LE GRAND DÉBAT / Immigration : quelle marge de manoeuvre pour Bruno Retailleau ?
« Le récap » par Valérie Brochard
Tout juste nommé ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau se penche sur l'épineuse question de la loi immigration initiée par son prédécesseur, Gerald Darmanin. En partie censurée une première fois par le Conseil Constitutionnel, la loi immigration telle que le ministre conservateur l'envisage mettrait « un coup d'arrêt aux entrées illégales » et augmenterait « les sorties » selon ses déclarations confiées au Figaro ce lundi 23 septembre. Bruno Retailleau cherche à s'insérer dans le sillon de l'Allemagne et d'autres Etats européens afin de « constituer une sorte d'alliance avec les pays qui veulent plus de fermeté sur l'immigration », a-t-il révélé sur TF1. Restriction du droit du sol, suppression de l'aide médicale d'Etat, durcissement des conditions du regroupement familial, restriction de l'accès aux droits sociaux... Bruno Retailleau parviendra-t-il à imposer son projet de loi immigration ?
Invités :
- Hervé Saulignac, député socialiste de l'Ardèche
- Julia Pascual, journaliste au journal « Le Monde »
- Thibaud Mulier, constitutionnaliste, maître de conférences en droit public à l'université Paris Nanterre
- Martin Garagnon, porte-parole du parti « Ensemble pour la République »
LE GRAND ENTRETIEN / Charles de Courson : budget, recherche projet de loi désespérément...
La question de l'augmentation des impôts agite le débat politique en raison d'une dette publique excessive. Le déficit public devrait atteindre les 6% du PIB en 2024, selon « Les Echos ». La France étant soumise à la doxa européenne, un plan doit être élaboré dans l'optique de diminuer le poids de la dette et de ramener le déficit public sous les 3% de PIB. Eric Coquerel, Président de la commission des finances de l'Assemblée, et Charles de Courson, rapporteur général du budget, occupent un rôle central dans les négociations. Le 19 septembre, ils ont obtenu le « tiré à part » qui mentionne les crédits alloués aux ministères pour l'an prochain mais ces plafonds ne constituent qu'une « base technique pour préparer le budget ». Le Premier ministre conserve ainsi la possibilité de réaliser des ajustements. Quelles conditions doivent être réunies pour boucler le projet de loi de finances 2025 ?
- Grand invité : Charles de Courson, député LIOT de la Marne, rapporteur général du budget
LA QUESTION QUI FÂCHE / Matignon : Marine le Pen est-elle la vraie patronne ?
- David Revault d'Allonnes, rédacteur en chef de la revue « L'hémicycle »
- Charles Sapin, journaliste au magazine « Le Point »
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font ent
« Le récap » par Valérie Brochard
Tout juste nommé ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau se penche sur l'épineuse question de la loi immigration initiée par son prédécesseur, Gerald Darmanin. En partie censurée une première fois par le Conseil Constitutionnel, la loi immigration telle que le ministre conservateur l'envisage mettrait « un coup d'arrêt aux entrées illégales » et augmenterait « les sorties » selon ses déclarations confiées au Figaro ce lundi 23 septembre. Bruno Retailleau cherche à s'insérer dans le sillon de l'Allemagne et d'autres Etats européens afin de « constituer une sorte d'alliance avec les pays qui veulent plus de fermeté sur l'immigration », a-t-il révélé sur TF1. Restriction du droit du sol, suppression de l'aide médicale d'Etat, durcissement des conditions du regroupement familial, restriction de l'accès aux droits sociaux... Bruno Retailleau parviendra-t-il à imposer son projet de loi immigration ?
Invités :
- Hervé Saulignac, député socialiste de l'Ardèche
- Julia Pascual, journaliste au journal « Le Monde »
- Thibaud Mulier, constitutionnaliste, maître de conférences en droit public à l'université Paris Nanterre
- Martin Garagnon, porte-parole du parti « Ensemble pour la République »
LE GRAND ENTRETIEN / Charles de Courson : budget, recherche projet de loi désespérément...
La question de l'augmentation des impôts agite le débat politique en raison d'une dette publique excessive. Le déficit public devrait atteindre les 6% du PIB en 2024, selon « Les Echos ». La France étant soumise à la doxa européenne, un plan doit être élaboré dans l'optique de diminuer le poids de la dette et de ramener le déficit public sous les 3% de PIB. Eric Coquerel, Président de la commission des finances de l'Assemblée, et Charles de Courson, rapporteur général du budget, occupent un rôle central dans les négociations. Le 19 septembre, ils ont obtenu le « tiré à part » qui mentionne les crédits alloués aux ministères pour l'an prochain mais ces plafonds ne constituent qu'une « base technique pour préparer le budget ». Le Premier ministre conserve ainsi la possibilité de réaliser des ajustements. Quelles conditions doivent être réunies pour boucler le projet de loi de finances 2025 ?
- Grand invité : Charles de Courson, député LIOT de la Marne, rapporteur général du budget
LA QUESTION QUI FÂCHE / Matignon : Marine le Pen est-elle la vraie patronne ?
- David Revault d'Allonnes, rédacteur en chef de la revue « L'hémicycle »
- Charles Sapin, journaliste au magazine « Le Point »
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font ent
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Générique
00:05Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans ça vous regarde, ce soir, le Rotaïo Show.
00:13Depuis sa prise de fonction hier, le nouveau ministre de l'Intérieur multiplie les coups de menton
00:19et les formules choc, immigration, sécurité politique pénale, à peine nommé, ses alliés se cabrent de son collègue
00:27à la justice, Didier Migaud, en passant par la présidente de l'Assemblée Nationale qui le met en garde.
00:33Rotaïo, l'irritant au gouvernement, c'est notre grand débat dans un instant sur ce plateau.
00:38Augmenter les impôts, oui, mais lesquels ? Notre invité nous dira quelles mesures de justice fiscale
00:45faut-il mettre en place pour tenter de résorber nos déficits publics.
00:49Il connaît les finances publiques absolument sur le bout des doigts.
00:53Interview franc-parlé avec le rapporteur général du budget à l'Assemblée, Charles de Courson.
00:59Enfin, la question qui fâche ce soir, Marine Le Pen, est-elle la vraie patronne ?
01:04Le Premier ministre, en personne, a dû déminer aujourd'hui son premier couac gouvernemental
01:10en décrochant son téléphone pour rassurer l'ERN tir croisé avec nos chroniqueurs à la fin de cette émission.
01:17Voilà, ça vous regarde, vous avez le programme, et bien c'est parti.
01:23Générique
01:25...
01:32Deux interviews en 24 heures, un déplacement nocturne à la Courneuve et un grand entretien dans le Figaro.
01:37Le moins que l'on puisse dire, c'est que Bruno Retailleau est resté sourd à la consigne de Michel Barnier.
01:42Agir avant de communiquer.
01:44On va revenir ce soir sur cette offensive médiatique du tout nouveau ministre de l'Intérieur,
01:50déjà des premiers crocs avec son collègue à la justice.
01:52On va aussi se demander, ce soir, s'il a vraiment les moyens d'agir sur la sécurité, sur l'immigration dans cette nouvelle assemblée si divisée.
02:00Bonsoir, Martin Garagnon.
02:02Bonsoir.
02:02Bienvenue, vous êtes le porte-parole du parti présidentiel Ensemble pour la République.
02:06Bonsoir, Hervé Solignac.
02:08Bonsoir.
02:08Ravie de vous avoir sur ce plateau, député socialiste de l'Ardèche.
02:12Bonsoir, Julia Pascual.
02:13Bonsoir.
02:14Bienvenue à vous, vous êtes journaliste au Monde en charge du suivi des questions migratoires.
02:19Enfin, bonsoir, Thibaut Mullier.
02:20Bonsoir.
02:21Ravie de vous retrouver également.
02:22Vous êtes constitutionnaliste et maître de conférences en droit public à l'Université de Nanterre.
02:27Avant de débattre, merci à tous les quatre, on ouvre ce débat par le récap de Valérie Brochard,
02:32retour sur la tonalité des premières phrases du tout nouveau ministre, Bruno Rotailleau.
02:47Bonsoir, Valérie.
02:48Bonsoir, Myriam.
02:49Bruno Rotailleau a donc pris ses fonctions hier.
02:50Haut les mains, Myriam, le tout nouveau premier flic de France est arrivé et dès la passation Place Beauvau,
02:57il annonçait la couleur.
02:59La politique de la majorité nationale avec trois priorités, vous les retiendrez facilement.
03:07La première, rétablir l'ordre.
03:10La deuxième, rétablir l'ordre.
03:13La troisième, rétablir l'ordre.
03:16Bruno Rotailleau a un plan, un plan de communication, Myriam.
03:20Très écrit, précis, même appris par cœur.
03:23Un message qu'il martèle partout où il va, partout où il est.
03:26Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en 24 heures, le nouveau ministre de l'Intérieur en a fait des entretiens, des visites, des interviews.
03:33Regardez le journal d'ETF hier soir à 20 heures.
03:36Visite dans un commissariat juste après à la Courneuve en Seine-Saint-Denis et ce matin chez nos confrères d'Europe 1.
03:41Les mêmes mots, la même intention.
03:44Toutes celles et ceux qui placent une cible dans le dos des gendarmes, les policiers,
03:48je me mettrai en travers de leur route.
03:50Toutes celles et ceux qui mettent une cible dans le dos de nos policiers, de nos gendarmes,
03:56me trouveront en travers de leur route.
03:58Voilà, devant les caméras, comme dans la presse écrite.
04:01Bruno Rotailleau affirme sa fermeté, sa détermination dans le Figaro.
04:06Il déclarait « je ne suis pas là pour faire semblant, mais pour faire vraiment ».
04:10D'accord, là, je pense qu'on a bien compris le message, mais concrètement, il veut faire comment, le nouveau ministre de l'Intérieur ?
04:16Eh bien, voici ses propositions.
04:17« Je mobiliserai tous les moyens matériels, mais aussi juridiques, pour protéger les forces de l'ordre.
