• il y a 7 mois
Avec Martial Fraysse, Docteur en Pharmacie membre de l’académie de nationale de Pharmacie

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Transcription
00:00 Terre de France.fr, le premier site d'articles français et patriotes présente
00:05 Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:09 Et notre invité c'est Marcial Fraisse, docteur en pharmacie, membre de l'Académie nationale de pharmacie,
00:15 pour parler de cette grève inédite des pharmaciens.
00:18 Hier, 9 pharmacies sur 10 ont suivi la grève fermée.
00:21 Quels étaient les mots d'ordre de cette grève et quelles sont les revendications et les inquiétudes de la profession ?
00:28 Bonjour à tous, merci de me recevoir.
00:31 Cette grève a été très suivie, comme vous le dites.
00:34 C'est... ça a été même presque étonnant.
00:37 L'Académie est, je dirais, un témoin privilégié de tout ce qui se passe au niveau pharmaceutique.
00:43 Et 9 sur 10, c'est vraiment important et ça montre bien l'inquiétude des pharmaciens.
00:47 Alors nos motivations, principalement, et les motivations des pharmaciens,
00:51 c'est l'inquiétude qu'ils ont d'avoir à fournir des médicaments de façon régulière à leurs patients,
00:55 notamment les patients chroniques, en voyant que toutes les classes médicamenteuses sont touchées.
01:00 Les antiépileptiques, les antibiotiques, les antidiabétiques,
01:05 que ce soit oraux ou injectables, on a énormément de classes touchées
01:09 et qui provoquent des ruptures de parcours de soins.
01:12 Actuellement, même nos confrères hospitaliers ont du mal à trouver de la rifampicine,
01:16 et nous également, pour soigner les cas de tuberculose.
01:19 Donc...
01:21 Mais d'où ça vient cette pénurie de médicaments ?
01:23 C'est pas nouveau, on a déjà eu des alertes cet hiver et auparavant.
01:29 Comment on en arrive là, à ce degré d'effondrement du système de santé ?
01:33 Alors, pour vous remettre dans le contexte, en 2010 on avait 40 lignes de pénurie,
01:39 donc 40 lignes de médicaments, 40 sortes de médicaments qui manquaient.
01:43 En 2018, 320, 350, et là on a passé les 4200 lignes.
01:48 C'est-à-dire qu'on est sur près de 20-25% du répertoire national.
01:52 - Un quart de médicaments qui est bien manqué.
01:55 - Oui, qui manque régulièrement, et avec une angoisse des malades,
02:00 une angoisse même des pharmaciens qui sont là pour leur fournir les médicaments dont ils ont besoin.
02:05 Alors comment on arrive à ça ?
02:07 Principalement par l'éloignement des chaînes de production,
02:10 c'est-à-dire que quand vous avez des molécules qui sont fabriquées en Chine ou en Inde,
02:14 qui sont nos molécules primaires, ce qu'on appelle les API,
02:16 ensuite le façonnage peut se faire en Europe, voire en France,
02:19 le moindre grain de sable dans la chaîne,
02:23 c'est-à-dire que ça peut être un cargo qui bloque Suez,
02:27 ça peut être une grève dans une usine, un incendie, ça peut être toutes sortes de choses,
02:31 fait que le médicament peut tomber en rupture.
02:34 Et il y a un autre phénomène qui est arrivé, c'est l'inflation.
02:38 Pour l'économie, on voit que la France va être notée ce soir par Standard & Poor's,
02:42 pour pouvoir avoir une économie saine au niveau des dépenses de santé,
02:45 le médicament a toujours été une variable d'ajustement.
02:48 Donc on a toujours diminué le prix du médicament,
02:50 et on a continué à le diminuer, alors qu'on a une inflation qui s'est installée depuis plus de 3 ans.
02:56 Donc à partir de ce moment-là, l'inflation étant là, une diminution des prix,
03:00 on est dans un monde compétitif, même au niveau européen.
03:03 Si vous voyez la différence entre, par exemple, si on prend l'amoxycyline qui a été en rupture pendant longtemps,
03:07 30 gilules d'amoxycyline en Belgique, c'est autour de 18 euros,
03:11 30 gilules d'amoxycyline en France, on est environ à 4-5 euros.
03:16 Quand on est sur des écarts aussi importants,
03:19 il est évident que les exportateurs, les importateurs et les laboratoires vont favoriser le plus offrant.
