment.
11:25En plus, c'est la Banque Centrale Européenne qui finance.
11:28Alors moi, je dis, mais attention, les taux d'intérêt vont augmenter.
11:30Ils me disent, mais pas du tout, ça n'augmentera jamais.
11:32Vous vous rendez compte, ce manque de discernement ?
11:34Malheureusement, Bruno Le Maire les a écoutés.
11:36C'est le problème, je dirais, d'un ministre qui n'est pas forcément économiste.
11:39C'était le cas en l'occurrence.
11:40Et donc, il va écouter certains conseillers
11:42qui vont peut-être essayer d'aller dans le sens du poids,
11:44je ne sais pas trop.
11:45Moi, en tout cas, j'ai la conscience tranquille
11:47parce que j'ai tout fait pour éviter d'en arriver là.
11:49Et malheureusement, je n'ai pas été écouté.
11:50C'est les chiffres que j'évoquais tout à l'heure.
11:52On a continué d'augmenter la dette publique.
11:54Ça, c'était une sorte de drogue.
11:55Tant que, finalement, les taux d'intérêt étaient bas,
11:58on dit, on y va.
11:59En plus, c'était financé par la Banque Strateuropéenne,
12:01par la Banque de France, ce qu'on appelle la planche à billets.
12:03Ce qui, heureusement, n'est plus trop le cas aujourd'hui.
12:05Mais à partir de là, c'était inévitable
12:07que quand on allait arrêter la planche à billets,
12:09ça allait, évidemment, générer une augmentation des taux d'intérêt.
12:12Et d'ailleurs, avant même,
12:13parce que souvent, on dit que l'inflation est née avec la guerre en Ukraine,
12:16ce qui est complètement faux.
12:18L'inflation, et moi, je l'ai dénoncée dès le début, dès 2021,
12:21elle est née, justement, avec cette planche à billets.
12:23C'est-à-dire que c'est un principe de base de l'économie.
12:25Si on crée trop de demandes par rapport à l'offre,
12:27donc la demande est supérieure à l'offre, les prix montent.
12:30Donc, on a créé de la monnaie, on a créé de l'argent,
12:33ce qu'on appelle l'argent magique, artificiellement.
12:35Donc, on distribuait de l'argent, mais il n'y avait pas de production en face.
12:38Il n'y avait pas, effectivement, d'offres.
12:39Donc, quand la demande est supérieure à l'offre, les prix montent.
12:41Et c'est comme ça qu'est née l'inflation.
12:43Après, évidemment, la guerre en Ukraine est venue mettre de l'huile sur le feu, etc.
12:46à cause de l'augmentation des prix des matières premières.
12:48Mais l'erreur a été précédente.
12:52C'est-à-dire que, globalement, il fallait…
12:53– Et de l'énergie, des matières premières et de l'énergie.
12:55– Bien entendu, mais là aussi, il y a eu, malheureusement,
12:57une grande erreur à la fois des États-Unis et de l'Europe,
13:01en pensant qu'en voulant boycotter le pétrole russe,
13:05tout le monde allait faire la même chose.
13:06Vous voyez, c'est une sorte de péché d'orgueil.
13:07On croit que le monde, c'est que nous, les États-Unis et l'Europe.
13:10Sauf qu'évidemment, ce n'est pas le cas.
13:11Et on sait très bien qu'un des grands pays aujourd'hui
13:13qui connaît la plus forte croissance du monde, c'est l'Inde.
13:17Une des raisons pour lesquelles l'Inde est aujourd'hui
13:18une des grandes gagnantes de cette crise,
13:20c'est d'abord parce que, pendant que les Chinois
13:22enfermaient tout le monde en permanence jusqu'en 2022,
13:24les Indiens ont pris des parts de marché à la Chine.
13:27Ils les ont gardées.
13:28La Chine n'arrive pas à les reprendre.
13:30Deuxième avantage, c'est quand il y a eu ce boycott,
13:32notamment du pétrole russe, les Indiens qui n'avaient pas accès
13:35au pétrole russe, eux, comme il n'y avait pas de boycott,
13:38ils ont demandé à la Russie s'ils pouvaient acheter leur pétrole.
13:41Les Russes, évidemment, étaient tout à fait disposés à le faire.
13:44Ils ont même baissé les prix.
13:45Les Indiens ont acheté du pétrole russe à bon coût.
13:48Ils l'ont raffiné.
13:49Ils l'ont utilisé pour eux.
13:50Et puis, le surplus, ils l'ont revendu à l'Europe.
13:53– Des marges évidemment bien supérieures.
13:55– Bien entendu.
13:56Alors nous, on dit non, ce n'est pas du pétrole russe.
13:58Finalement, ça revenait au même.
13:59Vous comprenez, tout le problème est là.
14:00C'est cette démagogie permanente, ce dogmatisme finalement,
14:04qui fait qu'on n'arrive pas à prendre les bonnes décisions.
14:07Moi, j'en ai également voulu parce que cette inflation qui est arrivée,
14:10on n'aurait plus la contrôler.
14:11Malheureusement, on ne l'a pas contrôlée.
14:13Vous savez, je montre souvent l'image,
14:15c'est que l'inflation, c'est comme le dentifrice.
14:16Une fois qu'il est sorti du tube, on ne peut pas le remettre.
14:18C'est exactement ce qu'on a fait.
14:19Il n'y a pas que Bordeaux-Lemaire qui était coupable,
14:21entre guillemets, également de la Banque Centrale Européenne,
14:23qui a fait une très mauvaise politique.
14:25Rendez-vous compte qu'elle a commencé à vouloir arrêter la planche à billets
14:28et augmenter les taux d'intérêt à l'été 2022,
14:31quand on avait une inflation de la zone euro à 11%.
14:34C'était beaucoup trop tard.
14:35– Bien sûr.
14:36– Il fallait réagir en amont.
14:37Et aujourd'hui, on le voit encore, l'inflation est toujours là.
14:40Et aujourd'hui, même où nous parlons, l'inflation repart à la hausse.
14:42Ce qui veut dire qu'on n'a toujours pas gagné et vaincu cette inflation.
14:46C'est ça qui est dramatique.
14:48Et donc, moi, ce qui vraiment me peine,
14:50c'est qu'on aurait pu éviter d'en arriver là.
14:53Ce qui se passe aujourd'hui, ce sont les décisions politiques.
14:56Parce qu'on aime bien nous culpabiliser.
14:58On dit oui, vous vous serrez la ceinture, les Français font n'importe quoi.
15:00Non, ce sont des décisions politiques, des erreurs politiques,
15:03des erreurs stratégiques.
15:05C'est-à-dire que si on avait arrêté d'augmenter la dette publique comme ça,
15:08on ne serait pas là aujourd'hui.
15:09Pardon, mais pour abonder dans votre sens,
15:11ce qui est très important de comprendre, c'est que la dette continue d'augmenter.
15:14Mais précisément, comme on l'a dit tout à l'heure,
15:16pas pour une amélioration des services publics,
15:18pas pour une amélioration des allocations sociales, etc.
15:21mais pour la dépense pure et dure de l'État.
15:23C'est-à-dire quasiment pour encourager 1 000 feuilles administratives.
15:25En fait, ça fait longtemps que ça dure.
15:27Parce que depuis 10 ans, 91% du déficit public vient de l'État.
15:31C'est l'État qui dérape.
15:32Ce n'est pas tellement les collectivités locales, même sociales.
15:35Ça dérape un peu, certes, mais c'est surtout l'État
15:37qui dérape complètement et qui dépense ce qu'il n'a pas.
15:40Il dépense, je pense, sans compter ce que disait Emmanuel Macron.
15:43L'État paiera, vous vous souvenez, mais l'État, c'est nous.
15:45D'où vient la dépense publique ? Elle vient de nos impôts.
15:47– Oui, ou François Hollande, ce n'est pas cher, c'est l'État qui paye.
15:49– Oui, voilà.
15:50Ça, c'est quand même, encore une fois, un manque de réalisme incroyable.
15:54C'est-à-dire, c'est quand même les dirigeants de la France,
15:55les présidents de la France qui sortent des inepties pareilles.
15:57C'est quand même assez incroyable.
15:59Donc, voilà, il faut sortir de ce carcan.
16:01Et surtout, le drame, c'est qu'encore une fois, je me souviens,
16:05certains économistes ou autres, même encore aujourd'hui,
16:08qui disaient, non mais la dette publique, ce n'est pas grave, ça ne coûte rien.
16:11C'est les générations futures qui paieront.
16:13Déjà, ce n'est pas sympa pour elles.
16:14Et puis surtout, c'est faux.
16:15Parce que regardez aujourd'hui, vous savez combien on paye chaque année
16:18d'intérêts de la dette ? Juste les intérêts de la dette.