04:23Devant chaque menace, chaque appel à la violence, la justice sera saisie et j'utiliserai tous les pouvoirs réglementaires dont je dispose ».
04:30Bruno Rotailleau vaut plus de fermeté aussi concernant l'immigration, car pour lui, je cite « un pays n'est pas un hall de gare ».
04:37Des idées, des projets, il en a plein, mais Bruno Rotailleau le concède parfois sans pied, un tout petit peu sur le domaine de la justice.
04:45« Il y a le volet judiciaire, la justice, parce que ça ne sert à rien d'appréhender des malfaiteurs si ensuite ils sont relâchés.
04:51Ça, ce sera le dossier de mon collègue Didier Migaud. »
04:54Alors, qu'est-ce qu'il en fait du dossier Didier Migaud ?
04:56Eh bien, il lui a répondu en direct, live, au même moment, sur une autre chaîne.
05:01Didier Migaud n'est pas sourd, il a bien compris le message et face à la pression qu'exerce Bruno Rotailleau,
05:07eh bien, le nouveau ministre de la Justice tient toutefois à redessiner certaines lignes.
05:12« Il doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays et que c'est quelque chose qui est essentiel dans une démocratie. »
05:19Ambiance, ambiance Myriam, intérieur et justice, un duo, ou devrais-je plutôt dire un duel, déjà assez corrosifé qui fait beaucoup de bruit.
05:28Bras de fer, équilibre de la terreur dans les médias depuis ce matin, on retrouve ces expressions pour qualifier ce mariage quelque peu forcé.
05:35Tout le monde en parle, une méthode que Bruno Rotailleau assume parfaitement.
05:39« Il faut s'exprimer parce que quand on ne s'exprime pas, les gens pensent qu'on ne fait rien. Donc, il faut à la fois s'exprimer mais rechercher vraiment les résultats. »
05:46Ok, d'accord, on peut tout se dire et pourtant, lors du tout premier Conseil des ministres hier, Michel Barnier leur a lancé « Pas des broufles, s'il vous plaît, je vous demande d'être irréprochable et modeste ».
05:58Alors, irréprochable, pour l'instant, rien à dire, mais modeste, je vous laisse en débattre avec vos invités sur le plateau.
06:04Merci beaucoup, Valérie, pour ce premier tour d'horizon. Martin Garagnon, Bruno Rotailleau est le ministre de l'Intérieur dont la France avait besoin ?
06:11Sur les déclarations de M. Rotailleau, je pense qu'il est sain aussi d'attendre le discours de politique générale du Premier ministre qui est annoncé le 1er octobre.
06:19C'est lui qui fixera la ligne politique de ce gouvernement, c'est lui qui fixera les priorités.
06:23Il n'aurait pas dû parler autant avant ce discours, selon vous ?
06:26Si l'action est à l'aune de la communication du ministre de l'Intérieur, moi, ça me va bien.
06:30En revanche, il s'agit, en effet, surtout pour un ministre de l'Intérieur qui nous explique qu'il est là pour agir et non pas pour commenter.
06:37Est-ce que vous êtes à l'aise, vous qui êtes macroniste de la première heure, avec toutes ces petites phrases souvent chocs, « la France n'est pas un hall de gare »,
06:46est-ce que quand il dit que la France est le pays le plus attractif d'Europe pour les migrants, l'immigration n'est une chance pour personne, tout ça vous convient parfaitement ?
06:57Moi, je ne commente pas les petites phrases et les buzz parce que malheureusement, c'est devenu une habitude.
07:01Il faut marquer son territoire, il faut parler de soi dans les médias, donc il faut faire du buzz.
07:04Moi, ce que je juge, ce que j'évalue, c'est la politique qui est appliquée et je pense que c'est vraiment ça qui intéresse les Français.
07:10Quant à la question d'être à l'aise ou pas, nous, on a fait un choix en responsabilité qui est celui de ne pas favoriser le blocage de notre pays et des institutions.
07:17On a posé, par la voix de Gabriel Attal, notamment un certain nombre de lignes rouges qui ont été très clairement évoquées et commentées tout au long de l'été
07:24et dont le Premier ministre a parfaitement conscience.
07:26Donc, on verra aussi, mais on sera extrêmement vigilants, une fois de plus, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, mais nous ne sommes pas l'otage du programme du RN.
07:33Nous ne sommes pas là pour appliquer la politique du RN. Je ne dis pas que c'est ce que...
07:37C'est vous qui venez au RN, je n'ai pas prononcé le mot.
07:39Non, mais parce que c'est un sujet sur lequel on nous attend beaucoup et, une fois de plus, parce que ce sera peut-être aussi dans le cadre de notre débat,
07:45mais si le RN détient une partie des clés d'une motion de censure, c'est la responsabilité, avant tout de la gauche,
07:50qui, dès à présent, a annoncé qu'elle, elle votera dans son entièreté une motion de censure.
07:54Donc, elle fait de facto, de Marine Le Pen, le décideur ou pas de ce gouvernement.
07:58Mais, en tout cas, nous, on s'en tiendra clair sur nos valeurs.
08:01Ça a été dit et commenté, notamment, une fois de plus, par Gabriel Attal.
08:03On n'est pas là pour appliquer la politique du RN, que ce soit clair.
08:06OK, c'est dit, Hervé Solignac.
08:08Il y a une rhétorique Retailleau, on ne la découvre pas, mais là, elle est très clairement affirmée et à la place de Beauvau.
08:15Pour vous, c'est une rhétorique de droite dure ou d'extrême droite, comme le disent vos alliés insoumis ?
08:20Écoutez, moi, je m'interroge sur la différence qu'il y a entre, idéologiquement, M. Retailleau et M. Ciotti,
08:27lequel, d'ailleurs, n'a bientôt plus de différence avec Mme Le Pen.
08:30Et je mets au défi quiconque dans ce pays de me dire quelles sont les différences fondamentales qu'il y a entre les deux.
08:34Donc, M. Retailleau, à lui seul, est une invitation à la censure.
08:39Je crois que quand on est ministre de l'Intérieur, on doit faire preuve d'autorité, c'est une certitude.
08:43Mais on doit aussi rassurer les Français.
08:45M. Retailleau, à travers les initiatives qu'il a pu prendre, les paroles qu'il a pu tenir sur les plateaux télé et devant vos confrères et vos consoeurs journalistes, n'est pas du tout rassurant.
08:53C'est un homme qui, incontestablement, est clivant, qui n'en a que faire des clivages qu'il peut installer aujourd'hui dans le paysage médiatique.
09:02Et quand on est ministre de l'Intérieur, qu'on débute et qu'on clive à ce point, on risque fort de se retrouver avec le désordre et non pas avec l'ordre qu'on prétend vouloir ramener,
09:12à travers des formules, d'ailleurs, qu'il finira par voir revenir en boomerang.
09:16Parce que rétablir l'ordre, rétablir l'ordre, rétablir l'ordre, ça va rester.
09:21C'est une formule qui va rester, comme sont restées des formules de Nicolas Sarkozy et avant lui, de Charles Pasqua.
09:27Il faut terroriser les terroristes, c'était une autre formule.
09:30On va finir par lui revenir, évidemment, à la figure, parce que très rapidement, c'est là-dessus qu'ils sont arrivés.
09:36On verra quelles sont ces marges de manœuvre.
09:38C'est vrai qu'il y a des petites phrases Retailleau hier, il y en a eu par le passé, je pense à celles sur les Français de papier.
09:43C'est une expression qui est utilisée souvent par le Rassemblement national pour dire que même avec des papiers d'identité en règle, on peut être français, mais pas forcément complètement.
09:52Regardez quelques ministres, macronistes s'il en est, qui ont décidé de dire ça hier lors des passations de pouvoir, avec Bruno Retailleau notamment.
10:01Je m'appelle Gérald Moussa Jean Darmanin.
10:05Il est assez évident, si nous sommes honnêtes, que si je m'étais appelé Moussa Darmanin, je n'aurais pas été élu maire et député.
10:13Et sans doute n'aurais-je pas été mis à l'intérieur du premier coup.
10:17Je m'appelle Prisca Thévenot, ça je pense que vous le savez largement.
10:22Mais je m'appelle aussi Prisca Balasso-Bramanen.
10:26Je suis la fille de deux immigrés qui m'ont appris l'amour de la France.
10:31Il y a un malaise quand même, Julien Pascual.
10:34On a l'impression que voilà, si ces deux ministres-là parlent à ce moment-là, notamment Place Beauvau avec la passation avec Gérald Darmanin, de leurs origines étrangères,
10:43c'est aussi un message politique qu'il leur envoie ?
10:46Oui, certainement.
10:48Concernant le prédécesseur Gérald Darmanin, on peut aussi se souvenir que la loi Immigration,
10:55qui a été promulguée par l'ancien gouvernement en janvier dernier,
11:02avait été bâtie sur la base d'un accord avec les Républicains et notamment la droite sénatariale dont faisait partie M. Retailleau.
11:10Il y a aussi un jeu qui est lié à la passation de pouvoir.
11:15Pourquoi Bruno Retailleau fait ça comme ça tout de suite ?
11:18Qu'est-ce qu'il cherche auprès de l'opinion ?
11:20Des marqueurs de droite ?
11:22Parce qu'il se lit, c'est risqué d'être aussi maximaliste dans les objectifs avant même d'avoir agi.
11:28Oui, après on sait que...
11:30LR a été dans la critique de la Macronie longtemps.
11:34Aujourd'hui, ils arrivent dans un gouvernement, on va dire, de coalition.
11:40Et puis, ils doivent quand même continuer de marquer leur différence.
11:43Et leur différence, elle s'est bâtie ces dernières années, notamment sur l'immigration,
11:49où vraiment LR essayait de marquer sa différence identitaire, on peut presque dire, avec la Macronie.
11:55Donc là, c'est ce que fait Bruno Retailleau en arrivant.
11:58Il sait aussi qu'il a attendu sur ce sujet, puisqu'ils ont fait campagne dessus, énormément.
12:05Donc, il annonce qu'il va agir là-dessus,
12:08et notamment en allant repêcher des dispositions de la loi Darmanin qui ont été censurées.