03:26 Un autre paramètre, dedans la rupture, c'est qu'avant, si on avait une production qui était de 100,
03:32 la demande mondiale, elle était à peu près de 95-98,
03:36 si bien que les pays qui n'achetaient pas cher, la France comme la Grèce, trouvaient encore à se fournir.
03:41 Mais les pays émergents commencent à consommer eux-mêmes,
03:44 la production a augmenté, mais elle est toujours de 100,
03:48 et la demande est de 110.
03:50 Et à partir de ce moment-là, les pays qui essaient d'acheter le moins cher
03:53 pour avoir des finances, on pourrait dire, de santé vertueuses,
03:56 ne peuvent plus se fournir.
03:58 - Mais là, on voit bien qu'il y a un jeu de l'offre et de la demande,
04:01 où les labos essayent de faire monter les prix,
04:04 est-ce qu'il n'y a pas une réflexion qui pourrait avoir lieu sur la réindustrialisation,
04:08 mais aussi sur une filière étatique du médicament ?
04:11 Puisque la santé, c'est quand même important, et on est censé...
04:14 - Cette réflexion, elle existe depuis des années.
04:17 En 2018, on pouvait citer déjà l'entreprise américaine,
04:21 qui est une association Civica.
04:23 Alors, tout le monde dit "Civica, mais c'est de la folie",
04:25 mais Civica, c'est une association à but non lucratif.
04:29 On pourrait dire, dans la bouche des Américains, c'est un gros mot.
04:33 Et maintenant, ils l'ont fait.
04:35 Actuellement, Civica fournit plus de 50 millions d'Américains
04:38 avec des médicaments peu chers.
04:41 Et le Congrès américain a limité à 50% la fourniture du marché américain.
04:45 En sachant que les acteurs qui ont créé Civica, c'est l'armée américaine,
04:49 nous avons des chaînes de production aussi en France,
04:52 il y a des chaînes de production d'armée en Allemagne,
04:55 pareil, militaires, Espagne, Italie.
04:57 Et, renouer un noyau dur, comme ça a été fait aux Etats-Unis
05:02 pour avoir un consortium pharmaceutique,
05:05 ce serait possible, mais ce n'est qu'une partie du problème.
05:09 C'est-à-dire que la science publique de l'hôpital de Paris est capable de fabriquer,
05:14 mais il faudrait vraiment coordonner tout cela
05:17 pour avoir une capacité d'un public de production pour faire le lien,
05:22 et également revoir au niveau européen,
05:25 parce que la France n'est pas suffisante à elle toute seule,
05:28 pour pouvoir organiser le marché du médicament.
05:31 Donc il faut que les Européens se mettent ensemble
05:33 pour pouvoir être suffisamment puissants par rapport aux acteurs producteurs,
05:38 aux laboratoires, pour déterminer une politique commune.
05:41 Seulement le problème, on n'a pas de politique commune.
05:43 - Mais ce n'est pas ça justement, on nous vend l'Europe à longueur de plateau
05:45 en disant "on est plus fort ensemble", on a l'impression qu'en réalité non, rien de ce fait.
05:48 - Mais on n'a pas tous les mêmes problèmes, vous avez une Europe vertueuse au nord,
05:51 une Europe un peu plus dépensière,
05:53 la France en fait partie avec un déficit qui est critique,
05:57 et à partir de ce moment-là, nous n'avons pas les mêmes soucis.
06:02 La Suède a décidé elle de payer très cher les médicaments
06:06 pour avoir très peu de ruptures.
06:08 On arrive à avoir des écarts de prix, notamment pour un produit de chimiothérapie,
06:12 de 1 à 37.
06:14 Si c'est 1 en France, c'est 37 en Suède, au niveau prix d'achat.
06:18 Donc on voit bien que cet écart n'est pas jouable,
06:20 et que sans avoir une bonne coordination entre les différents pays européens,
06:23 nous n'y arriverons pas.
06:24 Que ce soit pour les médicaments dits "matures",
06:27 c'est-à-dire tous les médicaments qu'on a en générique dans les pharmacies,
06:30 qui sont très bon marché,
06:32 mais maintenant qu'ils sont tellement bons marché en France,
06:34 qu'ils auraient tendance à éviter le marché français.
06:36 Que ce soit aussi, et ça c'est la Cour des comptes qui l'a dit cette semaine,
06:40 d'avoir une surveillance un peu plus attentive
06:42 sur le prix de remboursement et le remboursement
06:45 des traitements de chimiothérapie,
06:47 qui représentent quand même 6 milliards d'euros.