16:20Donc là, ce n'est même pas des services publics,
16:22juste les intérêts de la dette.
16:2360 milliards d'euros. L'année prochaine, ça va.
16:26– D'autres unités ont été indexées sur l'inflation, d'ailleurs.
16:28– Tout à fait, exactement.
16:29Ça aussi, c'était bon.
16:30Ce produit était sympa quand il n'y avait pas beaucoup d'inflation.
16:33Mais quand l'inflation monte, évidemment, c'est un petit peu délicat.
16:35Et donc, ça fait augmenter la charge de la dette.
16:37Cette année-là, enfin l'année en 2025, ça va coûter 75 milliards d'euros.
16:41Ça veut dire qu'en 5 ans, dans le meilleur des cas,
16:43ça va coûter 300 milliards d'euros.
16:45On est qu'en 300 milliards d'euros.
16:47Qu'est-ce qu'on pourrait faire avec cet argent ?
16:49On pourrait faire des hôpitaux, on pourrait faire des services publics,
16:51on peut faire de la sécurité.
16:52C'est énorme.
16:53Non, là, c'est complètement foutu en l'air.
16:56Donc quand tous ces économistes qui conseillaient nos dirigeants
16:59disaient non, mais ça ne coûte rien.
17:00Maintenant, on les voit parader parfois, dire
17:03ah non, c'est grâce qu'il se passe.
17:05Mais ils sont coupables aussi, comprenez ?
17:07C'est-à-dire que le fait de dire ça ne coûtera jamais rien,
17:09c'est une erreur incroyable.
17:10Et quand aujourd'hui, on voit certains, soi-disant économistes universitaires,
17:13vous savez, qui sont proches d'un parti politique,
17:15on va dire d'extrême-gauche, qui nous disent
17:17oui, ne vous inquiétez pas, on va encore augmenter les impôts
17:20et tout va bien se passer.
17:21C'est quand même assez incroyable d'une hynepsie pareille.
17:24C'est ce qu'on apprend en première ligne d'économie, encore une fois.
17:26Si vous augmentez les impôts, vous cassez l'assiette fiscale
17:28et donc à partir de là, vous allez avoir moins de recettes fiscales.
17:32Donc ça ne fonctionne pas.
17:34Mais ce qui est fou, c'est qu'il y a des économistes universitaires
17:37qui ont des vrais diplômes, qui valident ça.
17:41Parce qu'en fait, on sait pourquoi.
17:43Justement, ils sont universitaires.
17:45Moi aussi, je l'ai été, bien entendu.
17:46J'ai même été prof à la fac, à Sciences Po, etc.
17:48La différence, c'est qu'il faut être proche du terrain.
17:50Quand on est uniquement, on ne fait que de la recherche,
17:54on est loin de la réalité.
17:56Quand on fait de la recherche, je dis souvent,
17:57des chercheurs qui cherchent, c'est bien,
17:58des chercheurs qui trouvent, c'est mieux.
18:00Effectivement, il faut trouver de temps en temps.
18:02Mais nous, on est heureux de chercher,
18:04mais de trouver, c'est plus compliqué.
18:06L'économie, c'est du bon sens, tout simplement.
18:08– Mais quand ils lisent les gros titres du Monde, par exemple,
18:11parce que je vais dans leur sens,
18:13qu'ils voient qu'il y a des défaillances d'entreprises comme jamais,
18:16personne n'a un petit électrochoc ?
18:19– Ça, c'est dramatique, c'est pareil.
18:21Effectivement, pendant le Covid, et ça continue jusqu'en 2022,
18:24on a aidé les entreprises.
18:26Mais aider, ce n'était pas le vrai mot,
18:28c'était des subventions qu'on donnait comme ça, droite à gauche,
18:30sans regarder où allait l'argent.
18:32Alors que justement, il y a eu des gaspillages,
18:34donc on a entretenu ce qu'on appelle des entreprises zombies,
18:36c'est-à-dire qui devaient disparaître,
18:38mais quand on leur a donné de l'argent comme ça, artificiellement,
18:40elles ont continué d'exister.
18:41Sauf que maintenant, évidemment, elles disparaissent,
18:43puisqu'il n'y a plus ces aides,
18:44mais elles entraînent dans leur sillage les bonnes entreprises.
18:46Par exemple, vous avez une bonne entreprise,
18:48vous avez un client qui vous passe une commande,
18:50mais vous ne savez pas que ce client, c'est un zombie.
18:52Donc, vous respectez la commande,
18:54sauf qu'après, comme l'entreprise disparaît,
18:56le zombie, il ne vous paye pas.
18:57Donc vous aussi, vous êtes entraîné dans le tunnel, si vous voulez.
19:01C'est ça qui est très dangereux,
19:02c'est qu'on n'a pas, aujourd'hui, de moyens de relancer la machine.
19:06Quand est-ce qu'on a besoin de l'État ?
19:08C'est quand, justement, il y a une crise économique,
19:10il n'y a pas de croissance, etc.
19:11Là oui, on en a besoin, mais par contre, dès que ça va un peu mieux,
19:13il ne faut pas que l'État continue d'augmenter n'importe comment ses dépenses.
19:15C'est exactement ce qu'on fait.
19:17Vous vous rendez compte qu'en France, le dernier excédent public
19:20remonte à 1974, ça fait 50 ans.
19:24La France est le seul pays au monde, parmi les grands pays,
19:27où pendant 50 ans, on n'a fait zéro excédent,
19:30même pas un équilibre, que des déficits publics pendant 50 ans.
19:34Encore une fois, c'est nous qui payons ça,
19:36au travers de la dette publique également qui augmente,
19:38et donc des taux d'intérêt qui augmentent.
19:39Et ça, c'est dangereux parce que, déjà,
19:41ça augmente la charge d'intérêt de la dette,
19:42donc l'argent gaspillé, mais surtout pour nous,
19:44les entreprises, les ménages,
19:46quand les taux d'intérêt que paye l'État augmentent,
19:48tous les taux d'intérêt des crédits, de tous les crédits,
19:50augmentent aussi, donc pour les entreprises,
19:52pour les ménages.
19:53– Pour les consommateurs, pour les ménages.
19:54– Exactement, pour les consommateurs.
19:55Ce qui veut dire que ça casse l'investissement,
19:57ça casse la consommation, et donc voilà pourquoi nous avons la récession.
20:00Pourquoi nous avons autant de défaillance d'entreprise ?
20:02– Là, on est en récession pour vous, Marc Totti ?
20:03– Bien sûr, ça a commencé, je pense, au quatrième trimestre.
20:07Au troisième trimestre, il y a eu les JO,
20:09donc un effet un petit peu d'optique, si vous voulez, un petit peu artificiel,
20:12qui a dopé un petit peu la consommation.
20:13Par contre, si vous regardez le nerf de la guerre,
20:15c'est-à-dire l'investissement des entreprises,
20:17ça fait quatre trimestres consécutifs que ça baisse.
20:19Ça, c'est très dangereux, parce que si les entreprises n'investissent pas,
20:22elles n'embauchent pas.
20:23Donc ça veut dire qu'il y a du chômage, et ainsi de suite.
20:25Ça, c'est, vous voyez, encore du bon sens.
20:26Mais alors, il y a pire.
20:27Regardez les chiffres de l'INSEE, justement,
20:29ça fait treize trimestres consécutifs
20:32que l'investissement logement des ménages baisse.
20:35C'est du jamais vu depuis qu'on a des statistiques en France.
20:38C'est historique, vous vous rendez compte ?
20:40Et on n'a rien fait, parce que treize trimestres, c'est long quand même.
20:43Et les pouvoirs publics n'ont rien fait pour essayer d'inverser la tendance.
20:46Vous voyez même, on va encore augmenter l'impôt sur l'immobilier,
20:50selon si votre finance passe.
20:52Mais ce n'est pas sérieux tout ça.
20:54– Avec la pression aussi sur l'énergie,
20:56enfin sur les côtés passoires thermiques et j'en passe, et les meilleurs.
20:59– Le problème, c'est qu'on a empêché, je dirais, le monde de tourner en rond,
21:02et notamment le secteur du bâtiment, avec des normes, etc.
21:05des réglementations, et une imposition énorme.
21:08Donc on a ce secteur qui pourtant, c'est le dicton,
21:12quand le bâtiment va, tout va, quand il ne va pas, rien ne va plus.
21:15C'est-à-dire que c'est ça le drame.
21:17La construction, c'est 1,3 million de personnes, de salariés.
21:20Et là, il y a 300 000 emplois menacés.
21:23Vous vous rendez compte ?
21:24C'est 300 000 emplois qui vont peut-être disparaître demain.