12:14On va y venir, dans un instant, au fond.
12:16Mais pour terminer sur, on va dire, la tonalité générale,
12:19il y a une annonce également, c'est de poursuivre, de la part de Bruno Retailleau,
12:24en justice, tous ceux qui porteraient atteinte aux forces de l'ordre.
12:29Même dans des tweets, Martin Guéragnon, le ministre de l'Intérieur,
12:33annonce saisir la justice contre Raphaël Arnault, député ici à l'Assemblée, député insoumis,
12:40qui avait évoqué un assassinat de Kanak par les forces policières françaises en Nouvelle-Calédonie.
12:46Est-ce qu'il a raison de ne rien laisser passer ?
12:49Je pense que sur ce point-là, il a parfaitement raison.
12:51Le ministre de l'Intérieur et le ministre de toutes les forces de l'ordre.
12:54On a trop longtemps, on s'est trop longtemps, je trouve, habitués à ce qu'on puisse dénigrer à ce point.
12:59Vous avez passé en boucle, de manière un peu comique,
13:02les répétitions de M. Retailleau sur la cible dans le dos que certains mettent à nos forces de l'ordre.
13:06Mais c'est un fait.
13:07Vous avez, à l'heure actuelle, pour des raisons purement électoralistes,
13:10des hommes politiques, des responsables politiques,
13:12qui stigmatisent dans leur ensemble les forces de l'ordre,
13:14qui, je le rappelle, est quand même le corps en France le plus contrôlé,
13:17qui a fait preuve de beaucoup de retenue et d'exemplarité dans le maintien de l'ordre
13:21lors de séquences qui étaient, pour le moins, difficiles,
13:24ce qui, dans d'autres pays, se serait soldé par beaucoup plus de dégâts et de confrontations physiques.
13:30Donc, le soutien à nos forces de l'ordre, il doit être exemplaire,
13:33notamment de la part d'élus de la République.
13:35Donc, le ministre va poursuivre les députés.
13:37Quand c'est justifié, c'est sûr.
13:40Effectivement, il y a des écarts qui méritent d'être sanctionnés.
13:43Il y a récemment un policier qui a été condamné pour avoir préparé des actions terroristes
13:48inspirées par des mouvances d'ultra-droite.
13:50Évidemment que ces cas-là doivent être extrêmement forts et fonctionnels.
13:54Alors, c'est dit. J'imagine que vous soutenez aussi cette position sur le fond.
13:57Il est dans son droit.
13:59C'est un ministre de l'Intérieur qui ne défendrait pas les forces de police et de gendarmerie.
14:02Il manquerait à tous ses devoirs, donc c'est normal qu'il le fasse.
14:04Alors, on va parler du tandem, pour avancer, avant d'arriver sur les moyens d'agir.
14:08Didier Migaud, c'est un ancien socialiste que vous connaissez sans doute.
14:11Oui, très ancien.
14:13Il a immédiatement rappelé l'état de droit, l'indépendance de la justice.
14:18Il est même allé à la prison de la santé pour expliquer que non, les peines n'étaient pas mal exécutées
14:24et que non, il ne fallait pas forcément construire de nouvelles places de prison.
14:28C'est bien emmanché, cette affaire-là, police-justice, ou ça ne peut pas tenir ?
14:34C'est évident que le tandem du garde des Sceaux et du ministre de l'Intérieur,
14:37s'il n'est pas bien huilé, s'il ne fonctionne pas au mieux,
14:40c'est assez difficile de construire une politique gouvernementale cohérente.
14:43J'ai cru comprendre que M. Retailleau avait l'obsession de remettre sur la table une nouvelle loi immigration, semble-t-il.
14:49Alors, peut-être pas sous la forme d'une loi, peut-être veut-il procéder différemment.
14:54Il est certain que rien en la matière ne sera possible s'il ne converge pas, sur l'essentiel, avec le garde des Sceaux.
15:01Bon, ce gouvernement n'est encore pas installé, les députés n'ont pas fait leur rentrée officiellement
15:05et on voit déjà qu'il y a de la friture sur la ligne.
15:07Donc, évidemment, il y a matière à s'interroger et je ne crois pas que Didier Migaud se laissera mener par le bout du nez.
15:17On verra ça. Mais est-ce que c'est grave, cette entrée en matière et ce tandem qui connaît des tensions d'entrée de jeu à Thibault Mullier ?
15:24Ou est-ce que, franchement, ce n'est pas un classique de notre histoire politique qu'entre Beauvau et Vendôme,
15:29il y a toujours de la friture sur la ligne ?
15:32Je crois que dans le récit, il y a quand même une mise en scène sur des potentielles tensions entre Beauvau et le ministère de la Justice.
15:46Après, il y a eu un travail qui se fait de complémentarité.
15:52Monsieur Migaud a rappelé que la justice était indépendante et que ce n'est pas parce que la police arrête,
15:58pour être un peu trivial dans la formule, que la sanction sera prononcée par le juge.
16:03Bon, ça va être un couple qui manifestement aura plus de tensions, vu ce qui est dit,
16:09par rapport à ce qu'a dit en sortie de fonction M. Dupond-Moretti, qui a dit avoir très bien travaillé pendant quatre années avec M. Darmanin.
16:18Moi, je m'interroge juste sur une chose, c'est que pour suivre l'Assemblée nationale et le Sénat dans le cadre de ma profession,
16:26M. Retailleau a souvent des discours, et par extension son parti politique, qui remettent en cause le travail de la justice à tous les échelons.
16:37Je pense notamment au niveau européen, mais aussi au niveau constitutionnel.
16:41Il sera peut-être problématique si, demain, la justice ne va pas dans le sens de l'action de la police et des ordres que le ministre donnera sur les préfets et la police.
16:54J'ai peur d'un discours de délégitimation du travail de la justice.
16:58Délégitimation ? Carrément ?
17:00En tout cas, quand il était sénateur, il avait un discours comme tel, notamment au moment du rendu de la loi Immigration envers le Conseil constitutionnel, et c'est problématique.
17:08Votre regard, et après on avance sur la question des moyens d'agir, sur les premières heures de ce tandem ?
17:16On voit bien qu'il y a le souhait de Bruno Retailleau de s'imposer comme le poids lourd de ce gouvernement.
17:24Quand on l'écoutait sur TF1 hier, on avait l'impression qu'il expliquait aux gardes des Sceaux comment procéder.
17:32On a l'impression même qu'il préférait presque être garde des Sceaux.
17:35A priori, c'est des sujets sur lesquels il était plus à l'aise.
17:39Donc, ça paraît logique et évidemment, ce n'est pas étonnant que ça suscite une réaction de la part de son collègue.
17:46Alors, on va parler du fond à présent en s'arrêtant sur le dossier de l'immigration.
17:50Michel Barnier a annoncé une rupture, je cite, en matière de maîtrise des flux migratoires.
17:55Que veut faire Bruno Retailleau et a-t-il les moyens d'agir par la loi, par le règlement décryptage de Thibault Hénocq ?
18:02J'ai une feuille de route que le Premier ministre m'a donnée.
18:05Moins d'immigration.
18:06Sur l'immigration, Bruno Retailleau, le verbe eau, assume d'emblée le tour de vis.
18:12Trop, c'est trop. La France ne peut pas être le pays le plus attractif dans le domaine migratoire.
18:17Mon objectif est de mettre un coup d'arrêt aux entrées illégales et d'augmenter les sorties.
18:22Une volonté politique affichée et une méthode qui pourrait faire l'affaire.
18:26Je ne m'interdis aucun outil.
18:28Le nouveau ministre de l'Intérieur entend agir en premier lieu sans passer par le Parlement.
18:33Vous allez passer par la voie réglementaire faute de majorité à l'Assemblée ?
18:36Quand je le pourrai, oui, absolument.
18:38Le pouvoir réglementaire, je peux aller assez loin.
18:41Assez loin sur deux points notamment.
18:43Une remise en cause de la circulaire valse sur les régularisations de sans-papiers
18:48et la réforme de l'aide médicale.
18:50Une remise en cause de la circulaire valse sur les régularisations de sans-papiers
18:54et la réforme de l'aide médicale d'Etat.
18:57On a un souci, c'est que nous sommes un des pays européens qui donnent le plus d'avantages.
19:02Et moi, je ne veux pas que la France se singularise.
19:05Côté législatif, cette fois, le ministre entendrait reprendre certains points de la dernière loi immigration
19:10censurée il y a six mois par le Conseil constitutionnel.
19:13Le durcissement des conditions de regroupement familial,
19:16la restriction des conditions d'accès aux prestations sociales pour les étrangers en situation régulière,
19:22la fin de l'automaticité du droit du sol,
19:25enfin, le rétablissement du délit de séjour irrégulier.
19:28Quand on franchit illégalement la frontière, c'est un délit.
19:32Je pense que c'est François Hollande qui l'a annulé il y a un peu plus de dix ans.
19:36Je pense qu'il faudrait le rétablir.
19:38Dernier volet, la politique européenne.
19:40Rétablissement des contrôles aux frontières comme vient de le faire l'Allemagne,
19:44accord avec des pays du Maghreb comme le gouvernement Mélanie
19:48ou encore remise en cause de la directive Retour qui fixe les règles d'expulsion dans l'UE.
19:53Sur toutes ces ambitions, Bruno Retailleau devra convaincre ses partenaires,
19:57que ce soit en Europe ou au sein du gouvernement.
20:01Martin Guéragnon, la France a accueilli l'année dernière 470 000 étrangers.
20:05C'est l'équivalent, dit Bruno Retailleau, de la ville de Toulouse.
20:08Est-ce que trop, c'est trop, comme le dit Bruno Retailleau ?
20:11Le problème de ce débat sur l'immigration,
20:13qui est un débat qui mérite d'être posé de manière apaisée et apaisante,
20:17c'est qu'en fait on mélange tout.
20:19Parce que dans le terme immigration, vous avez des situations qui sont totalement différentes.
20:22Vous avez par exemple, dans le chiffre que vous venez de citer,
20:24plus de 100 000 visas au titre des études.