06:49 Donc le marché du médicament en France, c'est un tout.
06:54 Et le résultat, c'est qu'actuellement, on a des manques,
06:57 et que les patients en souffrent,
06:59 les pharmaciens en souffrent pour leurs patients,
07:01 parce que pour un pharmacien, il n'y a rien de pire que de dire "je n'ai pas".
07:05 Et donc notre grève était, je dirais, motivée par cela,
07:10 mais aussi également par le fait qu'il n'y a pas de reconnaissance
07:14 de l'inflation dans les honoraires des pharmaciens.
07:16 Et que plane aussi une sorte de miroir aux alouettes
07:20 qui ferait croire aux institutionnels ou aux politiques
07:22 que la dérégulation et la vente sur Internet de médicaments
07:28 pourrait pallier à la rareté du produit.
07:31 Et là, il faudrait faire très attention,
07:33 parce que quand on parle de dérégulation,
07:35 voire de financiarisation,
07:37 ça veut dire que ce sont souvent des acteurs financiers extérieurs
07:41 au pays qui rentreraient,
07:42 tout simplement parce que l'État français
07:45 et notre système d'assurance maladie est quelqu'un de solvable,
07:50 et pourrait permettre à des éléments extérieurs
07:53 de s'enrichir finalement sur le travail des travailleurs français.
07:57 Mais il y a quand même, c'est extrêmement inquiétant,
08:00 cette image du système de santé français.
08:03 On voit l'état de l'hôpital public,
08:05 les urgences qui alertent, urgences fermées, etc.
08:09 Maintenant, les pharmaciens qui alertent aussi
08:13 sur la rupture des médicaments.
08:14 Est-ce que vous avez eu des échos ou un dialogue
08:17 avec le ministère de la Santé
08:18 sur ce qui pourrait être fait dans l'immédiat pour les patients ?
08:21 Alors, on parle de coordination.
08:24 La directrice de la NSM a quitté son poste
08:26 et un des deux griefs qui lui étaient reprochés,
08:29 c'était le manque de coordination qu'il y a eu
08:32 entre les pharmaciens et les laboratoires.
08:34 Mais pour la NSM, il faut bien se rendre compte
08:36 que c'est quasiment impossible d'avoir une coordination facile,
08:40 c'est-à-dire qu'on remplit énormément de papiers,
08:42 on fait beaucoup d'administratifs,
08:43 à partir du moment où on n'a pas de médicaments disponibles.
08:46 Vous pouvez regarder à la loupe le vide,
08:48 c'est toujours du vide.
08:50 Vous photographiez l'état des ruptures,
08:52 mais j'ai toujours dit, la photo d'un pont en ruine
08:55 n'a jamais fait traverser la rivière.
08:57 Donc actuellement, on devrait surtout se focaliser
09:01 sur les chaînes de production qui sont proches
09:04 de la fermeture en France,
09:07 parce qu'il y a un manque d'accompagnement de l'État
09:11 pour les aider à se moderniser,
09:13 les aider à se mettre à niveau.
09:15 Il ne faudrait surtout pas perdre ce qui reste.
09:18 Il faut absolument préserver nos chaînes,
09:21 parce que si les chaînes ne deviennent plus rentables
09:23 puisque pour fabriquer, il faut de l'énergie.
09:26 Donc l'énergie, on en a besoin.
09:28 L'énergie la moins chère, c'est ce qu'il fait une industrie.
09:31 Et il faut absolument les aider à se mettre
09:34 au niveau de leur fonctionnement
09:37 et éviter les fermetures.
09:38 Il faudrait tout répertorier, voir ce qui ne va pas
09:41 et que les services de l'État accompagnent.
09:43 - C'est pas le cas actuellement sur cet état des lieux ?
09:45 Il est fait, non ?
09:46 - Les services de l'État fonctionnent très bien,
09:49 ils contrôlent, mais là, il faudrait accompagner
09:51 les entreprises pour éviter, on pourrait dire,
09:54 la rupture de fabrication.
09:56 On dirait qu'à un moment, oui, là ça ne va pas,
09:58 mais il faut absolument tout de suite mettre en route
10:01 toutes les oeuvres possibles,
10:04 ou toutes les aides possibles,
10:06 pour que les chaînes de fabrication ne s'arrêtent pas.
10:09 - Et aujourd'hui, quels sont les principaux médicaments
10:13 où il y a un danger vital,
10:16 si ces chaînes sont en rupture, comme c'est le cas actuellement ?
