• il y a 10 mois
Le couperet est tombé. Bruno Le Maire a annoncé  une vaste politique de restrictions budgétaires avec 10 milliards d’euros d’économie. Alors que le trésor public est dans le rouge depuis plusieurs années, creusant dangereusement la dette, l’économie est en berne. Et ce à cause d’un ralentissement de la croissance dans le monde provoqué par des tensions géopolitiques qui persistent. La guerre en Ukraine à laquelle s’ajoute le conflit au Hamas et la baisse de productivité en Chine creusent les incertitudes. Si la France « résiste », ce n’est pas le cas de nos homologues européens à l’instar de l’Allemagne qui est rentrée en récession l’année dernière. Pourtant, le gouvernement Macron s’est obstiné à conserver un taux de 1,4% malgré les préconisations du Fonds monétaire international et l’OCDE, jouant un peu plus d’imprudence. Doit-on s’attendre à de nouvelles coupes dans le budget ? Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics se veut rassurant : « Notre objectif avec Bruno Le Maire c’est redresser les comptes publics et réduire le déficit public. C’est un enjeu de justice. Ne pas laisser à nos enfants et nos petits-enfants financer nos dépenses. Et c’est un enjeu de souveraineté pour maîtriser notre destin » explique notre invité sur le plateau des 4 vérités ce lundi 19 février 2024. 
Ces 10 milliards d’euros concernent l’État et plus précisément les ministères. Sur le papier, cela implique une baisse des dépenses de fonctionnement de l’État pour réduire la dépense ce qui devrait représenter 750 millions d’euros d’économie sur les achats. Le ministre délégué aux Comptes publics prévoit également de réduire les surfaces de bureau de près de 25% d’ici 2030 et les déplacements des agents publics à hauteur de 20%. « On peut bâtir un État plus sobre. C’est normal que l’État s’applique a lui-même cette exigence de baisse de la dépense donc d’une certaine manière de bonne gestion » soutient l’ancien député girondin. Et pour rectifier la note publique, ce dernier ne lésine pas sur les moyens : « Il y a aura 700 millions d’euros sur les dépenses de personnel dès l’année prochaine. Ça peut vouloir dire des recrutements qui seront décalés dans le temps. Nous prenons nos responsabilités parce que sans attendre nous souhaitons agir et baisser la dépense publique. Ce sont des dépenses de fonctionnement mais c’est aussi un certain nombre de projets qu’on peut reporter […] c’est le cas du compte personnel formation, de MaPrimeRevov » poursuit-il.  
Initialement programmée sur leur feuille de route, la rénovation énergétique du bâtiment n’est plus à l’ordre du jour. En effet, le gouvernement a annoncé vouloir simplifier les diagnostics de performance énergétique et prolonger les délais pour les propriétaires. Avec un milliard d’euros de mois dans l’enveloppe prévue à cet effet, les 200 000 rénovations globales sont-elles toujours d’actualité ? « Aujourd’hui, on révise le budget que l’on va consacrer à MaPrimeRenov. Il va continuer à augmenter mais de manière moins importante d’abord parce qu’on doit faire des économies et d’autre part parce que Christophe Béchu a entrepris une révision du diagnostic de performance énergétique qui peut changer le nombre global de logements » explique notre invité. Un sacrifice supplémentaire au détriment de la transition écologique. Autre changement qui risque de faire grincer des dents le contribuable : le CPF. Longtemps envisagé, le gouvernement a finalement décidé de demander une participation à ceux qui en bénéficient. Autant de mesures pour permettre au gouvernement de maintenir le cap et de tenir ses objectifs de 3% de déficit pour 2027. 


Élection : la bataille des européennes 
Le Rassemblement National a annoncé l’arrivée sur sa liste de l’ancien patron de l’agence Frontex chargée du contrôle des frontières européennes tandis que l’exécutif tarde à rentrer dans la course des européennes. Pourtant, ce ne sont pas les candidats volontaires qui manquent à l'appel, à l’instar du député européen Bernard Guetta qui y est favorable. Si la majorité ne s’est pas encore prononcée sur sa tête de liste, elle a cependant dévoilé le point d’ancrage de la campagne, en faveur d’une Europe puissante et unie, aux antipodes du RN qui prône davantage la sortie. « L’Europe nous protège face aux périls du monde » soutient Thomas Cazenave qui pointe du doigt la politique du RN. 

Category

📺
TV
Transcription
00:00 Thomas Cazenave, ministre délégué au compte public.
00:03 Bonjour Thomas Cazenave.
00:06 Le coup près est tombé.
00:08 Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d'euros d'économies pour 2024.