20:28Donc des étudiants qui viennent en France pour un parcours universitaire, scolaire,
20:31qui viennent se former, qui pour certains repartent après dans leur pays d'origine
20:36et participent au rayonnement aussi de la France,
20:38via la francophonie, via la diffusion de nos savoirs,
20:40via des liens aussi entrepreneuriaux et professionnels.
20:42L'immigration, pour les étudiants, pour le regroupement familial,
20:46il faut le réduire, ça ou pas ?
20:48Il faudrait qu'on distingue aussi de quel sujet on parle.
20:50Il y a cette immigration étudiante, vous avez une immigration économique,
20:52et vous avez évidemment une immigration illégale.
20:54Cette immigration illégale, par définition, elle est illégale,
20:57donc elle doit être combattue.
20:59Amusez-vous demain, départez aux Etats-Unis, aux Japons, sans avoir de visa.
21:02Il dit clairement qu'il faut réduire ce chiffre, absolument, c'est un objectif.
21:04Mais évidemment qu'il faut qu'on réduise le chiffre de l'immigration illégale,
21:06la question c'est comment.
21:08Là, vous avez une diversité de solutions, mais une fois de plus,
21:10amusez-vous demain à aller aux Etats-Unis ou au Japon sans être en règle,
21:13vous verrez comment vous êtes traités.
21:15Ce ne sont pas, à mon avis, des dictatures.
21:17Donc sur ce point-là, il faut faire preuve de fermeté,
21:19mais sans renier aussi un symptôme de valeurs qui fondent aussi notre humanité et notre République.
21:24Alors l'immigration illégale, vous êtes d'accord pour la réduire aussi,
21:27Hervé Solignac, sur le fond, il va sans doute y avoir quelques mesures,
21:30on ne sait pas quand, législatives sur le sujet.
21:32Est-ce que sur l'objectif, quand on voit par exemple qu'en Europe,
21:35ce sont des gouvernements de gauche, social-démocrate,
21:37qui prennent des mesures de fermeté sur la question migratoire,
21:40je pense au Danemark, je pense aussi à Olaf Scholz,
21:43avec la reprise du contrôle des frontières,
21:45je pense à Keir Starmer, au Royaume-Uni,
21:47qui va aller voir Giorgia Melloni en Italie.
21:49Est-ce que vous dites, oui, l'immigration, ça peut être un sujet de gauche ?
21:52Évidemment que ça doit être un sujet de gauche.
21:54Il faut d'abord combattre les passeurs,
21:56il faut combattre celles et ceux qui exploitent la misère humaine,
21:59il faut combattre naturellement toutes celles et ceux
22:02qui peuvent parfois se retrouver chez nous
22:04dans des conditions extrêmement difficiles.
22:06Mais il faut aussi rétablir des vérités.
22:08Moi, j'ai entendu tout à l'heure dans le document que vous venez de diffuser
22:11que la France serait le pays en Europe
22:13qui attirerait le plus de candidats à l'immigration.
22:16C'est faux.
22:17Lorsque monsieur Retailleau dit qu'il faut supprimer l'AME
22:20comme si c'était...
22:21L'Aide médicale d'Etat.
22:22L'Aide médicale d'Etat.
22:23Comme si c'était le principal argument
22:25qui motivait un migrant à venir en France.
22:27Je me mets au défi de me prouver
22:29que plus de 5 % des migrants
22:31savent ce que c'est l'Aide médicale d'Etat
22:33avant de partir de chez eux.
22:35Soit dit en passant, c'est 0,4 %
22:37des dépenses de santé d'assurance maladie.
22:39C'est l'épaisseur du trait.
22:41Je rappelle que l'Aide médicale d'Etat
22:43avait été retirée du compromis
22:45trouvé avec la droite sénatoriale sur l'immigration.
22:48Pas touche à l'Aide médicale d'Etat, côté Macroni ?
22:50L'Aide médicale d'Etat, en un mot,
22:52c'est un milliard d'euros, en gros.
22:54Quand vous demandez aux RN comment ils financent
22:56les propositions de leur programme,
22:58ils n'ont qu'une réponse à la bouche,
23:00c'est l'immigration, c'est l'AME.
23:02Il faudra aussi qu'ils soient un peu cohérents
23:04sur leurs propositions budgétaires et économiques.
23:06Sur l'AME, nous, on a été très clairs.
23:08Si c'est pour en faire une mesure symbolique,
23:10ça n'a aucun sens.
23:12En revanche, il y a un enjeu de santé publique.
23:14On a été dans la diversité de notre ex-majorité présidentielle.
23:16On l'a tous exprimé.
23:18Vous avez Édouard Philippe, nos députés.
23:20Ça n'a aucun sens.
23:22Lorsque vous faites preuve de dogmatisme politique
23:24comme l'ISF, ça n'a aucun sens.
23:26Il faut être pragmatique.
23:28Qu'est-ce qui coûte, qu'est-ce qui pèse,
23:30quel est le service rendu au final ?
23:32L'AME, c'est à la fois une question d'humanité
23:34mais aussi de santé publique pour l'ensemble de nos concitoyens.
23:36Voilà les lignes rouges.
23:38La question maintenant, c'est comment agir
23:40sur le thème de l'immigration
23:42considérant cette nouvelle Assemblée.
23:44Julia Pascual, là, très clairement,
23:46le Premier ministre a dit
23:48que je veux des mesures pratiques.
23:50On comprend que si on peut contourner le Parlement,
23:52ce sera fait par la voie réglementaire.
23:54Que peut-on faire en matière migratoire
23:56dans un but de régulation, de maîtrise ?
23:58Clairement, c'est ce que veut faire ce gouvernement
24:00sans la loi, aujourd'hui.
24:02Bruno Retailleau
24:04l'a esquissé hier.
24:08Il peut s'adresser aux préfets
24:10et leur demander, et c'est ce qu'il a dit,
24:12de régulariser moins et d'expulser davantage.
24:14Ça veut dire concrètement
24:16demander aux préfets
24:18d'avoir la main lourde sur les obligations
24:20de quitter le territoire.
24:22Ils sont exécutés.
24:24Ils sont exécutés.
24:26Il peut demander aux préfets d'en prononcer davantage.
24:28Reste à voir si elles sont suivies des faits.
24:30C'est un autre enjeu qui ne peut pas vraiment décréter.
24:32Et puis,
24:34régulariser moins.
24:36Ça, c'est quelque chose qu'il peut faire très vite.
24:38C'était dit dans le sujet,
24:40via la circulaire VALS de 2012
24:42qui permet aujourd'hui, en moyenne,
24:44de régulariser environ
24:4630 000 personnes
24:48à raison de leur situation familiale en France
24:50et du travail qu'elles exercent.
24:52On peut dire stop, c'est fini,
24:54on ne régularise plus,
24:56et donc les préfets, de stopper ça.
24:58Ça ne veut pas dire qu'il y aura moins
25:00d'immigration illégale,
25:02pour reprendre le terme, parce que, de fait,
25:04régulariser moins, ça veut dire grossir
25:06un peu le stock, les effectifs
25:08de sans-papier en France.
25:10Ça, c'est ce qu'il peut faire.
25:12Sur l'aide médicale d'Etat, on peut faire un décret
25:14pour la transformer en aide médicale d'urgence ?
25:16Non. En revanche, on peut apporter des modifications,
25:18par décret.
25:20C'est un peu technique, c'est compliqué de détailler
25:22ça ici, mais
25:24il peut procéder,
25:26dans une certaine mesure, par décret.
25:28Le risque, c'est que s'il veut aller sur
25:30une voie législative, là, on est
25:32à peu près sûr que c'est vraiment
25:34un sujet hyper clivant.
25:36On l'a vu lors du dernier débat
25:38loi Immigration avec Gérald Darmanin,
25:40ça clive la Macronie
25:42énormément.
25:44Ça a fracturé le camp présidentiel.
25:46La question de savoir
25:48si on peut faire plus de choses par la loi,
25:50certainement. On va se poser
25:52la question de la majorité ou pas avec vous
25:54dans un instant, mais il y en a une qui a tout de suite
25:56averti. Bruno Retailleau,
25:58attention, ne pas contourner le Parlement.
26:00Écoutez.
26:02Je serai très attentive à cela. Le Parlement
26:04ne sera pas contourné. L'Assemblée nationale
26:06doit être consultée,
26:08doit être associée, doit être
26:10pleinement dans l'exercice de ses
26:12prérogatives constitutionnelles.
26:14C'est ça, le respect de l'Etat de droit.
26:16Plus que jamais, l'Assemblée nationale
26:18doit être au centre du jeu.
26:20Plus que jamais, l'Assemblée nationale
26:22doit être consultée en amont
26:24lorsque le gouvernement voudra
26:26mener telle ou telle politique.
26:28Thibault Mullyer, d'un point de vue démocratique,
26:30passer par le règlement,
26:32essayer d'utiliser tous les pouvoirs réglementaires,
26:34les décrets, les ordres
26:36aux préfets, c'est
26:38totalement légitime.
26:40Quand on entend l'avertissement d'Yahuel Brontier,
26:42ce sont des sujets trop importants,
26:44trop graves pour éviter
26:46l'Assemblée nationale.
26:48C'est difficile de répondre à cette
26:50question par l'entrée démocratique.
26:52J'aurais une entrée
26:54technique, malheureusement, c'est
26:56qui est compétent pour quoi faire.
26:58Là, il va y avoir une entrée,
27:00une confrontation réelle pour
27:02le ministre. Il l'a
27:04esquissé un peu, quand même.
27:06Il ne peut pas tout faire par voie réglementaire.
27:08Il va y avoir une redécouverte,
27:10entre guillemets, du fait
27:12que le pouvoir réglementaire
27:14peut agir parfois de manière autonome
27:16par rapport au pouvoir législatif.
27:18Mais pour ce qui est des questions
27:20migratoires, qui vont porter atteinte
27:22a priori à des droits
27:24et des libertés, c'est
27:26du ressort de la loi. Le pouvoir
27:28réglementaire autonome ne peut pas agir.
