Ouverture du débat sur la fin de vie à l'Assemblée nationale
Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'ouverture du débat à l'Assemblée nationale sur le projet de loi sur la fin de vie.
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00:00Avant de recevoir Thibault de Montbréal, qui sera notre invité dans un instant,
00:03évoquons ce projet de loi sur la fin de vie qui est examiné depuis ce matin et pour deux semaines à l'Assemblée Nationale.
00:08Il a été largement modifié par les députés de la Commission spécialisée,
00:11c'est-à-dire qu'un certain nombre de garde-fous ont été complètement enlevés.
00:14On va écouter Monseigneur Rouget, qui est l'évêque de Nanterre et qui était l'invité ce matin de CNews,
00:20qui évoque cette loi sur la fin de vie. Écoutez-le.
00:24La position du gouvernement au point de départ de ne pas utiliser les mots euthanasie et suicidacité pour que ça passe plus simplement.
00:33Cette euphémisation, beaucoup l'ont dénoncée, à commencer par le Conseil d'État, qui a dit qu'il faut parler d'euthanasie et de suicidacité.
00:40Et moi, j'ai eu l'occasion de dire même sur votre antenne qu'un débat démocratique entre citoyens adultes passe par le fait d'appeler les choses par leur nom.
00:48Et puis, vous voyez, j'étais étonné de certaines positions de la ministre.
00:51Il y a eu, par exemple, en commission spéciale, une discussion autour du serment d'Hippocrate,
00:56qui est l'expression par excellence de la déontologie médicale, expression symbolique, mais expression très importante,
01:02où le médecin s'engage à ne jamais donner la mort, comme si le sérieux des enjeux de ce texte n'était pas vraiment assumé.
01:11Voilà pour Monseigneur Rouget, qui dit des choses très importantes, François Rémy.
01:15J'ai écouté aussi Rémy Corsia, qui disait des choses aussi.
01:17Absolument, tous les représentants des cultes sont unanimes.
01:19Ils sont unanimes sur ce texte.
01:21Et là, on va toucher à une situation un peu particulière sur un sujet de société aussi fondamentale.
01:27Il n'y a pas de majorité et on ne sait pas comment tout ça va finir.
01:30Et on peut se retrouver avec une loi qui dérape complètement, c'était le cas un peu en commission, enfin sur un certain nombre,
01:35et on ne sait même pas comment tout ça va aller jusqu'au bout,
01:38ce qui pose un problème dans nos institutions de toucher à des sujets comme la mort ou la capacité de donner la mort
01:44dans un système institutionnel qui est instable, c'est compliqué.
01:48On y reviendra longuement tout au long de la semaine, il y a 15 jours de débat à l'Assemblée nationale,
01:52sur le projet de loi sur la fin de vie.
01:54Vous savez, on sait tous qu'il y a des médecins qui enfreignent la loi en accélérant la fin de vie,
02:01en provoquant la mort.
02:03Ce qui m'a frappé, c'est une phrase, comme souvent d'ailleurs, c'est une phrase de Welbeck,
02:07Michel Welbeck prononcée dans le JDD.
02:10Et il disait finalement, vive l'hypocrisie, vive l'hypocrisie.
02:15Alors ce qu'il voulait dire derrière, évidemment, c'est provocateur ce qu'il dit,
02:19mais derrière il y a quelque chose de très profond.
02:21C'est-à-dire que, est-ce que nous devons quitter la zone grise,
02:26dans laquelle il y avait un certain nombre de choses qui se régulaient ?
02:30Moi-même, j'étais dedans, donc franchement, est-ce que nous devons le faire ?
02:35Et d'ailleurs, je dis simplement qu'Emmanuel Macron lui-même, au début,
02:39lorsqu'il avait parlé de cette loi, avait parlé de la zone grise de l'éthique.
02:43Et il a mis en place une loi d'équilibre.
02:45Absolument, oui, mais la zone grise de l'éthique, ça signifie quelque chose.
02:48Est-ce qu'il faut quitter cette zone grise ?
02:51Parce que, vous voyez, en Belgique, on a quitté cette zone grise, c'est sûr,
02:56et pourtant, il y a à peu près la moitié des morts par euthanasie qui ne sont pas déclarés.
03:03Terrible. Louis Dragonel ?
03:04Moi, ce que je trouve gênant dans ce débat, c'est l'hypocrisie et la déloyauté du débat.
03:08On nous a expliqué au début du débat qu'il fallait agir avec la main qui tremble,
03:14avec beaucoup de prudence.
03:15Globalement, ceux qui veulent cette loi n'ont absolument pas la main qui tremble,
03:18même s'ils le disent, et j'ai du mal à entendre et à accorder du crédit au gouvernement
03:24qui dit que c'est absolument horrible, le texte est parti,
03:27on est complètement dépassés par ce texte,
03:29c'est l'Assemblée nationale qui en a fait ce qu'elle voulait.
03:31On le savait d'emblée, et beaucoup de gens avaient prévenu,
03:35parce que tout le monde savait que les quatre garde-fous
03:37qu'Emmanuel Macron avait mis en avant, je les rappelle,
03:40la collégialité, l'interdiction pour les mineurs,
03:42la notion de pronostic vital engagé à court-moyen terme,
03:46tout a sauté, et quand bien même, ici, il a été réintroduit,
03:51il y aura un avis de la autorité de santé après la promulgation de la loi.
03:55On est complètement chez les fous là-dessus,
03:57et aussi sur la question de la volonté du patient.
04:01Objectivement, le débat a été bâclé pour une simple raison,
04:05c'est que le débat a eu lieu pendant une période électorale,
04:07on est en pleine campagne européenne,
04:09vous avez un RN qui ne veut surtout pas montrer qu'il est trop conservateur,
04:12vous avez les Républicains qui sont complètement fracturés,
04:14vous avez la Macronie qui est très gênée,
04:16et maintenant, on a des parlementaires de la majorité présidentielle,
04:19donc macronistes, on avait ce matin Maude Bréjon,
04:21qui répondait à votre micro, c'était chez vous,
04:23et qui disait que ça va beaucoup trop loin.
04:26Elle ne votera pas le texte,
04:29du coup, j'attends une chose, je vais regarder avec beaucoup d'intérêt,
04:32le gouvernement qui dit que c'est allé trop loin,
04:34alors on va regarder, est-ce que véritablement,
04:36ils veulent remettre en place les quatre digues ?
04:39Je ne sais pas.
04:40Relisez la mort intime de Marie de Haenzel,
04:43professée par François Mitterrand sur les soins palliatifs,
04:45à mon avis tout y est, la mort est un problème intime.
04:48Petite pause, on se retrouve dans un instant,
04:50dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1,
04:52Thibaud de Montbréal sera notre invité.