21:26Derrière, il y a des familles.
21:27Donc derrière, il y a énormément de personnes qui sont concernées.
21:30Donc on est en train de prendre un risque de crise sociale,
21:33voire sociétale, qui est énorme.
21:35Et c'est ça le drame, parce que les Français ne comprennent pas.
21:38On a énormément de dépenses publiques, on paye énormément d'impôts,
21:42pourtant il y a une récession.
21:43Donc où va l'argent ?
21:44– Bien sûr.
21:45– Vous comprenez ?
21:46C'est pour ça que je dis aujourd'hui, faut de la dépense publique.
21:49Et c'est vrai que, je le dis parfois, moi je viens des cités HLM d'Orly,
21:52pas très loin de là où on en relisse d'ailleurs.
21:55Et c'est vrai que j'ai eu la chance d'avoir justement des aides sociales,
21:58des bourses, etc. pour m'en sortir.
22:00Mais ce que veut un jeune normalement dans les cités,
22:02il ne veut pas vivre avec des aides toute sa vie.
22:04Il veut justement s'en sortir.
22:05Or là, ce qu'on est en train de faire, on donne des aides en permanence,
22:08si bien qu'il y a un taux de chômage des moins de 25 ans dans les cités HLM de 60%.
22:13Donc là aussi, on se rend bien compte qu'on a mis des moyens,
22:15mais c'est juste pour calmer le jeu.
22:17– C'est la paix sociale, oui.
22:18– Voilà, la paix sociale, mais ça ne va pas durer.
22:20Ce que veulent aujourd'hui les jeunes, comme les entreprises,
22:22ce n'est pas des aides.
22:23Ce qu'on veut, c'est évidemment une économie qui soit, je dirais,
22:27propice à la croissance, une économie qui soit libérée,
22:29avec moins de charges, moins d'impositions,
22:33moins de réglementations tatillonnes qui ne servent à rien.
22:36Vous vous rendez compte, quand on voit le code du travail
22:38qui a explosé, qui est l'un des plus complexes du monde,
22:40le code des impôts, pareil.
22:42Pourquoi tout ça ?
22:43Pourquoi cette complexité qui fait que globalement,
22:46la France est à la traîne du monde.
22:48Vous savez, les derniers chiffres, comment on fait les prévisions ?
22:52On regarde les indicateurs avancés.
22:54Donc on a notamment, par exemple, les indicateurs des directeurs d'achat,
22:56dans les entreprises.
22:57En fait, c'est du concret.
22:58C'est-à-dire, ils nous disent où sont les carnets de commandes, etc.
23:01Et là, les derniers chiffres du mois de novembre,
23:03la France, elle est dernière.
23:04Pour le deuxième mois consécutif, on est les plus mauvais
23:07en termes d'activité économique.
23:09C'est horrible.
23:10Vous savez ce que je veux dire ?
23:11– Le constat que vous nous faites depuis tout à l'heure,
23:12Marc Twaty, est implacable.
23:14Il semble frapper au coin du bon sens.
23:16Pour autant, on a quand même cette impression
23:18qu'il n'est pas arrivé jusqu'aux dirigeants.
23:20Et on s'en est très bien rendu compte avec les récentes auditions,
23:23justement de Bruno Le Maire, dont on a déjà parlé.
23:25On va l'écouter tout de suite en commission des finances au Sénat.
23:28– Encore, je porte toute la responsabilité de ce que mes services ont fait.
23:31Et si c'était à refaire, je referais exactement la même chose.
23:34Quand je suis alerté le 21 décembre, à la veille des fêtes de Noël,
23:37qu'éventuellement il y a une perte de recette de 4,8 milliards,
23:41alors que je viens de faire 6 milliards d'euros d'économie,
23:43je ne vais pas commencer à faire un 20 heures pour dire aux Français,
23:46vous ne savez pas quoi, c'est dramatique, ça va mal.
23:48Dans le fond, je fais une comparaison avec le médecin.
23:49Vous allez chez le médecin, il vous dit, il y a peut-être quelque chose.
23:52Il faut des examens complémentaires.
23:54Ce n'est pas certain.
23:56Faites quoi, vous allez alerter votre femme et vos enfants,
23:58c'est terrible ce qui m'arrive ?
24:00Je pense que ce ne serait ni humain, ni responsable.
24:03C'est exactement la même chose.
24:05Le ministre des Finances, il prend sur lui.
24:07S'il y a une question à poser sur un arbitrage qui a été rendu
24:10par des personnes sous les autorités desquelles je travaillais,
24:13c'est à ces personnes-là qu'il faut poser la question.
24:15– Cette espèce d'autostatisfaction collective et solidaire sur votre action,
24:21qui se paie, excusez-moi de le rappeler, au prix fort d'une dette colossale
24:27et abyssale qui, aujourd'hui, pèse sur tous les Français.
24:31Vous avez dit, le désendettement pendant sept ans,
24:34le désendettement de la France a été mon obsession.
24:38Heureusement que vous le dites, parce que les faits,
24:40malheureusement, vous contredisent lourdement.
24:43– Bon, centraire de secret, nous avons souri pendant cette vidéo.
24:53– Oui, même ri, j'ai envie de dire, ri jaune, bien sûr.
24:56Non, c'est sûr que ce n'est pas sérieux, on ne peut pas dire ça.
24:59Globalement, justement, moi je pense que…
25:01Mais il n'y a pas que lui, moi ça fait encore 25 ans
25:03que j'ai vu tous les dirigeants français.
25:05Et donc, moi j'ai cru à chaque fois qu'ils allaient faire quelque chose.
25:09En fait, voilà, maintenant je ne veux même plus les voir
25:11parce que ça ne sert à rien.
25:13Il n'y a aucune volonté, il n'y a aucun courage.
25:15Mais, par contre, il y a toujours cette remarque qui revient.
25:17C'est-à-dire, tu dis, comprenez, nous on a un devoir d'optimisme.
25:20Comprenez, il ne faut pas affoler les foules, il ne faut pas apeurer.
25:22Je dis, moi je suis d'accord, moi je suis optimiste,
25:24je suis de nature optimiste, je suis un grand optimiste.
25:26Par contre, il faut être réaliste.
25:28On ne peut pas dire aux gens, tout va bien dans le meilleur des mondes.
25:30Et ça, je l'ai dit plusieurs fois, je peux montrer les SMS,
25:32je l'ai envoyé des messages à Bruno Le Maire,
25:34on ne peut pas dire qu'il n'y aura pas d'inflation demain,
25:36que les taux d'intérêt n'auront pas augmenté.
25:38Ça, c'est inévitable.
25:40Et c'est là où je comprends l'image avec le médecin.
25:43Mais justement, la France, malheureusement,
25:45aujourd'hui, c'est presque le pronostic vital engagé.
25:48Et on lui donne du Doliprane.
25:50– Qui est bientôt plus français.
25:52– Voilà, mais encore une fois, quand on a mal à la tête,
25:54c'est très très bien, le paracétamol, on ne va pas faire de pub.
25:57Mais par contre, c'est clair que,
26:01quand c'est malheureusement quelque chose de grave,
26:03il faut prendre des vraies décisions.
26:05On a continué, c'est ça qui est dangereux,
26:07comme une sorte de toxicomane, si vous voulez,
26:09qui ne peut pas s'arrêter.
26:11Et c'était, en fait, le drame,
26:13c'était ce qu'on appelle en théorie des jeux, un aléa moral.
26:15C'est-à-dire que, comme il n'y avait pas de sanctions,
26:17on a continué.
26:19Comme la BCE finançait, pendant des années,
26:21quand je disais aux dirigeants français,
26:23faites attention, si vous augmentez trop la dette publique,
26:25les taux d'intérêt vont augmenter, vous allez casser la croissance,
26:27ils avaient un peu peur.
26:29Sauf que depuis 2015, et là justement,
26:31la planche à billets de la banque strale européenne,
26:33là ils me disent, mais attendez, arrêtez,
26:35regardez, plus j'augmente ma dette, plus les taux d'intérêt baissent.
26:37– Oui, parce qu'ils ont même été négatifs.
26:39– Exactement, ce qui est là aussi une absurdité incroyable.
26:43Mais toujours est-il que, comme c'était le cas,
26:45on disait, bon, au diable avarice,
26:47on verra bien le prochain,
26:49je remets la patate chaude, si vous voulez.
26:51Sauf que ce qu'on attend de nos dirigeants,
26:53justement, c'est d'anticiper.
26:55On sait très bien que ça ne peut pas durer.
26:57Et donc le problème, c'est que maintenant, voilà,
26:59nous sommes arrivés à l'heure de la sanction.