27:30C'est donc le pouvoir d'application,
27:32enfin le pouvoir réglementaire d'application,
27:34c'est-à-dire adopter des règlements
27:36pour préciser, concrétiser
27:38la loi. Là, on peut faire des modifications
27:40dans les décrets d'application
27:42de la loi dite immigration.
27:44Mais il y a quand même un cadre
27:46à respecter. Il y a aussi
27:48à s'assurer que ce soit pas
27:50censuré par un juge.
27:52On se souvient tous des
27:54mesures Retailleau, puisqu'elle venait du
27:56Sénat. A l'époque, il était président du groupe
27:58Les Républicains au Sénat, de durcissement
28:00du texte immigration.
28:02Sur le regroupement familial, on va aller voir
28:04s'afficher les restrictions d'accès aux prestations
28:06sociales pour les étrangers en situation régulière,
28:08avec une sorte de préférence nationale
28:10renforcée, la fin d'automaticité
28:12du droit du sol et le délit
28:14de séjour irrégulier rétabli.
28:16Sur ces mesures-là,
28:18elles ont été censurées
28:20par le Conseil constitutionnel parce qu'elles étaient
28:22des cavaliers législatifs. Elles n'avaient pas
28:24leur place dans la réforme précédente
28:26sur l'immigration. Si elles étaient proposées
28:28dans une loi nouvelle, elles seraient censurées
28:30sur le fond ou pas ?
28:32C'est une question qui se posera parce que
28:34quand il a censuré au nom des cavaliers
28:36législatifs,
28:38le Conseil constitutionnel a
28:40fait preuve de pédagogie
28:42en précisant bien que c'est un cavalier,
28:44mais sur le fond, il ne se prononce pas,
28:46donc de la question de savoir
28:48est-ce qu'il y a atteinte au principe d'égalité
28:50devant la loi, au principe d'universalité.
28:52De fait, on va avoir une interrogation
28:54si c'est repris dans un projet
28:56de loi, on va avoir une interrogation
28:58plus sur le fond, en posant la question
29:00est-ce que toutes ces mesures
29:02ou un certain nombre de mesures
29:04portent atteinte au principe d'égalité,
29:06portent atteinte au principe de fraternité,
29:08d'universalité. Et là, le Conseil constitutionnel,
29:10dans sa jurisprudence,
29:12de ce qu'on peut en retirer,
29:14il peut l'infléchir ou la durcir,
29:16on constate
29:18que finalement,
29:20on peut
29:22porter atteinte aux droits des étrangers
29:24et donc discriminer
29:26l'étranger par rapport au national,
29:28notamment dans
29:30la garantie des droits
29:32et des libertés, mais on doit toujours
29:34garantir aux personnes
29:36étrangères un socle
29:38minimal de garantie fondamentale.
29:40Donc ça fait beaucoup d'obstacles
29:42à franchir. Martin Garagnon,
29:44on se dit,
29:46elle est mortenée, cette grande réforme
29:48immigration, ici, à l'Assemblée nationale,
29:50entre la difficile majorité à trouver,
29:52on voit bien que certains macronistes ne sont pas prêts
29:54à voter, et
29:56l'éventuelle censure du Conseil constitutionnel,
29:58mieux vaut passer par décret ?
30:00Mais,
30:02votre invitée l'a rappelé très justement,
30:04les décrets
30:06ont certaines limites, donc
30:08nécessairement, il faudra en passer par la loi.
30:10Vous souhaitez une nouvelle loi immigration à l'Assemblée ?
30:12Moi, je souhaite déjà qu'on
30:14applique l'entièreté des lois qui existent.
30:16Pas forcément, donc, j'entends. Parce qu'on a toujours une espèce
30:18d'inflation législative qui consiste à répondre
30:20à une demande citoyenne par
30:22une nouvelle loi, mais ce qui compte, c'est pas la création
30:24de nouvelles lois, c'est l'application des lois qui
30:26existent déjà. On a passé un certain nombre de textes,
30:28il s'agit de les appliquer, de s'assurer de leur
30:30pleine et entière application, notamment par
30:32la publication de décrets, et puis
30:34par tout un tas d'autres mesures.
30:36Mais si une nouvelle loi s'impose, pourquoi pas ?
30:38En revanche, comme l'a dit très justement la présidente de l'Assemblée nationale,
30:40il n'y a aucun
30:42doute sur le fait que
30:44le pouvoir est à l'Assemblée en grande partie.
30:46Il n'y a jamais eu d'Assemblée aussi
30:48fragmentée de toute l'histoire de la République
30:50en France. On en est à la 5ème République,
30:52jamais une Assemblée n'a été aussi morcelée.
30:54Donc ça implique nécessairement que cette Assemblée
30:56soit en capacité de s'entendre et donc
30:58de trouver aussi un certain nombre de voix.
31:00Et je rappelle juste pour terminer que le Conseil
31:02constitutionnel n'est pas
31:04la chambre d'appel du Parlement.
31:06C'est-à-dire qu'a priori, lorsqu'une loi
31:08est votée par le Parlement, elle est
31:10susceptible
31:12d'être constitutionnelle. Et le président
31:14du Conseil constitutionnel l'a justement rappelé
31:16lors de cet épisode, il n'est pas
31:18la chambre d'appel. En général, sur ces sujets
31:20d'immigration, il y a toujours 60 députés
31:22ou 60 dénateurs pour le saisir.
31:24Oui, mais il appartient aussi aux parlementaires de s'assurer que la proposition de loi
31:26tienne la route. Ils ne sont pas si pressés que ça,
31:28les macronistes, de revoir l'immigration dans l'hémicycle,
31:30Hervé Solignac, et puis Julien Pascual pour terminer.
31:32Je ne vais pas commenter l'empressement
31:34des macronistes ou pas. Moi, je sais
31:36simplement que de toute façon, M. Rotaillot va
31:38se heurter à une réalité, c'est-à-dire
31:40ce bloc présidentiel
31:42va-t-il résister et tenir
31:44devant les offensives de M. Rotaillot,
31:46qui sont réactionnaires, conservatrices,
31:48j'en passe, et des meilleures.
31:50Parmi les députés de la Macronie, personne n'a oublié
31:52que celui qui a fait de la surenchère au Sénat
31:54et qui a fait grimper au cocotier M. Darmanin,
31:56c'est M. Rotaillot,
31:58qui savait pertinemment que ce qu'il
32:00introduisait dans cette loi allait se retrouver
32:02censuré par le Conseil constitutionnel,
32:04mais ce qui primait par-dessus tout pour M. Rotaillot,
32:06c'était de faire de la politique...
32:08Roland Lescure, ancien ministre de l'Industrie qui est macroniste,
32:10a même dit ce matin à la radio
32:12qu'Elisabeth Borne lui avait
32:14garanti que ces mesures seraient censurées.
32:16C'est pour ça que les macronistes l'avaient votée.
32:18Oui, d'accord,
32:20c'est pas très glorieux, quand même.
32:22Oui, ça a été d'ailleurs vivement critiqué,
32:24c'est-à-dire que la stratégie du gouvernement,
32:26qui tenait absolument à faire adopter cette loi,
32:28sur laquelle s'est déchirée la Macronie
32:30et qui s'était déjà déchirée en 2018
32:32sur la loi d'immigration,
32:34donc là,
32:36la stratégie du gouvernement, ça a été de dire
32:38on fait alliance avec la droite,
32:40et puis advienne que pourra,
32:42et on espère bien que le Conseil constitutionnel
32:44toilettera le texte de ce qu'il n'a pas manqué de faire.
32:46Aujourd'hui, Bruno Retailleau
32:48repart à l'offensive
32:50en voulant repêcher les articles
32:52qui ont été retoqués.
32:54On verra le succès qu'il obtiendra.
32:56En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il est sous pression,
32:58c'est-à-dire qu'il ne peut pas ne rien faire
33:00compte tenu du discours qui a été suivi de la droite
33:02jusque-là, compte tenu aussi de la pression
33:04du Rassemblement national sur ces questions-là.
33:06Donc, il va certainement vouloir faire,
33:08y compris de façon législative,
33:10et on verra ce qui est possible.
33:12Juste pour prendre deux exemples,
33:14le délit de séjour irrégulier,
33:16il peut le rétablir,
33:18mais il y a un droit européen qui interdit
33:20de l'associer à une peine de prison.
33:22Donc, on doute, on peut douter d'ores et déjà,
33:24même si c'est constitutionnel,
33:26de l'efficacité...
33:28On le rétablit dans le Code,
33:30mais il n'est pas suivi des faits.
33:32Ça n'a pas grand intérêt, y compris pour le travail des forces de l'ordre.
33:34Bien compris. On verra ça.
33:36On fait entamer ce nouveau débat,
33:38j'ai envie de dire, sur l'immigration.
33:40Je charge au ministre, maintenant,
33:42d'agir et d'avoir des résultats.
33:44Merci à tous les quatre d'être revenus
33:46sur le plateau de LCP.
33:48Et bonsoir, Charles de Courson.
33:50Bonsoir.
33:52Je suis ravie de vous recevoir.
33:54Vous êtes mon invité dans un instant,
33:56rapporteur général du budget.
33:58On va revenir avec vous sur ces impôts
34:00des plus fortunés qui pourraient augmenter
34:02ou trouver de nouvelles recettes
34:04et surtout tailler dans les dépenses.
34:06L'invitation de Maëté Frémont.
34:08Interview juste après.
34:10Je vous invite, Charles de Courson,
34:12c'est parce que vous êtes la figure
34:14de ce début de saison parlementaire.
34:16Vous, le rapporteur général du budget,
34:18le très connu moine-soldat
34:20de l'Assemblée.
34:22Vous voilà désormais chevalier blanc.
34:24D'abord à Bercy,
34:26puis à Matignon pour réclamer
34:28ses lettres de plafond,
34:30attendues depuis cet été.
34:32On nous le donne, point.
34:34À la sortie, quelques documents,
34:36mais pas tous.
34:38Vous êtes le chef budgétaire de ce gouvernement.
34:40Peut-être même avez-vous dû faire
34:42comme tous les Français.
34:44Bonsoir, monsieur le Premier ministre.
34:46Merci d'être avec nous.