10:19 - Les antibiotiques, principalement,
10:22 mais les façonniers qui fabriquent des produits injectables,
10:26 parce que la chaîne des produits stériles injectables
10:30 est excessivement fragile et sur des normes,
10:32 et ça, il faut rassurer les Français,
10:35 si on a des problèmes, souvent c'est pour des lots
10:37 qui sont refusés également,
10:39 tout simplement parce que le contrôle est très strict.
10:41 Donc nous avons des médicaments de qualité.
10:43 Si on veut garder ces médicaments de qualité,
10:45 et surtout garder des médicaments disponibles,
10:47 il faut vraiment que toute la mise en oeuvre des actions
10:51 soit dans le même sens.
10:53 La FDA, aux Etats-Unis, est devenue accompagnante.
10:57 - C'est l'autorité qui autorise les médicaments.
10:59 - C'est l'agence du médicament américaine.
11:02 Elle aide énormément les industriels pour être à niveau.
11:05 Et le fameux CIVICA, c'est quoi ?
11:07 C'est 2500 hôpitaux, des grosses usines de production,
11:12 et il y a un accompagnement pour aider à produire, produire.
11:15 Il faut que les Français se rendent compte,
11:17 et nos institutionnels, que produire du médicament,
11:21 c'est produire de la richesse.
11:23 C'est vendre pour des pays qui n'arrivent pas à le produire également.
11:27 Il ne s'agit pas de dire "ah oui, mais ils vont s'en mettre plein les poches".
11:30 Mais non, le médicament c'est un bien commun.
11:33 Et il faut raisonner au niveau européen.
11:35 L'agence européenne du médicament existe
11:37 pour essayer de mutualiser les efforts
11:44 et les dossiers pour pouvoir continuer à travailler.
11:48 Actuellement, on verrait des chaînes qui quittent la France
11:52 parce qu'elles n'arrivent pas à se mettre à niveau,
11:54 qui vont en Pologne, en Tchéquie, en Slovaquie,
11:58 parce qu'ils ont un accompagnement direct
12:00 pour pouvoir continuer à produire,
12:02 et que ces pays sont en train de se spécialiser
12:05 dans la fabrication de médicaments.
12:07 L'Italie nous a remplacés d'ailleurs.
12:09 - C'est un choix stratégique de dire que la France
12:11 laisse tomber la filière médicament,
12:13 et tous ces discours sur la réindustrialisation,
12:16 sur la capacité aussi de souveraineté,
12:19 sont en fait du vide ?
12:21 - Non, c'est pas du vide, parce que je pense
12:23 qu'on est en train de louper une étape.
12:25 On passe tout de suite à l'étape d'après.
12:27 On a le plateau de Saclay, avec des ingénieurs brillants,
12:30 et on a des techniques de fabrication de molécules
12:33 qui vont nécessiter moins d'énergie,
12:35 qui seront plus durables,
12:37 avec des centrifuges, avec toutes sortes de moyens
12:39 qui vont permettre de faire de la chimie plus propre.
12:41 Mais la difficulté, c'est que c'est pas pour demain.
12:44 Le temps qu'on installe ça, il faut faire le reste.
12:47 C'est-à-dire qu'on fait énormément d'efforts
12:49 sur la grande innovation,
12:51 mais pas assez sur le maintien de ce qui existe.
12:54 Et il faut bien raisonner sur le fait, par exemple,
12:57 quand un patient traverse la frontière allemande
12:59 pour aller chercher son médicament qui manque en France,
13:01 et qui va en Allemagne, en Belgique ou en Italie,
13:03 l'assurance maladie le rembourse sur le prix qu'il a payé
13:07 en Italie, en Allemagne ou en Belgique,
13:09 c'est-à-dire beaucoup plus cher.
13:11 Donc, il y a un juste milieu pour les choses,
13:15 mais il faut avoir une coordination.
13:17 L'Académie nationale de pharmacie,
13:19 depuis des années,
13:21 elle conseille ou elle préconise
13:25 la mise en place d'une sorte de coordonnateur
13:29 auprès du Premier ministre,
13:31 pour que tous les ministères aient un seul interlocuteur
13:34 par rapport aux médicaments.
13:36 C'est-à-dire qu'actuellement, quand vous êtes divisé
13:39 entre le ministère des Finances, qui fixe les prix,
13:41 l'Agence du médicament,
13:43 le ministère de la Santé,
13:45 la Haute Autorité de Santé,
13:47 qui est une autre agence qui a son intérêt,
13:49 mais que tout le monde ne se parle pas,
13:51 et la Cour des comptes qui arrive après
13:53 pour dire "ah mais non, il fallait faire attention".