27:01Alors, on verra, au moment où on enregistre,
27:03il y a la disposition de Standard & Poor's,
27:05on ne la connaît pas encore.
27:07En fait, pour être très honnête, pour l'instant,
27:09la France est toujours double A,
27:11mais elle ne mérite plus son double A depuis très longtemps.
27:13– Oui, mais est-ce que ça, ce n'est pas une espèce
27:15de supercherie, de mascarade ?
27:17– Bien sûr, je rappelle que, par exemple,
27:19quand il y a eu la crise des subprimes,
27:21quelques semaines avant son explosion,
27:23les dettes basées sur les subprimes étaient notées triple A
27:25par les agences de notation.
27:27Ça veut dire la meilleure note possible.
27:29Et il s'est passé quand même quelque chose,
27:31il y a quelques semaines,
27:33lors de la notation de Fitch.
27:35Fitch est une des agences,
27:37et donc on est toujours double A moins,
27:39et elle a mis une perspective négative,
27:41mais elle n'a pas mis simple A.
27:43C'est quand même surprenant, parce qu'elle était…
27:45Et donc j'ai regardé, vous pouvez aller le voir sur Internet,
27:47sur leur site, le communiqué de presse,
27:49ils expliquent comment ils arrivent à ce double A.
27:51Et incroyable, ils nous disent, c'est écrit noir sur blanc,
27:53qu'en fait, le modèle de notation de Fitch
27:55donne à la note, à la France,
27:57une note de simple A.
27:59Donc une dégradation.
28:01– Mais ils ont décidé pour ne pas influencer les marchés.
28:03– Pour x raisons, alors non, ils ne disent même pas ça,
28:05ils disent pour x raisons, on fait quand même confiance à la France,
28:07alors qu'il y a déjà un problème budgétaire,
28:09on savait qu'il n'y avait pas un problème.
28:11Et on maintient le double A, c'est quand même incroyable.
28:13Ce manque de discernement est quand même incroyable.
28:15– Alors est-ce que c'est un manque de discernement,
28:17ou est-ce qu'il y a des points fondamentaux
28:19qui conservent, entre guillemets, un peu de confiance,
28:21et j'allais dire, je vais aller droit au but,
28:23est-ce que ce n'est pas finalement l'exception française,
28:25à savoir ce recouvrement absolument incroyable de prélèvements ?
28:31– Oui, c'est sûr qu'on se dit, tant qu'on peut prélever comme ça des impôts,
28:35ça assure une certaine dynamique.
28:37– Ça c'est le talent Gérald Darmanin avec le prélèvement à la source
28:39qui fonctionne encore mieux.
28:41– Certes, sauf que, attention, regardez ce qu'il s'est passé l'année dernière.
28:43C'est-à-dire qu'en fait, l'État s'est complètement planté,
28:45si on peut mettre cette expression, sur les recettes fiscales.
28:47– Oui.
28:49– Parce qu'en fait, et là il y a un problème aussi sur la mesure de la croissance,
28:51parce que normalement, vous savez,
28:53comment on fait des projections de recettes fiscales,
28:55on regarde le niveau de la croissance,
28:57et après on sait plus ou moins combien on va avoir d'impôts.
28:59Là, il y avait une croissance appréciable,
29:01on va dire pas géniale, mais bon, ça se tenait le coup quand même,
29:03alors qu'il n'y a pas de recettes fiscales.
29:05Donc il y a un problème.
29:07Soit le chiffre de croissance a été un petit peu gonflé,
29:09on ne sait pas trop comment, mais en tout cas,
29:11les recettes fiscales ne sont pas là.
29:13Vous voyez, la force de la France qui est justement de lever l'impôt,
29:15ça ne marche plus comme avant,
29:17ce n'est plus aussi rentable, entre guillemets.
29:19– Est-ce que ce n'est pas une surestimation un peu volontaire ?
29:21– Oui, mais c'est ça le drame.
29:23Parce que là quand même,
29:25entre la prévision de Bruno Le Maire et la réalité,
29:27il manque 100 milliards d'euros sur une année.
29:31C'est énorme, ce n'est pas 100 millions.
29:33– C'est plutôt un littéral.
29:35– 100 milliards d'erreurs.
29:37Vous vous rendez compte ?
29:39Imaginez une entreprise qui fait une erreur de 100 millions
29:41ou même de 10 millions, c'est énorme.
29:43100 milliards.
29:45Là, il y a beaucoup qui auraient eu des sanctions pour ça.
29:47C'est ça le problème,
29:49c'est que les dirigeants politiques n'ont aucune sanction finalement.
29:51Et là, on le voit.
29:53Oui, je n'y suis pour rien, c'est comme ça, c'est la vie.
29:55Non.
29:57Peut-être qu'on découvrira un jour ce qui s'est vraiment passé.
29:59Mais 100 milliards, c'est énorme.
30:01Et on ne peut pas accepter ça.
30:03Et le pire, c'est que le budget de 2025,
30:05on est parti pour faire la même chose.
30:07– Alors justement, à ce sujet, c'est très intéressant
30:09parce que la Commission européenne a salué mardi de cette semaine
30:11le budget présenté par le gouvernement français.
30:13Budget qui a peu de chances d'aboutir, a priori,
30:15ou alors il passera par un 49-3
30:17et il y a de fortes chances qu'il soit censuré derrière.
30:19On dépasse pourtant de très loin le déficit
30:21qui est normalement limité à 3%
30:23quand on est au sein de l'Union.
30:25La dette est à 112% du PIB,
30:27normalement c'est 60%,
30:29donc je pense qu'on le dépasse aussi un petit peu.
30:31Comment vous expliquez cette réaction de la Commission européenne ?
30:33– Je dirais que c'est inadmissible.
30:35La Commission européenne n'est pas là pour ça.
30:37Mais vous savez, j'ai connu ça,
30:39maintenant j'ai commencé à avoir une carrière un peu longue.
30:41C'est que, pareil, avant la crise grecque,
30:43on disait, oh bravo, les Grecs, l'Espagne,
30:45vous avez fait du super boulot.
30:47Donc ce n'est pas nouveau.
30:49C'est ça qui est dramatique,
30:51c'est que qu'attend-on justement
30:53la Commission européenne, les agences de notation ?
30:55C'est qu'elles fassent leur boulot,
30:57qu'elles nous disent justement que c'est dangereux,
30:59sans faire peur, mais dire justement la vérité.
31:01Donc là on ne peut pas dire, on annonce un budget
31:03qui déjà va être au moins à 6% du PIB,
31:05ah c'est bien, bravo. Non, ce n'est pas sérieux.
31:07Par contre, il y a quand même un élément important,
31:11c'est qu'on sait que si la France tombe,
31:13la zone euro explose.
31:15Donc voilà, il y a peut-être également
31:17une volonté de faire en sorte que la France
31:19se maintienne quoi qu'il arrive,
31:21quoi qu'il en coûte.
31:23Et vous savez, par exemple,
31:25pour le fameux double A,
31:27si on le perd,
31:29c'est quoi l'impact ?
31:31Ce n'est pas compliqué.
31:33Aujourd'hui, les banques, les compagnies d'assurance,
31:35les caisses de retraite,
31:37elles ont l'obligation d'investir
31:39pour garantir une certaine stabilité
31:41au niveau de leur fonds propres.
31:43Sauf que donc, tant qu'on est double A,
31:45ça passe.
31:47Quand on passe simple A,
31:49on change de catégorie.
31:51Donc on n'est plus dans le cahier des charges
31:53de toutes ces banques et compagnies d'assurance
31:55qui se disent, ah ben non, mais désolé,
31:57on aime bien la France, mais si vous n'êtes que simple A,
31:59on n'achètera pas votre dette.
32:01Et là c'est embêtant parce que l'année prochaine,
32:03l'État français va devoir émettre
32:05300 milliards d'euros de nouvelles dettes.
32:07Donc si on n'a pas les banques
32:09et autres qui achètent notre dette,
32:11qui va l'acheter ? Et donc là, évidemment,
32:13ça veut dire que les taux d'intérêt vont encore augmenter.
32:15Et si le taux d'intérêt augmente, ça casse la croissance,
32:17donc récession et ainsi de suite, c'est le cercle pernicieux
32:19que j'évoquais tout à l'heure. – C'est de pire en pire.
32:21– Donc c'est très, très dangereux.
32:23Ce qui, à mon avis, n'est pas une bonne raison,
32:25mais c'est peut-être ça aussi qui nous…
32:27– Oui, il y a un côté inversion, c'est-à-dire que la note
32:29ne sanctionne pas l'état de l'économie,
32:31mais l'état de l'économie conditionne la note
32:33de telle sorte qu'on ne la dégrade pas.