00:12 N'est-ce qu'une première coupe ou y en aura-t-il d'autres en 2024 ?
00:17 D'abord, pourquoi devons-nous faire 10 milliards d'euros d'économies ?
00:21 Nous sommes face à un ralentissement de la croissance dans le monde
00:24 avec la guerre en Ukraine, le ralentissement chinois, un certain nombre d'incertitudes
00:30 qui fait que finalement la croissance est moins forte que prévu.
00:33 Elle résiste en France, mais quand on regarde nos partenaires européens,
00:37 l'Allemagne était rentrée en récession l'année dernière, le Royaume-Uni.
00:40 Vous êtes quand même obstiné avec le taux de 1,4,
00:42 là où le Fonds monétaire international, l'OCDE par exemple, vous demandaient davantage de prudence.
00:48 Vous avez maintenu cette croissance de 1,4.
00:51 Jusqu'à il y a quelques mois encore, elle a résisté très bien notre économie.
00:55 Après, c'est notre responsabilité de tout de suite constater que finalement,
00:59 la croissance résiste, mais sera moins forte que prévu.
01:02 Et donc, comme la croissance est moins forte que prévu, les recettes sont moins importantes.
01:06 Moins d'impôts sur les sociétés, moins de TVA, moins de cotisations.
01:09 Donc, comme les recettes baissent, on doit baisser les dépenses
01:13 pour ne pas laisser le déficit public se dégrader.
01:15 J'y reviens parce que c'est une première coupe de 10 milliards.
01:17 Est-ce qu'il y en aura d'autres pour 2024 ?
01:18 Vous dites ce matin, ça suffira.
01:21 Pour le moment, ça suffira.
01:22 Mais vous savez que notre objectif avec Bruno Le Maire,
01:25 et c'est l'objectif que nous a fixé le président de la République et le Premier ministre,
01:28 c'est redresser les comptes publics.
01:30 Qu'est-ce que ça veut dire ?
01:31 Réduire notre déficit public.
01:33 C'est un enjeu de justice.
01:34 Ne pas laisser à nos enfants, à nos petits-enfants financer nos dépenses.
01:39 Et c'est un enjeu de souveraineté pour notre pays maîtriser notre destin.
01:43 Ces 10 milliards concernent l'État, notamment les ministères.
01:47 Concrètement, comment ça va se traduire dans les ministères ?
01:49 D'abord, c'est l'exemplarité de l'État.
01:51 Ces 10 milliards, c'est l'État qui les prend sur ses épaules.
01:55 Et tout le monde va se serrer la ceinture.
01:57 Tous les ministères sont concernés.
01:59 Ça veut dire quoi ? C'est moins de chauffage, on fait moins d'achats ?
02:00 Ça veut dire, très concrètement, qu'on va d'abord baisser les dépenses de fonctionnement de l'État.
02:05 Réduire. Réduire la dépense.
02:07 On va faire 750 millions d'euros d'économies sur nos achats.
02:11 On va réduire les surfaces de bureaux de près de 25 % d'ici 2030.
02:17 Vous allez vendre des bâtiments, par exemple ?
02:19 On va réduire, oui. On a déjà décidé de réduire la surface.
02:22 On a 25 millions de mètres carrés de bureaux.
02:26 Par exemple, dès l'année prochaine, on va réduire les déplacements des agents publics de près de 20 %.
02:31 Ça veut dire quoi ? Moins d'agents publics sur le terrain, du coup ?
02:34 Ça veut dire moins de déplacements professionnels.
02:37 On peut utiliser la visio.
02:39 De manière générale, on peut bâtir un État plus sobre.
02:42 Je suis convaincu que c'est faisable.
02:44 Et je crois aussi que c'est normal que l'État s'applique à lui-même cette exigence de baisse de la dépense
02:50 et donc, d'une certaine manière, de bonne gestion.
02:52 Il y aura des suppressions d'emplois ?
02:54 Il y aura 700 millions d'euros d'économies sur les dépenses de personnel dès l'année prochaine.
02:59 Ça peut vouloir dire des recrutements qui seront décalés dans le temps.
03:03 Nous prenons nos responsabilités parce que, sans attendre,
03:06 nous souhaitons réagir et baisser la dépense publique de l'État.
03:10 Donc, c'est des dépenses de fonctionnement, vous le disiez,
03:13 mais c'est aussi un certain nombre de projets qu'on peut reporter.
03:16 Par exemple, de projets que nous soutenons à l'international avec l'aide publique au développement
03:21 ou d'autres projets qu'on va revoir.
03:23 C'est le cas du compte personnel formation, de MaPrimeRénov'.