34:48Vous installez devant la télévision.
34:50Je ne vais pas exclure dans l'effort national
34:52qu'il faudra faire pour redresser la situation.
34:54Je ne vais pas exclure.
34:56Taxer les riches.
34:58Michel Barnier a avancé aussi
35:00quelques autres pistes pour enrayer les déficits.
35:02Un gel débarème de l'impôt
35:04sur le revenu.
35:06Une décision de la flat tax,
35:08ce prélèvement forfaitaire pour tous les revenus
35:10du capital,
35:12ou encore une surtaxe sur l'impôt
35:14des entreprises les plus riches.
35:16La feuille de route du nouveau gouvernement
35:18semble donc se dessiner.
35:20Peut-être obtiendrez-vous plus d'éléments
35:22demain, Charles de Courson,
35:24en auditionnant Laurent Saint-Martin,
35:26nouveau ministre du Budget.
35:30Et rebonsoir, Charles de Courson.
35:32Merci d'avoir accepté l'invitation
35:34d'LCP. C'est sans doute l'un des budgets
35:36les plus difficiles à faire voter,
35:38au vu des rapports de force à l'Assemblée.
35:40Est-ce que c'est pour ça que vous avez refusé
35:42d'entrer au gouvernement ?
35:44Oui, parce que ça fait
35:4631 ans que je suis à la Commission des Finances
35:48et je n'ai cessé
35:50de dire que
35:52les finances publiques étaient mal gérées
35:54dans ce pays et qu'il fallait les redresser.
35:56Je n'ai pas changé de discours.
35:58Mais la mission est impossible
36:00pour Michel Barnier ?
36:02Il faut du temps. Il faut une majorité
36:04stable. On n'a ni l'un
36:06ni l'autre. Donc je ne vois pas
36:08comment on peut redresser
36:10les finances publiques dans la situation
36:12politique et d'absence
36:14de perspective, puisque je rappelle
36:16qu'il n'y a pas simplement
36:18les échéances, théoriquement,
36:20dans cinq ans des élections législatives,
36:22mais surtout les échéances municipales de mars
36:242026 et surtout la présidentielle
36:26de
36:282027,
36:30qui entraînera de nouveaux élections
36:32législatives. Ce gouvernement n'a
36:34aucune chance de survie ? Vous lui donnez
36:36combien de temps ? Au moins jusqu'au budget ?
36:38Écoutez, tout le monde connaît la réponse.
36:40C'est fonction de la décision
36:42du Rassemblement national.
36:44C'est très simple. Est-ce qu'il faudrait
36:46d'ailleurs que des mesures qui tiennent compte
36:48du programme du RN, en matière budgétaire,
36:50je pense au pouvoir d'achat, notamment,
36:52elle demande la suppression de la TVA sur les produits
36:54de première nécessité. Marine Le Pen, faut-il
36:56l'entendre ? Écoutez,
36:58il faut toujours écouter tout le monde.
37:00Mais il y a un moment, si vous voulez,
37:02où le problème, il est de réduire la dépense
37:04avant de parler de l'augmentation
37:06des recettes. J'ai
37:08toujours dit que le redressement
37:10des finances publiques passait par
37:12une réduction de l'ordre de 15 à 20 milliards
37:14chaque année pendant cinq ans.
37:16Pas pendant un an ou deux ans.
37:18Et un certain nombre de mesures,
37:20quelques milliards,
37:22des mesures en recettes,
37:24des mesures de justice fiscale.
37:26J'ai d'ailleurs remarqué que dans son interview,
37:28le Premier ministre a repris
37:30ce concept de justice fiscale
37:32que j'ai laissé lui vendre lundi dernier.
37:34Donc, vous avez rencontré,
37:36pour lui dire non, si j'ai bien compris,
37:38à la proposition d'entrer dans son état
37:40gouvernemental, mais vous partagez
37:42le diagnostic qu'il faut plus
37:44de justice fiscale.
37:46Quels impôts des riches faut-il augmenter ?
37:48Si vous le voulez bien, on va prendre les pistes.
37:50Un gel débarème de l'impôt sur le revenu ?
37:52Bonne ou mauvaise idée ?
37:54C'est une bonne idée, puisque
37:56si vous gelez
37:58l'indexation des tranches qui sont
38:00indexées normalement sur
38:02l'indice des prix à la consommation,
38:04vous allez faire entrer dans le barème
38:06des gens qui n'y sont pas.
38:08La discussion,
38:10elle pourrait être
38:12de geler
38:14les seuils pour les deux dernières tranches.
38:16Ça, on pourrait en discuter,
38:18mais certainement pas toutes les tranches.
38:20La révision de la flat tax,
38:22forfaitaire unique sur tous les revenus du capital,
38:24qui est aujourd'hui à 30 %,
38:26est-ce qu'il faut le fixer un peu plus haut ?
38:28Oui, y compris dans l'ex-majorité,
38:30si vous voulez,
38:32il y a eu l'initiative pour augmenter
38:34de 1 à 2 points, mais nous ne faisons
38:36aucune illusion. Augmenter de 1
38:38à 2 points, ça vous fait quelques centaines de millions.
38:40Ça ne suffira pas ?
38:42Pas du tout. Alors, combien de milliards
38:44on peut trouver et sur quels
38:46plus fortunés, pour reprendre l'expression de Michel Barnier ?
38:48Non, mais
38:50si vous voulez faire contribuer
38:52dans un effort de solidarité nationale
38:54une des gens,
38:56il faudrait déjà définir qu'est-ce qu'un riche.
38:58Alors dites-nous,
39:00pour le rapporteur général du budget,
39:02à partir de combien on peut augmenter l'impôt ?
39:04Coluche, qui est avec beaucoup d'humour, définissait les riches
39:06de la façon suivante, c'est celui qui gagne plus que moi.
39:08Donc si on part comme ça,
39:10on pourrait demander à monsieur Hollande,
39:12pour lui, c'est les gens qui gagnent plus de 4000 euros.
39:14Excusez-moi, tout ça n'est pas sérieux.
39:16Mais si on parle des très hauts revenus...
39:18La mesure de solidarité,
39:20c'est sur les quelques pourcents
39:22les plus fortunés
39:24et ou ayant des revenus
39:26les plus élevés, ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
39:28Le patrimoine, c'est une chose,
39:30les revenus, c'est une autre.
39:32Mais de faire un effort
39:34pour montrer que
39:36ces couches sociales
39:38très élevées participent à l'effort
39:40de redressement de la France.
39:42On connaît la politique de l'offre,
39:44qui a baissé le coût du travail,
39:46les charges sociales, est-ce qu'il faut revenir
39:48sur ces exonérations de charges,
39:50par exemple sur les bas salaires ?
39:52Les charges sociales, pas sur les bas salaires.
39:54Le problème, c'est que les exonérations
39:56de charges sociales coûtent 76 milliards
39:58actuellement au budget de l'Etat,
40:00ce qui les compense à la sécurité sociale.
40:02On a trop baissé les charges des entreprises ?
40:04Parmi ces exonérations,
40:06certaines
40:08vont jusqu'à 3,5 SMIG.
40:10Alors 3,5 SMIG,
40:12comme le SMIG est à,
40:14pour simplifier, 1 700,
40:16on est à 6 000 euros bruts par mois.
40:18Mais quels sont les Français qui gagnent ?
40:20Là, on peut
40:22descendre de 3,5,
40:24plusieurs rapports parlementaires
40:26l'ont préconisé.
40:28On peut faire des économies
40:30là-dessus. La deuxième chose,
40:32c'est qu'il faut protéger
40:34les PME, les petites et moyennes entreprises.
40:36Si on doit faire
40:38quelques mesures,
40:40comme pour les ménages,
40:42c'est de concentrer
40:44ça sur des grandes entreprises,
40:46de ne pas faire ça
40:48sur des petites et moyennes entreprises.
40:50On parlerait du CAC 40, des entreprises
40:52qui font de gros profits.
40:54Mais là encore,
40:56toutes ces mesures, si vous voulez,
40:58ne résoudront pas le problème de fonds,
41:00c'est qu'on a 160 milliards
41:02de déficit prévisionnel cette année
41:04et qu'il faut le ramener,
41:06toutes choses égales par ailleurs,
41:08autour de 80.
41:10C'est bien ça ?
41:12Vous avez vu le fameux document
41:14tiré à part, c'est-à-dire
41:16la potion amère qui attend
41:18chaque ministère en baisse de dépenses.
41:20D'abord, qui est le plus impacté ?
41:22Qui on a le plus sacrifié
41:24dans les politiques publiques ?
41:26Ce tiré à part, c'est inconvénient,
41:28c'est qu'on n'explique pas
41:30ministère par ministère
41:32quelles sont les mesures nouvelles
41:34et quelles sont les économies.
41:36On apprend par des articles de presse,
41:38par-ci, par-là, des bouts,
41:40mais puisque vous savez
41:42que nous n'avons toujours pas obtenu
41:44les lettres au plafond pour expliciter
41:46quelles sont les mesures.
41:48J'ai redit au jeune
41:50ministre du Budget,
41:52M. Saint-Martin,
41:54qu'il nous les transmette,
41:56qu'on puisse travailler avec les rapporteurs spéciaux
41:58et chacun dans leur ministère,
42:00comment s'expliquent ces variations
42:02à la hausse ou à la baisse.
42:04Le Parlement et l'Assemblée n'ont pas été respectés,
42:06notamment sur le Budget.
42:08Pour bien comprendre la recette,
42:10Charles de Courson, c'est quand même inédit
42:12que le rapporteur général du Budget
42:14ne soit pas de la même couleur politique
42:16que le gouvernement qui va présenter son Budget.
42:18Vous les trouvez où,
42:20vous, les dépenses ?
42:22Non, mais sur ce premier point,
42:24vous faites l'observation
42:26que le rapporteur général du Budget,
42:28à partir d'un groupe qui s'est déclaré
42:30dans une opposition constructive,
42:32certes, mais dans l'opposition.
42:34Je dis toujours à ceux qui expliquent
42:36que ce poste devait revenir à la majorité,
42:38mais quelle majorité ?