13:55 Donc, on a des compétences,
13:57 mais on manque d'efficacité.
13:59 Alors, c'est peut-être même, je dirais, d'agilité.
14:01 Parce que quand on a autant de compétences,
14:03 autant de gens bien formés,
14:05 pour faire quelque chose d'important.
14:07 La France a toujours été un acteur majeur de la pharmacie,
14:09 et là, on est en train de disparaître,
14:11 on est remplacé par nos voisins italiens.
14:13 Mais moi, je refuse cet état de fait,
14:15 nous refusons à l'académie.
14:17 Nous avons encore des formations de qualité.
14:20 Je dirais même qu'il faudrait même
14:22 augmenter le numerus clausus,
14:24 parce que j'ai toujours dit,
14:26 j'ai un étudiant, peut-être qu'il sera digne d'un prix Nobel.
14:29 Mais pour celui-là, il fallait l'avoir.
14:31 Et donc, ce n'est pas un risque de former.
14:34 C'est un coût, c'est vrai.
14:36 Mais former plus de pharmaciens,
14:38 comme plus de médecins,
14:40 plus de sages-femmes, et ainsi de suite,
14:42 c'est créer un réseau solide
14:44 pour prendre en charge les patients.
14:46 - Autre sujet, c'est justement la désertification médicale.
14:49 Est-ce que les pharmacies sont soumises aussi
14:52 à cette loi de la fermeture,
14:55 et finalement, des citoyens français
14:58 se retrouvent très loin de l'accès aux soins,
15:00 y compris d'une pharmacie ?
15:02 - Ce n'est pas encore le cas,
15:04 mais ça va le devenir.
15:06 Si on regarde l'âge moyen des pharmaciens en France,
15:09 beaucoup de pharmacies,
15:11 où le pharmacien est seul avec sa préparatrice, son préparateur,
15:15 un adjoint ou une adjointe à mi-temps ou à temps plein,
15:19 dans le meilleur des cas,
15:21 ça veut dire qu'il va être ouvert 52 heures par semaine,
15:23 il va effectuer des gardes de nuit et de jour,
15:25 et cette perspective, pour des jeunes,
15:27 n'est pas toujours engageante.
15:29 C'est pour cela qu'il vaudrait avoir,
15:33 comme c'était le cas avant,
15:35 suffisamment de pharmaciens pour pouvoir occuper ses postes
15:38 et être à proximité de la population.
15:41 La crise de la Covid a montré à quel point la proximité était importante.
15:44 Si un réseau a bien tenu le choc,
15:47 c'était les pharmaciens.
15:49 Quand on voit, par exemple, la téléconsultation
15:52 par les médecins, notamment sur les angines,
15:55 quand le médecin prescrit un trot d'angine,
15:58 il se présente dans une pharmacie de briques et de mortiers,
16:02 comme on le dit,
16:04 pour pouvoir faire le test et avoir la délivrance de l'antibiotique.
16:06 Donc la présence des pharmacies au cœur des territoires
16:09 est vraiment importante.
16:11 Ça a été une des motivations de la grève,
16:15 parce qu'on a peur que beaucoup de pharmacies
16:19 ferment parce qu'ils ne trouvent pas de repreneurs.
16:21 On l'a vu en Bretagne, on l'a vu dans des reportages.
16:24 Il y a quand même des pharmaciens qui sont formés,
16:27 il faudra en former plus
16:30 pour pouvoir reprendre ces pharmacies
16:33 et avoir un exercice qui soit suffisamment de qualité.
16:38 En Belgique, l'année dernière,
16:41 les honoraires des pharmaciens ont été revalorisés de 8%,
16:44 cette année de 6%.
16:46 Les honoraires depuis 2017 en France n'ont pas été revalorisés.
16:49 Donc vous voyez tout ce décalage entre le discours ambiant,
16:54 l'inflation qui s'est installée
16:57 et les moyens que l'on peut donner aux équipes.
16:59 Parce que nous, nous suivons les équipes.
17:01 Les équipes ont besoin d'une reconnaissance.
17:03 Et la réalité des choses fait que les pharmaciens sont très inquiets.
17:08 Merci beaucoup, Martial Freize, docteur en pharmacie,
17:11 membre de l'Académie nationale de pharmacie,
17:13 d'avoir expliqué cette crise du médicament
17:16 et de la pharmacie en France.

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