03:26 MaPrimeRénov', ça concerne là directement le quotidien des Français.
03:31 Un milliard de mois finalement dans l'enveloppe initialement prévue.
03:33 Est-ce que vous maintenez les 200 000 rénovations globales que vous visiez pour cette année ?
03:39 Ou est-ce que ça veut dire qu'il y en aura moins ?
03:40 Aujourd'hui, on révise le budget que l'on va consacrer à MaPrimeRénov'.
03:45 Il va continuer à augmenter, mais de manière moins importante.
03:49 Pourquoi ? Parce que d'abord, on doit faire des économies, il faut le dire aux Français.
03:53 Et d'autre part, parce que Christophe Béchut a entrepris une révision
03:56 du diagnostic de performance énergétique qui peut changer le nombre global de logements à rénovation.
04:03 Oui, bien sûr, moins de rénovation.
04:05 Et c'est normal qu'on révise les dispositifs sur le compte personnel formation, par exemple.
04:09 Mais c'est au nom de la transition écologique quand même.
04:11 Donc là, vous sacrifiez quelque part aussi la transition écologique, c'est moins de logements rénovés.
04:18 Sauf qu'on n'a jamais autant dépensé en matière de transition écologique.
04:23 Le budget consacré à MaPrimeRénov' va continuer à augmenter, mais un peu moins vite.
04:28 Et c'est notre responsabilité de le faire.
04:29 Et je le disais, ça va concerner aussi d'autres champs de politique publics.
04:33 Par exemple, le compte personnel formation, on consacre plus de 2 milliards d'euros au CPF.
04:38 On va demander à celles et ceux qui en bénéficient de contribuer.
04:42 C'était une décision qu'on avait prise en 2023 et on souhaite la mettre en œuvre dès cette année.
04:47 Vous maintenez l'objectif des 3% de déficit pour 2027 ?
04:50 Oui, c'est absolument indispensable que nous redressions nos finances publiques.
04:54 Après le quoi qu'il en coûte, nous avons protégé très largement tous les Français,
04:59 les entreprises, les commerçants, les associations, les collectivités territoriales.
05:03 Nous ne pouvons pas laisser les finances publiques dans cette situation.
05:06 C'est la raison pour laquelle on a pris cette décision immédiate
05:09 d'effort sur l'État de 10 milliards d'économies dès maintenant.
05:13 Ce sera plus de 12 milliards l'année prochaine pour 2025 ?
05:16 Et nous devons construire le budget de l'année prochaine.
05:19 Dans le même temps, vous savez que cet objectif a été fixé à plus de 12 milliards d'euros d'économies.
05:23 On verra, compte tenu de la révision de la croissance,
05:26 il est fort probable que nous ayons à faire plus de 12 milliards d'économies supplémentaires l'année prochaine.
05:31 Les agences de notation rendront la note de la France au printemps.
05:35 Est-ce que vous craignez une dégradation ?
05:37 Et qu'est-ce que ça veut dire là aussi pour l'économie française ?
05:40 Nous mettons tout en œuvre pour nous adapter.
05:43 Nous n'avons pas perdu de temps.
05:44 Nous avons constaté que les recettes étaient moins importantes,
05:46 que la croissance économique ralentissait.
05:49 Donc immédiatement, et je crois que c'est une décision inédite,
05:52 d'annuler dans le budget de l'État 10 milliards d'euros.
05:56 Je pense que c'est un acte de responsabilité, de réactivité,
05:59 et je pense que ça doit convaincre nos partenaires
06:02 du sérieux de notre gestion des finances publiques
06:05 et surtout de notre détermination avec Bruno Le Maire,
06:08 au fait que nous ne laisserons pas les finances publiques dériver.
06:12 Ces agences de notation rendront leur note quelques semaines ou quelques jours
06:16 pour certaines avant les élections européennes.
06:18 Est-ce que ça pourrait donner quelques voix justement au Rassemblement national
06:21 si la note était dégradée ?
06:23 Je n'ai pas de leçon de gestion des finances publiques
06:26 qu'à recevoir du Rassemblement national
06:28 qui à l'Assemblée soutiennent à chaque fois les dépenses les plus importantes.
06:32 Ce qui est certain, c'est que nous réagissons immédiatement
06:36 avec cette décision inédite de 10 milliards,
06:38 que nous appliquons d'abord à l'État.
06:40 On veut bâtir un État exemplaire, sobre,
06:42 et je crois que c'est ça qui sera gage du sérieux
06:45 et de la bonne gestion de nos finances publiques.