32:35– On se dit, voilà, on essaie de faire en sorte
32:37qu'on maintienne la France finalement,
32:39sinon ça pourrait vraiment faire mal pour l'ensemble de la zone euro.
32:41Vous savez, j'avais écrit un livre en 2012
32:43qui s'appelait « Quand la zone euro explosera ».
32:45À l'époque, c'était de l'économie fiction.
32:47Donc je disais, à l'époque, attention,
32:49si on ne fait pas ce qu'il faut faire,
32:51notamment en termes d'harmonisation des conditions fiscales,
32:53etc., la zone euro va finir par exploser.
32:55Parce que la zone euro, elle ne peut pas persister
32:57si elle n'est pas ce qu'on appelle une zone monétaire optimale.
32:59Et on a fait exactement l'inverse.
33:01– Oui, c'est d'ailleurs le grand paradoxe,
33:03de faire une monnaie unique, mais avec des règles différentes.
33:05– Voilà, donc on a fait exactement l'inverse.
33:07Et ce qui veut dire qu'aujourd'hui, la zone euro est vraiment en danger.
33:09Vous savez, j'ai fait un calcul sur ma chaîne YouTube,
33:11on peut voir la vidéo, il y a quelques semaines,
33:13pour voir justement quels sont les pays
33:15qui aujourd'hui respectent les deux règles.
33:17Simplement la règle du déficit et de la dette.
33:19Que deux règles.
33:21Alors, même sur la dette, j'ai été sympa,
33:23parce que vous l'avez dit, c'est 60%.
33:25J'ai dit, on va mettre 80%.
33:27Parce que comme il y a eu le Corona, etc.
33:29Vous savez combien de pays respectent les deux critères aujourd'hui ?
33:31Neuf. Évidemment, il n'y a pas la France.
33:33– Non, ça n'existe pas. – L'un des plus mauvais.
33:35Il y a l'Allemagne, l'Autriche, le Pays-Bas, etc.
33:37Bon, je ne vais pas rentrer dans le détail,
33:39mais tout ça pour dire que la zone euro,
33:41à l'arrière aujourd'hui, elle ne devrait exister qu'à neuf pays.
33:43Comprenez ?
33:45Et comme il y a une crise en Allemagne qui est en train de se produire,
33:47une crise économique et une crise politique,
33:49je pense que les Allemands ne seront pas comme avec les Grecs,
33:51avec les Français.
33:53C'est-à-dire qu'ils pourront dire, attendez les Français,
33:55on va faire la ceinture, que tout le monde, pas que les Allemands,
33:57les Espagnols, les Italiens, les Portugais.
33:59Les Portugais, ils ont un excédent public.
34:01Vous vous rendez compte ? Ils ont fait le boulot.
34:03Donc, pourquoi eux ne l'ont fait pas nous ?
34:05Encore une fois, la France s'est isolée.
34:07Même l'Italie a réduit son déficit.
34:09Vous vous rendez compte ?
34:11Ce qui veut dire que là, ça ne peut plus marcher.
34:13Je pense que les Allemands ne sont plus prêts à accepter
34:15que la France continue de déraper.
34:17Ça va créer une tension énorme au sein de la zone euro.
34:19Et ce que la zone euro va perdurer ensuite,
34:21malheureusement, ce n'est pas sûr.
34:23Je pense qu'on n'a jamais été aussi prêts
34:25d'une explosion de la zone euro.
34:27En tout cas, la probabilité est en train
34:29de monter de jour en jour.
34:31Alors, a fortiori, si on n'a pas de gouvernement,
34:33et globalement, on se rend bien compte
34:35que la France est bloquée pendant au moins 6 mois.
34:37C'est-à-dire que…
34:39– C'est très intéressant parce qu'on a le sentiment
34:41qu'on a une situation qui a été mise en place
34:43par une classe politique qui se sent en danger
34:45et qui, pour rester en place, dit,
34:47attention, si jamais on est renversé,
34:49on va arriver vers une société,
34:51une situation politique encore plus précaire,
34:53et c'est ça qui va nous plonger dans la catastrophe.
34:55Mais on y est déjà ?
34:57– Oui, mais on y est déjà.
34:59C'est-à-dire que le chaos, il est déjà là, malheureusement.
35:01Mais justement, grâce à cette dette publique,
35:03on a calmé le jeu.
35:05On a édulcoré la situation,
35:07on a mis des caches un peu partout pour ne pas voir le drame.
35:09Et là, je ne parle que de l'économie.
35:11Je ne parle pas des enjeux sociaux, sociétaux.
35:13Dans les fameux sites HLM dont je suis issu,
35:15maintenant, aujourd'hui, c'est une catastrophe.
35:17Vous comprenez ?
35:19Il n'y a plus de cohésion.
35:21Il n'y a plus du tout de vivre ensemble, ça n'existe plus.
35:23C'est l'un contre l'autre, maintenant.
35:25Et donc, c'est dangereux.
35:27D'autant qu'on a une partie des députés
35:29de l'Assemblée nationale qui alimentent cette haine.
35:31Donc, un pays, si vous voulez,
35:33la condition pour avancer,
35:35pour faire de la croissance,
35:37c'est déjà la stabilité sociétale,
35:39la sécurité.
35:41Tout ça, on l'a oublié.
35:43Là, on joue vraiment sur le feu.
35:45Vous savez, souvent, on me dit,
35:47c'est bien gentil, mais la France, c'est pas la Grèce.
35:49C'est vrai.
35:51Et je me souviens qu'au début de la crise grecque,
35:53parce que j'allais souvent en Grèce à l'époque,
35:55vu ce qui se passait,
35:57et les grecs nous disaient, les autorités grecques,
35:59puis les banques grecques, vous savez, la Grèce,
36:01on n'est pas l'Argentine.
36:03Et pourtant, ce qui s'est passé ensuite,
36:05malheureusement, a montré que c'était extrêmement grave.
36:07Vous savez, que s'est-il passé en Grèce ?
36:09Le PIB pendant la crise, donc.
36:11Le PIB grec, ça veut dire la richesse qu'on crée en Grèce,
36:13a chuté de 30% en quelques années.
36:15Vous vous rendez compte ce que je veux dire ?
36:17Nous, quand on a 0,5% de baisse, c'est une catastrophe.
36:19Là, 30%.
36:21Donc, ça a été un drame.
36:23Moi, je l'ai vécu.
36:25C'est ce pays qui était en pleine croissance,
36:27qui s'est effondré.
36:29– Et pour la population, ça se matérialise comment ?
36:31– Évidemment, du chômage.
36:33Évidemment, une baisse des retraites.
36:35Pendant certains mois, les fonctionnaires n'étaient pas payés.
36:37Pendant plusieurs mois.
36:39On ne pouvait pas retirer du liquide au guichet des banques.
36:41Enfin, c'était horrible.
36:43Heureusement, ça va mieux maintenant, parce qu'on a aidé la Grèce.
36:45On a reprêté 350 milliards d'euros.
36:47Il ne faut quand même pas oublier.
36:49On a annulé l'ancienne dette et on a fait une nouvelle dette.
36:51Donc, on l'a sauvée.
36:53Alors, il y a eu l'UFMI qui est arrivé pour justement serrer les boulons.
36:55Mais évidemment, ça fait mal.
36:57Donc, ça a redémarré.
36:59Sauf qu'aujourd'hui encore, nous sommes en 2024,
37:01le niveau du PIB grec,
37:03tenez-vous bien,
37:05il est encore 20% inférieur
37:07au niveau de 2008.
37:09Vous vous rendez compte ?
37:11C'est-à-dire que pour retrouver le niveau de 2008,
37:13il faut peut-être attendre 2032.
37:15Peut-être qu'ils auront le même niveau qu'en 2008.
37:17C'est comme si je vous disais aujourd'hui,
37:19je vous donne votre revenu que vous aviez,
37:21il y a en 2008.
37:23Vous vous rendez compte ?
37:25Ça fait une baisse de niveau de vie dramatique.
37:27Voilà où nous en sommes aujourd'hui.
37:29Ce qui veut dire que,
37:31j'espère pas, bien sûr,
37:33que la France en arrivera là.
37:35Personne ne l'espère.
37:37Mais si on joue ce jeu dangereux,
37:39il faut éviter d'en arriver là.
37:41Mais malheureusement,
37:43je ne vois personne aujourd'hui
37:45qui va nous sortir de là.
37:47Parce que les dirigeants actuels,
37:49c'est eux qui nous ont mis là.
37:51Surtout le Président.
37:53Parce que M. Barnier, le pauvre chéri,
37:55il vient d'arriver, entre guillemets.
37:57Mais cette politique,
37:59c'est pas la bonne.
38:01Il faut complètement métamorphoser l'économie française.