42:40Ils sont minoritaires, ils se déclarent majoritaires.
42:42C'est la majorité relative
42:44la plus importante
42:46du fait des alliances
42:48dans l'hémicycle entre la droite et les macronistes.
42:50Absolument pas, quand ceci est arrivé,
42:52il n'y avait pas d'alliance
42:54avec les Républicains.
42:56C'était la gauche qui était supérieure.
42:58Vous voyez, on utilise
43:00les règles ou les traditions.
43:02Pourquoi, traditionnellement,
43:04le rapporteur général était membre
43:06de la majorité ? C'est évident,
43:08il y avait des majorités, il n'y a pas de majorité.
43:10Quand vous dites opposition constructive,
43:12ça veut dire quoi sur le budget,
43:14concrètement ? Qu'est-ce que vous allez
43:16essayer de proposer comme rapporteur,
43:18notamment sur les dépenses ?
43:20Nous sommes conscients
43:22qu'il faut redresser les finances de ce pays.
43:24Nous disons simplement
43:26qu'il faut faire des économies justes.
43:28Si quelques mesures sur les recettes
43:30doivent être prises, aussi,
43:32de la justice fiscale.
43:34Idée qu'a reprise, d'ailleurs, le Premier ministre,
43:36je suppose, un peu,
43:38dans la ligne de l'entretien
43:40que j'avais eu avec lui, il y a une semaine.
43:42J'avais refusé d'entrer au gouvernement.
43:44Il y a la pâte-courson dans ce budget.
43:46Alors ?
43:48On ne sait pas ce qu'il y a dedans.
43:50Il a repris l'expression justice fiscale.
43:52Pour le moment, il n'y en a pas.
43:54Il hérite de lettres plafonds.
43:56C'est pas les siennes, c'est celles de M. Attal,
43:58pour expédier les affaires courantes.
44:00C'est curieux, d'ailleurs, d'avoir signé cela.
44:02On sait quelques morceaux,
44:04par exemple, sur le contrat d'apprentissage.
44:06L'idée, c'est de dire...
44:10On supprime l'éligibilité
44:12au contrat d'apprentissage
44:14les jeunes qui ont une formation
44:16au niveau 6 et 7.
44:18Tout le monde en bénéficie.
44:20Vous voyez des écoles de commerce.
44:22On peut trouver de l'argent
44:24sur le financement par l'Etat de l'apprentissage.
44:26Juste pour bien comprendre.
44:28C'est un exemple parmi bien d'autres.
44:30Il y a aussi des propositions
44:32à faire
44:34sur
44:36les exonérations
44:38de cotisations sociales.
44:40Je vous parlais tout à l'heure.
44:42On va jusqu'à 3,5 millions.
44:44Il faut les réduire et concentrer ça
44:46sur les bas salaires.
44:48C'est ma dernière question sur le calendrier.
44:50On sait qu'il est contraint par la Constitution.
44:52Vous avez les garanties que
44:54ce projet de loi de finances sera déposé
44:56à l'Assemblée le 9 octobre ?
44:58La tribune dit que le Palais-Bourbon
45:00regarde une hypothèse du 20 octobre.
45:02Non, non. Ceux-ci, je ne sais pas
45:04où ils sont allés chercher cela.
45:06À mon avis, ils ont cherché ça
45:08puisque la Constitution dit qu'on a 70 jours
45:10pour voter.
45:12Jusqu'au 31 décembre.
45:14Ils ont oublié un petit détail.
45:16Il y a le Conseil constitutionnel.
45:18Vous rajoutez 5 jours.
45:20Et ils ont oublié
45:22que la loi organique prévoit
45:24que c'est le 1er mardi octobre.
45:26Vous l'aurez le 9.
45:28Ce projet de loi, c'est tard ?
45:30C'est extrêmement tard.
45:32Nous l'avons dit ce matin
45:34et plusieurs présidents
45:36de commissions sont intervenus
45:38sur la procédure.
45:40Si on continue comme cela le 9,
45:42ça veut dire que la commission des finances
45:44devrait examiner la première partie,
45:46c'est-à-dire les recettes,
45:48quatre jours plus tard.
45:50Ce n'est pas possible.
45:52On voit bien qu'en jouant
45:54avec les délais constitutionnels
45:56tant la Constitution que la loi organique,
45:58on se met dans une situation
46:00de plus en plus dangereuse,
46:02avec le risque d'un blocage.
46:04On n'arrive pas à examiner,
46:06c'est déjà arrivé dans d'autres textes,
46:08les amendements dans les délais constitutionnels.
46:10On suivra ça sur LCP au jour le jour.
46:12Merci de nous avoir accordé cet entretien.
46:14On verra sur ce calendrier
46:16s'il est respecté ou pas.
46:18On termine comme chaque soir
46:20par la question qui fâche,
46:22avec une question
46:24qui va nous parler de Marine Le Pen.
46:26...
46:28...
46:30...
46:32...
46:34...
46:36Bonsoir, Charles de Courson.
46:38Bonsoir à nos chroniqueurs.
46:40Tir croisé ce soir
46:42avec David Rovaud-Dallon,
46:44rédacteur en chef de la revue L'Hémicycle,
46:46et avec Charles Sapin.
46:48Préparez vos arguments.
46:50Voici la question qui fâche.
46:52Elle est signée par Marco Pomi.
46:54La question qui fâche ce soir
46:56nous vient d'Antoine Armand.
46:58Ce matin, le nouveau ministre de l'Economie
47:00affirme que le RN
47:02n'appartient pas à l'arc républicain,
47:04contrairement à certains députés
47:06de la France insoumise.
47:08Il ne faut pas commencer par dire
47:10avec qui on ne va jamais travailler
47:12pour peu qu'il soit dans l'arc républicain.
47:14Ça veut dire que le RN,
47:16contre lequel nous avons été élus,
47:18face auquel nous avons fait un front républicain,
47:20n'y appartient pas.
47:22Il faut être très clair dessus.
47:24Colère de Marine Le Pen,
47:26pour qui le nouveau locataire de Bercy
47:28franchit déjà la ligne rouge.
47:30J'entends M. Armand ce matin
47:32qui explique que sa porte sera toujours fermée
47:34aux députés du RN,
47:36alors que nous avons juste le budget qui arrive.
47:38Je pense que le Premier ministre
47:40doit aller expliquer à l'ensemble de ses ministres
47:42ce qu'il fait de son gouvernement,
47:44car il semblerait que certains n'aient pas encore compris.
47:46Ni une ni deux,
47:48plusieurs élus RN emboîtent le pas à Marine Le Pen.
47:50J'ai l'impression qu'il met gravement en danger
47:52la survie de son gouvernement,
47:54et en même temps il insulte 11 millions d'électeurs.
47:56Le RN réactive la menace
47:58de la motion de censure.
48:00À la mi-journée,
48:02Bercy enclenche l'opération déminage.
48:04Antoine Armand rétropédale
48:06dans un communiqué.
48:08Dans la ligne politique fixée par le Premier ministre,
48:10Antoine Armand recevra
48:12toutes les forces politiques représentées au Parlement.
48:14Marche arrière du ministre
48:16après le recadrage de Michel Barnier,
48:18le Premier ministre
48:20qui a même décroché son téléphone
48:22pour rassurer Marine Le Pen.
48:24Une démarche critiquée ce soir
48:26par de nombreux députés du camp présidentiel.
48:28Premier couac au gouvernement,
48:30et l'occasion pour nous
48:32de poser la question qui fâche.
48:34Marine Le Pen est-elle la vraie patronne ?
48:37David Rodallone, réponse.
48:39Il en dit long, ce premier couac.
48:41C'est dingue.
48:43Très long, assez fou, cet épisode.
48:45D'abord, pour répondre
48:47à la question qui fâche,
48:49pour moi, si vous me permettez
48:51cette métaphore économique,
48:53on a une sorte de joint-venture dans cette majorité.
48:55On avait vu jeudi dernier à Matignon
48:57la réunion de tous les petits actionnaires.
48:59On avait LR, on avait les différents courants
49:01ex-macronistes, avec Gabriel Attal,
49:03avec Edouard Philippe, avec François Bayrou.
49:06On a ces petits actionnaires
49:08et on a la présidente du Conseil de surveillance.
49:10En ce moment, c'est Mme Le Pen.
49:12C'est assez cinglant, je trouve,
49:14cet épisode, parce que
49:16non seulement Michel Barnier est obligé
49:18et contraint, condamné,
49:20à recadrer son jeune ministre de l'Economie,
49:22qui visiblement a encore
49:24quelques apprentissages à faire
49:26en termes d'habileté politique,
49:28mais surtout, Marine Le Pen recadre
49:30Michel Barnier, le Premier ministre lui-même.
49:32Ça en dit très long.
49:34Il y a des sociétés qui demandent même
49:36qu'il soit désavoué publiquement
49:38Antoine Arban par Michel Barnier et Charles Sapin.
49:40C'est la faute de quoi ?
49:42De qui ? De l'inexpérience
49:44d'un nouveau ministre
49:46et jeune ministre de l'Economie, Antoine Arban ?
49:48Ce qui est certain, c'est que sa sortie
49:50est malhabile. Pourquoi ?
49:52Parce que Marine Le Pen dit
49:54qu'il faudra que le Premier ministre
49:56redise la philosophie
49:58de son gouvernement à tous ses ministres.
50:00Ce n'est pas tant de la philosophie qu'il s'agit,
50:02c'est de l'arithmétique.
50:04De fait, sortant de ces législatives,
50:06vous avez un bloc de gauche
50:08qui promet au Premier ministre
50:10une opposition systématique.
50:12Ce gouvernement, pour tenir,
50:14a besoin de deux choses.
50:16Du soutien du bloc central,
50:18qui est constitué de tous les élus macronistes,
50:20plus d'une partie du groupe Lyot,
50:22plus des Républicains.
50:24Il a besoin d'autre chose.
50:26Il a besoin, à minima, de la bienveillance
50:28du RN et de ses alliés du groupe UDR.