06:47 Le Rassemblement national qui a annoncé l'arrivée sur sa liste
06:50 de l'ancien patron de l'agence Frontex,
06:52 qui est chargé du contrôle des frontières européennes,
06:55 quand est-ce que vous, vous aurez un candidat en tête de liste ?
06:58 Il y a Bernard Guetta qui était à votre place vendredi dernier,
07:00 qui s'est dit intéressé.
07:02 Quand est-ce que vous aurez un candidat ?
07:03 On aura un candidat tout prochainement,
07:05 mais la bataille des européennes a déjà commencé.
07:08 Nous défendons une vision de l'Europe puissante,
07:12 une vision de l'Europe qui protège.
07:14 On considère que face aux tumultes du monde,
07:17 ensemble nous sommes plus forts.
07:18 Face au Rassemblement national, qui se cache d'une certaine manière,
07:22 qui cache son projet européen,
07:24 qui est un projet de sortie, sortie des traités,
07:26 et de fait sortie de l'Union européenne,
07:29 de détricoter l'Europe qui nous protège,
07:32 qui nous protège face au péril du monde,
07:34 on le voit avec le conflit russe aux portes de nos frontières,
07:38 mais on l'a vu pendant la crise du Covid,
07:39 on l'a vu pendant la crise économique.
07:41 Le Rassemblement national, il l'est dans l'arc républicain pour vous ?
07:44 Le Rassemblement national,
07:46 moi j'étais parlementaire avant d'être ministre,
07:48 ont des députés, des députés qui sont légitimes,
07:50 ils ont été élus par les Français.
07:53 En revanche, je ne co-construis rien avec le Rassemblement national,
07:57 je les combats.
07:58 Ils sont dans l'arc républicain ?
07:59 Parce que ce matin il y a une interview d'Emmanuel Macron dans l'Humanité
08:02 qui dit qu'ils ne sont pas dans l'arc républicain,
08:04 il y a quelques jours, Gabriel Attal disait "ils sont dans l'arc républicain".
08:07 Ce n'est pas une question de mots, la question c'est…
08:09 Ah si, les mots sont importants.
08:10 Est-ce qu'ils ont des députés qui sont légitimes ?
08:12 La réponse est oui, ils ont été élus par les Français.
08:15 Est-ce qu'on construit avec le Rassemblement national ?
08:18 La réponse est non.
08:20 Je les combats, nous les combattons,
08:22 c'est une entreprise depuis le début de dissimulation,
08:24 ils arrivent cachés, on l'a vu sur les retraites,
08:26 on l'a vu sur la loi immigration, on le voit sur l'Europe.
08:29 Donc on combat le Rassemblement national,
08:31 tout en reconnaissant que leurs représentants sont parfaitement légitimes
08:35 puisque c'est les Français qui ont choisi qu'ils y siègent.
08:37 Il n'y a pas de divergence au sommet de l'État
08:39 entre le Premier ministre et Emmanuel Macron ?
08:40 Je ne crois pas.
08:42 La grève à la SNCF se termine dans quelques minutes,
08:44 à 8h le préavis est terminé.
08:46 Une incertitude plane déjà sur le week-end prochain.
08:50 Êtes-vous pour l'instauration d'un service minimum ?
08:53 D'abord, le droit de grève c'est un droit fondamental.
08:57 En revanche, je suis comme beaucoup de Français,
09:00 je considère qu'organiser cette grève au moment où des Français veulent partir en vacances,
09:06 ont planifié leur départ en famille,
09:09 ça met beaucoup de gens dans une situation très difficile, délicate,
09:13 et je considère que le dialogue social doit quand même nous amener à trouver des solutions
09:18 pour éviter de pénaliser des millions de Français
09:20 qui attendaient ces vacances avec impatience.
09:23 Vous parlez de dialogue social, ça ne veut pas dire une nouvelle loi
09:26 pour un service minimum ?
09:27 Il y a des initiatives parlementaires,
09:30 il y a des annonces de propositions de loi qui auront l'occasion d'être débattues,
09:36 on verra le contenu de leur texte,
09:38 mais moi j'en appelle surtout au dialogue et à la responsabilité,
09:41 y compris des organisations syndicales.
09:43 Je crois qu'on doit pouvoir faire grève dans notre pays,
09:46 on doit pouvoir débattre, négocier,
09:48 mais il faut aussi tenir compte du contexte
09:51 et le faire en plein week-end de vacances, de chassés-croisés,
09:55 je ne trouve pas ça très responsable.
09:57 Merci Thomas Cazenave.
09:59 Thomas Cazenave, ministre délégué au compte public,
10:01 invité des 4 EV ce matin, merci à Jérôme Bourgeois également
10:04 pour la traduction en langue des signes.

Recommandations