38:03Non pas avec plus d'impôts et plus de dépenses publiques,
38:05mais l'inverse.
38:07Plus d'impôts et moins de dépenses publiques,
38:09c'est-à-dire une dépense publique plus efficace.
38:11C'est pas un problème de quantité,
38:13la quantité, elle est là,
38:15mais de qualité de cette dépense publique.
38:17Et là, évidemment, à ce moment-là,
38:19on pourra prendre les bonnes mesures.
38:21Moi, je reste optimiste.
38:23Je pense qu'on peut encore sauver la France.
38:25D'ailleurs, j'ai fait des propositions très claires,
38:27chiffrées, etc., pour sauver la France.
38:29Notamment en baissant les impôts
38:31et en réduisant le déficit public
38:33de 70 milliards d'euros.
38:35Les fraudes fiscales, les fraudes sociales,
38:37à L2, sur une année, au bas mot,
38:39même en faisant pas grand-chose,
38:41c'est 50 milliards. C'est pas rien.
38:43– C'est presque les intérêts de la dette.
38:45– Exactement. Donc, il y a du boulot à faire.
38:47Simplement, il faut le faire.
38:49Et puis surtout, il faut une adhésion.
38:51Le drame, c'est qu'il n'y a pas de majorité.
38:53Donc, je pense qu'on est bloqué.
38:55On ne fera rien pendant 6 mois.
38:57Et en espérant qu'après les élections,
38:59s'il y en a, il y en aura certainement,
39:01il y a une vraie majorité qui ait envie de sauver la France.
39:03– On a aussi le sentiment qu'on est bloqué à l'intérieur,
39:05mais on est aussi bloqué à l'extérieur.
39:07On le voit très bien avec ces accords
39:09qui sont négociés entre l'UE et le Mercosur.
39:11Il y a des manifestations d'agriculteurs
39:13qui sont très inquiets pour leur profession
39:15qui souffre déjà depuis des années et des années.
39:17– Bien sûr, bien sûr.
39:19– Concrètement, ça ne sert à rien, ces manifestations.
39:21Aujourd'hui, Paris a fait un vote fantoche,
39:23allais-je dire, cette semaine.
39:25Ça ne fonctionne pas.
39:27La Commission va décider,
39:29parce que pour que les Français comprennent bien,
39:31les députés européens qui vont s'exprimer sur ces accords,
39:33c'est bien la Commission européenne non élue,
39:35enfin non élue en direct, en suffrage direct.
39:37À partir de là,
39:39qui a les manettes ?
39:41– Vous savez, le problème, c'est que nous,
39:43on cherche des bouchimicères en permanente.
39:45C'est-à-dire que ça fait 25 ans que cet accord du Mercosur,
39:47il n'est toujours pas là, il ne sera peut-être jamais là.
39:49Et j'ai regardé, il y a justement une étude de la Commission européenne
39:51qui a fait ce qu'on appelle une étude d'impact.
39:53C'est-à-dire, combien ça va rapporter l'accord entre l'UE et le Mercosur ?
39:55Vous savez combien ça va rapporter à l'horizon 2032 ?
39:570.1 points de croissance.
39:59– Chouette.
40:01Dans le lot, il y a sans doute des gens qui vont perdre beaucoup
40:03et d'autres qui vont gagner beaucoup.
40:05Parce que souvent, c'est résumé en
40:07on va vendre, pour ne pas dire
40:09faussoyer l'agriculture française,
40:11pour l'industrie automobile allemande.
40:13C'est un peu plus compliqué.
40:15– Bien sûr, mais surtout, c'est ça le drame.
40:17C'est qu'en fait, on n'a pas attendu le Mercosur,
40:19enfin l'accord, pour avoir des difficultés sur l'agriculture française.
40:21Pareil, là aujourd'hui,
40:23on nous dit que tous nos maux, c'est dû à Trump.
40:25Il n'est même pas encore arrivé pour voir que c'est…
40:27Donc nous, on cherche des boucs émissaires.
40:29C'était Poutine, maintenant c'est Trump, c'est le Mercosur.
40:31Non, tout ce qui nous arrive, c'est à cause de nous.
40:33Moi, je pense qu'il faut arrêter de se déresponsabiliser.
40:35Il faut qu'on aille se responsabiliser.
40:37Quand je dis à cause de nous, c'est pas les Français,
40:39c'est les dirigeants français.
40:41C'est-à-dire que, encore une fois, malgré l'agriculture,
40:43que je connais bien, parce que je vais souvent faire des conférences
40:45dans le monde agricole,
40:47rendez-vous compte que dans les années 80-90,
40:49c'était encore 5% de notre PIB.
40:51Maintenant, ce n'est même pas 1%.
40:53La France, c'est quoi ? C'est une volonté politique
40:55de sacrifier l'agriculture.
40:57La France était l'un des premiers exportateurs
40:59mondiaux de produits agricoles,
41:01notamment dans les céréales.
41:03Maintenant, on a perdu notre place.
41:05C'était une volonté politique.
41:07Pareil sur l'industrie, on parle de réindustrialisation.
41:09C'est une bonne idée.
41:11Mais qui a désindustrialisé la France ?
41:13Les dirigeants français, rappelez-vous,
41:15dans les années 80-90,
41:17vous étiez très jeune à l'époque…
41:19– Merci, merci.
41:21– Ce que je veux dire, c'est qu'à l'époque,
41:23je me souviens, on nous disait
41:25qu'on allait avoir une économie française sans usine.
41:27On présente ça comme c'est formidable.
41:29– C'est génial.
41:31– Mais quelle erreur stratégique énorme.
41:33Et ça a duré pendant 20 ans, on a laissé croire ça.
41:35Ce sont des erreurs de nos dirigeants,
41:37et surtout, ils s'enferrent dans leurs erreurs.
41:39Parce qu'au moins, tout le monde,
41:41l'erreur est humaine.
41:43On peut se dire, désolé, on s'est trompé,
41:45sauf que persévérer dans l'erreur, c'est diabolique,
41:47comme le dit le dicton, et c'est ça qui est dangereux.
41:49On a un système aujourd'hui qui est devenu diabolique
41:51parce qu'on a persévéré dans cette erreur.
41:53Et ce qui se passe pour nos amis agriculteurs,
41:55malheureusement, c'est ça.
41:57C'est qu'on les a sacrifiés, entre les charges,
41:59entre les jachères, etc.
42:01Les normes, les normes.
42:03Nous, on veut mourir guéri.
42:05– Tout ça fliqué par des drones, d'ailleurs.
42:07– Bien sûr, on veut mourir guéri.
42:09Ça veut dire, non, on respecte toutes les règles,
42:11mais on est mort, on n'a pas l'intérêt.
42:13Donc non, c'est ça qui devient très dangereux.
42:15Il faut redonner un petit peu de l'espoir
42:17et un bol d'air.
42:19Notre économie, elle est sclérosée, elle est enfermée.
42:21Toutes ces réglementations, ces taxes, ça empêche de tourner en haut.
42:25Alors, je ne dis pas que ça doit être la loi de la jungle.
42:27C'est important d'avoir des règles, bien entendu,
42:29de vérifier, etc.
42:31Mais des fois, et même souvent, ça va beaucoup trop loin.
42:33Et après, on se plaint.
42:35Ah ben tiens, on n'a plus d'industrie.
42:37Après, il y a aussi une erreur dramatique,
42:39l'éducation nationale.
42:41Moi, je vois beaucoup d'entreprises aujourd'hui dans l'industrie,
42:43que je conseille, qui me disent, on veut embaucher,
42:45mais il n'y a personne.
42:47Oui, parce qu'il n'y a pas de formation.
42:49On forme des pléthores de Bac plus 5 en histoire de l'art, etc.
42:53Moi, j'adore l'histoire de l'art.
42:55Sauf que les débouchés, c'est un peu compliqué.
42:57Surtout dans l'industrie, vous voyez ce que je veux dire ?
42:59Et donc, dans le bâtiment pareil, on manque de main-d'œuvre, etc.
43:01Pourtant, on a l'éducation nationale la plus chère du monde.
43:03Ce serait quand même un droit d'attente
43:05qu'elle donne les bonnes formations.
43:07– Et qu'elle soit en adéquation avec le marché du travail.
43:09– Exactement.
43:11Dernièrement, je faisais une conférence
43:13au Sénéval de l'Atlantique, et le président me disait,
43:15en fait, comme ils ont du boulot,
43:17parce qu'il y a du boulot, tant mieux d'ailleurs pour eux,
43:19mais il n'y a pas de main-d'œuvre.
43:21Donc, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
43:23Ils ont créé leur propre école en interne.
43:25Donc, ils prennent des jeunes.