50:30Si jamais il n'y a pas
50:32cette bienveillance et qu'ils additionnent
50:34leur voix à une motion de censure venue de la gauche,
50:36le gouvernement tombe.
50:38Je viens tempérer un petit peu.
50:40Est-ce que Marine Le Pen est la patronne ?
50:42Oui et non. Pas seulement.
50:44On le voit bien.
50:46Cette histoire, depuis ce matin, nous le montre bien.
50:48En voulant donner des gages
50:50pour sécuriser cette bienveillance du RN,
50:52Michel Barnier a un problème.
50:54En sécurisant cette bienveillance,
50:56il faut qu'il fasse attention
50:58de ne pas perdre le soutien
51:00de ce bloc, de cette majorité
51:02extrêmement étriquée,
51:04en perdant qui, un jour,
51:06le modem ou l'aile gauche de la Macronie.
51:08Ça a énormément tourné sur les fameux
51:10boucles WhatsApp et Telegram
51:12au sein des macronistes.
51:14Il y a beaucoup de tweets de soutien de députés
51:16qui disent qu'on est comme toi, Antoine Armand,
51:18on pense que le RN n'appartient pas à l'arc républicain.
51:20Il y a une fracture
51:22possible à partir de ce
51:24premier couac qui peut s'installer ?
51:26Evidemment, on voyait déjà
51:28qu'après cette fameuse réunion
51:30dont je parlais juste avant
51:32la nomination du gouvernement,
51:34il y a un centriste, Hervé Morin,
51:36qui expliquait que les pistolets
51:38étaient déjà sortis.
51:40C'était avant même que
51:42Marine Le Pen ne rentre dans le jeu,
51:44c'est-à-dire qu'on a déjà une énorme
51:46différence d'appréciation entre l'aile droite
51:48conservatrice de ce gouvernement incarnée
51:50par Bruno Retailleau et son aile
51:52macroniste plus modérée,
51:54sans aller jusqu'au seul socialiste,
51:56ex-socialiste Didier Migaud, mais on voit
51:58qu'il y a un malentendu. Donc, pour répondre
52:00à votre question précédente et faire le lien avec celle-ci,
52:02oui, il y a une inexpérience
52:04du jeune ministre de l'Economie,
52:06mais il y a aussi un grand malentendu de départ,
52:08c'est-à-dire que qui a gagné ce deuxième tour ?
52:10C'est le Front républicain, et le Front républicain,
52:12il s'est fait contre l'extrême droite,
52:14même si l'extrême droite a gagné le premier.
52:16Et donc, à partir de là, on a un gouvernement
52:18qui ne respecte pas le Front républicain
52:20ou qui n'est pas conforme à ce Front républicain,
52:22et forcément, ça fait des couacs,
52:24mais encore une fois, si vous me permettez,
52:26non pas une métaphore économique, mais historique,
52:28c'est un peu les gladiateurs au stade,
52:30qui s'avançaient vers l'empereur,
52:32et là, c'est A.V. Le Pen, moriturite salutante,
52:34c'est-à-dire que si Mme Le Pen
52:36décide de baisser le pouce,
52:38Michel Barnier, évidemment, tombe.
52:40Mais jusqu'où va-t-elle poser ses conditions,
52:42Marine Le Pen, Charles Sapin ?
52:44Ça peut aller sur du ressenti,
52:46on fait de la politique,
52:48ou elle joue avec les nerfs
52:50de cette nouvelle alliance.
52:52Alors là, c'est quelque chose qu'elle adore faire,
52:54notamment depuis 2022,
52:56où elle commençait à avoir un groupe de parlementaires conséquents,
52:58c'est de laisser un peu le doute
53:00sur ce qu'elle va faire,
53:02voter ou non un test, une motion de censure.
53:04Il y a plusieurs choses
53:06qui pourraient la pousser
53:08à prendre son temps et à ne pas voter
53:10tout de suite une motion de censure pour faire tomber le gouvernement.
53:12Déjà, pour ne pas faire comme la France insoumise.
53:14Le Rassemblement national,
53:16depuis des années, dans une entreprise
53:18de constitutionnalisation, de normalisation,
53:20donc faire tomber un gouvernement avant même qu'il ait pris une décision politique,
53:22c'est pas très républicain.
53:24Bon, première chose.
53:26Deuxième chose, Marine Le Pen a intérêt
53:28à laisser un peu le gouvernement vivre.
53:30Pourquoi ? Parce qu'il montre à l'opinion
53:32que, finalement, le parti
53:34Les Républicains est une béquille
53:36d'Emmanuel Macron, et donc il ne pourra plus
53:38à l'avenir incarner un parti d'opposition
53:40ou une alternance.
53:42Finalement, ce gouvernement
53:44la laisse seule à droite de l'échiquier politique.
53:46Et ça, ça sert ses intérêts
53:48électoraux, et ça la pose comme ça
53:50en arbitre, et ça renforce même
53:52cette position aussi bien à l'Assemblée
53:54que dans l'opinion ? Oui, et à ces deux arguments,
53:56j'en ajouterai deux autres, peut-être un peu
53:58plus prosaïques, mais
54:00elle a intérêt aussi à laisser passer un peu de temps
54:02parce qu'il y a quand même une échéance judiciaire,
54:04c'est le procès dans l'affaire des assistants parlementaires,
54:06et puis n'oubliez pas qu'il y a quand même eu un souci
54:08dans cette entre-deux-tours des législatives anticipées,
54:10c'est le profil d'un certain nombre de candidats,
54:12et les dirigeants du Rassemblement national
54:14ont engagé un processus de
54:16nettoyage ou de blanchiment de leur liste
54:18pour effectivement, si j'ose dire,
54:20mettre en place des candidats qui seraient
54:22un peu plus crédibles et surtout
54:24un peu moins détestables pour l'opinion publique.
54:26On se souvient qu'il y a eu un certain nombre
54:28de candidats extrêmement problématiques que leur ont coûté sans doute cher.
54:30Mais là, si je peux me permettre, le tempo ne change pas
54:32grand-chose, puisque on est obligé
54:34d'attendre un an avant de dissoudre à nouveau,
54:36c'est d'ailleurs un calendrier qui est complètement intériorisé
54:38au Rassemblement national, ils ont déjà
54:40commencé à préparer les commissions nationales d'investiture,
54:42puisque la certitude de Marine Le Pen
54:44c'est que ce gouvernement va finir par tomber,
54:46peut-être en décembre,
54:48peut-être un petit peu après, peut-être un petit peu avant,
54:50mais qu'il y aura de toute façon
54:52une nouvelle dissolution, une nouvelle élection législative,
54:54et c'est vrai que le principal
54:56problème du Rassemblement national
54:58aujourd'hui, c'est ça, c'est de trouver
55:00des candidats de qualité, on se souvient
55:02des sorties racistes,
55:04antisémites de ces candidats,
55:06qui ont permis de réarmer contre lui
55:08un front républicain, et qui lui a
55:10certainement coûté de nombreux députés.
55:12Donc elle est la maîtresse des horloges, c'est elle,
55:14finalement, qui a les fils du temps, et quand elle sera
55:16prête avec des candidats investis, elle pourra peut-être
55:18censurer et aller peut-être
55:20à un nouveau gouvernement si on n'a
55:22pas de dissolution, si l'année n'est pas
55:24passée. Et les Français, dans tout ça, qui
55:26ont choisi le front républicain,
55:28ils se sentent bernés ? La prochaine fois,
55:30et sans doute dans les matinales radio,
55:32on posera la question à des macronistes,
55:34est-ce que le RN est oui ou non dans l'arc républicain ?
55:36Ils ne peuvent plus rien dire ?
55:38C'est une vraie question, le RN,
55:40est-il dans l'arc républicain ?
55:42Souvenez-vous de la précédente législature,
55:44on a vu que le RN avait
55:46des postes de vice-président,
55:48des postes de représentation
55:50dans les hautes fonctions de l'Assemblée nationale,
55:52ce n'est plus le cas aujourd'hui, il y a eu visiblement
55:54une coalition tactique destinée
55:56à les en empêcher. Est-ce que ça joue
55:58pour ou contre le RN ? C'est une vraie question,
56:00c'est la même que celle qu'on étudiait
56:02précédemment sur le maintien du gouvernement.
56:04Je suis assez d'accord avec l'argument de Charles Sapin,
56:06mais finalement, Marine Le Pen a intérêt à montrer
56:08que LR et macronistes sont associés,
56:10gouvernent ensemble et à s'en tenir
56:12à distance, c'est une vieille rengaine
56:14de l'extrême droite, souvenez-vous,
56:16Jean-Marie Le Pen, c'était la fameuse bande des quatre,
56:18RPR, UDF, PS, PCF,
56:20le fameux établissement qui le fustigeait.
56:22Aujourd'hui, Mme Le Pen,
56:24s'en tenir à distance, c'est aussi
56:26un moyen, je pense, de laisser le temps
56:28jouer pour elle, et encore une fois,
56:30la France insoumise s'abîme sans doute
56:32dans une stratégie très radicale
56:34de violence politique, on sait que les Français
56:36aujourd'hui, quand on regarde toutes les études d'opinion,
56:38ont davantage peur des insoumis que du
56:40Rassemblement national, donc finalement,
56:42elle continue son chemin et sa stratégie
56:44de quête de respectabilité, de légitimité,
56:46et donc, ce qui nous amène
56:48finalement à un RN qui, de plus en plus,
56:50dans son esprit, rentre dans l'arc républicain.
56:52L'inexorable ascension du RN.
56:54On s'arrête là, merci à vous,
56:56messieurs, j'espère à très vite,
56:58on verra d'ailleurs si le Front républicain
57:00s'exerce à l'Assemblée dans les postes clés
57:02parce qu'il y a un certain Sébastien Chenu
57:04du RN qui aimerait bien devenir vice-président,
57:06on suivra ça sur LCP, bien sûr,
57:08dans les jours prochains. C'est la fin
57:10de cette émission, merci à vous d'avoir suivi,
57:12pour la voir ou la revoir, la chaîne Youtube
57:14ou toutes les plateformes d'écoute
57:16avec le podcast de Savour Gard à demain.