43:27Pareil, j'étais dernièrement, je dirais, au sein du BTP,
43:31on me dit qu'on va chercher des jeunes comme ça,
43:33c'était à Narbonne notamment, dans les clubs de rugby,
43:37pour apprendre le métier.
43:39Mais ce n'est pas à nous de faire ça.
43:41Non, l'éducation nationale, elle ne le fait pas.
43:43Et les jeunes sont contents,
43:45parce que finalement, plutôt que de rien faire, c'est vertueux.
43:47Donc, vous voyez, il y a un rôle social, je dirais, à jouer.
43:49Et malheureusement, c'est ça le drame.
43:51C'est qu'à tous les niveaux,
43:53vous savez, le problème de la France,
43:55c'est un niveau global, donc il faut repenser
43:57complètement notre fonctionnement,
43:59parce qu'on ne le dit pas assez,
44:01on a la chance de vivre en France.
44:03La France qui est un pays exceptionnel,
44:05à tout niveau, tout point de vue,
44:07au-delà évidemment de la beauté du pays,
44:09par exemple que la France est un pays ultra-libéral.
44:11C'est incroyable.
44:13On est le pays au monde où il y a le plus de dépenses publiques,
44:15on dit qu'on est ultra-libéral.
44:17Nous sommes le pays au monde où il y a le plus de dépenses sociales.
44:19Vous vous rendez compte, c'est plus de 32% de notre PIB,
44:21alors que la moyenne de l'OCDE,
44:23ça veut dire les pays développés, c'est 21%.
44:25Donc, c'est une chance incroyable d'avoir ça.
44:27Sauf que, évidemment, c'est gaspillé,
44:29il y a beaucoup de gaspillage,
44:31beaucoup de dérapage,
44:33donc on doit reprendre le contrôle.
44:35Et reprendre le contrôle, ça ne veut pas dire justement
44:37mettre des réglementations tatillonnes, etc.,
44:39notamment pour nos entreprises,
44:41et c'est ça qui est aujourd'hui extrêmement dangereux.
44:43Donc, les solutions existent,
44:45c'est ça la bonne nouvelle.
44:47On a les moyens de relancer la France,
44:49tout à fait possible, mais encore faut-il avoir le courage politique,
44:51j'aime dire la volonté politique déjà,
44:53de le faire.
44:55– On est dans un monde mondialisé aussi,
44:57on le sait, donc on est aussi dépendant
44:59de l'actualité internationale.
45:01Parmi l'actualité internationale la plus importante
45:03de ces dernières semaines, évidemment,
45:05c'est l'élection de Donald Trump.
45:07Il sera investi, si tout va bien pour lui,
45:09le 20 janvier prochain.
45:11Je vous propose d'écouter tout de suite
45:13et je vous fais réagir.
45:15On écoute ce qu'il disait pendant la campagne
45:17concernant les droits de douane,
45:19et puis on a aussi le débrief de Jacques Sapir juste derrière.
45:21– Si un pays me dit
45:23« Monsieur, on vous aime beaucoup,
45:25mais on ne veut plus utiliser
45:27votre monnaie de réserve,
45:29on ne va plus faire
45:31une transaction de l'or »,
45:33je dirais « OK ».
45:35Vous allez payer une taxe de 100%
45:37sur tout ce que vous vendez aux États-Unis.
45:39On adore vos produits
45:41et j'espère que vous en vendez beaucoup aux États-Unis,
45:43mais vous paierez une taxe de 100%.
45:47Il me dira ensuite
45:49« Monsieur, ce sera un honneur
45:51de continuer à utiliser votre monnaie de réserve.
45:53Je ferai comme ça,
45:55c'est comme ça que je vais jouer.
45:57C'est même pas une partie d'échec,
45:59c'est un jeu de dames.
46:01On ne peut pas parler comme ça. »
46:03– Est-ce que c'est du bluff ?
46:05Pour des pays
46:07qui ont des économies
46:09très fragiles
46:11et qui sont d'une certaine manière
46:13relativement dépendants de leur commerce
46:15avec les États-Unis, non.
46:17Très clairement non.
46:19Mais pour des pays
46:21qui sont des pays extrêmement importants
46:23au niveau du commerce international,
46:25la Chine, l'Inde,
46:27là c'est clairement du poker.
46:29Si vous dites aujourd'hui à l'Inde
46:317% du PIB mondial,
46:33nous allons taxer,
46:35si vous ne voulez pas utiliser le dollar,
46:37nous allons appliquer
46:39une taxe aux importations
46:41égale à 100% du prix.
46:45Les dirigeants indiens
46:47peuvent dire « Si c'est comme ça,
46:49nous ne commercerons plus avec vous. »
46:51Les indiens, eux, sont en mesure.
46:53– Les principes actifs des médicaments
46:55qui viennent d'Inde, c'est dommage.
46:57– Tout à fait.
46:59Là, oui, ça ressemble beaucoup
47:01à du poker, même à du poker menteur.
47:09– Qu'est-ce que vous pensez de tout ça,
47:11de ces déclarations de Donald Trump
47:13et de cette observation de Jacques Sapir ?
47:15– Je pense qu'effectivement, Donald Trump
47:17c'est un homme d'affaires, un businessman.
47:19Bien entendu, c'est de la négociation.
47:21Il dit « Je vais vous mettre 60% ou 100%
47:23et après on négocie. »
47:25Par contre, ce qui est très intéressant,
47:27c'est que ça, c'est la clé de l'avenir,
47:29ce qu'il a dit Trump.
47:31Il n'a pas justement des réserves de change.
47:33Qu'est-ce qui fait la force des États-Unis ?
47:35C'est le fait que le dollar, c'est toujours
47:37la réserve de change mondiale.
47:39Quand on a créé l'euro, c'était pour concurrencer
47:41le dollar et malheureusement, on n'a pas réussi à le faire.
47:43Là, on a eu des règles, des taxes, etc.
47:45Et donc finalement, l'euro n'a pas remplacé le dollar.
47:47Et le dollar, aujourd'hui, c'est toujours
47:4970% des réserves de change dans le monde.
47:51C'est la moitié des transactions dans le monde
47:53et dans le commerce américain, ce n'est que 15%
47:55du commerce mondial. C'est-à-dire que les deux tiers
47:57du commerce en dollars ne sont pas américains.
47:59Donc c'est ça qui fait que les Américains,
48:01ils peuvent continuer à augmenter leur déficit,
48:03c'est nous qui le finançons.
48:05– Est-ce que ça, vous voyez sur le long terme ?
48:07– Alors voilà, c'est ce que je veux dire.
48:09Et donc par contre, le jour où ça, ça s'arrête,
48:11le jour où les États-Unis n'ont plus cette réserve de change,
48:13donc le dollar réserve, comme on dit en anglais,
48:15le benchmark, ça veut dire référence mondiale,
48:17là, il s'effondre.
48:19– Quand on voit l'essor des BRICS, typiquement.
48:21– C'est là où c'est très intéressant parce que
48:23ce qui se passe, c'est qu'il faut un concurrent dollar.
48:25Moi, les BRICS qui veulent dire faire plusieurs
48:27en panier de monnaie, ça ne marchera pas
48:29parce que prendre un panier de monnaie pour se couvrir
48:31par exemple sur le pétrole, ça va être compliqué.
48:33Le marché n'existe pas, il n'existera jamais.
48:35Il faut une devise. Donc on a fait l'euro, ça n'a pas marché.
48:37Les Japonais avec le Yen, ça n'a pas marché.
48:39Qui reste aujourd'hui, c'est le Yuan.
48:41– Bien sûr. – La devise chinoise.
48:43Mais sauf que là, les Chinois vont très mal.
48:45Économiquement parlant, ils vont mal.
48:47Pour concurrencer le dollar, il faut une devise forte.
48:49Or, si le Yuan est trop fort,
48:51la Chine qui va déjà mal, elle va aller encore plus mal.
48:53Donc elle n'a pas les moyens d'avoir ce Yuan fort.
48:57Donc c'est vraiment de la stratégie de long terme.
48:59– C'est peut-être l'Inde qui pourra s'en tirer le mieux.
49:01– L'Inde, pareil, elle n'est pas assez forte économiquement.
49:03L'Inde, en termes de PIB par habitant,
49:05ils sont très très loin. Ils sont 70e mondiaux.
49:07Il y a encore beaucoup de pauvreté en Inde.
49:09Donc ils ne sont pas prêts encore.
49:11Par contre, économiquement parlant, sur la croissance,
49:13c'est très dynamique. Donc toute la question de savoir
49:15qui va concurrencer le dollar demain.
49:17Et c'est pourquoi Trump sait très bien que
49:19si demain il y a un concurrent dollar,
49:21les Américains, ils s'effondrent.
49:23Et donc c'est pourquoi il a parlé de ça en disant
49:25si vous ne prenez plus le dollar comme moyen de transaction,
49:27là on vous taxe.
49:29Il ne le fera pas, évidemment.
49:31D'ailleurs, je me souviens, lors de son précédent mandat,
49:35il avait mis des droits de douane aux produits chinois de 30%.
49:39Et les Chinois avaient dévalué le Yuan de 30%.
49:41Donc ça veut dire que c'était un dollar finalement.
49:43Vous comprenez ?
49:45Voilà, parce que les Chinois contrôlent leur devise.
49:47Moi, je pense qu'effectivement, les Chinois,
49:49si un jour ils sont assez forts, peut-être dans une quinzaine d'années,
49:51là ils pourraient imposer le Yuan contre le dollar.
49:53Et là, ça sera un vrai challenge.
49:55Parce que peut-être que certains pays diront
49:57oui, tiens, moi je veux bien payer mon pétrole en Yuan.
49:59Mais là, pour l'instant, ce n'est pas possible.
50:01Parce que le Yuan, déjà, c'est une monnaie
50:03avec un contrôle d'échange.
50:05Donc on ne peut pas acheter et vendre comme on le souhaite.
50:07Il n'est pas assez fort.
50:09Donc ça prendra du temps.
50:11Donc les Américains, pour l'instant,
50:13ils vivent sur ça.
50:15Ils savent qu'un jour ça va s'arrêter.
50:17Mais ils gagnent du temps.
50:19Pour l'instant, ce n'est pas avant 15 ans.
50:21Et ce qui est dramatique pour nous,
50:23c'est que dans les négociations avec Trump,
50:25malheureusement, pour Trump,
50:27l'Europe, ce n'est pas grand-chose.
50:29Ce n'est pas ce qui compte parce qu'on sait déjà,
50:31nous-mêmes, tirer une balle dans le pied.
50:33On n'est même plus une menace.
50:35La vraie menace, c'est la Chine.
50:37Donc vous allez voir qu'il va trouver des accords
50:39et nous, par contre, l'Europe,
50:41on sera le dindon de la farce.
50:43– Pour aller dans l'autre sens,
50:45Christine Lagarde, ancienne patronne du FMI,
50:47actuelle patronne de la BCE, la Banque Centrale Européenne,
50:49a conseillé, face aux annonces de Donald Trump
50:51d'augmentation de taxes douanières,
50:53y compris sur des produits européens,
50:55de sortir le carnet de chèques,
50:57c'est-à-dire d'acheter davantage de GNL,
50:59donc de gaz de schiste,
51:01qui est interdit en France.
51:03À la rigueur, on ne va pas ouvrir le débat aujourd'hui
51:05sur le gaz de schiste, mais c'est un fait.
51:07Elle a le droit de l'exploiter en Europe
51:09et on va aller l'acheter aux États-Unis,
51:11alors qu'il n'est pas moins polluant aux États-Unis,
51:13et d'acheter du matériel de défense américain,
51:15mais attention, non produit en Europe.
51:17– Non mais ça, c'est très surprenant.
51:19C'est-à-dire que déjà, il y a un problème
51:21de devoir de réserve.
51:23Madame Lagarde, donc présidente de la Banque Centrale Européenne…
51:25– C'est pour qui roule la BCE, là, quand même ?
51:27– Non mais non, elle n'a pas le droit de parler de ça.
51:29C'est-à-dire que ce n'est pas dans ses statuts.
51:31Alors peut-être qu'elle a oublié son rôle, je ne sais pas.
51:33– C'est publié sur le site de la BCE.
51:35– Je sais, je sais, c'est ça qui est grave.
51:37C'est un établi dans la presse,
51:39donc ce n'est pas qu'il a été relu, etc.
51:41C'est très grave.
51:43Une présidente de la BCE ne devrait pas dire ça.
51:45Comment pourrait-elle dire ?
51:47Et puis surtout, l'impact, il n'est pas là.
51:49Mais ça montre également,
51:51je pense que c'est un aveu d'échec de l'Europe.
51:53C'est vrai que c'est triste,
51:55parce qu'on a créé l'Europe, justement,
51:57pour concurrencer les États-Unis.
51:59On a créé l'euro pour concurrencer le dollar.
52:01Donc aujourd'hui, non seulement on n'a pas réussi à le faire,
52:03mais maintenant, on est en train de tuer la zone euro,
52:05on est en train de tuer l'Europe.
52:07Donc c'est quand même drame.
52:09Et nous-mêmes, ce n'est pas les Américains,
52:11parce que, encore une fois, le bouc émissaire américain,
52:13il est facile, c'est nous-mêmes qui faisons ça.
52:15Encore une fois, les décisions qui ont été prises
52:17en termes de wranglementation, Tatillon, etc.,
52:19de pression fiscale et autres,
52:21et de manque de cohésion au sein de la zone euro,
52:23c'est nous qui l'avons fait, notamment les Français.
52:25La France est quand même le seul pays
52:27qui ne respecte pas ces règles,
52:29aucune des règles de la zone euro.
52:31Ça ne fait pas sérieux.
52:33C'est pourquoi les Allemands vont dire demain,
52:35écoutez les Français, on vous aime bien,
52:37parce qu'en plus, on s'en ramène, entre guillemets.
52:39C'est-à-dire que les Français, ils donnent des leçons.
52:41On ne respecte rien, mais on donne des leçons.
52:43Ça ne passe plus.
52:45Donc là, il y a une vraie tension au sein de la zone euro
52:47qui est très dangereuse.
52:49Et donc, ça risque de mal se terminer, malheureusement.
52:51Et comme d'habitude, le grand gagnant,
52:53ce seront les États-Unis, la Chine, l'Inde,
52:55et le dindon de la farce, l'Europe et la zone euro,
52:57c'est quand même triste parce qu'on n'a pas créé la zone euro pour ça.
52:59Mais toujours est-il, on revient sur le même problème.
53:01Parce qu'aux États-Unis,
53:03on ne les aime pas, ce n'est pas un problème.
53:05Mais ils sont pragmatiques.
53:07Trump, c'est le business first.
53:09Et après, America first, bien entendu.
53:11Mais bon, on est d'abord pragmatiques.
53:13C'est-à-dire, un truc qui ne marche pas,
53:15on arrête, on fait autre chose.
53:17Même si ça ne marche pas, on continue.
53:19On est dans le dogmatisme.
53:21Et c'est ça, encore une fois,
53:23qui fait énormément de mal à nos économies,
53:25à la France, où vous avez des personnes
53:27qui se pensent être très intelligentes,
53:29qui sont donc très dogmatiques,
53:31et qui vous disent, voilà, c'est comme ça.
53:33Et pour être honnête, ça m'est arrivé plusieurs fois,
53:35je ne vais pas donner le nom, mais des gens très connus,
53:37des hauts fonctionnaires et autres,
53:39ou même des dirigeants de la BCE,
53:41qui m'ont dit, vous êtes bien gentils,
53:43mais sachez une chose, de toute façon,
53:45nous avons raison.
53:47Alors pour faire un débat avec des gens pareils,
53:49c'est compliqué.
53:51Encore une fois, l'erreur est humaine,
53:53l'erreur est catabolique, donc il faut arrêter.
53:55On ne peut plus continuer comme ça.
53:57Il faut que nous ayons justement des dirigeants
53:59qui allons pouvoir prendre le taureau par les cornes
54:01et sauver la France.
54:03Encore une fois, on a un pays formidable.
54:05Je ne comprends pas comme ça se fatalise.
54:07On dit, là, on ne peut plus rien faire.
54:09Mais malheureusement, c'est sûr que là,
54:11on va toucher le fond de la piscine,
54:13et après, peut-être qu'on redémarre.
54:15– Espérons qu'on puisse remonter.
54:17– C'est ça, et surtout, dans quel état on va redémarrer.
54:19Je le souhaite, je pense que c'est encore possible,
54:21je vous remercie beaucoup Marc Twaty d'être venu jusque nous.
54:23Je vous rappelle, chers téléspectateurs,
54:25que vous pourrez retrouver Marc Twaty sur sa chaîne YouTube,
54:27Marc Twaty, tout simplement.
54:29C'est très facile de le suivre.
54:31J'espère que cette émission vous a plu.
54:33J'espère que vous avez déjà cliqué sur le pouce en l'air
54:35pour améliorer le référencement.
54:37Vous savez, ça booste l'algorithme, comme on dit.
54:39Je vous retrouve tout de suite dans les commentaires
54:41et puis je vous donne rendez-vous, bien sûr, la semaine prochaine
54:43pour un nouveau numéro. À bientôt.

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